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ausonius éditions — Mémoires 56 — — T. 35 coll. Mémoires de l’AFAM — DU ROYAUME GOTH AU MIDI MÉROVINGIEN Actes des 34e Journées d’Archéologie Mérovingienne de Toulouse, 6, 7, et 8 Novembre 2013 édité par Emmanuelle Boube, Alexis Corrochano et Jerôme Hernandez avec la collaboration de Jean-Luc Boudartchouk, Michel Kazanski et Patrick Périn avec le soutien du Ministère de la Culture, de la région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, du laboratoire TRACES de l’Université Jean Jaurès de Toulouse, de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap), de l’Association française d’archéologie mérovingienne (AFAM) et de l’Association archéologique de Martres-Tolosane. — Bordeaux 2019 — Notice catalographique Boube, E., Corrochano, A., Hernandez, J., éd. (2019) : Du Royaume goth au Midi mérovingien, Ausonius Mémoires 56, Actes des XXXIVe Journées d’Archéologie Mérovingienne de Toulouse, 6, 7 et 8 Novembre 2013, Bordeaux. Mots clés Goths, Wisigoths, Ostrogoths, Gépides, Germains orientaux, culture de Černjahov (Tcherniakhov), Antiquité tardive, haut Moyen Âge, Aquitaine wisigothique, Espagne wisigothique, Gaule mérovingienne, Hispanie, péninsule Ibérique, sources écrites, hagiographie, chroniques, droit, archéologie funéraire, tombes privilégiées, nécropole, cimetière, inhumation habillée, pratiques et rites funéraires, archéo-anthropologie, déformation crânienne, ethnicité, archéologie monumentale, urbanisme, culture matérielle, plaques-boucles, fibules, peignes, parure. AUSONIUS Maison de l’Archéologie Université Bordeaux Montaigne F – 33607 Pessac Cedex http://ausoniuseditions.u-bordeaux-montaigne.fr Directeur des Publications Ausonius : Sophie Krausz Secrétaire des Publications : Astrid Biry & Valentine Beau Couverture : Valentine Beau Tous droits réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit sans le consentement de l’éditeur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © AUSONIUS 2019 ISSN : 1283-2995 EAN : 9782356132468 Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie Rochelaise, groupe Le nouvelR Zone d’Activité de Villeneuve les Salines Rue du Pont des Salines, B.P. 197 - 17006 La Rochelle Cedex 1 Octobre 2019 Sommaire Avant-propos, Carole Delga .............................................................................................................................................................................. 11 Le mot des présidents de l’AFAM, Édith Petreymann, Laurent Verslype............................................................................................... 13 Introduction ou Le mot des organisateurs ................................................................................................................................................... 15 I – LES GOTHS DE PART ET D’AUTRE DES PYRÉNÉES : LES SOURCES ÉCRITES Luis Agustín García Moreno, La expedición del Balto Teuderico II a la diócesis de las Españas según las fuentes literarias ... 21 Alain Dubreucq, La législation wisigothique aux ve et vie siècles.............................................................................................................. 35 Michel Rouche, Une loi universelle et perpétuelle proclamée à Toulouse : le Bréviaire d’Alaric ....................................................... 45 Fernand Peloux, Mémoire des conflits, conflits de mémoire. Le souvenir des Wisigoths et des Francs dans le Midi médiéval : l’exemple du martyre de saint Volusien ...................................................................................................................................... 49 II – POUVOIR ET MÉMOIRE DANS LA VILLE Emmanuelle Boube, De la mutations des espaces politiques romains aux lieux de pouvoir du royaume wisigothique (Gaule, Hispanie) ............................................................................................................................................................................. 57 Jean Catalo, Quitterie Cazes, Didier Paya, Le monument d’époque wisigothique du site École d’économie à Toulouse, première interprétation .................................................................................................................................................................. 83 Didier Paya, Les lieux de sépulture et les tombes à Toulouse à la fin de l’Antiquité et durant la période mérovingienne............ 99 III – ARCHÉOLOGIE FUNÉRAIRE ET MOBILIER GERMANIQUE ORIENTAL DE L’AQUITAINE ET DE L’ESPAGNE ENTRE LES ve ET vie siècles Simon Esmonde Cleary, The Historiography of “Germanic Ethnicity” in the Migration Period: a British Perspective ................ 115 Alexis Corrochano, Sélim Djouad, Claire Mitton avec la collaboration de Francis Dieulafait et Laëtitia Pedoussaut, Le site de Blanzac-Porcheresse (Charente, France) : un ensemble funéraire des ve-vie siècles en Aquitaine .............. 127 Jérôme Hernandez, Christian Scuiller, La nécropole de Belou Nord à Saint-Laurent-des-Hommes (Dordogne, 24) .................. 143 Fabienne Médard, Clotilde Proust, Christian Scuillier, Exemples de restes organiques minéralisés du site de Belou Nord à Saint-Laurent-des-Hommes (Dordogne, 24)........................................................................................................................... 165 Jérôme Hernandez, Didier Paya, Aspects et évolution du cimetière du Mouraut (Vernet, Haute-Garonne, 31) : organisation, tombes et mobilier funéraire ................................................................................................................................ 173 – Du Royaume goth au Midi mérovingien, p. 5 à 7 6– Du royaume goth au Midi mérovingien Jean-Paul Cazes, La nécropole wisigothique de Pezens (Aude, 11)............................................................................................................. 199 Joan Pinar GiI, La nécropole de “Las Tombas” à Estagel (Pyrénées-Orientales) et sa place dans l’archéologie funéraire du haut Moyen Âge en Languedoc-Roussillon .......................................................................................................................... 211 Mikel Pozo Flores, The Cemeteries of Vasconia (Sixth-Eighth Centuries) ............................................................................................. 227 Yulene Gourgoury , La parure féminine wisigothique en Espagne. Actualisation des connaissances par l’approche du costume dans son ensemble ..................................................................................................................................................... 239 Jorge López Quiroga, Dépôts et pratiques funéraires dans le centre-ouest de la péninsule Ibérique (ve et vie siècles)................. 255 IV – TERRITOIRES, CONTACTS ET CULTURE MATÉRIELLE Alfonso Vigil-Escalera Guirado, Habitats de época visigoda en la région de Madrid ......................................................................... 269 Michel Kazanski, Les petites fibules germaniques de tradition danubienne en Gaule méridionale à l’époque des Grandes Migrations .............................................................................................................................................. 281 Emmanuelle Boube, Deux peignes inédits de la culture de Černjahov conservés au musée Saint-Raymond de Toulouse. ........ 297 Emmanuelle Boube, Les plaques-boucles germaniques orientales à têtes de rapace de Gaule et d’Hispanie. .............................. 305 Jean-Paul Cazes, La frontière lauragaise : toponymie et archéologie des modes vestimentaires aux ve-viie siècles ..................... 333 Lola Briceno-Boucey, Isabelle Souquet-Leroy, Mark Guillon, Les sépultures de la fin de l’Antiquité sur le site de la gare SaintLaud à Angers (Pays de la Loire, France) : approches archéo-anthropologiques, caractérisation biologique et identités de la population. .......................................................................................................................................................... 347 Egle Micheletto, The Lady from Pollentia: an East-Germanic Grave Dating Back to the First Decades of the Fifth Century p.C.................................................................................................................................................................... 361 Egle Micheletto, Giostra Caterina, Bedini Elena, The Gothic Settlement of Frascaro (Piedmont, Province of Alessandria)..... 367 Caterina Giostra, Luisella Pejrani Baricco, Emmanuele Petiti, Il gruppo familiare goto di Collegno The Gothic family group from Collegno (Piedmont, province of Turin) ............................................................................................................................ 373 Barry Ager, L’influence byzantine sur les objets wisigothiques de la collection du British Museum de Londres ............................ 381 Jean Soulat, Étude et analyse du mobilier de type wisigoth et méditerranéen dans le sud-est de l’Angleterre .............................. 397 Joan Pinar Gil, Jiřík Jaroslav, Jiří Vávra, Raiders, Federates and Settlers: Parallel Processes and Direct Contacts between Bohemia and the Western Mediterranean (Late Fourth-early Sixth Century) .................................................................. 415 V – ACTUALITÉS ARCHÉOLOGIQUES : LA GAULE MÉROVINGIENNE Bernard Gratuze, Constantin Pion, Des perles en verre provenant du sous-continent indien en Gaule mérovingienne ............ 449 Amélie Vallée, Les seaux en bois en Gaule mérovingienne : approche typologique et examen de la distribution des récipients 473 Lise Saussus, Nicolas Thomas, Laurent Verslype, La fonderie de petits éléments de parure dans le nord-ouest de la Gaule mérovingienne. ................................................................................................................................................................................. 481 Barbara Armbruster, Damien Martinez, Julie Viriot, Des indices d’orfèvrerie au sein de l’établissement de hauteur mérovingien de “La Couronne” à Molles (Allier, 03). ........................................................................................................................................ 489 Sommaire –7 Julien Bohny, Alexis Corrochano, Cécile Rousseau, avec la collaboration de Bruno Bosc Zanardo, Une tombe à armes du vie siècle à Castelnaudary, Bartissol (Aude, 11, France)................................................................. 497 Arnaud Coiffé, Jean-Luc Boudartchouk, Le site funéraire de la grotte des Ancêtres (Malvezie, Haute-Garonne, 31) : contexte de découverte et étude du mobilier associé aux sépultures .................................................................................... 509 Marie Maury, Natacha Crépeau, Sylvain Renou, Sophie Vallet, Relations entre monde des morts et monde des vivants durant le haut Moyen Âge : l’exemple du site des Sablons à Luxé (Charente, 16).............................................................. 517 Laurent Fournier, Édith Rivoire, avec la collaboration de Marie-Pierre Chambon, La place de la construction en pierre dans les habitats ruraux du début de la période mérovingienne : l’exemple des sites du Subdray et de Saint-Florent-sur-Cher au sud-ouest de Bourges (Cher, 18). .............................................................................................................................................. 531 Hélène Barrand Emam, Fanny Chenal, Thomas Fischbach, avec la collaboration de Justine Lyautey, Lucille Alonso, Évolution et gestion de l’ensemble funéraire d’Artzenheim (Haut-Rhin, 68) à la transition entre les périodes mérovingiennes et carolingiennes. ............................................................................................................................................... 537 Christine Dieulafait, Julie Gasc, Les fours domestiques des Bringuiers (Saint-Jory, 31) ...................................................................... 545 Jean-Paul Cazes, Présentation du musée du haut Moyen Âge de Mazères (Ariège) ............................................................................ 551 Laurent Verslype, Conclusion ........................................................................................................................................................................... 555 Auteurs Ager Barry Conservateur honoraire, Department of Britain, Europe and Préhistory, Bristish Museum, London WC1B 3DG, Royaume-Uni Alonso Lucille Céramologue Armbruster Barbara Directrice de recherches au CNRS, TRACES UMR 5608, Université de Toulouse Jean Jaurès Crépeau Natacha Anthropologue, Inrap RAA (CDD), UMR 5199 PACEA Delga Carole Présidente de la région Occitanie Pyrénées-Méditerranée Dieulafait Christine Drac Occitanie-SRA, site de Toulouse, TRACES UMR 5608 Dieulafait Francis Hadès Djouad Sélim Hadès Dubreucq Alain Professeur émérite d’Histoire médiévale, Université Jean Moulin, Lyon 3, UMR 5648 CIHAM Esmonde Cleary Simon Professeur émérite d’archéologie romain, Université de Birmingham Barrand Emam Hélène ANTEA ARCHÉOLOGIE, UMR 7044 Bedini Elena Anthropozoologica L.A.B., Livorno Bohny Julien Archéodunum Bosc-Zanardo Bruno Archéodunum Boube Emmanuelle Maître de conférences en archéologie romaine, Université de Toulouse Jean Jaurès, TRACES UMR 5608 Fischbach Thomas Boudartchouk Jean-Luc Inrap GSO, directeur scientifique et technique adjoint ANTEA ARCHÉOLOGIE, doctorant de l’Université de Strasbourg / Albert-LudwigsUniversität Freiburg Fournier Laurent Inrap Briceno-Boucey Lola UMR 5199 – PACEA, Université de Bordeaux, Pessac Garcia Moreno Luis Agustin Real Academia de la Historia, España Callède Fabien Topographe cartographe, Inrap Gasc Julie Hadès Catalo Jean Responsable de recherches archéologiques, Inrap, UMR 5608 TRACES Geneviève Vincent Numismate, Inrap, IRAMAT-CEB, UMR 5060 CNRS, Université d’Orléans Cazes Daniel Ancien conservateur en chef du Musée Saint-Raymond de Toulouse Giostra Caterina Università Cattolica del Sacro Cuore, Milano Cazes Jean-Paul Archéologue indépendant Gourgoury Yulene Archéologue médiéviste et médiatrice indépendante Cazes Quitterie Maître de conférence HDR en histoire de l’art médiéval, Université Toulouse Jean Jaurès, Framespa Gratuze Bernard Centre Ernest-Bablon, IRAMAT, UMR 5060, CNRS Université d’Orléans Chambon Marie-Pierre Inrap, UMR ArScan 7041 Guillon Mark Inrap, UMR 5199 – PACEA, Université de Bordeaux, Pessac Chenal Fanny Inrap, UMR 7044 Hernandez Jérôme Inrap, URM 5140, MEP Coiffé Arnaud Chargé d’études archéologiques JiřÍk Jaroslaw Corrochano Alexis Evéha (PhD) Institute of Archeology, Faculty of Arts, Charles University in Prague: Archeological Department, Prácheň Museum in – Du Royaume goth au Midi mérovingien, p. 9 à 10 10 – Du royaume goth au Midi mérovingien Písek, Velké náměnstí 114, Písek 397 24 Proust Clotilde Musée d’Archéologie Nationale Kazanski Michel Directeur de recherche au CNRS, UMR 8167 – Orient et Méditerranée Renou Sylvain Archéozoologue Rivoire Édith Inrap, UMR CRAHAM 6273 Rouche Michel Lopez Quiroga Jorge Université Autonome de Madrid (UAM) Professeur émérite d’Histoire médiévale, Université ParisSorbonne Lyautey Justine Anthropologue Rousseau Cécile Archéodunum Martinez Damien Ingénieur d’études DRAC/SRA Bourgogne-Franche-Comté (site de Besançon), ARTEHIS UMR 6298 Saussus Lise Marty Pierre Céramologue, Inrap Centre de recherches d’archéologie nationale, UCLouvain, LabEx HaStec, Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris, UMR 8589, LAMOP Maury Marie Archéologue Scuiller Christian Inrap – GSO Médard Fabienne Association Anatex Soulat Jean Mitton Claire Hadès Laboratoire LandArc, UMR 6273 CRAHAM Micheletto Egle Soprintendenza per i Beni Archeologici del Piemonte Souquet-Leroy Isabelle Inrap Grand-Sud-Ouest, Bègles, UMR 5199 – PACEA, Université de Bordeaux, Pessa Paya Didier Responsable de recherches archéologiques, Inrap, UMR 5288 Thomas Nicolas Pedoussaut Laëtitia Hadès Inrap, Laboration de médiévistique occidentale de Paris, UMR 8589 – LAMOP Vallée Amélie Aspirante F.R.F.-FNRS, Centre de recherche d’archéologie nationale, UCLouvain Vallet Sophie Archéologue VÁvra JiřÍ Mgr., Labrys o.p.s. Hloubětínská 16/11 Verslype Laurent Centre de recherches d’archéologie nationale, UCLouvain, co-président de l’AFAM Pejrani Barrico Luisella Soprintendenza per i Ben Archeologici des Piemonte Peloux Fernand Post-doctorant, Université de Namur Petiti Emmanuele Anthropozoologica L.A.B., Livorno Petreymann Édith Ingénieure chargée de recherches à l’Inrap, HDR, UMR 6273, coprésidente de l’AFAM Pinar Gil Joan PhD, Department of Historical Studies, University of Turin, via S. Ottavio 20, 10124 Torino Pion Constantin CReA-Patrimoines, Université libre de Bruxelles Pouget Nathalie Responsable de recherche archéologiques, Inrap Pozo Flores Mikel UPV – EHU Vigil-Escalera Guirado Alfonso University of the Basque Country (UPV – EHU), GIPyPAC (Grupo de Investigación en Patrimonio y Paisajes Culturales) Viriot Julie Archéologue responsable d’opération, Hadès Les petites fibules germaniques de tradition danubienne en Gaule méridionale à l’époque des Grandes Migrations Michel Kazanski U ne série limitée de petites fibules 1 de tradition germanique danubienne (fig. 1 et 2) est attestée en Gaule du sud pour le ve siècle 2. Ce sont des agrafes ansées à deux plaques, caractéristiques du milieu germanique oriental du deuxième tiers du ve siècle. Plus tard, vers la fin du ve siècle, chez les Germains danubiens, ces fibules sont progressivement remplacées par différentes fibules digitées. Les dérivées locales du type de Prša–Levice Quelques fibules à tête triangulaire et pied vaguement losangique, portant un décor à taille biseautée ou son imitation, sont attestées en Gaule du sud-ouest. Elles Fig. 2. La diffusion de petites fibules de tradition germanique orientale en Gaule du sud. 1. proviennent de la nécropole d’Herpes Herpes ; 2. Chasseneuil-sur-Bonnieure ; 3. Monségur ; 4. Lyon ; 5. Séviac. (Charente) 3 (fig. 1.1) et de la tombe 89 de la nécropole de Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente) 4 (fig. 1.2). Ces fibules représentent une série locale de dérivées du type danubien de Prša – Levice, de tradition germanique orientale (fig. 3)5. Une autre série de fibules à décor en taille biseautée, à pied losangique et à tête triangulaire, en forme de “chapeau de gendarme” 6 (fig. 3.9-14), est attestée en Gaule du nord (Flamicourt) 7 et de l’est (Bâle-Gotterbarmweg, tombe 20) 8, ainsi que sur le Danube moyen, sur le territoire de la Pannonie romaine (Miszla)9. Elles sont apparentées par leur forme à celles du type danubien Vyškov (voir infra), mais ces dernières ne portent pas de décor en relief. D’après le mobilier caractéristique découvert dans les tombes de Miszla, Dombóvár et Bâle-Gotterbarmweg (fig. 4), 1. J’adopte ici la terminologie utilisée par A.K. Ambroz pour les fibules d’Europe orientale, qui considère comme petites les pièces dont la longueur (sans tenir compte des boutons des ressorts et leurs imitations) ne dépasse pas 10 cm : Амброз 1966, 77. 2. Kazanski 1984, 1989, 1993, 1997 ; Ager 2010 ; Pinar Gil 2012. 3. Delamain 1892, pl. 6.22 ; Ager 2010, fig. 5. 4. Poignant 2010, 174, fig. 3, pl. 3. 5. Werner 1959, 428-431 ; Holl 1983, 45-48 ; Heinrich 1990, 94-96 ; Kazanski 1984, 14, 15 ; id. 1997, 294. 6. Si l’on reprend la terminologie de nos collègues préhistoriens, utilisée pour la description des artefacts lithiques. 7. Voir en dernier lieu Koch 1998, n° 286, Taf. 27.9. 8. Vogt 1930, Taf. 10.2,3. 9. Kiss 1994, 3.6 ; Dombóvár : Kiss 1984, Abb. 4.3. – Kazanski Michel, in : Du Royaume goth au Midi mérovingien, p. 281 à 396 282 – Fig. 1. Les petites fibules de tradition germanique orientale en Gaule du sud-ouest. 1, 4, 5, 7-9. Herpes ; 2. Chasseneuil-sur-Bonnieure ; 3. Lyon ; 6. Monségur ; 10. Séviac. (1, 4, 5, 7-9. d’après Ager 2010 ; 2. d’après Poignant 2010 ; 3. d’après Boucher et al. 1980 ; 6. d’après Camps 1972-1973 ; 10. d’après Labrousse 1974). Michel Kazanski Les petites fibules germaniques de tradition danubienne en Gaule méridionale – 283 Fig. 3. Les fibules du type Prša-Levice (1-8) et les autres fibules à tête triangulaire, portant un décor en taille bisautée (9-14). 1. Prša ; 2. Lužinky ; 3. Levice ; 4. Szilágy ; 5. Hongrie ; 6, 7. Carnuntum (DeutschAltenburg) ; 8. Kertch ; 9, 10. Bâle-Gotterbarmweg, tombe 20 ; 11, 12. Miszla ; 13. Dombóvár ; 14. Flamicourt. (1-8. d’après Werner 1959 ; 9, 10. d’après Vogt 1930 ; 11, 12. d’après Kiss 1994 ; 13. d’après Kiss 1984 ; 15. d’après Eck 1895) 284 – Michel Kazanski Fig. 4. Les tombes contenant des fibules à tête triangulaire, portant un décor en taille biseautée. 1-5. Bâle-Gotterbarmweg, tombe 20 ; 6-17. Dombóvár ; 18-29. Miszla. (1-5. d’après Vogt 1930 ; 6-17. d’après Kiss 1994 ; 18-29. d’après Kiss 1994) Les petites fibules germaniques de tradition danubienne en Gaule méridionale Fig. 5. Les sépultures de Levice, découverte de 1889 (1-13) et de Bački Monaštor, tombe 9 (14-27). (D’après Werner 1959). – 285 286 – Michel Kazanski ces fibules appartiennent au milieu – troisième quart du ve siècle. En effet, la plaque-boucle à plaque losangique découverte à Dombóvár (fig. 4.17) est typique de cette époque 10. La plaque-boucle avec un anneau et une plaque ovale, venant de Miszla (fig. 4.27), est également datée partout en Europe du milieu – troisième quart du ve siècle 11. Cette datation correspond à la période D3 (450-470/480) de la chronologie du Barbaricum européen 12. À mon avis, la parenté des fibules de la Gaule du sud avec ces agrafes à tête en forme de “chapeau de gendarme” est très probable. Enfin, en même temps, un type local pontique, dérivé du type Prša – Levice, ayant une tête semi-circulaire, appelé Levice – Tokari 13, ou Chersonèse 14, se diffuse en Crimée 15. Les fibules de ce type se diffusent, très probablement à partir de la Crimée, à l’ouest, jusqu’au Danube inférieur (la ville actuelle de Ruse en Bulgarie) 16, et au nord, jusqu’au Don supérieur – on les connaît dans les habitats Ksizovo-8 et 19 17. Les fibules du type Prša-Levice étaient portées par paire sur les épaules, la tête triangulaire vers le bas, plusieurs découvertes in situ dans les nécropoles danubiennes – notamment Bački Monaštor, Csongrád-Kenderföldek, Jásberény-Szölö dülö, Botoşani-Dealul Căřamidăirei – en sont la preuve 18. Ces fibules se concentrent dans la région du Danube moyen, aussi bien sur le territoire des anciennes provinces romaines qu’en Barbaricum, sur la rive gauche du Danube. Elles sont également attestées sur le Danube inférieur et en Crimée 19. J. Werner a attribué ce type au milieu du ve siècle 20, en s’appuyant sur les découvertes funéraires à Levice 21 et à Bački Monaštor, tombe 9 22 (fig. 5). Par la suite, J. Tejral a proposé une datation très proche, dans les limites de la période D3 (450-470/480 environ) 23. Il me semble que la datation des fibules du type Prša-Levice peut être un peu plus large et doit englober également les années 430-460, c’est-à-dire la phase D2/D3 de la chronologie danubienne. En effet, la plaque-boucle de Bački Monaštor, tombe 9 (fig. 5.15), est très proche de celle provenant de la tombe de Székely, dans la partie orientale du bassin des Carpates. Or, cette dernière, d’après les fibules en tôle d’argent du type Smolin, appartient à la phase D2/D3 24. Le type de Carnuntum-Oslip et ses dérivées Une fibule relativement petite à tête semi-circulaire et pied linguiforme allongé, provenant de Monségur (Gironde) 25 (fig. 1.6), peut être attribuée aux dérivées du type danubien Carnuntum – Oslip. Ces dernières sont attestées presque exclusivement sur le territoire des provinces danubiennes de l’Empire, en Pannonie et au Norique 26, notamment dans les forteresses romaines de Carnuntum/Bad-Deutch-Altenburg (fig. 6.1, 2) 27 et d’Intercisa/Dunapentele 28, ainsi qu’à Ternitz (fig. 6.5), Oslip (fig. 6.4), Oberleisberg (fig. 6.6) 29. Quelques découvertes exceptionnelles proviennent du Barbaricum, comme les fibules d’Alba-Julia 30, en Dacie, abandonnée par les Romains au iiie siècle, ou de Bohême 31. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. Kiss 1984, 58-60 ; Tejral 1988, 278, 279 ; id. 2011, 92. Voir par ex. Legoux et al. 2009, n° 141. À propos de cette chronologie, voir pour plus de détails : Tejral 1988, 2005 et 2011. Гавритухин 1994 ; Gavritukhin 2012. Bierbrauer 2008, 126. Id. 2008, Abb. 17. Haralambieva 1990, Abb. 2.4. Обломский 2011, ris. 12.1,2. Heinrich 1990, 96. Werner 1959, 428, 429 ; Holl 1983, Abb. 2 ; Bierbrauer 2008, 126, Abb. 17. Werner 1959, 429. Ibid., Abb. 6. Kiss 1983, Abb. 3.1-11. Tejral 1988, 286 ; id. 2005, 120, Abb. 3.C.3. Tejral 2007, Abb. 20.1-3 ; à propos de leur datation voir Tejral 2007, 86-92. Camps 1972-1973, 18, fig. 12, A-1067. Holl 1983, 40-45, Abb. 1 ; Kazanski 1984, 20, 21 ; id. 1997, 285. Cf. Germanen 1987, VII, 1.a,b. Шаламон, Баркоци 1982, ris. 11.5. En dernier lieu Tejral 2011, 87, Abb. 48 et 301. Harhoiu 1998, Taf. 91. F.1. Svoboda 1965, Tab. 19.5. Les petites fibules germaniques de tradition danubienne en Gaule méridionale Fig. 6. Les fibules du type Carnuntum-Oslip, les types apparentés (6) et les découvertes accompagnantes (3). 1-3. Carnuntum (Bad-Deutsch-Altenburg) ; 4. Oslip ; 5. Ternitz ; 6. Oberleisberg ; 7. Marœuil. (1, 2. d’après Germanen 1987 ; 3-5. d’après Tejral 1988 ; 6. d’après Tejral 2011 ; 7. d’après Koch 1998) – 287 288 – Michel Kazanski La datation de ce type d’agrafes peut être établie grâce aux découvertes dans le bâtiment Q à Carnuntum, où l’on a mis au jour de la céramique grise lustrée dite “de fédérés”, typique de la période D2 (380/400 – 440/450) et une fibule en arbalète de la période D1-D2 (donc dans les limites de 360/370 – 440/450) (fig. 6.3) 32. La pièce de Monségur représente une réplique assez exacte du type Carnuntum – Oslip, avec pour seule différence le fait que les agrafes danubiennes sont souvent richement ornées avec un décor gravé. Une fibule de forme proche (fig. 6.7), en argent, à pied linguiforme et à tête semi-circulaire, d’une longueur de 9,2 cm, et portant un décor cloisonné, vient de Marouil (dép. Pas-de-Calais), en Gaule du nord33. Elle représente très vraisemblablement une réplique “aristocratique” des fibules du type Carnuntum – Oslip. Le type Bratei Une fibule en bronze coulé, d’une longueur de 7 cm, de provenance “locale”, se trouve dans la collection du Musée gallo-romain à Lyon (fig. 1.3) 34. Elle possède une tête triangulaire, un pied losangique et un arc assez court. La surface du pied et de la tête, ainsi que les protubérances circulaires portent un décor gravé en cercles. Cette fibule appartient au type danubien dit de Bratei 35 (d’après le nom d’une nécropole gépide, en Transylvanie) 36 (fig. 7.2, 3), bien connu pour l’époque des Grandes Migrations sur le Danube moyen 37. D’après les découvertes funéraires, ces fibules étaient portées sur les épaules 38. Elles ont sans doute pour prototypes des fibules à deux plaques losangiques, du début de l’époque des Grandes Migrations (très probablement la période D1 de la chronologie du Barbaricum européen, c’est-à-dire 370/380 – 400/410). Ces prototypes sont attestés dans la partie occidentale de la civilisation de Černjahov, notamment dans la nécropole de Miorcani, en Moldavie roumaine 39 et sur ses frontières nord-ouest, à Teptiuków – Kolonia, en Pologne du sud-est 40. Il n’est pas exclu non plus que les fibules en tôle métallique à tête triangulaire et pied losangique, de la forme dite Tápé-Lebő – Vajuga, de la phase D2 (400/410-440/450) puissent servir de prototypes aux agrafes du type Bratei 41. Les fibules du type Bratei sont typiques de la région du Danube moyen. Elles sont attestées sur le territoire des provinces danubiennes 42 et plus rarement dans les provinces balkaniques 43. Sur le territoire du Barbaricum, les fibules du type Bratei sont présentes au nord du Danube moyen, en Moravie, notamment à Smolin, et en Basse-Autriche 44. 32. Tejral 2007, 90 ; id. 2011, 87, 88. 33. En dernier lieu Koch 1998, 446-449, n° 393, Taf. 56.5. 34. Boucher et al. 1980, n° 543 ; Kazanski 1993, 124, fig. 2.2 ; id. 1997, 293, 294, fig. 1.5. 35. Bierbrauer 1989, 141-149 ; id. 2008, 126, Abb. 16. 36. Voir Bârzu 1991. 37. D’autres fibules, très proches, font partie du type Vyškov. À la différence de celles de Bratei, elles ont souvent une tête en forme de “chapeau de gendarme” et un pied élargi plutôt vers la partie basse et cinq protubérances sur le pied (Bierbrauer 1989, 149-157 ; voir aussi Dobos, Lăzărescu 2009). D’autre part, il faut distinguer les fibules à tête triangulaire et pied losangique, mais sans protubérance bilatérale (par. ex. Haralambieva 2002, tabl. 1.5, 6) et celles à tête losangique (par ex. Kazanski 1996, fig. 2.15). La limite entre ces deux types de fibules n’est pas rigide. Ainsi, une série de fibules à cinq protubérances sur le pied et appartenant donc au type de Vyškov ont des proportions très proches de celles du type Bratei : Kertch (Werner 1961, Taf. 21.95 ; Айбабин 1990, fig. 10.10), Tápé-Lebő, tombe 2 (Parducz 1959, Taf. 18.1), région de Kanev (Kazanski 1996, fig. 14), Čokrak (Kühn 1974, Taf. 224.51.101). V. Bierbrauer a attribué certaines de ces fibules au type Bratei (Bierbrauer 2008, 126). Cependant, il nous semble que pour des raisons de forme, il faut plutôt les rattacher au type Vyškov. Une fibule du type Vyškov a été mise au jour dans une sépulture à Argamum, forteresse byzantine sur le Bas-Danube (en Roumanie actuelle) (Adameşteanu 1980, fig. 6a). Cette tombe a également livré une fibule digitée du type Gourzouf, de la deuxième moitié du ve siècle (à leur propos voir Kazanski 1997, 295-295), ce qui laisse supposer une chronologie assez large pour les agrafes du type Bratei, probablement sur tout le ve siècle. 38. Bierbrauer 1989, 141-143. 39. Ibid., Abb. 1.14,15. Il faut également noter la présence de fibules semblables en Allemagne moyenne : Bemmann 2008, 33, 34, Abb. 10. 40. Kokowski 2000, Abb. 1. 41. Tejral 2007, 78, Abb. 6.2 ; id. 2011, Abb. 129, 130. 42. Bierbrauer 1989, Fundliste 1.2,4-7,10,18, Abb. 1.3,5-7 ; Kühn 1974, Taf. 228.51.147,157 ; Kiss 1981, Abb. 1.4-6 ; Dautova – Ruševljan 1981, 147, Abb. 3 ; Bijelajac, Ivanišević 1993, fig. 2.11 ; Ivanišević 1999, fig. 1,5, 6. 43. Haralambieva 1990, Abb. 2.3. 44. Bierbrauer 1989, Fundliste 1.11, Abb. 1.5 ; Szameit 1997, Taf. 5.1-3. Les petites fibules germaniques de tradition danubienne en Gaule méridionale Fig. 7. Les exemples de tombes danubiennes contenant des petites fibules. 1-3. Bratei, tombe 3.19 68 ; 4-7. Bratei, tombe 2.19 68. (D’après Bârzu 1991) – 289 290 – Michel Kazanski Quelques exemplaires sont connus en Transylvanie 45, dans le bassin de la Tisza 46 et au Banat 47. Plus à l’est, des fibules comparables sont attestées en Podolie 48, dans la région du Dniepr 49 et en Crimée orientale 50. La découverte la plus orientale provient du Don supérieur, de l’habitat Ksizovo-19 51. Cependant, à l’est des Carpates, ces fibules apparaissent en tant que manifestation de l’influence danubienne 52. Les fibules du type Bratei sont typiques (du début) de la phase D2/D3 de la chronologie “barbare” (440 – 460/470) 53. Parmi les découvertes significatives, il faut citer le dépôt d’orfèvre de Steinmandl (Buschberg) en Autriche, où des fibules du type Bratei ont été mises au jour avec des éléments de fibules du type Smolin 54. Ces dernières sont le principal indice de la phase D2/D3 de la chronologie danubienne (“horizon de Smolin” ou phase MD1), datée de 430-460 55. Les dérivées du type Bretzenheim Une fibule provenant d’Herpes 56, à tête semi-circulaire et pied linguiforme, porte un décor imitant une taille biseautée (fig. 1.9). D’après son décor, elle est proche des fibules du type Bretzenheim, répandues uniquement en Gaule du nord et en Rhénanie (fig. 8) 57. On peut donc conclure qu’il s’agit d’une fabrication des ateliers de Gaule du nord. Cependant, la forme des fibules est assurément de tradition germanique orientale 58. De plus, dans la nécropole normande de Saint-Martin-deFontenay, une paire de ces fibules (fig. 8.6,7) a été mise au jour dans la tombe 300 59, où la défunte avait un crâne portant des traces de déformation artificielle correspondant aux coutumes “orientales”, caractéristiques notamment des Germains danubiens. On peut donc conclure que les fibules du type Bretzenheim ont été fabriquées pour une clientèle issue avant tout du milieu germanique oriental. Il existe en Gaule du nord des petites répliques de ces grandes fibules. À titre d’exemple, on peut évoquer la pièce provenant de la tombe 182 de la nécropole de Lavoye (fig. 8.8). Petites fibules imitant les grands exemplaires en tôle métallique Plusieurs fibules d’Herpes (Charente) 60 (fig. 1.4, 5, 7, 8) et une fibule provenant de Séviac (Gers) 61 (fig. 1.10), d’une taille relativement réduite, à tête semi-circulaire et pied vaguement losangique ou linguiforme ont été découvertes dans le Sud-Ouest de la Gaule (fig. 2.1, 5). Elles rappellent les grandes fibules à tôle d’argent et représentent en fait leurs copies miniaturisées (fig. 9) 62. Les grandes fibules, quant à elles, sont sans aucun doute d’origine germanique orientale, et plus précisément danubienne 63. Elles font partie du costume “danubien” princier depuis l’époque hunnique, puis, vers 470-480 ces agrafes disparaissent en Europe centrale, mais subsistent sur les confins du monde germanique oriental, en Espagne wisigothique, en Crimée et dans le nord du Caucase. En Gaule du nord, ces fibules sont avant tout liées, à 45. Bierbrauer 1989, Fundliste 1.1-2, Abb. 1.1,2 ; Harhoiu 1998, n° 17.2, Taf. 89.16,17. 46. Bierbrauer 1989, Fundliste 1.8 Csálany 1961, Taf. 218.11. 47. Harhoiu, 1998, N° 64, Taf. 83.C. 48. Kazanski 1996, fig. 2.16. 49. Voir notamment Kazanski 2009a, fig. 50.14. 50. Масленников 1992, ris. 17.18. 51. Обломский 2011, ris. 11.1. 52. Kazanski 1996, 325, 326. 53. Tejral 2005, 117, 120, Abb. 2.6-9. 54. Szameit 1997, Taf. 5.1-3. Ces fibules sont également appelées du “groupe Levice – Szabadbatyán” (Kiss 1980, 110 ; Tejral 2007, 86). 55. Tejral 2005, 118-121. 56. Ager 2010, fig. 3. 57. Pilet 1994, fig. 42. 58. Kazanski & Périn 1997, 213. 59. Pilet 1994, 101, 102. 60. Delamain éd. 1892, l. 6.25 ; Ager 2010, fig. 2. 61. Labrousse 1974. 62. Une fibule provenant de la tombe 1 de la nécropole d’Estagel (Pyrénées-Orientales) représente peut-être la réplique tardive du même groupe : Lantier 1943, fig. 3. 63. À leur props en Gaule voir : Bierbrauer 1997, 167, 168 ; Kazanski & Périn 1997, 206-212 ; Kazanski et al., 2009, 152-159. Les petites fibules germaniques de tradition danubienne en Gaule méridionale Fig. 8. Les fibules du type Bretzenheim (1-7) et leurs imitations (8). 1. Marchélepot ; 2. Karlich ; 3, 4. Bretzenheim ; 5. Bassenheim ; 6, 7. Saint-Martin-de-Fonternay, tombe 300 ; 8. Lavoie, tombe 182. (D’après Kazanski, Périn 1997) – 291 292 – Michel Kazanski Fig. 9. Les petites fibules à tôle métallique (15, 19) et leur place dans l’évolution des fibules en Gaule. 1. Hochfelden ; 2. Balleure ; 3. vallée de Saône ; 4. Strasbourg ; 5. Lezoux ; 6. Arcy-Sainte-Restitue ; 7. Beire-le-Schâtel ; 8. Saint-Martin-de-Fontenay ; 9. Maule ; 10. Nouvion-en-Ponthieu ; 11. Vicq ; 12. Envermeu ; 13. Marhélepot ; 14. Breny ; 15. Séviac ; 16. Rödingen ; 17, 18. Chassemy ; 19, 20. Herpes. (D’après Kazanski &Périn 1997) Les petites fibules germaniques de tradition danubienne en Gaule méridionale – 293 mon avis, au milieu militaire du ve siècle à forte composante germanique orientale 64. La zone de diffusion en Gaule des petites fibules ansées de tradition germanique orientale, datables du deuxième tiers du ve siècle, correspond en partie au territoire de l’installation des Wisigoths. Il faut noter que ces derniers ont quitté les Balkans et le Danube bien avant, au tout début du ve siècle. On peut supposer que certains groupes de Barbares d’Europe centrale et orientale, porteurs de ces fibules, ont pu les rejoindre au cours du ve siècle, c’est à dire bien après l’installation de ces derniers en Gaule. On peut citer comme exemple d’une telle migration l’arrivée des Ostrogoths pannoniens, dirigés par le prince Vidimer, appartenant à la prestigieuse dynastie des Amales, chez les Wisigoths du royaume de Toulouse en 472. Cet événement est attesté par différentes sources écrites et archéologiques 65. L’arrivée en Gaule du sud d’autres groupes de Barbares danubiens, tels que les Gépides au vie siècle 66, est tout à fait possible. La fibule “danubienne” de Lyon, quant à elle, peut être liée à l’installation des Burgondes sur le Rhône. Un apport important danubien est bien attesté dans les antiquités burgondes 67. V. Bierbrauer a proposé un essai de stratification sociale des Germains danubiens du ve siècle 68. Selon lui, les sépultures féminines à grandes fibules ansées à tête semi-circulaire et pied losangique, et notamment celles en tôle d’argent, telles que celles de Smolin ou Kosino 69, comparables à celle de Lezoux (Puy-de-Dôme) en Gaule méridionale 70, relèvent de groupes socialement élevés, ou “princiers”. Les tombes féminines avec de petites fibules de différents types appartiennent, toujours selon V. Bierbrauer, à une sorte de “classe moyenne” (fig. 7), tandis que les tombes sans parures, majoritaires dans les pays danubiens, appartiennent à la population “ordinaire” 71. Le costume prestigieux à deux fibules en tôle d’argent, porté notamment par de nobles dames ostrogothiques de l’entourage de l’Amale Vidimer, est bientôt copié par la “classe moyenne” du royaume wisigothique. Les nécropoles d’Espagne wisigothique ont livré de nombreux exemples de l’adaptation “populaire” du costume “princier” danubien 72. En revanche, il apparaît que cette mode danubienne n’a pas été suivie par la population de la Gaule méridionale. Quant aux découvertes des petites fibules ansées de tradition germanique orientale en Aquitaine et en Burgondie, elles témoignent, elles aussi, de la diffusion chez les Wisigoths et les Burgondes de la mode danubienne de la “classe moyenne” germanique orientale, mode très probablement véhiculée par des groupes restreints de migrants venus de l’Est. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 71. 72. Kazanski & Périn 1997, 204-210, fig. 8 et 9. Kazanski 1984, 15 ; Périn 1993. Voir à ce propos Kazanski 2010. Vallet et al. 1995 ; Kazanski 2009. Bierbrauer 1989a, 75-84. Cf. L’Or des princes barbares 2000, n° 22, 24. Vertet, Duterne 1999 ; L’Or des princes barbares 2000, n° 23. Voir également Bierbrauer 1980, 138-140 ; id. 1989, 152-155. Voir en détail Périn 1993. 294 – Michel Kazanski Références bibliographiques Adameşţeanu, M. (1980) : “Un mormint germanic din necropola cetăţii Argamum”, Studii şi cercetări de istorie veche, 31, 311-320. Ager, B. 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