épingle en bron; de breuil-le-sec
Dans le cadre d'une de ses études sur la campagne de Jules César contre les Bellovaques, M. PEIGNE- DELACOURT indique quelques découvertes faites au cours de l'extraction de la tourbe, dans les marais de BREUIL-le-SEC (Oise). Près du pont de fascines, il indique : «qu'un ouvrier tourbier a retiré du fond de lamine, une longue aiguille de cuivre ». (PEIGNE-DELACOURT, 1869 - p. 25).
Un dessin d'assez bonne qualité complète cette information. Nous avons retrouvé dans les dessins originaux d'E. WOILLEZ, entreposés au Musée Vivenel, le dessin grandeur nature de cette épingle que nous republions ci-joint. En effet, les recherches faites au sujet de cette épingle nous ont permis de constater que cet objet est demeuré inconnu à la connaissance des spécialistes.
Emmanuel WOILLEZ fut le compagnon d'excursion de PEIGNE-DELACOURT et assista, avec l'inventeur L PLESSIER (1), en 1869, à la mise au jour du pont de fascines dans le marais de Breuil-le-Sec, prèsdu lieu- dit le Mont de Cren. Rien d'étonnant donc, à ce que E. WOILLEZ reprit le dessin de l'épingle en bronze.
Par comparaison des deux dessins, nous pouvons affirmer qu'ils sont différents dans certains points de détail et que le dessin de E. WOILLEZ semble le plus près de la réalité. Notons que le dessin de PEIGNE-DELACOURT est quelque peu déformé en longueur, de façon que l'épingle puisse tenir dans la page de la publication.
Description
Cette épingle, de 270 millimètres (2) de longueur totale, a la particularité de posséder un renflement de la tige au droit d'une perforation centrale (3). La tête est évasée, en forme de trompette et surmontée d'un bouton. Le diamètre de cette tête est de 15 millimètres (2).
Sous la tête, le décor est composé d'une série d'incisions horizontales
par J.-CI. BLANCHET
circulaires, sur près de 10 millimètres de-longueur ; vient, ensuite, quatre bandes de chevrons qui sont arrêtées près du renflement de la tige, par une nouvelle bande de 5 millimètres de longueur d'incisions horizontales circulaires.
Le décor de la partie renflée est formé d'un côté, d'une lentille doublement incisée, et de l'autre côté, de deux X superposés, encadrés dans des carrés. Ces décors viennent s'appuyer sur deux bandes parallèles verticales et incisées horizontalement, qui couvrent, de part et d'autre, la perforation.
Sous le renflement de la tige, nous retrouvons une nouvelle série d'incisions horizontales circulaires, sur près de 10 millimètres de longueur. Le décor se termine par des traits incisés en dents de scie.
Comparaisons et datation
Ces épingles se rencontrent en petit nombre dans le Nord-Ouest de la France (5 exemplaies)etdans le Sud- Est de l'Angleterre (5 exemplaires). Une étude faite par l'Anglais HAWKES (1942) montre la répartition du type dans la zone ci-dessus indiquée, et cet auteur propose d'appeler cette épingle du type de Picardie, en raison des découvertes signalées par BREUIL (1 91 8), dans le bassin de la Somme.
Les découvertes en contexte nous sont utiles pour permettre une datation précise de cet objet de BREUIL- le-SEC.
Le dépôt de Villers-sur-Authie (Somme) est composé de différents objets enfilés autour d'un torque en bronze fait d'une tige de section carrée, torsadée, dont les extrémités sont effilées et repliées en crochets G. GAUCHER et J.P. MOHEN - 1 974). Les objets sont constitués de seize bracelets presque tous fermés et décorés, de deux poignards, de quelques petits objets et de trois épingles. Certains bracelets sont proches du type de Bignan, défini par J. BRIARD (1 965 - P. 1 23) etdaté
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du Bronze Moyen avec une perdura- tion possible au Bronze Final I. Les deux lames de poignards sont dans le style du matériel de la Civilisation des Tumulus, de la forêt de Hague- neau.
Les deux premières épingles sont proches de celle de Breuil-le-Sec avec leur tige renflée, perforée. Quant à la troisième, elle diffère des deux autres avec la présence d'une bélière remplaçant la perforation centrale. Il s'agirait d'un type plus évolué selon HAWKES.
Dans le dépôt de Caix, composé surtout d'objets caractéristiques du Bronze Final II, nous retrouvons une épingle de type picard, proche de Breuil-le-Sec, et une autre dont il ne reste que la tête formée d'un large disque et qui semble plus typique par contre du Bronze Final I.
A Ramsgate, en Angleterre, trois épingles possédant un décor très proche de celui de Breuil-le-Sec, sont en association avec une urne Deverel-Rimbury (Bronze D - Halls- tatt A).
Nous pouvons donc retenir que ces épingles définies comme type de Picardie par HAWKES (1942) trouvent une large répartition en Picardie et dans le Sud-Est de l'Angleterre, dans la basse vallée de la Tamise et sur la côte. L'épingle de Breuil-le- Sec est l'exemplaire le plus méridional connu en Picardie.
Quant à la datation, il semble que cette épingle apparaît à la fin de l'Age du Bronze Moyen (vers 1300 - 1200 avant J.C.) et qu'elle disparaît dans le courant du Bronze Final II (vers 1000 avant J.C). La plus grande diffusion devant se situer au début du Bronze Final.
(1) L. Plessier est connu aussi par de nombreux travaux, notamment sur l'Age du Bronze dans la région de Compiègne. (2) D'après les mensurations données par M. PEIGNE-DELACOURT (1869). (3) Un anneau devait passer dans la perforation centrale comme cela a été retrouvé sur les deux épingles du dépôt de VILLERS-sur- AUTHIE (Somme).
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE — H. BREUIL - 1918 L'Age du Bronze dans le Bassin de Paris-Ornements de corps du bassin de la Somme - l'Anthropologie XXIX - pp. 251-264. - G. GAUCHER et J.P. MOHEN - 1974 L'Age du Bronze dans le Nord de la France - N°9 - spécial de la Société de Préhistoire du Nord. — HAWKES - 1942 The Deverel Urn and the Pi- cardy Pin : A phase of Bronze Age settlement in Kent - in the Prehistoric Society - n°3 p. 26 et suivantes. - PEIGNE-DELACOURT - 1869-71 Etude nouvelle sur la Campagne de Jules CESAR contre les Bellovaques - Epingle p. 25 - B. Com. Arch. Senlis - T. VII - 52 p. et 4 planches.
