Les fouilles de Marloux (Saône-et-Loire) 1944-1945
Interrompues en 1944 ', les fouilles de Marloux reprirent à l'automne de l'année suivante et furent exécutées, comme les précédentes, par le propriétaire du champ, M. Claude Bony. Le terrain à explorer étant cultivé, il ne fut possible de mener les travaux que par intermittence, lorsqu'un certain espace se trouvait libre. Au surplus, ils se virent souvent entravés par l'état du sous-sol, où les recherches ne peuvent être conduites avec minutie que dans une période^ favorable, c'est-à- dire quand l'argile boueuse formant la couche archéologique n'est ni trop durcie
(1) Voir L. Armand-Calliat, Les fouilles de Marloux, près Mellecey {Saône-et-Loire) en 1943, Gallia, III, 1944, p. 25-41.
par la sécheresse, ni rendue liquide par les pluies a.
Notre bût était double : déterminer autant que possible l'étendue du gisement et mieux connaître le matériel gaulois de cette station.
Nous résolûmes tout d'abord d'explorer le petit chemin (fig. 1, 2) situé à l'extrémité ouest du champ, cette région paraissant riche en antiquités. Notre attente ne fut pas déçue. Un pan de mur en pierres grossières, large de 0 m. 90, fut bientôt mis au jour. Les blocs en étaient reliés avec un mortier. Cependant la construction paraît d'origine gauloise, car nous ne recueillîmes dans les déblais que des vestiges pré-romains : une monnaie éduenne en argent, une pièce en potin, imitation des pièces massaliètes au taureau, une fibule à ressort, deux annelets en bronze, un fragment de bouton (?), des poteries grises brisées, des pointes
d'amphores, des scories et -des culots de fonderie de fer, des tessons de vases ornés de chevrons en creux.
La partie centrale du champ, abandonnée en 1943, fut ensuite attaquée sur 5 m. 50 de largeur. Elle nous donna des cubes de mosaïque très nombreux, une cinquantaine au moins, provenant du pavement détruit à la fin du xixe siècle par les « minages » de la vigne et qui recouvrait l'établissement gaulois, primitif. La tradition nous en avait signalé plusieurs fois l'existence. Mais les précédentes fouilles ne nous avaient permis de retrouver qu'un seul cube, ce qui était un bien faible témoignage. La mise au jour de si nombreux débris lève les derniers doutes qui pouvaient subsister sur la réalité des découvertes antérieures et
(2) Cette nature particulière de terrain est peut-être — remarquons-le en passant — à l'origine du nom de Marloux, Merlotum au xi* siècle, rhabillage d'une forme vulgaire Merlo que l'on rencontre dans le département de la Marne (aujourd'hui Merlaut). Dans les deux cas, le prototype, Merlavus ou Merulaùus, doit être issu d'un vocable prélatin désignant la boue, d'après les recherches de M. Paul Lebel, spécialiste de l'hydronymie française.
