ARCHAEOLOGICAL STUDIES ON LATE ANTIQUITY AND EARLY MEDIEVAL EUROPE (400–1000 A. D.)
(SERIES ASLAEME)
Series Editors: Jorge López Quiroga, Artemio M. Martínez Tejera, Patrick Périn, Tivadar Vida, Enrico Zanini
Proceedings 5
Entangled Identities and Otherness in
Late Antique and Early Medieval Europe
Edited by
oo
pr
Historical, Archaeological and Bioarchaeological Approaches
Jorge López Quiroga, Michel Kazanski
and Vujadin Ivanišević
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BAR International Series XXXX
201X
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Published in
X by
BAR Publishing, Oxford
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BAR International Series XXXX
Entangled Identities and Otherness in Late Antique and Early Medieval Europe
X
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© The editors and contributors severally
The so-called Monza diptych (Treasure of the Monza Cathedral),
circa 395–400 A. D., showing Stylicho, as Magister Militum, on the right side and his wife
Flavia Serena with their son Euquerio on the left side (photograph: J. López Quiroga).
op
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Printed in England
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ARCHÉOLOGIE FUNÉRAIRE ET ETHNICITÉ
EN GAULE À L’ÉPOQUE MÉROVINGIENNE
(Réponse a Guy Halsall)
Michel KAZANSKI - Patrick PÉRIN
_____________________________________________________
nous avons eu recours aux méthodes qui ont fait leurs
preuves dans l'étude des sociétés traditionnelles,
notamment en ethnologie. La critique de GH à notre
égard est plutôt un prétexte pour exposer son point de vue
sur les données archéologiques concernant les traces
archéologiques des Barbares sur le territoire de l'Empire
romain d'Occident. Ses idées, qui en partie répètent les
nôtres, méritent sans doute un examen approfondi, mais
notre objectif est ici plus modeste : répondre à la critique,
exprimée d'une façon assez agressive à notre égard 1.
pr
Abstract : The sharp criticism towards us by Guy Halsall
(GH), expressed in his article "Ethnicity and early
medieval cemeteries," published in 2011 in Archaeology
and ethnicity. Reassessing the "Visigothic necropolis”, is
for us an opportunity not only to respond to our
colleague, but to reaffirm our views on archaeological
data and their historical interpretation regarding the
archaeological evidences of the barbarian groups
operating in the territory of the Western Roman Empire.
We need to underline that our difference of view with GH
is based primarily on a different approach to the ethnic
concept in traditional societies. We consider these
societies as heterogeneous structures, which under a
political label grouped people of diverse origin. On the
other hand, we must be conscious that the concept of an
ethnic group, a people or tribe varies by time, space and
historical context. It is also true in a way, as writes
precisely GH, that ethnicity is a "state of mind", i.e. the
willingness of an individual to identify with a human
group. But a change of ethnic identity and therefore
cultural is, in our view, a long and complex process. No
individual can shed quickly and voluntarily the cultural
baggage that he received from his childhood, from its
original surroundings, as his way of behaving, thinking,
reacting, eating, sleeping, dress, make war etc. All these
cultural characteristics to an individual or to a human
group leave material traces, which are the subject of the
Ethnology in respect to ‘Modern traditional societies’ and
of the Archaeology for the so-called "dead” societies.
Key Words: Ethnicity – Funerary Archaeology – Gaul –
Merovingian
* * *
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GH a mis en doute nos méthodes de recherche et leur
logique même. En ce qui concerne la logique, il s'agit à
notre avis plutôt de la lecture non attentive de nos
travaux, car souvent il déforme nos propos et même nous
attribue des idées que nous n'avons jamais exprimées,
même d'une façon implicite (rigidité du costume romain,
caractère presque éternel d'ethnicité des Goths) Quant au
choix de méthodes de recherche, il nous semble que pour
les évaluer, il faut avoir des connaissances "empiriques"
assez larges en archéologie européenne. Et ce n’est
visiblement pas toujours le cas pour GH, à en juger
d'après ses remarques à propos R. Hachmann (Hachmann
1970) et l'archéologie de la région baltique 2 , ou sur
l'absence prétendue des pratiques funéraires stables dans
la civilisation de Černjahov/Sîntana-de-Mureş 3.
1
y
Contrairement à ce qu'affirme GH, nous n'avons jamais eu l'intention
de passer sous silence les travaux de nos collègues, qui expriment
d'autres points de vue. A contraire, nous avons invité à nos colloques en
France S. Brather, B. Effros, F. Theuws, Ph. von Rummel, qui ont pu
ainsi largement exposer leurs hypothèses devant les chercheurs français
et les discuter d'une façon détaillée. De même nous avons positivement
répondu à toutes les invitations aux colloques émanant de ces collègues
et ainsi exposé à leur jugement nos opinions.
2
Depuis longtemps l'ouvrage de R. Hachmann (Hachmann 1970) a été
déjà l'objet de critiques parce qu'il n'a pas tenu rigoureusement compte
de la méthode de purification régressive (par ex. Klein 1974). Dans
l'annexe consacrée aux Goths, on ne parle pas du matériel archéologique
scandinave et de son interprétation par R. Hachmann, contrairement à ce
que affirme GH, mais des résultats de recherches archéologiques du
grand chercheur polonais R. Wolagiewcz (Wolagiewcz 1986), qui a
réussi trouver les preuves archéologiques d'une migration de la
Scandinavie vers la côte sud de la Baltique et ainsi confirmer la véracité
de la légende généalogique des Amals, racontée par Jordanès (voir
également Kazanski 1991: 15-18). Les travaux de R. Wolagiewicz ont
reçu la reconnaissance des autres grands spécialistes de l'archéologie
gothique, tel M. Ščukin (Ščukin 2005: 25-38).
3
Le biritualisme, c'est a dire la combinaison des incinérations et des
inhumations, est un trait stable des pratiques funéraires des civilisations
de Wielbark et de Černjahov (voir Symonovič, Kravčenko 1983;
Nikitina 1985), appartenant, selon l'avis commun, aux Germains
orientaux, c'est à dire aux Goths, aux Gépides, ainsi qu'à leurs alliés
germaniques et non germaniques. Ce biritualisme se manifeste à
l'époque romaine également chez les voisins des Germains orientaux,
qui étaient en contact avec les Goths et les Gépides, tels que les Baltes
en Prusse orientale et la population scytho-sarmate de la Crimée du
La vive critique à notre égard de Guy Halsall (GH),
exprimée dans son article « Ethnicity and early medieval
cemeteries », publié en 2011 dans Archaeology and
ethnicity. Reassesing the « Visigoths necropolis”, est
pour nous l’occasion, non seulement de répondre à notre
collègue, mais d’exposer à nouveau notre point de vue
sur les données archéologiques et leur interprétation
historique concernant les témoins archéologiques des
groupes barbares implantés dans le territoire de l'Empire
romain d'Occident.
Quelques remarques préliminaires s’imposent. Nos
recherches, évoquées par GH, avaient un but très précis,
en l’occurrence étudier de façon la plus objective possible
les cas archéologiques concrets attestés en Gaule du Nord
qui, à notre avis, peuvent témoigner de la présence de
Barbares dans cette région. Pour identifier ce matériel,
199
Michel Kazanski – Patrick Périn
Une autre remarque préliminaire concerne les sources
écrites, dont la vision qu’à GH nous semble stupéfiante.
Il considère notre lecture des textes comme "démodée",
or, nous, les archéologues, n'intervenons pas dans leur
lecture. Visiblement GH n'a pas très bien compris le
principe même de notre recherche, emprunté aux travaux
de l'école allemande de H.-J. Eggers et R. Hachmann.
L'étude du matériel archéologique est effectuée
uniquement avec les méthodes et moyens propres à cette
discipline et seulement après, au niveau de l'interprétation
historique, viennent d'autres sources, en premier lieu les
témoignages des sources écrites, étudiées préalablement
par les historiens des textes et des philologues. Ainsi, il
est communément admis, que les passages de Jordanès et
de Grégoire de Tours, que nous évoquons pour
l'interprétation de la diffusion des modes germaniques
orientales, sont fiables. Personne ne doute de l'existence
du prince ostrogothique Vidimer ou du général romain
Syagrius, la discussion portant sur les faits précis de leur
biographie. D'une façon curieuse GH, qui nous incrimine
l'application de ces textes classiques et bien étudiés, nous
reproche en même temps de ne pas avoir renforcé notre
argumentation à propos des soldats germaniques
orientaux en Gaule du Nord, par les témoignages des
auteurs anciens! L'impression se dégage que les sources
écrites sont vraiment gênantes pour GH, qui exprime
presque le regret que ces sources existent, car elles
confirment les hypothèses que celui-ci ne partage pas.
mode etc.) et que d'autre part même les traits culturels les
plus traditionnels varient dans le temps, ce qui n'est pas
une révélation pour quiconque. En effet, nous avons
consacré un certain nombre de travaux à ces sujets et
donc sommes donc absolument conscients de ces faits4.
Après ces remarques préliminaires, il convient
d’examiner à présent les domaines choisis par GH pour
sa critique, à savoir les pratiques funéraires, les armes et
le costume féminin.
pr
Si l'on se penche plus spécialement sur le caractère
traditionnel des pratiques funéraires, il est évident que
celles-ci changent avec le temps, mais ce changement est
plus long dans le temps que par rapport à d'autres
domaines de la civilisation : il suffit de se rendre au
cimetière le plus proche et de regarder les dates des
enterrements pour vérifier cette affirmation. Cependant
les larges parallèles, tirés par GH au hasard de toute la
civilisation européenne, sont à notre avis stériles. Hors
contexte historique et culturel précis leur valeur est très
relative.
oo
Examinons plutôt la situation réelle en Gaule à la fin de
l'Antiquité et au début du Moyen Age. On sait
parfaitement d'après sources écrites, détestées par GH,
que l'installation de colons et d’auxiliaires germaniques
de l’armée romaine en Gaule du Nord a été considérable
à partir du IVe s. Il est donc légitime de chercher les
traces archéologiques de ces événements. Ces traces se
manifestent notamment dans la diffusion d'architectures
domestiques (Fig. 1), de la céramique germanique non
tournée (Gonzalez et alii 2001; Böhme 2009: 137, 144,
145, Fig. 6, 11) et d'autres objets (par exemple des
peignes du type Thomas I, des fibules du type Almgren
175-177, Meyer II et III etc., voir Kazanski 1992). Ces
éléments sont caractéristiques de la Germania libera et
quasi-absents en Occident romain, mais GH les passe
sous silence, pour se concentrer sur les pratiques
funéraires et le costume féminin pour classer ces indices
comme "douteux"5.
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Nous avons proposé une liste d’indices - les pratiques
funéraires, les coutumes à caractère ethnographique, telle
la déformation crânienne artificielle, les armes
"ethniques", le costume féminin traditionnel, la
céramique non tournée, le "style animalier germanique" qui, à notre avis sont plus significatives que le restant du
matériel archéologique, pour l'étude du contexte ethnique
et culturel en Gaule du Nord à la fin de l'Antiquité et au
début du Moyen Age (Kazanski-Périn 1997; 2008; 2009;
Périn-Kazanski 2006; 2011). De toute cette liste
d’indices, établie sur la base de très nombreuses
recherches paléo-ethnologiques, GH a choisi de n’en
examiner que trois: les pratiques funéraires, les armes, où
plutôt seulement un type – les « francisques » - et surtout
le costume féminin. Nous ne savons pas, à le lire, si les
autres indices lui paraissent tout à fait fiables, ou bien si
notre collègue britannique ne maîtrise pas suffisamment
le restant du matériel archéologique considéré pour en
discuter sa valeur.
4
Le discours de GH sur le fait que l'objet isolé en soi-même n'a pas
d'ethnicité ne représente pas un scoop scientifique non plus. On sait bien
et on a dit et redit à plusieurs occasions que chaque objet doit être étudié
dans son contexte historique et culturel. Pour ainsi dire, depuis le début
de notre carrière scientifique, nous avons suivi le conseil de GH ne pas
décrire les objets comme francs, lombards, gépides etc. Si notre
collègue britannique se donne la peine de consulter nos travaux, il verra
que dans nos études consacrées aux matériels précis, on utilise soit les
noms des types, connus de tous les spécialistes sérieux, soit même les n°
des types et seulement par raccourci, quant l'objet est décrit d'une façon
détaillée et quand son origine géographique est claire et irrévocable, on
utilise l'appellation comme "plaque-boucle gépide" ou "fibule
lombarde", pour préciser le milieu géographie et culturel de provenance.
5
GH nous incrimine l'attribution germanique des tombes à armes et
celles féminines à parures germaniques (hypothèse qui a été formée bien
avant nous par nos collègues allemands, en premier lieu J. Werner et
H.W. Böhme) en déformant d'ailleurs nos propos, car sur la page citée
(Kazanski-Périn 2008: 191), pas un mot n'est dit sur ces types
d’inhumations, mais on parle des tombes à chevaux, à tumuli et des
incinérations, comme éléments étrangers aux pratiques funéraires de la
Gaule du Bas-Empire et de l'époque mérovingienne! On peut donc
souhaiter à GH une lecture plus attentive des travaux qu'il critique.
Dans la plupart des cas, GH évite l'examen direct des cas
archéologiques que nous avons étudiés. En revanche, il
consacre une partie considérable de son texte à exposer
des évidences, à savoir qu’à part la tradition culturelle et
ethnique il y a d'autres facteurs qui interviennent dans la
formation de ces traits culturels (structure sociale, âge,
Sud-Ouest. Les inhumations et incinérations de la culture de Černjahov
forment les types stables des sépultures et se répètent d'une nécropole à
l'autre, à quelques exceptions près. Ainsi, on peut, au contraire, insister
sur la stabilité et même la rigidité des rites funéraires de la civilisation
de Černjahov.
200
Archéologie Funéraire et Ethnicité
Traditionnellement on attribue les tombes contenant les
armes ou encore les parures venant du Barbaricum aux
Germains installés avec leurs familles en Gaule au
service de Rome6. Le statut social de ces personnes est à
discuter, mais il est néanmoins clair, à en juger d'après la
valeur de leur mobilier funéraire, qu’elles occupaient une
position élevée, très probablement liée au service
militaire, ce qui se manifeste par la présence symbolique
d’équipements militaires. D'autre part, en Gaule du Nord,
essentiellement sur la côte, apparaissent des incinérations
(par ex. dans la nécropole de Vron: Seillier 1993), qui, de
toute évidence, sont également liées au monde
germanique.
suite que leur mobilier se distingue nettement de celui des
sépultures identifiées par nos collègues allemands comme
germaniques. Ces tombes romaines de Gaule, ainsi que
celles de la Germanie romaine, à l'ouest du Rhin,
contiennent des offrandes de vaisselle, des accessoires
vestimentaires tels des colliers de perles, bracelets,
boucles d'oreille, ceinturons, parfois des fibules
masculines cruciformes dites de fonctionnaires. En
revanche les armes et les fibules féminines y sont
totalement absentes. L'apparition des tombes à armes et à
fibules féminines dans le nord-est de la Gaule, et leur
absence dans le restant de ce territoire au Bas-Empire ne
peuvent pas être une manifestation de changements
sociaux internes de la société gallo-romaine, telle la
formation d'une nouvelle élite dirigeante, car le
phénomène est limité à la partie septentrionale du pays7.
Selon GH l'attribution germanique de ces tombes, qui
nous paraît, avec d’autres (cf. en particulier: Böhme
1974, 1985, 2009) parfaitement justifiée, ne peut être
prouvée par l'archéologie. Il allègue qu’aucune de ces
pratiques funéraires n'est spécifiquement germanique. Il
insiste sur le fait que les Barbares, dans la partie
occidentale de la Germania libera, entre le Rhin d'une
part et les côtes de la mer du Nord et de la Baltique
d'autre part, pratiquaient les incinérations et que l'usage
de l'inhumation y est adoptée par certains groupes de la
population vers 400, sous l'influence romaine.
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D'autre part, il est faux d'affirmer qu’avant 400 les
inhumations sont totalement étrangères au monde
germanique occidental. En effet, durant la phase B1-B2,
c'est à dire au Ier-IIe s., en Germania libera entre la
Weser et la Vistule. on connait déjà des tombes de
"chefs" du type « Lübsow », où l'inhumation est bien
présente, ce qui les distingue, à part un riche mobilier,
des tombes à incinération "ordinaires" (voir par ex.
Bemmann-Voss 2007: 154-158). Dans la phase C2, selon
la chronologie du Barbaricum de l'époque romaine (pour
les bases de cette chronologie voir en particulier
Godlowski 1970), c’est-à-dire durant la deuxième moitié
du III e s., une série d’inhumations "princières" dites de
l’horizon « Hassleben-Leuna » (Fig. 3) apparaît chez les
Germains du groupe de l'Elbe-Oder (en dernier lieu
Bemmann-Voss 2007: 158-162). Ces inhumations se
distinguent par un riche mobilier, en grande partie
d'importation romaine, par la présence de signes du
pouvoir militaire, tels des éperons et manifestent sans
doute la formation d'une nouvelle élite sociale chez les
Germains (voir par ex. Young 1981: 16-18). Selon J.
Werner cette nouvelle élite militarisée des Germains de
l'Oder-Elbe est issue des chefs de guerre germaniques, au
service des usurpateurs gaulois du IIIe s. (Werner 1973;
Périn-Feffer 1997: 400). En rentrant dans leur pays ils ont
rapporté non seulement de riches butins de guerre, dont
leur mobilier funéraire témoigne, mais aussi de nouvelles
coutumes funéraires. Ces dernières, on le sait depuis
longtemps, sont un moyen de manifestation de statut
élevé dans les sociétés traditionnelles. On peut donc
constater, que chez les Germains continentaux, dans la
région délimitée par GH, l'inhumation, sans doute
empruntée aux pratiques funéraires gallo-romaines, est
bien présente à l'époque romaine en tant que signe du
haut statut de certains inhumés privilégiés. Ainsi, l'idée
que les élites militaires du Bas-Empire, bientôt suivies
par leurs subordonnés, imitaient avant tout les rites
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fc
Il est absolument exact que ni l'incinération ni
l'inhumation en elles-mêmes ne sont des pratiques
spécialement germaniques. Mais ces rites doivent être
replacés dans leur contexte historique et culturel précis.
Ainsi, en ce qui concerne précisément l'incinération,
largement pratiquée par les Gallo-Romains, elle disparait
au cours du IIIe s. et n'apparait pratiquement plus jamais
dans la majeure partie de la Gaule, sauf précisément dans
le Nord (Fig. 2), territoire d'installation historique de
migrants germaniques (Périn-Feffer 1997: 391). Il
convient d’ajouter, pour ces sites à tombes à incinération
du Bas-Empire et du début de l’époque mérovingienne, la
présence de céramiques de tradition germanique, voire
anglo-saxonne, façonnée à la main, de parures typiques
de la Germanie du Nord et des îles britanniques (Vron,
Neuville-sur-Escaut: Seillier 1993; Soulat 2009), de
même que la parenté anthropologique des personnes
inhumées
avec
des
populations
germaniques
septentrionales du Haut Moyen Age (Blondiaux 1993:
242; Périn-Feffer 1997: 372-374). Nous avons donc
toutes les raisons, comme beaucoup de chercheurs avant
nous, d’attribuer ces caractères funéraires à des éléments
étrangers très probablement d’origine germanique
septentrionale.
Les modes d’inhumation de la population gallo-romaine
de la Gaule au Bas-Empire sont bien connus, grâce à des
nombreuses publications et on se rend compte tout de
6
Les chercheurs ont souligné que ces tombes relatent seulement une
partie de la communauté germanique, installée en Gaule au Bas-Empire
(par ex. Young 1981: 15). A part ces élites militaires il y avait une
masse de la population plus ordinaire, dont les traces sont attestées
notamment dans les sites d'habitat (Gonzalez et alii 2001), sans parler
d'une grande quantité d’esclaves, dont les traces ne sont pas aisément
saisissables par l'archéologie.
7
Rappelons que selon les recherches d'archéologie rurale la pluspart de
villae aristocratiques du Nord sont abandonnées au Bas-Empire (voir
pour les détails Van Ossel 1992), tandis que dans la partie Sud elles
fonctionnent toujours et la richesse de l'aristocratie méridionale est bien
décrite par des auteurs latins de cette époque.
201
Michel Kazanski – Patrick Périn
funéraires prestigieux du monde "princier" germanique,
nous paraît tout à fait concevable.
Abordons maintenant la question du costume féminin
germanique occidental, attesté dans les tombes du BasEmpire en Gaule du Nord. GH nous attribue l'idée, que
nous n'avons pourtant jamais exprimée, que le costume
féminin est l'indice ethnique le plus important. Il expose
longuement l’évidence que ce costume est également un
marqueur social et dépend de l’âge des inhumées, ainsi
que d'autres facteurs. Bien entendu nous partageons ce
point de vue et nous l'avons exprimé très souvent dans
nos publications. Il faut tout de même souligner que dans
les sociétés traditionnelles le costume féminin, à
l'exception de quelques exemples "princiers", est plus
stable et plus "régional" que le costume masculin qui,
comme on le sait, imite très souvent la mode militaire en
vigueur. Pour s'en persuader, il suffit de consulter de
nombreux ouvrages avec les représentations de costumes
ethnographiques des différentes régions d'Europe.
Comme cela arrive souvent, l'exemple "princier" est
bientôt suivi par une partie de la population d’origine
germanique, essentiellement par celle qu'on appellerait
aujourd'hui "la classe moyenne". Au IVe s., une série de
tombes à inhumation appartenant sûrement à des gens
aisés, et non à des élites dirigeantes, apparait dans la
partie occidentale de la Germania libera. Nous pensons
aux tombes attribuées par H.-W. Böhme à sa Zeitstufe I,
comme par exemple celles de Bremen-Mahndorf (t. 219),
Sahlenburg (t. 1 et 21), Nimwegen-Grutberg (t. 405)
(Böhme 1974: 157), aux relativement nombreuses tombes
à inhumation alémaniques du IVe s. (Alamannen 1997:
79-102), ou encore aux inhumations germaniques de la
région du Main contenant des épées : Lampertheim (t. III)
et Stockstadt (t. 1 et 2) (Schulze Dörrlamm 1985, n° 4, 6).
Il est à noter, que ces dernières, comme celles de la Gaule
du Nord, contiennent des armes, ce qui a été déjà
souligné par M. Schulze-Dörrlamm (Schulze-Dörrlamm
1985). Toutes ces inhumations sont beaucoup plus
proches de celles de la Gaule du Nord, attribuées au
Germains, que les sépultures majoritaires imputables à la
population gallo-romaine du Bas-Empire.
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pr
Le costume féminin du Bas-Empire, identifié comme
appartenant à la tradition germanique, contient
notamment une paire des fibules en forme d'arbalète,
circulaires ou en trompettes, portées en général par paires
sur les épaules et la poitrine. Selon GH, l'attribution de ce
costume à la population germanique occidentale n'est pas
fondée car, selon lui, on connaît mal la manière dont les
Germaines occidentales portaient leurs fibules. Pourtant,
déjà en 1974, H.-W. Böhme avait donné la liste des
inhumations féminines de la partie occidentale de la
Germanie de l'époque romaine tardive et du début de
celles des Grandes Migrations où les fibules concernées
ont été précisément mises au jour sur aux épaules ou dans
la partie supérieur de la poitrine des défuntes: BremenMahndorf (t. 64, 142, 149, 203, 208, 219, 249), Helle (t.
20), Sahlenburg (t. 1, 13, 18, 19, 21) ou encore Rhenen (t.
823), en Toxandrie, cimetière utilisé depuis le IVe siècle
par les Francs (Böhme 1974: Abb. 53). Il faut y ajouter
les inhumations alémaniques du IVe s., qui ont également
livré le même costume avec des fibules portées aux
épaules (Alamannen 1997: 92, Abb. 74).
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Le discours de GH concernant l'origine romaine du
mobilier de ces tombes reprend, en fait, les propos de J.
Werner, de H.-W. Böhme et d'autres chercheurs. En effet,
la plus grande partie du mobilier funéraire, venant de ces
sépultures est produit en Gaule et ne se distingue en rien
de celui de tombes gallo-romaines, souvent voisines dans
les mêmes cimetières. Cependant il suffit de regarder les
cartes de diffusion des objets concernés, publiées par H.W. Böhme et confirmées par les travaux ultérieurs (voir
en particulier pour les ceinturons: Sommer 1984;
Soupault 2003), pour comprendre que le tableau, décrit
par GH est trop simpliste. Ainsi, la diffusion des parures
féminines de tradition germanique (Böhme 1974, Karten
1-10; Böhme 2009: Fig. 4, 5), englobe uniquement la
Gaule du Nord et une partie de la Germania libera (fig.
4). Les tombes de l'époque romaine tardive, contenant la
panoplie typique - lance, hache, bouclier, plus rarement
épée - sont attestées en Gaule du Nord et dans le
Barbaricum germanique, mais sont très rares, voire
absentes ailleurs sur le restant du territoire romain
(Schulze-Dörrlamm 1985: Abb. 34, 39). En revanche les
ceinturons "militaires" se diffusent avant tout le long du
limes romain, en le débordant parfois aussi bien à
l'intérieur de l'Empire que dans le Barbaricum. D'autre
part les peignes triangulaires du type Thomas II se
concentrent essentiellement sur le territoire de l'Empire et
sont relativement rares chez les Barbares (Böhme 1974,
Abb. 48). Tout ceci laisse à penser que la diffusion des
objets n'est pas aussi homogène que le pense GH et obéit
à certaines règles, qui sont le reflet d'une situation
historique et culturelle dont la reconstitution fait partie
des tâches de l'archéologue.
y
De plus, il est significatif que ces types de fibules,
notamment en arbalète (Fig. 4:2) et en trompette (Fig.
4:1), sont presque exclusivement connues en Germania
libera, en Gaule du Nord et dans les Îles Britanniques,
c'est à dire dans les régions mêmes d'implantation des
Germains occidentaux, comme nous le savons également
d'après autres sources. En revanche, ces fibules sont
absentes en Gaule centrale et méridionale, en Espagne, en
Italie, dans les régions danubiennes, bref, sur tout le
restant du territoire de l'Empire d'Occident, ce qui n’est
sûrement pas un hasard.
Le costume féminin romain du Bas-Empire, bien connu
d'après les nombreuses sources archéologiques et
iconographiques, a subit un changement important par
rapport à celui de l'époque précédente. Il ne contient ni
les fibules en arbalète (à leur propos voir par exemple
Schulze-Dörrlamm 1986) à part quelques cas quand des
fibules cruciformes masculines ont abouti dans des
tombes féminines provinciales, ni celles en trompette.
202
Archéologie Funéraire et Ethnicité
Même les fibules circulaires, qui fixaient le peplum
romain et sont connues d'après les données
iconographiques, n'apparaissent pas dans les tombes
gallo-romaines. Ce type de vêtement avec des fibules est
seulement attesté à la fin de l’Empire romain par des
images allégoriques (Schulze-Dörrlamm 1986: 687, Abb.
103, 104; von Rummel 2007: Abb. 34), ce qui met en
doute la réalité de son existence au Bas-Empire. En
revanche l'habit féminin (souvent une robe ajustée), avec
une fibule ou une fermeture circulaire de la ceinture sur la
poitrine, apparaît souvent dans l'iconographie des VeVIIe s. (voir des exemples pour la région
méditerranéenne: Quast 1999: Abb; 6, 9; Mastykova
2005: Fig. 5-8). Au VIe s., ce costume se diffuse d'une
façon large dans le monde mérovingien. On peut tout de
même supposer que les petites fibules circulaires et
animalières, connues au Haut-Empire faisaient partie,
elles aussi, du costume romain tardif, car leurs dérivés
sont bien connus à l'époque mérovingienne, mais de
toutes évidence elles n'ont pas fait partie du mobilier
funéraire des Romains (Martin 1988; Martin 1991;
Martin 1994: 567-574; Marti 1990: 49-54). Nous n'avons
donc aucune raison d’attribuer les tombes féminines avec
des fibules de tradition germanique à la population de
souche romaine.
oo
pr
GH s'étonne que dans notre étude nous ayons attribué, en
suivant en cela beaucoup d'autres chercheurs, le costume
féminin de l’époque mérovingienne à deux fibules sur les
épaules aux Germains orientaux, alors que pour le BasEmpire le même costume est attribué aux Germains
occidentaux. Notre collègue britannique, d’une part, n'a
pas remarqué qu'il s'agit de différents types de fibules (en
arbalète, en trompette et circulaires, pour les Germains
occidentaux, et de fibules en tôle d'argent pour les
Germains orientaux) et que, d'autre part, le costume
féminin a eu tendance à évoluer avec le temps. Chez les
Germains occidentaux à l'époque romaine, le costume à
deux fibules portées aux épaules est attesté, nous l'avons
vu, par des inhumations de la partie septentrionale et
occidentale de la Germania. Or, à en juger par de
nombreux exemples dans les nécropoles de l'époque
mérovingienne situées à l'Est du Rhin, la position des
fibules change à partir de la seconde moitié du Ve s. Les
fibules digitées sont alors le plus souvent portées à la
hauteur du bassin, voire des cuisses (Fig. 5:1), tandis que
les petites fibules se trouvent sur la poitrine (Clauss
1987). Ce costume est bien attesté en Gaule, mais le
nombre de tombes concernées est très limité par rapport
aux autres sépultures (le plus souvent quelques cas à
chaque génération, de même que les riches tombes
masculines à armes). Ainsi, nous avons des raisons
solides pour attribuer cette mode du début de l'époque
mérovingienne à la tradition vestimentaire des Germains
occidentaux.
En ce qui concerne les Germains orientaux d'Europe
centrale et orientale, le port des fibules ansées
asymétriques sur la poitrine ou sur les épaules y est
typique pour l'époque romaine et celle des Grandes
Migrations (Fig. 5:2), de nombreux travaux ayant été
consacrés à ce sujet (voir en particulier TempelmannMączyńska 1989; Gopkalo 2011). Les changements se
manifestent essentiellement dans les types de fibules. Ce
sont d'abord des fibules en arbalète, puis ansés
asymétriques en tôle métallique, avec des imitations en
alliage cuivreux moulé et, enfin, des fibules ansées
asymétriques dont l’une des extrémités est digitée, qui
disparaissent au cours du VIIe s., tout comme en
Occident. Ce costume typique des femmes germaniques
orientales apparaît en Occident à l'époque mérovingienne
de façon notable et uniquement dans les régions où
l’installation des Germains orientaux est attestée, c'est à
dire l’Espagne wisigothique (Fig. 6: 1, 2, 5-7), l’Italie
ostrogothique et dans une moindre mesure chez les
Burgondes établis en 443 dans l’est de la Gaule. En
Gaule du Nord et du Sud, ce costume est de toute
évidence « exotique », ce qui nous permet de le rattacher
à une tradition venant de l'extérieur, très probablement à
la mode germanique orientale, d'autant plus que dans la
majorité des cas, il comporte des fibules en tôle d'argent,
indiscutablement liées à la tradition vestimentaire
féminine des Germains orientaux.
y
Dans certains cas, d’autre part, les pratiques funéraires
des élites dirigeantes barbares excluent le dépôt d’objets
dans les tombes. Nous pensons en particulier à certaines
inhumations effectuées dans les églises (bien que l’Eglise
n’ai jamais condamné cette pratique qui revêtait un
caractère social et non religieux) ou au fameux Edit de
Théodoric, prescrivant aux Goths, certainement d’un
statut social élevé, de se faire enterrer "à la romaine",
sans mobilier funéraire. Tout cela explique en quelque
sorte la rareté des tombes contenant les parures
germaniques, notamment en Italie ostrogothique, ou en
Aquitaine, ou encore chez les Vandales d'Afrique du
Nord, où les Germains représentaient une petite minorité
par rapport à la nombreuse population romaine. Notre
étude sur le costume mérovingien en Gaule du Nord ne
concerne ainsi qu’une partie de la population et se limite
à des cas archéologiques réels, sans entrer dans des
spéculations d'ordre général.
op
fc
Ainsi, pour l'époque romaine tardive en Gaule du Nord,
les objections de GH n'ont pas de sens car elles ne
prennent pas en compte le matériel archéologique réel. Ce
n’est guère mieux pour l'époque mérovingienne. En ce
qui concerne le costume féminin de cette époque, nous
prenons bien évidemment en compte le fait, bien connu,
que seule une partie des sépultures de la "classe
moyenne" de la population inhumée a livré un mobilier
susceptible d’être utilisé pour tenter de déterminer
l’origine possible des inhumés. En effet, comme l’ont
notamment démontré R. Christlein pour les Mérovingiens
(Christlein 1973) et V. Bierbrauer pour les Germains
orientaux (Bierbrauer 1989, 1989a), la grande partie,
voire la majorité des tombes attribuables à la population
"ordinaire" ne contient pas de parures, telles des fibules.
Ces fibules en tôle d'argent sont attribuées par GH, qui se
réfère à l'étude de F. Gauss (Gauss 2009), à la tradition
203
Michel Kazanski – Patrick Périn
méditerranéenne. Une telle attribution ne peut venir que
de l'ignorance délibérée de tout ce que nous connaissons
de l'évolution de ces fibules. Leurs prototypes à tête semicirculaire et pied losangique, richement décorés,
apparaissent déjà à l'époque romaine tardive, plus
précisément dans le contexte "princier" des Germains
orientaux et septentrionaux, au Danemark et en Pologne,
notamment dans les célèbres découvertes de
Sakrau/Zakrzów, Arslev et Sanderumgord. Au IVe siècle,
durant la phase C3 selon la chronologie du Barbaricum
d'Europe centrale, leurs imitations "démocratiques", en
tôle métallique ou en alliage cuivreux moulé,
apparaissent en grande quantité dans les tombes de la
"classe moyenne" de la civilisation de Černjahov
(Magomedov 2001: 75, 76; Mastykova 2007). Puis, à
partir de ces fibules černjahoviennes se forment
directement les grandes fibules en tôle d'argent qui
deviennent caractéristiques des tombes des élites
germaniques orientales du Danube et d'Europe orientale
au Ve s. (Ambroz 1966). Il convient de préciser qu’avant
le début des Grandes Migrations, c'est à dire avant 375,
les fibules à pied losangique et tête semi-circulaire sont
totalement absentes sur le territoire de l'Empire romain,
qu’il s’agisse du matériel archéologique bien daté, de
l'iconographie et des autres sources. Il faut donc avoir une
imagination très fertile pour attribuer ces fibules à la
tradition vestimentaire méditerranéenne. Bien sûr, il faut
prendre en compte le fait que le phénomène de la mode
vestimentaire lancée par l'aristocratie est bientôt adopté
par le restant de la population. C'est ainsi que s'explique
par exemple la large diffusion du costume à deux fibules
en tôle d'argent en Espagne wisigothique (Périn 1993),
qui concerne aussi bien les Goths que les HispanoRomains (Kazanski 1991: 101).
gothique et très probablement non gothique et est liée à
d'autres événements historiques (Périn 1993). Il faut
cependant noter que les tombes à fibules en tôle d'argent
apparaissent de plus en plus dans les fouilles de ces
dernières années (par ex. Cazes 2013) (Fig. 7).
Il est, bien entendu, difficile de reconstituer l'histoire
précise de ces groupes barbares en Gaule du Nord.
Cependant, leur acculturation, comme en témoigne des
exemples archéologiques précis, telle la tombe 300 de la
nécropole de Saint-Martin-de-Fontenay (Calvados) (Pilet
1994: 100, 101, 372), nous paraît claire. Cette tombe
(Fig. 8) a livré un squelette féminin offrant des traces
nettes de déformation crânienne artificielle, coutume
orientale, typique des peuples d'Europe centrale et
orientale à l'époque des Grandes Migrations. La défunte
était accompagnée de deux fibules du type dit de MainzBretzeinheim (Fig. 8:1,2), dérivé des fibules germaniques
orientales en tôle d'argent mais attesté uniquement en
Gaule du Nord et en Rhénanie et fabriqué sans aucune
doute pour une clientèle ayant des traditions
vestimentaires danubiennes. Or, ces fibules ont été
déposées dans la tombe "à la mérovingienne", c'est à dire
sur le bassin de la défunte, et non aux épaules. Ainsi, la
défunte concernée a commencé sa vie dans une
y
Comme nous l'avons dit, les grandes fibules en tôle
d'argent se diffusent sur le territoire de l'Empire dans les
régions d'installation des Germains orientaux (Danube,
Balkans, Italie, Espagne), mais sont rares en Gaule du
Sud (Lezoux: Vertet-Duterne 1999), y compris entre la
Loire et les Pyrénées, ainsi que la Septimanie, où les
Wisigoths s’établissent au Ve s. (en dernier lieu Pinar Gil
2010; Gourgoury 2013). La raison de cette exception
aquitaine est très simple. Les Wisigoths, ou plutôt le
ramassis de bandes armées itinérantes réunis sous ce
nom, ont quitté le Danube et les Balkans vers 410, où ces
fibules ne font pas encore partie de la mode prestigieuse
(a propos de la datation des tombes privilégiées
concernées et de leur chronologie sur le Danube, voir en
dernier lieu Tejral 2011). Ainsi, ces Barbares, établis en
Gaule au début du Ve s., y ont-ils amené des objets
caractéristiques de la civilisation de Černjahov, tels que
les peignes du type Thomas III ou les fibules en arbalète
du type Almgren 162, ainsi que très probablement de
petites fibules à tête semi-circulaire, réparties sur des
sites différente et découvertes au hasard des fouilles
(Kazanski 1993; 1999), mais pas les grandes fibules en
tôle d'argent qui n'existaient pas encore avant 400 ou peu
après. La diffusion postérieure de ces dernières dans le
royaume wisigothique concerne alors la population
op
fc
oo
pr
En Gaule du Nord les grandes fibules en tôle d'argent y
sont très rares (Kazanski-Mastykova-Périn 2008: 152159) et n'ont pas de racines dans la tradition vestimentaire
féminine locale, d'où notre conviction qu'elles sont liées à
la présence de groupes étrangers d'origine germanique
orientale. On peut proposer différents modes de diffusion
de ces fibules en Gaule du Nord : la déportation des
Wisigoths vaincus par Clovis en 507, comme le pense V.
Bierbrauer (Bierbrauer 1997), ou bien, comme nous le
pensons pour des raisons chronologiques, l'engagement
de Germains orientaux dans l'armée romaine de Gaule
durant la deuxième moitié du Ve s., pour faire face à
l’avancée des Francs vers le sud (Kazanski-Périn 1997).
La pratique du recrutement de Germains danubiens
(Ostrogoths, Skires, Hérules, Ruges, Suèves, etc.) dans
l'armée romaine d'Occident, sous Majorien, Anthemius,
Jules Nepos ou Romulus Augustule est bien attestée par
les sources écrites, et même si nous n'avons pas de
témoignages directs de leur envoi, avec leurs familles, en
Gaule de Nord, une telle hypothèse nous paraît cependant
très plausible. Ajoutons que dans beaucoup de cas, et
selon l’usage, ces troupes supplétives barbares étaient
accompagnées par leur famille car la loi romaine
interdisait les mariages entre Romains et Barbares.
Evidemment, dans le cadre de l'armée romaine dont les
Mérovingiens ont hérité, ces troupes supplétives barbares
d’origines différentes formaient souvent des groupes
hétérogènes. Cela explique, selon nous, le caractère
hétéroclite des secteurs les plus anciens de certaines
nécropoles mérovingiennes de la moitié nord de la Gaule
où les tombes contiennent des parures féminines de
différentes traditions vestimentaires : germanique
orientale, anglo-saxonne, lombarde, danubienne etc.
(Vallet 1993; Kazanski-Périn 2009: 161-163).
204
Archéologie Funéraire et Ethnicité
communauté où on suivait les coutumes "orientales", telle
la déformation crânienne, et finit ses jours au sein d’une
communauté mérovingienne dont elle adopté le mode de
port pour ses grandes fibules.
sociétés traditionnelles vivantes et de l'archéologie pour
les sociétés « mortes ».
En ce qui concerne les armes mérovingiennes, pour
mettre en doute les possibilités de leur identification
ethnique, ou plutôt culturelle, GH se limite à un seul
exemple, celui des haches de jet mérovingiennes,
appelées parfois, surtout dans la littérature non
archéologique, les francisques. Son excursus sur l'origine
des haches de jet mérite d’être nuancé et complété, mais
de toute façon il n'enlève rien à la coïncidence, de même
que pour les angons, de leur répartition géographique
avec la carte des premières conquêtes franques de la fin
du Ve et début du VIe s. (Fig. 9:1) (Périn-Feffer 1997:
312). Si l'on ajoute le fait que la hache de jet est
spécialement citée, de même que les angons (Fig. 9:2),
par les auteurs de l'époque comme les armes franques
(Sidoine Appolinaire, Carm.V, v. 238-253; Agathias,
Hist. II.5,6, cf. Périn-Feffer 1997: 115, 341), il est clair
que notre exemple contribue à établir le fait notoire que
les différents peuples barbares de l’époque des Grandes
Migrations disposaient d’armes différentes qui
impliquaient des manières de combattre diversifiées 8. On
peut ajouter que les haches et les angons ne sont pas les
seuls exemples gaulois d’armes liées à un contexte
culturel précis. Evoquons à titre indicatif les lances à
ailerons des IVe-Ve s., dont la carte, publiée par H.-W.
Böhme (Fig. 10) témoigne de façon éloquente de leur
attribution romaine et non germanique (Böhme 1974:
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y
En conclusion, il faut souligner que notre différence de
point de vue avec GH repose avant tout sur une approche
différente de la notion ethnique dans les sociétés
traditionnelles. Nous considérons ces sociétés comme des
structures hétérogènes, qui réunissaient sous une étiquette
politique des personnes d'origine très diverses. D'autre
part il faut être conscient que la notion même d'une
ethnie, d’un peuple ou d’une tribu varie selon le temps,
l'espace et le contexte historique. Il est également exact
en quelque sorte, comme l’écrit justement GH, que
l'ethnicité est un "état d'âme", c'est à dire la volonté d'un
individu de s'identifier à un groupe humain. Mais un
changement d'identité ethnique et donc culturelle est, à
notre avis, un processus assez long et complexe. Il y a en
effet encore une chose, que notre collègue britannique
semble oublier, en l’occurrence le fait qu’aucun individu
ne peut se défaire rapidement et volontairement du
bagage culturel qu’il a reçu dès son enfance de la part de
son entourage d'origine, telle sa façon de se comporter, de
penser, de réagir, de manger, de dormir, de s'habiller, de
faire la guerre etc. Tous ces traits culturels propres à un
individu ou à un groupe humain laissent des traces
matérielles, qui font l’objet de l'ethnologie pour les
op
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8
Cela n'empêche bien sûr une diffusion large mais épisodique des
armes du type mérovingien très loin de la zone du royaume franc, voir à
propos précisément des haches: Kazanski 2000: 201.
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1988), 109-121.
Wołągiewicz, R. (1986) : « Die Goten im Bereich der WielbarkKultur », in: Kmieciński, J. (Hrsg.) : Peregrinatio Gothica
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Young, B.K. (1981) : « Que sait-on des Germains et des
Francs? », Histoire et archéologie. Les dossiers 56, 12-19.
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Michel Kazanski – Patrick Périn
FIGURES
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Fig. 1. L'habitat germanique de Saint-Ouest-du-Breuil, dép. Seine-Maritime (D'après : Böhme 2009).
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Fig. 2. La diffusion des incinérations du IVe et du Ve s. en Gaule du Nord (D'après : Böhme 2009).
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Archéologie Funéraire et Ethnicité
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Fig. 3. L'inhumation féminine "princière" à Hassleben (D'après : Alamannen 1997).
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Fig. 4. La diffusion des fibules de tradition germaniques en Gaule (D'après : Böhme 2009).
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Michel Kazanski – Patrick Périn
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Fig. 5
Fig. 6
Le costume féminin du début de l'époque mérovingienne
e tradition germanique occidentale (1) et germanique
orientale (2) (D'après : Périn-Kazanski 2011)
Le costume féminin d'Espagne wisigothique
(D'après : Gourgoury 2013)
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Fig. 7. Les découvertes dans la nécropole de Pezens (Aude) (D'après: Cazes 2013).
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Archéologie Funéraire et Ethnicité
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Fig. 8. La tombe 300 de la nécropole de Saint-Martin-de-Fontenay (D'après : Pilet 1994).
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Michel Kazanski – Patrick Périn
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Fig. 9. La diffusion des haches de jet (1) et des angons (2) en Gaule (D'après : Périn-Feffer 1997).
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Fig. 10. La diffusion des lances à ailerons au Bas-Empire (D'après: Böhme 1974).
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