ÉTUDE
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
SUR LES
ANNEAUX SIGILLAIRES
ET AUTRES
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
DESCRIPTION DE 315 ANNEAUX, AVEC DESSINS DANS LE TEXTE
l'Ali
wËfcfy- . m m. deLôche
MEMBHE DE L'i.NSTfTlit
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28
1900
Tous droits réservés.
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ÉTUDE
SUR LES ANNEAUX
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
IMP. CAMIS ET C'e, PARIS* — SECTION OHIEINTALE A.. BUKU1K, ANGKKi
ÉTUDE
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
ANNEAUX SIGILLAIRES
ET AUTRES
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
DESCRIPTION DE 315 ANNEAUX, AVEC DESSINS DANS LE TEXTE
PAR
M. M. DELOCHE
MEMBRE DE L'INSTITUT
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28
1900
Tous droits réservés.
PRÉFACE
Dans un récent mémoire, intitulé : Le Port des anneaux dans
l'antiquité romaine et les premiers siècles du moyen âge1, j'ai
exposé : l°les règles et les coutumes suivant lesquelles il était
ou non permis de porter un anneau en public, et plus lard de
porter un anneau de tel ou tel métal, selon la dignité, la
fonction ou la condition originelle des personnes; 2° les rites
qu'on observait pour l'emploi des anneaux comme symboles,
dans des circonstances solennelles, telles que la consécration
religieuse ou le mariage.
J'avais déjà, à l'époque de cette publication, mis au jour ou
reproduit, dans un recueil périodique *, un nombre considérable
de bijoux de ce genre, en usage sous le Bas Empire, puis dans
les États barbares et particulièrement dans la Gaule mérovin-
gienne.
J'ai eu, depuis, communication d'autresanneaux de cesmêmes
époques, la plupart inédits, et j'ai conçu alors le dessein de
former un recueil où ces petits monuments seraient classés mé-
thodiquement, soigneusement commentés, et accompagnés d'un
résumé succinct des notions utiles qu'on en peut tirer.
C'est ce recueil (le premier de cette sorte qui, à ma connais-
sance, ait encore paru) que je livre au public.
1. Mémoires de V Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXXV,
2e partie. — Tiré à part, 112 pages in-4, Paris, 1896.
2. Revue archéologique, 2e série, année 1880, t. II, et 3e série, années
1884 à 1896.
a
11
PRÉFACE
H comprend trois cent quinze anneaux », qui, à des degrés dif-
férents, présentent un sérieux intérêt.
Non seulement, ils peuvent contribuer à l'histoire de l'art de
l'orfèvrerie, des procédés de fabrication, des formes variées et
des modes de décoration des bijoux qui nous occupent ; mais ils
offrent de précieux renseignements louchant la paléographie, la
composition des monogrammes, les invocations religieuses, les
formules acclamaloires, etc., etc.
J'ai pris soin, en outre, autant que j'en ai eu le moyen et que
le permettait le cadre de cet ouvrage, d'insérer dans mes
notices descriptives, ou en note au bas des pages, la liste des
nombreux objets : armes, plaques de ceinturon, fibules, colliers,
boucles d'oreilles, vases, médailles, etc. , etc., recueillis en même
temps que les anneaux et dans les mêmes sépultures. J 'ai voulu
grouper ainsi des indications précieuses, qu'on ne trouverait, je
crois, réunies nulle autre part, et qui serviront à l'étude de
l'archéologie en général et des antiquités provinciales ou locales
de notre pays.
Mon travail a pour objet : au point de vue géographique, l'an-
cienne Gaule et ses divisions ecclésiastiques au vic siècle; chro-
nologiquement, quatre siècles et demi du haut moyen âge.
Il se compose de trois parties principales, savoir :
1° V Introduction, où sont résumées les notions archéolo-
giques, historiques et philologiques, fournies par les bijoux dé-
crits, et où sont traitées diverses questions qu'elles soulèvent;
2° La Description et le Commentaire de ces petits monuments.
J'y ai joint un Appendice, dans lequel sont reproduits quelques
cachets ou objets ayant servi de cachet, qu'il était intéressant
de rapprocher des anneaux contemporains ;
3° Les tables, qui sont les suivantes :
1. La description de nos anneaux se clôt par le chiffre trois cent deux
(CCC11) ; mais les redoublements de plusieurs numéros en ont élevé, en
réalité, le chiffre total à trois cent quinze.
PRÉFACE
III
Une table géographique, indiquant les diocèses et les lieux de
provenance des anneaux, qui nous sont connus, et, pour ceux
de ces bijoux dont la provenance est ignorée, la ville et la collec-
tion publique ou privée où ils sont conservés;
Une liste des noms propres inscrits sur les anneaux ou sur les
objets décrits dans l'Appendice, en légende ou sous forme de
monogramme ;
Une table alphabétique des matières principales contenues
dans l'Introduction et dans la Description des anneaux ;
Enfin une table analytique de l'ouvrage.
Tel est, sommairement tracé, le plan de ce livre, où j'ai eu
l'intention, non pas de produire un recueil complet des anneaux
de temps reculés, mais d'établir un type, un cadre, dans lequel
viendront se ranger les monuments nouveaux dont j'ai ignoré
l'existence, et ceux que les découvertes futures mettront à la
disposition des archéologues.
INTRODUCTION
Sous ce titre, je me propose de traiter les points suivants :
l°La provenance des anneaux et leur classement géogra-
phique;
2° L'âge des anneaux;
3° Les matières premières, les procédés de fabrication et les
formes diverses de ces petits monuments ;
4° Leur ornementation ;
5° Les inscriptions qui y sont gravées ;
6° Les anneaux, suivant le sexe, la dignité ou la profession
de leurs possesseurs;
7° Les anneaux, suivant leur destination.
Au cours des résumés et explications que je dois donner sur
chacun de ces sujets, je me référerai naturellement, comme jus-
tification, aux notices et aux figurations formant la partie des-
criptive qui suit la présente Introduction. Ces notices seront dé-
signées par des chiffres en capitales romaines, correspondant
aux numéros qu'elles portent dans ladite description '.
1. Il convient d'avertir le lecteur que ceux de ces numéros qui se
rapportent à des anneaux par nous précédemment publiés dans la Re-
vue archéologique de 1880 à 1896, ne sont point en relation avec les nu-
méros des notices que j'ai insérées dans ce recueil périodique, au fur et
à mesure que les bijoux arrivaient à ma connaissance.
VI
INTRODUCTION
S l°r
Provenance des anneaux. — Leur
classement géographique.
Les recherches dont je publie aujourd'hui les résultats, ont,
en principe et presque exclusivement, porté sur les anneaux
trouvés dans la Gaule telle qu'elle est délimitée par J. César dans
ses Commentaires ', c'est-à-dire dans le cadre formé par les
Alpes et le Rhin, la mer du Nord et l'Océan, les Pyrénées et la
Méditerranée.
Je n'ai malheureusement pas réussi à me procurer des ren-
seignements suffisants touchant le lieu ou même le pays de pro-
venance de toutes les bagues que j'ai décrites : ils restent
ignorés pour un certain nombre d'entre elles*, et il yen a quelques-
unes que je sais ou que je suppose avoir été découvertes hors
de l'ancienne Gaule3. Néanmoins, je n'ai pas cru pouvoir les
négliger, à raison de leur étroite affinité avec celles qui ont été
recueillies sur notre sol, et des éléments utiles qu'elles me four-
nissaient pour la solution de questions afférentes à ces der-
nières.
Pour les anneaux de provenance connue, j'ai adopté un clas-
sement géographique, basé sur les divisions de la Gaule, telles
qu'elles nous apparaissent dans laNoticedes provinces et cités (ré-
digée, comme on sait, à la fin du iv° siècle), en tenant compte
toutefois des changements que l'état de choses auquel elle cor-
respond avait subis jusque dans le vie siècle \
1. De bel/. Gallic, I, 1.
± CCLV à CCXC.
3. CCXCl à CCCll.
4. Ces changements ont été savamment étudiés par mon confrère
M. kilg. Lougnon, dans son livre La Gaule au vie siècle, gr. in-8, Paris,
1878, p. 180 elsuiv.
INTRODUCTION
VII
Cetle dernière époque convient d'autant mieux pour noire
classement, qu'elle est à égale distance des deux points ex-
trêmes du long espace de temps que j'ai envisagé et qui s'étend
de la conversion de Constantin-le-Grand au christianisme
(an 312) à lachute définitive delà dynastie mérovingienne (752).
J'ai donc suivi la division par provinces ecclésiastiques (con-
forme au cadre de la Notice précitée); mais ce système, d'ap-
plication facile, m'a paru insuffisant, l'institution des provinces
romaines, œuvre purement politique et administrative de la
chancellerie impériale, étant tout à fait artificielle et sans rela-
tion avec l'ethnographie et l'histoire de la Gaule indépendante.
C'est pourquoi, je me suis imposé la lâche beaucoup plus dé-
licate de faire un classement, non seulement par provinces ec-
clésiastiques, mais aussi par diocèses ou cités épiscopales, qui,
elles, correspondent trèsapproximativement aux cités ou tribus
gauloises d'avant la conquête romaine. J'ai eu, pour cela, le
précieux concours de mon savant et obligeant confrère, M. Au-
guste Longnon, dont on sait la haute compétence en tout ce qui
regarde la géographie historique et spécialement celle du moyen
âge. Je me plais à lui exprimer ici ma gratitude.
Quant aux anneaux de provenance ignorée, mais dont je con-
naissais les possesseurs, j'ai employé le seul système praticable
en les répartissant entre les localités et les collections dans les-
quelles ils sont conservés.
Je n'ai d'ailleurs formé de tous les monuments que j'ai eu à
commenter, qu'une série numérale unique, ce qui facilitera les
recherches du lecteur.
§2
L'âge des anneaux.
La période historique que j'ai eue en vue pour l'étude des
vni
INTRODUCTION
époques où ces petits monuments ont été confectionnés, se
place, ainsi que je l'ai déjà indiqué dans le précédent para-
graphe, entre l'année 312, date de la conversion de l'empe-
reur Constantin, qui clôt l'antiquité classique, et l'année 752,
qui vit l'avènement au trône du chef de la dynastie carolin-
gienne.
Quels sont les signes ou les éléments d'après lesquels on peut
ranger nos anneaux parmi les produits de cette période?
Il faut les définir suivant qu'il s'agit de distinguer ces bijoux
de ceux des âges antérieurs à 312, ou des temps postérieurs à
752.
Occupons-nous d'abord des premiers.
Ce qui différencie essentiellement une grande partie de ces bi-
joux de ceux de l'antiquité classique, c'est leur caractère nette-
ment chrétien, qui se manifesta à la suite de l'adhésion du sou-
verain à la religion nouvelle.
Les principales marques chrétiennes sont la croix et le
chrisme; les formules religieuses in De? nomine, les acclama-
tions vivas ou vivat in Deo, les lettres symboliques A et 00, des
figuralions allégoriques, telles que saint Pierre et le coq chantant,
un diacre prédicant ou bénissant, des emblèmes tels que le
poisson, la colombe, la palme.
A partir duve siècle, c'est-à-dire des grandes invasions, appa-
raissent, en outre, les vocables personnels germaniques, et un
mode de décoration tout autre que celui des Gallo-Romains, et
dans lequel dominent les figures d'animaux réels ou fantas-
tiques, gravées sur le métal ou émaillées.
Parmi les particularités de la fabrique barbare, je signalerai
celle des cabochons ou globules qui accostent le chaton, soudés
sur la tige ou ciselés dans le métal. Quand les cabochons sont au
nombre de trois, ils sont disposés en feuille de trèfle.
Ce dispositif, qui ne se rencontre que fort rarement sur les
bagues des derniers temps du Haut Empire, est, au contraire, très
INTRODUCTION
fréquent à partir de Constantin, et presque usuel à l'époque bar-
barel.
Les objets recueillis dans les sépultures, en même temps que
les anneaux : armes, ustensiles, bijoux, objets de toilette, etc.,
servent aussi, en bien des cas, à fixer, au moins approximative-
ment, l'époque de l'ensevelissement*.
Mais, ceux dont la présence dans les tombes est le plus pré-
cieux élément d'information, ce sont les monnaies impériales
ou celles des rois barbares, qui déterminent, d'une manière cer-
taine, des dates au delà desquelles on ne saurait remonter.
Enfin, quand il s'agit de bagues provenant d'anciens cimetières,
dont on a pu, d'après un ensemble de faits, placer les com-
mencements aune date postérieure à 312 3, nous sommes au-
torisé à regarder comme vraisemblable que ces bijoux ont été
confectionnés pour les défunts sur les restes desquels ils ont été
recueillis; car, le nombre considérable que l'on en trouve dans
les sépultures démontre queles Gallo-Francs laissaient aux morts
leurs anneaux comme le faisaient les Romains *.
Passons à l'examen des différences qui séparent les anneaux
mérovingiens, de ceux de l'époque subséquente.
J'ai signalé, plus haut, comme un des traits caractéristiques de
1. Je donnerai plus loin des détails sur ce mode de décoration des
anneaux, et sur les marques chrétiennes. Voir les §§ 4 et 5.
2. 11 convient de faire obsersrer,à cette place, que la présence d'intail-
les antiques sur plusieurs de nos anneaux n'empêche pas que la fabri-
cation de ceux-ci soit de date plus récente. Nous avons la preuve
certaine du fait, particulièrement pour ceux où se lisent des noms germa-
niques; citons par exemple celui de Crodolenus (n° CCXLV).
3. Il en est ainsi notamment de celles de Herpès (CCXYII à CCXLII),
et de la province de Namur (LXXXVI à CXIV). Voir aussi les nos CXXIX-
CXXXVIl bis, concernant les anneaux de Vermand.
4 Les Romains retiraient les anneaux de la main des mourants ; mais
on les y replaçait après la mort. (Voir Deloche, Le port des anneaux dans
l'antiq.rom. et dam les premiers siècles du mo>/endge ; dans Mém. de l'Acad.
des inscr. et bell.-lett., t. XXXV, 2" partie, p. 209; tiré à part, p. 41.)
V
INTRODUCTION
l'orfèvrerie mérovingienne, les trois ou deux cabochons ou glo-
bules soudés ou ciselés à droite et à gauche du chaton. Ce dis-
positif ne se voit plus sur les anneaux de l'ère carolingienne : en
tout cas, s'il s'y rencontrait, ce ne serait qu'exceptionnellement.
Dans les légendes et les monogrammes qui ornent ces petits
monuments, l'alphabet de l'époque carolingienne diffère assez,
du moins à partir du ixe siècle, de celui de l'époque antérieure,
pour éviter toute confusion : en outre, la gravure en est géné-
ralement plus profonde et plus épaisse. L'orthographe des
noms propres présente aussi, d'une période à l'autre, des dis-
semblances qui font discerner les anneaux à inscriptions qui
leur appartiennent respectivement.
Ce qui a été dit ci-dessus des objets divers, recueillis, en même
temps queles anneaux, dansles sépultures, s'applique également
ci. Il en est de même de l'âge des nécropoles, avec cette diffé-
rence qu'au lieu de leurs commencements, c'est la date de leur
abandon qui doit servir à régler la limite inférieure de la pé-
riode par nous envisagée. Nous savons, par exemple, queles an-
ciens cimetières de Vermand furent abandonnés à la suite des
grandes invasions du vc siècle1. Nous sommes ainsi assurés que
les objets et spécialement les anneaux qui y ont été découverts,
sont antérieurs à la deuxième dynastie. Je n'ai pas manqué d'ail-
leurs, quand des doutes s'offraient à mon esprit, de les exposer
au lecteur, qui est ainsi prévenu contre toute surprise à cet
égard.
Je rappelle, en terminant ce paragraphe, que, sauf en des cas
assez rares, je n'ai point prétendu assigner aux bijoux dont j'ai
fait l'étude, des dates précises de fabrication. Je me suis le plus
souvent borné à les rattacher à une série, dont j'ai marqué les
deux points extrêmes, et qui s'étend sur le large espace de
quatre siècles et demi.
1. Voir CXXIX-CXXXVII bis.
INTRODUCTION XI
§3
Matières premières. — Procédés de fabrication
et formes diverses des anneaux.
I
MATIÈRES PREMIÈRES
Parmi les anneaux d'or que j'ai décrits, il y en a quelques-
uns où nous voyons l'emploi de filigrane1, d'autres où des
feuilles d'or hachées font office de paillon2. Notons aussi des
bagues d'argent, de bronze et de cuivre dorés3, et une bague
en bronze, plaquée et incrustée d'or \
De nos anneaux d'argent5, deux sont en filigrane0, deux en
argent doré \
Des anneaux en bronze8, deux sont en filigrane9, un est
plaqué et incrusté ou damasquiné d'or10; deux sont dorés", deux
argentés12 et un émaillé13.
Nous avons dix anneaux en cuivre14, dont deux en laiton15 et
un en cuivre doré16.
1. XXIV, XL, CCXLI, CCXLII et CCLXXXIV.
2. CXI, CXII et CLI.
3. CCXXXIV, CCXXXV, CCXXXV1, GCXLVI et CCLV1I1.
4. CCLXVIt.
5. V, VI, XII, XXV, XXVII, XLI1I elpassim.
6. CCXLI, CCXLII.
7. CCXXXIV, CCXLVI.
8. IV, X, XI, XIII, XIV, XV, XVJ, XIX elpassim.
9. CLXV1I, CCXXXIX.
10. CCLXXVII. Voir plus bas § 4, n° îv, au sujet des ornements métal-
liques.
11. CCXXXV et CCXXXVI.
12. CXCVIII, CCLXXXV1I.
13. CCLXXXII.
14. III, IX, XXXIII, CXXI, CXXXIX, CXLIX, CL, CCXI, CCLVI1I,
CCLXXIX.
15. CXLIX, CL.
16. CCLV1II.
XII
INTRODUCTION
L'un de nos bijoux est en étain ou en plomb1.
Deux sont en potin*.
Deux en fer3.
Enfin un en verre. C'est un des rares exemples de bijoux de
cetle sorte, formés d'un cercle de verre, sans métal ; il est d'une
couleur blanchâtre, grossièrement venu à la fonte, et orné
d'un chaton en verre bleu4.
Je m'abstiens de mentionner ici les gemmes, verroteries et
pâtes colorées, à l'aide desquelles on décorait le chaton, et dont
je me réserve de parler plus bas.
II
PROCÉDÉS DE FABRICATION ET FORMES DIVERSES DES ANNEAUX
Certains de nos anneaux sont un simple cercle; d'autres, et
c'est le plus grand nombre, présentent deux parties distinctes :
la tige ou le jonc, qui, chez les Latins, était désigné par les mots
1. CXCV.
2. CXLV, CLXXXVJII.
3. XVII, CCLXXXVIII. Du petit nombre de bagues en fer par nous dé-
crites, il ne faudrait pas conclure à la rareté de bijoux de cetle espèce.
Il y en a, au contraire, un grand nombre : on peut en voir notamment
au Musée de Cluny ; mais les anneaux en fer sont presque tous de simples
cercles fortement oxydés, dépourvus de toute décoration et inscrip-
tion, conséquemment sans intérêt; et c'est pour cette raison que nous
n'en avons compris que deux dans notre description.
4. XXIX. On fabriquait des bagues de cette sorte sans y employer de
métal, soit avec des pierres précieuses, soit avec de 1 ivoire ou de l'os.
Abrabam Gorlaeus, un antiquaire érudit du xvieou du xvii0 siècle, en
possédait un, formé d'une sardoine [De triplici annulo, édit. de Leyde,
1672, p. 6). Le lome XVI, année 1860. des Mém. du la Soc. pour la recher-
che des monum. hisloriq. du Grand- Duché de Luxembourg, contient la men-
tion d'une bague en verre bleu, de l'époque gallo-romaine. Enfin, un an-
neau en os a été trouvé à Templeux-la-Fosse (Somme), dans un cimetière
gallo-franc (Bullet. archéol. du Comité des trav. hist., année 1891 ; art.
de M. Th. Eck, tiré à part, p. 15, pl. XI, lig. 2)
I
INTRODUCTION XIII
significatifs de « circulus » ou « orbiculus », et le chaton, qu'ils
nommaient « pala » ou « funda ».
1° La tige.
Lorsque la bague était un simple cercle, ou quand la tige fai-
sait corps avec le chaton, ménagé à même le métal, elle était,
tantôt fondue de toutes pièces1, tantôt forgée et martelée2. Dans
les deux cas, elle était retouchée à la lime, et passée ensuite au
polissoir 3.
Lorsqu'elle était formée d'un ruban ou bande de métal forgé,
on soudait, pour fermer le cercle, les deux extrémités du ruban
l'une sur l'autre4, du côté placé sous le doigt, et peu exposé à la
vue5.
Si le bijou était destiné à recevoir un chaton, et si la tige
n'était pas forgée ou fondue en un cercle complet et fermé, on
soudait les deux bouts, ou bien on les découpait en volutes gé-
minées, sur lesquelles on soudait le chaton6.
D'autres fois, les deux bouts de la tige pénétraient dans le
chaton', ou seulement l'enserraient fortement8.
Enfin, la tige était, dans certains cas, un métal creux, rempli
de pâte d'argile9.
1. Exemples IX, CXXXI, CCXL.
2. Exemple LXX.
3. Exemple LXX.
4. Il y a lieu de s'étonner qu'un archéologue aussi habile que M. Mo-
linier ait mis en doute l'usage de la soudure aux temps mérovingiens.
(Dans Bulletin de la Société des Antiquaires de France). L'emploi en était,
au contraire, fréquent, surtout pour la pose du chaton sur la tige,
dont nous parlons plus bas.
5. VI, X, XI, XXXIII, CXXXVIII, CLXXXIII, CXCIII, CCLI.
6. Exemples XXIII, XLIX, LXXVI, LXXXV. LXXXVI, CCII, CCLII.
7. CCLXII.
8. XXIV.
9. CCXXVI.
XIV INTRODUCTION
Je signalerai deux bagues de forme extraordinaire : dans la
première, les deux branches de la lige sont restées distinctes,
mais reliées l'une à l'autre par un fermoir où s'engage une lon-
gue aiguille 1 ; la seconde, qui est un simple cercle, présente une
longue et forte pointe saillante2. Ces modes de fabrication ont
dû être tout à fait exceptionnels, car je n'en connais pas d'autre
exemple.
L'anneau était quelquefois pourvu d'une chaîne de sûreté3.
J'en ai décrit un, qui était appenduà une chaînette, attachée elle-
même, par ses deux extrémités, à des fibules, qui la fixaient au
vêtement1.
Je dois noter ici un bel anneau d'or, qui m'appartient et dont
la fabrication est remarquable en ce qu'il se compose de deux
anneaux superposés : l'un, l'intérieur, tout uni, l'autre, formé de
filigranes, de globules et de pointillés d'un dessin très élégant5.
Parmi nos bagues, il en est une qui est hexagonale*; une
autre nonagonale7, et plusieurs octogonales8 ; la plupart présen-
tent, sur leurs facettes, des caractères ou des figures.
2° Le chaton.
Le chaton, qui est la partie la plus importante et la plus inté-
ressante de l'anneau, est, tantôt pris dans la masse du métal,
où il a été ménagé au moment de la fonte ou de la forge9, tantôt
soudé sur la tige10, tantôt enfin, mais beaucoup plus rarement,
1. CCVI.
2. CGVIl.
3. XLV1II.
4. CXXIII.
5. XL.
6. LXX.
7. CCXVII.
8. LXXII, CXVII, CXXIII bis, CLXXXI, CLXXXIV, CCXXXVIII etCCXLVI.
9. III, IV, V, VI, IX, X, XI, XII, XIII, XV, XVII, XVIII, XIX, XX,
XXII, XXV et passim.
10. I, II, VII, VIII, XIV, XXI, XXIII, XXVIII, XXX, XXXII, XXXIV et
passim.
INTRODUCTION
XV
pénétré parles deux branches de la tige, sur lesquelles il pivote,
formant un chaton tournant à deux faces1.
Parfois, lorsque la tige se composait de fils de métal tordus,
la torsade se continuait en un enroulement, qui formait un cha-
ton de forme ronde8.
Le chaton était souvent un simple renforcement de la partie
du métal de la tige, sur laquelle on se proposait de graver, soit
une inscription, soit une figure, soit un ornement quelconque, ou
que l'on voulait décorer d'une gemme ou de verroteries. Dans
ce dernier cas, on ménageait une cavité convenable.
Sur plusieurs de nos bijoux les plus élégants, sont soudés
des édicules ajourés, dont les arcades supportent un toit, orné
de pierres précieuses3.
Signalons ici plusieurs anneaux, dont le chaton est divisé en
deux ou trois compartiments4, et d'autres, pourvus de deux cha-
tons5, dont l'un, le principal, est à la partie apparente du bijou,
et le second, de dimensions beaucoup plus faibles, est du côté
opposé.
Quant aux formes des chatons, elles sont très variées : ronde,
ovale, quadrangulaire, trapézoïdale, hexagonale, octogonale, etc.
1. CXXV, CLXXXV11 et CGLXVIII. Nous reproduisons, dans l'Appen-
dice, n° I, un cachet à deux faces, qui était probablement suspendu à
une chaînette.
2. CLXVII.
3. Exemples II, CCX, CCXVIII.
4. XL, XLVI, CXXVII, CXXXVII bis, CLXV1II, CLXXXl.
5. XIX, XLVI, LXXIX, XG, XGV, GCXIV, CCLXX VIII.CCLXXXII.CCXGV.
XVI
INTRODUCTION
§4'
L'ornementation des anneaux.
I
les pierres précieuses et leurs imitations, les verroteries,
l'émaillerie
1° Pierres précieuses.
. Celles qui ont servi à décorer nos anneaux sont les suivantes :
agate1, améthyste5, calcédoine3, cornaline4, cristal de roche6,
émeraude6, grenat7, pierre d'un gris perle8, pierre dure noire9,
perle verte10, rubis11, sardoine12.
2° Imitations de pierres précieuses.
Agate (verre bleu et noir, imitant 1') 13 ; améthyste (quarlz
hyalin, imitant l')u; calcédoine (fausse)15; émeraude (fausse)16.
1. LXXII fris.
2. CVII, CCLXXXIV.
3. CXL.
4. CXIV, CCXffl, CCXLI.
5. CCXXIX.
6. I (cette pierre a remplacé, depuis un temps indéterminé, la gemme
primitive), CCXXX1, CCLXVI.
7. VIII, LXXIII bis, CGXXVI, CCXXVI1, CCXXXI11,CCXXXV, CCXXXV1I,
CCXXXIX, CCXL1I.
8. LXXIII ter.
9. CCXXV1II.
10. CIX.
11. CCLXVI.
12. CCXLV, CCLXXXVI.
13. CXIII.
14. CV.
15. CXXX, CXXXII, CXLII, CXLIII.
16. CIV, CIX, CXLI.
INTRODUCTION
XVII
3° Verroteries.
Verre blanc1, blanchâtre-, blanc irisé3, bleu l, jaune5, noir6,
rouge7, verl*.
4° E 'mailler ie.
Email blanc", rouge1", bleu", grisâtre12, noir"; plaques d'é-
mail1', goutle d'émail15.
II
MISE EN ŒUVRE DES GEMMES, DES VERROTERIES ET Dli L'ÉMAIL
Les pierres naturelles étaient nécessairement travaillées à
froid, mais les imitations en verre ou en émail étaient traitées,
tantôt à froid, tantôt pendant ou immédiatement après la fusion
ou la cuisson.
Elles étaient taillées le plus souvent en table, c'est-à-dire à
i exi, cli, excr.
2. XXIX.
3. CXLIV.
4. XXIV, XXIX, CXCVIII, ccxxv,
5. CLXXIII, CXC.
6. CVI.
7. CXII, CLXXVII.
8. CXXXIII, CXCIX, CCXXXV, CCXXXVlI.llya aussi, aux n°* XXXVH
CXVI et CXCIX, des verroteries, dont la couleur est indéterminée.
9. CLI, CCLXXIV.
10. CCLXXXII.
11. XXVIII et CCLXXXII.
12. VIII.
13. CCXXIV.
14. CXXXVII bis.
15. II. Des doutes ont été émis touchant la pratique de l'émaillene
après le mc siècle ; nous les croyons mal fondés. Voir, au n° CXXXVII bis,
ce qui est dit à ce sujet.
h
XVIII INTRODUCTION
plat1, quelquefois en cabochons, c'est-à-dire dans la forme hé-
misphérique, en relief sur le chaton 2.
Sur l'un de nos anneaux, dont le chat on est en verre bleu, imi-
tant une agate, on constate que le joaillier a tenté d'imprimer
sur la pâte de verre, avant son refroidissement, un camée ou
le surmoulage d'une intaille antique, mal venu du reste '.
Le chaton avait parfois l'aspect d'une rosace, avec, au centre,
un cercle, d'où partaient, commedes rayons, desbandes étroites
de métal formant 4, 6, 7 ou \ 2 alvéoles, que l'on garnissait
de morceaux de gemmes vraies ou fausses. Le cercle central
était également occupé par une pierre ou une imitation de
pierre précieuse \
Je ne dois pas omettre de noter un procédé, dont les fabri-
cants de nos anneaux se servaient, qui fut employé par les
artistes du haut moyen âge, et que l'on pratique, de nos jours,
pour donner plus d'éclat aux pierres et aux verroteries. Je veux
parler du paillon, qui consistait à poser ces gemmes sur des
feuilles d'or, qu'on mettait en plaques unies et plus souvent
hachées et quadrillées", ou bien sur une plaque de métal doré
ou argenté, comme on le voit pour une de nos.bagues6.
111
PIERRES GRAVÉES. REPRÉSENTATIONS DIVERSES
Sur dix de nos anneaux, les gemmes du chaton portent des
figures ou des sujets gravés : elles sont d'un travail romain du
1. Exemples : CVli, CXVI, CLXXIII, CLXXVI, CCXXV1, CCXXXIII,
CCXXXV, CCXXXIX, CCXLII.
2. Exemples : CVII, CXXIV, CXC, CXCIX, CCXXXI, CCXLI.
3. CXJII.
4. CXI, CLXXVI, CCXXVII, CCXLII.
5. CXI, CXII, CLI.
6. CXCVIII.
INTRODUCTION
XIX
Haut ou du Bas Empire, et en tout cas, d'une époque antérieure
à celle de la confection des bijoux qui nous sont parvenus, et
pour l'ornementation desquels elles ont été utilisées.
Trois de ces intailles représentent Jupiter, avec l'aigle à ses
pieds1 ou avec l'aigle posé à côté de la cathédra sur laquelle
il est assis", ou bien encore couronnant son aigle3. D'autres re-
présentent la Fortune4, la Fortune etla Victoire15; un petitgénie6;
deux personnages, dans l'un desquels on a cru voir, mais sans
raisons suffisantes; Prométhée créant l'homme à l'image des
dieux 7 ; un guerrier debout, tenant, d'une main, une lance et, de
l'autre, le sommet d'un bouclier posé à terre 8 ; deux chevaux de-
vant un abreuvoir 9 ; un lion passant 10.
On a recueilli, dans une sépulture postérieure à l'an 364. un
anneau muni d'une pierre verte, où est gravé le chrisme avec la
barre horizontale figurant la croix u.
Signalonsenfin une bague, malheureusement perdue, qui était
ornée d'une gemme gravée après la chute de l'empire d'Occi
dent (an 476), c'est-à-dire à l'époque de l'occupation de la Gaule
parles barbares : c'était une agate, représentant saint Jérôme à
genoux devant le crucifix, se frappant la poitrine avec une pierre.
Ce bijou provenait du sarcophage de saint Agilbert, évêque de
Paris vers 670, découvert, en 1 636, dans la crypte de la chapelle
de l'antique monastère de femmes de Jouarre.
1. CCLXXXVI.
2. CXXXI.
3. GCXXVI1I.
4. CCXIII.
5. XXXIX.
6. CXLIII.
7. XXIV.
8. CXIV.
9. CCXLV.
10. CXLII.
11. CX XIX. Ce bijou a été trouvé dans la tombe d'une femme, qui aval
dans la main gauche un sou d'or de Valentinien Ier (an 364-375).
XX INTRODUCTION
Le savant André du Saussay, qui l'avait tenu dans ses mains
et étudié sur place peu de jours après la découverte, l'a décrit
dans sa Panoplia episcopalis1 .
L'existence de ce petit monument et de l'intaille qui en fait
partie ne saurait être l'objet d'un doute, et c'est pourquoi nous
l'avons, sans hésiter, compris dans notre série 2, en reproduisant
la notice descriptive que du Saussay lui a consacrée.
Le travail de gravure ne peut avoir été exécuté qu'en un temps
plus ou moins long écoulé après la mort de saint Jérôme, sur-
venue en 470 : il ne remonte donc pas au delà des dernières
années du ve siècle, et appartient conséquemment à l'époque où
la Gaule était occupée par les barbares. C'est là un fait qui con-
tredit ouvertement l'opinion, professée par mon confrère, M. E.
Babelon, d'après laquelle les Mérovingiens n'auraient point pra-
tiqué la gravure sur pierre, et se seraient bornés à encbâsser,
dans les anneaux qu'ils fabriquaient, des pierres gravées à des
époques antérieures 3.
Toutefois, l'exemple fourni par l'anneau de l'évêque Agilbert
est jusqu'à présent le seul qui nous soit connu d'une façon cer-
taine, et on jugera4 peut-être qu'il ne saurait suffire pour in-
1. Panoplia episcopalis, in-fol., Paris, 1646, II, 2, p. 483.
2. LXXII bis.
3. Babelon, La gravure en pierres fines, grand in-42, 1894, p. 229.
L'auteur a encore accentué cette opinion dans un mémoirecommuniqué,
en 1896, à l'Académie des Inscriptions. Voir Comptes rendus des séances
de cette Académie.
4. Dom Mabillon [Annal. Ord. S. Benedicti, t. I, p. 456) a fait mention
d'un autre anneau, orné d'une pierre précieuse, également trouvé dans
la crypte de la chapelle de l'abbaye de Jouarre, dans le tombeau de
S. Ebrégisile, évêque de Meaux en 660. Sur cette gemme, aurait été gravée
l'image de saint Paul Ermite, à genoux devant un crucifix, ayant sur sa
tête un corbeau (a). Les auteurs du JSouv. traité de diplomatique (t. IV,
(a) Allusion au corbeau qui, d'après la légende, apporta au saint, chaque jour, pendant
soixante ans, le pain qui lui servait de nourriture.
INTRODUCTION
XXI
firmer la doctrine du savant conservateur du Cabinet des mé-
dailles à la Bibliothèque nationale.
IV
ORNEMENTS MÉTALLIQUES
J'ai mentionné, plus haut l, l'emploi de la dorure et de
l'argenture, du placage et de l'incrustation d'or sur nos an-
neaux.
Il convient d'insister ici sur des industries qui avaient
essentiellement pour objet l'ornementation de ces bijoux. Nous
en avons un intéressant exemple dans le n° CCLXXVII de nos
anneaux.
On y voit que l'or a été incrusté dans un trait creusé à
l'avance, et y est retenu par des stries exécutées à la lime,
ainsi que procédaient les damasquineurs orientaux et les ar-
tistes italiens. Toutefois, à la différence de ces derniers, le fabri-
cant de notre bijou ne s'est point servi d'un fil tréfilé, mais
d'un métal découpé sur une feuille d'or.
C'est l'œuvre d'un de ces barbaricaires, corporation de bro-
deurs d'or sur étoffe et d'incrustateurs d'or et d'argent sur
métal.
p. 17), onl reproduit L'énoaciation do Mabillon, en se référant au passage
précité des Annales bénédictines. Mais nous n'avons pas, relativement à
ce deuxième bijou, l'affirmation d'un témoin oculaire, comme nous la
tenons d'André du Saussay pour celui d'Agilbert; et c'est pourquoi nous
croyons devoir observer, à cet égard, une prudente réserve. Mabillon a
mentionné, dans un autre de ses ouvrages (De re diplomat., p. 255, n°2),
un anneau portant, au. chaton, un saphir représentant l'image du roi
Childéric, mais dépourvu de légende; cette énonciation a été reproduite
dans le Nouveau traité de diplomatique (t. IV, p. 101). J'ai à peine besoin
de faire remarquer qu'en l'absence d'inscription, l'attribution de l'image
et de l'anneau à Childéric est purement conjecturale et sans valeur
sérieuse.
\. % 3, n° 1.
S VII
INTRODUCTION
La première de ces catégories d'artisans remonte aux temps
du Haut Empire1; mais on ne trouve pas de mention de la
deuxième avant le v° siècle.
Les modes de décoration des anneaux que nous avons
rencontrés le plus souvent, sont : des filets de métal soudés, en
bordure, sur la tige - ; des globules ou perles de métal, formant
des groupes ou des cordons de grènetis sur la tige, sur le cha-
ton ou autour du chaton 3 ; des filigranes d'or, d'argent, de
bronze ou de laiton ', et dont parfois la tige tout entière est
composée 5.
L'ornementation métallique la plus usitée consiste en quatre,
trois ou deux globules ou cabochons, ou même un seul glo-
bule, accostant le chaton; et, comme c'est un des traits carac-
téristiques de l'orfèvrerie gallo-franque, nous devons entrer dans
quelques détails à ce sujet.
Ce mode de décoration, qui fut employé dès la fin du Haut
Empire, mais très rarement, apparaît plusfréquemment au temps
du Bas Empire, et devient d'un usage commun à l'époque barbare.
Nous avons deux exemples de quatre globules ou cabochons
de métal à côté du chaton ou sur le chaton 6.
Mais généralement, ils sont au nombre de trois soudés ou
ménagés à droite et à gauche du chaton 8 e-t ils sont alors, ainsi
que je l'ai déjà remarqué, toujours disposés en feuille de trèfle.
1. Les barbaricaires brodeurs sont mentionnés dans Lucrèce, Ovide
et l'édit de Dioctétien.
2. Exemples CVI, C1X, GCXIII, CCXXXVH.
3. XL, LXXVI, LXXXVt, CIV, CX1I, CXXX, CXLI, CLXXVlt, CCXXVI,
GCXXXI, CCXL1.
4. GVIII, CXI1I, CXLI, CCXXV, CCXXXtX, CCXL11.
5. CV1II.
6. CCXXVII, CCXCII.
7. XXIV, XXXV, XXXIX, XLVI, XLIX, Ll, LXI, LXIII et passim.
8. Nous avons deux exemples des trois globules placés au-dessus et au-
dessous d'une plaque d'email du chaton. Voir le n° CXXXVII bis et
CCXXV.
INTRODUCTION
XXIII
Sur un moindre nombre de bagues, il n'y a que deux de ces
ornements1 et sur un nombre encore plus restreint, un seul 2.
J'ai dit que ces ornements étaient soudés ou pris dans la
masse ; le premier de ces deux procédés était le plus habituel.
Quand on appliquait le second (et ce n'était presque jamais que
pour les bagues en bronze ou en cuivre3), on travaillait plus ou
moins habilement le métal au burin, de manière à mettre en
relief les saillies qui devaient représenter les ornements
voulus *.
Parfois, les trois cabochons sont remplacés, soit par trois
points saillants, séparés les uns des autres par des entailles %
soit par des cercles concentriques, disposés, à l'instar des cabo-
chons, en feuille de trèfle \
V
FIGURES ET ORNEMENTS GRAVÉS S(!R LE MÉTAL
1° Scènes à un ou deux personnages .
Je noterai d'abord la scène du guerrier Dromacius, qui con-
sulte la devineresse Betta et lui tend la main 7 ; puis celles de
deux personnes assises, les mains posées sur les genoux8; d'un
personnage en marche ou dansant 9 ; d'un autre personnage
1. IV, XXI, XLVII, LU, LVIII, LXVI, LXXII et passim.
2. XIV, LIX, LXXXI1.
3. Je citerai comme un cas exceptionnel le n° CCXVI : un anneau d'or,
où les deux cabochons sont ménagés dans la masse.
4. Pour les groupes de trois, voir CXV, CXXI, CL, CLVIl, CLXIV,
CLXIX, CLXXXVI bis, GXCV, CCXIII, CCLXXIV, CCLXXXV. — Pour les
groupes de deux cabochons, IV, XLVII, LU, LVIII, LX, LXVI, LXXII,
CLXV, CLXXVIII, CCLXXIII.
5. CCXLVIII et CCXLIX.
6. XXXIII et LXIX.
7. XLV.
8. CCLXXIII .
9. LXVI,
XXIV
INTRODUCTION
debout, vêlu de la dalmatique, bénissanl ou prêchant 1 ; de
saint Pierre, debout derrière le coq qui chante : allusion au
reniement du Christ, prédit par celui-ci2.
2° Effigies de personnages déterminés et figures diverses.
La plus importante et la plus célèbre est celle du roi franc
Childéric Ier, sur son anneau-cachet \ Viennent ensuite : celle
d'Hunila, dont la tête diadémée marque le titre de reine ; ; celles
du Golh Uffila, personnage de haut rang, peut-être un souverain 5;
d'Anloninos6, dont l'effigie est pareille à celle des effigies royales
surlesmonnaiesmérovingiennes ; deRagnelhramnus7 ;d'AbbonR;
d'un personnage, dont l'initiale du nom est un |_9 ; d'un autre per-
sonnage à longue chevelure, dont l'initiale est un r10; d'un per-
sonnage, dont le nom est indéchiffrable " ; de deux personnes,
homme et femme, dont les bustes affrontés ne sont accom-
pagnés d'aucune inscription12 ; enfin, d'une tête masculine, gra-
vée sur un anneau de femme : sans doute l'effigie du donateur
du bijou13.
Plusieurs de nos anneaux nous offrent encore diverses figures
1. CCLXXV.
2. XVI.
'3. CLXXIX.
4. LXXVI.
5. CCXCIV. Le nom n'est pas sur l'anneau, mais sur une fibule trouvée
dans la même sépulture que l'anneau.
0. LI.
7. LIX.
8. CCLXV.
9. CLV,
10. CCI/V.
11. CCLXX1.
12. LVH.
13. CCX. 11 convient de noter, à cette place, l'effigie grossièrement exé-
cutée de saint Magnus ou Maonus sur le cachet d'une religieuse (Appen-
dice, n° 1).
INTRODUCTION
XXV
humaines1, mais probablement sans intention de reproduire
ou même de rappeler des personnes déterminées. Il est à peine
besoin de faire mention, à celte place, de deux sous d'or, portant :
l'un, les effigies des empereurs Marc-Aurèle et Lucius Verus?,
l'autre, une lêle avec le bandeau royal et, en légende, le nom de
Clo taire II 3.
3° Emblèmes religieux.
Un de nos anneaux présente un emblème religieux des Israé-
lites : le chandelier à sept branches, qui figure sur la bague de
la Juive Aster \
Les autres emblèmes, qui sont tous chrétiens et que nous
distinguons des animaux et objets dont on fit des symboles du
Rédempteur, sont : le chrisme et la croix en leurs diverses for-
mes, les clous et les instruments de la Passion.
A. — Le Chrisme.
Le chrisme ou monogramme de Jésus-Christ est gravé sur
nos anneaux, sous cinq formes différentes :
X traversé perpendiculairement par I, initiales de Iy;-:rj;
Xpîoroç 3;
Le x» avec une croix superposée ayant un p (le ?= grec) au
sommet" ;
1. XVII, LXVIII, LXXI, CXIV, CLXIX, CXCIII, CCIX, CCLXXL
2. CLXXXVI1.
3. CÇLVL
4. CCXV.
5. XLVI, CCXCV. Cette forme ne parait sur les monnaies mérovin-
giennes qu'à partir du viu siècle (M. Prou, dans les Mélanges G. B. de
liossi, supplément aux Mélanges darchéol. et d'/i/st., publiés par l'Ecole
française de Rome, t. XII ; tiré à part, p. 4). Mais elle remonte assuré-
ment beaucoup plus haut.
6. CXX1X. Cet exemple est postérieur à l'an 364; car !a femme, dans
la tombe de laquelle le bijou a été recueilli, avait, dans la main, un sou
XXVI
INTRODUCTION
Le x, avec une simple croix superposée 1 ;
La croix laline, avec P au sommet -;
Enfin, la croix couchée, avec, en travers de la barre, les lettres
P et 6 (?), où il est permis de voir l'abréviation de Xpfo-re3 ; dans
ce cas, en même temps que le chrisme, nous aurions là une
invocation religieuse.
Il est à remarquer que, parmi ces variétés, ne figure point la
forme la plus ancienne du chrisme, le monogramme constan-
tinien, composé du X traversé perpendiculairement par un p, et
dont le premier exemple connu se trouve sur un monument
de l'an 323 *.
15. — Croix et croisettes \
On les voit sur un grand nombre de nos bagues et dans toutes
les formes connues : croix à branches égales fi; croix grecque 7;
d'or de Valentinien 1er (364-375). Cet emblème est ici gravé sur une fièvre,
à la différence des autres, qui sont gravés sur métal.
1. XVIII, XIX, CXXIl ; sur ce dernier anneau, les quatre branches
de la croix sont fortement potencées.
2. CXVII, CCLXXlX;E.Le Blant,dans un relevé fait au vu des 450 mar-
bres exhumés depuis vingt sept ans, place l'emploi, en Gaule, de la croix
chrismée au temps de saint Martin de Tours (-[-397 ou 400) et de 400 à
540. (Nouv. Rec. des inscript, chrét. de la Gaule, préface, p. n).
3. CCLXXX.En toutcas, nousaurionsicil'exemple d'un sigle duRédemp-
teur, plus complet que celui qui fut si répandu, X P- Voir G. Schlum-
berger, Sigillographie de l 'empire byzantin, p. 10, 17, 34 et passim.
4t. Voir de Rossi, dans Bulletino, ann. 1863, p. 22; et Martigny, Dic-
tionn. des Anliq. chrét., p. 478. E. Le Blant, dans le relevé précité,
place l'emploi de ce monogramme en Gaule, de l'an 347 à 547.
5. E. Le Blant, dans le relevé précité, place l'emploi de la croix, comme
emblème dans les inscriptions lapidaires en Gaule, de 445 à 682. M. Prou
en met l'emploi sur les monnaies mérovingiennes, à la fin du vie siècle
jusqu'au milieu du vin0 (voir le passage des Mélanges G. B. dp Rossi, cité
plus haut, à propos du chrisme et de la croix chrismée, p. xxv, note 5.
6. XIII, XIV, XC, XCII, XCV, CI.
7. LUI.
IXTHOIU'OTION
XXVI l
croix de Saint-André 1 ; croix fichée 2 ; pattée 3 ; potencée 4 ;
fourchue 5 ; cantonnée ou accostée de points ou de lettres 6. La
croix sert assez souvent du support à un monogramme, dont
les lettres sont à l'extrémité de chaque branche7.
C. — Instruments de la Passion.
Ce sont les clous du crucifiement 8, la lance, les verges, le
marteau, appendus aux bras de la croix 9.
4° Animaux et objets divers, symboles du Christ.
Le Christ fut, de bonne heure, symbolisé de différentes façons,
convenues entre les premiers adeptes de la foi nouvelle, ou
plus souvent encore imaginées et recommandées par leurs doc-
leurs , comme on le voit dans le Paedagogus de Clément
d'Alexandrie (f 215) 1". Parmi les figures allégoriques indiquées
1. LXX1X, CLXXXVIII.
2. LV1.
3. CLXIIl, CGVIII, CCXIV.
4. XCI, XCII, CI, CXX11, CXXXIX, CLX, CLX1.
5. LXIV.
6. XXXV, XLIV, LXXII, XCIII, CCXLIV. Je n'ai pas rencontré, sur les
anneaux, la croix gammée, qui se voit sur une fibule reproduite à l'Ap-
pendice, n° Vit.
7. CCLX1V, CCCI, CCC1I.
[. 8. CLX, CLXI. Nous avons expliqué une figure gravée sur le n°XCVII,
par l'allusion aux clous du crucifiement. Des doutes m'ont été inspirés
sur l'exactitude de cette interprétation. Voir, à ce sujet, ce que j'ai dit
dans la notice relative à cet anneau, et une lettre de mon savant con-
frère, M. Philippe Berger, reproduite dans l'Appendice, n° IX.
9. XLIV.
10. III, 11 ; dans Migne, Patrol. Graec, t. VIII, col. 634-636. Le célèbre
docteur recommandait aux fidèles la colombe, le poisson, un navire vo-
guant à pleine voiles, une lyre, une ancre de vaisseau. Voir, du reste, sur
XX VIII INTRODUCTION
par celui-ci, il en est deux, celles de la colombe et du poisson,
qui furent très populaires, et dont nous constaterons plus bas
l'emploi fréquent.
Le seul symbole inanimé dont j'aie rencontré la reproduction
sur les anneaux, est une palme dressée debout sur sa lige
Les animaux symboliques sont :
L'agneau, avec une étoile sur le dos2 ;
Le cerf;
La colombe1; la colombe, avec la branche d'olivier à son
bec ;; avec un rameau et l'invocation Salba me (pour Saint me)';
surmontée d'une étoile7.
Deux oiseaux posés l'un sur l'autre, et dont l'un, le plus
gros, est peut être la colombe, symbole du Christ8.
Le lièvre".
Le poisson ,0; le poisson dans la nasse, et un petit poisson na-
geant de chaque côté
ce point, mon mémoire le Port des anneaux dans l'antiquité romaine et
les premiers siècles du moyen âge, dans Mém. de l'Acad. des inscr. et bell.-
lett., t. XXXV, 2R partie^ p. 220,246 et 269; tiré à part, p. 52, 78etl0t.
1. CXXIII bit.
2. Ibid. L'Agneau est la plus ancienne figure sous laquelle le Christ
ait été désignédans les livres et sur les monuments de l'Eglise primitive.
Marligny [Dictionn. desantig. chrét., p. 27) mentionne l'Agneau avec une
croix sur la tête, la poitrine ou le dos, mais pas avec une étoile.
3. Ibid.
4. XXV, LXXI, CXXIV, CCLX, CCLXII, notel, CCLXIX, CCXCHI ; E. Le
Blant, dans le relevé cité plus haut, place l'emploi en Gaule de cette
ligure symbolique dans les inscriptions, de 378 à 631.
5. CXXIII bis.
6. CCXCI.
7. XXXII.
8. CCL1L C'est le seul exemple connu de ce double symbole.
U. CXXIII bis. Voir Marligny, op. cit., p. 205.
10. CCLIV.
11. LXX1II. E. Le Blant, dans le relevé cité plus haut, place l'emploi
en Gaule, de la figure du poisson, de l'an 474 à 631.
INTRODUCTION
XXIX
5° Animaux mythologiques ou fantastiques. — Animaux
d'espèces diverses ou indéterminées .
Ce sont des hippocampes1, des animaux fantastiques2, des
quadrupèdes d'espèce indéterminée 3, une tête d'animal à large
mâchoire et grosses dents1, des serpents affrontés5, des ani-
maux rampants et des reptiles c ; des arêtes de poisson \
6° Végétaux, figures géométriques et autres.
Ce sont des feuilles d'acanthe8, des trifolium 9 ; des feuilles
ou fruits à trois lobes10; des palmettes11 ; des cercles concentriques
avec point ou globule au centre1-; des entrelacs13; des fers
à cheval 14 ; des losanges 15 ; des arceaux ou arcatures des en-
roulements 17 ; des instruments de travail18, etc., etc.
1. XL.
2. XCVIII, CXXIII bit.
3. CXXXII, CCXXXVI.
4. LVIII.
5. CCXC.
6. XLIII, XCIX, C, CCL1V.
7. XXXJ1I, CCXXXII.
8. CXXX.
9. VI.
10. en.
n. i.
12. III, XIV, XXXIX bis, CXLI, CLXV.
13. CXXXVIII, CL.
14. CCXLV.
15. XXVII, XLVI, CLXXIII.
16. CCX, CCXV et CCXVIII.
17. CX1X.
18. LXXV. On distingue, dans les groupes de lignes gravées sur cet an-
neau, une pioche et un marteau.
XXV
INTRODUCTION
§ 5.
Inscriptions.
Elles sont de diverses sorles, ce sont : l°des légendes, c'est-
à-dire des mots intégralement ou presque intégralement gravés,
et pouvant êlre lus couramment; 2° des abréviations, des ini-
tiales ou des sigles ; 3° des monogrammes. Mais, avant de m'oc-
cuper de ces inscriptions, je dois on faire connaître la paléo-
graphie.
I
LA PALÉOGRAPHIE DES ANNEAUX
Les caractères gravés sur nos anneaux sont généralement
semblables à ceux des inscriptions monétaires de la même
époque, et cette similitude s'explique aisément.
La composition et la gravure des légendes et monogrammes
des anneaux s'exécutaient dans des conditions analogues à
celles des légendes des sous et tiers de sou d'or, imités des
monnaies impériales, ou à effigies barbares, dont les dimen-
sions et la forme étaient souvent pareilles ou presque pareilles
à celles des chatons de ces bijoux.
On sait, en outre, que, en Gaule, dès la deuxième moitié du
vic siècle, les orfèvres établis dans des centres importants de po-
pulation faisaient, parfois et même assez fréquemment, office
de monnayers attitrés, marquant de leur nom les espèces qu'ils
fabriquaient.
De là devait résulter cette similitude entre deux sortes d'ou-
vrages sorties des mêmes mains.
Les lettres composant nos inscriptions sont, comme celles
des légendes monétaires ', tantôt des capitales, tantôt des on-
ciales et des minuscules ou cursives.
1. M. Prou, Catalog, des monn. mêrov. rie la Biblioth, nat., introd.,
p. CXVI.
INTRODUCTION XXXI
Dans les énumérations qui vont suivre, je n'ai pas cru devoir
mentionner les lettres conjointes ou liées des monogrammes, où
cette disposition est non seulement habituelle, mais nécessaire :
car, en principe, le monogramme, comme son nom l'indique, se
compose de caractères unis les uns aux autres et formant un
seul tout : les monogrammes contenant des letlres séparées
sont des exceptions, qui, toutefois ne sont point rares.
Je noterai les ligatures qui se trouvent dans les légendes, où
celte disposition n'est point, tant s'en faut, commune comme
dans les monogrammes.
Je m'occuperai ensuite des lettres rétrogrades, couchées ou
renversées.
1° Formes des lettres et lettres liées.
Je n'ai point l'intention de montrer, sous cette rubrique,
outes les variétés de formes des lettres gravées sur nos anneaux.
Je me bornerai à reproduire les plus caractéristiques ; le lecteur
trouvera, dans les figures qui accompagnent les notices des-
criptives, les nombreuses variantes ou nuances qu'elles présen-
tent.
A, A A* IV A5 A/ = A N* Al = A Rs, Â = AT A/ = A V7 :
B, D 8, minuscule b*.
1. V, XLVIII, LVII, CXXIII bis, CXXIV, CXXVI, CLXIV, GLXXXV,
CCX, CCL, CCLX1I, CCXCII1.
2. XLI.
3. CCLXXVIl.
4. CCLXVI1I.
5. XXXIX 1er.
6. LXXXIV el CXXIV.
7. XLIV et CXXV1I.
8. CXVI.
9. XXXVI, LXXXVIII, CXXVII.
XXXII
INTRODUCTION
C, rétrograde D1, carré c \ angulaire < 3 — Lr7 — deux c
carrés liés (?) \
D, oncial 6-, triangulaire A 6 < 7 V 8 — œ = D rétrograde
et E 9. — Deux D enlrelacés Bfl ,0.
E couché (?) m n, lunaire € 12.
F,r13.
G; formes cursives très usitées g, q, s, q, G, S 14; cursive
peu usitée Lj 15 ; onciale 6, 16 rétrograde O 1T.
H. Pas d'observation.
I, pas d'observation.
K, on le trouve couché 13.
1. CCXIX.
2. XLIII, CLXXV, CCXLV, CCLXVI1I, CCLXXXV. D'après E. Le Blant,
cette forme parait, de 5C6 à G90, dans les inscriptions lapidaires.
3. CXVI.
4. LXII.
5. LVI, CLXXVIII, CCX1V, CCXVI.
6. CCLXV1I. Cette forme parait dans les inscriptions lapidaires de
586 ou 587 à 689.
7. LXI, CCXV1I.
8. CCLXII.
9. CXVI.
10. XV.
11. XCIII.
12. CXVI, CCLXXX(?). Cette forme paraît dansles inscriptions lapidaires,
de 527 à 676.
13. Il ne figure pas sur nos annneaux, mais on voit, sur un cachet
reproduit à l'Appendice, n° IV, un caractère qui parait — F et G rétro-
grades.
14. V, XXXI, XLIV, LIX, LXXXV, CXLVII, CLXXXVI, CCXX, CCXLVII,
CCLIII, CCLXVII, CCLXXVII, CCLXXVIII. Appendice, n° VIII.
15. LXXXI. Nous avons peut-être l'exemple d'une autre forme cursive
peu usitée, sur une boucle de ceinturon, reproduite à l'Appendice, n° V.
16. CCXLVIII.
17. CCXCVI1.
18. CXX.
19. CXXI, CCXCII.
INTRODUCTION
XXXIII
M, l'onciale <r> • ; d'où peut-être la forme m 2 — — MA 3,
IVR = MAR \
N ; rétrograde W5; oncialen et nG H 7 ; rB = NB 8, KE = NE 9.
O ; avec un point au centre o'° ; en losange 0 11 ; losange barré
aux 4 angles 'Ç>' 12.
P ; rétrograde q 13.
Q ; avec un point au cenlreQ14; en losange sur une haste <V5.
R, n 16 R 17 R 18, R 19 P 20 ; rétrograde n 21 .
S, rétrograde Z, couché </) 22, rétrograde et couché eu23,
S" = sv 2i-
1. XLIX. Cette forme parait dans les inscriptions lapidaires, de 527
à 689.
2. CXLVII.
3. XLVI.
4. CCIII.
5. XXVI, XXX, XXXI, L, LI, L1X, LXVI, LXXVI, LXXXVI, LXXXVII,
CXCVI, CCII, CCIV, CCXIII, CCXVII, CCXXI, CCLVIII, CCLXV.
G. CLXXXVI, CXVIJI, CCLXXVIII.
7. CCLXVIII.
8. CCLXVIII.
9. Ibid.
10. CCLXIV.
11. LU. Cette forme paraitdans les inscriptions lapidaires, de 585à 689.
12. XL.
13. CXXV.
14. CXXV.
15. CCXLVI.
16. XXXIX 1er, XLIV, XLVII, XLIX, LXXXIX, CXVI, CLV, CCXIII,
CCXLVI, CCXLVII, CCLUI, CCLV, CCLXIV, CCLXXXV. Appendice, n°V.
17. CLXXXV.
18. XLI,
19. CCL.
20. CCLXVIII.
21. LIX, CCLI1I, CCLV, CCLXIV, CCLXX1V et passim.
22. S rétrograde, LI, LIX, LXXVI et passim; couché, voir p. xxxv,note6.
23. IV, X, XIII, XLIIL XLVII, L, LI, LU elpassim. Le S est représenté
par un simple trait sur plusieurs anneaux; quand il est traversé par
un autre trait, il a la signification de Signum. Exemples, XX, XXII.
24. LXXXV.
XXXIV
INTRODUCTION
T, parfois couché H l, cursif
U 3 v *•
V ; oncial 4 5 \A = VA 6 ; la même ligature rétrograde \
X qu'il faut se garder de confondre avec les croisettes qui ac-
compagnent les légendes et monogrammes.
T. Pas d'observation.
Z. Pas d'observation.
W, VA 8 = WA.
2° Position des lettres : rétrogrades, couchées, non renversables ,
renversables.
A. — Lettres rétrogrades.
il y a des lettres de l'alphabet dont les deux côtés, dans leur
position et leur forme normale, sont pareils, et pour lesquelles,
conséquemment, il n'y a point de position rétrograde ; ce sont :
A et A, H, I, M, m et m, o et o, T, U, V, X, Y.
Les lettres suivantes, nous en avons donné plus haut des
exemples, prennent, au contraire, cette position :
8 et d = B et b ; O et 1 = C et C ; O = D ; 3 et 3 = E et € ; =) et
-| = F et h ; O, ? et O = G, q et 6 ; J et > = L et < ; VI et n =
N et n ; S = P; 0 = Q; fl, et H = R, et R; 2 et w = S et </>.
B. — Lettres couchées.
Voici les lettres qui figurent ainsi sur nos anneaux :
1. CCXXI, CCXCVII.
2. CXVI.
3. Cette forme paraît, de 449 à 605, dans les inscriptions lapidaires.
4. CCLXXVI.
5. CLXV1II. Cette forme parait dans les inscriptions lapidaires, de 534
à 689.
6. CCIIL
7. CCXVII.
8. CCLXVIII.
INTRODUCTION XXXV
> — A (A non barré) n etu^C'i Q = D5 ; m — E4; o et
-n=Getq;M=K5;wetcD = set2',;H — Tî<et> = V8.
Quant aux autres lettres de l'alphabet, le fait qu'on ne les ren-
contre pas sur nos anneaux dans celle position n'implique nul-
lement qu'elles ne puissent la prendre.
C. — Lettres non renversantes.
Parmi les lettres de l'alphabet latin, il en est qui ne sont point
sujettes à renversement, d'autres qui sont, au contraire, ren-
versables.
Parlons d'abord des premières : elles sont au nombre de
treize, dont la partie inférieure et la partie supérieure sont géné-
ralement (et en particulier sur nos anneaux) de forme sem-
blable, et pour lesquelles il n'y a ni haut ni bas, et conséquem-
ment pas de renversement :
B, dont les deux panses sont presque toujours de même
dimension sur nos anneaux ;
C, C et < ;
D;
E, dont les barres horizontales sont presque toujours de
même longueur ;
h (F privé de la barre horizontale supérieure) ;
H ;
l ;
K, dont les traits obliques sont toujours de même longueur ;
N, qui est aussi souvent dans la position rétrograde (VI), sem-
blable au renversement;
1. Passim.
2. Voir, au n° CLXXXIII, deux C adossés et couchés.
3. CCXII.
4. XGIII.
5. CXX.
G. CXXIV, CCIV, CCXLIII, CCXLIX, CCLXX et passim.
7. CGXCVIf.
8. Passim.
\
XXXVl
INTRODUCTION
0 ;
S, qui, se présente aussi souvent sons la forme rétrograde (3),
semblable au renversement;
X;
Z, qui, dans la position rétrograde (5), est semblable au ren-
versement.
D. — Lettres renversables.
Voici celles dont j'ai noté le renversement:
V = A, V = A (A non barré) 1 ;
V = a (D triangulaire) 2 ;
b = F3;
r = L4;
a = R-;
1 — T«.
A = V7;
Voici les lettres renversables, dont je n'ai pas rencontré de
renversement :
A ;
b (B cursif) ;
;> (D oncial) ;
G ;
M ;
P;
Q, Q, O ;
U ;
H (V oncial).
Y-
1. Pour A non barré, passim; pour A renversé, CCLXXI.
2. CCLXII.
3. LXXXI.
4. LXXXV, CXXVI, CXLVIII, CL1V, CXCIII.
5. CCL1IK
G. CCXXI.
7. Passim.
INTRODUCTION
XXXVII
II
LES LÉGENDES
Elles désignent des noms propres, ou bien elles expriment
des invocations ou formules religieuses, des acclamations ou
affirmations diverses. Elles présentent aussi, parfois, des parti-
cularités orthographiques ou grammaticales, que nous avons à
relever.
1° Noms propres.
Nos anneaux nous fournissent une grande quantité de noms
d'hommes et de femmes, inscrits intégralement, en légendes
circulaires ou sur une seule ligne en trois» ou deux lignes3.
Quelques-uns portent deux noms : le plus souvent ceux de deux
époux, comme sur la bague de Técla4, ou bien de deux per-
sonnages, dont on ne sait s'ils sont époux ou fiancés5; rare-
ment ceux de deux personnes étrangères l'une h l'autre, mais
figurant dans une même scène, comme le guerrier Dromacius
et la devineresse Bella6.
2° Invocations. Formules religieuses et lettres symboliques.
Ce sont : Salba me (pour Saloa me) autour d'une colombe te-
1. Exemples de légendes circulaires : XLIV, LI, LU, LIX, LXXVI,
CLXXIXet CCLXV.
2. Exemples de légendes en trois lignes : LXXLII ter, CGLXV1II.
3. Exemples de noms inscrits en deux lignes : IX, XL, XLI1I, XLVI,
CC1II, CCXIV, CCLXVI1, CCXC11I bis et CCXCVIII.
4. CCIX.
5. Exemples : CXVIIl, CXXV11, CCXIV, CCXVII, CCLXVI1I. Parfois, ces
inscriptions, bien que ne contenant qu'un nom, marquent le caractère
du don de l'anneau fait par la fiancée ou l'épouse, comme dans LVU,
LXXIII ter et CCLXVI.
6. XLV.
XXXVUI
INTRODUCTION
nant au bec une branche d'olivier 1 ; Chr'iste ' ; In Dei nomine3 ; ln
Dei numine (pour nomine), amen' ; A et 00, accostant la croix 3.
3° Acclamations.
Ce sont : Vivas\ Con me (pour Cnm me) vivas"' ; Vivas in Deo*; •
JJecum vivasin Deo0 ; Vivas mi'Jii) diu10 ; Vivas diu m(ihi)n; Vivat
Deo (pour in Deo) 12; Tecla. . . vivat Deo cummarito seo (pour-wo) 13 ;
Utere felixH.
4° Enonciatinns diverses.
Warenbertus déclare avoir donné à Roccola ou Roccolana,
son épouse ou sa fiancée, l'anneau-cachet qui porte le nom de
celle-ci15. Donobertus, pharmacien ou médecin pharmacopole,
certifie avoir fait le médicament sur lequel il appose son ca-
chetLa bague de Rusticus porte l'attestation qu'elle est son
œuvre 1T.
1. CCXCI.
2. CCLXXX.
3. XLIII.
4. CCXCV.
5. CCC.
6. LV1I, CXXIII bis.
7. CCXCIX.
8. I, CLXXXI.
9. CCLXVI.
10 LXXIII bis.
11. XXXIX bis.
12. CXVI, CXXIV.
13. CCIX.
14. XXXIX ter.
15. CCLXVIII.
16. CCXIII.
17. CXVII.
INTRODUCTION
XXXIX
4° Particularités orthographiques et grammaticales.
Comodus est employé pour Commodus 1 ; con pour cum 3; feet
pour fecit3; ficit pour fecit'", numine pour nomine"', segella[vit)
pour sigilla{vit)* ; s<?o pour .wo7; so(bscripsit) pour su(bscrip-
sit)\
Au point de vue grammatical, signalons Antoninos pour
toniïius9, Oeneos pour Oc?ieus{0, où To remplace 1'// au nomi-
natif singulier de la deuxième déclinaison, reproduisant la dé-
sinence grecque, comme on la voit sur les monnaies de laGaule
indépendante.
111
ABRÉVIATIONS, INITIALES ET SIGLES
1° Abréviations .
Nous en avons peu d'exemples; les voici : A pour Ame?iil;
AVITS pour Avitus 12; Dl pour/)(v'1!; DO pour Dca 14 , Xpi pour
1. LKXUI ter.
2. CCXCIX.
3. CCXIII.
4. CXVII.
5. CCXCV.
6. CCIX.
7. /ôirf.
8. CCLXV.
9. LT.
10. LU.
11. CCXCV.
12. CCXCIII.
13. CCXCV.
14. CXXIV.
XL INTRODUCTION
Xp-W ; FELX pour Félix2; RATE pour Ratine' VADEREMARVS
pour Vanderemarus'' ; VALTNA pour Val°ntina'\
2° Initiales.
Le nom du possesseur de l'anneau, n'y esl quelquefois désigné
que par une ou plusieurs initiales6.
Dans ce cas, soit qu'elles figurent seules sur le chaton, soit
qu'elles y soient accompagnées de la marque abrévialive de
signum, signavi -ou subscripsi1 , dont nous parlerons plus bas, la
présence de ces initiales implique que l'empreinte qui en était
apposée sur l'acte souscrit par le possesseur de l'anneau sigil-
laire, devait être précédée ou suivie de la mention en toutes
lettres du nom de celui-ci, comme on le voit dans les chartes et
diplômes.
Comme initiales de mots autres que des noms propres, je ci-
terai, dans deux acclamations, Viras diu mi et m pour mi/ri*.
3° Les Sigles.
A l'époque que nous envisageons, les anneaux servaient fort
souvent à souscrire les actes et à sceller la correspondance : il
est donc tout naturel d'y rencontrer fréquemment les sigles des
formules de souscription consacrées et usitées, telles que si-
gnum, sïgillum, subscriptio, ou subscripsi ou signavi.
i Nous allons les passer successivement en revue.
1. CCLXXX.
2. XXXIX 1er. Félix est là un simple adjectif.
3. GCIX.
4. CGIII. Un cachet, reproduit à l'Appendice, n° I, porte l'abréviation
fort usilée SCO pour Sancto.
5. CCXCII1 bis.
6. A non barré et V (LXXIt), deux C (CCXIX), deux D entrelacés et
adossés (XV), FE (CLV1II), JAN pour Janus (CCLII), M (CCXXII), Q
P p (CXXV), R et D oncial (LV1). Voir aussi p. xli, note 3.
7. CLV, CXCV, CCIV, CCXLIII^ CGLV.
8. LXXUI bis et XXXIX bis.
INTRODUCTION
XLI
A. — Le S barré.
Le sigle le plus usité est le S barré l, qui paraît, tantôt seul s,
tantôt avec une ou plusieurs lettres initiales d'un nom propre 3;
tantôt enfin, au milieu d'un monogramme, où il a la valeur de
signum, sigillum ou subscriptio, quand le vocable exprimé par le
monogramme est au génitif4; de signavi ou subscripsi, quand ce
vocable est au nominatif5. Le S barré est parfois, en outre, un
des éléments composants du nom propre0.
Il est à peine besoin de dire que, soit isolé, soit accompagné
d'initiales, ce sigle suppose l'inscription du nom entier avant
ou après l'empreinte, sur le document écrit, sans quoi l'em-
preinte eût été dépourvue de sens et de valeur.
IÎ. — Le groupe SI, la lettre S et le S pointé.
Nous avons des exemples, mais peu nombreux, de l'emploi
du groupe SI1, assimilable au S barré8.
Le S pointé, qui se rencontre aussi rarement, a, à mon sens,
la même valeur. J'en dirai autant de la lettre S, accompagnée
d'initiales9, ou même placée au centre d'une légende, dans la-
quelle le graveur lui a donné visiblement une importance
particulière 10.
1. Voir notamment Natalis de Wailly, Eléments de paléographie ,
t. I", p. 416 et 450-
2. XIX, XX, XXII, XCIV, CXXVI1I, CLIX, CCLXX.
3. S et L (CLV), S et E (CXCV), S et N (CCIV), S et G (Appendice,
n° VIII), S et R (CCLV), G entre deux S (CCXLI1I).
4. III, VI, XXVI, LXVI, LXIX, LXXXIII, CXXVI, CLIV, GGII, GCLXXXt,
CCLXXXIII.
5. IV, XXXI, L, CXV et passim.
6. LXV1I,LXXXVI,LXXXVII,CXIX, clxiv, clxxxiii, CXCIII, CXCVI,
CCV, CCLXIV, CCLXXXV, CCXCIH.
7. LV, LXXXIX.
8. CCXLIX.
9. Voir ci-dessus, note 3, les exemples cités.
10. LXXXV.
M.II
INTRODUCTION
C. — Le groupe Su et le groupe So (pour Su).
Le premier figure, sur une de nos bagues sigillaires, à la
suite du nom de Roccolane1. Le deuxième est inscrit sur un autre
anneau, à la suite du nom à' Abbone*. Quand j'ai publié, pour la
première fois ces deux petits monuments, j'ai émis l'opinion que
su représentait les initiales de subscripsi" et que so était là pour
su (la substitution de Yo à 1'?/ étant très fréquente à cette époque)
et avait la même signification
E. Le Blant, dans son Nouveau Recueil d'inscriptions chré-
tiennes de la Gaule*, a mis en doute cette double explication.
Toutefois, il a reconnu avec moi, que les groupes sue\so (pour
su) devaient être détachés des deux vocables précités. Mais,
il y a vu les deux initiales de l'indicatif présent du verbe esse,
du mot sum, « je suis », « j'appartiens », faisant ainsi parler, à
la première personne, les anneaux de Roccolane et d'Abbon. Il
justifie celte interprétation par la citation : 1° d'un missorium en
argent (sorte de plat pour servir à table), sur lequel sont gravés,
en cursives mérovingiennes, ces mots : Agnerico som (pour sum) ;
2° d'une dalle funéraire, portant Gunderamno som (pour sum);
3° des épitaphes, où le défunt dit de lui-même so et nonso ; non fui
et so; 4° d'un collier d'esclave fugitivus, avec l'inscription fugi-
tibus so (pour sum). Mon savant confrère inclinait à reconnaître
«dans les mots Roccolane su Abbone so une formule semblable à
celle du plat d'Agnéric, c'est-à-dire Roccolane sum (je suis à
Roccolane) et Abbone sum (je suis à Abbon).
Je ne méconnais pas la valeur et l'intérêt des exemples cités,
et des rapprochements que E. Le Blant en a faits avec nos deux
1 . CCLXVII1.
2. CCLXV.
3. Rev. archéolog., année 1884, t. I, p. 141.
4. Rev. archéolog., année 1886, t. II, p. 41.
5. Nouv. liée, des inscript, chrét. de la Gaule, antérieures au vmc siècle,
gr. in-4°, 1892, p. 142-145.
INTRODUCTION XLIII
inscriptions; je conserve, néanmoins, des doutes sérieux tou-
chant l'admissibilité de ses conclusions.
Dans l'interprétation des légendes des anneaux sigillaires (et
tel est incontestablement le caractère de ceux dont il s'agit ici),
il y a à observer deux règles essentielles, que j'ai souvent rappe-
lées au cours de mes publications concernant cette série de
monuments du haut moyen âge, et sur lesquelles je ne saurais
trop insister.
Premièrement, les explications de ces inscriptions doivent être
en rapport avec la destination des bijoux qui les portent, laquelle
est de certifier la participation de leur possesseur à Pacte souscrit
par lui en qualité de partie intéressée ou de témoin.
Deuxièmement, les leçons résultant de ces interprétations
doivent correspondre exactement ou du moins très approxima-
tivement aux formules qui, au bas des monuments écrits de la
même époque, accompagnent habituellement les noms propres,
et qui sont, sous forme de verbe, subscripsi, subsignavi, subter-
s/gnavi, subtersigillavi, s'ujnavi ou sigillavi »; sous forme de subs-
tantif, subscriptio, sig?ium, sigillum ou signaculum* .
On voit tout de suite que les leçons proposées par mon savant
confrère (à la vérité dans des termes assez dubitatifs) ne satisfont
point à la double condition que je viens d'indiquer.
Il en est tout autrement des leçons subscripsi et sobscripsi
(pour subscripsi), qui sontl'affirmation habituelle de la souscrip-
tion et l'application simple et logique des règles de la matière.
J'ai deux autres remarques à faire sur l'hypothèse de E. Le
Blant.
1. La formule Subscripsi est de beaucoup la plus usitée : on la trouve
au bas de presque tous les diplômes royaux. Voir Tardif, Monum. his-
tor., cartons des rois, n°s 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11,13, 19, 20,21, 24, 25,
26, 29, 30, 34, 36, 37, 39, 40, 42, -46, 49, 50, 51, 53, 55 et suiv.
2. Subscriptio et Signum sont les termes les plus usités. Voir Tardif,
ubi supra, pour Subscriptio, n°* 3, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 20, 25, 37, 41, 46, 49,
50; pour Signum, n"s 9, 11, 18, 19, 24, 39, 51, 54, 55 et suiv.
XLIV
INTRODUCTION
Supposant que, dans Roccohme su, le nom est au datif de la pre-
mière déclinaison, il a traduit : « Je suis à Roccolane ».
On trouve fréquemment, dans les actes mérovingiens, les noms
féminins avec celte terminaison, pour ainsi dire atrophiée, em-
ployée à tous les cas, excepté au datif, où je ne l'ai pas rencon-
trée. Je ne veux pas induire de là que Roccolane ne peut être
considéré comme étant au datif. Mais il en résulte évidemment,
d'une part, que ce cas, à raison de sa rareté, est moins vraisem-
blable, et d'autre part, qu'on peut, sans difficulté, y voir un nomi-
natif si on lit, à la suite, subscripsi, ou un génitif, si on lit subs-
criptio.
Une dernière observation, qui porte sur Abboneso, est plus
grave. Ce nom étant à l'ablatif, il est bien difficile de lire à la suite
sum, et de traduire so par « Je suis (j'appartiens) à Abbon » ; l'hy-
pothèse de mon savant confrère se heurte ici à un obstacle
des plus sérieux.
Dans mon système, au contraire, le groupe so (pour su) de
l'anneau d'Abbon se traduit naturellement par subscripsi, comme
le su de la bague de Roccolane. Nous avons, en effet, de nom-
breux exemples de l'ablatif dans les souscriptions de chartes et
de diplômes de la première race'.
Par toutes ces raisons, jusqu'à production d'éléments nou-
veaux et décisifs en sens contraire, je crois devoir maintenir les
leçons que j'ai proposées.
1. J. Tardif, Monuments historiques, cartons des Rois, nos 11, 19, 29,
40: dans ce dernier n° : « Ermenethrude hanc testamentum subscripsi ».
— On trouve aussi un grand nombre de souscriptions avec Signum ou
les initiales Sig +, suivies d'un nom à l'ablatif ; exemples : Sign -(- liello-
leno (n° 19), Ansberto (n° 24), Chrodone servo Dei (n° 78).
INTRODUCTION
XLV
IV
LES MONOGRAMMES
1° Composition des monogrammes. Leur origine.
On a défini le monogramme « un assemblage de plusieurs let-
tres, conjointes et entrelacées de manière à ne former qu'un
seul caractère1 ». A cette définition, j'ajoute que le caractère
ainsi formé « contient les éléments d'un ouplusieurs mots ».
Presque toujours le mot, lorsqu'il n'y en a qu'un, est un nom
propre, celui de la personne pour laquelle le bijou a été fabri-
qué. C'est par exception qu'il est, sur nos bagues, un qualifica-
tif2.
Quand le monogramme contient deux mots, l'un d'eux est le
plus souvent le substantif signum, ou le verbe signavi ou suh-
cripsi, représenté par la lettre S, le S barré ou le groupe SL qui
entrent, en outre, quelquefois, comme je l'ai noté plus haut,
dans la composition du second terme, lequel est le nom propre.
On connaît des exemples de monogrammes renfermant plus
de deux mots3. Mais je n'en ai pas rencontré sur nos anneaux.
11 y a des monogrammes qui s'écartent de la définition donnée
plus haut, en ce que, au-dessus, au-dessous, ou à côté du
groupe qui en constitue le noyau ou partie principale, une ou
plusieurs lettres ont été gravées séparément, et sont aussi néan-
1. Nouv. traité de diplomatique, t. III, p. 551. — Nat. de Wailly, Élé-
ments de paléographie. 1. 1, p. 469. — Giry, Manuel de diplomatique ,
p. 593.
2. Je n'en ai qu'un exemple, n° CLXXXVI.
3. Voir notamment l'acclamation Vivas in JJeo, dans les Gemmae ins-
criplae de Peiresc (Biblioth. nat., ms. du fonds français, n° 9530, fol.
252j citées parE. Le Blant, 7 50 inscripl. de pierres gravées, n"324; dans
Mém. de VAcad. des inscr. et bell.-lelt., t. XXXVI, lro partie, p. 125^ Les
monogrammes contenant plus de deux mots se voient plutôt dansies
souscriptions au bas de diplômes royaux.
XLVI
INTRODUCTION
moins des cléments composants du mot ou des mots exprimés1.
Dans les exemples que nous fournissent nos anneaux, ces let-
tres font généralement partie intégrante d'un nom propre.
Au sommet de plusieurs monogrammes, on voit une arcalure,
qui généralement est sans valeur littérale, et n'a pour but que
de servir de support à la combinaison des caractères qui les
composent2. 11 en est autrement quand l'arc est fermé par une
barre horizontale; il prend alors la valeur d'unD couché3.
L'origine du monogramme est inconnue : il était en usage
chez les Grecs, au plus tard dès les temps de Philippe de Macé-
doine et de son fils Alexandre-le-Grand. On le voit sur les mon-
naies de plusieurs villes à cette époque. On en trouve à Rome,
sous la République, sur les monnaies consulaires elles médailles
d'anciennes familles4. L'emploi en fut continué sous le Haut
Empire, encore plus sous le Bas Empire, et devint plus fréquent
à mesure que l'ignorance euvahissait toutes les classes de la
population, même celle des clercs et des dignitaires de l'Église.
Mabillon, à qui j'emprunte cette observation, mentionne des
évêques, illettrés au point de ne pouvoir écrire leur nom au
bas des actes des conciles dans lesquels ils siégeaient \ C'est
1. Monogrammes avec trois lettres séparées : CXXVI, CLV1I,
GLXXXIII; avec deux lettres séparées, III, VI, LXVII, CXLVIII, CXCIII,
CCV; avec une seule lettre séparée, XXIII, XLIX, L, LXXXI1I, CXX,
CCXLV1I, CCLXI et CCLXXI. — Je dois noter un monogramme, où cinq
lettres sont séparées les unes des autres et du noyau du monogramme,
XL VII.
2. Exemples : CXX, CLXXXI, CCXLVII.
3. Exemple : CCXII.
4. On commença d'abord par joindre ensemble deux ou trois let-
tres, pour se ménager un espace qui pût contenir le mot qu'on vou-
lait écrire. De là, on passa tout naturellement à la conjonction de toutes
les lettres dont il était composé (I\ouv. traité de diplomaliq., t. III,
p. 551).
5. « Mirari subit homines etiam sacris Ecclesiae ordinibus addiclos,
in tam supinam venisse ignorantiam, ut nomen suum pingere non
INTRODUCTION
XLV1I
surtout à la suite des grandes invasions germaniques que s'ac-
crut rapidement le nombre de ces illettrés, qui remplacèrent la
souscription personnelle par l'apposition du monogramme qu'ils
avaient eu soin de faire graver sur leur anneau sigillaire. Ils
suppléaient ainsi, par une action machinale, à une opération
pourtant simple et facile, mais dont ils n'étaient plus capa-
bles.
2 Explication des monogrammes.
La lecture du monogramme était nécessairement, à l'é-
poque que j'indiquais tout à l'heure, peu accessible ou du moins
peu facile pour le vulgaire, et c'est là ce qu'exprime Sym-
maque (f entre 395 et 410) quand il demande à son frère Flavien
« s'il a reçu toutes ses lettres, scellées de son anneau, où son
nom est, dit-il, plus aisé à comprendre qu'à lire1 ».
On retrouve la même pensée dans une lettre adressée, entre
507 et 520, par saint Avit, archevêque de Vienne, à saint Apol-
linaire, évêque de Valence. Répondant à l'offre d'un anneau
que celui-ci lui avait faite, saint Avit exprime le désir que cet
anneau comporte un double cachet tournant, « et qu'on y
valerent. Talis fuit Paulinus Zurensis episcopus, ut patet ex collatione
Catholicorum cura Donatistis. Nam Quintus, pro Paulino praesente,
littcras (id est scriptionem) nesciente, subscripsisse perhibetur. Talis
et Theodoricus Gadatensis, atque Elias Andrianopoleos, episcopi in
Concilio II Epbesino (an. 401). Talis Cajumas Phaneensis, in Concilii
Calcbedonensis actione 1 (an. 451). Talis denique Stephanus et Zatius
priores. » (Dere diplomalica, p. 165.) On lit aussi, dans une charte de 491,
l'aveu d'ignorance d'une matrone de haut rang, qui remplace sa sous-
cription manuelle par le signum crucis. « Chartulam Jovino, notario
meo, scribendam dictavi, cuique, quia ignoro litteras, signum crucis
feci... » (Mabillon, Op. cit., supplem., p. 89.)
1. « Non minore sane cura cupio cognoscere an omues obsignatas
epistolas meas sumpseris eo anulo quo nomen meum magis intelligi
quam legi promtum est. » (Symmachi Epislolae, II, 12 )
XLVIII
INTRODUCTION
grave son monogramme, lequel, ajoute-t-il, devra se lire à l'aide
de son nom, inscrit en légende circulaire1 ».
La recommandation de faire graver, sur l'une des faces du
cachet tournant, le nom entier pour faciliter la lecture du mo-
nogramme inscrit sur l'autre face, élait parfaitement justifiée,
car, si les lettrés, tels que saint Avit et saint Apollinaire et
surtout les référendaires, notaires et scribes [amanucmes),
appelés parleur profession à assurer la sincérité et la régularité
des actes et en particulier des souscriptions des parties et des
témoins, si dis-je, ces catégories de personnes étaient en état
de déchiffrer les monogrammes, il en était autrement du com-
mun des hommes de ce temps ; et c'est là le sens des passages
de Symmaque et de saint Avit, dont nous avons donné plus haut
la traduction littérale.
Mon regretté confrère E. Le Blanl a été manifestement au
delà de leur signification quand il en a conclu que « les mono-
grammes étaient, pour les anciens eux-mêmes, rebelles à l'inter-
prétation2 » ; il alui-même admis commecertainela signification
de monogrammes dont la composition est pourtant de nature
à inspirer plus de doutes que les caractères de la même sorte
gravés sur nos anneaux3.
Je partage d'ailleurs sa défiance à l'endroit « des interpréta-
lions qu'on en ferait par simple divination* ». Ces sortes d'in-
1. « Signum monogrammalis meiper gyrumscripti nominis legatur. »
(Sancti Aviti Epistolae , epist. LXXX VIII) ; dans J. Sirmond, Opéra Varia,
t. II, col. 116-117. Voir, au n° CCLXV1II de nos anneaux, le texte com-
plet de ce document et l'interprétation qui en doit être faite.
2. Inscript, chrét. de la Gaule, t. Il, no 403, p. 41.
3. Je puis en citer un exemple, que j'emprunte à son recueil des 750
inscriptions sur pierres gravées, ri0 324, p. 125. Voir ce monogramme, re-
produit sous le n° CCLXXI bis de nos notices descriptives. E. Le Blant y a
lu, VIVAS DEO» pour Vivas in Deo (leçon imprimée à tort dans ladite
notice). Je crois cette interprétation exacte : mais combien d'explica-
tions de nos monogrammes sont mieux justifiées !
4. Nouv. rec. d'inscr. chrét. de la Gaule, p. 123.
INTRODUCTION XLIX
terprélations, contraires à tout esprit de méthode scientifique,
ont été trop longtemps pratiquées, et il convient de les répu-
dier. 11 faut les remplacer par un déchiffrement rationnel, dans
lequel certaines précautions nécessaires et certaines règles se-
ront observées.
Loin de moi la pensée de considérer les déchiffrements ainsi
opérés, commeétant louscerlainsetdéfinitifs ; unetelle certitude
n'est acquise que dans un nombre de cas assez restreint. Plus
souvent, les interprétations ont seulement un caractère de pro-
babilité, parfois très accentué, d'autres fois moindre.
C'est pourquoi, dans ma table de noms propres, j'ai eu soin
de distinguer ceux qui, sur nos bagues, sont gravés intégra-
lement en légende, d'avec ceux qui, résultant d'un travail de
déchiffrement, restent plus ou moins sujets à discussion; en
tout cas, le lecteur est averti de la différence qui les sépare, et
n'est exposé à aucune illusion à cet égard.
11 y a aussi plusieurs monogrammes, à l'explication desquels
j'ai dû renoncer, à la suite d'infructueux efforts. On en trouvera
la liste au bas de celle page1.
3° Précautions à prendre ci règles à observer pour le déchiffrement
des monogrammes.
L'étude que j'ai faite, pendant quinze années consécutives,
des anneaux et spécialement des anneaux à inscription du
haut moyen âge, et dont je publie aujourd'hui les résultats,
m'a fait reconnaître la nécessité de certaines précautions desti-
nées à donner au déchiffrement des monogrammes le plus de
chance possible d'exaclilude.
En voici l'exposé :
1. XIX, XXIII, LX, LXXXIV, CXXXVIII, CLV1I, CLXX, CLXXVIII,
CCXXIII, CCLXXIV, CCLXXXII.
d
L
1NTH0DUCTI0N
À. Le premier soin à prendre est de déterminer le sens dans
lequel l'anneau doit être envisagé, c'est-à-dire le haut et le bas
du bijou et particulièrement du chaton, afin que, dans l'examen
du monogramme, les lettres ou du moins la plupart des lettres
qui le composent se voient dans leur position normale.
11 y a divers signes à l'aide desquels celle détermination
peut se faire.
C'est, tout d'abord, la figure humaine ou une figure d'animal,
si la bague en est ornée, ou un objet inanimé, tel qu'une croix
chrismée avec le P (R grec) au sommet, une fleur ou une plante
quelconque, dont la base marque la partie inférieure de ce petit
monument.
Il en est de même d'un édicule ou d'un fronton, qui est le plus
souvent un A majuscule, avec une croix au sommet, ou avec une
barre horizontale, qui lui donne la valeur de la ligature -m =
AT.
L'arcalure que l'on voit sur un certain nombre d'anneaux à
monogramme, en indique aussi toujours la partie supérieure,
soit qu'elle n'ait, comme nous l'avons dit plus haut, aucune va-
leur littérale1, soit quelle forme, avec une barre horizontale re-
liant les deux extrémités de l'arc, un D couché 3.
Un autre moyen de reconnaître le haut et le bas d'un mono-
gramme consiste à observer, parmi les caractères dont il est
formé, ceux qui ne sont pas sujets à renversement, ou du moins
qu'on ne rencontre point ou qu'on ne rencontre que très ex-
ceptionnellement, sur nos anneaux, dans celle position anor-
male. Ils peuvent servir de point de repère, et marquer le sens
dans lequel le monogramme doit être envisagé et étudié. Nous
avons établi, plus haut, la nomenclature de ces lettres renver-
sables, mais non renversées sur nos anneaux, qu'il ne faut point
1. CXX, CLXXXI et CCXLV11.
2. CCX1I.
INTRODUCTION Ll
d'ailleurs confondre avec celles qui sont couchées; nous n'avons
qu'à y renvoyer le lecleur '.
De savants et habiles archéologues ont attribué de l'impor-
tance à la place occupée parla croisette qui accompagne, par-
fois, les monogrammes, et y ont vu la marque de la partie su-
périeure de ces monogrammes.
C'est à tort : la croisette se place indifféremment au-dessus ou
au-dessous des monogrammes; il y a même des anneaux où se
voient deux croisettes, l'une au-dessus2, l'autre au-dessous, ou
à côté.
B. 11 est important de se fixer sur le sexe de la personne à
l'usage de laquelle l'anneau était destiné. Car, ainsi qu'on le
verra plus loin, c'est là un point essentiel pour l'étude du mo-
nogramme.
L'élément le plus sûr de cette constatation est le témoignage
consigné dans un procès-verbal ou un journal des fouilles, ou
la déclaration d'un témoin oculaire ou d'une personne digne de
foi, qui a recueilli, sur place, le renseignement.
A défaut de cet élément, les objets trouvés dans la même sé-
pulture que la bague, peuvent souvent, par leur nature, indiquer
si c'était celle d'un homme ou d'une femme.
On doit, enfin, tenir grand compte des dimensions de l'anneau,
dont l'ouverture ou diamètre intérieur donne lieu de penser qu'il
était fait pour une main masculine ou pour une main féminine.
Ces indications offrent d'autant plus d'intérêt, que, par elles,
on est averti que le monogramme à déchiffrer contient un nom
d'homme ou un nom de femme.
Ces vocables diffèrent souvent dans leur constitution et dif-
fèrent encore plus fréquemment dans leur terminaison.
1. Voir ci-dessus, p. xxxvi.
2. Exemple : LXXX1II. Voir, au n" CXIX^ce que nous avons dit à ce sujet.
LU
INTRODUCTION
Sur les anneaux, les noms paraissent à trois cas : au nomina-
tif, au génitif et même {mais rarement) à l'ablatif.
Les noms d'homme sont : ou de la 2e déclinaison, et alors ils
se terminent, à ces trois cas, en us, i eto; ou ils sont de la 3e dé-
clinaison avec les terminaisons, à ces mêmes cas, en o, onis et
one-, et bien, enfin comme parisyllabiques de la 3e déclinaison,
avec les mêmes terminaisons, aux mêmes cas, en is, is et e.
Les vocables féminins sont : ou de la lrc déclinaison et ter-
minés alors en a au nominatif et à l'ablatif, en ae ou plutôt et
presque toujours en e; ou bien ils appartiennent h la classe des
parisyllabiques de la 3° déclinaison, et se terminent en is au no-
minatif et au génitif, en e h l'ablatif.
Par ces distinctions, le champ des interprétations d'un mo-
nogramme se restreint suivant le sexe du possesseur de l'anneau.
C. On ne doit jamais perdre de vue qu'en aucun cas, il n'est
permis d'ajouter une lettre et, à plus forte raison, plusieurs lettres
à celles qui composent le monogramme : par suite, tout vocable
comportant un caractère qui n'y figure pas, doit être, à priori,
rigoureusement rejeté.
D. En sens contraire, les lettres contenues dans le mono-
gramme doivent, sans exception, trouver leur emploi. Consé-
quemment, toute explication dans laquelle même une seule de
ces lettres ne figurerait pas, doit être écartée sans hésitation.
E. Parmi les lettres d'un monogramme, une et même plusieurs
sont assez fréquemment destinées à servir deux et même trois
fois, soit pour la composition du nom propre, soit pour expri-
mer, à la fois, ce nom et l'une des abréviations de la formule
signum, sitjnavi ou suôscripsi*.
1. Exemples : LXXXVIII, CCXLV, CCLXV. Voir aussi à l'Appendice,
1 1 1 et VII.
2. Entre divers exemples, je citerai, comme particulièrement impor-
tants, les noâ 111 et VI de nos anneaux.
INTRODUCTION
LUI
F. Il faut se garder, à priori, de voir une même lettre de l'al-
phabet dans des caractères, dont l'un serait inscrit en majuscule
ou capitale, et l'autre en onciale ou cursive. Une telle identité (qui
se produit pourtant, mais très rarement) ne doit être admise
qu'à bon escient et à titre tout à fait exceptionnel.
G. Je signalerai l'importance du rôle des sigles et des
initiales des formules usuelles de souscription dans un nombre
considérable de nos inscriptions sigillaires : S barré, S pointé,
groupes si et su. On doit en tenir grand compte dans l'étude des
monogrammes, qui sont toujours (je ne pourrai trop insister
sur ce point) un mode de souscription sur les actes et la corres-
pondance.
H. On ne saurait affirmer que le déchiffrement des monogram-
mes doive se faire en prenant pour point de départ le caractère ou
les caractères de gauche ou ceux de droite : mais je puis dire
qu'il est à faire le plus souvent de gauche à droite, comme cela a
lieu dans les légendes courantes.
Si le monogramme porte, au sommet, un A formant fronton,
cette lettre est assez souvent l'initiale du nom. Nous en avons
un exemple dans la bague d'Aster, sur laquelle ce vocable est
gravé à la fois en légende et en monogramme, et où ce mono-
gramme a l'initiale à son sommet
I. Quand le groupement des caractères composant le mono-
gramme a produit un vocable, il convient d'en chercher le rap-
prochement, sur les chartes et autres documents du haut moyen
âge, avec les noms propres et principalement avec ceux des
personnages contemporains, au moins approximativement, de
l'anneau étudié. Non pas qu'il y ait lieu de tenter l'identification
des possesseurs de ces bijoux avec ces personnages. Je suis, au
1. ccxv.
LIV
INTRODUCTION
contraire, peu disposé à accepter de telles identifications '. Mais
il est utile de constater que le vocable résultant du déchiffrement
proposé, était, à la même époque, d'un emploi plus ou moins
fréquent, cette circonstance étant de nature à accroître, dans
une certaine mesure, la probabilité de l'exactitude du résultat
obtenu.
Telles sont les indications que m'a suggérées une longue pra-
tiquent auxquelles viendront assurément s'en ajouter de nou-
velles, qui contribueront à rendre de plus en plus méthodique,
moins ardu et moins sujet aux erreurs, le travail de déchiffre-
ment des monogrammes.
§6
LES ANNEAUX SELON LE SEXE, LA DIGNITÉ OU LA PROFESSION DE
LEURS POSSESSEURS
I
Anneaux d'hommes, de femmes et d'enfants.
Nos anneaux portent : 1° inscrits intégralement en légendes,
42 noms d'hommes, dont 34 étaient assurément Mes possesseurs
de ces bijoux, et 31 noms de femmes, dont 27 étaient assurément
propriétaires de ces bijoux3; 2° sous forme de monogrammes,
20 noms d'hommes et 36 noms de femmes.
Groupés ensemble, les vocables masculins font un total de 02,
et les vocables féminins un total de 67.
1. Je me suis prononcé dans ce sens, à propos de l'anneau de Leo-
denus. Voirie n° CXXIV des notices descriptives.
2. J'ai décrit quatre anneaux portant un nom d'homme et un nom de
femme, et pour lesquels on ne peut dire, avec certitude, s ils ont appar-
tenu à l'homme ou à la femme. Néanmoins nous croyons que deux de
ces bijoux (XLV et CXVItl) sont des anneaux d'homme; le 3e (CCXV1I)
est un anneau de femme ; le 4° (CXXV1II) reste incertain.
3. Voir la note ci-dessus, concernant les anneaux portant à la fois
un nom d'homme et un nom de femme.
INTRODUCTION
LV
De ce groupement ressort déjà un nombre d'anneaux de
femmes supérieur à celui des hommes. Mais il ne faut pas juger,
par là, de la proportion existante entre les deux sexes pour
l'usage des anneaux.
D'autres éléments que les inscriptions permettent de recon-
naître si un de ces bijoux a appartenu à un homme ou à une
femme.
C'est, en premier lieu, le sexe constaté du défunt dans la tombe
duquel il a été trouvé; en second lieu, la nature des autres ob-
jets qui y ont été recueillis : à l'usage des hommes, des armes,
des harnais, de fortes boucles de ceinturon, etc. ; à l'usage des
femmes, des colliers, bracelets, boucles d'oreille, et des objets
de toilette.
Or, les sépultures reconnues masculines sont d'une dizaine
seulement, tandis que les sépultures féminines où des anneaux
ont été recueillis, sont au nombre de 86.
Quant aux objets des deux catégories ci-dessus définies, ceux
de la deuxième ont été trouvés dans 17 tombes, tandis que l'on
n'a découvert ceux de la première que dans une quantité insi-
gnifiante de sépultures.
Il résulte de ces comparaisons que la plus grande partie des
anneaux de la période qui nous occupe ont appartenu à des
femmes
Il convient de noter aussi qu'un certain nombre de ces bijoux
étaient àl'usage de toutesjeunes filles ou d'enfants, ainsi que l'at-
testent, pour les uns, les procès-verbaux des fouilles", et, pour
1. Dans mon mémoire sur Le port des anneaux dans l'antiquité romaine
et les premiers siècles du moyen âge, j'ai mis en doute l'exactitude de l'opi-
nion émise par M. Lindenschmit, directeur du Musée archéologique
de Mayence, d'après laquelle la plupart des anneaux de l'époque bar-
bare avaient dû appartenir à des femmes [Mém. de l'Acad. des inscript,
et bell.-lett., t. XXXV, 2! partie, p. 223; tiré à part, p. 55). Je reconnais
aujourd'hui le bien fondé de cette opinion du savant allemand.
2. CXXXVI, CXXXVII, CXGVIII, CXCIX.
LVl
INTRODUCTION
les autres, les faibles dimensions et l'extrême étroitesse de l'ou-
verture de l'anneau '.
II
ANNEAUX DE ROIS ET DE REINES
Les rois francs et, en particulier, ceux de la première race
avaient un anneau sigillaire, dont l'empreinte était apposée au
bas des diplômes émanés de leur chancellerie, et où l'on trouve
les formules suivantes : « De anulo nostro subler sigillari
jussimus ou decrevimus ; » ou bien : « Anuli nostri impressione
roborari {ou astipulari ou sigillari) fecimus, jussimus ou decre-
vimus » 2.
Le célèbre anneau sigillaire de Childéric Ier, dérobé, en 1831,
au Cabinet de France, et perdu sans doute pour toujours, était
le seul bijou authentique de ce genre des princes mérovingiens,
qui eût été conservé dans les collections de l'ancienne mo-
narchie. Je l'ai reproduit3, d'après un dessin exécuté sous mes
1. XXIV, LXX,CC1, CCXI, CCLXX, CCLXXIX, CCLXXXI, CCLXXXV1II,
CCLXXXIX.
2. Voici les noms des princes dont les anneaux sigillaircs sont men-
tionnés, avec la date des actes portant ces mentions :
Childebert I", an 528;
Sigebert Ier, an 545;
Chilpéric Ier, an 583 ;
Dagobert Ier, an 529, ans 631-632, an 635 ;
Childéric II, an 661 ;
Clotaire III, an 664;
Thierry III, an 673 ;
Dagobert II, an 675 ;
Charles Martel (maire du Palais), an 724;
Pépin le Bref (maire du Palais), années 748-751 ;
Pépin le Bref, roi, années 755-758.
Pardessus, Diplom. cl ch., t. I, p. 77, 109,149; t. II, p. 5, 33, 35, 121,
135, 161, 167, 344, 412-413, 420. — Tardif, Arckiv. nat.; Inventaires
et Documents, Monum. histor., cartons des rois, p. 7, 48 et 50.
3. CLXXIX. J'ai à peine besoin de faireobserver qu'il n'aété et ne pou-
INTRODUCTION
LVII
yeux, sur l'excellente empreinte que possède la Bibliothèque
de Sainte-Geneviève à Paris.
Mabillon 1 et les auteurs du Nouveau traité de Diplomatique 1
ont fait mention d'un autre anneau de saphir, représentant
aussi l'image de Childéric, mais dépourvu d'inscription.
Une bague en or massif et sans inscription, trouvée, comme
celle de Childéric, dans le tombeau de ce prince, à Tournay, et
qu'on a considérée généralement comme l'anneau de mariage
de Childéric avec Basine,est probablement, d'après les raisons
que j'ai exposées », celui que la reine reçut de lui, quand il la
prit pour épouse, en 4G3 ou 464.
llexiste une bague en argent, portant en légende, autour du mot
regina en monogramme, le nom de Berteildis, qui fut une des
femmes deDagobert 1er*. Nous avons décrit trois autres anneaux,
sur lesquels est inscrit en monogramme le nom de Basina 8 ;
mais il n'y a aucune raison pour l'identifier avec la mère de
Clovis Ier.
A la suite de ces anneaux de rois et reines de France, je men-
tionnerai deux bagues intéressantes, dont l'une, trouvée à Wit-
tislingen (Bavière), représente un personnage, dont la coiffure
parait être une sorte de casque ou diadème, et dont le nom d'Uf-
fila dénote l'origine gothique8.
vait être tenu compte, à cette place, des noms de rois francs ou d'em-
pereurs romains, dont des monnaies ont été soudées, pour servir de
chatons sur nos anneaux. Voir CLXXXVII, dont le chaton est un aureus
de Marc-Aurèle et Lucius Vérus, et CCLVI, dont le chaton est un sou d'or
au nom de Clotaire II.
1. De re dipîomat,, p. 255, n° 2.
2. T. IV, p. 101.
3. CLXXX.
4. CLXXXVI.
5. LXXXVI, LXXXVII et CLXIV.
6. CCXCIV. Ce nom n'est pas sur l'anneau même, mais sur une fibule
recueillie dans la tombe de son possesseur.
LVIIl
INTRODUCTION
Sur la deuxième bague, découverte dans le Grand-Duché de
Hesse-Darmsladt, et 1res richement ornée, est figurée une tête
de femme diadémée, et dont la légende contient le vocable éga-
lement gothique d'Huiiila1.
lit
ANNEAUX d'ÉVÊQUES, d' ABBÉS, d'aBBESSES ET BEL1GIEUSES
Nous avons décrit, d'après le récit d'un savant, témoin ocu-
laire, l'anneau recueilli, en 164G, dans le sarcophage d'Agil-
hert, évêque de Paris vers 670 -.
Une magnifique bague qui a fait partie de la collection de feu
Benjamin Fillon, présente tous les caractères d'un anneau
épiscopal 3, dépourvu d'inscription, comme cela était de règle;
elle est ornée d'une grosse améthyste, accostée autrefois de deux
gemmes plus petites.
On a cru pouvoir attribuer à Leudinus ou Leuduinus, évêque
de Toul (600 à 680 ?) un anneau portant, au chaton, le nom de
Léodenus 4. Cette identification n'est, à mes yeux, justifiée
par aucune raison sérieuse, même à titre d'hypothèse 5.
11 en est autrement de l'attribution d'un de nos anneaux,
dont le chaton porte le nom de Leubacius6; il y a une remar-
quable concordance de circonstances de temps et de lieu, qui
permet de regarder comme assez vraisemblable, l'identité de ce
1. LXXVI.
2. LXXIl bis. André du Saussay a mentionné deux autres anneaux
d'évêques: celui d'Ebrégisile, évêque de Meaux au viic siècle, et celui de
saint Léger, évêque d'Autun vers 685. Ce dernier bijou était, au xvn° siècle,
conservé à l'abbaye royale de Saint-Victor de Paris (Panoplia episcopa-
lis, p. 183).
3. CCLXXXIV.
4. CXXIV.
5. Voir ce que j'ai dit, à ce sujet, sous le n° précité.
6. XLIII.
INTRODUCTION
LIX
personnage avec saint Léobasse, premier abbé du monastère
de Sennevières.
11 faut du reste, à mon sens, se montrer fort prudent et
réservé dans les questions de ce genre, les mêmes vocables
ayant été portés, à certaines époques, par plusieurs et peut-être
beaucoup de personnages différents.
Quelques auteurs ont cru trouver, dans la formule ln Dei
nomine, l'indice du caractère religieux du possesseur de l'an-
neau où elle est gravée : mais c'est à tort selon nous ; cette
formule a été employée parles laïques aussi bien que par les
dignitaires de l'Église.
Les formules telles que Vota sancto Magno ou Maono, que nous
avonsrencontréesurun cachet à double face sont, au contraire,
très caractéristiques, car elles marquent nettement laconsécra-
tion d'une personne religieuse, peut-être abbé ou abbesse d'un
monastère placé sous l'invocation d'un saint 2.
IV
ANNEAUX DE GENS DE PROFESSION
Notre série n'en contient que deux :
L'un est celui d'un médecin pharmacopole, nommé Donober-
tus, qui mettait son cachet sur le récipient du médicament qu'il
avait confectionné 3.
L'autre est unebague,surlaquellel'orfèvre Rusticus, quil'avait
fabriquée et la portait, affirmait que c'était son œuvre4.
4. Appendice, n° I.
2. Voir ce qui est dit, à ce sujet, sous la rubrique précitée.
3. CCXI1I.
4. CX VII.
INTRODUCTION
§ 7.
Les anneaux suivant leur destination.
Les destinations diverses qu'avaient nos anneaux, étaient de
quatre sortes. Les uns étaient des anneaux de mariage ou de
fiançailles; les autres servaient à la consécration religieuse;
d'autres, et c'était le plus grand nombre, étaient des anneaux
sigillaires; enfin, ceux qui n'avaient aucune de ces destinations
spéciales, étaient de simples ornements.
I
LES ANNEAUX DE MARIAGE OU DE FIANÇAILLES
J'ai exposé, autre part, les faits généraux concernant ces sortes
de bijoux1, je me bornerai donc à résumer ici ceux qui se rap-
portent aux monuments par moi décrits.
Un seul nous fournit l'exemple certain d'une bague donnée
par le mari a son épouse Técla2 : pour d'autres, on peut seule-
ment présumer que le bijou a été offert par la femme ou la
fiancée à l'époux ou au fiancé3, ou bien par le mari ou fiancé
à l'épouse ou fiancée4. Pour d'autres, il y aurait incertitude
sur les circonstances dans lesquelles le don a eu lieu 6.
Je dois faire remarquer que rien ne prouve qu'on doive attri-
buer à ces bijoux le caractère très défini, très particulier, de
Vanneau nuptial proprement dit, de celui qui, à l'heure de la
1. Le port des anneaux dans l'antiquité rom. et dans les pjwnicrs siècles
du moyen âge. Dans Mém. de l'Acad. des inscr. et bell.-lett., t. XXXV,
2e partie, p. 226; tiré à part, p. 58.
2. CCIX. Si l'on admet, avec moi, que le n° CLXXX est une bague de
la reine Basine, ce serait une bague de mariage, donnée par Childé-
ric Ier à celle qui devenait, à ce moment, son épouse.
3. LVII, CCXIV, CCLXV1.
4. CCLXVIU.
5. XXXIX bis, CXVIII, CXXVII, (XXVII.
INTRODUCTION
LX1
célébration du mariage suivant les rites chrétiens, était béni
par le prêtre officiant, et remis, soit par lui directement à l'é-
pousée, soit au mari, qui le passait au doigt de celle-ci1.
Parmi les anneaux décrits par nous, il n'en est qu'un, celui
de Diana et Avius', qui nous renseigne louchant la main à la-
quelle on mettait, enGaule, la bague de mariage ou de fiançailles.
Elle était ici à la main droite A'Avius3. Ce fait serait, en lui-
même, peu concluant s'il n'était d'accord avec les dispositions
de rituels, de pontificaux et de missels, rédigés du xi"au xve siè-
cle, qui règlent le cérémonial du mariage : il en résulte que,
dans les diocèses de Reims, Rouen, Lyon, Amiens, Paris, Châ-
lons-sur-Marne et Limoges, et dans l'église de Saint-Victor, à
Paris, on passait l'anneau au troisième doigt ou médius de la
main droite \ et que, dans le seul diocèse de Liège, on le mettait
au quatrième doigt de la même main 5.
A la vérité, deux rituels, l'un de l'Église de Rome 6, l'autre de
Milan 1 et un pontifical de Lérins8 font placer l'anneau nuptial
au quatrième doigt de la main gauche. Mais, ce cérémonial, pra-
1. Voir, pour les généralités sur ce sujet, et notamment, pour les
préliminaires de la bénédiction de l'anneau, le cérémonial de cette
bénédiction et la remise de l'anneau, mon mémoire précité, Le port
des anneaux, etc., etc., ubi suprà, p. 230, tiré à part, p. 62.
2. CXVIII.
3. Le bijou était porté par le fiancé ou l'époux de Diana, la sépul-
ture, étant, d'après un des objets qui y furent trouvés, celle d'un homme.
4. Dans Martène, De antiq. Ecoles ritib., t. II, col. 346, 367, 369-370,
373, 374, 377, 383, 385. Il faut ajouter à cette liste le diocèse d'Auxerre,
pour lequel il est dit que l'anneau doit être placé au médius, sans par-
ler de la main {Ibid., col. 365); mais, comme la formule est semblable,
pour le reste, à celles de Reims, Rouen, etc., il ne paraît pas douteux
que ce ne fût aussi la main droite.
5. Ibid., col. 385.
6. Cité par Du Saussay, Panoplia episcopalis, in-fol., Paris, 1646, p.
263.
7. Martène, ubi suprà, col. 388.
8. Ibid., col. 357.
LM1
INTRODUCTION
liqué en Italie et sans cloute aussi en Espagne, d'après un passage
d'Isidore de Séville1, était probablement celui qu'on observait
dans l'empire au moment de sa chute, tandis que la pose de l'an-
neau au troisième doigt de la main droite était une coutume pro-
prement gauloise 2.
Il
ANNEAUX DE CONSÉCRATION RELIGIEUSE
Au moment de la consécration des évêques, abbés ou abbesses,
et même des simples religieuses, le prélat consécrateurleur pas-
sait au doigt un anneau.
Nous avons parlé plus haut3 des anneaux portés par les per-
sonnes vouées au culte ou à la vie monastique, et décrits dans le
présent ouvrage.
Nous ne nous occuperons ici que de celui qui servait à la con-
sécration, et du cérémonial suivantlequella remise en était l'aile.
Les documents de l'époque mérovingienne ne nous fournissent
aucune lumière surce point. Au ixc siècle, une lettre d'Hincmar
(845-882), décrivant la consécration épiscopale, nous apprend
qu'à la suite des onctions, le consécrateur passait l'anneau au
quatrième doigt de la main droite du nouveau prélat * ; et ce rite
est égalementattesté parunpontifîcal de 1 1 005,par un deuxième
1. De ecclesiast. offic, II, xx, 8; dans Migne, Patrolog., t. LXXXIII,
col. 811-812.
2. 11 est à remarquer qu'au rapport de Pline, les Gaulois et les Bre-
tons, c'est-à-dire les deux peuples occidentaux d'origine ou de civilisa-
tion celtique, mettaient l'anneau au médius, pendant que, chez les
Romains au temps de Pline, ce doigt était précisément le seul qui
n'en reçût point : « Gallia Britanniaeque medio (digito) dicuntur usae.
Hic nunc solus excipitur. » Hist. natur., XXXIII, 24; collect. Tcubner,
t.V, p. 7.
3. § 6, num. III.
4. Epistol. XXIX; dans Migne. Palrolog., t. CXXVI, col. 188.
5. Marlènc, De anliq. L'cclcs. rilih., t. II, col. 357,
INTRODUCTION
LXIII
pontifical romain, cité par Du Saussay1, el par un autre docu-
ment, cité par Barlholomeo Gavanti, d'après lequel l'évêque, à
la messe pontificale, doit avoir, à l'annulaire de la main droite,
l'anneau qui, ajoute Gavanti, lui a été mis au même doigt, lors
de sa consécration s.
A la vérité, les évêques plaçaient ordinairement leur anneau à
V index de la main droite, et cela était admis dans l'usage \ Mais
canoniquement et quand ils pontifiaient, ils étaient tenus de
l'avoir au quatrième doigt.
C'est naturellement h la même main et au même doigt que
les abbés, les abbesses et les simples religieuses recevaient l'an-
neau, au moment à leur consécration \
III
LES ANNEAUX SIG1LLA1RES ET LES ANNEAUX DE SIMPLE ORNEMENT
La plupart des monuments par nous décrits ont dù servir à
sceller la correspondance ou à souscrire les actes dans lesquels
leurs possesseurs figuraient comme parties ou comme témoins.
Ceux de ces bijoux qui n'ont pu être ainsi employés sont : les
anneaux portant deux noms juxtaposés % ou une légende gravée
au pourtour de la tige6 ; ceux qui étaient dépourvus, à la fois, de
toute inscription et de toute marque distinctive pouvant servir
de siffnaculum\ ou dont le chaton, en forme d'édicule saillant
n'en permettait pas un tel usage8.
1. André du Saussay, Panoplia episcopalis, Paris, 1646, p. 264.
2. Thesaur. sacror. rituum, 1763, t. I, p. 150, col. 2.
3. Barth. Gavanti, ibid. — Georg. Longus, De anulis, p. 41; Hinricus
Kornmannus, De Iriplici annulo, édit. de Leyde, p. 15.
4. A. du Saussay, loc. cit., p. 179.
5. CXVIII, CXXVII, CCXVII, CCXLV et CCLXVI.
6. LXXIII bit et CXXII1 Ht.
7. I, XXIX, LXX, CIVà CX, CXII, CXXX, CXXXIII à CXXXVII, CXLI,
CXLIV et passim. J'en compte 43 dans ce cas.
8. Il, LUI, CLXXXVII, CCXVIII.
LXIV
INTRODUCTION
Il en est, au contraire, dont le caractère sigillaire est indiqué
par la présence d'une effigie, accompagnée d'un nom propre1, d'un
vocable entier ou d'un monogramme, et assez souvent accentué
par le S barré ou pointé, le S en travers du monogramme, le
groupe SI2 ou les groupes SV ou SO (pour sv) 3.
11 convient, enfin, de noter que certains de nos bijoux sont à la
fois des bagues de mariage ou de fiançailles, et des anneaux si-
gillaires 4.
Ceux de nos anneaux qui n'avaient aucune des destinations ci-
dessus définies, étaient de simples objets de toilette, d'ornement
ou de fantaisie, et nous n'avons aucune observation générale à
faire ici en ce qui les concerne.
Il nous reste à rechercher à quelle main et à quel doigt on
portait ces bijoux et les anneaux sigillaires.
Les fouilles opérées méthodiquement en France et en Belgi-
que depuis quarante ans ont procuré, à cet égard, des notions
nombreuses et précises.
Ces notions sont malheureusement contradictoires.
Dans la nécropole visigolhe et mérovingienne de Herpès
(Charente), on a recueilli deux anneaux, placés à la main droite5,
et M. Philippe Delamain, l'auteur de ces fructueuses explorations,
a constaté que, presque toujours, les bagues se portaient à la
main droite. « Le contraire, ajoute-t-il, est l'exception : parfois
mais rarement, il y en avait deux ou trois à la même main, et de
plus au même doigt » \
Le savant directeur du Musée archéologique* de Mayence,
1. LI, LV1I, LIX, LXXVI, CCLXV.
2. III, VI, X, XIII, XX, XXII, XXVI, XXXI, LXVI, LXVII, LXXXIII
et passim. J'en compte 30 dans ce cas.
3. CCLXV, CCLXVIII.
4. CCIX, CCLXVIII.
5. CCXXIV et CCXXV.
6. Le cimetière de Herpès, mémoire publié par la Société histor. et
archéolog. de la Charente ; grand in-4°, Angoulême, 1892, p. 11.
INTRODUCTION
LXV
M. Lindenschmit, dans une lettre qu'il m'a écrite en réponse à
la question que je lui avais adressée, m'a fait connaître que,
dans le cas unique où il lui avait été possible de faire une ob-
servation certaine sur un squelette féminin, l'anneau était à
l'avant-dernier doigt de la main droite 1 .
Une bague, trouvée dans le cimetière d'Yeulleou Hardenlhan
(Pas-de-Calais), était également à la main droite d'un corps de
femme2.
Par contre, M. Alfred Béquet, le docte conservateur du Musée
archéologique de Namur (Belgique), a rencontré, dans une des
riches nécropoles de cette province, qu'il a si intelligemment
explorées, une bague à la main gauche d'une femme^. On a
trouvé, dans le cimetière franc de Ciply près Mons (llainaut),deux
bagues à la main gauche de deux femmes, dont l'une l'avait au
médius *.
De son côté, M. Pilloy, au cours des fouilles du cimetière mé-
rovingien du village d'Abbeville (Aisne), a constalé la présence
de bagues à la main gauche de cinq squelettes féminins 5.
En présence d'une telle diversité de notions sur ce sujet, il est
impossible d'admettre une pratique commune à tous les pays de
la Gaule, à moins de supposer que les anneaux portés à la main
droite étaient des anneaux de fiançailles ou de mariage, et les
autres des bagues sigillaires ou de simple ornement.
1. Lettre du 16 avril 1888.
2. CLXXXIV.
3. CXI.
4. CLXXV1II. Dans la Notice préliminaire sur le cimetière franc de
Ciply, in-8°, Mons, 1894, p. 22, je lis la description d'un autre anneau,
que l'on croit provenir de la tombe d'une femme, et qui était également
à sa main gauche.
5. Pilloy, Sur d'anciens lieux de sépulture du département de l'Aisne,
in-8°, Saint-Quentin, p. 177.
DESCRIPTION ET COMMENTAIRE
DES ANNEAUX
Les anneaux que nous' allons décrire, se divisent, ainsi qu'il a
été dit plus haut1, en quatre catégories, savoir :
1° Ceux dont la provenance, c'est-à-dire le lieu ou la région de
la Gaule dans lesquels ils ont été recueillis, nous est connue;
2° Ceux dont nous ignorons la provenance, mais dont nous con-
naissons les possesseurs;
3° Ceux, en très petit nombre, dont la provenance et les posses-
seurs sont inconnus;
4" Enfin ceux qui ont été trouvés hors du territoire de la Gaule,
i. Voir ci-dessus, le § 1er de l'Introduction.
1
ANNEAUX DONT LA PROVENANCE EST CONNUE
Ces bijoux sont décrits dans l'ordre des provinces ecclésiastiques
et des diocèses de la Gaule l.
PREMIÈRE LYONNAISE
DIOCÈSE DE LYON
I
ANNEAU d'aSBOLIDS, TROUVÉ DANS LE LIT DE LA SAÔNE, A LYON
OU PRÈS DE LYON 2
Vers l'année 1834, on a trouvé, dans le lit de la Saône, la magni-
fique bague reproduite en tête de celle notice. Elle a appartenu
1. Tel qu'il est établi dans la Notice de la Gaule, rédigée à la tin du iv° siècle.
Voir ci-dessus le S Ier de l'Introduction.
2. Voir un extrait de la lettre de Mgr de Bonald, dans E. Le l'Iant, Inscript,
chrétien, de la Gaule, antérieures au vnte siècle, t. 1, p. 64.
4
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
à M>r le cardinal de Bonald, décidé archevêque de Lyon, qui, en
la communiquant à notre confrère regretté E. Le Blant, lui signala
les opinions divergentes émises, par deux êminents archéologues
sur la date à laquelle elle devait être rapportée : M. Visconti la
faisait remonter au iuR siècle, et le l\ Marchi, conservateur des
Catacombes de Rome, la croyait du ivc. Ce dernier avis me semble
le meilleur, parce que le travail du bijou est évidemment d'une
basse époque. Tel est aussi le sentiment de M. de Boissieu et de
Le Blant1.
C'est un anneau d'or, dont l'ouverture est de 20 millimètres
entre le chaton et la partie opposée de la lige, de 18 entre les deux
côtés. Le chaton, soudé sur cette tige, estime cuvette ovale, haute de
40 millimètres, et évasée au sommet, où elle a 21 millimètres;
dans sa largeur, elle contenait primitivement une gemme, quiaété
perdue et qu'on a remplacée par une émeraude.
La tige, qui est ronde, de grosseur inégale et a, par place, 2, 3
ou 4 millimètres, esi décorée de palmettes près du chaton.
Sur la partie inférieure de la cuvette, on lit, d'un côté, ASBOLI,
suivi d'une palme, et de l'autre, VIVAS IN DEO.
Nous avons dans ces trois derniers mots, un exemple de la for-
mule acclamatoire VIVAS ou VIVAT IN DEO, qui se retrouve sur
d'autres anneaux3.
II
BAGUE TROUVÉE AU VILLAGE DE LA GARDE (LOlRlc)3
Voici une belle bague en or, qui a été trouvée, en 1884, par un
1. Op. cil., préface, p. cxlui.
2. Voir plus bas les nps CXVI, GI.XXXI, GCLX et GGLXVI.
3. Cette localité dépend des commune et canton de Boën, arrondissement de
Montbrison.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
5
cultivateur, au lieu dit La Garde (Loire). Au cours de cette
aimée, elle fut, au nom de M. Coiffet fils, négociant à Leignieu, qui
en était sans doute devenu acquéreur, communiquée à la Société
de la Diana, et c'est M. Vincent Durand, secrétaire de cette Société
et membre correspondant de la Société des Antiquaires de France,
qui nous en a envoyé d'excellents dessins, avec un extrait du Bul-
letin de la Diana, contenant une description très déiaillée, que
nous n'avons qu'à reproduire :
« Cette bague, dont le faible diamètre intérieur (19 millim.)
prouve qu'elle a dû orner un doigt de femme, est d'un travail très
élégant. Le cercle est plat, large de 6 millimètres, et orné de trois
rangs de grènelis, que séparent des fils d'or juxtaposés deux à deux
et tordus en sens inverse de manière à simuler des tresses. Le
chaton forme un plateau carré de 10 millimètres de côté, sur lequel
repose un édicule à jour, de pareille hauteur, percé, sur chaque
face, de deux arcades en gros fil d'or tordu et pourvues de petites
bases; cet édicule est coilfé d'un toit à quatre pentes, dont la base
et les arêtes sont garnies de filigrane. Un ornement, aussi en fili-
grane et semblable à un V renversé dont les extrémités seraient
recourbées en dedans, remplit chacun des triangles au sommet, et,
dans un cercle de filigrane qui en relie les quatre arêtes, paraît
avoir été serlie une très petite pierre ou une goutte d'émail1. »
M. Vincent Durand, répondant aux questions que je lui avais
adressées, a joint à son envoi les renseignenients suivants :
« L'inventeur ne paraît pas avoir fait attention à ce qui pouvait
accompagner l'objet précieux que son outil ramenait au jour. Il
est probable qu'il n'a rien trouvé d'intéressant. L'hypothèse d'une
sépulture semble devoir être écartée. Outre que les défoncements
pour plantations de vignes atteignent rarement plus de 0"',60 de
profondeur, la sépulture d'un personnage possédant un pareil
bijou eût très vraisemblablement été faite dans un sarcophage de
pierre, dont l'existence ne serait pas restée inaperçue. Je n'ai
jamais ouï dire qu'il y ait eu un cimetière à La Garde. Ce lieu est
contigu à une voie antique, appelée dans le pays YEstra Français,
tendant de Montbrison à Roanne, et j'ai reconnu, à peu de dis-
tance, des antiquités gallo-romaines ou mérovingiennes2. »
1. Bulletin de la Diana, t. III, p. 12.
2. Lettre du 3 avril 1890.
6
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
En présence de ces dernières informations, l'on no s'explique
guère que les ailleurs de la communication aient attribué la bague
dont il s'agit à l'époque carolingienne (sans appuyer d'ailleurs celte
conjecture d'aucune raison), alors que les débris signalés par
M. J. Durand auraient dû les faire incliner vers une attribution
plus ancienne, que justifient d'autres rapprochements.
Le travail peu ordinaire et de grande recherche de ce bijou rap-
pelle celui de plusieurs anneaux par nous décrits dans la suite de
cet ouvrage et dont l'origine mérovingienne n'est point douteuse.
Ces ressemblances et la circonstance du voisinage immédiat d'an-
tiquités gallo-romaines et mérovingiennes conduisent naturelle-
ment à faire remonter la confeelion de ce bijou aux temps de la
première dynastie gallo-franque.
III
BAfiUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE DANS LE DÉPARTEMENT DE LA
LOIRE
Cette bague appartient à MM. Hollin et Feuardent, les savants
antiquaires bien connus de Taris, qui me l'ont communiquée.
Elle est en cuivre; elle a 20 millimètres d'ouverture ; sa tige, qui
a 7 millimètres de bailleur près du chaton, et 3 seulement du côté
opposé, est ornée, à droite et à gauche du chaton, de simples traits
et d'un cercle avec un gros point au centre.
Le chaton, ménagé à même le métal, est un carré long, mesurant
11 millimètres de liant sur 15 de large. 11 est décoré d'un mono-
gramme composé de quatre caractères gravés en creux, savoir:
un |, un S posé en travers d'un second I bouleté, et d'un E termi-
nal : soit | S I E, génitif à'Isia. Parmi les noms propres germaniques
dont le radical est is, Fôrstemann a mentionné, comme usité au
virr siècle, celui de Li*, qui, à la première déclinaison latine, a
{. D'après Meichelbeck, llislor. Frisiag., n" 124, cl G Wigaud, Tradil. Cor-
beiens, 248, 266 et 342; Fôrstemann, l>ersonennnmen, col. 803.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
7
fait hia. Le S barré parle deuxième I, a en outre, par la place qu'il
occupe, la valeur de l'abréviation de Signum. Nous avons ainsi,
pour l'ensemble de l'inscription,
S\[gnum) ISIE-
Notons, enfin, le cercle avec un gros point au centre, gravé sur
la tige, genre d'ornement qui se trouve particulièrement sur les
bagues et objets divers de toilette provenant des sépultures barbares
de la Bourgogne cisjurane et transjurane, et qu'il esl naturel de
rencontrer sur un bijou trouvé dans le département de la Loire.
DIOCÈSE VAUTUN
IV
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A AI'TUN (sAÔNE-ET-LOIRE'
L'anneau qui figure en tête de cetle notice est en bronze, d'une
conservation presque parfaite, car il n'a subi de cassure que dans
une faible partie du cbaton.
Ce bijou, dont l'existence m'a été signalée par mon savant con-
frère M. Héron de Villefosse, appartient à la collection de M. lîul-
liot, archéologue distingué du département de Saône-et-Loire, qui
m'en a donné communication.
Il a 2 centimètres d'ouverture, et le pourtour, qui est arrondi, a
une épaisseur de 3 millimètres. Un chaton ovale, de 15 millimètres
de longueur sur 12 millimètres de hauleur, a été ménagé à même
le métal : il est orné d'un monogramme gravé en creux et entouré
d'un filet également gravé en creux. Il est accosté de deux cabo-
chons entaillés dans le métal comme nous les retrouverons sur un
certain nombre d'anneaux.
La première lettre du monogramme est un E rétrograde, suivi
du N et du D, après lequel revient l'E initial, puis un v formé par
8 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
le deuxième angle du N> et, pour finir, le S posé en travers de la
barre intérieure du N,ot qui, à raison de la place q u " i 1 occupe et de
l'importance que le graveur lui a donnée, représente 1 initiale de
Signavi. L'ensemble de l'inscription nous donne ainsi le nom de
ENDEVS S{ignavi)
qui fut celui d'un saint abbé du monastère d'Aran en Irlande,
mort vers l'an 540', et que, dans les listes françaises, on appelle
Endêe".
V
ANNEAU DE SIPURA SATIGENI, DÉCOUVERT A AUTUN
Voici un très intéressant anneau, trouvé, en 1892, dans la ville
d'Autun, à gauche de l'ancienne voie pavée de grands blocs, rue
de Marchaux, dans la direction de la porte d'Arroux. D'après une
note de mon savant confrère et ami, M. Anat. de Barthélémy, le
lieu précis de la découverte est un jardin situé à 60 mètres environ
de la dite porte, dans un défoncement de terrain d'un mètre de
profondeur.
Sur cet emplacement, où il y avait une habitation de grande éten-
due, on a recueilli, depuis un demi-siècle, une quantité considé-
rable d'antiquités3.
Notre bague est en argent; elle a 16 millimètres seulement
d'ouverture entre le chaton et la partie opposée de la tige, 18 1/2
1. Bolland., Acta SS., mens, mart., t. IIÏ, p. 267-269.
2. Annuaires histoviq. publiés par la Société de l'Histoire de France, année
1857, p. 818; année 1860, p. 62.
3. Notamment une belle lampe en bronze, deux statuettes de génies ailés, des
débris de figurines en terre cuite blanche, des débris de creusets avec résidus
de bronze, des fragments de peintures murales, etc.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
9
mesurés dans l'autre sons. La tige a 2 1/2 millimètres de hauteur
près du chaton, et présente, à cet endroit ainsi que sur ses deux
côtés, un renforcement sensible. Le chaton, pris dans la masse,
est un petit carré long, de 3 millimètres de haut ei i de large,
sur lequel est gravé un lion passant à gauche (pour le lecteur).
A gauche du chaton, la légende SIPVRA; adroite : SATIGENI.
D'après les très faibles dimensions de cet anneau, il faut y voir
le bijou d'une femme appelée Sipura, et le deuxième nom, au
génitif, Satigeni, désigne le père1 ; en sorte que l'inscription, com-
plétée dans ce sens, doit se lire ainsi :
SIPVRA SATIGENI {filïa sous-entendu).
VI
BAGUE AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DE GAMAY (cÔTE-d'or)
La bague ci-dessus figurée, publiée par H. Baudot dans son mé-
moire sur les Sépultures des. Barbares de l'époque mérovingienne,
appartient au Musée de Dijon3.
Klle est en argent: elle a 17 millimètres seulement d'ouverture,
ce qui indique qu'elle était à l'usage d'une femme. La tige, qui est
une bande de métal, a 8 millimètres de hauteur près du chaton, où
elle est ornée d'un trifolium, et 5 du côté opposé, où les deux bouts
de la bande de métal sont soudés l'un sur l'autre.
1. Sa%enwsest un vocable gaulois: il y a, dans César, De Bello Gallico, la men-
tion d'un chef aulerque appelé Camulo-genus (VN, 57 , 59, 61); une esclave de
la cité de Burdlgala, sous l'empire romain, s'appelait Nemeto-gena (Jullian,
Inscriptions romaines de Bordeaux, n° 76).
2. La commune de Gainay dépend du canton de Nolay, arrondissement de
Beaune.
3. P. 166. Ce bijou avait élé déjà publié par le même savant, dans le recueil
des Mémoires de la Commission des Antiquités de la Céte-d'Or, t. V, p. 292.
10
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Le chaton, pris dans la niasse, qui a été simplement aplatie en
cet endroit, est un carré long, de 10 millimètres 1/2 sur 8 de hau-
teur. Il présente, gravé en creux, un monogramme identique à celui
d'un anneau décrit ci-dessus'; il comprend un |, suivi d'un S traversé
par un deuxième I, et du E final : soit, pour l'ensemble, ISIE 2. Le
S barré par le deuxième I doit, en outre, d'après la place qu'il
occupe et ses dimensions, représenter l'abréviation bien connue de
Signum. Nous avons donc pour l'inscription entière:
S\{gnum) ISIE1
VII
ANNEAU TROUVÉ A SAINTE-SARINE (cÔTE-d'or) *
Voici un anneau d'or pur, qui appartient au Musée de la Com-
mission des antiquités de la Côte-d'Or et a été publié par EL Baudot 5.
Il n'a que 15 millimètres d'ouverture; le chaton ovale, qui est
soudé sur la baguette, a 8 millimètres de large sur 4 millimètres 1/2
de hauteur, et est orné d'uu dessin perlé.
Ce bijou a été recueilli dans un des cercueils fouillés à Sainte-
Sabine, avec une belle épingle à cheveux en or, des fibules et des
grains de collier, qui dénotent la présence d'une sépulture fémi-
nine, et expliquent la très faible ouverture de la bague.
1. N° III.
2. Géniti f d'un nom féminin formé sur le radical germanique is et le vocable hi.
Voir la note du n° III ci-dessus.
3. Quand j'ai publié cette bague pour la première fois (Rcv. archéol,., année
1892, t I, p. 52), j'ai interprété le monogramme par S{ignura) VNE : je n'avais
pas donné une attention suffisante à la barre sur laquelle est posé le S et qui,
étant séparée en liant et en bas des deux lettres latérales, ne peut être la
barre intérieure d'un N et conserve la valeur d'un deuxième |.
4. La commune de Sainte-Sabine dépend du canton de Pouilly-en-Monlagne,
arrondissement de Beaune.
5. Sépultures des Barbares de V époque mêrov., p. 157, pl XXVII, fig. 12.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN Af,E
VIII
AUTRE ANNEAU TROUVÉ A SAINTE-SARINE (CÔTE-d'or)
11
Ce bijou a été recueilli dans la même sépulture féminine que la
bague ci-dessus décrite. Comme celle-ci, il a 15 millimètres d'ou-
verture; la tige, gracieusement striée, est plus épaisse et plus large
(4 millimètres près du chaton).
Le chaton, en forme de losange, soudé sur cette tige, présente,
au centre, une petite pierre d'émail grisâtre, entourée de quatre
grenats.
Notre anneau a été publié dans l'ouvrage déjà cité de H. Bau-
dot'.
IX
ANNEAU DE GAUDIOSUS, TROUVÉ A REAULON (ALLIER) *
Cette bague, qui est en cuivre, a été découverte à Heaulon, dans
le parc de M. Iioyer, avec des monnaies de toutes les époques,
s'écbelonnant depuis la période romaine jusqu'au xvi° siècle. Elle
appartient actuellement au Musée île Moulins.
Ce bijou a beaucoup servi, et la légère déformation qu'il a subie
a rendu irrégulier son diamètre intérieur, qui, mesuré dans un
sens opposé à celui du chaton, est de. 21 millimètres. La lige a
4 millimètres et demi de largeur et 2 d'épaisseur,
) . SêpuVures des Barbares de l'époque mêrov., p. 157, pl. XXV.U, fig. 13.
2. Reaulon est un chef-lieu de commune, dépendant du canton de Chevagnes,
arrondissement de Moulins (Allier). Nous reproduisons ce bijou et le suivant
d'après les dessins et empreintes qui nous ont été obligeamment adressés par
M. le baron de Mély.
12
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Le chaton, pris dans la masse et venu de fonte, a une forme
elliptique très allongée, et mesure horizontalement, c'est-à-dire en
largeur, 15 millimètres, et 7 de hauteur au milieu.
Sur ce chaton, est grave en deux lignes le nom de Gaudiosus,
suivi d'une croisette :
GAVDIO
SVS +
L'Eglise honore quatre saints de ce nom ; deux d'entre eux ont
vécu au vc siècle1, un troisième est mort en 530*, et le quatrième
était évèque avant 646 '.
On trouve aussi, dans le testament de saint Yrieix de 573, la
mention d'une femme d'affranchi appelée Gaudiosa* .
DIOCÈSE DE BESANÇON
X
BAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE A BRÉRY (jURA) 6
Cette bague appartient au Musée municipal de Lons-lc-Saulnier,
dont le savant conservateur, M. Robert, a eu l'obligeance de me
procurer les dessins reproduits ici, ainsi que ceux'du n° suivant.
Elle est en bronze, et se compose d'une mince tige, dont les deux
bouts ont été soudés l'un sur l'autre, et d'un chaton pris dans la
masse. L'ouverture de l'anneau, mesurée entre le chaton et la
1. Saint Gaudiose, évèque do Rrescia en 444 (Bolland., Acta Sanct., men.-.
mart., t. I, p. 6i8), el saint Gaudiose, évèque en Afrique, mort à Naples en 453
ou en 468 (ibid., mens, octob., t. XII, p. 582).
2. Évèque de Tarazona (Biblioth, Ilisp. veL, t. I, p. 427).
3. Kvêque de Salerne (Bolland., Acta Sanct., mens, octob., t. XI; p. 901).
4. Pardessus, Dipl. et ch., t. I, p. 138.
5. La commune de Bréry dépend du canton de Sellières, arrondissement de
Lons-le-Saulnier.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
13
pari ic opposée, est de 20 millimètres; dans l'autre sens, elle n'a
que 19 millimètres. La tige, sur laquelle on a buriné quelques or-
nements, a 8 millimètres de hauteur près du chaton, 4 seulement
en face. Le chaton, qui a la forme d'un carré long, a 8 millimètres
et demi de hauteur sur une largeur de 15 millimètres. Il présente
un monogramme, qu'il faut envisager sans tenir compte de dessins
tracés de chaque côte et qui sont insignifiants. On distingue, au
sommet de ce monogramme, un A; à droite et à gauche, un L;
au centre, un N ; dans l'angle de l'A, un V ; et puis un S posé obli-
quement sur la barre intérieure du N ! nous avons ainsi un groupe
formant le mot ALLNVS, et, avec un | représenté par la dite barre,
le nom de :
ALLINVS
qui fut usité dans la période gallo-franque. On voit, en effet, un
abbé ainsi appelé, souscrire une donation faite, en 715, par l'abbé
Adon à l'église de Saint-Remy de Reims' ; et un autre personnage
du môme nom, mentionné en 724, sans aucune qualité, parmi les
témoins d'une charte de concession consentie au monastère de Wis-
sembourg*. Le vocable A/linus est d'ailleurs le diminutif de celui
d'yl//o, que nous trouvons dans deux actes datés, l'un de 657 et
l'autre de 667 '.
Le S traversé par le trait oblique intérieur, a en outre la valeur
de SI, initiales de S\(gnavi). Nous avons donc pour l'ensemble de
l'inscription :
ALLINVS S\{gnavi)
XI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A MACORNAY (JURA) 4
Ce bijou de bronze appartient au Musée municipal de Lons-le-
Saulnier.
11 est visiblement de la même fabrique que celui de Bréry décrit
ci-dessus, car il se compose d'une tige, ornée de la môme façon,
1. Pardessus, Dipl. et ch., t. II, p. 301.
2. Ubi supra, p. 453.
3. Inc. cit., p. 10 3 et 142.
4. Macornay est une commune dépendante des canton et arrondissement de
Lons-le-Saulnier.
14
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
avec les extrémités appliquées l'une sur l'autre pour fermer l'an-
neau, et d'un chaton carré, ménagé à même le métal cl dont l'état
de dégradation ne permet de retrouver aucune trace de l'inscription
qui devait le couvrir.
Mais la bague de Macornay diffère de celle de Bréry en ce que
l'ouverture en est sensiblement plus étroite (17 millimètres au lieu
de 20), et il y a toute raison de penser qu'elle devait être portée
par une femme ou par un enfant.
DIOCÈSE DE WINDISCH
XII
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DE HOHRERG (SUISSE)
Voici une bague en argent trouvée dans une tombe, à Hohberg,
prés Soleurc. Elle a été publiée, d'abord, par la Société des anti-
quaires de Zurich ', puis par M. Mommscn* et en dernier lieu par
E. Le IJIanta. Le chaton est un carré long de 14 millimètres
1. Mittheilungen der Antiquurischcr Gesellschaft in Zurich, l. III, pl. VIII,
fig. 20, et page 48.
2. Inscript. confeditf. Hoct., p. 102.
3. Inscripl. chrét.de lu Gaule, L I, pl. XLII, fig. 217.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
15
sur 8 de hauteur, ménagé à même le métal, et accosté d'ornements,
au delà desquels il y a, de chaque côté, un A.
Dans le chillre gravé sur le chaton, E. Le Blant a lu VERANI, et,
à 1 appui de cette interprétation, il a rappelé que le nom de Ver anus
a été porté par des personnages ecclésiastiques du ve et du
VIe siècle'.
Cette leçon de mon savant confrère soulève quelques objections.
La déclinaison du nom au génitif implique généralement la pré-
sence, dans le monogramme, de l'initiale de Signum ou Subscripiio,
laquelle n'existe point ici. D'un autre côté, dans l'hypothèse pro-
posée, la lettre Ai placée à droite et à gauche du chaton, reste sans
emploi et sa présence est inexpliquée
Il me semble très préférable de lire le nom de
+ EVARA
dont la formation est tellement naturelle et facile qu'elle n'exige
aucune justification.
Je n'ai pas encore rencontré, dans les listes de noms de la pé-
riode gallo-franque, celui à'Evara; mais Evara et Evarus ont assu-
rément été usités; car, de cette forme composée sur le thème pri-
mitif d'Eva, sont dérivés des vocables bien connus, tels que celui
d'Evaricus, évéque de Tours au vu0 siècle9, et celui d'Evarislas,
porté par deux saints, dont l'un fut pape au ue siècle5, et l'autre
fut martyrisé, avec Priscien et d'autres, au IVe \
DIOCÈSE DE LANGUES
XIII
BAGUE AVEC LE S BARRÉ, TROUVÉE A CESTRE (cÔTE-d'or) 4
Cette bague a été trouvée, en 1893, au cours de fouilles exécutées
1. Vbi supra, p. 492 et note 2.
2. Dom Bouquet, Historiens de France, t. IV, p. 676, note.
3. Bolland., ActaSS., mens, octobr., t. XI, p. 799.
4. Ibid., mens, octobr., t. VI, p. 449. On peut joindre à ces exemples ceux où
l'on trouve le nom d'Euvuristus, et peut-être aussi celui d'Everus, évèque de
Catane au iu° siècle. Cf. Cajetanus, VU. SS. SicuL, t. I, p. 89.
5. Le hameau de Cestre dépend de la commune de Verdonnet, canton de
16
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
par la Société archéologique du Châtillonnais, dans un sarcophage
en pierre, où elle était encore attachée au doigt du squelette. Un
vase en terre grise était placé à gauche et tout près de la tète l.
L'anneau n'a que 18 millimètres, ce qui indique qu'il était à
l'usage d'une femme; il est formé d'un ruban assez mince, qui a
10 millimètres de largeur près du chaton, 7 seulement du côté
opposé. Il présente, à droite et à gauche, quelques ornements très
simples et d'un travail rudimentairc.
Le chaton, pris dans la masse du métal, est un parallélogramme
de 20 millimètres de hauteur sur 24 de large; au centre, est gravé
en creux un S, traversé par une barre oblique dirigée de l'un des
angles du chaton vers l'angle opposé. Sur ou sous la lettre S (car
le bijou peut être envisagé indifféremment dans un sens ou dans
l'autre), il y a une croisette ou étoile à quatre rayons et un globule.
Trois des quatre côtés du chaton ont une bordure avec des orne-
ments.
Il est à peine besoin de dire que le s barré du chaton a ici,
comme sur d'autres anneaux par nous décrits, la valeur bien con-
nue de Sl(<?ww) ou §\{gillum), et que c'était là un cachet, que son
propriétaire apposait à côté de son nom sur les actes où il figurait.
A l'opposé de ce chaton, est gravée une croix égale polencée,
formant un contre-chaton.
XIV
ANNEAU AVEC CROIX, TROUVÉ A NESLE (cÔTE-d'or) *
Cet anneau de bronze a été recueilli par M. Henri Corot, au cours
Laignes, arrondissement de Châliilon-sur-Seinc. Le savant conservateur du
Musée de Châlillon-sur-Seine, M. Lorimy, m'a spontanément envoyé les dessins
de cet inléressant bijou, ainsi que les renseignements reproduits dans la pré-
sente notice; je lui adresse ici tous mes remerciements.
1. Lettres de M. Lorimy, des 11 janvier, 20 et 24 février 1894.
2. La commune de Nesle dépend du canton de Laignes, arrondissement de
Châlillon-sur-Seine.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
17
de fouilles exécutées par lui sous les auspices de la Société anthro-
pologique de Paris, dans les sépultures mérovingiennes de la forêt
de JNesle, à 6 kilomètres de Cestre
11 a été recueilli dans une tombe masculine; il a 2i millimètres
d'ouverture, et sa tige a 6 millimètres de hauteur près du chaton,
3 seulement du côté opposé.
Le chaton, de forme ronde, serti dans un cercle de bronze, a
14 millimètres de diamètre ; le tout est soudé sur la tige. Il présente,
gravée en relief, une croix à larges branches égales, dont chacune
est partagée en deux par un trait au burin. Au centre de la croix
et entre les quatre branches, il y a des annelets avec un point au
milieu. Sur la branche inférieure, est tracée au burin une petite
croix.
M. Corot croit que l'anneau était au médius de la main droite du
défunt».
On n'a trouvé aucun autre bijou dans cette sépulture3.
XV
DAGUE AVEC DEUX D ENTRELACÉS, TROUVÉE A NESLE (cÔTE-d'ou)
Cette bague provient, comme la précédente, d'une des sépultures
mérovingiennes de la forêt de Nesle. Elle a été trouvée dans la
tombe d'une femme, où divers autres bijoux et des objets de toilette
ont été recueillis4; M. Corot estime qu'elle était à l'annulaire de
la main gauche.
1. Ceslre est un hameau situé dans la commune de Verdonnet, canton de
Laignes.
2. Lettre de M. Corot, du 24 mai 1894.
'à. Lettre du même du juin 1894.
4. Voici la liste de ces objets : des pendants d'oreilles en argent; des agrafes
2
48
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Elle est formée d'un simple ruban de bronze de 8 millimètres de
hauteur; elle n'a que 17 millimètres d'ouverture.
Le ebaton, pris dans la masse, est un carré long de 7 millimètres
sur 10; il porte, gravés en creux, deux D adossés et entrelacés, tels
qu'on les voit en divers endroits de la façade du château d'Anet,
où ils représentent le cbifTre de Diane de Poitiers. C'était vraisem-
blablement aussi l'initia'e de la femme pour laquelle notre bijou
avait été fabriqué.
XVI
BAGUE AVEC UN SUJET GRAVÉ SUR LE CHATON, TROUVÉE DANS LA FERME DES
RIEPPES (CÔTE-D'OR)
Ce très intéressant bijou, qui appartient à M. André, brasseur
à Aisey (Côte-d'Or), a été trouvé sur les terres de la ferme des
Rieppes, commune de Coulmier-le-Sec '. Je le reproduis d'après
d'excellents dessins que m'en a adressés M. Lorimy, conservateur
du Musée archéologique de Châtillon-sur-Seinc.
11 n 20 millimètres d'ouverture : sa tige est plate. Le chaton, pris
qui étaient placées au niveau des deux épaules, un collier formé de grains
d'ambre et de verres de diverses couleurs, avsc émail blanc ou rouge. (Lettre
précitée du 1er juin 1894.)
1. Lettres de M. Hippoly te Lorimy, des 14 décembre 1895 et 5 février i 896 .
La commune de Coulmier-le-Sec dépend des canton et arrondissement de Chà-
Li lion sur Seine (Côte-d'Or).
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
L9
dans la masse, est un ovale octogone, et présente, gravés en creux
dans un cadre formé d'un trait au burin : sur le premier plan, un
oiseau, dont le bec est largement ouvert, et dont une partie de la
queue se replie en avant sur le dos, tandis que l'autre s'élève
droite à la hauteur du visage du personnage représenté au deuxième
plan, derrière l'oiseau. Ce personnage est de lace, tète nue et bar-
bue, et le buste drapé.
Quelle est la signification de ces deux figures?
L'oiseau que nous avons trouvé figuré sur plusieurs de nos an-
neaux est la colombe, avec ou sans un rameau au bec; dans le
premier cas, c'est une allusion à la colombe de l'Arche, dans le
second, un emblème du Christ.
En l'espèce qui nous occupe, l'oiseau ne me paraît pas pouvoir
être la colombe symbolique, par la raison qu'il ne pourrait être
accompagné que par l'image du Christ lui-même, lequel aurait
alors la tête nimbée; or, le personnage gravé derrière l'oiseau est
seulement tête nue. En outre, les formes de la queue de ce volatile
ne se trouvent dans aucune des représentations de la colombe, 'qui,
d'ailleurs ne les comportaient pas. Enfin, et c'est là, comme on va
le voir, un détail important, l'oiseau a le bec très largment ouvert,
ce qui a manifestement et ne peut même avoir d'autre signification
que celle d'un chant ou d'un cri.
J'estime que cet oiseau est un coq, et son chant ou son cri est
une allusion à la prédiction du Sauveur disant à son disciple que,
dans la nuit même qui allait suivre, celui-ci le renierait avant que
le coq eût chanté1. Ainsi s'expliquent les formes de la queue dont
les plumes retombent en volute, et la présence du personnage du
deuxième plan, qui ne serait autre que saint Pierre.
XVII
AUTRE BAGUE AVEC APPENDICE REPRÉSENTANT UNE TÊTE HUMAINE ?, TROUVÉE
DANS LA FERME DES RIEPPES (cÔTE-d'or)
Cette bague, qui appartient au Musée archéologique de Châtil-
lon-sur-Seine, a été, comme celle que nous avons décrite dans la
1. Évang. selon S. Mathieu, xxvi, 69; S. Marc, xiv, 6G ; S. Luc, xxix, 56;
S. Jean, xviii, 17.
20
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
précédente notice, trouvée sur les terres de la ferme des Rieppes,
en un lieu dit La Grand '-borne ' .
Elle a 18 millimètres d'ouverture: elle est munie d'un appendice
difficile ù définir. Cet appendice a 10 millimètres de relief au-des-
sus de la tige, laquelle a 3 millimètres de hauteur. On a peut-être
voulu, dans ce grossier travail, représenter une tète humaine; les
deux cavités supérieures figureraient les yeux', celle du centre la
houche, et les deux saillies latérales de la mâchoire, la barbe par-
tagée en deux toulfes2.
XVIII
UAGUE AVEC LE CHRISME AU CHATON, TROUVÉE A QU1NCEROT (YONNE) 3
La bague que je publie ici, grâce à la communication qui m'en
a été faite par M. Henry Corot'*, a été trouvée, il y a quelques
années, par M. l'abbé Patrisat, qui en est resté possesseur.
Elle est en cuivre : elle a 19 millimètres de diamètre intérieur;
sa tige a, près du chaton, 5 millimètres de hauteur. Le chaton,
1. Dans le voisinage d'une voie romaine et à proximité d'un menhir (Lettre
de M. Lorimy, du 14 décembre 1895).
2. M. Lorimy fait remarquer que celte bague se rapproche des clefs-anneaux
de l'époque romaine. « Mais, ajoute-t-il, par sa forme circulaire et ses ajours
en ogive, elle semble beaucoup plus récente. » (Lettre précitée.)
3. La commune de Quincerot dépend du canton de Cruzy, arrondissement de
Tûiirnus.
4 J'étais déjà redevable au savant antiquaire de Savoisy (Côte-d'Or) de la
communication des deux anneaux qui ont fait l'objet des notices XIV et
XV ci-dessus.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 21
ménagé à môme le métal, est de forme ovale, avec 13 millimètres
et demi dans sa plus grande largeur, et 9 dans sa plus grande
hauteur.
A droite et à gauche, un trait profond sépare le chaton d'un fort
bourrelet.
On y voit, gravé en creux, le chrisme, avec une croix qui y est
superposée.
XIX
BAGUE AVEC DEUX CHATONS PORTANT, l'un UN MONOGRAMME, L'AUTRE LE
CHRISME, ET PROVENANT DE COUVIGNON (aURe)
Voici une bague en bronze, trouvée à Couvignon (Aube)1, et
dominée par M. Soret au Musée archéologique de Troyes.
Comme elle a été accidentellement déformée, il est difficile d'en
déterminer avec précision l'ouverture : elle a, dans la plus grande
largeur, 19 millimètres 1/2, et 16 dans la moindre.
Elle est décorée de deux chatons, pris l'un et l'autre dans la
masse et reliés par une baguette figurant, de chaque côté, un reptile
dont la tèle touche le plus grand des deux chatons.
Le chaton le pluspetit est rond, avecun diamètrede 9millimètres,
et présente gravé en creux, le chrisme avec une croix à branches
égales qui y est superposée.
L'autre a la forme d'un carré long de 13 millimètres sur 9 de
hauteur; il porte, également gravé en creux, un monogramme où
nous trouvons deux N (?), sur les barres obliques intérieures des-
quels sont posés deux S; au-dessous du premier il y a un V. au-des-
sous du deuxième un G mérovingien renversé. La première perpen-
1. Chef-lieu de commune dans les canton et arr. de Bar-sur-Aube.
22 ÉTDDE SUR LES ANNEAUX
diculairedu premier N (?) paraît intenlionnellement isolée et a peut-
être la valeur d'un I.
La présence de deux S barrés nie porte à penser qu'il y a là un
double monogramme et un double cachet, commun, peut-être, à
deux époux, mais dont je n'ai à proposer aucune explication.
DIOCÈSE DE CHALON-SUR-SAONE
XX
ANNEAU AVEC LE S BARRÉ, TROUVÉ A OULPHEY (SAÔNE-ET-LOIRE*)
Cet anneau, en bronze, qui a été recueilli dans une tombe cou-
verte de dalles brutes, appartient au Musée de Tournus2.
Il a 16 millimètres d'ouverture entre le chaton et le côté opposé
de la tige, 17 1/2 dans l'autre sens, dimensions qui indiquent que
le bijou était à l'usage d'une femme ou jeune fille. Cette tige, qui
a 6 millimètres de large auprès du chaton, va se rétrécissant de
îaçon à n'avoir plus qu'un millimètre. Elle est ornée, à droite et à
gauche du chaton, d'un cercle avec un point au centre, particula-
rité qui se remarque sur les bagues et sur les autres bijoux méro-
vingiens du pays burgunde.
Le chaton, en forme de carré long, pris dans la masse, a 6 mil-
limètres de haut sur 8 de large. Il porte, inhabilement gravé en
creux, un S barré, abréviation de S\(gntt?n) ou §\(gillum).
1. Oulphey est un village dépendant de la commune de Mancey, canton de
Sennecey-le-Grand, arrondissement de Chalon-sur-Saône.
2. Lettre de M. Martin, conservateur du dit Musée, qui m'a adressé les des-
sins de cet anneau et de plusieurs autres par moi décrits.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 23
XXI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A ATHÉE (cÔTE-d'or) 1
Cet anneau d'or a été trouvé sur la ligne du chemin de fer de
Paris à Dijon, dans la traversée d'une forêt, commune d'Athée : il
a été découvert le 3 mai 1892, par un ouvrier terrassier, dans une
tranchée de la voie ferrée, à 2 mètres de la surface. Remis par cet
artisan à sa sœur, le précieux bijou a été vendu par celle-ci à
M. Rhoné, neveu de notre confrère M. Alexandre Bertrand, qui V*
cédé au Musée de Saint-flcrmain.
M. Rhoné m'ayant confié ce bijou, j'ai pu le faire dessiner sous
toutes ses faces.
Il est en or jaune très pur : il a 22 millimètres d'ouverture ; sa
tige est ronde et a 2 millimètres 1/2 d'épaisseur. Le chaton, de
forme ronde, qui est soudé sur cette tige, est accosté, à droite et à
gauche, de deux cabochons en or : il a 13 millimètres 1/2 de dia-
mètre, y compris une bordure de grèuetis, et présente un mono-
gramme fort bien composé, où se distinguent aisément, à gauche
un B, aux panses duquel sont attachées les trois barres borizontales
d'un E; au sommet de deux hastes ou traits perpendiculaires du
monogramme, deux T; un O, posé sur la barre oblique intérieure
du N ; enfin, à l'extérieur de la deuxième haste, les trois traits
horizontaux d'un second E; ce qui donne pour l'ensemble :
BETTONE
l'ablatif du nom de Betto, ainsi décliné, comme on le voit sur
d'autres bagues par nous décrites a.
1. La commune d'Athée dépend du canton d'Auxonne, arrondissement de
Dijon.
2. Notamment AbLonc, dans le n° CCLXV.
24
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Le vocable de Betto a été fort usité dans le haut moyen âge : i
fut porté par un évêque de Gahors, présentai! concile de Bordeaux
de 662'; par deux autres personnages, qui souscrivirent des
actes de 6 1 S et 695 a; et par de nombreux monnayers de l'époque
mérovingienne, qui frappèrent à Reims, Bordeaux, Saint-Remy de
Provence, Senlis, Soissons, Bennes, Sion, Meaux, Aoste et dans
d'autres lieux 3.
DIOCÈSE DE MAC ON
XXII
ANNEAU AVEC S BARRÉ (?) TROUVÉ A FARGES LÈS-MÂCON (saÔNE-ET-LOIRE) 4
Ce bijou, qui est en bronze, a été trouvé chez M. Bourdon, proprié-
taire à Farges-lès-Màcon, dans une tombe de femme, couverte de
dalles brutes, et où l'on a recueilli en même temps une fibule en
fer, plaquée d'or. Il appartient au Musée de Tournus.
Il a 17 millimètres d'ouverture entre le chaton et le côté opposé;
la tige qui a, près du chaton, 7 millimètres 1/2 de hauteur, va se
rétrécissant jusqu'à n'en avoir que 2 : elle présente, à droite et à
gauche, quelques ornements très rudimentaires. Le chaton, ménagé
à même le métal, a la forme d'un carré allongé en hauteur, de
1. Pardessus, Dipl. et ch., t. II, p. 130.
2. Ibid., t. I", p. 210, cl t. Il, p. 427.
3. An. de Barthélémy, Liste des noms de lieux et des noms d'hommes inscrits
sur les monnaies mérovingiennes, dans la Bibliothèque de l'École des chartes,
6" série, t. I.
4. Lettre de M. Martin, conservateur du dit Musée, du 19 juin 1892.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
25
7 millimètres 1/2 sur S. On y voit deux traits gravés en travers
l'un de l'autre, et qui étaient destinés sans doute à représenter le S
barré, abréviation de S\g[nit?n) ou S\(gMum).
Il existe, entre ce bijou et le précédent, une telle ressemblance
qu'il y a lieu de supposer que l'un et l'autre sont sortis du môme
atelier.
XXIII
RAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE PRÈS DE MÂCON (sAÔNE-ET-LO!Re)
Voici un bel anneau d'or, trouvé dans une localité des environs
de Màcon, dont le nom est resté inconnu: il a été acquis par la
Commission des antiquités de la Gôte-d'Or, et appartient au Musée
de Dijon \
L'ouverture de cet anneau, presque carrée, est de 20 millimètres
entre le chaton et le côté opposé, de 28 millimètres dans l'autre
sens. La tige, ronde, a 3 millimètres d'épaisseur et se prolonge sous
le chaton qui y est soudé, en la forme de deux pattes terminées en
volutes.
A droite et à gauche, il y trois cabochons disposés en feuilles de
trèfle, que nous retrouverons sur un grand nombre de nos an-
neaux.
Le chaton affecte une forme ronde, mais inégale : 20 millimètres
i. Lettre de M. d'Arbaumonl, vice-président de la Commission des antiquités
de la Gôte-d'Or, du 23 octobre 1891. Le savant archéologue nous fait connaître,
que, dans le rapport rédigé, au moment de l'acquisition, il est dit que « le bijou
est de l'époque carolingienne et a servi de cachet à un évèque de Màcon ».
Nous n'hésitons pas à penser, d'après la fabrique et les ornements de cette
bague, qu'elle est de l'époque mérovingienne. Quant à son attribution à un
évèque de Màcon, elle est absolument arbitraire.
20
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
en hauteur, y compris une bordure perlée, et 18 seulement en
largeur.
Il est décoré d'un monogramme compliqué, qui comprend un A,
un N, un S, un O et, de chaque côté, un E ou un F, terminé, à sa
partie inférieure, par un crochet où l'on peut voir la boucle d'un B
ou d'un D cursif. Le S posé sur la barre intérieure du N a sans
doute la double valeur d'élément composant du monogramme et
du S barré.
Je n'ai à proposer aucune explication quelconque du mono-
gramme.
XXIV
ANNEAU AVEC INTAILLE AU CHATON, TROUVÉ PRÈS DE MÂCON
Cet anneau d'or, trouvé aux environs de Mâcon, est conservé
dans les vitrines du Musée archéologique de Genève Ml a été édité
par M. J. Mayor, conservateur du Musée Fol à Genève2, et c'est
d'après les dessins de cet archéologue distingué que je le reproduis
ici, avec la description qu'il en adonnée.
« Le diamètre de cet anneau est, dit-il, fort petit (14 millimètres
environ), et il n'a pu appartenir qu'à un enfant. La tige, en fili-
grane d'or pur, se compose de plusieurs fils recourbés de diverses
manières, et réunis, à la partie inférieure du bijou, en une seule
tige garnie de trois petits globules; le chaton, maintenu entre les
deux extrémités les plus larges de la tige, est formé d'une cuvette
ovale en or, longue de 10 millimètres, large de 7 et profonde de 4,
qui relient une intaille en verre bleu foncé.
« Le sujet gravé est diflicile à déterminer; il comporte deux per-
sonnages, le plus petit debout et l'autre plus grand, également de-
bout, mais penché sur le premier et paraissant le palper. »
1. Cote C, n° 487.
2, Rcv. archéolog., année 1593, t. II, p. 104-105.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
27
M. Mayor s'est demandé si l'on n'aurait pas voulu représenter
ainsi « Prométhée créant l'homme à l'image des dieux. » Mais
cette hypothèse ne me semble point motivée, et j'estime qu'il vaut
mieux s'abstenir de toute interprétation.
XXV
ANNEAU AU SYMBOLE DE LA OLOMBE, TROUVÉ A CHARNAY (sAÔNE-ET-LOIRe) 1
Cet anneau, eu argent, a été découvert dans une des sépultures
mérovingiennes de Charnay, et appartient au musée de Dijon. 11 a
été publié d'abord par Henri Baudot2, puis par M. Lindenschmit3.
11 a 21 millimètres d'ouverture; sa tige est plate et a 10 milli-
mètres dans sa plus grande hauteur; elle est décorée d'un grènetis
ou cordon perlé à ses deux bords, et d'un trifolium à droite et à
gauche du chaton. Ce chaton, soudé sur la tige, est un carré de
12 millimètres de côté, orné sur trois côtés d'un grènetis, et, au
cenlrc, d'un oiseau, dont une aile est éployée. Tous les ornements
sont gravés en creux. Du côté opposé au chaton, la bague présente
un autre chaton très petit, que M. Baudot a défini « un petit bou-
ton », et qui est également soudé sur la baguette.
Quant à l'oiseau gravé sur le chaton principal, il n'y a pas à
chercher, comme on l'a fait, à en déterminer l'espèce4. C'est la
figuration maladroite et grossière de la colombe symbolique, qui
1. Charnay est une commune dépendante des canton et arrondissement de
Màcon.
2. Mémoire sur les sépultures des Barbares de l'époque mérovingienne, in-4,
1860, p. 66 et pl. XV, n° 19.
3. Ilandbuch der deutschen Alterthumskunde (ir' partie, époque mérovingienne),
pl. XIV, n° 4.
4. « Dans le chaton gravé en creux, oiseau dont le gros bec rappelle le tou-
can. » Baudot, ubi supra, p. 66.
28
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
est représentée sur plusieurs de nos bagues, et qui est, parmi les
figures symboliques du Christ, la plus fréquemment employée'.
XXVI
autre anneau avec monogramme, provenant de charnay
(saône-et-loire)
Voici un anneau de bronze provenant de Charnay, publié pour
la première fois par H. Baudot" et après lui par M. Lindenschmit3.
Il a 19 millimètres d'ouverture; la tige a 2 millimètres 1/2 de
hauteur; le chaton, pris dans la masse et de forme hexagone, a,
au centre, une hauteur de 9 millimètres, et. d'un côté à l'autre, une
largeur de 14 millimètres; il est décoré d'un monogramme, où
l'on distingue les lettres V, N, E, et un S, posé sur la barre oblique
intérieure du N. Cette dernière lettre, d'après la place qu'elle
occupe et ses dimensions, supérieures à celle des autres caractères,
doit rcprésenler l'initiale de Sigmim ; les trois lettres VNE tonnent,
décliné au génitif, un nom de femme mentionné par Goldast1, et
d'où sont dérivés d'autres vocables mités au moyen âge, tels que
Utiaca, Unaka, Uncca1.
Ajoutons que la faible ouverture de la bague qui nous occupe
vient à l'appui de l'attribution à un personnage féminin.
Nous lisons donc :
S{ignum) VNE.
1. Voir plus loin les n°* XXV, XX\II, LXXI, GXXIII bis, CXXIV, CGLX,
CCLXII, CCI.XIX, CCXCI ctCCXCJII.
2. Sépultures des Barbares à .''époque mérovingienne, pl. XV, n° 21.
3. Handbuch der deutschen Altersthumskundu, ire partie (Antiq. meroving.,
pl. XIV, Bg. 6).
4. Rer. Alamanniear. scriptor., in-fol., 1739, t. II, p. 128.
5. Fôrstmann, Personennamen, col. 1213.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
29
XXVII
AUTRE BAGUE PROVENANT DE CHARXAY (SAON E -ET-LOlRE)
Celte bague, recueillie dans une des nombreuses sépultures de
Cbarnay, est conservée au Musée de Dijon. Elle a été publiée pour
la première fois par H. Baudot1, puis par M. Lindenschmit 2.
Elle a 18 millimètres d'ouverture; son chaton représente un
losange, qui mesure lo millimètres entre l'angle supérieur et
l'angle inférieur, et contient deux plus petits losanges se touchant
par un de leurs angles obtus; entre les deux, il y a une double
baguette; sur La tige, on a soudé un double fil d'argent, dont les
extrémités s'arrondissent en petites volutes à droite et à gauche du
chaton.
Cet anneau, publié successivement par H. Baudot 3 et dans
1. Sépultures des Birbares de l'époque mérovingienne, gr. in-4°, 1860, p. 66,
pl. XV, n» 18.
2. Handbuch der deutschen Alterthumskunde, pl. XIV, fig. 3.
:j. Sépultures des Barbares de l'époque mérovingienne, p. 66, pl. XV, n« 20.
XXV11I
AUTRE ANNEAU TROUVÉ A CHARNAY (SAONE-ET-LOIRe)
30
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
l'ouvrage de M. Lindcnschmit cité plus haut1, appartient au Mu-
sée de Dijon.
11 a 21 à 22 millimètres d'ouverture; sur la tige, qui est mince,
on a soudé un chaton de forme ronde, de 19 millimètres de dia-
mètre, orné, au centre, d'un émail bleu, entouré d'un grènetis,
lequel est lui-même enfermé dans un plus large cercle cordé;
le bord du chaton est coupé en biseau.
XXIX
BAGUE EN VERRE, TliOUVÉE A FISSY (sAÔ.NE-ET-LOUU.V
Nous reproduisons ici une bague recueillie dans une tombe cou-
verte de dalles brutes3. Elle fait partie de la collection donnée au
Musée de Tournus par M. Legrand de Mercey.
Elle est en verre blanchâtre.
Elle a 14 millimètres d'ouverture entre la partie où est le chaton
et la partie opposée de la tige, 15 millimètres dans l'autre sens : ce
faible diamètre indique un bijou de femme. La tige, ronde et gros-
sièrement venue à la fonte, a 6 millimètres 1/2 du côté opposé. Elle
est ornée d'un chaton en verre bleu.
XXX
BAGUE AVEC L1N1TIALE N AU CHATON, TROUVÉE DANS LE DÉPARTEMENT DE
SAÔNE-ET -LOIRE
Cette bague, en bronze, conservée au Musée de Tournus, fait
1. Pl. XIV, 5.
2. Fissy est une commune dépendante du canton de Lugny, arrondissement
de Màcon.
3. On a recueilli, en outre, dans celte sépulture, une monnaie romain»!
(Lettre de M. Martin, du 19 juin 1892.)
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
34
partie d'une collection formée par M. Legrand de Mcrcey, d'objets
recueillis dans la contrée, et libéralement donnée par lui audit
Musée1.
Klle a 17 millimètres d'ouverture entre le chaton et le côté op-
posé, 18 dans l'autre sens, ce qui indique un bijou de femme ou de
jeune fille. La tige a, près du chaton, 2 millimètres 1 /2de hauteur,
2 à la partie opposée de la tige.
Le chaton, soudé sur la tige, est un carré régulier de 6 milli-
mètres de côté; on y voit, gravée dans un cadre tracé au burin, la
lettre qui est sans doute l'initiale du nom de la personne à
l'usage de laquelle le bijou était destiné.
DIOCÈSE D'A VENCHES, PUIS DE LAUSANNE
XXXI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A BEL-AIR, CANTON DE VAUD (SUISSE) 2
Cet anneau, provenant du cimetière de Bel-Air, près Chéseaux-
sur-Lausanne, appartient au Musée cantonal de Lausanne. Il a été
publié, en premier lieu, par M. Troyon3 et, après lui, par E. Le
Blant*. Il est orné d'un chaton, sur lequel est gravé un chitfre, où
1. Lettre de M. Martin, du 19 juin 1892.
2. Bel-Air est une localité voisine de Chéseaux-sur Lausanne.
3. Description des tombeaux de Bel-Air, 1841, p. 4 et 5, pl. I, n° 29.
4. Inscript, chrét. de la Gaule, t. I, p. 495, pl. XLII, n° 249.
32
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Ch. Lenormant, à qui E. Le Blant l'avait communique, a lu SIGV-
DVNVS ou SIGDVNVS.
Cette interprétation a le défaut d'être plus compliquée que ne le
comportent les cléments dont le monogramme est formé. En outre,
nous ne connaissons pas d'exemple, dans la période mérovingienne,
de l'un ou l'autre des deux vocables indiqués; en tout cas, s'il en
existe, ils sont assez rares.
L'explication proposée par Ch. Lenormant est, conséquemment,
peu acceptable a -priori, alors surtout qu'une leçon plus simple et
plus courte, bacée sur des exemples connus, se dégage aisément de
l'examen du monogramme.
11 y a, au centre, un caractère qui, ainsi que l'a bien reconnu
Ch. Lenormant. représente à la fois un G mérovingien et un S; un
V formé par l'angle de gauche (pour le lecteur), un D placé à droite ;
un I figuré par le trait oblique intérieur de N et cette dernière
lettre. En redoublant l'V on a les éléments du nom de GVDINVS.
La chronique de Saint-Bénigne de Dijon mentionne un Gudi-
nus, abbé de ce célèbre monastère dans le premier tiers du
viue siècle'.
On pourrait aussi, en redoublant le N, lire GVNDINVS, qui est
également un nom usité à l'époque gallo-franque2.
Ces leçons et surtout la première sont incontestablement préfé-
rables à celle de SIGVDVNVS, qui suppose, sans raison, le redou-
blement du S et un triple emploi du V, que le graveur aurait pro-
bablement fait entrer dans l'inscription si, à la place de Gudinus,
ihavait voulu y figurer un nom plus long et moins usité.
Notons, en terminant, la présence, dans ce monogramme, de la
lettre S, coupée obliquement pat un I, qui serait l'abréviation de
S\(gnavi) avec la leçon Gudinus, et de S\{onum) ou S\{gillum)
dans l'hypothèse du génitif Gudini.
1. Pardessus, Diplôm.et chart.,t. Il, p. 365, note.
2. On connaît un monnayer nommé Gundenus (A. de Barthélémy, Liste de
noms d'hommes inscrits sur les mort, mérov. dans la Biblioth. de VÊc. des chart.,
6^ série, t. I), et un personnage du \w siècle appelé Gunduinus (Charles de
667 et 693, dans Pardessus, ubi supra, p. 146 et 229).
DES PREMIERS SIÈCLES 1)U MOYEN -AGE
:33
XXXII
ANNEAU AU SYMBOLE DE LA COLOMBE, PROVENANT DE BEL-AIR (SUISSE)
Voici une bague en bronze, recueillie tout près de la tombe d'un
chef franc1, et qui appartient au Musée cantonal de Lausanne. Ce
bijou n'a que 16 millimètres d'ouverture, d'où l'on peut inférer
qu'il était porté par une femme ou une jeune fille.
Le chaton, qui est de forme ronde et a 13 millimètres de dia-
mètre, y compris une bordure en forme de galerie, est soudé sur la
tige, et accosté, aux deux points de jonction des trois globules ou
cabochons également soudés, que nous avons déjà signalés comme
caractéristiques de la fabrique de nos anneaux.
Sur le chaton, est grossièrement gravé en creux un oiseau, avec
une aile ôployée et surmontée d'une étoile, un des emblèmes du
Christ.
XXXIII
BAGUE ORNÉE DE POINTS OU GLOBULES DANS LES CERCLES, TROUVÉE A BEL-AIR
(suisse)
La bague que voici appartient, comme les deux précédentes, au
Musée cantonal de Lausanne.
On ne peut en certifier l'origine, mais on croit qu'elle provient
1. D'après les indications que contient à ce sujet le journal des fouilles tenu
par M. Aug. Regamey et conservé au Musée de Lausanne, où la bague dont il
s'agit porte le n° 174.
34
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
du cimetière gallo-franc de Bel-Air1. Elle est coupée dans une
feuille de cuivre, et a été fermée par la soudure d'une de ses bran-
ches sur l'autre, comme l'indique le dessin n° 2. Elle a 17 milli-
mètres seulement d'ouverture, ce qui dénote qu'elle élait destinée
à une main de femme. La tige a, près du chaton, 9 millimètres de
hauteur, et en face du chaton, au point de la soudure, 5 millim. Le
chaton, pris dans la masse, a la figure d'un carré irrégulier, de
10 millim. de haut sur 12 1/2 de large. 11 est couvert d'ornements
de fantaisie et accosté d'autres dessins assez grossiers en forme
d'arètes de poissons, et de trois points dans des cercles gravés en
creux, et disposés en feuilles de trèfle, remplaçant les trois cabo-
chons que nous rencontrerons souvent sur nos anneaux.
XXXIV
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A BEL-AIR (SUISSE)
Voici un anneau provenant d'une des tombes du cimetière de
Bel-Air et appartenant comme les trois précédents au Musée can-
tonal de cette ville, dans le catalogue duquel il figure sous le
n° 489. Il a été publié successivement par Troyon2 et par E. Le
Blant3.
Ce bijou est en bronze; il a une ouverture de 20 millimètres; sa
tige est une bande plate de mêlai, qui a, près du chaton, 8 milli-
mètres de hauteur et va en se rétrécissant jusqu'à la partie opposée.
Le chaton, soudé sur la tige, est un rectangle irrégulier, de
10 millimètres de haut sur 11 millimètres de large. Il est orné d'un
monogramme où Ch. Leuormant avait cru trouver le nom de Ra-
gnerius1'. Cette interprétation est inadmissible par deux raisons :
1. Telle est l'opinion de M. Morel-Fatio, qui a inscrit cet objet sur le catalogue
du Musée de Lausanne. (Lettre de feu H. Carrart, le regretté conservateur du dit
Musée, remplacé, depuis, par le savant professeur de Molin).
2. Uescript. des tombeaux de Bel-Air, p. 4, pl I, no 49.
3. Inscript, chrét. de la Gaule, t. I, p. 595, pl. XLH, fig. 249.
4. Voir E. Le Blant, Op. cit., t. I, p. 495 ; pl. XLII, n° 249.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
35
d'abord parce que le R qui entre deux fois dans le vocable n'existe
point dans notre monogramme. Ce que Cb. Lenormant a pris pour
un R est un G mérovingien rétrograde 9 ; ensuite parce que le faible
diamètre intérieur du bijou (18 millim.) ne convient guère à un
anneau d'homme et indique à priori une bague de femme.
On distingue aisément, dans l'inscription qui nous occupe, les
lettres suivantes : au sommet un A, à l'intérieur duquel il y a un V ;
au centre le G mérovingien rétrograde que j'ai noté plus haut et
dont le trait droit inférieur est intentionnellement prolongé pour
faire un 1 traversé parle S; enfin à gauche (du lecteur) un E rétro-
grade. Le tout représente le nom d'AVGISE, génitif d'AVGISA, décli-
naison féminine d'AVGIS, que Fôrstemann mentionne comme dé-
rivé du radical germanique AVG '.
Le génitif du vocable implique naturellement comme sujet le
mot Signum, et nous avons précisément ici le S barré {%), abrévia-
tion de ce substantif, qui a ainsi un double emploi.
En résumé, nous avons, pour l'ensemble du monogramme :
SMgnum) AVGISE.
XXXV à XXXIX
CINQ BAGUES RECUEILLIES PRÈS d'vVERDON, CANTON DE VAUD (SUISSE).
Les cinq bagues que nous allons décrire ont été recueillies dans
des tombes burgundes, aux environs d'Yverdon, et appartiennent
au Musée de cette ville.
Elles ont été publiées en 1862, par M. L. Rochat 2. Mais comme
elles n'ont été reproduites par lui que sous un seul aspect, je me
suis adressé, pour en avoir une figuration plus complète, au savant
conservateur du Musée cantonal de Lausanne, M. le professeur
de Molin,qui m'a adressé d'excellents dessins de quatre d'entre elles3.
La cinquième4 a été dessinée par M. Mayor, conservateur du
Musée Fol, à Genève, qui a bien voulu m'envoyer des renseigne-
1. Fersonennamen, col. 181.
2. M. de Molin a succédé, dans ses fonctions, au savant et regretté professeur
Carrart.
3. Ce sont celles que nous décrivons dans les n05 XXXV à XXXVIII.
4. C'est le n° XXXIX ci-dessous.
36
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
monts à l'aide desquels j'ai rédigé la notice qui s'y rapporte. Je
prie les deux savants archéologues d'agréer mes remerciements.
1° XXXV. ANNEAU AVEC CROIX, TROUVÉ AU LIEU DIT LES JORDILS
OU JORD1TS, PRÈS d'yVERDON
Cet anneau en bronze, inscrit sous le n° 281 sur le catalogue du
Musée d'Yverdon, a 20 millimètres d'ouverture. La tige ronde n'a
que 2 millimètres d'épaisseur. Le chaton, de forme ronde, et soudé
sur la tige, est accosté de trois cabochons disposés en feuilles de
trèfle : il a 15 millimètres de diamètre et présente, dans un cercle
de points, une croix doublée d'angles à chaque canton.
2° XXXYI. — Anneau avec monogramme, trouvé au lieu dit
LE PRÉ DE LA CURE, PRÈS DYVERDON
Voici un anneau en bronze inscrit sur le catalogue du Musée
d'Yverdon sous le n° 279. 11 a 16 millimètres d'ouverture, ce qui
indique qu'il était à l'usage d'une femme; sa tige plate a 5 milli-
mètres de largeur; le chaton, pris dans la masse, est un carré long
de 14 millimètres sur 8 de hauteur. 11 est décoré d'un monogramme,
où l'on distingue, dans la partie supérieure, un A dont le sommet a
disparu par suite de cassure ; à gauche (du lecteur), un I ; au centre
un L, placé obliquement, sur lequel sont posés un B cursif, un Gcur-
sif rétrograde (?), et à droite un F et peut être deux E, adossés l'un
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 37
à l'autre (?). Je n'ai point d'explication à proposer pour cette ins-
cription.
3° XXXXV1I. AUTRE ANNEAU PROVENANT DU PRÉ DE LA CURE
Cet anneau en or, qui appartient, comme les deux précédents, au
Musée d'Yverdon ',a 16 millimètres d'ouverture, ce qui marque un
bijou de femme; sa tige a une largeur égale partout de S milli-
mètres et est ornée d'un filet dans tout son pourtour. Le chaton,
eoudé sur cette tige, est une cuvette ronde de lo millimètres de dia-
mètre, divisée en cinq compartiments contenant des verroteries :
un de ces compartiments est vide.
4° XXXVIII. — AUTRE ANNEAU AVEC STGNES OU CAR ACTÈRES,
TROUVÉ AU PRÉ DE LA CURE
Cette bague en bronze, inscrite au catalogue du Musée d'Yverdon
sous n° 280, a 20 millimètres d'ouverture : la tige plate a 3 milli-
mètres de large. Le chaton, soudé sur cette tige, est un carré de
8 millimèlres de côté, portant des caractères ou des figures au sujet
desquels nous n'avons aucune explication à proposer.
XXXIX. — ANNEAU AVEC CORNALINE GRAVÉE, TROUVÉ A ÉPENDES,
PRÈS D'YVERDON.
Cet anneau d'or a été recueilli, comme les quatre précédents,
1. Ce bijou n'a pas encore de numéro de classement sur le catalogue du
Musée.
38
ÉTUDE SU» LES ANNEAUX
dans une tombe burgunde, mais on ignore si cette tombe était celle
d'un homme ou celle d'une femme1.
Il a une ouverture de 18 millimètres mesurée entre le chaton
et le côté opposé de la tige ; 19 millimètres dans l'autre sens.
Le cha ton soudé sur la tige, est de forme presque ronde, avec
20 millimètres dans sa plus grande hauteur et 21 dans sa plus
grande largeur. 11 est accosté, au point de réunion avec la tige, de
trois globules ou cabochons du métal, également soudés et disposés
en feuilles de trèfle.
Dans la cuvette de métal est enchâssée une cornaline rouge, sur
laquelle sont gravées assez grossièrement deux ligu res représentant
la Fortune et une Victoire de profil ailée, dont le bras levé tient une
cou ronne.
XXXlXiiç
ANNEAU AVEC l'iNSCHIPTION VIVAS DIV M(ifli), TROUVÉE A COURTILLES,
CANTON DE VAUD (SUISSE) 2
Cet anneau en or lin a été découvert au mois de décembre 1896,
durant les travaux de rectification de la rivière la Broyé. M. le
docteur Brière, de Genève, à qui je dois la communication de ce
très intéressant bijou, m'a fait connaître qu'il n'était accompagné
d'aucun autre objet ni d'ossements5.
1. M. Mayor pense toutefois que c'était une sépulture masculine.
2. CourUlles est un village situé près de Lucens.
3. Lettre du 8 janvier 1897. Je ne saurais assez remercier le savant docteur,
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
39
Il pèse 7 grammes : il a 18 millimètres seulement d'ouverture,
ce qui donne lieu de supposer que le bijou était à l'usage d'une
femme. La partie antérieure de l'anneau formant un chaton pris
dans la masse, mesure 1 1 à 12 millimètres en hauteur et en lar-
geur.
La tige mesure, près du chaton, une hauteur de 10 millimètres
qui va en diminuant jusqu'à n'avoir plus que 4 millimètres du
côte opposé. Elle est décorée d'ornements gravés en creux, où
M. le docteur Brière trouve une réminiscence de l'ornementation
d'objets lacustres et parmi lesquels je remarque, à droite et à
gauche du chaton, une croix de Saint-André et trois annelets avec
un point au centre, qui se rencontrent fréquemment, ainsi que je
l'ai noté2, sur les objeis provenant des sépultures burgundes.
L'intérêt capital du petit monument dont je m'occupe, réside
dans l'exclamation inscrite sur le chaton, en deux lignes, séparées
par un bandeau rayé obliquement, sans doute pour figurer une
torsade :
VIVAS - DIV M
La formule Vivas ou Vivat, se rencontre fréquemment a.
Il y a au Musée provincial de Trêves, une bague, dont le chalon
porte ces mots : Vivas mi{hi) pia Opptata*.
Nous avons en outre, sur deux anneaux, dont l'un est reproduit
plus bas8, des exemples de l'acclamation Vivas diu mi(hï) « Vis
longtemps étant à moi »; et, dans les deux cas, mihi n'est repré-
senté que par les initiales mi. Il est tout naturel de considérer le
m final de l'inscription qui nous occupe, comme étant aussi l'ini-
tiale du même mot6.
Il faut donc lire ainsi cette inscription :
VIVAS DIV M(tAt).
qui s'est spécialement occupé d'objets provenant de cités lacustres et dont il
possède une collection importante.
1. Lettre précitée.
2. Voir ci-dessus les nos XX et X.XI1.
3. Voir ci-dessus n° I, p. 4, note 3.
4. Voir LXXII ter.
5. LXXII 1 bis.
6. On pourrait être tenté de regarder le m final comme l'initiale de mecum dans
l'acclamation Mecum vivas, qu'on lit sur deux anneaux (voir plus bas le
n° CCLXVI). Mais cette lettre n'accompagne pas là, comme dans la présente
40
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
DIOCÈSE DE MARTIGNI, PUIS DE SI ON EN VALAIS
XXXIX '»
ANNEAU DE GïïAlFARIUS, AVEC l'aCCLAMATION Utere fellX, TROUVÉ A
GÉRONDE (SUISSE) '
L'anneau d'or qui figure en tête de cette notice et qui appartient
au Musée de. Zurich, a été publié pour la première fois, en 1893, par
M. E. Kyli2. Mon savant et regretté confrère E. Le Blant3 en a re-
produit, depuis, la légende circulaire, dont voici les termes :
+ GRAIFtftIVS VTERE FELX
(Graifarius utere felix).
C'est un bijou du vic ou du vu6 siècle, recueilli dans une sépul-
ture franque *.
Je n'ai pas rencontré jusqu'ici d'autre exemple de l'acclamation
Utere felix sur les anneaux de la période envisagée dans le présent
travail.
espèce, l'adverbe diu; et par suite le rapprochement serait bien moins jus-
tifié.
1. Géronde est un village situé près de Siders, canton du Valais.
2. Anzeiger fur Schweizcrische Alterthumskun.de, 1893, n° 4.
3. 750 inscriptions de pierres gravées inédites ou peu connues, n° 336 : dans les
Mém. de VAcad. des inscript, et belles-lett. , t. XXXI, l'e partie, p. 129. Paris,
189Ô.
4. E. Le Blant, ubi supra.
DEUXIÈME LYONNAISE
DIOCÈSE DE ROUEN
XL
A NP< EAU-CACHET DE DOMMTA, TROUVÉ PRÈS DE ROUEN
Voici un bel anneau d'or, trouvé dans le lit de la Seine, près de
Rouen, et que M. Feuardent, qui en avait fait l'acquisition, m'a cédé
en 1885; il est formé de deux cercles concentriques, dont l'un,
ce!ui de l'intérieur, est en or fauve; le cercle extérieur, qui est
soudé sur le premier et le laisse en certains endroits à découvert,
est d'or jaune et décoré d'un pointillé régulier, habilement fait au
repoussé. Trois lignes de points sont, à partir du milieu de la bague,
accostées, à faibles intervalles, de groupes de points, disposés en
feuilles de trèfle, et plus près du chaton, de deux lignes extérieures,
s'écartant du centre pour former chacune une volute également en
pointillé. Du côté opposé au chaton, il y a une rondelle de 6 mil-
limètres, formant un deuxième petit chaton et sur laquelle est
gravé un hippocampe.
Au centre du chaton, se détachent, du milieu du pointillé, deux
ovales, à surface unie, séparés par deux points, et ayant chacun
6 millimètres dans leur plus grande hauteur sur une largeur de
10 millimètres.
Sur chaque ovale sont gravées, dans le sens rétrograde, trois
lettres, et les six lettres réunies forment le nom de
DOMMIA
Nous n'avons aucun exemple de l'emploi de ce vocable, que nous
3*
42
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
puissions produire ici. Mais il y aune sainte, dont le nom Dommn
est presque identique à celui de la matrone ou jeune fille, qui fut
la propriétaire primitive de cet original et charmant bijou'.
DIOCÈSE DE BA YEUX
XL1
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A ARROMANCHES (CALVADOS)'
La bague enbronze que nous reproduisons ici, appartient, comme
plusieurs des objets décrits plus loin, au Musée de la ville de
Péronne, auquel feu M. Alfred Danicourt en a fait don. Elle a été
découverte dans le cimetière d'Arromancbes. Ile a 19 à 20 milli-
mètres d'ouverture, et 2 millimètres d épaisseur au pourtour, dans
la partie opposée au chaton.
Le chaton, de forme ronde, ménagé à même le métal, a 12 milli-
mètres de diamètre; il porte un monogramme, d'un travail grossier,
où l'on voit d'abord les lettres A, V et R;puis, en revenant au point
de départ, l'on trouve un E formé par le premier jambage de l'A,
et deux petits trait horizontaux, dont l'un a déjà servi à barrer cette
lettre ; enfin le re loublement de l'A, ce qui nous donne, pour l'en-
semble du monogramme :
AVREA-
Ce nom, qui fut d'un usage fréquent au moyen âge et aété traduit
en français, tantôt par celui d'Aure, tantôt par celui d'Aurée, a élé
illustré par de saintes femmes; et, pour ne citer que celles qui ap-
partiennent ànolre pays etvécurent dans la période gallo franque,
1. Bolland., Acla. SS., mens, oclobr., t. Vr, auctar, Sa (2a, p. 105.) Il y a
eu aussi deux saintes appelées Donna (Bolland , mens. jun.,l. I, p. ICO; Surins,
Vit. SS., t. XII, p. 331). L'une était parmi les martyrs lyonnais compagnons de
saint Pôthin (an 177); l'autre était de NicomeMie (au 303).
2. Arromanches est une commune dépendante du canton de Ryos, arrondis-
sement de Bayeux.
DES PREMIERS SIECLES DU MOYEN AGE
nous mentionnerons deux saintes ainsi appelées et qui moururent
abbcsses, l'une, d'un monastère de Paris vers l'an 666 et l autre,
d'une maison religieuse d'Amiens vers 78D\
DIOCÈSE DE L1SIEUX
XL1I
BAC(*£ AVEC CROIX AU CHATON, TROUVÉE A LISIEUX (eURe)
Voici une autre bague, que je reproduis d'après dbà dessins exé-
cutés par M. Doconard. conservateur du Musée de Lisicux dans les
vitrines duquel elle se trouve.
Cet objet, recueilli en 1876, pendant les fouilles opérées au nou-
veau séminaire de Lisieux, est en bronze. L'état de la tige, cassée
et déformée en plusieurs endroits, ne permet pas d'en indiquer
exactement l'ouverture, qui paraît avoir été assez considérable
pour qu'il convienne de voir là un bijou à l'usage d'un homme. La
largeur de cette tige est, auprès du chaton, de 8 millimètres, de
2 seulement du côté opposé. Le chaton, ménagé à même le métal,
affecte la forme d'un parallélogramme de 10 millimètres de largeur
sur 8 de hauteur. Dans un double cadre tracé au burin, est gra-
vée une croix grecque potencée: de chacun des quatre angles du
cadre, part une pointe dirigée vers le centre de la croix.
1. Bolland., ActaSS., mens, octobr., t. II, p. 472.
2. Corblet, Hngiogr., t. I, p. 225. Nous ajouterons aux deux personnages pré-
cités deux autres saintes nommées Aurea, et mortes, l'une à Ostie vers 269
l'autre à Gordoue vers 856 (Bolland., Acta SS. mens, august., t. IV, p. 755, et
mens, jul., t: IV, p. 651).
TROISIÈME LYONNAISE
DIOCESE DE TOURS
XLIII
ANNEAU CACHET DE LEUBACIUS, TUOliVÉ DANS l'aNCIENNE PROVINCE DE
TO L'HAINE
Cet anneau d'argent, recueilli en Touraine, il y a déjà longtemps,
et acquis alors par M. Cartier, archéologue distingué, est actuelle-
ment dans le Trésor de la cathédrale de Tours. M. Corroyer, ins-
pecteur général des édifices diocésains et membre de l'Académie
des Beaux-Arts, en a fait exécuter et m'a obligeamment remis des
moulages, à l'aide desquels nous le reproduisons en tète de la pré-
sente notice'.
Cette bague, qui est mi-partie curviligne, mi-partie polygonale,
a 19 millimètres d'ouverture entre les deux chatons ménagés à
môme le métal, ct2l millimètres dans l'autre sens. Sa hauteur est
de 10 millimètres à droite et à gauche du chaton principal, de 8
seulement du côté opposé. La tige est décorée d'ornements gravés
en creux, qui représentent deux animaux rampants.
\. Il en existe des dessins défectueux dans un recueil d'épreuves de Çon-
brouse (pl. XLI, fig. 1 et 2), conservé au Cabinet des médailles de la Biblio-
thèque nationale : cest d'après ces dessins que E. Le Blant a fait figurer ie
bijou dont il s'agit dans son recueil des Inscript, chrét , tome II, planche XC,
fig. 538. Voir aussi le même volume, p. 561, n° 672 A.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
45
Le plus important des deux chatons, celui qui occupe la partie
la plus apparente du bijou, est un parallélogramme de 15 milli-
mètres de long sur 10 de haut, divisé en deux parallélogrammes
superposés et encadrés par unirait au burin. Il contient, en deux
lignes, le nom du propriétaire de l'anneau :
LEVBA-CIVS
Le deuxième chaton, beaucoup plus petit que le premier, mé-
nage dans la partie opposée à celui-ci, présente des caractères mo-
nogrammatiques où on a lu, avec raison, les trois mots suivants :
IN DE! NOMINE
formule d'invocation qui se rencontre fréquemment dans les sous-
criptions d'actes de la période mérovingienne' et sur quelques mo-
numents de le môme époque3. Elle est aussi gravée sur plusieurs
de nos anneaux.
Convient-il d'identifier le propriétaire de la bague qui nous
ocuipe avec un Leobaiius qui, d'après le témoignage de Grégoire
de Tours, fut le premier abbé d'un monastère, fondé, au vie siècle,
dans un endroit de la Touraine appelé Senaparial
En général, nous sommes peu disposé à faire ou à admettre des
rapprochements de ce genre. Le même vocable ayant été souvent
porté par plusieurs et même par de nombreux personnages con-
temporains, il n'est point rationnel, suivant nous, de conclure de
l'identité des noms à l'identité des personnes : mais, nous ne pou-
vons méconnaître les motifs particuliers qui l'autorisent dans l'es-
pèce.
1. Voir Tardif, Monum. histor., cartons des rois, p. 6, 8, 11, 15,18, 21, 24,2,",
27, 28 et passim.
2. Notamment : 1° sur une plaque en or, à Inquelle sont suspendus un cure-
dents et un cure-oreilles, et qui porte en trois lignes l'inscription suivante :
IN ÂTn
<7 E MO
L A N E
(In Dei nomine Gemolane).
Bulletin monum., t. XXI, p. 419; E. Le Uiant, Inscr. chrét. de la Gaule, t. If,
p. 73, n° 412 A; 2° sur une croix du Trésor de Guarrazar, du règne du roi
visigolh Reccesvinihus (649-G72). Voir Ferdin. de Lasteyrie, Descript. du trésor
de Guarrazar, gr. in-4, Paris, 1860, p. 10.
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Grégoire de Tours, dans son livre des Vies des Pères, rapporte
que L'abbé Ursus, parti de Caliors, se îvndit de cette ville dans !e
pays de Berry : qu'après y avoir fondé trois monastères, il passa
sur le territoire de la Touraine, et s'arrêta dans une localité
qu'un ancien au!eu *a appelée Senoparia \ qu'il y bâtit un oratoire
et établit un monastère, dont il confia le gouvernement à Leoba-
tius1. »
Senaparia est, de nos jours, Scnnevières (Indre-et-Loire)2; la
maison religieuse fondée, par Ursus a depuis fort longtemps
disparu3, mais son premier chef, Leobatius, est encore honoré
comme patron du bourg de Scnnevières, sous le nom de saint Leu-
basse ou Libessc1'.
Si du fait historique attesté par Grégoire de Tours, on rapproche
cette circonstance que l'anneau de Leubachis a été trouvé en Tou -
raine; si l'on observe, en outre, que l'invocation religieuse in Dci
nomme dut naturellement être beaucoup plus usitée chez les gens
d'église que parmi les laïcs; qu'enfin, la date approximative de la
fabrication du bijou s'accorde bien avec celle où vécut saint Leu-
basse, on est conduit à regarder comme acceptable la probabilité d'i-
dentité entre ce personnage et le Leubacius de notre bague sigillaire.
1. « Igitur Ursus abba, Cadurcinae urbis incola fuit de quo egressns loco,
Bituricum terminum est ingressus ; fundatisque monasteriis apud ïausiriacum,
Oniam alque Ponliniacum,... Turonicum lerritorium est ingressus, et ad locum,
quem Senapariam vocitari prisons instituit auctor, accessit; aedifîcatoque ora-
torio, monasterium stabilivit : commissaque Leobalio praeposito summa regu-
Iae... » Vitae Patrum, cap. xvm, § 1, édit. Guadet et Taranne, t. II, p. 453.
Tausiriacum est ïoizelay, commune et canton de Châlillon-sur-Indrc (Indre!;
Onia, Heugnes, canton d'Écueillé (Indre); on ne connaît pas l'emplacement de
Ponliniacum.
2. Sennevières, appelé, au siècle dernier, Senevicre, forme correspondant
mieux au vocable latin, est une commune située dans les canton et arrondisse-
ment de Loches.
3. On ne possède, au sujet de ce monastère, aucun autre renseignement que
celui qui a été fourni par Grégoire de Tours. Voir Gallia chrisliana, t. XIV,
col. 191.
4. Hadr.de Valois. N>tit. Galliar., p. 573, col. 1.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGIS
■'il
DIOCÈSE DU MANS
XLIV
BAGUE DE LAUXOBËRGA, TROUVÉE A ALLONNES (SARTilfi)
Coite bague en cuivre a été trouvée dans un des sarcophages de
grès découverts, en 1841 , à Àllonnes, près le Mans '. M. Ch. Drouët,
qui en fit, à la même époque, l'acquisition, la céda au Musée ar-
chéologique du Mans, dont il était alors conservateur. Elle a été
successivement décrite et publiée, en 1842, par M. Drouët2; en
18;i5, par feu M. Hucher, président de la Société historique du
Maine3; en 1859, par l'abbé Cochet1; et en 1865', E. Le Blant5.
L'ouverture de l'anneau, mesurée en face du chaton, est de
47 millimètres, dans l'autre sens, de 19 millimètres. Le chaton, de
forme ronde, soudé sur les deux branches de la tige, a lo millimètres
(Je diamètre, y compris la bordure de grènetis; il est accosté, aux
points de jonction avec la tige, de trois cabochons en cuivre, dis-
posés en feuilles de trèfle.
Au centre du chaton est gravée une croix à branches égales, sur-
montée d'un arc bordé, dans sa convexité, de petits rayons0, et
cantonnée de quatre points, aveedeux traits verticaux surmontant
l'extrémité de ses branches. Autour de la croix, une inscription que
tous les éditeurs ont ainsi reproduite : + CA/NOBER^A, avec un
C carré, ce qui donnerait la leçon Cawwrberga1. Les bonnes em-
1. Allonnes est un chef-lieu de commune dans le canton du Mans.
1. Notice sur la découverte de tombeaux ou sarcovhages en pierre à Allonnes.
3. Bulletin monumental, t. XVIII, p. 309; Sigillographie du Maine, p. 8.
't. Tombeau de Childërie 1", p. 378.
5. Inscript, chrét. de la Gaule, t. II, p. 557, n° 669 A.
tt. Les précédents éditeurs ont vu et fait dessiner, autour de la croix, un
cercle de grènetis qui n'exibte pas : il y a simplement un arc avec rayons, tel
que nous le reproduisons.
7. Et non la leçon Launoberga, que ces auteurs ont cependant adoptée. Sur
48 ÉTUD£ SUR LES ANNEAUX
prcintos que je dois à l'obligeance de M. Hucher, et d'après lesquelles
j'ai fait figurer le bijou en tête de la présente notice, m'ont fourni
la leçon et les caractères suivants :
+ LAMOBERTA {Launoberga)\
nom composé de deux radicaux germaniques fréquemment em-
ployés dans l'onomastique gallo-franque5.
Quant aux marques gravées au centre du chaton, et dont E. Le
Blant a déclaré ne pouvoir indiqtier la valeur ni le sens, M. Hucher
et, après lui, l'abbé Cochet y ont vu, avec raison, une croix égale
cantonnée de points. Mais ils se sont abstenus de toute explication
relativement aux deux traits posés aux extrémités des bras de la
croix.
Pour nous rendre compte de la signification de ces deux appen-
dices, nous avons pensé qu'il convenait de rapprocher le chaton de
notre bague des monnaies contemporaines frappées dans le Maine,
c'est-à-dire dans le pays môme où ce petit monument a été trouvé.
Ce rapprochement nous a conduit à des constatations intéressantes.
On remarque, en eifet, dans la plupart des monnaies mérovin-
giennes du Maine :
1° La croix égale ou croix grecque, cantonnée de quatre points 5,
comme celle de l'anneau d'Allonncs, ou de quatre étoiles *, ou bien
de deux points et de deux croix 5 ;
2° La croix égale, ancrée, avec croiseltcs aux 3e et 4e cantons,
et deux traits verticaux supi'oktés par les branches de la croix*;
3° La croix égale., avec un clou aux 1er et 2e cantons, et deux
traits verticaux appilndus aux branches de la croix1 ;
les planches de l'ouvrage d'E. Le Dlant (XG, 535), l'initiale serait un L, suivi
d'un I placé horizontalement au sommet de la haste de cette letlre.
t. La partie supérieure de la barre perpendiculaire du L initial a disparu par
suite d'un accident ou de la dégradation en cet endroit de la gravure de l'an-
neau ; mais la présence de cette lettre ne me paraît pas douteuse.
2. Laun (d'où Launus, Launo), et Birg, Berg (d'où Berga). Voir Forsiemann,
Personennamen, p. 262-263 et 840-841.
3. Voir d'Amécourt, Rechercha des monnaies mérovingiennes du Cenomannicum,
pages 58, 59, 112, 113, 142, 166, 169, 180, 184, 187, 188, 195, 223 et 254.
4. Ibid., p. 154 et 316.
5. Ibid., p. 37, 55, 55, 90, 99, 101, 126, 159, 160, 165, 171 et 247.
6. Ibid., p. 99, n°3 47 et 48.
7. Ibid., p. 128: n° 69.
DES PREMIERS SIÈCLKS DU MOYEN AGE
40
4° La croix égale, cantonnée de quatre points comme sur le chaton
de notre bague, et avec les deux traits verticaux appendus aux bras
de la croix l, pareils à ceux du même chaton.
Cette exacte ressemblance, même dans une particularité telle
que les traits verticaux appendus aux bras de la croix, permet de
dire que notre bijou a dû être fabriqué, à l'époque mérovingienne,
dans le pays du Maine et très probablement dans la ville du Mans,
près de laquelle il a été trouvé.
Quelle est la signification des deux traits verticaux appendus
aux bras de la croix?
M. d'Amécourt, dans son livre sur les monnaies du Maine, y a
vu « des réminiscences des lettres symboliques alplia et oméga » 3.
Mais nous regardons cette conjecture comme très contestable ;
nous serions plutôt disposé à reconnaître là des signes représen-
tatifs d'instruments de la Passion (la lance, les verges ou le mar-
teau, etc.), ainsi qu'on les trouve sur un si grand nombre de croix,
dans le centre et l'ouest de la France : la présence des deux clous
ligurés dans les coins de la croix sur une des monnaies précitées3,
viendrait à l'appui de cette hypothèse, que je livre à l'appréciation
de mes confrères en archéologie.
XLV
BAGUE AVEC LES NOMS DE DR0MAC1US ET DE Bl.TTA, PROVENANT DE
MULSANNE (sARTHE) 4
Ce bel anneau, recueilli, vers l'année 1832, aux environs de
Mulsanne, a d'abord appartenu à feu Eug. Hucher, savant archéo-
logue du Mans, et est entré plus tard dans la collection de feu le
baron Pichon, où j'ai fait exécuter le dessin à l'aide duquel il est
ici représenté pour la première fois d'une manière absolument
exacte et complète.
Il est en or fin et pèse 2isr,20. Il se compose d'une tige massive,
1. D'Amécourt, ouv. cilé, p. 129, n° 70.
2. Ibid.
3. M. d'Amécourt y a vu, à tort suivant nou?, « ries rayons triangulaires. »
Ubi supra.
A. Mulsanne est un chef-lieu de commune du canton d'Écommoy, arrondisse-
ment du Mans.
50
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
sur les branches de laquelle a été soudé un chaton : cette tige, dont
l'ouverture est de 20 millimètres, est ornée, à droite et à gauche
du chaton, d'un fleuron, d'une torsade et d'un demi-cercle, décorés
d'un pointillé.
Le chaton, qui a une hauteur de 4 millimétrés en saillie sur la
tige, est formé d'une plaque quadrangujâire de 14 millimètres sur
16 à 17. Sur la tranche ont été niellés ces deux noms
DROMACIVS BETTA
Sur la surface de la plaque sont gravés en creux deux person-
nages debout : l'un est un guerrier, dont la visière du casque est
rabattue sur le visage tourné vers le deuxième personnage; sa
main droite tient une lance; le bras gauche est pendant et la main
est ouverte comme en signe d'acceptation ou d'acquiescement.
i^S B ETTAl
Le deuxième personnage est une femme, dont la tète nue est tour-
née vers le premier; sa longue chevelure, rejetée en arrière, re-
tombe à la hauteur du genou; une tunique sans ceinture la couvre
du cou jusqu'aux pieds. Sa main droite, ouverte et levée à la hau-
teur du visage de son interlocuteur, fait un geste qui paraît être
celu d'uné devineresse énonçant avec emphase sa prédiction.
M. Hucher, qui le premier a décrit ce curieux monument, y a
vu « une scène d'invocation empruntée aux mythes druido -égyp-
tiens. Il n'y a, ajoutc-t-il, rien de romain dans cette scène ; le
guerrier porte le vêtement court et serré à la taille, à la manière
des Gaulois ; la femme offre incontestablement le type d'uue Vel-
léda nationale »
i. Bulletin monumental, t. XVIII, année 1852, p. 308 ; Sigillographie du Maine,
in-8, 18Ô5, p. 7-8; Catalogue de la collection de sceaux matrices de M. Eu#.
Huclier, in-8, 1863, p. 1-2.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
51
Je n'écarterai pas absolument l'hypothèse d'une invocation;
mais celle d'une prédiction me semble préférable, d'autant plus
qu'elle explique d'une manière satisfaisante les gestes des deux
personnages. On peut, il me semble, reconstituer ainsi la scène
représentée : le guerrier, ayant rencontré une de ces nombreuses
femmes gauloises qui faisaient profession de prophétiser, celle-ci
lui aurait offert de tirer son horoscope ; le guerrier, de sa main
gauche ouverte, aurait accepté cette proposition, et la devineresse
lui aurait prédit l'avenir.
Il nous reste à dire, en terminant, quelques mots de la date à
laquelle doit être rapportée la fabrication de notre anneau. Les
archéologues qui l'ont étudiée sont d'avis de la placer « à une
basse époque 1 » ou, en termes moins vagues, au vc siècle*. L'abbé
Cochet3 la regarde comme contemporaine de Childéric Ier, qui a
régné de 457 à 481.
Cette date approximative me semble pouvoir être acceptée. Il y
a lieu de reconnaitre, en effet, dans notre bijou, une œuvre de
transition entre les anneaux gallo-romains où se produisaient assez
fréquemment des scènes symboliques ou allégoriques, et les an-
neaux gallo-francs sur lesquels domine ou même figure exclusive-
ment le nom du possesseur, en toutes lettres ou sous forme de
monogramme. De simples objets do luxe et d'ornement qu'ils
étaient autrefois, ces bijoux sont devenus alors des instrument
de souscription des épîtres ou des actes dans lesquels les signa-
taires étaient parties ou témoins,
DIOCÈSE D'ANGERS.
XLVI
ANNEAU DE MABCONIVIA, TROUVÉ A ANGERS
Nous reproduisons ici une belle bague en or, qui appartient au
1. Le Hlant, Inscr. chrét. de la Gaule, t. II, p. 557.
2. « On s'accorde, dit M. Hucher, à l'attribuer au v° siècle. » Sigillogr. du
Maine, p. 7.
3. Le tombeau de Childéric Ier, p. 380.
52
ÉTUDE SUR LES AWFAUX
Musée archéologique Saint-Jean et Toussaint de la ville d'Angers »,
et dont M. A. Michel, le savant conservateur-adjoint du dit Musée,
m'a très obligeamment adressé des dessins \
Elle a été trouvée, en 1869, au cours de fouilles opérées à An-
gers, place du Ralliement, sur l'emplacement de l'ancienne église
collégiale de Saint-Mainbœuf.
Ce très intéressant bijou, qui pèse 2sr,90, a 18 millimètres d'ou-
verture, 2 millim. d'épaisseur à la tige, et 20 millim. dans sa plus
grande hauteur. 11 est orné d'un chaton, ménagé à même le métal
et, divisé en deux compartiments de forme losangée, superposés et
se touchant par leurs angles obtus. Ces deux losanges ont chacun
6 millimètres de bauteur sur une largeur de 13 millimètres. Aux
deux points de réunion de la tige et de chaque losange, il y a trois
globules ou cabochons en or, disposés en feuilles de trèfle. Des
deux côtés de l'anneau, à mi-hauteur, entre les deux groupes de
cabochons, on a pratiqué une profonde intaille, destinée à faire
ressortir, par ses ombres, le relief des deux losanges.
Dans la partie opposée au chaton ci-dessus décrit, l'anneau a un
renfort, formant un petit chaton carré long, qui a 4 millimètres de
hauteur sur une largeur de 7 millimètres 1/2, et où l'on a gravé le
chrisme.
Les deux losanges du chaton principal portent, l'un (le supé-
rieur) :
MARCO (les lettres MA liées),
et l'aulre :
NMA
c'est-à-dire, en deux lignes, le nom de
MARCONIVIA
1. Elle est inscrite au catalogue de ce Musée sous le n° 121 R.
2. Je suis redevable au même archéologue des dessins d'anneaux sigillaires
décrits dans les quatre notices qui suivent la présente, comme aussi des rensei-
gnements qui s'y rapportent.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
53
Le célèbre testament d'Erminétrude, de Tan 700, contient la
mention de deux femmes appelées, Tune Theodonivia, et l'autre
Baudonivia*.
M. Parrot, qui avait dirigé les fouilles, annonçait, dans une
note qu'il adressa en 1870 au Comité des travaux historiques,
qu'elle avait été recueillie, ainsi que deux autres bijoux en or,
« avec un squelette de femme, d'une parfaite conservation, dans un
sarcophage en calcaire coquillier, enfoui sous l'emplacement du
chœur de l'ancienne collégiale de Saint-Mainbœuf 2 ».
Tout récemment, interrogé, à ma prière, par M. A. Michel,
M. Parrot a été moins affirmatif. lia déclaré n'avoir pas vu lui-même
le tombeau; mais il a dit tenir de la bouche des terrassiers qui
avaient exécuté les fouilles, « qu'il y avait deux sépultures côte à
côte » ; il persistait d'ailleurs à croire que, « malgré ses dimensions
un peu fortes », l'anneau était celui d'une femme3.
Le Musée Saint-Jean a reçu de M. Parrot, outre la bague qui
nous occupe, une fibule et une épingle ayant la même provenance;
on avait aussi découvert, d'après le récit des ouvriers, un collier
en or avec croix, un bracelet formé d'un fil d'or enroulé en spirale
et une fibule, qui avaient été déjà vendus quand l'éveil fut donné,
et qui n'ont pu être retrouvés*.
La nature de ces objets de toilette dénote bien une sépulture fémi-
nine : mais si deux tombes juxtaposées (peut-être celles des deux
époux) ont été fouillées au même endroit, il est difficile de savoir
aujourd'hui quelle est celle d'où provient notre anneau.
Il reste à examiner une dernière question sur laquelle des dis-
sentiments se sont produits : à quelle époque faut-il rapporter la
fabrication de notre anneau?
A la suite de la communication que M. Parrot avait adressée en
1870 au Comité des travaux historiques, J. Quicherat, chargé d'en
rendre compte, fit observer que ces objets « s'éloignaient, parleurs
1. Pardessus, Dipl. et ch., t. II, p. 257. Quand j'ai publié, pour la première fois,
cet anneau, j'ai pensé que les deux groupes de lettres désignaient deux per-
sonnes distinctes (Rev. archéolog., année 1889, t. II, p. 1, et que c'était là un
anneau de fiançailles. Mais, j'ai reconnu depuis, d'après les exemples précités,
que c'était un seul nom (Rev. archéolog., année 1892, t. I, p. 172).
2. Rev. des Soc. sav., 5e série, t. II, année 1870, p. 417-419.
3. Lettre de M. Michel, du 31 mars 1889.
4. Ibid.
4*
54
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
formes, des produits connus et classés de L'art mérovingien ».
« Ils sont, ajoutait le savant archéologue, plus lourds et dépour-
vus d'incrustations cloisonnées, et d'une ormentation tout à fait
confuse. S'ils sont mérovingiens, c'est à la limite extrême de cette
époque qu'il faut en placer l'exécution, et je crois qu'on aurait
autant de raison de les attribuer au règne de Pépin ou au commen-
cement de celui de Charlemagne. » M. Quicherat concluait qu'on
devait se borner à les rapporter « au viue siècle, sans préciser s'ils
étaient du commencement ou de la fin1 ».
Nous ne croyons pas pouvoir nous ranger à cette opinion.
En effet, loin de s'écarter des produits de l'art mérovingien,
notre bague en présente les caractères distinctifs :
1° Les cabochons disposés en feuilles de trèfle, qui se rencontrent
fréquemment dans les anneaux de cette période, et qui suffiraient,
à nos yeux, pour en déterminer le classement.
2° La division du chaton en deux compartiments, ou en deux
ovales superposés, comme on les voit sur plusieurs de nos bagues,
qui sont incontestablement de fabrique mérovingienne.
3° L'objection tirée de l'absence d'incrustations cloisonnées est
d'autant moins fondée, que, non seulement il existe beaucoup d'an-
neaux de la même époque, dépourvus de ce genre d'ornements,
mais qu'il en est toujours ou presque toujours ainsi pour ceux de
ces bijoux qui portent des inscriptions2.
C'est au vne siècle et au milieu plutôt qu'à la fin, qu'il convient,
suivant nous, de placer la date de la confection de l'anneau de
Marconivia.
XL VII
ANNEAU AVfcC MONOGRAMME, TROUVÉ A ANGERS
Cet anneau a été trouvé dans les fouilles opérées de 1867 à 1870,
dans la place du Ralliement à Angers, et déposé au Musée de Saint-
Jean et Toussaint par M. Parrot, qui avait dirigé ces fouilles 3. 11 est
1. hev. des Soc. sav., 5e série, t. II, année 1870, p. 417-419
2. Il est en effet très difficile de concilier la présence d'une inscription sur le
chaton avec une ou plusieurs incrustations.
3. Lettre de M. A. Michel, du 15 décembre 1887.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
55
en bronze et pèse 5&r,50 ; il a 20 millimètres d'ouverture ; la baguette
a une épaisseur de 2 à 3 millimètres. Le chaton, de forme ronde,
est pris dans la masse; aux points de jonction avec la tige, il y a
deux cabochons également ménagés dans le métal, qui rappellent
les trois cabochons ou globules que nous avons si fréquemment
renconlrés dans les bagues de cette époque.
Le chaton est décoré d'un monogramme composé ainsi qu'il suit :
au centre, M et A; au-dessous, RI ; au-dessus, un O; à droite (côté
gauche du lecteur), un S rélrograde, et au sommet du monogramme,
un E; à gauche (côté droit du lecteur), une croix.
JNous avons pour l'ensemble :
+ MARIOSE
Le nom de Mariosa se trouve dans le testament de Saint- Yrieix,
de 373'. La déclinaison au génitif implique la^présence du terme
Signum ou Sigillum, dont le S du monogramme est ici l'initiale,
en même temps qu'il entre dans la composition du vocable.
XLVIII
ANNEAU DE PAUL1NA, TROUVÉ A ANGERS
Le bijou en or que nous faisons figurer ici a été trouvé vers Fan-
1. « Partenio cum uxore sua Mariosa. » Pardessus, Dipl. et ch., t. Ier, p. 139.
11 esta remarquer que le nom de l'époux de Mariosa est le même que celui
d'un évêque de Javouls au vie siècle (Greg\ Tur., Hist. Franc., IV, 40), et d'un
ministre du roi d'Austrasie Théodebert 1er (Ici,, ibid., III, 36).
56
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
née 1840, et appartient actuellement à M. Mordret à Angers. Il
provient d'une sépulture et paraît très déformé. Il pèse 3sr,60; il se
compose : 1° d'une tige martelée, de 2 millimèt res de large, et for-
mant un anneau de 15 millimètres d'ouverture; 2° d'un chaton,
soudé sur cette tige et représentant un carré long de 17 millimètres
avec une hauteur de 4. On y lit, accosté à droite et à gauche d'un
petit trait vertical, le nom de
PAVLINA
avec deux A non barrés.
A l'une des extrémités du chaton, qui débordent l'anneau avec
un renfort de métal, on remarque un trou carré de 2 centimètres
en tout sens.
Quelles étaient la nature et la destination de notre bijou?
M. A. Michel est disposé à y voir une fibule; le trou carré devait,
d'après sa conjecture, recevoir une épingle ou un ardillon mobile1.
Mais il est, à mes yeux, beaucoup plus vraisemblable que nous
avons là une bague sigillaire. La tige, quoique déformée, donne
bien l'idée d'un anneau pourvu d'un chaton. Quant au trou percé à
l'une des extrémités de ce chaton, trou dont la forme carrée a sur-
tout frappé M. Michel, il ne faut pas en exagérer l'importance. Il
était probablement destiné à donner passage à une chaîne de sû-
reté, ou bien encore à une chaînette, pareille à celle que nous
décrirons plus loin et à laquelle était suspendu un anneau de
femme8.
XLIX
BAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE A MARTIGNÉ-BR1ANT (m AINE-ET-LOIRE)'
Cette bague, qui est en argeat, a été trouvée vers 1870, avec une
fort belle plaque de ceinturon, dans un tombeau mis à découvert
pour creuser ies fondations d'un mur. Elle fait partie de la collec-
tion particulière de M. A. Michel, conservateur-adjoint du Musée
Saint-Jean et Toussaint d'Angers.
Cet anneau pèse 8sr,25; il a 23 millimètres d'ouverture; le cha-
1. Lettre du 1" juillet 1889.
2. Voir ci-dessous le n°CXXIII.
3. Martigné-Briant est une commune dépendante du canton de Doué, arron-
dissement de Saumur.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
57
ton, de forme ronde et de 19 millimètres de diamètre, est soudé
sur une mince tige qui se prolonge sous le chaton en une double
patte. Il était primitivement accosté, aux deux points de soudure,
de trois globules ou cabochons en argent, qui y étaient également
soudés et disposés en feuille de trèfle. Cet ornement a disparu du
côté gauche (à droite du lecteur).
Sur le chaton, on voit un monogramme, dans lequel, en par-
tant de la lettre A qui est à sa base droite (à gauche du lecteur),
on reconnaît les caractères suivants : le M cursif (00) gravé au
sommet; au bas de la deuxième perpendiculaire, une petite barre
horizonlale dirigée vers l'intérieur du monogramme et qui en fait
un L; au sommet de la même perpendiculaire, un R appendu, et
au-dessous un E; le T gravé à la partie inférieure et centrale; le
V attaché à la base de la première perpendiculaire, et enfin le S
placé en travers de la barre intérieure oblique ; ce qui donne, pour
l'ensemble, en redoublant l'emploi du A :
ALMARETVS
ou bien :
AMALRETVS-
On trouve, en l'an 680, la mention d'un personnage appelé Al-
mare, qui a souscrit la charte de donation de Nizezius et d'Ermin-
trude en faveur de l'abbaye de Moissac1 ; il ne manque à son nom
que le groupe terminal -tus, pour être semblable à celui à'Alma-
relus*.
D'un autre côté, le vocable Amalradus, que nous fournit le Po-
lyptyque de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés\ et celui d'Amal-
1. Pardessus, Dipl. et ch., t. II, p. 185.
2. Il y a dans Je testament de Saint-Yrieix (Ibid., t I, p. 139) la mention
d'un Amaretus, dans le nom duquel il suffirait d'introduire un / pour avoir la
forme Almaretus ou Amalretus.
3. Nouvelle édition par A. Longnon, in-8°, 1886, p. 243. On sait que ce docu-
58
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
rat, qui est dans Goklast1, sont bien approchants de la forme
Amalretus. En outre, le thème Amal est entré dans La composition
d'un grand nombre devocables mérovingiens9. C'est pourquoi, sans
faire un choixdétinitif entre les deux leçons indiquées, nous croyons
devoir exprimer notre préférence en faveur de la seconde.
XLIX bh
BAGUE TROUVÉE A MÉRON (MAINE-ET-LOIRE5)
Au cours de fouilles pratiquées, en 1897, sur le territoire de la
commune de Méron, on a découvert, dans un champ appelé le champ
des Fourneaux, l'anneau en bronze que nous reproduisons ici. Il a
été recueilli dans les substructions d'un monument de forme
étrange, qui paraît être d'origine gallo-franque el remonter au
vu0 ou au viue siècle1.
M. l'abbé Urseau, secrétaire de l'évêrhé d'Angers, a publié dans
la Revue de l'Anjou, une notice où il a fait l'historique des dites
fouilles et décrit les objets en provenant; mais il n'a consacré à
noire anneau que quelques lignes, où je relève cetto particularité
qu'il présente des traces de dorure 5.
Ce bijou ail millimètres d'ouverture entre le chaton et la partie
ment a été rédigé à la fin du règne de Charlemagne ou au commencement du
règne de Louis le Pieux.
1. Rer, Alamannicar. scriptores, in-fol., 1739, t. II, p. 120.
2. Tels que Amal-garius, Amal-gis, Amal-ricus, Amal-trudis, etc., etc.
3. Méron esi une commune du canton de Monlreuil-Bellay, arrondissement de
Saumur.
4. « C'est un travail gallo-franc : œuvre d'art inférieur, élevée, au vu0 ou
vin' siècle, par des ouvriers malhabiles, qui semblent avoir perdu jusqu'au sou-
venir dos anciens procédés. » L'abbé Ch. Urseau, Les fouilles archéologiques de
Méron (extrait de la Rev. de l'Anjou), Angers, 1897 ; p. 10. — Rapport au préfet
de Maine-et-Loire par la Commission chargée de continuer les fouilles de Meron
et composée de MM. Cél. Port, A. Michel et Ch. Urseau. Angers, 1897, p. 7.
5. L'abbé Urseau, Les fouilles archéol. de Méron, p. 8.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
59
opposée, et 15 enlre les autres cotés, ce qui indique bien qu'il était
à l'usage d'une femme.
Le chaton, pris dans la masse, a la forme d'un carré de 12 milli-
mètres de large sur 10 de haut. La tige, large de 10 millimètres
près du chaton, va se rétrécissant jusqu'à 4 millimètres seulement
du côté opposé.
Sur le plat du chaton sont gravés, entre deux rangées de points,
des caractères où M. Michel conservateur du Musée Saint- Jean et
Toussaint d'Angers1, et M. l'abbé Urseau* ont lu PIA, sans tenir
compte d'une entaille qui, partant de la base de 1*1, a été considérée
par un des archéologues qui ont suivi les fouilles de Méron, comme
formant un L3.
On ne voit pas, dans l'hypothèse conçue par ce dernier, quel
vocable de formation acceptable on pourrait obtenir même en re-
gardant le dernier caractère comme étant, à raison de la barre ho-
rizontale du sommet de l'A, un A et un T liés. Cette forme de la lettre
A se rencontre dans les inscriptions lapidaires* et dans les légendes
de monnaies mérovingiennes.
J'adopte donc sans hésiter la lecture
PIA
Ce nom, qui est celui d'une sainte martyre5, fut d'un usage assez
commun dans le haut moyen âge.
L
anneau avec monogramme, trouvé a saint-pierre-du-lac
(maine-et-loire) 8
Cette bague, qui est en bronze, appartient à la collection de
M. Bonvous, à Angers1.
1. Lettre du l«r novembre 1897.
2. Ubi supra.
3. Lettre précitée de M. A. Michel.
4. E. Le Blant, Paléographie des inscript, latines, dans Rev. archéol., année
1896, t. II, p. 187, lignes 11 et 15. — A. Engel et Serrure, Traité de numismat. du
moyen" âge, t. I, p. 99.
5. t'olland. Acta SS., mens, jan, t. II, p. 220.
6. Le village de Saint-Pierre-du-Lac est situé dans les commune et canlonde
Beauf'ort-en-Vallée, arrondissement de Beaugé.
7. Lettre de M. A. Michel, du 15 décembre 1887. Les dessins, qui ont servi h
la reproduction de cette bague, sont de M. Michel.
GO
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Elle a 20 millimètres d'ouverture; la lige a, du côté du chaton,
4 millimètres d'épaisseur, et du côté opposé, 2 millimètres seule-
ment. Le chaton, pris dans la masse, a la forme d'un carré long de
10 millimèlres sur 8 de hauteur; il est décoré d'un monogramme
comprenant, en partant de la gauche du lecteur, un I isolé, puis
un V formé par l'angle inférieur du N : le N ; un A non barré formé
par l'angle supérieur de la même lettre, et le S final, ce qui donne,
pour l'ensemble, IVNANVS et avec le I redoublé IVNIANVS, c'est-à-
dire un nom assez usité dans la période gallo-franque, et qui est
celui de deux saints dont l'un, solitaire en Limousin, mourut vers
500 et l'autre, abbé de Mairé (Deux-Sèvres), mourut en 587 2.
Le S posé en travers de la harre centrale a, en outre, la valeur des
initiales de Signavi et il faut lire conséquemment :
IVNIANVS S\{gnavi)
LI
ANNEAU d'aNTONINUS, TROUVÉ PRÈS DE CKàON (MAYENNE) '
Voici un bijou en or, qui, après avoir fait longtemps partie de la
1. Rolland., Acta SS., mens, octobr., t. VII, p. 835.
2. Jbid., mens. aug.,t. III, p. 32.
3. Craon est un chef-lieu de canton dans l'arrondissement de Châleau-Gon-
tier.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE t>l
collection de M. Mordret, à Angers, est aujourd'hui en la posses-
sion de \J. Toutain, qui réside dans la même ville1.
Il pèse 12^,50 et a 20 millimètres d'ouverlure; 1 épaisseur de la
baguette est de 2 à 3 millimètres; le chaton, soudé sur la tige, est
de forme ronde, a 18 millimètres de diamètre, et est accosté, aux
deux points de soudure, de trois globules ou cabochons en or, dis-
posés en feuilles de trèfle, qui sont, suivant une observation fré-
quemment répétée, un des signes caractéristiques de l'orfèvrerie
mérovingienne.
Au cenlre du chaton est gravé un buste habillé, semblable à celui
que l'on voit sur la plupart des tiers de sou d'or de la première
race. La tète, de profil, porte, relevé sur la nuque, un appendice
pareil à celui qui, à la même place sur ers monnaies, représente
l'extrémité du bandeau royal.
x\ulour du buste est inscrit un nom, probablement celui du
propriétaire de la bague sigillaire :
ANTONIN03
Le tout est dans un cercle perlé, qui sert de bordure au chaton.
M. Godard-Faultrier adressa, en 1865, au Comité des travaux
historiques, une empreinte du chaton, et, dans la note qu'il y joi-
gnit, il exprima l'opinion que le bijou appartenait à l'époque mé-
rovingienne; le procès-verbal de la délibération du Comité sur ce
sujet se termine ainsi : « Examen fait de cette empreinte, on s'ac-
corde à reconnaîlre que M. Godard-Faultrier ne s'est pas trompé.
La gravure de cet anneau semble être une copie de quelque camée
antique, exécutée vers le vne siècle de notre ère2. »
Cette dernière appréciation est d'autant plus étrange, que, d'une
part, l'effigie, d'un dessin grossier et d'un travail barbare, n'offre
rien qui permette un rapprochement avec les produits de l'art an-
tique, et qu'elle est, au contraire, un type assez usité dans le mon-
nayage du milieu du vue siècle 3.
La terminaison -os, du nom A'Antoninos est là pour us. A cette
1. Loltre de M. A. Michel, du 15 décembre 1887. Les dessins reproduits en
tête de cette notice sont l'œuvre du savant antiquaire.
2. Rev des Soc. sav., 1865, t. 1er, p. 145.
3. On peut notamment la comparer aux n03 73 et 74 des monnaies mérovin-
giennes du Limousin. Voir notre Description de ces monnaies, in-8°, 1853,
p. 173 et les planches.
62 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
époque « la prononciation vacille à ce poinl entre les lettres o et //,
que l'on écrit omnevos pour omnibus ai vocabetor pour vocabilur1 . »
Cette terminaison se rencontre fréquemment dans les vocables de
monnayeuis de l'époque mérovingienne*.
DIOCÈSE DE NANTES
LU
ANNEAU d'oEXEOS PROVENANT DE SAINT-JEAN-DE-CORCOUÉ (LOIRE-
inférieure) 3
Cet anneau a été trouvé, en 1888, près du cimetière actuel de
Saint-.lean-de-Corcoué ; il y a, en cet endroit, qui porte le nom de
cimetière ou champ de Sainle-Rartegonde, de nombreuses tombes en
calcaire coquillier, que le temps a désagrégées et que le soc de la
ebarrue a brisées. C'était un lieu très vénéré, où les hauts person-
nages de la contrée tenaient à avoir leur sépulture.
Lors de la découverte de la bague dont il s'agit ici, il y avait
deux tombeaux juxtaposés, distants de 0ra,20; ils étaient intacts;
les ossements qu'ils renfermaient paraissaient être ceux d'hommes
dans la force de l'âge. Mais nul autre objet que notre anneau n'y a
été recueilli.
Tels sont les renseignements que nous trouvons dans une note
1. Le Riant, Nouv. rec. des inscript, chrét. de la Gaule, préface, p. xvin. Voir
un exemple semblable, n° CXXVIII, ci-dessous.
2. Ainsi Aegulfos, Alafredos, Beroaldos, Esperios, Gemellos, Launoveos, Leo-
nardos, Maretomos, Niviardos, Ricomevios, Teodufos et Tottos (Bibliotk. de l'École
des Chartes, 6e série, t. Ier. Liste des noms d'hommes sur les monn. mérov., par
Anal, de Barthélémy).
3. Saint-Jean-de-Corcoué est une commune dépendante du canton de Légé,
arrondissement de Nantes.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
63
de M. le docteur Guiborteau, maire de Saint-Jean-de-Corcotié,
possesseur actuel du bijou qui nous occupe, et principalement
dans plusieurs lettres de M. le docteur Mignen, médecin à Mon-
taigu (Vendée)1, qui nous en a procuré des dessins.
C'est une bague en bronze, dont l'ouverture est de 18 milli-
mètres de diamètre. La tige a 3 millimètres do largeur, et présente,
aux deux points de réunion avec le chaton, deux renforts rappe-
lant les deux et plus souvent trois cabochons que l'on rencontre
fréquemment, à cette place, sur les anneaux de l'époque mérovin-
gienne.
Le chaton, ménagé à même le métal, est de forme octogone, et
mesure 14 millimèlres d'un de ses angles à l'angle opposé. Dans
un encadrement également octogonal, il y a une inscription cir-
culaire, et, au centre, un objet dans lequel le graveur paraît avoir
voulu représenter un marteau.
Cette inscription se compose de six lettres, que nous lisons ainsi,
en commençant par la gauche (pour le lecleur) du manche du mar-
teau : un O quadrangulaire (0); puis un E couché, suivi d'un N,
d'un second E, d'un second O quadrangulaire; et enfin un S rétro-
grade couché ; soit pour l'ensemble
OENEOS
Une circonstance à noter et qui est de nature à confirmer cette
leçon, c'est qu'on l'obtient en commençant indifféremment par
l'un ou l'autre des deux O de l'inscription.
Nous n'avons pas encore rencontré, dans les listes du moyen âge,
le nom d'Oeneos; mais, comme il fut porté par un personnage cé-
lèbre de l'antiquité1, il a bien pu être porté, à l'époque gallo-tïanqiie,
par le propriétaire d : noire anneau.
Remarquons, pour terminer, que nous avons ici un second
exemple de la terminaison en OS du nominatif de la deuxième
déclinaison, qui devint assez fréquente, aux temps mérovingiens,
dans les inscriptions et les monnaies3.
t. Lettres de M. Mignon, des 29 mai, 17 juillet, 20 septembre et 6 octobre 1889.
2. Oineos, roi de Calydon, fut le père de Tydée et l'aïeul de Uiomède, roi
d'Élolie, un des héros grecs au siège de Troie.
3. Voir ci-dessus le n° LI et la note 2 de la page 62.
64 ÉTUDE SUR J,ES ANNEAUX
DIOCÈSE DE COIïSEUL
LUI
DAGUE TROUVÉE A BRÉHAN (cÔTES-DU-NORd) 4
Cette bague, qui esl en argent, appartient à M. du Châtelier, sa-
vant archéologue résidant au château de Kernuz, près Pont-FAbbé,
qui l'a achetée à un horloger de Moncontour, lequel ne savait rien
des circonstances de la trouvaille. La pierre qui était probable-
ment enchâssée dans le chaton n'a pas été retrouvée5.
L'anneau a une ouverture de 20 millimètres.
Le chaton, de forme circulaire et denteié, a 5 millimètres de
relief au-dessus de la tige. Celle-ci est ornée, des deux côtés, de
figurines grossièrement gravées, dont la tète se détache sur le profil
de la bague.
Elle a 20 millimètres d'ouverture; la baguette a 3 millimètres
d'épaisseur, et est ornée de fleurons au point de réunion avec le
chaton.
Le chaton, pris dans la masse, a i millimètres de hauteur. 11 est
de forme ovale, avec 24 millimètres dans le sens longitudinal, et
15 dans la hauteur.
Sur le plat du chaton, l'on voit gravé un cartouche, au-dessus et
au dessous duquel des traits insignifiants sont tracés. Dans le car-
touche, deux lettres I et S, qu'il faut lire SI, et qui sont les deux
initiales de Signum.
1. Canton de Moncontour, arrondissement de Sainl-Brieuc.
2. Letlre de M. du Châtelier, du 5 juin 1890. C'est à cetértidit que je suis re-
devable des dessins de noire bague et des trois numéros suivants.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
65
LIV
ANNEAU TROUVÉ A M A ROUÉ (cÔTES-DU-NORd) 1
Cet anneau d'or a 20 millimètres d'ouverture. Le chaton, de
forme ronde, a un- relief de 3 millimètres 1/2 au-dessus de la
tige, sur laquelle on remarque des ornements. Dans chacune
des petites perles qui l'entourent, est enchâssée une petite pierre
rouge.
Sur le plat du chaton, on voit une profonde excavation circu-
laire, au centre de laquelle il y a un vide, qui devait être garni
d'une pierre ou, plus vraisemblablement, d'un émail, car il n'y a
pas de dentelure qu'on pût rabattre sur la pierre qui y aurait été
enchâssée.
M. du Châtelier l'a acheté à un bijoutier de Lamballe, qui lui-
même le tenait d'un cultivateur de Maroué.
BAGUE AVEC LES LETTRES SI, TROUVÉE A KERITV (FINISTÈRE)5
L'inventeur de cette bague, en la portant à son possesseur actuel,
M. du Châtelier, lui a dit l'avoir recueillie parmi des cendres et des
pierres, en faisant un défrichement. M. du Châtelier ajoute qu'elle
1. Canton de Lamballe, arrondissement de Saint-Hrieuc.
2. Commune de Penmarcb, canton de Pont-l'Abbé, arrondissement de Quim-
DIOCÈSE DE CORNOUAILLES
LV
per.
5
66 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
était toute noire quand elle lui a été remise, et qu'elle avait cer-
tainement passé au feu1.
Elle est en argent; elle a 20 millimètres d'ouverture; la baguette
a 3 millimètres d'épaisseur, et est ornée de fleurons au point de
réunion avec le chaton.
Le chaton, pris dans la masse, a 4 millimètres de hauteur. 11 est
de forme ovale, avec 24 millimètres dans le sens longitudinal, et
15 dans la hauteur.
Sur le plat du chaton, l'on voit gravé un cartouche, au-dessus
et au-dessous duquel des traits insignifiants sont tracés. Dans le
cartouche, deux lettres i et S, qu'il faut lire SI, et qui sont les deux
initiales de Signum, ou bien l'initiale de Signum accompagnée de
celle du possesseur de l'anneau.
LV1
ANNEAU TROUVÉ A KERLAND (FINISTÈRE^ 1
Voici un autre anneau d'argent, trouvé, en 1879, dans un champ,
au nord du village de Kerland. La femme qui l'a porté à M. du
Châtelier, son possesseur actuel, l'avait trouvé au cours d'un tra-
vail de culture maraîchère. La commune de Penmarc'h est très
1. Lettre du 5 juin 1S90.
2. Kerland est une dépendance de la commune de Penmarc'li, canton de
Pont-l'Abbé, arrondissement de Quimper.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
07
riche en monumeni s de Ions les temps, depuis l'époque néolithique '.
L'ouverture de notre bague est de 24 millimètres ; la tige a, près
du chaton, 9 à 10 millimètres de largeur.
Le chaton, de l'orme ronde, a 15 millimètres de diamètre.
On y voit, gravée en creux et entourée d'un grènetis, une croix
fichée dans une couronne, et dont les bras sont doubles et le som-
met muni d'une croisette : deux traits, partant du grènetis circu-
laire, sont dirigés vers le deuxième canton de la croix.
11 y a, à la hauteur du bras gauche (pour le lecteur), un R, et à
droite, un D oncial ; ces deux lettres sont assurément les deux con-
sonnes ou les deux premières consonnes du nom de la personne
pour laquelle notre anneau-cachet a été confectionné*.
LVII
ANNEAU DE SABUNUS, AVEC DEUX FIGURES ET L'ACCLAMATION Vivas,
TROUVÉ A CARHA1X (FINISTÈRE) *
Cet anneau, trouvé, en 1890, dans le jardin du couvent des Ur-
sulines de Carhaix, appartient à M. L'abbé Téphany, chanoine du
diocèse de Quimper. Il a été décrit par M. le commandant Faty,
dans une notice, insérée au Bulletin de la Société archéologique de
Quimper lé '.
Il est en or pur, sans soudure ; le chaton que, grâce à une excel-
lente empreinte qui m'a été procurée par mon savant confrère et
ami Anal, de Barthélémy, j'ai pu faire reproduire exactement, est
pris dans la masse, et a la forme d'un carré long, mesurant 7 mil-
limètres de haut sur 9 de large. Un buste d'homme et un buste de
1. Lettre du M. du Châtelicr, du 5 juin 1890.
2. Peut-être aussi devrait-on donner la valeur d'un 0 au globe sur lequel est
fichée la croix
3. Carhaix est un chef-lieu de canton de l'arrondissement, de Chàteaulin.
4. Année 1892, p. 338-34 4.
(38 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
femme affrontés, inhabilement gravés sur le plat du chaton, sont
accostés des deux mots
SABINE — VIVAS
C'est probablement une bague que la fiancée de Sabinus a fait
confectionner, et a donnée à celui-ci au moment des fiançailles ou
du mariage.
Nous avons d'autres exemples de la formule acclamatoire Vivas ;
mais elle y est toujours suivie des mots in Deo ou mecam in Deo,
mihi ou mil à diu.
Quant au nom de Sabinus, il a été, dans le haut moyen âge, d'un
emploi t rès fréquent, et porté par de saints personnages, que l'Eglise
honore '.
La forme de l'anneau et la décoration du chaton ont le caractère
romain ; mais, d'autre part, le travail fort grossier des deux figures
et les caractères de l'inscription dénotent une très basse époque.
1. Nous trouvons, dans les Acla SS. des Bollandistes, les Vies de cinq évêques
et d'un confesseur (celui-ci du Poitou), nommés saints Sabin, aux \», vie, vne et
vme siècles (mens, jan., t. II, p. 163; l'ebr., II, 310 et 336; jul., III, 189: oct.,
VII, 65).
QUATRIÈME LYONNAISE
DIOCÈSE DE CHARTRES
LVIII
IÎAGUE AVEC TËTli d'aNIMAL, TROUVÉE A SAIXT-BRICG (E(JRE-Er-L01R} 1
Cette bàgue, trouvée à Saint -Brice, village voisin de Chartres,
est conservée au Musée de cette ville, où elle est cataloguée sous
le n" 752.
Elle est en bronze : elle a 20 millimètres d'ouverture mesurée
entre le chaton et la partie opposée, 19 entre les deux côtés. Le
chaton, pris dans la masse et de forme ronde, a 13 millimètres de
diamètre ; à droite et à gauche, sont burinées dans le métal deux
saillies qui rappellent les deux globules ou cabochons, qu'on voit
fréquemment sur les anneaux de cette époque.
Sur le chaton est gravée grossièrement la tête d'un animal (peu! -
être un lion) dont l'inhabile artisan a voulu représenter les larges
mâchoires garnies de dents à découvert.
ANNEAU DE RAGNETHR AMNUS , PROVENANT DE BLOIS (lOIR-ET-CHKr)
Cet anneau, conservé au Cabinet des médailles de la Bibliothèque
nationale2, est d'or pur; il a été trouvé à Blois, dans les sables
1. Saint-Biice est dans la commune de Chartres.
2. Il est catalogué au Cabinet des médailles sous le n° 7593.
LIX
70
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
de la Loire. 11 a 18 millimètres d'ouverture entre le chaton et le
côté opposé, et 23 millimètres dans l'autre sens : il est pourvu d'un
chaton rond, de 15 millimètres de diamètre, avec bordure de perles
ou globules d'or, lequel est accosté, aux points de soudure sur la
baguette, d'un gros cabochon. Des fils d'or sont enroulés autour
de la tige, dont ils couvrent une grande partie.
Au centre du chaton est grossièrement gravée en creux une tête
barbare de profil, tournée à gauche, et dont la chevelure se confond
avec une barbe longue et épaisse. Autour, une légende, où les pré-
cédents éditeurs ont vu à tort.
et qui est en réalité
RAÇNETHRAMNVS {Rdgnethramnus)
précédé d'une petite croix, fourchue aux quatre extrémités.
BAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE A VERDES (LOIR-ET-CHER) ~
La bague en bronze ici reproduite a été trouvée à Verdes, dans
un sarcophage en maçonnerie, qui renfermai^ avec une boucle et
des clous en 1er, des débris d'ossements qu'on a jugés être ceux
d'un homme3. Elle appartient à M. J. Vallée, secrétaire de la
1. Voir Cbabouillet, Catalog. raisonné des camées et pierres gravées de la Biblioth.
imp., p. 389. — L'abbé Cochet, Tombeau de Childéric p. 378. — E. LeBlanl,
Inscrip.chrét. de la Gaule, t. I, p. 225, n« 164, pl. XXII, tig. 137. — L'abbé Mar-
tigny, Des Anneaux chez les premiers chrétiens, p. 38.
2. Verdes est dans le canton d'Ouzouer, arrondissement de Mois.
3. Lettre de M. Vallée fils, professeur de mathématiques au collège de Chàteau-
dun (Eure-et-Loir), du 20 octobre 1890.
RACNETHRAMNVS
LX
DBS PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
71
mairie de Mont-l'Héry (Seine-et-Oise), qui me l'a très obligeamment
communiquée.
Cet anneau a 22 millimètres d'ouverture entre le chaton et le
coté opposé de la tige, 20 seulement dans l'autre sens. La tige a,
près du chaton, 5 millimètres de hauteur, 3 1/2 du côté opposé.
Le chaton, soudé sur la tige, etde forme presque ronde, a 14 mil-
limètres 1/2 de hauteur sur 13 de large entre les globules ou cabo-
chons géminés dont il est accosté.
Au centre du chaton, entre divers ornements rudimentaires,
sont gravés des caractères difficiles à définir, dans lesquels on peut
distinguer avec quelque probabilité : 1° un E, dont la barre hori-
zontale, partant du centre de la haste verticale, se termine par un
crochet qui en ferait peut-être L; 2° au-dessous de cette lettre (E)
un C couché, dont les crochets enserrent la partie inférieure de la
haste; 3° au-dessous du C, des traits qui semblent former un X et
un I; 4° enfin, au-dessus de la lettre E, un ou deux caractères mal
tracés, au sujet desquels nous omettrons de faire aucune suppo-
sition.
A plus forte raison devons-nous nous abstenir de toute conjec-
ture relativement au nom propre que l'on a voulu assurément
inscrire sur le chaton de notre anneau.
DIOCÈSE D'A UXERRE
LXI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A SAINT-MORÉ (YONNE) 1
M. l'abbé Poulaine a récemment découvert six sarcophages en
\. La commune de Saint-Moré dépend du canton de Vézelay, arrondissement
d'Avallon.
7-2
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
pierre monolithe, dans le cimetière actuel de la paroisse de Saint-
Moré, qu'il dessert en môme temps que celle de Voutenay.
L'un de ces sarcophages que, d'après les ossements du person-
nage qui y était inhumé, on suppose èire celui d'une femme, con-
tenait l'anneau d'or reproduit ci-dessus, ainsi qu'une fibule cir-
culaire, décorée de grenats et de filigrane en or'.
Cette bague, dont la tige est très mince, a 18 millimètres seule-
ment d'ouverture, ce qui indique bien qu'elle était à l'usage d'une
femme, et confirme l'idée suggérée par l'examen des restes du
squelette \
Le chaton de notre anneau et les trois globules qui l'accostent
à droile et à gauche « sont, dit M. l'abbé Poulaine, d'un seul jet,
d'un seul et même morceau; par conséquent il n'y a point de sou-
dure5. » Le fait est d'autant plus important à noter qu'il est assez
rare; les globules ou cabochons qui accompagnent le chaton sont
le plus souvent soudés à part.
Sur le chaton, de forme ronde, dont le diamètre est de 19 mil-
limètres, il y a, gravé en creux, un monogramme surmonté d'une
croisette, et qu'on peut déchiffrer aisément. On y voit, tout d'abord,
un m, à la partie supérieure un A. puis au centre un N et un D
1. C'est M. Salomon Reinach, le conservateur adjoint du Musée de Saint-Ger-
main, qui, a\ec son obligeance ordinaire, m'a signalé cet intéressant bijou et
m'en a adressé un fac-similé d'après le moulage que possède le Musée. Grâce à
son intervention, M. l'abbé Poulaine m'a autorisé à publier ce pelit monument
et m'a adressé des renseignements qui m'ont servi pour la préparation de mon
travail.
2. Les dents qu'on a recueillies dans la sépulture sont toutes petites et du
plus bel émail; d'où il y a lieu d'inférer en outre que le sujet était jeune.
Ajoutons que, dans les autres sarcophages (ils se touchaient), on a trouvé une
plaque de ceinturon en fer forgé, plaquée d'argent, une belle intaille sur agate
et des débris d'épées, tandis que, dans la tombe qui contenait l'anneau, on n'a
recueilli qu'une élégante fibule. (Lettre de M. l'abbé Poulaine, du 16 février
1894.)
3. Lettre précitée.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 73
triangulaire {<)', attaché à la haste du E final, ensemble le mot :
MANDE
génitif d'un vocable féminin germanique, usité dans le haut
moyen âge; il est, notamment, entré dans la composition du nom de
Leudo-manda,([\\e Fôrstcmann cite comme mentionné au vie siècle '.
Il est à peine besoin d'ajouter que le génitif de Manda implique
ici le sous-entendu de sigmim.
DIOCÈSE DE TROYES
LXII
ANNEAU AVEC C CARRÉS LIÉS (?), PROVENANT DE VERRIÈRES (AUGE) '
Nous avons là une bague en bronze, trouvée dans le cimetière
de Verrières et appartenant au Musée archéologique de Troyes*.
Bien que nous n'ayons que la moitié de la tige, on peut aisé-
ment constater qu'elle n'avait qu'une faible ouverture (17 milli-
mètres), laquelle indique que le bijou était à l'usage d'une femme
ou même d'une jeune fille. Cette tige, fort mince, avait 2 milli-
mètres 1/2 près du chaton.
1. Les deux côtés de gauche du triangle ont été visiblement gravés de manière
à servir au double emploi qu'ils ont dans le monogramme.
2. Personennamen, col. 906. Le radical mand se retrouve dans un grand nom-
b e de noms propres germaniques, tels que Austrc-mandus, Gari mandus, Wer-
mandus, etc., etc. Ibid., col. 915.
3. Verrières est un chef-lieu de commune, dans le canton de Lusigny, arron-
dissement de Troyes. Les détails relatifs à cette découverte sont consignés dans
les Mémoires de la Société académique de l'Aube, année 1853, p. 556.
4. Nous la reproduisons, ainsi que les huit suivantes, d'après les dessins de
M. L. Leclert, conservateur du Musée archéologique de Troyes.
5 *
'4 ÉTUDE SUR LES ANMEAUX
Le chaton, ménagé à même le métal, a la forme d'un carré long,
de 7 millimètres 1/2 sur 6 de haut.
11 porte, gravés en creux, des ornements en forme de grecques,
ou peut-être deux C carrés entrelacés, qui seraient, dans ce der-
nier cas, les initiales de la personne pour laquelle l'anneau avait
été fabriqué : nous aurions ainsi un exemple de l'emploi de l'ini-
tiale du nom pour la souscription des actes.
LX111
AUTRE ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A VERRIÈRES (AUBE)
Ce bijou en bronze provient également du cimetière de Verrières.
11 renfermait encore, lorsqu'il a été découvert, l'os du doigt de la
personne qui le portait. On y voit des traces de dorure.
La tige est tellement déformée, qu'il est impossible d'en déter-
miner exactement l'ouverture : on peut néanmoins constater
qu'elle ne devait guère dépasser 18 millimètres : sa hauteur est de
10 millimètres près du chaton, où elle présente des ornements en
zigzags grossièrement gravés, avec un trait en bordure.
Le chaton, pris dans la masse, est un carré irrégulier, de 10 mil-
limètres de haut sur 9 de large, sur lequel on voit, tracés d'une
main inhabile, des caractères indéchiffrables, qui peut-être n'ont
aucune signification et étaient simplement destinés à assurer le
secret de la correspondance.
LXIV
AUTRE ANNEAU AVEC CROIX FOURCHUE, TROUVE A VERRIÈRES (AUBE)
Voici un autre anneau en bronze, qui, d'après la conjecture de
M. L. Leclert, provient peut-être, de même que les deux précé-
dents, du cimetière de Verrières (Aube) '.
1. Lettre du 7 mai 1883.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 75
La tige a été dessoudée, et l'on ne saurait en déterminer l'ouver-
ture avec une entière précision; mais on peut, sans s'écarter beau-
coup de la réalité, lui attribuer 18 à 19 millimètres. Elle a 7 milli-
mètres de hauteur près du chaton.
Celui-ci, ménagé à même le métal, et distingué de la tige par
des échancrures sur quatre côtés, est de forme irrégulière, et pré-
sente 9 millimètres dans sa plus grande hauteur.
Sur le chaton, est gravée en creux une croix fourchue aux quatre
bras.
LXV
ANNEAU SIGILMIRE d'hÉVA, TROUVÉ A POUAN (AUBE) '
Cette bague, découverte en 1842 à Pouan, est en or pur et a
20 millimètres d'ouverture. Le chaton, de forme ovale, ménagé à
même le métal, a, dans sa plus grande hauteur, 10 millimètres sur
une longueur de 14 millimètres, il porte, gravé en creux, le nom
de
HE VA
M. l'abbé Corblet. qui, en 4849, a publié ce bijou dans l'Art
chrétien' a pensé que le vocable qui y est inscrit pouvait bien,
malgré sa terminaison féminine, être celui d'un chef barbare con-
temporain de Chilpéric, car, dit-il, les Saxons affectionnaient cette
terminaison.
1. La commune de Pouan dépend des canton et arrondissement d'Arcis-sur»
Aube.
2. T. m, p. 479, fi-. 13.
76
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
II nous parait très probable que c'est là uue bague de femme
e nom d Hev. ou Eva est inconnu comme nom d'homme, tând s
quon le voit, au moyen âge, assez fréquemment porté par des
femmes. L'Eglise honore deux saintes ainsi appelées'. Le „„„
vof b,:; 0;"r;S*SerVi J^™P°^a composition de plusien"
« S m°yea *" Em-m'> 1 »
LXVI
BAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE A RAMERUPT (AUBE)6
Nous reproduisons ici une bague en bronze'.
Quoique l'on ne possède qu'une partie de la tige, qui est très
mince, elle suffit pour apprécier le diamètre de l'ouverture, qui
est de 19 millimètres 1/2.
Le chaton, qui a été pris dans la masse, est de forme ovale avec
1. L'une est vierge et martyre, patronne de la ville de Dreux, l'autre recluse
de Saint-Martin de Liège. (Vivier, Notice sur Eva, patronne de Dreux; Henriquez,
Liiia Cisterc, t. I, p. 145.)
2. « Bahalot, filius Evane. » Aur. de Courson, Cartulaire de Redon, charte
CGGXX1V, ann. 1091, p. 276. Peut-être même Evanc est-il le génitif d'Eva,
comme, dans une charte du Cartulaire de Beaulieu, de 860, Agine (pro Aigane)
est le génitif d'Aiga, mentionnée dans d'autres chartes de S23 et 856. Voir
notre édition de ce cartulaire, p. 7, 37 et 257. On trouve aussi fréquemment
dans ce cartulaire le nom d'Evenus, qui provient sans doute aussi d'Eva.
3. « Hujus tempore et Evarix rex Gothorum, etc ». Greg. Tur., Hist. Fr., II,
25.
4. Évéque de Tours, mentionné dans un diplôme de Childéric III, de 697
(I). Bon*]., Hist. de Fr., t. IV, p. 670, not.).
5. Saint Evariste, pape, mort en 109. Bolland., Acta SS., mens, oct., t. XI,
p. 7^9. Il y a aussi un saint Evareslus, abbé à Constantinoplc, mort vers 825.
6. liamerupt est un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Bar-sur-Aube.
7. Près du village, il y a une ancienne voie appelée le chemin des Romains; l'on
a découvert, dans le voisinage, des sarcophages en pierre, et un cimetière, où
ont été recueillis des poignards, des fragments de lances et 'les monnaies ro-
maines
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
77
12 millimètres de haut sur 13 i/2 de large : il est accosté de deux
renforts. Il est orné d'une monogramme, gravé en creux, encadré
dans un cercle de grènetis, et comprenant un D initial, un A non
barré, un N, dont le trait oblique intérieur relie les deux parties
du monogramme ; et un E final, ce qui nous donne DÀNE, génitif
de DANA; le S posé sur la barre oblique du N, a ici, comme dans
beaucoup de nos anneaux sigillaires, la valeur du S barré (g), abré-
viation de S\(gnxcm). Nous avons ainsi pour l'ensemble
S\{gnum) DANE-
Il est fait mention, à la date de 817, dans le recueil des Tradi-
tiones et possessiones du monastère de Wissembourg, d'un person-
nage féminin appelé Danna1 c'est-à-dire, avec le redoublement
du n, le nom même que nous fournit notre monogramme.
LXYII
AUTRE ANNEAU AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DE RAMERUPT (AUBE)
Cette bague en bronze a été trouvée avec l'os du doigt qui l'a-
vait portée et qui y est encore enfermé.
Elle n'a que 17 millimètres d'ouverture, ce qui indique qu'elle
était à l'usage d'une femme. La tige a 7 millimètres de hauteur,
et présente des ornements près du chaton ; elle a 2 millimètres
J /2 du côté opposé :
Le chaton, ménagé à même le métal, a la forme d'un carré
long, de 7 millimètres de haut sur 11 1/2 de large.
Sur le chaton, il y a un monogramme, où l'on voit, en allant
de gauche à droite du lecteur, un E, un L, dont la haste penchée
coupe obliquement le S du centre, un I, ce qui, avec le redouble-
1. N° 127 de ce recueil, dans l'édition de Zeuss (Spire, ISi?, p. 4), citée par
Forslemann, Personcnnamen, col. 331.
78
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
ment du E, nous donne les éléments du nom de ELISE, génitif de
ELI SA; cette déclinaison impliquant la présence de Signum; le S,
coupé par la haste du L, de même qu'il est entré dans la for-
mation du vocable, a ici la valeur du S barré, il faut donc lire :
S\{gnum) ELISE-
Ce vocable a été d'un usage assez fréquent au moyen âge. Il fut
porté, au xme siècle, par une religieuse d'un monastère de la
Grande-Bretagne, mentionnée par les historiens anglais', et au
xive siècle, par une noble dame qui épousa successivement un
comte de la Marck et le prince électeur Kupert Pipan8.
LXVIIt
BAGUE AVEC FIGURE CASQUEE (?), PROVENANT DE DIENVILLE (AUBE) »
La bague en bronze reproduite ci-dessus a été trouvée par
M. Lépreux, qui en a fait don au Musée.
Notre anneau a de 20 à 21 millimètres d'ouverture; sa tige est
ronde et a une épaisseur de 2 millimètres 1/2. Le chaton, de forme
ronde, qui est pris dans la masse, a 11 millimètres de diamètre,
et est accosté de trois cabochons, soudés à droite et à gauche, et
disposés en feuilles de trèfle, comme nous les avons souvent ob-
servés dans les bagues de l'époque mérovingienne.
Sur le chaton est gravée une figure, où l'on peut voir, grossière-
ment indiquée, une tête de profil, coilïée d'un casque surmonté
1. Voir dans Tanner, Bibl. BrU-Hib., p. 368.
2. Voir, pour les noms germaniques Ella, Elso, Eisa, Fôrstemann, Personen-
namen, col. 173.
3. Dienville est un chef-lieu de commune, dans le canton de Brienne, arron-
dissement de Bar-sur-Aube. On ne possède aucun renseignement sur l'époque
et les circonstances de la découverte de cette bague.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
79
d'un haut et long cimier. C'est peut-être l'essai d'une représenta-
tion personnelle du propriétaire primitif du bijou, (elle que nous
l'avons observée sur plusieurs de nos bagues.
LX1X
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DU LIEU DIT SOMME -FONTAINE OU
SAINT-LUPIEN (aURE)'
Ce bijou en bronze a été recueilli par le service des ponts et
chaussées, qui l'a déposé au Musée archéologique de Troyes.
Notre bague a 15 millimètres seulement d'ouverture, ce qui
indique qu'elle était à l'usage d'une femme. La tige a 7 millimètres
de hauteur près du chaton, et est ornée, au môme endroit, de
chaque côté du chaton, de trois petits cercles renfermant chacun
un point ou globule et disposés en feuilles de trèfle, qui remplacent
les trois cabochons signalés par nous comme un des traits les
plus caractéristiques de la fabrique mérovingienne.
Le chaton, ménagé à même le métal, est un carré long, bordé,
sur les quatre faces, d'un trait gravé, qui encadre un monogramme.
Ce monogramme comprend un E ; un V, qui est à l'angle formé
par le premier trait perpendiculaire et la ligne oblique intérieure :
un A non barré, formé par cette même ligne et la deuxième per-
pendiculaire; le N intérieur, et par redoublement de la première
1 ettre, un E final : ce qui donne le nom d'EVANE, génitif d'EVA,
génitif formé par l'addition du groupe ne, comme on le voit dans
un grand nombre d'actes de la période gallo-franque'. Le S, posé
1. Somme-Fontaine ou Saint-Lupien est un chef-lieu de commune, dans le
canton de Marcilly-le-Hayer, arr. de Nogent-sur-Seine.
2. Notamment dans le célèbre testament d'Erminetrudis, de l'an 700 (Par-
dessus, Ch. et diplôm., t. II, p. 257); dans le Cartulaire de Beauiieu, où une
noble matrone esl nommée, au début d'une charte de 823, Aiga, et souscrit
dans ces termes : « S. Aigane. » (Ch. CLXXXV, p. 257 et 259 de notre édition);
80
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
en travers de la barre oblique intérieure, a ici la signification du
S barré (S), abréviation de S\(gnu?n). Nous avons ainsi, pour
l'ensemble du monogramme.
S\{gnum) EVANE.
Le nom d'Eva, fort usité au moyen âge, est celui de deux saintes :
l'une, vierge et martyre, est la patronne de la ville de Dreux1,
l'autre fut une religieuse du monastère de Saint-Martin de Liège2.
Le Cartulaire de l'abbaye de Redon contient, à la date de 1091,
la mention d'un personnage appelé « Babalot films Evane » 3, où
l'on constate l'emploi du nom d'Eva avec sa déclinaison au géni-
tif, dans la forme même que nous offre notre monogramme.
DIOCÈSE DE PARIS
LXX
BAGUE TROUVÉF- A ERMONT (SEINE-ET-OISE) 4
Cette bague en or provient d'une des sépultures mérovingiennes
explorées, il y a sept ou huil ans, à Ermont : elle a été recueillie dans
le cercueil en pierre d'une femme, et a été décrite par M. Albert
Meignan dans la Revue archéologique 5.
L'anneau a H millimètres seulement d'ouverture, ce qui indique
iine autre matrone y est nommée Ava au début d'une charte de 868, et souscrit
ainsi : « S. Avana. » (Ch. LI, p. 93 et 94).
1. Vivier, Notice sur Eva, de Dreux.
2. Ilenriquez, Lilia Cisfrrcensia, t. I, p. 145.
3. Ch. CCCXXIV, édit. d'Aurélien de Courson, p. 276.
4. Ermont est une commune dépendante du canton de Montmorency, arron-
dissernent de Pontoise.
5. Année 1890, t. II, p. 354.
Ces premiers siècles du moyen âge
si
qu'il appartenait à une toute jeune fille, ou à une femme dont la
main était extraordinairement petite. La tige en est forte, et a été
soigneusement forgée, puis retouchée à la lime de façon à recevoir
à l'extérieur la forme d'un hexagone.
Le chaton, soudé sur la tige, se compose d'une verroterie ronde,
imitant le grenat, et sertie dans une cuvette en or; une deuxième
enveloppe, ornée, sur ses bords, de petites dents, est rabattue sur
la première, qui la dépasse de quelques millimètres.
LXX1
bague avec figures en partie indéfinissables et deux groupes de
lettres, trouvée dans le département de seiine-et-olse
Cette bague, que nous reproduisons ici d'après les dessins que M I
Mayor en a donnés «, a été découverte dans le département de Seinc-
ct-Oise, et appartient, depuis Tannée 1889, au Musée archéologique
de Genève' Elle est en bronze et parait présenter, en certains en-
droits, des traces de dorure ■. Elle a 18 millimètres d'ouverture (ce
qui dénote qu'elle était à l'usage d'une femme) et une hauteur par-
tout égale de 5 millimètres. Elle est, à l'extérieur, de forme octo-
gonale et chacune des huit faces porte, des caractères ou des figures
grossièrement gravées dans des encadrements rectangulaires
Sur la première face, en partant de la gauche (du lecteur), il v a
un personnage masculin tracé en graffitti,dont une jambe relevée en
arrière, indique un mouvement de marche ou de dansé. Dans les
1. Rev. archéol., année 1893, t. II, p. 96.
2. Où elle est cotée E, 338, sur le catalogue ms.
3. Lettre de M. J. Gosse, du 30 octobre 1892.
6
82
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
quatre pans suivants, des signes indéfinissables; dans le sixième, les
lettres IN; dans le septième, un oiseau, probablement la colombe
symbolique ; enfin au huitième, des caractères où M. Mayor pense
qu'on « peut, à la rigueur, reconnaître un G mérovingien ou un Q,
un T lié par la base avec un U, et un I incline formé par le second
jambage del'U 1 ». Rien ne prouve d'ailleurs, suivant l'observation
de M. Mayor, que Tordre dans lequel sont décrites les huit faces de
l'anneau soit le vrai, et il est impossible de proposer une explica-
tion des figures (l'oiseau excepté) ni des deux groupes de lettres,
dont l'un est môme, en partie, d'une lecture incertaine.
Lorsque j'ai publié pour la première fois la bague qui nous
occupe % c'est à l'aide de dessins moins exacts que ceux de M. Mayor,
et j'avais été conduità liresur la huitième face le vocable germani-
que d'Ato; mais j'ai dû renoncer, depuis, à cette leçon, que n'auto-
rise point l'état réel du bijou, et me borner à reproduire, comme
je viens de le faire, la description et les observations du savant ar-
chéologue de Genève.
ANNEAU AVEC UNE C10IX ACCOSTÉE DES CARACTÈRES V ET A >'ON BARRÉ OU A
NON BARRÉ ET Y, TROUVÉ DANS LE DÉPARTEMENT DE SE1NE-ET-OISE
Cet anneau de bronze, découvert, comme le précédent, dans le
département de Seine-et-Oise, appartient, depuis l'année 1889, au
Musée archéologique de Genève3.
Nous le faisons figurer en tète de la présente notice, d'après les
dessins que M. J. Mayor en a donnés' et par lesquels nous rem-
ï. Loc. cit., p. 97.
2. Rcv. archéol., année 1893, t. I, p. 275-276.
3. Coté E, 339, sur les catalogues ms. du Musée.
4. Rcv. archéol., année 1893, t. II, p. 94.
LXXH
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
83
plaçons ceux, moins exacts, à l'aide desquels nous l'avons décrit
pour la première fois en 1893 '.
Il a 20 millimètres d'ouverture. La tige, plate à l'intérieur et
ronde à l'extérieur, a 5 millimètres de largeur à la naissance du
chaton, indiquée de chaque côté, par deux fortes entailles. Le cha-
ton ainsi délimité a 29 à 30 millimètres de largeur sur 10 de hauteur.
On y voit gravée une croisette, dont la branche de droite (pour le
lecteur) est accostée de deux traits formant angle et représentant
un A non barré. La branche de gauche se termine par un trait for-
mant avec elle un V.
Les lettres V A ou A V sont peut-être et même assez vraisembla-
blement les initiales du nom du propriétaire de notre anneau.
DIOCÈSE DE ME A UX
LXXil bis
ANNEAU d'aGILDEBTUS, TROUVÉ A JOUAItUE (SEINE-ET-MARNE) 2
Cet anneau a depuis longtemps disparu, et malheureusement il
n'en reste aucun dessin, mais seulement une description qu'André
du Saussay a insérée dans sa Panoplia episcopàUs Ml a été trouvé,
en 1636, dans un des sarcophages de la crypte de l'ancienne abbaye
de Jouarre, celui d'Agiibertits, évèque de Paris vers 670. C'est là
que Du Saussay déclare l'avoir vu et étudié; on peut donc avoir
pleine confiance en la notice qu'il a consacrée à ce précieux monu-
ment, et que je reproduis ici en la traduisant :
« Il y a dix ans à peine, dans l'antique monastère de religieuses
de l'ordre de Saint-Benoît, existant à Jouarre, au diocèse de Meaux,
on découvrit, dans une crypte sur laquelle a été construite une châ-
pelle consacrée à saint Paul ermite, le corps de saint Agilbert, évè-
que de Paris vers 670, il était encore revêtu des ornements ponti-
ficaux, parmi lesquels son anneau épiscopal, en or, muni d'une pierre
1. Rev. archéol, année 1893, t. I, p. 276-277.
2. Jouarre est une commune dépendante du canton de La Ferté-sous-Jouarre,
arrondissement de Meaux.
3. II, 2, p. 183, in-fol., Paris, 1 0 16.
84 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN ACE
précieuse, non transparente, mais opaque, qu'on appelle agate.
Sur cette gemme est gravée la figure de saint Jérôme se frappant la
poitrine avec une pierre devant l'image du Christ suspendu à la
croix. L'anneau est décoré de peintures en émail à la partie supé-
rieure1 de la tige, du milieu de laquelle se détache une cuvette,
élevée sur des griffes rocourhées, entre lesquelles la gemme est
enchâssée. Cet anneau est d'un travail si exquis, qu'on a peine à
croire qu'un autre bijou semblable pût être fabriqué avec plus d'art
et d'élégance. Je l'ai tenu dans mes mains, car j'étais présent sur les
lieux mômes peu de temps après cette découverte, ayant été appelé
par l'illustrissime princesse, révércndissime dame Jeanne de Lor-
raine, abbessedu célèbre monastère, à la prière de laquelle j'ai ré-
digé l'office particulier de saint Agilbert... *. »
1. << In superiori parte circuli ». L'auteur a sans doute voulu désigner « !a
partie extérieure de la tige.
2. « Vix effluxit decennium, cum in anliquissimo monasterio Iotrensi sancti-
moniali.um Ordinis Sancti Uenedicti in dioecesi Meldensi, in crypta cui vetus-
tissima superstructa est aedicula sancti Pauli Eremitae, corpus sancti Agi Iberli
episcopi Parisiensis, qui circa annum 670 sedebat, reperluin est, pontificalibus
adhuc ornamentis insignilum, inter quae anulus ejus pontificalis erat, aureus,
pretioso ot non diaphano sed opaco lapide (quem Achaten vocitant) in-lructus,
cui S. Hieronymi, pecttis silice percutientis, ante imaginem Christi penduli in
cruce, imago paret insculpta. Encausto anulus in superiori parte circuli deco-
ratur, eminetque e medio ejus vasculum falcalis quasi unguiculis evectum, quibus
ipsa gemma stringitur. Adeoque exquisito artilicio fabrefactuiii opus est, ut vix
elegantiori forma confeelum aliud proferri possit.
Contrectavi illum ipsum anulurn manibus meis,num hic aderam paulopost accon-
tigerat Ma inventio, evocatus ab illustrissima principe reverendissima D. Joanna
a Lotharingia, inclyti hujus monasterii abbatissa : cujus rogatu, etiam proprium
officium ejusdem sancti Agilberti contexui, ac typis paulo post edidi, a primoris
notae doctoribus Facultatis Theologicae Parisiensis, priusquam inlucem prodiret.
examinatum ac probatum » (Panoplia episcopalis, in-fol., Paris, 1646, p. 183.)
PREMIÈRE BELGIQUE
DIOCÈSE DE TREVES
LXXII
BAGUE d'oPTATA, AVEC L* ACCLAMATION VivdS mihi, DE PROVENANCE
INCONNUE
Le Musée provincial de Trêves possède une bague en or', sur
laquelle sont gravés un griffon et un lion, et qui porte cette ins-
cription : VIVAS Ml PIA OPPTATA ( Vivas mi(hi) pia Opptata)*.
Cet exemple et celui que je reproduis plus basa, m'ont servi
à expliquer l'inscription d'un autre anneau, où le mot mihi est
réprésenté parla seule initiale m".
DIOCÈSE DE METZ
LXXIII
BAGUE AU SYMBOLE DU POISSON, ATTRIBUÉE A SAINT ARNOUL,
ÉVÉQUE DE METZ
Il existe dans le trésor de la catbédrale de Metz suivant les uns3,
1. N° 1261 du catalogue.
2. Kraus, Die Christlichen Inschriften der Rheinlande, t I, p. 121, n° 253.
3. LXXIII bis.
4. XXXIX ter.
5. E. Le Blant, Inscrip. chrét. de la Gaule, t. I, p. 420, n° 321 A. Ce bijou avait
été déjà décrit et figuré dans VHist. de Metz, par les Bénédictins; Bégin, Metz
depuis dix-huit siècles, t. II, p. 205: le Spicileg. Solesm., t. III, tab. nr, n° 4, et
p. 578; et l'abbé Chaussier, De l'origine apostolique de l'Église de Metz, p. 57. Il
est aussi reproduit dans R, Garrucci, Hist, de l'art, chrétien, t. VI, planche 478,
fig. 2-
86
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
au Musée de la ville de Metz suivant d'autres1, une bague qui,
d'après une légende rapportée par Paul Diacre2, aurait appartenu
à saint Arnoul (Arnulphus), évêque de la cilé messine de 614 à
6263.
Voici cette légende telle qu'elle nous a été transmise : Arnoul,
alors déjà évêque, passant sur un pont, jota sa bague dans la Mo-
selle et dit : « Je croirai mes péchés ellacés lorsque cette bague me
sera rendue. » Un de ses serviteurs la trouva quelques années
après dans les entrailles d'un poisson. Le bijou fut conservé pré-
cieusement, et, ayant échappé en 1793 à la destruction, il devint
plus tard la propriété de l'abbé Simon, grand archidiacre de la ca-
thédrale, qui la réintégra dans le trésor.
E. Le Blant, à qui nous empruntons ces détails, a publié le
chaton de notre anneau, dans le tome Ier de son ouvrage paru en
1 856, au moyen d'une empreinte qui lui avait été fournie par M.
Victor Simon, en ce temps conseiller à la Cour d'appel de Paris.
On y voit un poisson engagé dans une nasse formée d'un filet;
à droite et à gauche, deux petits poissons, paraissant se diriger
vers fouverture de la nasse. On a reconnu là, avec raison, une al-
lusion à l'initiation chrétienne, qui a donné lieu aux poètes de
nommer le Christ « Rete, filet S>; appellation que l'un d'eux a net-
tement expliquée dans ce vers :
« Relia eur? Sparsas quoi) eolligat ûndique genle>8. »
1. De Marsy, Bulletin de la Soc. hist. de Compicgne, t. V, année 1883.
2. Dons D. Calmet, Hist. de Lorraine, t. I, preuves, col. 58. Cf. ibid., p. 378.
3. Saint Arnoul, ("lové au siège épiscopal de Metz en 61 i, résigna cette dignité
en 625, et mourut en 640.
4. Saint Damase (C«rm., VI) : « Vcrbum, Homo, Rete, Lapis, Dormis, omnia
Christ us Jésus. »
Knnodius (Carm., lib. I, eap. ix) ; « Hastia, Virgullum, Pastor, Mons, Re(e}
Columba. »
Orientais (dans Martène et Durand, Thesaur. anecdod., t. V, col. 40) : « Retia,
Sol, Sponsas, Scmcn, Mons, Stella, Magister. »
5. Orientius, dans Martène, loc. cil., col. 43.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
87
Lo sujet symbolique représenté sur le bijou qui nous occupe, a
été exécuté assez grossièrement pour qu'on doive le faire descen-
dre à une époque fort basse, où les notions et les traditions de l'art
romain étaient à peu près perdues. Néanmoins, E. Le Blant l'a
jugé antériemr à la fin du rv° siècle, sans doute parce qu'au mo-
ment où il composait et publiait la première partie de son livre, il
était enrorc sous l'empire de colle idée que l'emploi de l'emblème
du poisson ne s'était pas continué au delà de cette époque. Notre
savant confrère a reconnu depuis qtiè si cet usage avait, en effet,
disparu de Rome, il avait persisté bien plus longtemps dans les
provinces, et il eu a môme constaté un exemple dans la bague mé-
rovingienne qui a fait l'objet de notre précédente notice; il n'y a
plus, îles lors, à ce point de vue, aucune difficulté à admettre l'at-
tribution de notre anneau à un personnage de ce temps.
DIOCÈSE DE TOUL
LXXIII »'»
BAGUE AVEC t/aCOHMATION VÏVCIS mi(fli) (fia, PROVENANT DE NAIX
(meuse) '
Cette bague en or, trouvée à Naix, appartient à la collection
de M. Marnod, habitant de Bar-le-Duc. J'en fais figurer ici le chaton,
d'après les dessins que mon savant confrère à la Société des Anti-
quaires de France, M. Maxe-Wcrly, en a publiés en 1883 3, et je ne
1. Naix, l'ancien castrum Nashua, est dans le canton de Ligny, arrondissement
de Bar-le-Duc.
2. Collect. des monum. épigraph. du Barrois, in-8, Paris, Champion, lilir. édit.,
p. 54, 1S83.
88
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
puis mieux faire que de reproduire la description et les commen-
taires qu'il a donnés de cet intéressant bijou :
« Cette bague porte dans son cbaton un grenat à deux couches,
de forme hexagonale, présentant sur la surface des traits effacés
par le temps; sur les facettes latérales figurant chacune un trapèze,
on lit une inscription, composée de dix lettres en relief dans un
petit carré creusé jusqu'à la seconde couche, et tracée ainsi :
VI-V-AS-MI-D-IV (Vivas mi[hi] diu).
« J'ai rencontré, au Musée d'Épinal, une pierre gravée qui me
paraît sortir du môme atelier que celle de Naix. Sur la face princi-
pale, j'ai cru reconnaître l'image d'un personnage debout s'ap-
puyant sur une hache; par suite d'une inversion, l'inscription avait
été lue :
MI-D-IV-Vl-VA1-
De son côté, E. LeBlant, après avoir reproduit ces formules accla-
matoires, en cite un troisième exemple.
LXXI1I <«■
ANNEAU DE COMODUS (POUR COMMODUS) PROVENANT DU DÉPARTEMENT DE LA
MEUSE
M. Maxe-Werly, le savant archéologue du Barrois, a décrit ce
bijou de la manière suivante : « Dans le trésor découvert en 1809
par Maulan, l'inventeur des colliers d'or qui occupent aujourd hui
une place d'honneur dans les vitrines de la Bibliothèque Nationale,
se trouvaient plusieurs bagues en or eten argent2. Sur l'une de ces
dernières, dont la pierre était d'un gris perle, se lisait en trois lignes,
l'inscription suivante gravée en creux :
C O
M O
D
« Je n'ai, ajoutait M. Maxe-Werly, aucune explication à propo-
ser pour ce groupe de. lettres \ »
1. Annuaire île la Suc. d'Émulation des Vosges, 1865, p. 712.
2. Voir lo Narrateur de la Meuse, n° 363, du 26 février 1809.
3. Collect. des monuments épigraphiques du Barrois, in-8, Paris, 1»83, p. 55.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
80
E. Le Blant a lu, avec raison je crois, dans cette inscription,
qu'il a rangée parmi les inscriptions chrétiennes, le nom de
COMODO-
Et il ajoute : « pour Commodus, avec changement de l v en Q et
suppression de l'S final1 ». Cette dernière observation me paraît
manquer d'exactitude. Le nom gravé sur le chaton de la bague, la-
quelle sans aucun doute a servi de sceau, est ici à l'ablatif, comme
dans plusieurs de nos anneaux et au bas d'un grand nombre de
chartes et de diplômes 2.
DIOCÈSE DE MAY EN CE
LXX1Y
bague avec personnage a cheval, trouvée a oberolm (grand-ducné de
hesse-darmstadt)
Cette- bague, qui est conservée au Musée des antiquités de
Mayence, a été recueillie avec un peigne, des boucles d'oreilles,
une petite boucle de ceinturon en bronze, un peson en verre cl
deux tasses en verre. Elle a été publiée par M. Lindenschmit, dans
son savant ouvrage sur les antiquités germaniques5.
Elle est en bronze et se compose d'une tige assez mince et d'un
chaton ménagé à même le métal; ce chaton, qui est de torme
ronde, mais assez irrégulière dans sa partie principale, a 22 milli-
mètres de large sur 16 de hauteur. On y voit gravé un personnage
à cheval, du dessin le plus barbare et du travail le plus grossier.
1. 750 inscriptions de pierres gravées inédites ou peu connues. n° 386, p. 141.
2. Voir LXXXVIII, CCXLV, GGLXV, CGXGVIII; et deux cachets reproduits à
l'Appendice, n06 III et VII.
3. Hnndbuchder deulschen Aller thumskunde, première partie (Antiquités mé-
roving.), pl. XIV, fig. 11. Les renseignements que nous donnons en lôle decette
notice, nous ont été obligeamment fournis par M. Lindenschmit dans une lettre
du 18 avril 1838.
no
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
LXXV
AÏTRE ANNEAU THOUVÉ A OBÉROLM (GRAND-DUCHÉ DE HESSE-DARMSTADT)
Cet anneau, conservé ainsi que le précédent au Musée de
Mayence, a été recueilli dans une sépulture franque, où l'on a
trouvé en même temps divers objets qui ne permettent pas de
douter que ce ne fût celle d'une femme, savoir : deux bracelets en
perles, un collier de perles, une fibule ronde, des boucles d'oreilles
et un étui en bronze'.
Le bijou dont il s'agit et qui a été publié par M. Lindenschmit2
se compose d'une mince tige et d'un cbaton ménagé à même le mé-
tal, de forme ronde quelque peu irrégulière, ayant un diamètre de
18 millimètres. Au centre sont gravés des groupes de lignes en
divers sens, danslesquels on peut distinguer la figure d'une pioche
ou d'un marteau, et qui sont encadrés dans un double cercle for-
mant bordure.
Les traits gravés sur cette bague n'ont aucune signification et
servaient seulement à assurer le secret de la correspondance.
LXXVI
ANNE \U D'itUNTLA, TROUVÉ A LAUBENHEIM (ilR AND DCCHÉ DE
hesse-darmstadt)
Nous reproduisons ici une belle bague en or, trouvée à Lauben-
beim, près de Bingen, ancienne ville forte du duché de ITesse-
Darmstadt. La sépulture franque où elle a été recueillie contenait,
en outre, deux boucles d'oreilles en or, ornées de verres colorés,
une fibule ronde en or, une chaîne de perles d'améthyste et d'am-
bre jaune.
1. Lettre précitée de M. Lindenschmit.
2. Oper. cit., pl. XIV, fig. 14.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
91
Ce bijou, qui est conservé au Musée de Mayence, a été publié
par M. Lihdenschmit, dans son ouvrage déjà cité sur les Anti-
quités germaniques '.
11 est composé d'une mince tige ronde et d'une lame plate en
or, sur laquelle viennent se poser les deux extrémités de la lige, et
qui est accostée, à ses deux bouts, de deux pattes en forme de S,
sur lesquelles est appliqué et soudé un large chaton de forme ronde
de 14 millimètres de diamètre. Au centre de ce chaton est gravé le
buste d'un personnage féminin; la tète, de profil, tournée à droite,
est ceinte d'un bandeau terminé, au sommet, p a r u il nœud de
perles, et, sur la nuque, par deux bandelettes. Autour du buste, une
légende dont nous nous occuperons bientôt. Le tout est entouré
d'un cercle et de trois rangées concentriques de grènetis. Au re-
vers, le chaton est également bordé d'un triple rang de grènetis,
et porte, à gancho, entre deux pattes en volutes, les caractères sui-
vants, surmontés du signe de l'abréviation :
Tv
Enfin, aux deux points de réunion de la baguette et du chaton,
l'on remarque trois globules ou cabochons en or, déjà signalés
comme un des traits caractéristiques de la fabrique mérovingienne.
Voici maintenant la légende inscrite autour du buste :
HVNILA I2TOI
Le nom d'Hunilaest bien connu : c'est celui d'une femme gothe
d'origine et de sang royal, que l'empereur Aurélien, dans un
intérêt politique, fit épouser à Q. Bonosus ou Bonosius, l'un des
trois tyrans qui s'élevèrent sous le règne de Probus (280-281)*.
1. Pl. XIV, n°» I et 2.
2. Vopiscus sur Bonosus : « Fuisse enim dicilur (ut et avns meus dicebaf)
foemina (uxor Donnai) singularis exempli, et familiae nobilis gentis GoUhicac :
92
ÉTUDE SUft LES ANNEAUX
La femme qui, à la fin du vi* siècle ou au commencement duvn0,
possédait le riche et élégant bijou figuré ci-dessus, était évidem-
ment l'épouse d'un souverain ou tout au moins de lignée royale,
et très probablement de race gothique. Mais il esl à peine besoin
d'ajouter que je n'entends établir ni même conjecturer de lien de
patenté entre elle et YHunila du me siècle.
J'ignore la signification de la deuxième partie de l'inscription,
comme absides caractères gravés au revers du chaton.
LXXYII
BAGUE TROUVÉS A DIETERSHEIU (GRAND-DUCHÉ DE IIESSE-DARMSTADt)
Voici une bague en bronze, conservée au Musée de Mayence\
auprès de laquelle on a trouvé un peigne, un étui également en
bronze, deux colliers de perles et une boucle d'oreille', tous objets
qui sont la marque d'une sépulture féminine.
Le chaton de cette bague, pris dans la masse du métal, est rond
et a (la bordure comprise) 16 millimètres î/2 de diamètre. En de-
dans de la bordure en forme de torsade, il y a un cercle tracé au
burin ; à l'intérieur, des traits et des signes dont le sens nous
échappe, et dans lesquels on distingue seulement un T.
À droite et à gauche du chaton, au point où commence la ba-
guette, on a ménagé le relief d'un cabochon, comme nous l'avons
observé sur plusieurs anneaux de la période mérovingienne.
qunm illi Aurelianus uxorem ideirco dederat ulpor eum a Gotthis cuncta cog-
nosceret. Erat enim virgo regalis. Extant literae ad legatum Thraciarum scrip-
lae, de iis nuptiis et donis quae Aurelianus lîonoso dari nuptiarum causa jussit :
« .... Nunc tamen quon'iain plaçait Bonoso IIunilam dari, datas eijuxta brève infra
scriptum omnia quae praecipimus » (Historiae Auyustae seviptores, edit.
Hackiana, t. II, p. 770-771.)
1. Lindenschmit, Handbuch der dcuUchen Alterthumskunde, pl. XIV, fîg, 17.
2. Lettre de M. Lindensclimit, du 18 avril 1888.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 93
LXXVIII
BAGUE TROUVÉE PRÈS DE WORRSTADT (GRAND-DUCHÉ DE HESSE-DARMSTADT)
Cette bague en bronze, qui appartient au Musée de Mayence,
a été publiée par M. Lindenschmit '. Elle se compose d'une forte
tige et de deux chatons de dimensions très inégales et pris tous
les deux dans la masse du métal. La tige est ornée, à droite et à
gauche, de bourrelets.
Le plus grand des chatons est un carré irrégulier aux angles lé-
gèrement arrondis, de 12 millimètres de large sur 9 de hauteur.
Dans un cadre tracé ui burin, on voit des lignes gravées en di-
vers sens et qui paraissent être, non des caractères significatifs,
mais de pure fantaisie. Notre bague était probablement néanmoins
destinée à servir de cachet.
A côté de ce bijou, on a trouvé deux boucles d'oreilles en bronze,
une chaîne de perles, un bracelet en bronze et deux étroites
languettes de courroie 2, qui ont du être à l'usage d'une femme.
LXX1X
BAGUE TROUVÉE A UDENHEIM (GRAND -DUCHÉ DE nESSE-DARMSTADT)
Nous reproduisons ici une bague en bronze, qui appartient
"™ 'eS P-«entes, ■» Musée de Mayenee, et auprès de^utué
1. Oper. cit., pl. XIV, flg. 12.
2. Lettre précitée de M. Lindenschmit.
94
ÉTUDE SUK LES ANNEAUX
on a recueilli deux boucles d'oreilles et un ornement en forme de
disque, également en bronze, qui dénotent la provenance d'une
sépulture de femme, et de femme franque suivant l'observation de
M. Lindenschmit 1 .
Cet anneau a 19 à 20 millimètres d'ouverture; la tige en est
assez forte ; il est décoré de deux chatons ménagés à même le mé-
tal, dont un seul, le plus grand, nous est connu : c'est un carré
long de 14 millimètres de large sur 10 de hauteur. On y voit un X
ou bien une croix de Saint-André, gravée entre deux traits perpen-
diculaires, avec deux demi-cercles aux points d'intersection des
1eux barres obliques ; des deux angles latéraux du X se détachent
deux pointes, qui se relient aux traits perpendiculaires.
Ces dessins n'ont sans doute aucun sens; le bijou semble néan-
moins avoir eu la destination et l'emploi d'un cachet.
LXXX
BAGL'E AVEC CROIX GRECQUE, TROUVÉE A RUDESHEIM,
PROVINCE DE NASSAU (ALLEMAGNE)
Nous faisons figurer ici une bague en bronze, sur le chaton de
laquelle est gravée une croix grecque. Ce bijou, qui appartient au
musée de Mayence.aété publié par M. Lindenschmit2, d'après le
témoignage de qui il provient d'une sépulture franque. Il se com -
pose d'une tige assez forte et d'un chaton [tris dans la masse, le-
quel a 15 millimètres dans sa plus grande hauteur.
1. Op. cit., p. 401, pl. XIV, fîg. 18. — Lettre du 18 avril 1883.
2. Op. cit., p. 404', pl. XIV, ir 15.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
95
DIOCÈSE DE MAYENCE OU DIOCÈSE DE WORMS
LXXXI
BAGUE AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DU DUCHÉ DE HESSE-DARMSTADT
Cette bague en bronze a été trouvée dans uue sépulture qui con-
tenait, en outre, un p son et une chaîne de perles. Elle appartient
au Musée de Darmsladt et a été reproduite par M. LimlenschmitJ
dans son ouvrage déjà cité1.
Notre anneau a 10 millimètres d'ouverture ; la tige a 5 milLimè-
ires de hauteur près du chaton, qui est. un carré long, ménagé à
même le métal, et mesure 8 millimètres de large sur 7 de haut.
Sur ce chaton est gravé en creux un monogramme, dont l'aspect
suggère tout d'abord l'idée d'une croix gammée, et dans lequel,
après un examen plus attentif, on découvre au sommet un F couché
et renversé; en bas, à gauche, un A ; à droite le caractère \, que
je crois être une des nombreuses formes du G à l'époque mérovin-
gienne; enfin plus bas, à droite, un Li ce qui, pour l'ensemble
donnerait, en répétant la lettre A, la leçon :
FAGALA
Ce nom féminin, mentionné dans les Gesta eptscoporum Came-
racensium1 , convient bien à un bijou provenant d'une tombe qui,
d'après la nature des autres objets qui y ont été découverts, devait
être celle d'une femme fianquc'.
1. Uandbuch der deulschen Aller ■Ihumskunde, l'° partie (Époque mérovingienne),
pl. XIV, n° 13
2. Dans Perlz, Mon. Germ. hist. SS., t. IX, p. 484. Ce vocable se lit, chez les
Bollandisles, sous la forme Phagala (Acta SS., mens, januar., t. II.)
3. Lettre précitée de, M. Lindenschmit.
96
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
DIOCÈSE DE WORMS
LXXXII
ANNEAU TROUVÉ A WORMS (GRAND-DUCHÉ DE IlESSE-DAUMSTADT)
Cet anneau en bronze, conservé an Musée de Mayence, figure
dans l'ouvrage déjà cité de M. Lindenschmit1. Il se compose d'une
mince tige et d'un chaton, au point de réunion desquels on remar-
que un cabochon ou globule. Lo chaton, qui est de forme ronde
assez irrégulière, a 1G ou 17 millimètres de diamètre : au centre
sont gravés cinq boutons, entourés chacun d'un petit cercle, et sé-
parés d'un cercle servant de bordure au chaton par des courbes
reliées les unes aux autres et dessinant des sortes de compartiments.
A côté de cette bague, on a recueilli deux boucles d'oreilles avec
ornements en verre bleu, et une chaîne de perles, qui faisait sans
doute partie d'un collier2; ces bijoux dénotent la provenance d'une
sépulture féminine.
Les dessins tracés sur le chaton, dépourvus d'ailleurs de toute
signification, avai nt sans doute pour but de constituer un cachet
destiné à assurer le secret de la correspondance, peut-être aussi
l'authenticité de la souscription de la personne qui en était pro-
priétaire aux actes où elle figurait.
Il en était probablement de môme pour les anneaux que nous
décrivons dans les deux notices suivantes.
1. Hundbuch der deulschen Altt rhumskunde, pl. XIV, fig. 15.
2. Lettre de M. Lindenschmit, du 18 avril 18 33.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
97
DIOCÈSE DE COLOGNE
LXXXill
ANNEAU AVKC MONOGRAMME, PROVENANT DES ENVIRONS DE RONN
(PRUSSE RHÉNANE)
Ce bijou, qui est en or, appartient au Musée de la ville de Bonn
et provient assurément de la Prusse Rhénane. Il a été publié par
M. Lindenschmil', d'après les dessins duquel nous le reproduisons
ici.
Il se compose d'une tige et d'un chaton de forme ronde, qui est
soudé sur la tige et a 24 millimètres de diamètre, y compris la bor-
dure. Le monogramme dont il est orné est surmonté d'une petite
croix, et en présente une deuxième à la partie inférieure. En par-
tant de la droite (pour le lecteur), on y voit, gravé à part, un C
rétrograde ; puis, dans le corps du monogramme, un O attaché à
la première des deux barres perpendiculaires; le N figuré par les
deux barres et le trait oblique qui les relie ; le A non barré du som-
met, et le E rétrograde, ce qui donne le nom de CONAE, et, avec le
redoublement du N, CONANE. Le S rétrograde posé sur le trait
oblique intérieur, qui est si souvent le siglc de Signum, a ici,
croyons-nous, cette valeur, et nous lisons conséquemment :
S{ignum) CONANE-
De Cona, vocable d'origine germanique mentionné au x° siècle2,
est dérivé le nom de Covanus, duc des Bretons, qui figure si souvent
1. Op. cit.. pl. XIV, n» 10.
2. C'est le nom du (ils de Bérenger II, roi d'Italie, mentionné dans la [relation
de l'ambassade de l'évèque Luidprand à Gonstanlinople, en 968 (Pertz, Monum.
germm. historié. SS., t. III, p. 253).
7
98 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
dans la Chronique de Richer et implique naturellement l'existence
du féminin correspondant, dont nous avons sur notre anneau l'em-
ploi au génitif.
LXXX1V
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, PROVENANT d'aNDERNACH
(PRUSSE RHÉNANE)
Nous reproduisons ici la plateforme du chaton d'une bague prove-
nant d'un tombeau découvert près d'Andernach (Prusse Rhénane),
Y Antunnacum des itinéraires romains2 et d'Ammien Marcellin 3.
En 1886, M. Schaaffhausen, conservateur du Musée de Bonn, a
adressé à mon savant confrère M. Alex. Bertrand, pour m'ètre
communiqué, un dessin du monogramme dont 11' chaton du dit
anneau est décoré.
Ce monogramme est des plus compliqués. Nous y avons reconnu
la présence des lettres suivantes, en allant de gauche à droite : E,
T, A, V, N, I, 7, C, et un second E, auquel il faut peut-être joindre
un L rétrograde. Il nous a été impossible de grouper ces caractères
d'une façon rationnelle et d'obtenir une explication même conjec-
turale.
Nous devons noter, à ce propos, que les monogrammes inscrits
sur les bagues des régions du nord, du nord -est, et particulière-
ment de celles qui bordent le Rhin, sont assez souvent compliqués
et d'un déchiffrement très ardu. Ajoutons toutefois que nous n'en
avons pas encore rencontré dont l'étude présentât autant de diffi-
culté que eclui de l'anneau d'Andernach.
1. III, 80, 91 (Pertz, Ibid., p. 650-652).
2. Voir E. Desjardins, La Géographie de la Gaule d'après la Table de Peutln-
ger, p. 54.
3. XVIII, ii, 5; collecl. Teubner, p. 122.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
DU
DIOCÈSE DE TONGRES
LXXXV
BAGUE DE WABLEGYSUS, PROVENANT d'aULCHIN, PROVINCE DE BELGIQUE
Cette bague, trouvée en 1850, dans le cimetière franc de Ilaulchin,
fut déposée au Musée royal d'armures et d'antiquités de Bruxelles.
D'après des renseignements que j'ai reçus de M. Destrée, conserva-
teur-adjoint de ce Musée, l'anneau ou plus exactement les frag-
ments d'anneau qui y avaient été recueillis, sont perdus depuis
déjà longtemps :« Cet objet, m'écrivait-il récemment1, est décrit
dans le catalogue de 1854, mais, lors du recolement fait eu 18.V.I,
il ne fut pas retrouvé ; aussi ne figure-t-il plus dans le catalogue
imprimé en 186i. »
Notre anneau a été publié pour la première fois, peu après sa
découverte, par M. Scbayes, alors conservateur de la précieuse
collection belge2, et depuis par plusieurs archéologues, notamment
par notre regretté confrère, E. Le Blant, qui avait eu des em-
preintes, d'après lesquelles le bijou a été reproduit dans son Recueil
des inscriptions chrétiennnes de la Gaule s.
Il est en argent et se compose d'un chaton de forme ronde, de
1S millimètres de diamètre (y compris la bordure de grènetis),
soudé sur une mince tige, qui se prolonge sous le chaton en une
double patte. A droite et à gauche du chaton, il y a trois globules
ou cabochons en argent, soudés au point où il se réunit à la ba-
guette.
Il porte, en légende circulaire, et très légèrement gravé à la
i Lettre de M. Destrée, du 29 mars 1887.
2. Notice sur la découverte d'un cimetière franc à Haulchin, p. 4, pl. II, fig. 4 ;
Bulletin de l'Acad. de Belgique, t. XXI, lre partie, p. 120, et pl. II, fîg. 1G.
3. T. I", p. 425, n° 321, pl. XXXV, n° 219. Ou le trouve encore dans Cochet,
Normandie souterraine, 2° édit., p. 252, et Le tombeau de Childéric l", p. 377.
100
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
pointe, un nom, où les auteurs qui se sont occupés de cet objet ont
lu + WABVETVSVS.
Cette leçon ne nous paraît pas exacte. Telle était aussi l'opinion
d'un habile paléographe, le regretté Julien Havet.
Le premier groupe WAB est suivi d'un L et d'un E, puis d'une
lettre qu'on a prise à tort pour un T et oîi j'ai vu, avec J. Havet,
une des nombreuses formes du G à l'époque mérovingienne ; vien-
nent ensuite un Y (qu'on a pris pour un V) et le groupe final SVS.
L'ensemble de l'inscription nous donne
WABLEGYSVS-
Si le S du centre a, à raison de la place qu'il occupe, uue deuxième
signification, il représente l'initiale de Signavi ou Subscripsi, et,
dans ce cas, il faudrait lire :
+ WABLEGYSVS S(ignavi) ou S(ubscripsi).
Les deux dernières syllabes de ce nom sont bien en rapport avec
l'onomastique gallo franque ', et le Y remplace assez souvent le |
dans les chartes et diplômes de cette période 3.
LXXXVI à CXIV
VfNGT-NEUF ANNEAUX PROVENANT DE LA PROVINCE DE NAMUR (BELGIQUE)
M. Alfred Bêquet5, vice-président de la Société archéologique de
Namur et conservateur du Musée de cette ville, m'a fort obligeam-
ment envoyé les dessins d'une nombreuse série d'anneaux francs
appartenant audit Musée et provenant des fouilles exécutées parles
soins de la Société de Namur, sur la rive droite de la Meuse et de
la Scarpc, dans les limites de la province. Mais il me parait utile de
1. Nous voyons en effet, dans les actes de celte période, des noms comme
ceux d'Adalgisus, Adregisus, Alagisus, Amalgisus, Andegisus, Ansigisus, Bere-
gisus, Bcrdegisus, Bretegisus, Carothgisus, etc., etc. (Pardessus, Dipl et ch., 1. 1,
p. 213; t. II, p. 37, 83, 89, 149, 202,203, 213, 221, 437, 440, 447, 461 et passim.)
2. Ainsi l'on trouve Aigulfus et Aygulfus, Ghislemarus et Ghyslemarus, Hidul-
fus et Hydulfus, Hippolytus et Yppolitus, etc. (Pardessus, Diplom. et ch., t. II,
p. 33, 35, 35, 43, 47, 49, 53, 81, 118, note 3, 199, 218 etpassim.
3. Lettre de M. A. Bé^uet, du 8 avril 1889.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
101
faire précéder cette description, do notions générales que, sur ma
demande, le savant archéologue a bien voulu formuler touchant
l'âge probable et les procédés de fabrication de ces petits monu-
ments.
Point n'est besoin de signaler à nos lecteurs la haute valeur d'ob-
servations émanées d'un érudit aussi profondément versé dans
la connaissance des antiquités de la province de Namur.
« Age probable des anneaux.
« Les Francs ensevelis dans les cimetières de Samson et de
Spontin portaient la grande épée, la francisque, la framée, le bou-
clier et de belles boucles en bronze. Leurs compagnes portaient
des colliers en or, en ambre ou en verroterie, des bracelets en
argent et en verre, des pendants d'oreilles, des épingles à cheveux
en or et en argent. Leurs coiïrets à bijoux ont des ornements de
style romain ; presque tous les vases sont en terre rouge, et
imités des vases dits samiens ; les vases en verre sont nombreux.
« Bien que le "mobilier de ces sépultures ait un caractère germa-
nique parfaitement prononcé, on constate, dans la plupart des
objets d'équipement et de toilette, une influence romaine évidente.
u Ces hommes libres s'étaient assurément trouvés en contact
avec la civilisation romaine, soit clans les grandes villes riveraines
de l'Escaut, de la Meuse, de la Moselle et du Rhin, ou bien dans
les armées impériales, où ils avaient servi comme auxiliaires.
<( Bien dillérent est le mobilier sépulcral des nécropoles de date
postérieure; il a un caractère plus rude, plus franchement ger-
manique; on n'y voit aucune trace de contact avec une civilisation
plus avancée. Les bijoux en métal sont rares et consistent princi-
palement en bractéates analogues à celles qu'on trouve en Scandi-
navie. Les objets de parure sont de facture bien barbare ; les signes
du christianisme sont mêlés aux amulettes païennes; les anneaux
ont des signes et des monogrammes.
« Deux ou trois tombes seulement renfermaient la francisque,
la framée et même la grande épée : ce sont les restes d'hommes
libres, propriétaires du sol sur lequel ils se sont définitivement
fixés après la conquête.
« Les sépultures qui les entourent appartiennent à leurs serfs.
On n'y rencontre que dos scramasaxes, des couteaux, des boucles
102
ÉTUDE SUU LES ANNEAUX
de ceinturon en fer, des objets de toilette d'un style très barbare
et de petites urnes noires couvertes d'ornements bizarres.
« Au mois de nui 1890, il a été découvert, à Suarlée près Namur,
une sépulture précieuse au point de vue de l'épo jue à assigner à
l'usage des anneaux qui nous occupent parmi les populations fran-
ques. A côté des objets formant l'équipement habituel du guerrier
germain, se trouvaient deux bagues en or.
« Ce qui donne à cette trouvaille une valeur particulière, c'est
que la sépulture renfermait en outre sept monnaies impériales en
or, savoir : 1 de Valens (364-378), 1 de Gralicn (367-383), 2 de
Valentinien II (375-392), 1 de Théodose (379-395), 1 d'Arcadius
(383-408), et 1 d'Honorius (395-423). Une aussi remarquable série
d'empereurs, dont tous les règnes se suivent, permet sans doute de
considérer comme très probable que la date de l'enfouissement de
ces médailles avec le corps du guerrier remonte à Honorius ou à
un de ses successeurs immédiats.
« Procédés de fabrication.
« L'or employé par les orfèvres francs pour l'exécution de ces
bijoux avait été laminé par le martelage.
« Toutes les soudures étaient faites à l'or avec beaucoup d'ha-
bileté.
« La tige de ces bagues consiste, soit en une corde unie, ou gra-
nulée ou striée, soit et plus souvent en un cercle d'or, sur lequel
on gravait quelques dessins ou l'on appliquait par la soudure des
ornements consistant en globules, grènetis, fils tordus, lamettcs,
etc., etc.
« Le chaton a généralement la forme d'une capsule carrée, rondo
ou ovale, faite de lames d'or assez minces et soudées. Il enchâsse
une améthyste, un cristal de roche, rarement une intaille ou un
camée. Mais les orfèvres barbares, qui n'avaient pas toujours ni
même fréquemment à leur disposition des pierres dures, les rem-
plaçaient bien souvent par des imitations en verre.
« On ne trouve pas sur ces genres d'anneaux les trois globules
ou cabochons en métal, disposés en feuilles de trèfle, qui, ainsi
que le dit très justement M. Deloche, sont un des ornements ca-
ractéristiques des anneaux mérovingiens'.
1. Il convient toutefois de noter à cet endroit que, d:ins plusieurs de nos an-
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
103
« A côté des bagues en or, celles que l'on rencontre le plus com-
munément chez les Francs des premiers temps de l'occupa! ion,
sont do simples anneaux d'argent ou de bronze, semblables aux
alliances que portent encore aujourd'hui les gens mariés. Le seul
cimetière franc de Samson en a donné une vingtaine.
« Un large anneau d'argent, trouvé tout récemment dans une
sépulture franque, à Ilans-snr-Lesee, province de Namur,est décoré
d'un chaton, dans lequel est sertie nne intaille romaine sur corna-
line, d'un excellent effet.
« Pour me résumer, je pense que les anneaux, chez les Francs
du vc siècle et peut-être du commencement du vie, étaient encore
dépourvus de signes et de monogrammes. Ces peuples avaient
emprunté aux Romains l'usage des pierres précieuses pour orner
leurs bagues, et, à défaut de gemmes, les ont imitées avec des
verroteries. Je crois que l'usage du monogramme et des figures
n'est venu que plus tard, lorsque le christianisme fut répandu
parmi les Mérovingiens. »
1° LXXXVI. — ANNEAU AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DE JUMELLE,
PROVINCE DE NAMUR (BELGIQUE)
Cet anneau en argent a été trouvé, en 1882, dans la sépulture
d'une femme. On recueillit dans la même tombe des grains de col-
lier en ambre et en verroterie; sur la poitrine de la défunte, il y
avait une fibule semblable aux broches que les femmes portent de
nos jours; à ses pieds, une petite urne de terre noire, ornée de des-
sins faits à la roulette.
Notre anneau a été déjà publié par M. Béquet, dans les Annales
de la Société archéologique de Namw-'.
neaux, on voit deux petits globules ou cabochons de métal disposés à droite et
à gauche des points de jonction de la tige et du chaton. M. D.
1. T. XVI, p. 30; l'article est intitulé : Nos fouilles en 1882.
104
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Il a 18 millimètres d'ouverture et se compose d'une tige de 2 mil-
lim. d'épaisseur et d'un chaton rond, de 20 millim. de diamètre,
soudé sur la tige, laquelle se prolonge sous le chaton dans la forme
de deux pattes, divisées chacune en deux volutes divergentes. Aux
deux points de réunion de la tige et du chaton, on a soudé trois
cabochons ou globules, disposés en feuilles de trèfle.
Le chaton, bordé d'un cordon perlé, a conservé quelque traces
de dorure : il est orné d'un monogramme, gravé légèrement a la
pointe à la façon des graffiti et parsemé de points.
Etudions maintenant ce monogramme, dans lequel nous devons
nécessairement trouver un nom de femme.
En parlant de la droite (du lecteur), nous y voyons un B, un A
non barré et surmonté d'une petite croix; un S, traversé oblique-
ment par un I ; un N formé par ce trait oblique et les deux barres
perpendiculaires; enfin, un E rétrograde: ce qui nous donne, pour
l'ensemble, le nom de
BASINE
La déclinaison de ce vocable au génitif implique la présence du
mot Signvm, et telle est assurément la signification du S barré,
qui a conséquemment ici, comme dans plusieurs autres bagues
contemporaines, un double emploi, puisqu'il enlre aussi dans la
composition du nom de la personne propriétaire du bijou.
Nous lisons donc :
SI(,9num)BASINE.
Le nom de Basina est célèbre dans les annales des Francs méro-
vingiens, car il fut porlé : 1° par la femme du roi de Thuringe, qui
abandonna ce prince pour venir s'offrir au roi Childéric IeJ, dont
elle eut Clovis Ier'; 2° par une fille de Gbilpéric, qui fut religieuse
dans le monastère de Sainte-Croix de Poitiers, où elle causa des
troubles et des scandales rapportés par Grégoire de Tours2.
Il existe un autre anneau sigillaire portant le môme mono-
gramme de Basina, qui fait l'objet de la notice suivante.
1. Greg. Tur., Hist. eccles. Fiancor., Il, 12 ; Epilom., 12, édit. Guadet et Taranne,
t. Ict, p. 80 et t. II, p. 29.
2. Hist. eccles. Franco-., IX, 39; et X, 16; edit. laud., t. II. p. 187 et 243. Le
masculin Basinus, correspondant au féminin Basina, se renconlre assez fréquem-
ment dans la période mérovingienne. Voir dans Pardessus, t. II, p. 83, 88, (J3,
221, 250-253, 2G4 et 358.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
105
2° LXXXVIL — AUTRE ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A
FRANCHTMONT, PROVINCE DE NAMUR
Voici un deuxième anneau, en bronze, portant le monogramme
de .Basina, provenant, comme le premier, d'une sépulture franque,
et publié par M. Alf. Béquet, dans les Annales de la Société archéo-
logique de cette ville'. Il en diffère toutefois sous plusieurs rap-
ports.
Il a 20 millimètres d'ouverture, cl la tige en a 4 de largeur. Le
chaton, de forme ronde, a 12 millim. de diamètre; il n'est pas
accosté des trois cabochons en Heur de trèfle qu'on observe sur le
numéro précédent.
Le monogramme dont il est orné, presque identique à celui du
premier anneau, est gravé plus habilement au burin el en traits
plus profonds et plus pleins. C'est, nous l'avons dit, le même nom
de Basina au génitif, avec le S barré (%), abréviation de Signum,
comme au numéro précité :
+ S{ignum) BASINE.
Une circonstance à signaler, c'est que ce bijou a été recueilli,
à Franchimont, dans une tombe dont le mobilier dénonce la sé-
pulture d'un guerrier: il comprend, en ellet, une francisque, une
framée, une boucle en fer avec plaque et contre-plaque garnies
d'argent, des flèches pour la chasse et divers menus objets \
Il est fort difficile d'expliquer comment deux bagues portant le
môme nom féminin en un monogramme de composition presque
identique, se sont trouvées en deux endroits et dans des sépultures
différentes : l'une dans une tombe de femme, l'autre dans la tombe
d'un guerrier. On ne pourrait imaginer, à cet égard, que des con-
1. T. XV, p. 289; l'article est intitulé : Nos fouilles de 4880.
2. Tels que briquet, pince à épiler, perçoir. Il y avait aussi deux vases en po-
terie et un vase en verre.
106
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
jectures sans base sérieuse et qu'il est conséquemment inutile
d'exposer. Nous nous bornerons à faire observer que, des deux
bagues, l'une a 18 millimètres et l'autre 20 millim. d'ouverture,
ce qui donnerait à penser qu'elles avaient été fabriqués pour deux
personnes ditférentes.
Il est inléressant de les rapprocher d'un autre anneau des
contrées rhénanes, décrit plus haut sous le n° LXXXIII.
3° LXXXV1II. — BAGUÉ DE ISOLUS OU BOBOLUS, TROUVÉE AU TOMBOIS,
PROVINCE DE NAMUR
La bague en bronze que nous repro luisons ici, a été recueillie
dans un cimetière franc, découvert au lieu dit le Tombais, dépen-
dance du hameau d'Esclayc, commune de Pondrôme, canton de
Beauraing; elle était au doigt d'un personnage qui avait été ense-
veli tout éperonné.
L'ouverture de l'anneau est de 22 millimètres; la tige, qui est
massive, a 7 millim. et dé ni près du chaton. Ce chaton, ménagé
à même le métal, est de forme ronde et a 12 millim. de diamètre;
il présente, gravées en creux, deux petites croix, avec trois lettres
dont nous nous occuperons bientôt.
En publiant ce bijou, en 1887, la Société archéologique de
Namur a fait connaître que les sépultures du Tombois, dans l'une
desquelles il a été recueilli, contenaient divers objets à l'usage des
Francs, tels que boucles en bronze, coutelas, éperons en fer, peignes,
bracelets, broches ornées de verroleries, etc.1. Quant à l'inscrip-
tions du chaton, l'auteur de l'article descriptif de notre anneau
déclarait ne pouvoir en indiquer le sens2.
La lettre gravée à la droite du chaton (gauche du lecteur) est
certainement un B cursif (b), dont la base, au lieu d'être arrondie,
1. Annales de la Soc. archéol. de Namur, l. XVII, p. 242-243. Sur un grand
coutelas contenu dans une de ces sépultures, on lit l'inscription VICSVS FICIT.
2. Il a cru voir, mais à tort, dans une de ces lettres, un « I avec un crochet,
qui lui donnerait l'apparence d'un J » ; c'est assurément un 15 cursif.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
107
présente un angle aigu; les deux lettres de gauche sont O et L. En
redoublant le O, on trouve le vocable bOLO, an nominatif, men-
tionné, au viue siècle, dans une charte de l'abbaye de Lorsch '. En
redoublant les deux premières lettres, nous avons le nom de
bObOLO. qui est celui d'un monnayer inscrit sur un tiers de sou
d'or fabriqué au milieu du vn° siècle5. Il est même à remarquer
que le B y est, comme sur la bague du Tombois, en la forme cur-
sive \ Dobolus est le diminutif au 'Ier degré de Bobo, d'où est dérivé
le diminutif au 2e degré Bobolenus, dont l'emploi fut fréquent dans
le haut moyen âge'.
En résumé, les caractères inscrits sur le chaton de notre bijou
nous paraissent devoir être lus ainsi :
+ bOLO H- ou + bOfbO)LO +
On pourrait admettre aussi l'hypothèse d'un nom de la deuxième
déclinaison, décliné ici au datif ou plutôt à l'ablatif, ce qui n'au-
rait rien de surprenant, car ou en rencontre de nombreux
exemples dans les souscriptions des chartes et des diplômes de la
période mérovingienne, el nous en avons d'autres exemples sur
nos anneaux.
1. Bolo, gén. Bolonis, dans Cod. Laureshamens . diplomat., t. 111, p. 77.
2. Celle pièce a été, suivant nous (Descript. des monn. méroving. du Limousin,
n° 80, p. 183), frappée h Ajain (Creuse); Adr. de Longpérier (Collect. Rousseau,
p. 87, pl. II, n° 197) l'a attribué à Agen (Lot-et-Garonne). En voici les légendes :
AGENNO FIT — + BOBBOLO MONI(tow).
3 Voir notamment Revue numismatigne, lr° série, t XF, p 100 et 227; I ong-
périer, Collect. Rousseau, n° 154, p 62. De nombreux personnages sont ainsi
appelés dans Grégoire de Tour-, llist. Franc., V, 40, cl VI, 45; édil. Guadet et
Taranne, t. I, p. 438 et 453; et dans Pardessus, Dipl. et ch., t. II, p. 82, 83. 89,
100, 264, 346 et 45 4.
4. On connaît des monnayers mérovingiens de ce nom qui ont signé des
pièces sorties de trois ateliers. Voir An. de Barthélémy, Liste des noms d'hommes
graves sur l's monnaies d: l'époque mérovingienne, p. 9. Mentionnons aussi un
abbé de Saint-Bénigne de Dijon (an. 814) et un fonctionnaire du Palais, qui
assista, en 719, à un plaid tenu parle maire du Palais Charles Martel (Pardes-
sus, Dipl. et ch., t. II, p. 209, 300 et 316). Grégoire de Tours fait mention d'un
Bobolenus, référendaire de la reine l'rédégonde (llist. Franc., VIII, 32; t. II,
p. 112). Les Bollandistes ont donné la Vie de deux saints du même nom, qui
lurent évêques de Vienne, l'un au vu0 siècle, l'aulre au vuic (Ai ta SS , mens,
maii, t. VI, p. 446).
ÉTUDE SU» LES ANNEAUX
ANNEAU D'AIRINSUStlS, TROUVÉ AU TOMBOIS
Voici un anneau sigillaire en bronze, qui provient, comme celui
dont nous nous sommes occupé ci-dessus, du cimetière franc du
ïombois, dans le hameau d'Esclaye, commune de Pondrôme. Il a été
également publié, en 1887, par la Société archéologique de Namur1.
Il a 20 millimètres d'ouverture, et se compose d'une tige assez
mince et d'un chaton, qui paraît y être soudé; il existe, aux deux
points de réunion de la tige et du chaton, trois cabochons ou glo-
bules, disposés en feuilles de trètlc, comme on les rencontre si fré-
quemment sur les anneaux de fabrique mérovingienne. Au centre
du chaton, qui est de forme ronde et a 1G millimètres de diamètre,
on remarque un gros bouton pris dans le métal et isolé par un trait
circulaire profondément creusé au burin; autour de ce bouton,
sont gravées une croisette et une légende en lettres bouletécs très
lisibles :
-f AIRINSVc/)|
Signum étant sous-entendu5.
Peut-être aussi faudrait-il, à raison de la forme étrange du mot
Airinsusi, admettre que la dernière syllabe doit être ici détacebé
du vocable, comme cela a lieu pour deux autres noms inscrits sur
nos anneaux (ABBONE SO et ROCCOLANE SV), dont les terminales
SV et SO ont, suivant nous, la signification de SV{àscripsi)
Dans l'espèce présente, la syllabe SI aurait le sens de S\{f/navi) ou
1. Annales de la Soc. archèol de Namur, t. XVII, p. 243.
2. Quand j'ai publié pour la première fois cet anneau [l\ev. archcolog., année
1888, t. II, p. 180), j'ai pensé que le nom qui y est gravé était Airinsus et que
le deuxièmes de ce nom avait, avec le I final, la valeur de silgnavi). Mais, après
mûre réflexion, je crois qu'il est préférable de voir là le génitif d'Airinsusw.
3. Voir plus loin les nos CCLXV et CCbXVIII et les notes.
108
4° LXXXIX —
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
109
5° XG. — BAGUE A DEUX CHATONS ORNÉS DE CROIX, TROUVÉE A RESTEIGNÉ,
PROVINCE DE NAMUR
Autre bague en bronze. Elle provient du cimetière franc de Res-
teigné, et d'une tombe où l'on a recueilli en même temps divers
objets qui nous semblent dénoter une sépulture masculine1.
Cet anneau a 22 millimètres d'ouverture ; la tige, qui est ondulée,
relie deux cbalons de dimensions inégales; le plus grand de ces
ebatons est un carré de 1 1 millimètres de côté, et porte une croix
pattée, dont les deux bras sont accostés chacun de deux en/ailles
faites au burin.
Le deuxième chaton, déforme ronde, à 8 millim. 1/2 de diamè-
tre, et présente une petite croix à branches égales, pattées et four-
chues.
6° XGI. — BAGUE d'aILLA, TROUVÉE DANS LA PROVINCE DE NAMUR
Nous faisons figurer, à cette place, une bague en bronze, prove-
nant, comme les précédentes, d'une sépulture franque de La pro-
vince de Naraur.
Elle a 18 millimètres d'ouverture; la tige est ronde et a 2 millim.
d'épaisseur. Elle est munie d'un chaton déforme ronde, de 11 mil-
i. Ce sont : la plaque en os d'une boucle de ceinturon, garnie de trois grosses
tètes de clous en bronze; une grande fibule ansée en bronze à deux pattes, et
une petite balance également en bronze. (Lettre de M. Alf. Béquet, du l i mars
1889).
110
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
lim. de diamètre, sur lequel est gravée une croix à branches égales,
fortement potencée et cantonnée de quatre lettres.
Dans quel ordre doivent être lues ces quatre lettres, où nous
devons trouver le nom de la personne propriétaire du bijou, et qui,
d'après la faible ouverture de l'anneau, était sans doute une femme?
En matière de numismatique mérovingienne, lorsqu'une croix
gravée sur une des faces de la monnaie, présente ainsi des carac-
tères alphabétiques à ses quatre angles ou cantons, ces caracètres
sont lus dans l'ordre même de ces cantons, c'est-à-dire en par-
tant de la gauche (du lecteur) des deux angles supérieurs, et
puis, en partant encore de la gauche des deux angles inférieurs.
On en trouve des exemples nombreux1.
Il est conforme à la logique de procéder pareillement pour la
lecture des inscriptions des anneaux de la même époque.
D'après cela, les quatre lettres de notre bague doivent être lues
ainsi : AILL- et avec le redoublement de A.
AILLA-
Le Polyptique de Saint- Pcmi de Reims contient la mention des
noms masculins Ai/as et Ailo°, et du vocable féminin Aila3, qui
permet d'admettre à priori l'emploi, chez les Francs mérovingiens,
de la forme Ail/a, qui n'en diffère que par le redoublement du /'.
Nous trouvons enfin dans une notice de plaid de 750, le nom fémi-
nin d'Aillerta* , dont le thème principal paraît être Ailla.
7° XC1I. — ANNEAU A CROIX ÉGALE CANTONNÉE DE POINTS, PROVENANT DE
LA PROVINCE DE NAMUR
Voici un aulrc anneau en bronze, trouvé dans la province de i\a-
mur.
Cet anneau, qui est visiblement de la même fabrique que le pré-
1. Voir notamment Deloche, Descript. des monnaies mérov. du Limousin,
n'" LXVIII, LXIX, LXX, LXXV, LXXX'III et GXXIV des planches.
2. Polyptique de Saint-Remi de Reims, édit. de R. Guérard, p. 54, 64 et 10G.
3. Ibid., p. 87. On trouve aussi le nom d'Ailitia, p. 104.
4. Le Polyptique de Sainl-Germain-des l're's, édit. d'Aug. Longnon, n° 21,
p. 242, nous l'ait connaître le nom A' Alla, où se produit le redoublement du /.
5. Pardessus, Dipl. et ch., t. II, p 415.
DES PREMIERS SIECLES DU MOYEN AGE
111
cèdent, a 20 millim. 1/2 d'ouverture, et se compose d'une tige de
2 millini.de hauteur, sur laquelle est soudé un chaton de forme
ronde, de 11 millim. de diamètre. Sur ce chaton est gravée une
croix égale, fortement potencée aux quatre branches, et cantonnée
de quatre points ou globules, au lieu des quatre lettres qu'on lit
dans le? angles de la croix de la bague à' Ailla.
8° XCIII. — BAGUE AVEC INSCRIPTION, TROUVÉE AU LIEU DIT (( LE BOIS DES
SORCIÈRES », PROVINCE DE NAMUR '
Nous publions ici une autre bague en bronze, trouvée dans une
sépulture franque. où l'on a recueilli en même temps une framée,
une grande boucle en bronze avec plaque el contre plaque, sur les-
quelles sont tracés au burin des serpents enlacés.
Cette bague a 20 millim. d'ouverture; la largeur de la tige est
de 3 millim. ; le chaton qui y est soudé est accosté de trois cabo-
chons ou globules, disposés en feuilles de trèfle, qui sont, comme
nous l'avons souvent remarqué, une des particularités distinctives
de la fabrique mérovingienne. Ce chaton est de forme ronde et a
19 millim. de diamètre. La croix à branches égales qui en occupe
le centre, est cantonnée des quatres lettres A E C-E ou C'E A E, ou
en lisant à la place des deux E, deux M cursifs, A-M C M ; ou bien
enfin, en prenant l'un de ces deux caractères pour un M cursif et
l'autre pour un E, AMCE, ou E C-M A-
Incertain à la fois sur la valeur des lettres de l'inscription et sur
1. Celte localité est située dans la commune de Florennes.
112 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Tordre dans lequel elles doivent être lues, nous sommes dans l'im-
possibilité d'en proposer une interprétation plausible.
9°XCIV. — ANN EAU-CACHET AVEC LE S BARRÉ, PROVENANT DE LA PROVINCE
DE NAMUR
Voici une bague en bronze, qui a 18 1/2 millimètres d'ouverture ;
la tige a 2 1/2 millimètres de hauteur. Le chaton, de forme ronde,
qui y est soudé, a 9 millim. de diamètre et porte, gravé en creux,
un S, que coupe obliquement une barre, terminée, à ses deux extré-
mités, par un trait, où il ne nous paraît pas qu'on doive voir un
caractère alphabétique.
C'est un nouvel exemple d'anneau, décoré seulement, au chaton,
du siglc abréviatif de Signum.
10° XCV. — BAGUE AVEC LA LETTRE A RÉPÉTÉE, PROVENANT DE LA
PROVINCE DE NAMUR
Cette bague en bronze a 20 millimètres d'ouverture; la tige, qui
est renforcée près du chaton, a en cet endroit 7 millim. de hauteur.
Ce bijou est décoré de deux chatons de dimensions inégales, dont
le moins important, de forme ovale, a 7 millim. dans sa largeur,
et 4 1/2 dans sa hauteur; il est orné d'une croix grecque pattée. Le
plus important des deux chatons est un carré long, de 10 millim.
de hauteur sur 19 de largeur, avec un double encadrement, où
sont figurés deux A-
Ces deux lettres sont indubitablcmeni l'initiale répétée du nom
du propriétaire de l'anneau.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
113
11° XGVI. — AUTRE ANNEAU AVEC L'iNITlALE N RÉPÉTÉE (?), TROUVÉ
DANS LA PROVINCE DE NAMUR
C'est un anneau en argent, provenant de la tombe d'une femme
franque.
Il a 19 millimètres d'ouverture et une hauteur de 4 millimètres,
la môme dans tout le pourtour. 11 est dépourvu de chaton et présente
des ornements, qui sont séparés par des traits perpendiculaires,
où l'on peut voir la lettre N répétée, laquelle serait, comme sur le
n° XC111 ci-dessus, l'initialede la personne propriétaire de ce bijou.
12° XCVII. — ANNEAU AVEC UN SIGLe'dE SIGNIFICATION DOUTEUSE,
PROVENANT DE LA PROVINCE DE NAMUR
Cet anneau, trouvé dans une sépulture franque, a 17 millimétrés
seulement d'ouverture. La lige en est mince et ronde; aux deux
points où elle se relie au chaton, elle est ornée de deux globules ou
cabochons.
Le chaton, ménagé à même le métal, est de forme ronde et a
12 millimètres de diamètre; il est décoré de deux cercles concen-
triques tracés au burin, au centre desquels on a gravé trois traits
pareils à des clous qui seraient réunis à leurs pointes. Quand j'ai
publié pour l'a première l'ois ce bijou1, j'ai exprimé la pensée que
les traits qui y sont figurés, pourraient être une allusion aux clous
du crucifiement de Jésus-Christ.
Mon savant confrère M. R. de Lasteyric m'ayant fait part de
ses doutes sur le point de savoir si la figure dont il s'agit ne serait
pas plutôt un shin hébreu; j'ai consulté sur ce sujet un autre de
mes confrères, dont la compétence et l'autorité en cette matière sont
1. Rev. archéolog., année 1889, t. II, p. 321.
8
114
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
reconnues, M. Philippe Berger, professeur de langue hébraïque au
Collège de France, et sa très intéressante réponse, dont on trou-
vera le texte à l'Appendice1 se résume ainsi :
L'aspect général du siglc qui nous occupe est celui d'un shin
hébreu, et M. Berger serait d'autant plus disposé à l'y reconnaître
que l'usage des abréviations était commun chez les Juifs au moyen
âge. On en trouve sur leurs cachets et sur leurs alliances. On voit
dans les inscriptions juives des catacombes la lettre W comme abré-
viation de pax, mais elle ne se rencontre que sur les monuments
funéraires. Ces graffites, tracés par des pèlerins nabatéens sur les
rochers du ïSinuï, commencent par la formule « paix à un tel », qui
se termine par cette lettre, et dont le sens pourrait convenir ici;
mais il serait bien étrange de trouver cette légende juive dans une
sépulture franque.
M. Berger estime donc que, dans l'état de nos connaissances,
l'idée qui lui était venue à l'esprit est trop douteuse pour qu'on la
substitue à celle que j'ai émise en 1889.
De ce qui précède il résulte que la question d'interprétation de
la figure gravée sur notre anneau reste ouverte.
Je me bornerai à faire remarquer : 1° que le mot Pax dont le
shin hébreu est l'abréviation fréquente dans les inscriptions juives
des Catacombes, a été aussi une formule usuelle dans les épitaphes
chrétiennes3; 2° qu'il est aussi dans les formules liturgiques des
offices catholiques3.
13° XCV111. — BAGUE AVEC ANIMAL FANTASTIQUE AU CHATON, PROVENANT
DE LA PROVINCE DE NAMUR '
Cette bague en bronze a 20 millimètres d'ouverture; sa tige,
ronde, a partout 2 à 3 millimètres d'épaisseur. Le chaton, soudé
sur la tige, est accosté, aux deux points de jonction avec celle-ci,
1. Append. n° IX.
2. Voir la formule Pax tecum dans E. Le Blant, Inscript, chrét. de la Gaule,
t. II, n°s 495, 497, 499,519, 520, 522, 533, 541 et suiv. Voir aussi la formule In
pace, dans le même tome dudit recueil.
3. A l'office de la Messe, à la suite de l'Oraison Dominicale dite à haute voix,
et à la fin de l'oraison dite à voix basse, le prêtre ajoute : « Pax Domini sït sem-
per vobiscum ».
i. Daprès un dessin de M. AU', béquet.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
115
de trois cabochons ou globules, également soudés et disposés en
feuilles de trèfle.
Sur le chaton, de forme ronde et de 18 millimètres de diamètre,
est gravé un animal fantastique enroulé sur lui-même, dont la
gravure ci-dessus ne donne qu'une idée imparfaite.
14° XCIX. — ANNEAU AVEC REPTILE AU CHATON, TROUVÉ DANS LA
PROVINCE DE NAMUR
Cette bague en bronze a une ouverture de 18 millimètres ; la
tige a 2 millim. d'épaisseur; le chaton, de forme ovale, a 10 millim .
de hauteur sur 7 de largeur, et présente un reptile, grossièrement
figuré par un trait surmonté d'un petit globule représentant la
tête de l'animal, et accosté, à droite et à gauche, de quatre traits
obliques.
15° C. — AUTRE ANNEAU AVEC REPTILE AU CHATON, PROVENANT DE LA
PROVINCE DE NAMUR
Cet anneau en bronze a 17 1/2 millimètres d'ouverture, et se
compose d'une mince tige de 2 millim. et d'un chaton, pris dans
la masse, lequel a la forme d'un losange et a 17 1 [2 millim. de lar-
geur sur 8 1/2 de hauteur.
11*» ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
On y voit un reptile (?), grossièrement figuré par un trait hori-
zontal coupé par trois traits perpendiculaires.
16° CI. — ANNEAU AVEC CROIX ÉGALE, TROUVÉ DANS LA PROVINCE
DE NAMUR
Cet. anneau en bronze a 9 millimètres d'ouverture; la tige a
2 millimètres de hauteur. Le chaton, de forme irrégulière, qui est
pris dans la masse, a H millim. de haut sur 13 millim. de large.
Il présente une croix à branches égales, fortement potencées.
Ce bijou sort évidemment de la même officine que ceux qui ont
fait l'objet des notices XCVIII et XCIX ci-dessus. Il diffère seule-
ment de ces derniers en ce qu'il n'a, dans les angles de la croix,
ni les quatre lettres du premier, ni les quatre points du second.
17° CH. — BAGUE AVEC SIGNES NON DÉFINIS, PROVENANT DE LA
PROVINCE DE NAMUR
Voici une bague en bronze, qui a 18 millim. 1/2 d'ouverture; sa
tige a 2 millim. de hauteur; elle est ornée d'un chaton ovale de
14 millim. de large sur 12 1/2 de hauteur. Sur ce chaton, qui est
ménagé à même le métal, et dans un cercle tracé au burin, on a
gravé, au centre, une feuille ou un fruit à trois lobes, entouré de
trois palmettes.
Ces dessins, qui présentent une grande analogie avec ceux d'un
anneau en bronze du Musée de Mayence, trouvé près de Woerstadt
(grand-duché de Ilesse-Darmstadt) l, ne paraissent avoir aucune si-
1. Voir ci-dessus le n° LXXVIII.
DES PREMIERS SIECLES DU MOYEN AGE
117
gnification; et néanmoins ils constituaient probablement un ca-
chet.
18° CI II . — ANNEAU ORNÉ DE POINTS OU GLOBULES DANS DES CERCLES
PROVENANT DE LA PROVINCE DE NAMUR
Cet auneau en bron/e, formé tout d'une pièce, a 9 millim. de
hauteur près du chaton, 2 seulement du côté opposé. Le chaton,
ménagé à même le métal, est un carré long de 12 millim. sur 9 de
hauteur. On y a tracé, au burin, un encadrement à pans coupés,
au centre duquel il y a un point ou globule dans un cercle. A
droite et à gauche du chaton, il y a deux ornements semblables,
mais de moindres dimensions.
Ce mode de décoration de notre bijou se remarque sur un an-
neau provenant de la Suisse romande, que nous avons décrit plus
haut'.
19° CIV. — BAGUE PROVENANT DU CIMETIÈRE FRANC DE SPONTIN,
PROVINCE DE NAMUR 2
Cette bague, qui est en or, a 21 millimètres d'ouverture ; sa tige
est une bande plate de métal, large de 8 millimètres, recouverte,
à l'extérieur, de deux torsades, bordées et séparées, l'une de l'autre,
par des cordons de grènetis.
Le chaton, soudé sur la tige, a 25 millimètres de saillie, y
1. Voir n° XXXIII.
2. Décrite dans les Annales de ta Société archéologigue de Namur, t. V1H,
p. 327 et suiv., article de M. Aug. Limelctte.
118
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
compris la torsade dont il est bordé sur ses quatres côtés; c'est un
carré de 12 millimètres de hauteur sur 10 millimètres do large,
formé de plaques d'or battu, et sertissant une pâte de verre en
table, imitant l'émerande. Aux points de jonction avec la tige, il est
accosté de deux globules ou petits cabochons en or.
Ce remarquable spécimen de l'orfèvrerie franque a été trouvé
dans une sépulture féminine, avec l'anneau décrit dans la notice.
suivante1.
20° CY. AUTRE ANNEAU PROVENANT DE SPONTIN, PROVINCE DE NAMUR*
Ce bijou, également en or, bien qu'il provienne de la tombe
féminine où a été trouvé celui que nous avons précédemment
décrit, diffère beaucoup de celui-ci. Il a en etfel 14 millimètres
seulement d'ouverture, ce qui ne convient guère qu'aune main
d'enfant ou de jeune fille.
La largeur de la tige est de 3 millimètres. Le chaton de forme
ronfle qui y esl soudé, et qui a 9 millimètres de diamètre, sertit un
quartz hyalin, reposant sur une feuille d'or enduite d'une couleur
violette, probablement afin de donner au quartz l'aspect de l'amé-
thyste.
Aux deux points de jonction du chaton et de la tige, il y a deux
globules ou cabochons en or.
1. Celle tombe renfermait en oulre les objets suivants : un peigne en os;
;in cou, des grains de collier et sept jolis boutons en jais, cerclés d'or; les débris
d'un coffret à bijoux en bois revêtu de plaques de bronze décorées d'une tète
de Méduse de facture romaine, et de divers ornements, une cruche et un pla-
leau en terre rouge.
2. Ce bijou a été décrit et reproduit dans l'article précité des Annales de la
Soc. archëol. de Namur, t. VIII, p. 327 et suiv.
21° CVI. —
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 119
AUTRE BAGUE PROVENANT DE SPONTIN, PROVINCE DE NAMUR '
Colle bague en or a 18 millimètres d'ouverture ; la tige, plate et
large de 6 millimètres, présente deux fortes bandes d'or en zig-zags,
encadrées entre trois filets saillants.
Le chaton, de forme ronde, a 15 millimètres de diamètre, est
bordé d'un cordon de perles ou petits cabochons, et sertit une ver-
roterie noire.
On remarque deux globules ou cabochons en or aux deux points
de réunion du chaton et de la tige.
Ce bijou a été recueilli dans la tombe d'une femme, avec deux
bagues très simples en argent et divers autres objets2.
22° CVII. — BAGUE PROVENANT DU CIMETIÈRE FRANC DE SAMSON,
PROVINCE DE NAMI'R 3
Celle bague, en argent, trouvée dans une sépulture de femme ', a
19 millimètres d'ouverture; la tige, large de 9 millimètres près du
( bâton et de 4 à la partie opposée, présente divers ornements el en
1. Ce bijou a été décrit et reproduit dans l'article précité des Annales de la
Soc. archéol. de Hfamur, t. VIII. p. 327 et suiv.
2. Savoir : trois bracelets dont un en bronze, un en verre noir elle troisième
en verre d'un vert clair; une boucle ronde en métal blanc, et 84 monnaies,
petits bronzes postérieurs à Constantin. Il y avait, à la ceinture, un coutelas et
des ciseaux, et, aux pieds, un vase à fossettes de poterie rouge et un grand
bassin en bronze à bordure perlée.
3. Ce bijou a été décrit el reproduit dans les Annales de la Soc. archéol. de
JSamur, t. VI, p. 345, article de M. Eug. del Marmol, intitulé ; Fouilles dans un
cimetière de l'époque franque à Samson (Namur).
4. Cette tombe renfermait en outre deux bracelets de bronze, trois vases en
verre et deux vases en terre.
120
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
particulier, de chaque côté, six petits cercles avec un puint ou glo-
bule au centre '.
Le chaton, pris dans la masse et de forme ronde, a 12 millimètres
de diamètre, et se compose d'une grosse perle cabochon en véri-
ahle améthyste, bordée d'un cordon perlé ou strié.
23° CVIII. BAGUE PROVENANT DE SAMSON, PROVINCE DE NAJ1UR2
Ce bijou en or, trouvé, comme le précédent, dans une tombe fémi-
nine3, a 20 millimètres d'ouverture ; la tige est ronde et formée
d'un filet granulé.
Le chaton, qui est rond et soudé sur la tige, a 14 millimètres de
diamètre, y compris une collerette en fil tordu; il est formé de
plaques d'or battu, soudées, sertissant un disque en pâte de verre
bleu et noir, imitant une agate.
Au deux points de réunion avec la tige, le chaton est accosté de
deux globules ou petits cabochons.
1. Ce genre d'ornements, que nous avons déjà noté sur un autre anneau du
Musée de Namur (voir ci-dessus, n° Clll), se voit aussi sur une bague de la
Suisse romande (n° XXXIII), et sur beaucoup d'objets d'équipement et de toi-
lette du pays habité par les Burgundions.
2. Décrite et reproduite dans l'article précité des Annales de la Soc. archéol.
(k Namur, t. VI, p. 345 et suiv.
3. Avec une quantité de petites perles en verroterie, une épingle-style en
argent, trois écuelles en terre rouge commune et un grand bassin en bronze à
bordure perlée.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 12 I
24e CIX. — AUTRE BAGUE PROVENANT DE SAMSON, PROVINCE DE NAMUR 1
Cette bague en or, recueillie dans une sépulture de femme, a
20 millimèlres d'ouverture; la tige, qui est plate et a partout5 mil-
limètres de large, est ornée de trois filets ou cordons de grènetis
Le chaton, de forme ronde et composé de plaques d'or battu, sou-
dées, a 12 millimètres de diamètre, y compris une petite collerette
plissée. Une perle en verre, imitant l'émeraude, est sertie dans la
partie supérieure.
Aux deux points de jonction de la tige et du chaton, celui-ci est
accosté de deux globules ou cabochons de métal.
Ce bijou était au fond d'un vase en bronze, à côté d'une petite
bague en argent, de trois bracelets du même métal, d'un quatrième
en verre noir, et de vingt gros grains de collier en ambre2.
25° CX. — BAGUE PROVENANT DE SAMSON, PROVINCE DE NAMUR *
Cette bague d'argent, recueillie dans la tombe d'une femme *, a
t. Décrite et reproduite dans l'article précité des Annales de la Soc. archéol.
de Namur, t. VI, p. 345 et suiv.
2. Près de la têle, il y avait une épingle à cheveux en argent, trois perles de
collier en or, et une monnaie en argent de Faustina sen.
3. Décrite et reproduite dans l'article précité des Annales de la Soc. archéol.
de Namur, t. VI, p. 345 et suiv.
4. On a recueilli en même temps de nombreux grains de verroterie et d'am-
bre, des boucles d'oreilles en argent, une grosse perle amulette en verre noir,
les restes de la garniture en fer d'une grande bourse ou sacoche, un vase en
verre et deux vases en poterie rouge.
122 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
18 millimètres d'ouverture. La tige, plate e! unie, a 7 millimètres
près du chaton, 4 seulement du côté opposé.
Le chaton, soudé sur la tige et de forme ronde, a 9 millimètres
de diamètre et sertit un disque en verre rouge taillé en table.
26° CXI. — BAGUE DORÉE, PROVENANT DE SAMSON, PROVINCE DE NAMUR '
Cet anneau d'argent a été trouvé dans une sépulture féminine,
à la main gauche du squelette, à côté d'une autre bague très simple2;
il a 17 millimètres d'ouverture; la tige, qui est plate, et a partout
4 millimètres de largeur, est ornée de ( rois filets ou cordons.
Le chaton, de forme ronde, soudé sur celte tige et doré, a 15 mil-
limètres de diamètre à sa base. Il présente sur la face six raies
d'argent, sertissant, sans rabattu, un nombre égal de verroteries
rouges taillées en table et posées sur feuilles d'or hachées; le centre
du chaton est occupé par une perle en pâte vitreuse d'un blanc
laiteux3.
27° CXII. — BAC.UE TROUVÉE A SUARLÉE, PROVINCE DE NAMUR
Cette bague en or, qui a été recueillie dans une sépulture fran-
1. Ce bijou a été décrit et reproduit dans l'article, précité des Annales de la
Soc. arehi'ol. de Namur, t. VI, p. 345.
2. Le même bras possédait deux bracelets en argent : il y avait, à la main
droite, une bague en argent ordinaire, et, au bras, un bracelet en bronze; au
cou, de nombreux grains de collier en ambre et en verre : plusieurs de ces der-
niers sont dorés ; la tombe renfermait encore une épingle à cbeveux en argent,
dont la tète était un oiseau à gros bec, doré et orné de trois verroteries rouges ;
deux boucles d'oreilles en argent, formées d'un anneau traversant un cube à
angles rabattus et sertissant des verrres rouges embattés ; deux écuelles en
poterie rouge, une coupe en verre et un petit couteau.
3. Il convient de rapprocher de ce bijou une bague trouvée à Artres (Nord).
Voir le n° CLXXVI.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 123
que, à Suarlée, près de la ville de Namur1, a 20 millimètres d'ou-
verture; sa tige, légèrement bombée à l'extérieur et plate à l'inté-
rieur, a 3 millimètres d'épaisseur2.
Le chaton est accosté, à ses deux points de réunion avec la tige,
de deux globules ou cabochons en or, comme dans plusieurs des
bagues ci-dessus décrites.
La capsule de métal de ce chaton, qui a 3 millimètres de saillie
sur la tige, renferme un disque «le verre rouge en table, imitant le
grenat, qu'on a posé sur un paillon en métal doré et quadrillé afin
d'en augmenter l'éclat3.
28° GXI1I. — AUTRE BAGUE TROUVÉE A SUARLÉE, PROVINCE DE NAMUR
Cette bague en or, recueillie dans la même tombe que la précé-
dente', a 20 millimètres d'ouverture. La tige, qui a 6 millimètres
de largeur y compris deux bordures perlées, est ornée entre les
bordures de deux blets ou cordons de métal.
Le chaton, de forme irrégulière, presque ovale, el soudé sur la
tige, a 10 millimètres de haut sur 14 de large, non compris une large
1. Leltre de M. Alfred Béquet, du 4 juillet 1890.
2. On a trouvé dans la même sépulture : 1° les armes et objets divers formant
l'équipement ordinaire des guerriers francs ; 2° l'anneau que nous décrivons
plus bas; 3° de nombreuses monnaies en or de Gratien, Valentinien II, Théo-
dose, Arcadius et Honorius. (Lettre précilée de M. A. Béquet.)
3. Lettre précitée de M. A. Béquet. Nous avons signalé l'emploi d'un procédé
semblable sur un autre de nos anneaux. (Voir le n° CXI.)
4. Voir ci-dessus, n° CXI, la note contenant l'énumération des autres objets
trouvés dans la même sépulture.
124 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
collerette de 4 millimètres en fil tordu. Il est formé de plaques d'or
battu, sertissant un disque en verre bleu et noir imitant une agate,
et sur lequel on a imprimé ou tenté d'imprimer, avant le refroi-
dissement de la pâte, un camée ou plus probablement le surmou-
lage d'une intaille antique, car la figure est mal venue et se dis-
tingue à peine.
29° CXIV. — ANNEAU AVEC INTAILLE ANTIQUE, TROUVÉ A ÉPRAVE,
PROVINCE DE NAMUR
Cet anneau d'argent provient d'une des sépultures d'un cime-
tière franc, situé à Eprave. Sa tige, ornée, à l'extérieur, de trois
moulures, a 6 millimètres de largeur.
Le chaton, soudé sur cette tige, est un ovale de 10 millimètres
dans sa plus grande hauteur sur 15 millimètres de large; il est
formé d'une capsule, striée sur ses bords et contenant une intaille
antique sur cornaline, représentant un guerrier casqué, qui tient
de la main droite le sommet d'un bouclier posé à terre, et de la
gauche une lance, dont la haste est également posée sur le sol. Der-
rière ce personnage, sont gravées les trois lettres IVL [Julius).
DEUXIÈME BELGIQUE
DIOCÈSE DE REIMS
CXV
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DE MUtZON PRÈS REIMS (MARNE)
Voici un anneau on bronze, qui a été trouvé en 1882, à Muizon,
village situé près de Reims, et qui appartient à M. E. Payard, ré-
sidant à Baccarat (Meurthe-et-Moselle), correspondant de la Société
des Antiquaires de France.
Il a 19 millimètres d'ouverture, mesurés du chaton à la partie
opposée, et 20 dans l'autre sens.
Le chaton, ménagé à même le métal et de forme ronde, a 17 mil-
limètres de diamètre. Au point où commence le chaton, on a pra-
tiqué, au burin, trois entailles, qui rappellent les trois globules ou
cabochons fréquemment signalés sur nos bagues.
Sur le plat du chaton, daus un cadre tracé au burin, il y a un
monogramme, dont une partie est difficile à définir et qui parait être
composé des lettres suivantes : un E rétrograde, au bas de la
haste duquel est attachée la barre inférieure semi horizontale d'un
|_; un A au sommet du monogramme; un N au centre; un V formé
par l'angle supérieur du N ; le S posé sur le trait oblique de cette
dernière lettre; enfin un caractère placé à la suite du S et qui fst
126
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
peut-être un |. Ces lettres donneraient, pour l'ensemble, le nom de
ELANVS ou ELANIVS-
Le vocable Elanus est celui d'un des témoins d'une charte attri-
buée à Théodechilde, fille de Clovis 1er, pour le monastère de Saint-
Pierre-le-Vif de Sens, et datée d'environ 570; charte reconnue
fausse mais ancienne'. La lettre |, qui accompagne le S, a peut-être
ici, comme nous l'avons souvent conslaté, dans d'autres mono-
grammes, la signification de S\(gnavi) ; et, dans ce cas, il faudrait
lire :
ELANVS S\(gnavi).
CXVI
ANNEAU DE CUNDOBERTUS, TROUVÉ PRÈS d'aVENAY (MARNE) 2
Voici une bague en or, découverte par un cultivateur, qui re-
cueillit en même temps des poteries gallo-romaines. Après avoir
passé entre plusieurs mains, elle a été finalement recueillie dans
la collection de feu le baron Pichon.
Elle est octogonale, même à l'intérieur, ce qui en rend l'ouver-
ture inégale : entre le chaton et le côté opposé, cette ouverture
est de 21 1/2 millimètres.
Le chaton, de forme ronde, a 16 millimètres de diamètre à sa
surface, et S millimètres de hauteur au-dessus de la tige sur la-
1. Pardessus, Dipl. et ch., t. I, p. 133. Forslmann mentionne Ella, dans son
livre des Pcrsonennamen, col. 373.
2. Avenay est une commune du canton d'Ay, arrondissement de Reims.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
127
quelle il est soudé ; il est orné, dans tout le pourtour de cette sail-
lie, de zigzags perlés entre deux rangs de grènetis, formant un ban-
deau qui n'est pas sans élégance.
La tige, décorée, dans les parties les plus rapprochées du cha-
ton, d'ornements un peu confus, a, dans ces parties, une largeur
qui va s'amoindrissant, et n'est plus, du côte opposé, que de 5 mil-
limètres.
Sur la bande de métal, au centre de laquelle était sertie une
gemme, est gravée une inscription, où feu le baron Pichon a lu ces
caractères :
GVNDOBTIVS SVAVIS C <EO (Gundobertus suavis cum Deo).
M. Louis Paris, qui, le premier, a publié ce curieux bijou dans
son Histoire de l'abbaye cïAvenay, a considéré cette leçon comme
certaine et définitive : il a, en outre, identifié le nom inscrit sur la
bague avec celui de saint Gomberl, qui, d'après des légendes his-
toriques, aurait subi le martyre suus le règne de l'un des descen-
dants de Clovis, et dont les reliques auraient été transférées dans
l'abbaye d'Avenay, qui avait reçu de lui de grandes libéralités1.
E. Le Blant, en reproduisant le bijou qui nous occupe dans
son Nouveau recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule*,
rectifie, en ces termes, la leçon proposée par le baron Pichon :
« L'examen de l'objet même m'a permis de constater qu'à la suite
du nom, dont la fin est assez trouble, il faut lire la formule cou-
rante VIVAT DEO. Après les lettres VIV, très apparentes, vient un
A non barré, puis un T cursif, que l'on avait pris pour un C sur-
monté d'une barre d'abrévation et représentant le mot cum. Le T,
fait de cette manière, se rencontre souvent dans les inscriptions. »
Cette lecture et cette explication nous paraissent exactes, sauf
en ce qui touche la première lettre du nom, qui n'est point un G,
comme l'on cru notre savant confrère et M. Louis Paris, mais un C
mérovingien, qui se rencontre sur les monnaies de la première race,
tandis qu'il n'y existe pas, à notre connaissance, d'exemple de la
lettre G ainsi écrite 3. La véritable légende de notre bague est donc :
1. Hist. de l'abbaye d'Avenay, in-8», 1879, p. 64-67.
2. P. 82, n° 59.
3. Voir : 1° Combrouse, Monétaires des rois mérovingiens, in-4°, 1843, pl. 62.
Alphabet des monétaires; 2<> dans A. Engel et R. Serrure, Traité de numisma-
tique du moyen âge, p. 99-101, l'alphabet plus complet, dressé par ces auteurs.
128
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
+ < VNDOBERTVS VIVAT ŒO {Cundobertus vivat Deo).
Cund et Gund sont, avec la variante de l'initiale, un seul et
même radical germanique employé, sous ces deux formes, dans la
composition de nombreux vocables et spécialement de celui qui
nous occupe '.
DIOCÈSE DE SOISSONS
CX VII
ANNEAU DE RUSTICUS, TROUVÉ A ARCY-SAINTE-BESTII UTE (aISNe)
! +
(H"
V
IC
V6
ne
1T
Parmi les objets provenant de fouilles opérées, en 1880, dans
une sépulture mérovingienne d'Arcy-Sainte-Restilute*, sous la di-
rection de feu Frédéric Moreau et qui font partie de sa collection,
se trouve le bijou représenté en tête de la présente notice.
C'est une bague en argent, qui a 21 millimètres d'ouverture,
avec une hauteur de 3 à i millimètres, égale sur tout le pourtour.
Elle a huit facettes, dans l'une desquelles (la deuxième) on voit
une petite croix latine avec la lettre grecque p qui forme, avec la
croix représentant le X des Grecs, les initiales du nom du Christ.
Dans les six facettes suivantes, sont gravées des lettres formant en-
semble les deux mois : VSTICVS FICIT.
Le nom de Usticus élant inconnu, on s'est demandé s'il ne fallait
pas voir dans le sommet de la croix chrismée la lettre initiale de
1. Ainsi, on trouve notamment la mention : 1° d'un Cundobcrt, en l'an 700,
dans Zcuss, Traditiones possessionesque Wizenburgcnses, n° 243; 2° de Cundbcr
et de Cundpert, dans Neugart, Cod. diplomat. Alamanniae, années 778, 797
et 813. La forme Gundobert se rencontre aussi fréquemment dans les docu-
ments des mêmes époques ( Korstemann, Personennamen, col. 559-560).
2. Arcy est un chef-lieu de commune, situé dans le canton d'Oulehy, arron-
dissement de Soissons.
DES PREMIERS SIECLES UU MOYEN ACE
dans le haut moyeu âge1. Rusticus, vocable d'un usage si fréquent
Après avoir indiqué cette hypothèse, E. Le Blant, qui avait été
consulté à ce sujet, a fait remarquer2 que le premier V n'occupe
pas le milieu, mais la droite de la facette, et qu'il y a, à gauche,
assez de place pour un caractère disparu, lequel serait le R initial,
et qu'en cet endroit précisément, le frottement a usé profondément
le métal. « Toutefois, ajoutait notre regretté confrère, il n'est pas
impossible que cette première lettre soit contenue dans le mono-
gramme, car Bobletti a trouvé aux catacombes le sceau suivant :
dans la légende duquel le P de SPES DEI est formé par la tête du
monogramme ". »
Nous considérons, quant à nous, cette deuxième hypothèse
comme dénuée de vraisemblance
On comprend, en effet, que, sur le cachet provenant des cala-
combes, on ait utilisé, pour la composition de la légende latine,
le P du chrisme, parce que ce caractère, qui est là un piï> (R des
Grecs), avait la forme du p latin et se combinait avec les autres
lettres latines de la légende. Mais il est difficile d'admettre que le
fabricant de la bague de Rusticits eût employé comme iniliale de
ce vocable latin, une lettre grecque, qui avait, en latin, la valeur
d'un Pet non d'un R; en un mol, qu'il ait mis une initiale grecque,
avec sa valeur grecque, en tète d'un nom latin.
En outre, le P du chrisme étant gravé horizontalement, il se
1. Ou trouve, dans Pardessus, des chartes ou des souscriptions d'évêques de
Narbonne, Lyon, Cahors et Viviers, qui portaient ce nom, aux années 442, 494,
533,630,683; et d'un personnage qualifié vir clarissimus, à l'année 739 (Dipl.
et ch., t. I, p. 11, 28, 92, et t. II, p. 7, 195, 196, 378). Grégoire de Tours men-
tionne deux Rusticus évêques (Rist. Fr., II, 13 et 16; VII, 31). Enfin, l'Église
honore plusieurs saints de ce nom. (Cf. Bolland., Acta SS., mens, april , sept,
et oct.)
2. Dans une note insérée par l'eu F. Moreau à V Album Caranda, fouilles de
Brény, année 1880; nouvelle série, planche 8, fig. 11, et texte correspondant.
3. Bobletti, Osservazioni sopra i cimiteri de SS. martiri dei Roma, p. 336.
9
130
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
trouverait que l'initiale du nom aurait été disposée autrement que
toutes les autres lettres.
Comment d'ailleurs, dans l'hypothèse dont il s'agit, expliquerait-
on l'isolement du premier V sur la facette où il est inscrit, alors
que tontes les autres facettes contiennent deux ou trois lettres?
Comment enfin expliquerait-on le vide laissé à gauche de ce
même caractère?
La deuxième conjecture est donc, sous tous les rapports, inac-
ceptable.
La première, c'est-à-dire celle de la disparition par l'usure du
R initial à la place vide en avant du premier V, est au contraire
entièrement satisfaisante, et il convient de s'y fixer.
Nous proposons, en conséquence, de lire ainsi l'inscription :
°HR]VSTICVS FICIT +
11 reste maintenant à en rechercher la signification.
Quand j'ai publié pour la première fois ce bijou1, j'ai émis la
pensée que Rusticus était un médecin pbarmacopole, qui l'em-
ployait comme cachet pour certifier de son nom une composition
sortie de son officine.
Je renonce à cette opinion par le motif que la légende gravée
autour de l'anneau, n'aurait pu que très difficilement se prêtera
cet usage.
Je crois donc que le personnage nommé était un orfèvre, à la
fois l'artisan et le possesseur de ce petit monumenl, affirmant que
c'était son œuvre2.
1. Rev. archcolog., année 1886, l. I, p. 341 et suiv.
1. On a trouvé, près de Savigliauo, une épitaphe portant ce qui suit :
EGO GENNA
RIVS FICI
QVI IN EO TEMPORE
FVI MAGESTER
MARMORARIV S
(Le Blant, Inscript, chrét. de la Gaule, l. II, p. 190.) On comprend la fantaisie
d'un maître marbrier, qui a gravé à l'avance sa propre épitaphe: mais il n'y a
aucune analogie à établir entre ce l'ait et celui qui nous occupe. .
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
131
CXV11I
ANNEAU DE DIANA ET AVIUS, TROUVÉ A BRÉNY (AISNE) '
Au cours des fouilles opérées à Brény, sous la direction de
l'eu Frédéric Moreau, on découvrit, le 21 octobre 1880, dans une
sépulture franque et à l'un des doigts de la main droite du sque-
lette, la bague eu bronze que nous reproduisons d'après les dessins
publiés par cet archéologue distingué*. Cetle lingue a 20 millimè-
tres d'ouverture; elle est ornée de deux chatons, placés aux deux
côtés opposés de l'anneau. Le plus petit, de forme ovale et ménagé
à môme le métal, a S millimètres dans sa plus grande hauteur; le
plus grand, qui est de forme ronde el a 15 millimètres de diamè-
tre, est soudé sur la tige, avec deux petits cabochons aux points
de rencontre. On y a grossièrement gravé en creux une tète, au-
tour de laquelle ?e lit cette inscription :
DIANA + AVIVS-
Diana est un nom assez fréquemment employé au moyen âge;
l'Église honore une sainte ainsi appelée, qui fonda, à Bologne, un
monastère de dominicaines et mourut en 1236 \ Avius est un vo-
cable qu'il ne faut pas confondre avec Avitus. Nous n'eu avons pas
encore rencontré d'exemple dans les documents du moyeu âge,
mais on connaît celui à'Av/a, qui est dans une inscription chré-
tienne de Marseille v, et qui implique, comme nous l'avons déjà
dit, l'usage du nom masculin correspondant.
Nous avons donc là un anneau de fiançailles ou de mariage; el
ce bijou était porté par le fiancé ou l'époux Àvius, la sépulture
1. Bréuy dépend du canton d'OuIchy-Ie-Châleau, arrondissement de Soissons.
2. Album Caranda, fouilles de Brény, nouvelle série, planche VI II, fit?. 10.
3. Kolland., Anta SS., mens, jun., t. II, p. 363.
4. E. Le Blant, Inscript, ehrét. de la Gaule, t. II, p. 30P, n° 551 A, et lig. 442
des planches.
132 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
étant, d'après un des autres objets qui ont été trouvés l, celle d'un
personnage du sexe masculin.
CXIX
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ A ARMENTIÈRES (AISNE) 2
Ce curieux anneau, provenant des fouilles opérées en 1881, dans
le cimetière mérovingien d'Armentières, sous la direction de
M. Frédéric Moreau, est en argent, fabriqué tout d'une pièce, avec
un chaton carré, ménagé à même le métal. Sur cechaton est gravé
en creux un monogramme, accompagné d'une croisette. Adroite
et à gauche, se déroule une guirlande, dont le dessin ne manque
pas d'élégance.
La bague, dans sa plus grande hauteur au milieu du chaton, a
8 millim.; dans sa plus faible hauteur, du côté opposé, elle a
4 millim.; son diamètre, d'un bord intérieur à l'autre, est de
17 millim., l'épaisseur du métal est partout de 1 millim. et demi.
A défaut de la preuve qui résulte de sa provenance certaine
d'une sépulture gallo-franque do la première race, les caractères
du monogramme et le style des ornements de notre bijou atteste-
raient suffisamment l'époque de sa fabrication.
En le décrivant et en le reproduisant dans l'album dit Caranda*,
1. Ces objets sont : une boucle en bronze, des ornements de ceinturon el un
vase en terre.
2. Armenlières est une commune du canton de Neuilly-Sainl-Front, arron-
dissement de Cbâteau-TIrierry.
3. Album Caranda (Les Touilles d'Armentières), in-fol. Saint-Quentin, 1882.
Cette importante el luxueuse publication a emprunté son nom à la localité où
M. Moreau avait exploré un cimetière mérovingien avant de fouiller celui
d'Armentières.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
133
M. F. Moreau s'est borné à dire que « l'on croyait lire dans le mo-
nogramme BENE ESTE (pour ESTOTE )'. »
De son côté, mon savant confrère, M. Héron de Villefosse, en
présentant à la Société des Antiquaires le fascicule du dit album
où la bague d'Armentières est reproduite, a fait observer que l'in-
terprétation indiquée était" très discutable. » « Il paraît beaucoup
plus probable, ajoutait-il, qu'il faut y lire un nom d'homme, quel-
que chose comme BEN ESI, génitif de Bcnesas ou Benenus2. »
L'explication par BENE ESTE n'est pas seulement'disculable ;
elle est absolument inadmissible, parce qu'il n'y a point de T
parmi les caractères dont se compose le monogramme; parce que
l'I couché, qui se remarque dans le monogramme, resterait sans
emploi, et sa présence injustifiée; et qu'enfin les monogrammes
inscrits sur des anneaux-cachets ne sauraient guère être autre
chose que les noms des propriétaires de ces bijoux, et non pas des
formules de salutation, de souhait ou d'invocation, qui, lorsqu'elles
se rencontrent (le fait est assez rare) sur ces petits monuments,
sont inscrils en toutes lettres.
La leçon que M. Héron de Villefosse a proposée, en termes d'ail-
leurs dubitatifs, n'est pas non plus acceptable, par cette raison
péremptoire que la bague qui nous occupe appartenait à une
femme et ne devait point conséquemment porter un nom d'homme.
Nous trouvons, en effet, dans la notice relative à la planche XVI
de Y Album Caranda, les détails suivant touchant la sépulture
fouillée le 12 octobre 1881 :
« A 0m,30 du sol, reposait une Mérovingienne, portant au cou
un remarquable collier
« En descendant vers les bras, on retirait de l'un des doigts de la
main droite un élégant anneau en argent avec monogramme. Pl. XIX,
nouvelle série, fig. 7. <>
C'est de cet anneau qu'il s'agit ici : il ne faut donc pas y cher-
cher un nom d'homme, mais un nom de femme.
1. Ce bijou est figuré sur la planche XIX de la nouvelle série, n° 7. La notice
descriptive est dans la partie du texte intitulée : Planche seizième, nouv. série.
Sépultures mérovingiennes . L'essai d'explication du monogramme est dans la
partie de ce texte concernant la planche dix-neuvième.
2. Bulletin de la Société des Antiquaires de France, année 1882, 4° trimestre,
p. 314. Voir aussi H. de Villefosse, Mélanges archéologiques, 2e série, p. 5.
134
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Ce nom n'était point malaisé à découvrir, et MM. Moreau et de
Villefosse l'auraient sans doute découvert si, au lieu d'étudier
exclusivement, comme ils l'ont fait, la bague d'Armentières, dans
un sens où le monogramme commençait par un B rétrograde, avec
la petite croix en bas et l'I couché en haut, ils l'avaient étudiée
dans le sens opposé, qui est celui où nous l'avons reproduite en
tête de cette notice.
Peut-être ont-ils cru que la position de la croisette devait être
obligatoirement fixée à la partie inférieure du chaton et faisait
obstacle à ce mode de lecture. S'il en était ainsi ils auraient obéi
à un scrupule mal fondé.
Ce signe religieux se plaçait indifféremment au-dessus ou au-
dessous du monogramme1.
Et même, lorsque les différentes parties du monogramme sont,
dans un cachet ou dans une monnaie, appuyées sur une sorte d'ar-
cature ou cadre cintré, la croisette est généralement gravée au
sommet du cintre5.
Puisque, d'ailleurs, les cachets avaient pour destination les
souscriptions aux actes dans lesquels leurs propriétaires figuraient
en qualité de parties ou de témoins, il était naturel, il était logique
que la petite croix y précédât le nom du signataire, comme elle
le précédait dans les actes écrits.
Rien ne s'oppose donc, en principe, à ce que notre monogramme
soit envisagé de cette façon.
Mais il y a, dans le cas actuel, plusieurs raisons topiques pour
procéder ainsi.
Tout d'abord, l'aspect général du monogramme paraît plus nor-
mal et plus satisfaisant que dans l'autre système.
En second lieu, des deux courbures du S posé à cheval sur la
transversale, celle qui est la plus courte et à plus petits rayons se
trouve en haut, c'est-à-dire à sa véritable place.
Enfin l'un des deux E du monogramme a sa plus longue barre
1. Nous citerons un exemple delà croisette mise en haut, dans E. Le Blanl,
Rec. des inscript, ehrêt. de la Gaule, t. I, planche XL1I, n° 247. 11 y a un exemple
de la position de ce signe au bas du monogramme. Ibid., planche LVII, n° 450.
2. Voir notamment : 1° dans l'Album Caranda, pl. XXXVI de la nouvelle
série, fig. 2, une bague en argent; 2° dans la Revue numismatique, l'e série,
t. XIX, pl. XII, nos 12 et 18; 3° dans Gombrouse, Ree. de d00 monétaires mérov.,
pl. XXIX, n» 1 ; XXX, 3;XXXIV, 18; Xl.T, 2.
DFS PnmiTEBS
siècles
DU MOYEN AGE
135
horizontale attachée à la base de la haste, comme cela doit être,
tandis que, clans le sens opposé, elle serait attachée au sommet
contrairement à la règle et à l'usage.
IVotre monogramme, ainsi envisagé, commence par un E rétro-
grade et on y lit facilement, EVSE BIA avec un A non barré, ou bien
EVSEBIE1.
Dans cette dernière hypothèse, qui vaut la première, la décli-
naison du nom au génitif impliquerait la présence d'un substantif
tel que sigillum ou signiim, et nous avons précisément, très appa-
rentes au centre du monogramme, les deux lettres SI, initiales de
ces mots. D'où résulterait, pour l'ensemble du monogramme, la
leçon suivante :
+ EVSEBIE S\{gW-um) ou S\{gnum).
Dans l'autre hypothèse, les lettres SI seraient les initiales des
termes S\{gnavi) ou S\(gnavit), qui étaient, comme on le sait, fré-
quemment employés dans les souscriptions d'actes mérovingiens.
On lirait, dans ce cas :
+ EVSEBIA S\{gnavi) ou Sl(gnavit).
Ce nom, très usité dans la première période du moyen âge », fut
porté par des femmes célèbres à divers titres. Nous citerons :
1° L'impératrice Eusébie 360) , épouse de l'empereur Cons-
tance II, renommée pour sa beauté et son espril brillant et cultivé';
2° Sainte Eusébie, abbesse d'ïïamay (f vers 673);
3° Une sainte abbesse du monastère de Saint-Cyr à Marseille, qui
vivait au vni° siècle. Lors d'une incursion de pirates sarrasins,
elle se mutila le visage pour échapper à leurs outrages, et son
exemple fut imité par les quarante religieuses soumises à sa di-
rection4;
1. On voit, en effet, le premier E rétrograde adossé à un V, suivi d'un S,
d'un deuxième E rétrograde et d'un B ; puis, en retour vers le centre, l'I couché ;
etenûn, dans l'hypothèse EVSEBIA, la transversale formant avec la deuxième
barre perpendiculaire un A non barré. Dans l'hypothèse EVSEBIE, le mot se
terminerait par un des deux E du monogramme.
2. Ce nom était porté à la fois par des matrones nobles ou riches, et par des
personnes de condition inférieure, affranchies ou esclaves, comme celle dont il
est fait mention dans le testament d'Erminétrudis (vers l'an 700). Pardessus,
Diplorn. et chart., t. II, p. 257.
3. Mabillon, Acta SS. ord. S. Bened., édit. 1669, t. II, p. 984.
4. Inscription du musée de Marseille; dans E. Le Blant, Rec. des inscriptions
136
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
4° La mère de saint Germain, évèque de Paris, laquelle vivail à
la fin du v' siècle et au commencement du vie siècle 1 .
La matrone gallo-franque, ensevelie à Armentières et au doigt
de laquelle a été trouvé notre anneau-cachet, élait assurément
d'une condition élevée; car, outre ce bijou, sa tombe renfermait
notamment un charmant collier, composé de trente-sept perles de
fortes dimensions, en ambre, en pâte de verre, et en terre cuite
rehaussée d'un émail de couleurs variées; et une fibule qui est une
des plus belles de la riche collection de feu F. Moreau2.
cxx
ANNEAU AVEC. MONOGRAMME, TROUVÉ A CARANDA (AISNE)3
Cette bague, qui est en argent, a été trouvée dans une des tombes
mérovingiennes de Caranda, explorées par feu Frédéric Moreau, et
appartient à sa collection.
Fort mince dans son pourtour, qui n'a que 2 millimètres d'épais-
seur, elle est munie d'un chaton de forme circulaire, dont le dia-
mètre est de 17 millimètres, y compris une bordure de grènetis de
3 millimètres de largeur.
Le chaton est soudé sur l'anneau et accompagné, de chaque
chrétiennes de la Gaule, t. II, p. 380, n° 545. Il y a aussi, dans l'église d'Aoste,
une inscription funéraire en l'honneur d'une autre religieuse appelée Emebia.
Ibid., t. II, p. 32, n° 392. On connaît enfin l'épitaphe que Fortunat nous a con-
servée d'une jeune femme du même nom, et où l'on glorifie sa beauté et ses
talents. Ibid, p. 516, n° 642.
1. « Dies dépositions patris ejus (sancti Germant), nomine Eleutherii, ka-
lendœ novembris, matris vero nomine Eusebiae. » Polyptyque d'Irminon (vers
810), X, 3 ; édit. de Guérard, p. 118 ; édil. de Longnon, p. 157. Saint Germain est
né à Autun, en 496, et mort en 576.
2. Voir, dans l'Album Caranda, la partie du texte qui se rapporte à la planche
XVI de la nouvelle série.
3. Caranda est situé dans la commune de Cierges, canton de Fère-e.n-Tar-
denois, arrondissement de Château-Thierry.
DES PREMIERS SIÈCLES PU MOYEN AGE
côté, de trois globules ou cabochons en argent, groupés en feuilles
de trèllc. Il présente un monogramme gravé en creux, dont les
diverses parties sont appuyées sur un cadre cintré, surmonté d une
petite croix.
L'origine de cet anneau sigillaire est certaine, attestée qu'elle est,
non seulement par sa provenance d'un cimetière gallo-franc de la
première race, mais encore par les caractères et la forme du mono-
gramme, puis encore par les trois globules posés en trèfle à droite
et à gauche du chaton, et qui sont, comme je l'ai déjà fait observer,
un des signes distinctifs de la fabrique de ces sortes de bijoux du-
rant la période gallo-franque.
Enfin l'arcature qui sert de support au monogramme, dénote le
vie ou le viic siècle.
M. Frédéric Moreau, en faisant figurer notre anneau-cachet sur
une des planches de Y Album Caranda1, s'est abstenu de proposer
aucune explication pour le monogramme.
Nous y lisons EVTIKVS2 ou EVTiKIVS; EVTICHVS ou EVTI-
CHIVS3, vocables qui se rencontrent fréquemment dans les annales
de l'Église.
Un compte, en effet, dix saints appelés Euticus ou Eutichis * et
seize saints du nom d'Eutychius*, parmi lesquels un évêque de
Côme, un abbé de Norcia ou Norsia, en Ombrie et un patriarche
de Gonstantinnple, morts, le premier en 539, le second versoiO, le
troisième en 565.
Dans l'hypothèse que nous venons d'envisager, la première let-
1. Album Caranda, planche XXXVI, figure 17.
2. Le monogramme, lu ainsi, commence par un E rétrograde; au sommet du
cadre cintré, est appendu un V; vient ensuite le T qui est au bas du premier
jambage de l'arcature, suivi de l'I qui est au-dessus en travers du même jam-
bage, du K, dont les deux écartements parlent de la barre horizontale médiane
qui sert de haste à cette lettre, puis du deuxième V accroché au pied du
deuxième jambage de l'arcature, et enfin du S couché.
3. On obtient EVTICHVS en considérant la barre médiane (qui est sans au-
cun doute la haste du K) comme formant en outre un H, et EVTICHIVS en em-
ployant deux fois la lettre I.
4. Voir notamment Acta SS. Bolland., mens, jan., t. I, p. 823; maii, II, 299,
et III, 458; julii, I, 20 et 306; aug., IV, 149; sept. VIII, 125.
5. Voir notamment Acta SS. Bolland., mens, febr., t. I, p. 458; mart., III,
620; april., I, 548 et II, 378; maii, VI, 734; jun., 1, 451; jul.. III, 187.
6. Cette petite ville fut, au moyen âge, le siège d'un évèché.
138
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
tre du monogramme serait un E rétrograde, donl los trois barres
horizontales sont représentées par les trois saillies qui se voient à
droite de l'arcature (à la gauche du lecteur).
CXX1
AUTRE ANNEAU AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DE CARANDA (aISNe)1
Cet anneau, trouvé, comme le précédent, dans le cimetière franc
. de Caranda, appartient à la collection de M. J. Pilloy, à Saint-Quen-
tin.
Il est en laiton ou cuivre jaune : son diamètre intérieur est de
19 millimètres; sa tige, qui est ronde, a 3 millimètres d'épaisseur.
Le chaton, soudé sur cette tige et de forme ronde, a 17 millimètres
de diamètre et est accosté, à droite, et à gauche, de trois globules
disposés en feuille de trèfle, mais taillés en relief dans le métal,
au lieu d'être soudés sur la tige, comme cela se voit dans un grand
nombre d'anneaux par nous décrits.
Le, chaton est décoré d'un monogramme, composé : 1° d'un H,
sur la barre centrale duquel est posée une croisette; 2° d'un E ré-
trograde; 3° d'un D; 4° d'un L, dont la haste se détache oblique-
ment du premier jambage du H, et dont le trait horizontal infé-
rieur rejoint le deuxième jambage de cette lettre'; 5° d'un A non
barré, formé par la haste du L et le premier jambage du H. L'en-
semble nous donne le mot HEDLA, et avec le redoublement de E,
HEDELA
1. Reproduit d'après un dessin de M. J. Pilloy.
2. On pourrait, tout d'abord, voir à cet endroit un N; mais on ne s'explique-
rait pas que la barre oblique de celle lettre se détachât du bas de la lettre H, et
surtout qu'au lieu de rejoindre directement l'extrémité inférieure du deuxième
jambage du H, elle prît auparavant une direction horizontale : celle-ci est, en
réalité, le Irait inférieur d'un L.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 139
Nous avons ainsi pour le tout :
+ HEDELA
nom de femme, mentionné dans la première moitié du xT siècle1.
CXXII
TROIS BAGUES, DONT UNE AVEC CROIX ÉGALE ET LES CLOUS DE LA PASSION (?) ,
TROUVÉES A A1GUISY (AISNE)2
Ces trois bagues, qui appartiennent à la collection de feu Frédé-
ric Moreau, sont ici figurées telles qu'elles ont été trouvées, au
mois d'août 1885, dans une des tombes mérovingiennes du cime-
tière d'Aiguisy. Elles étaient au doigt d'une femme, qui avait, en
outre, une épingle en bronze sur la poitrine s.
Les deux anneaux placés à droite et à gauche de celui qui fait
l'objet de la présente notice, sont en argent ; celui de gauche est
un cercle uni, celui de droite est octogone. L'anneau du centre,
qui est en bronze, a 17 millimètres d'ouverture; son chaton, de
forme ovale et presque ronde, ménagé à même le métal, a 14 mil-
limètres de longueur sur H de hauteur, et présente, gravée en
creux, une croix à branches égales, fortement potencée, et super-
posée à l'initiale grecque du chrisme.
CXXIIl
bague a crorx égale, suspendue a une chaînette, trouvée a aiguisy
(aisne)
Voici un second exemple du type décrit dans notre précédente
1. Lacomblet, Niederrheinisches Urkunderbuch, n° 181, ann. 1045; cité par
Forstemann, Personennttmem, col. 642.
2. Aiguisy est un village dépendant de la commune de Villers-Agron, cant.
de Fère-en-Tardenois, arr. de Château-Thierry.
3. Album Caranda, sépultures mérovingiennes d'Aiguisy ; planche LVI, nou-
velle série, n° 7. Voir aussi le texte explicatif de ladite planche.
140
ÉTUDE SUR DES ANNEAUX
notice : comme le premier, il appartient à la collection de feu Fré-
déric Moreau, et provient des fouilles d'Aiguisy. Il a été trouvé,
au mois d'août 1885, dans la sépulture d'une personne dont on n'a
pas déterminé le sexe '.
Cette bague est en bronze et a 21 millimètres d'ouverture: sa
tige est ronde. Le chaton, pris dans la masse ou ménagé à même
le métal, est rond ou légèrement ovale, el a 10 millimètres de lar-
geur sur 9 de hauteur; il est coupé en quatre parties à peu près
égales par une croix gravée en creux. Il est accosté de trois glo-
bules ou cabochons également en bronze, disposés en feuilles de
trèfle8.
1. Album Caranda, sépultures mérovingiennes d'Aiguisy; planche LVI, nou-
velle série, fig. 2. Voir le texte explicatif de ladite planche. Aux pieds du cada-
vre, il y avait un vase en terre et une petite amulette eu silex, d'un poli remar-
quable.
2. M. Fréd. Moreau, dans le texte explicatif précité, dit que ce dispositif lui à
élé signalé « comme constituant une fabrication de bijouterie spéciale, diffé-
rent essentiellement de celles qu'on rencontre dans les sépultures mérovin-
giennes ». Nous avons souvent appelé l'attention de nos lecteurs sur la fré-
quence, dans les bijoux mérovingiens, de ce dispositif, qu'il faut, à l'inverse de
l'observation ci-dessus, considérer comme un des traits caractéristiques de la
fabrique de celte époque.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
Ui
Ce bijou est suspendu au milieu d'une chaînette de 30 centimè-
de long, formée de petits anneaux doubles, tordus en forme de 8,
et dont les extrémités sont liées à deux li billes en bronze de la forme
appelée canon, qui servaient à l'attacher à deux parties du vête-
ment.
Nous avons donc là un spécimen curieux d'un anneau-cachet,
que son possesseur tenait, non à son doigt, mais suspendu, de
façon à pouvoir l'employer à sceller sa correspondance ou les acles
dans lesquels il figurait.
GXXIII bis
anneau portant la formule acclamatoire vlvds, provenant de chouy
(aisne) '
Cet anneau, trouvé en 4 883, dans l'ancien cimetière de Chouy
(Aisne), à l'annulaire de la main droite d'un squelette d'homme,
a été publié dans l'Album Caranda''.
Il est en argent; il a 20 millim. d'ouverture et 6 millim. de hau-
teur sur toute sa circonférence. Uni à l'intérieur, il présente, à l'ex-
térieur, huit facettes ou compartiments dont six portent, dans des
cadres de grènetis, diverses figures symboliques : une colombe te-
nant un rameau, un agneau dont le dos est surmonté d'une étoile,
1. Cliouy est une commune dépendante du canton de INeuilly-Saint-Fronl,
anond. de Château-Thierry.
2. Pl. XXXIX, fig. 7, page . Les autres objets recueillis dans la même sé-
pulture sont les suivants : deux petits vases à droite et à gauche de la tète; un
poignard; un grand plat de terre rouge; des boucles de bronze; une bague en
fer; et une monnaie en argent de Valentinien le Jeune, placée dans la bouche
du défunt : ces objets, comme le squelette, étaient dans un cercueil en bois.
142
ÉTUDE SUR DES ANNEAUX
une palme debout, un cerf, un animal fantastique et un lièvre' ;
sur les deux autres facettes, est gravé le mot
VIV-AS.
Mon savant confrère, E. Le Blant, tout en reconnaissant les ca-
ractères chrétiens de la plupart de ces figures, trouvait des raisons
de douter, au sujet de la foi du défunt, dans les deux circonstances
suivantes : l'orientation d<> la tombe vers le nord, et la présence
dans la bouche du défunt, de l'obole à Caron sous la forme d'un
sou d'or de Valentinien II (.375-392). Il ajoutait toutefois que ce
deuxième fait ne serait pas décisif, puisque la pratique païenne
dont il témoigne se maintint longtemps après le triomphe définitif
du christianisme".
A l'appui de cette dernière observation, je dirai que nous avons
deux exemples du fait dans deux de nos anneaux, provenant du ci-
metière de Vermand (Aisne), c'est-à-dire de la même région. Dans
l'un l'obole était un sou d'or de Valentinien 1er (364-37S); dans
l'autre c'était un petit bronze de Magnence (349-353).
Il ne me parait donc pas que cette particularité soif un motif de
mettre en doute le caractère chrétien de la sépulture de Chouy.
Mais, à mon tour, j'en verrai un plus sérieux dans la légende
Vivas inscrite sur notre anneau.
Dans les exemples que j'ai recueillis jusqu à présent de cette for-
mule acclamato ire Vivas ou Vivat3, elle est accompagnée des mots
caractéristiques in Deo qui lui donnent cette signification : « Vis
pieusement, saintement, en conformité des commandements de
Dieu, de façon agréable à Dieu ». Le sens de Vivas, comme nous le
lisons sur la bague de Chouy, n'est qu'un souhait dévie longue et
heureuse, avec abstraction complète de toute idée religieuse.
1. Nouveau recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, p. 79, n° 56.
2. A l'appui de son observation, E. Le Blant a cité un intéressant passage de
Lebeuf : « J'ai connu, dit le savant abbé, des gens qui ont persuadé aux pay-
sans d'un village proche d'Auxerre, de ne plus pratiquer cet usage qui parais-
sait tenir du paganisme, d'autant plus que quelques-uns assuraient que c'était
pour payer le passage de. la barque à Caron, qu'on munissait ainsi le mort d'un
liard ou d'une autre pièce d'aussi petite conséquence. » Dissertation sur l'his-
toire ecclésiastique et civile de Paris, 1789, p. 287 {Traité sur les anciennes sépul-
tures).
3. Voir les nos CXXX et CXXXV.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
143
Celte différence remarquable est de nature à inspirer quelque
hésitation.
Néanmoins, si l'on considère que, sauf l'animal fantastique, les
figures gravées au pourtour de notre anneau sont des symboles
chrétiens \ et que, leur réunion ne pouvant être ici l'effet du ha-
sard et étant au contraire manifestement intentionnelle, il faut
admettre le caractère chrétien du bijou avec lequel le défunt fut
enseveli.
CX XIV
ANNEAU DE LÉODENUS, TROUVÉ PRÈS DE COJIIMÈGNE (oiSEJ
Voici une belle bague en or pur, trouvée eu 1880 dans le lit de
l'Oise, en amont de Compiègne, et près du confluent de l'Aisne.
Acquise, peu après la découverte, par M. le Dr Lesguillons, elle a
passé plus tard dans la collection de feu le baron Pichon.
Elle a 19 millimètres d'ouverture^ et la tige a près de 4 millim.
d'épaisseur. Elle est ornée d'un chaton, soudé sur les branches de
l'anneau, et accosté, aux deux points de réunion, de trois cabo-
chons en or, disposés en feuilles de trèfle. Ce chaton est composé
d'une cuvette ovale, qui, à sa partie supérieure, a 17 millimètres
sur 14. Dans cette cuvette est enchâssé un grenat ovale, traité en
cabochon, de 18 millimètres dans son plus grand axe à sa base, et
serti lui-même dans un cercle d'or. On y voit un oiseau grossière-
mont gravé en creux.
Sur la bande de la cuvette, restée libre autour du grenat, et qui
1. Voir Abbé Martiyny, Diciiona. des antiquit. chrétiennes au mot Anneau.
144
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
a 3 millim. de large, est également gravée en creux la légende
suivante :
+ LEODENVc/> VIVâ DO
Leodenus x)ioat Deo (pour in Deo).
M. le comte de Marsy, qui, en 1883, a publié une savante élude
sur ce bijou l, l'ait observer qu'il a dû appartenir à un personnage
important, de la seconde moitié du vne siècle, et que ce personnage,
par la formule acclamatoire qui accompagne son nom et par le
choix de l'intaille, paraît avoir tenu à manifester ses sentiments
religieux. M. de Marsy indique, à litre d'hypothèse, comme pou-
vant être identifié avec le Léodenus, propriétaire de notre bague,
un Leudinus ou Leuduinus, plus connu sous le surnom de Bodo,
qui fut moine et puis évêque de Toul, depuis l'an G60 jusqu'à sa
mort, dont la date ne peut être postérieure à 680 s.
Nous reconnaissons qu'à raison de la richesse de la matière et
de l'élégance de la mise en œuvre, le monument qui nous occupe
a dû appartenir à un homme de condition élevée.
Mais 1 identification du Léodenus de notre bijou avec l'évêque
de Toul, saint Leudin, ne semble justifiée, même à titre d'hypo-
thèse, par aucune raison sérieuse.
11 y a même, au contraire, des motifs de la considérer comme
peu admissible a priori.
L'anneau sigillaire de Léodenus est de bonne et belle fabrication;
les caractères de la légende en sont nettement et correctement
gravés et il se place avec vraisemblance dans le premier tiers du
vue siècle, ce qui ne concorderait point avec le gouvernement épis-
copal de Leudinus, dont le commencement se place en 660 et la
fin vers 680.
Nous savons en outre que, d'après une décision synodale de
Milan, il ne devait y avoir sur l'anneau épiscopal ni inscription, ni
représentation quelconque 3 , et la bague de Léodenus, décorée d'une
légende, ne satisfait pas à cette condition.
1. Ri'v. de la Société historique de Compiègne, l. V.
2. De Marsy, loc. cit., p. 13 et 14.
3. Voir, à ce sujet, mon mémoire sur le Port des anneaux dans l'antiquité ro-
maine et les premiers siècles du moyen âge, dans Mèm. de l'Acad. des inscript, et
bell.-letlr., t. XXXV, 2e partie, p. 235, el tiré à part, p. G7. Toutefois, il a été
dérogé à cette règle : nous en avons un exemple dans le n° LXX1I bis décrit
(dus haul.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
145
DIOCÈSE DE CHALONS-SUR-MARNE
cxxv
ANNEAU A CHATON TOURNANT, TROUVÉ A CHALONS-SUR-MARNE
L'anneau d'or qui est reproduit ici d'après les dessins, que M. le
baron de Mély a bien voulu me remettre \ a été recueilli dans une
tombe, à Chàlons-sur-Marnc, et a été acheté par M. de Saint- Ange-
Darde chez un orfèvre de cette ville.
Il a 19 millimètres d'ouverture; l'épaisseur de la tige est de
5 millimètres, et le poids total du bijou, de 12 grammes. Il est
muni d'un chaton mobile, formé d'un petit cube en or, qui a
millimètres à chacune de ses faces, et 6 de côté. Sur l'une des
faces, on voit, gravées à rebours, les lettres ÛPP, dont nous n'a-
vons aucun moyen de déterminer la signification. L'autre côté est
dépourvu d'inscription.
CXXVI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ PRÈS DE CHALONS-SUR-MARNE
Cette bague m'a été communiquée, en 1885, par feu A. Dahicourt,
qui la possédait depuis peu de temps". Elle est en bronze; elle a
1. Quand j'ai publié ce bijou pour la première fois, en 1895, dans la Revue
archéologique, (année 1395, t. II, p. 2), on a l'ail ligurer, par erreur, des dessins
qui n'avaient nul rapport avec lui et ne répondaient aucunement à la description
que j'en donnais.
2. Ce bijou a sans doute été légué avec les autres parties de la collection de
M. Danicourt, au Musée de la ville de Péronne (Sommé).
lu
146
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
18 millimètres d'ouverture ; le pourtour a 2 millimètres d'épais-
seur, et 6 millimètres de hauteur du côté opposé au chaton. Ce
chaton, de forme quadrangulaire, a de 11 à 12 millimètres de large
sur 7 à 8 de hauteur.
Nous voyons, en partant de l'angle inférieur de gauche (pour
le lecteur), un L, de la haste duquel se détachent (rois barres ho-
rizontales formant un E;à côté de la barre horizontale du L, un V
renversé avec un petit point ; à droite un L renversé, et à côté de
sa barre horizontale, un A renversé et accosté de deux points ; au
centre un grand I, dirigé de l'angle gauche supérieur vers l'angle
droit inférieur; enfin un S, posé en travers de cette dernière
lettre.
Nous avons là les composantes du nom d'EVLALIVS en redou-
blant l'emploi de V, ou d'EVLALIE en redoublant l'emploi de E, le
S étant, dans ce dernier cas comme dans d'autres précédemment
signalés, l'initiale de Signum ou Sigillum.
Les deux noms d'Etilalùts et d'Eulalia étaient très usités dans la
période gallo franqne.
Grégoire de Tours mentionne un personnage appelé Eulalim, qui
déposséda violemment Nicétius du comté d'Auvergne 1 ; et plus bas,
après l'avoir qualifié comle, il donne le récit de ses méfaits2. Un
saint du même nom était évêque de Syracuse, au commencement
du vie siècle3, et l'on trouve en 670 un Eulalius, évèquc de Cyno-
polis*.
Les annales de l'Église nous font connaître deux saintes du nom
d'Eulalia, mortes, l'une à Barcelonneen 30i5, l'autre à Mérida en
404e.
Au point de vue historique aussi bien qu'au point de vue de
la composition du monogramme, l'une etrautre leçon seraient donc
également admissibles. Mais une circonstance dont il faut tenir
grand compte est la petite dimension et le faible diamèlre de la
bagiu dont il s'agit : elle n'a que 18 millimètres d'ouverture, et a
vraisemblablement appartenu à une femme, c'est pourquoi nous
1. tlistor. Francor., VIII, 18; édit. GuadcL el Taraune, l. II, p. 91.
2. lbid., X, p. 221-223.
3. Bolland., Acta SS., mens, febr., t. Il, p. 888.
4. Lelong, Biblioth. sucra, t. II, p. 717.
5. Bolland., Acta SS., meus, febr., I. II, p. 575-58').
6. Bibliothèque de l'École des chartes, 5e série, 1861, t. II, p. 237-255.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 147
pensons qu'il convient d'adopter de préférence la leçon S(ignunC)
ou S{igillum) EVLALIE.
CXXV1I
BAGUE AVEC LES .NOMS DE UAUBULEUS ET d'hAKICUBA OU HAR1CUFA,
PROVENANT DE VITRY-LE-FKANÇOIS (MAR>e)
^Tous reproduisons ici une bague en or fin, trouvée en 1849,
aux environs de Vitry-lc-François, et conservée au Cabinet des mé-
dailles de la Bibliothèque nationale, dans le catalogue duquel elle
est inscrite sous le n° 7596. Elle a subi un aplatissement qui ne
permet pas ti en mesurer exactement l'ouverture.
Du côté opposé au chaton, les deux branches de la tige oui été
soudées l'une sur l'autre. Le chaton se compose de deux ovales,
ménagés à même le métal, et qui ont chacun 14 à 15 millimètres
de large sur 5 à 6 de hauteur. Ils portent, gravés en creux et en
deux lignes, l'un, le nom de
BA/ bVL — FVS
l'autre, celui de
HARICV^-.- A
A la suite du V de cette dernière légende, il y avait une leltre
qui est presque entièrement ellacée, mais dont on peut distinguer à
l'aide d'une loupe, un fragment initial qui paraît être la baste per-
pendiculaire d'un F, d'un I, d'un |_, d'un B <>u d'un D, plus vrai-
semblablement d'un F. S'il en élait ainsi, le vocable féminin serait
Haricufa. Des auteurs qui se sont occupés de ce bijou, les uns,
comme MM. Chabouillct, Eug. Hucher et l'abbé Cochet, ont lu Ha-
riculfa\ Mais cette leçon n'est pas admissible, par le motif que,
1. M. Chabouillet, Rev. archéol., année 1849, p. 350, et Catalog . général et rai-
sonné des camées, etc., de la Biblioth. impér., n" 3641, p. 389; M. Eug. Hucher,
Bullet. monument., t. XVIII, p.30y, et Sigillographie- du Maine, 1855, p. 9; l'abbé
148
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
dans la partie dégradée de l'inscription, il n'y a place que pour une
seule lettre et non pas pour les deux lettres L et F qu'elle suppose.
E. Le Blant, tout en déclarant que la tin du mot lui paraissait in-
certaine, a proposé la leçon Haricuba1 , ce qui serait plus accepta-
ble : nous préférons, toutefois, celle de Haricufa.
Quant au nom d'homme, les auteurs précités, à l'exception de
E. Le Blant, l'ont traduit par Baudulfus, en attribuant à la qua-
trième lettre de l'inscription la valeur d'un D; E. Le Blant l'a tra-
duit par Baubulfus*, en laissant, comme il le faut, à la lettre en
question, la valeur d'un b cursif 3.
Nous sommes donc d'avis de restituer ainsi les deux vocables :
BAVBVLFVS - HARICVFA ou HARICVBA-
Par sa fabrique, par la forme des caractères de la double ins-
cription et par la composition des noms qui y sont gravés, notre
anneau appartient à l'époque mérovingienne et à la fin de cette
période.
C'est évidemment un anneau de mariage ou de fiançailles. Les
circonstances de la découverte de ce bijou nous étant inconnues et
sa déformation ne permettant pas d'en déterminer l'ouverture, il
est impossible île dire quelle est celle des deux personnes dont il
porte les noms, à l'usage de laquelle il était affecté.
CXXV11I
ANNEAU AVEC S BARRÉ, TROUVÉ, A VILLEVENARD (MARNE)4
Cet anneau en bronze a été trouvé au cours de fouilles opérées
par M. le baron J. de Baye, notre confrère à la Société des Anti-
quaires de Fiance, dans le cimetière mérovingien de Villevenard.
Cochet, Le tombeau de Chilpêric Ier, in-8, 1859, p. 360 et.382; voir aussi l'Art
chrétien, t. III, ann. 1859, p. 479, 0g. 20.
1. Inscr. chrét. de la Gaule, t. Ier, p. 451, n° 337, pl. XXXVI, fig. 221.
2. lbid., t. II, p. 618.
3. A la vérité, la forme liaudulfus est très normale dans l'onomastique gallo-
franque. (Voir Forstemann, Personennamen, p. 216-218.) Il y en a des exemples
notamment dans le testament d'Erminetrudis, de l'an 700 (Pardessus, Dipl. et
ch., t. II, p. 257 et 258). Il n'en est pas de même de la forme Baubulfus, dont
ou ne connaît pas d'exemple.
4. Villevenard est situé dans Je canton de Monlmort, arrond. de tteims.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
149
En m'adressant les dessins de ce bijou, qui appartient à sa col-
lection, M. de Raye m'a fait connaître que la tombe où il a été re-
cueilli ne contenait, avec des ossements, que ce petit monument
et des grains de collier.
La bague qui nous occupe est très mince; elle a 4 millimètres
de hauteur, 17 millimètres d'ouverture, particularité qui, rappro-
chée du fait de l'existence de grains de collier dans la sépulture,
atteste que nous avons là une bague de femme.
Rappelons ici que nous avons déjà décrit des anneaux pourvus
du S barré, que l'on sait être l'abréviation de §ignum ou Signavi.
DIOCÈSE DE NOYON, PLUS TARD DE SAINT-QUENTIN
CXXIX à CXXXVII bis
ANNEAUX PROVENANT DES ANCIENS CIMETIÈRES DE VERMAND (AISNE) 1
Avant de décrire ces anneaux, je dois dire quelques mots de la
date des sépultures d'où ils proviennent.
Les anciens cimetières de Vcrmand appartiennent, pour une
partie, à la dernière moitié du me sièele, mais principalement au
I. Veimand est un chef-lieu du canton dépendant de l'arr. de Saint-Quentin.
Ces bijoux ont été publiés par M. J. Pilloy dans ses Études sur d'anciens lieux
de sépulture du département de l'Aisne, t. II, p. 265 et suiv. et pl. 19; et par
M. Th. Eck, dans les Mémoires de la Société académique de Saint-Quentin, année
1889; et dans un livre intitulé : Les deux cimetières de Vermand et de Saint-
Quentin.
150
ÉTUDE SUR DES ANNEAUX
iv° siècle, et ne paraissent avoir été abandonnés qu'après la
deuxième destruction de l'oppidum des Veromandui, laquelle eut
lieu au commencement du v" siècle, lors des grandes invasions
germaniques.
M. J. Pilloy affirme, sans hésitation, que toutes les sépultures
dans lesquelles nos anneaux ont été trouvés sont du ive siècle, du
commencement à la fin : « 11 n'y a pas, dit-il, à cet égard le moin-
dre doute '. » Nous verrons, dans les notices descriptives qui vont
suivre, que la bouche de plusieurs des possesseurs de ces bijoux
avait reçu, comme obole à Caron, des monnaies d'empereurs ayant
régné dans le dernier tiers du ive siècle2. D'après M. Pilloy, les an-
neaux eux-mêmes sont du môme lemps.
1° CXXIX. — Bague avec le chrisme.
Cette bague, qui provient d'une sépulture féminine, a 18 milli-
mètres d'ouverture ; elle est en or; sa tige, ronde, est formée d'une
série de petites perles d'or soudées ensemble3.
Le chaton, de forme ovale, taillé en biseaux, a, dans sa plus
grande hauteur, 15 à 16 millimètres à la base, 13 à la surface;
dans sa plus grande largeur, 15 millimètres à la base, 9 à la sur-
face.
Dans ce chaton, soudé sur la tige, est sertie une pierre d'un vert
noirâ I re, sur laquelle on voit, formées de fils d'argent incrustés dans
de petits sillons entaillés ad hoc, la lettre grecque X, première lettre
du nom du Christ, et une croix égale, à la haste de laquelle est ap-
pendue la deuxième lettre du même nom. Les barres des deux figu-
res se terminent par un fer de flèche ou de lance.
1. Lettre du 0 lévrier 1896. Cl. dans le t. II des Études précitées de M. Pilloy,
le chapitre intitulé : Les cimetières de Vermand, du ive siècle, p. 76 et suiv.
2. Magnence (349-353) et Valentinien I" (364-375).
3. Ce bijou, quand il a été dessiné par M. Pilloy, appartenait à M. Jumelle,
avocat à Amiens (lettres de M. Pilloy, des 6 et 14 t'évrier 1896).
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 151
Dans la main gauche de la femme qui portait cette bague à l'an-
nulaire de la même main, il y avait un sou d'or frappé à Trêves, au
nom de l'empereur Valentinien 1er (364-375) '.
2° CXXX. ■ — Anneau avec calcédoine.
Ce bel anneau d'or, qui appartient à la collection de M. Th. Eck,
a été trouvé dans une sépulture féminine; il a 17 à 18 millimètres
d'ouverture; sa tige a, près du chaton, 12 millimètres de hauteur,
2 à 3 du côté opposé. Le chalon ovale, qui a, dans sa plus grande
largeur, 13 millimètres, sur 10 dans sa plus grande hauteur, est
formé d'une cuvette de métal, soudée sur la tige, contenant une
fausse calcédoine et décorée d'une large bordure de feuilles d'acan-
the ciselées, laquelle est elle-même entourée d'un cordon de grè-
netis. Le chaton est relié à la lige par un réseau de filigranes, dont
les points d'attache sont munis de perles d'or, qui simulent les
nœuds du réseau.
La femme au doigt de laquelle on a recueilli ce magnifique bijou,
avait, dans la bouche, pour obole à Caron, un sou d'or de Valenti-
nien Ier (364-375) \
1. On a recueilli dans cette même tombe un collier formé d'une chaînette en
or, ornée d'émeraudes, des bracelets en argent aux deux poignets; et, aux
pieds de la défunte, les débris d'un coffret à bijoux, une aiguière de bronze à
bords godronnés, etc. Quand je publiai pour la première fois cet anneau (ftev.
archéol., année 1896, t. I, p. 274), je me bornai à mentionner la présence du
chrisme : une étude nouvelle m'a déterminé à donner ici une description plus
précise.
2. La même tombe contenait en outre six fibules, dont quatre en argent doré,
ciselé et niellé, et deux en argent, ornées chacune d'une perle d'ambre, deux
petites agrafes en argent et un collier de grosses perles d'or,
152
3° CXXXI
Cette bague1, trouvée dans une tombe masculine, a 21 millimè-
tres d'ouverture; sa tige, arrondie à l'extérieur,' a partout une
hauteur de 12 millimètres. M. Pilloy croit qu'elle a été fondue; le
chaton n'est donc pas soudé. Ce chaton, de forme ronde, a 13 mil-
limètres de diamètre : « Il porte, dit M. Pilloy, gravée grossière-
ment en creux, à la façon des intailles, la représentation d'une di-
vinité, assise sur une cathedra, tenant de la main droite une hastc,
et de la main gauche une patère. Dans l'objet informe placé der-
rière le siège, on a cru voir2 un aigle, et, comme conséquence, le
personnage serait Jupiter. J'en doute, car il n'a pas les attributs
dont il est ordinairement accompagné sur les médailles, le fou-
dre 3. »
L'objection opposée par M. Pilloy à l'idée d'une représentation
de Jupiter n'est point fondée. A la vérité, le Père des Dieux est
figuré le plus souvent, sur les monnaies, avec la foudre dans la main ;
mais, sur les pierres gravées, qui sont ici d'une autorité topique,
Jupiter tient fréquemment dans sa main gauche une patère, tandis
que la droite lient le sceptre. L'aigle est tantôt à côté, tantôt en
face du dieu.
Je citerai, parmi les intaillcs de notre Cabinet de médailles, les
nos 1423, 1424 et 1425 *, qui, par leur dispositif comme par leurs
1. Ce bijou est conservé dans le Musée archéologique, de Saint-Quentin. Il y
avait en outre, dans cette tombe, une tablette en schiste ardoisé, des clous de
chaussures, de petites amphores, un poculum avec sa soucoupe, et une ampulla
en verre blanc.
2. Cette explication a été proposée par M. Th. Eck, dans son livre précité Les
deux cimetières de Vermand et de. Saint-Quentin, p. 249 et 340.
3. J. Pilloy, Études précitées, t. II, p. 264.
4. Catalogue général et raisonné des camées et pierres gravées de la Bibliothèque
nationale (Cabinet des médailles), par Chabouillet, p. 204.
étude sur les anneaux
. — Bague en bronziî, avec figure de divinité au chaton.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
153
dimensions, doivent être évidemment rapprochées de notre anneau,
dont le travail en est une visible dégénérescence. Telle est aussi
l'opinion très nette, très décidée de MM. Rabelon et Maurice Prou,
les savants conservateur et conservateur adjoint au Cabinet des
médailles.
Un exemple également déterminant nous est fourni par un des
anneaux par nous décrits : on y voit, en effet, une intaille, où
Jupiter est représenté assis, avec le sceptre, la patère et, en face de
lui, l'aigle, qui le regarde'.
A la vérité, dans l'espèce qui nous occupe, l'aigle, qui est très
sommairement indiqué, serait derrière la cathedra. Mais, si Ton
se reporte à l'Atlas du grand ouvrage de J. Overbeck sur l'art
dans la mythologie hellénique, on y remarque deux figurations de
Jupiter assis sur son trône, tenant d'unemain le sceptre, de l'autre
une patère, avec un aigle à côté du trône, en retrait et hors de la
vite du dieu', et l'on s'explique aisément qu'à une basse époque
comme celle de notre anneau, et sur une grossière imitation de
ces types, un graveur ignorant et inhabile ait pu placer l'aigle tout
contre et en arrière de la cathedra.
Quant à l'objet qui se détache du sceptre en arrière et à la hau-
teur de l'épaule du dieu, il faut y voir un bout flottant de la chla-
mydedu divin personnage.
4° CXXXII. — Anneau avec fausse calcédoine gravée
Voici un anneau d'argent"' trouvé dans la tombe d'une femme,
au médius de sa main droite 4 ; il a 21 à 22 millimètres d'ouverture;
1. Voir plus loin, n° CCLXXXVI.
2. Griechischen kunttmylhologie, 1872; Atlas, Gemmentafel II, n° 2 et n° 48;
la notice descriptive est p. 167 du texte.
3. Cet anneau appartient à la collection de M. Th. Eck.
4. On y a recueilli, en même temps que ce bijou, un petit coffret en bois et
bronze avec clef bague, contenant un grand bronze de Postume (257-267), une
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
sa tige, légèrement bombée à l'extérieur, a 8 millimètres de bail-
leur près du chaton, 3 seulement du côté opposé.
Le chaton est formé d'une fausse calcédoine de forme ovale,
taillée en biseaux, de 15 millimètres dans sa plus grande largeur
à la base et de 13 à la surface; de 10 millimètres dans sa plus
grande hauteur à la base, et de 8 à la surface. Sur cette pierre est
gravé un animal au galop. « Le travail est tellement sommaire,
dit avec raison M. Pilloy, qu'on ne saurait déterminer à quelle
espèce cet animal appartient1. »
5° CXXX1II. — Autre anneau d'argent
Cet anneau trouvé dans une sépulture féminine, à l'annulaire
de la main droite de la défunte 3, a une ouverture de 18 millimètres ;
sa tige, plate, a 7 millimètres de hauteur près du chaton, et 3 du
côté opposé.
Le chaton, formé d'une pâle ou fausse pierre verdâtre, est un
carré long de 9 millimètres de haut sur 10 de large.
6° GXXXIV. — Bague en argent
Cette bague, fort simple, a 16 millimètres d'ouverture; sa tige,
bombée à l'extérieur, a 12 millimètres de hauteur près du chaton,
2 à 3 du côté opposé ; le chaton, qui était probablement une intaille,
a disparu : le renflement du métal qui en marque la place, a la
autre bague en bronze, un gros bracelet en jais, une paire de boucles d'oreilles
en or, avec pierres fines, un petit couteau, etc.
1. llbi supra, p. 265.
2. Il appartient à la collection de M. Th. Eck.
3. Au chevet de la défunte on a recueilli une épingle en argent, à tète plate.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE lOO
forme d'un carré allongé, de 10 millimètres de large sur 6 de hau-
teur.
Les objets recueillis dans la tombe féminine où ce bijou a été
trouvé, atlestent qu'il appartenait à une riche matrone1.
7° CXXXV. — Bague en bronze, ornée de filets parallèles
Cette bague est un simple cercle sans inscription ni figure, avec
une hauteur, égale en tous sens, de 3 millimètres, et une ouver-
ture de 15 à 16 millimètres.
Elle était portée par une femme, qui en avait une autre sem-
blable, et dans la bouche, comme obole à Caron, un petit bronze
de Magnence (349-353)'.
8° et 9° CXXXVI et CXXXV1I. — Deux bagues en argent d'une
fillette
Ces deux bagues, trouvées dsns la tombe d'une fillette, sont
deux simples cercles d'argent, travaillés à plat et n'ayant pour dé-
coration qu'un cordon de, zigzags gravés en creux.
Le n" 1 , qui est le plus grand, ail millimètres de diamètre inté-
rieur et une hauteur partout égale de 1 à 2 millimètres.
1. Elle avait, au cou, un collier de trente-huit perles d'or avec pâtes de verre
imitant une pierre verte opaque; aux bras, des bracelets de bronze; aux pieds,
une petite urne et une coupe en verre blanc; et deux autres vases en verre.
2. Cette femme avait, au bras gauche, trois bracelets en verre noir et un qua-
trième en bronze; au bras droit, un bracelet en argent; sur les jambes, une
urne en verre blanc et une coupe également en verre; sous les pieds, une urne
en terre grise.
156 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Le n° 2 a 8 à 9 millimètres d'ouverture et 1 à 2 millimètres de
hauteur.
Dans la même sépulture, on a recueilli deux autres petits an-
neaux du même genre1.
10" CXXXVII bis. — BAGUE EN ARGENT, AVEC PLAQUES d'ÉMAIL
Cette bague 5 sur laquelle M. Pilloy n'a pas pu nous donner de
renseignements précis, mais qui paraît provenir, comme les pré-
cédentes, d'un des cimetières de Vcrmand3, a de 18 à 19 millimètres
d'ouverture. La tige, plate, a 5 millimètres de haut près du chaton,
1 1/2 du côté opposé.
Le chaton, formé de trois compartiments, a 16 millim. dans son
entière largeur : le compartiment central est de forme rectangu-
laire, les deux autres qui l'accostent, ont une forme légèrement
trapézoïdale. Tous les trois sont des plaques d'émail noir, établies
dans des cassolettes soudées sur la tige.
Le compartiment central est orné, en haut et en bas, de 3 globules
reliés ensemble par des cordons de métal; les compartiments laté-
raux sont accostés par trois globules ou cabochons.
M. Pilloy croit qu'à la différence de ceux que nous avons repro-
duits ci-dessus, cet anneau a été confectionné à une époque anté-
rieure au ive siècle, et appartiendrait au ru9, peut-être même au n°.
« Au ive siècle, dit-il, l'émaillerie avait cessé d'être à la mode. On
n'en faisait plus. Les bagues et les fibules émaillées que l'on trouve
dans les sépultures du iv° siècle, étaient possédées par héritage ou
1. Qui appartiennent également à M. Th. Eck. La petite défunte avait en ou-
tre, au bras gauche, un bracelet en argent; contre le bras droit, une coupe en
verre blanc; et, aux pieds, deux petits pots en terre noire.
2. C'est le n° 9 de la planche 19 des Études précitées de M. Pilloy.
3. Le savant archéologue croit, en effet, se rappeler que ce bijou, provenant
d'un des cimetières de Vermand, appartient, ou du moins, a appartenu à M. Bè-
gue, principal clerc de notaire à Vermand (lettre du 14 février 1896); ce qui
permet de supposer qu'il provient d'un des cimetières de Vermand.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
157
provenaient du pillage fait par les barbares au milieu du mc siècle1. »
Cette opinion me paraît n'être pas suffisamment motivée, au
moins, dans la forme absolue où elle est exprimée. Il me semble
difficile d'admettre que l'art de l'émaillerie, dont le Ve siècle et les
suivants nous fournissent tant de spécimens, eût entièrement dis-
paru au ive. Je serais plutôt porté à penser que, s'il y a eu ralentis-
sement dans la production, il y a eu continuité dans la pratique de
cet art.
CXXXVIII
ANNEAU AVEC INSCRIPTION, TROUVÉ A VILLERET (AISNE)5
Celte bague appartient, comme la précédente, à M. J. Pilloy, qui
nous en a fourni le dessin.
Elle a été trouvée dans un ancien cimetière gallo-franc, et dans
une sépulture féminine.
Elle est en or; son diamètre intérieur est de 19 millimètres d'ou-
verture; sa tige, formée d'une mince bande de métal, dont les ex-
trémités ont été soudées l'une sur l'autre, a 9 millimètres dans sa
plus grande largeur, près du chaton, 5 seulement du côté opposé.
Le chaton, ménagé dans la masse, est un carré long, de 8 milli-
mètres de haut sur 12 de large ; il est orné d'un entrelacs en forme
de 8 dans un cadre tracé au burin; de chaque côté, sur la tige, trois
caractères : adroite (pour le lecteur) A, E rétrograde et S retourné ;
à gauche, A, S retourné et C couché. Nous n'avons aucune opinion,
aucune conjecture à proposer touchant le groupement de ces carac-
tères, dont se composait le nom de la femme possesseur de notre
anneau.
1. Lettre du 6 février 1896. Cl'. Pilloy, Éludes sur d'anciens lieux de sépulture
de l'Aisne, t. II, p. 270.
2. Villeret est une commune du canton du Gatelut, arrondissement de Sainl-
Uuenlin.
158
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Quant à l'époque où ce bijou fut fabriqué, bien qu'il ait été re-
cueilli dans un cimetière que l'on croit carolingien, il peut dater
d'une période antérieure. Les ornements et les caractères qui y
sont gravés se rapportent aussi bien et même mieux aux temps de
la première dynastie qu'à ceux de la deuxième; et ce qui nous fait
incliner vers cette attribution, c'est la similitude des ornements
de notre anneau, avec ceux d'une autre bague dont l'origine méro-
vingienne ne paraît point douteuse.
CXXXIX
BAGUE AVEC CROIX ÉGALE, PROVENANT DE SÉRALCOURT-LE-GRAND (AISNE)'
Voici encore un anneau de la collection de M. .1. Pilloy, qui a
été recueilli dans une des tombes du cimetière de Séraucourt-le-
Grand.
Il est en laiton ou en cuivre jaune, et n'a que 18 millimètres
d'ouverture, ce qui indique bien un bijou de femme. La tige a
6 millimètres dans sa plus grande largeur près du chaton, 3 du
côté opposé.
Le chaton, ménagé à même le métal, est de forme ronde avec
12 millimètres do diamètre;, et, dans un double cercle tracé au bu-
rin, on a gravé une croix à branches égales et potencéc.
Ce bijou a été recueilli dans un cimetière qu'on croit carolin-
gien ; mais il peut fort bien néanmoins avoir été fabriqué à une
époque antérieure; et nous avons, dans nos anneaux d'origine
mérovingienne certaine, de nombreux exemples de la croix égale,
et de la croix polencée ou fourchue.
1. Séraucourt-le-Grand est un chef-lieu de commune, du canton de Saint-Si-
mon, arrondissement de Saint-Quentin.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 159
CXL
ANNEAU AVEC CALCÉDOINE, PROVENANT d'aBBEVILLE (aISNe) 1
Cet anneau d'or, qui appartient, comme les quatre suivants à la
collection de M. J. l'illoy1, a été recueilli dans la tombe d'une
femme de cinquante à soixante ans, avec divers autres bijoux et
objets de toilette3; il était encore à l'annulaire de la main gauche.
Il a 21 millimètres d'ouverture. La tige, qui a 7 millimètres de
largeur près du cbaton, est simplement ornée de traits au burin,
figurant un rameau. Le chaton, soudé sur cette tige, est formé
d'une cassolette ovale, presque ronde, de 23 millimètres de lar-
geur sur 21 de hauteur au centre, y compris une large bordure
ciselée en zigzags, et dans laquelle est sertie une magnifique cal-
cédoine, d'un ton laiteux, dont le fond est noirâtre'*.
CXLI
BAGUE AVEC FAUSSE ÉMERAUDE, PROVENANT d'aRBEVILLE (aISNe) 3
Cette bague en or, trouvée dans la tombe [d'une femme, était
1. Abbeville est une commune dépendante des canton et arrondissement de
Saint-Quentin.
2. Le dessin de ce bijou et ceux des quatre numéros suivants sont empruntés
à l'ouvrage déjà cité de M. J. Piltoy : Études sur d'anciens lieux de sépulture du
département de l'Aisne, t. II, pl. V. Celui dont il s'agit ici est gravé sur cette
planche, fig. 3; le texte est p. 186 et 262.
3. Sur la tête de la défunte, une épingle slyliforme en argent; au cou, un
collier de perles rouges ou vertes, avec un petit croissant d'argent muni d'une
bélière; une petite agrafe d'argent à quatre pointes recourbées au-dessous; à
l'avant-bras droit, un bracelet en bronze.
4. M. Pilloy a fait, à ce propos, l'observation qu'aujourd'hui, dans les bagues
à chaton ou médaillon ovale, on place toujours le grand axe dans le sens du
doigt, tandis qu'ici on a procédé en sens contraire, et le médaillon devait cou-
vrir une partie des autres doigts (Études, etc., p. 263).
5. Pilloy, Études, etc., p. 178, n° 1 et p. 263; pl. V, fig. 5.
"160 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
encore à l'annulaire de la main gauche. On y a recueilli en même
temps divers objets, notamment une épingle d'argent, qui était sur
la tète de la défunte1.
Cette bague a 17 1/2 à 18 millimètres d'ouverture ; sa tige, plate
et mince, a 10 millimètres près du chaton, 4 1/2 du côté opposé;
elle est ornée de six cercles concentriques en filigrane, entre les-
quels on a soudé de petites perles d'or, qui rappellent un bel anneau
épiscopal par nous décrit2.
Le chaton est formé d'une cassolette rectangulaire, bordée d'une
torsade d'or sur ses quatre côtés et sertissant une fausse éme-
raude.
cmi
autre anneau avec lion gravé sur fausse calcédoine, provenant
d'abbeville (aisne)3
Cet anneau, recueilli dans la tombe d'une femme, était encore
à l'annulaire de sa main gauche : on y a trouvé, en outre, divers
objets de toilette et autres''.
1. Voici le détail de ces objets : sur les fémurs, un bassin de bronze, au-des-
sous duquel une coupe en verre, décorée de fossettes et de filets de verre au
pourtour; sur les jambes, un plateau d'étain, contenant des ossements de poule
et une cuiller en argent; vers les pieds, une grande coupe de verre en forme
de bol; dans celte coupe, un petit vase ventru, où M. Pilloy a vu un poculum.
2. Voir plus loin, n° CGLXXXIV.
3. Pilloy, Éludes, etc., p. 194, n° 83 et p. 263; pl. V, lig. 7.
4. Dans laboucbe, un denier d'argent de Graticn; au cou, un collier de perles
DES PREMIERS SIECLES DU MOYEN AGE
161
Il a 16 à 17 millimètres d'ouverture; sa tige, de dimensions
égales sur tout son pourtour, est d'une faible hauteur (1 et 1/2 ou 2
millimètres).
Le chaton, qui est soudé sur la tige et de forme ovale, a 12 mil-
limètres de large sur 8 de hauteur au centre. On y a serti une
fausse calcédoine, sur laquelle est gravé en creux un lion passant.
CXLI1I
AUTRE BAGUE AVEC FIGURE d'un PETIT GÉNIE, PROVENANT d'aBBEVILLE
(aisne) 1
Cette bague en argent a été trouvée dans la tombe d'un homme,
à l'annulaire de sa main gauche, avec divers objets, parmi lesquels
une hache en fer et deux couteaux5.
Elle a 23 millimètres d'ouverture; la tige, ronde, a 4 millimètres
de grosseur près du chaton, Celui-ci, soudé sur la tige, est, comme
le chaton de la précédente bague, formé d'une cassolette octogo-
nale, de 16 millimètres 1/2 de large sur 12 millimètres 1/2 de hau-
teur au centre. Cette cassolette constitue intérieurement un cadre
creuses fusiformes, en or ou en pâte noire et brillante; le long de la jambe
gauche, une ampulla de verre blanc ; un débris de peigne en os ; sur les genoux,
un bassin de bronze et une cuiller d'argent; tout auprès, une petite urne
d'étain; aux pieds, une coupe en verre et un poculum en terre grise; la garni-
ture d'un coflret en bois, avec sa clef, sur les débris duquel on a cru trouver
représentés, en bas-relief, au repoussé, Jupiter, Mars et Hercule.
1. Id., ibid., p. 189, n° 59 et p. 262; pl. V, fig. 4.
2. Dans la main droite du défunt, il y avait un petit bronze fruste de Gralien;
sur les genoux, un plateau di; bronze étamé, avec des os de poule et des co-
quilles de noix; une petite coupe en verre; près de la jambe gauche, une hache
en fer, un poculum en terre grise et une petite urne en terre rouge, remplie de
cendres; aux pieds, un couteau en fer, une plaque de ceinturon en bronze; des
anneaux de bronze et de fer; une gouge coudée en fer; un grand couteau; un
ferret en bronze et une fibule discoïde émaillée de rouge.
11
162
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
ovale, sertissant une fausse calcédoine sur laquelle est gravé en
creux un petit génie. Ele est accostée, aux deux points de jonction
avec la tige, de trois globules ou cabochons disposés en feuilles de
1 relie , dont nous ayons souvent déjà signalé la présence sur nos
anneaux.
CXLIV
AUTRE BAGUE AVEC VERRE IRISÉ, PROVENANT d'aBBEVILLE (AISNE) '
Cette bague, en argent, a été trouvée dans la sépulture d'un
homme, à la main gauche duquel elle était encore; il y avait, outre
ce bijou, une monnaie, et divers objets et ustensiles *.
Elle a 20 millimètres d'ouverture; sa tige, plate, a près du chaton
(j millimètres, 2 seulement du côté opposé. Le chaton, soudé sur
la tige, est une cassolette ronde, de 10 millimètres de diamètre,
sertissant un verre blanc irisé.
CXLV
BAGUE AVEC INSCRIPTION, PROVENANT DE PRÉMONT (AISNE) 3
Cette bague, qui est inédite, a été trouvée, en 1894, dans une sé-
1. Pilloy, Études, etc., p. 179, n° 4, et p. 263; pl. V, fîg. 6.
2. Sur la poitrine, une grosse fibule cruciforme; sur les jambes, un plat d'é-
tain, contenant les ossements d'une poule; un poculum en terre grise; une
coupe en verre; aux pieds, une boucle de ceinturon en bronze; un petit cylin-
dre creux ayant dù servir à fixer les pendeloques de cuir qui, chez les soldats,
couvraient te bas ventre; des boulons doubles et une aiguillette en bronze;
deux couteaux en fer; dans la main droite, un bronze très fruste de Constance
ou Magnence.
3. Prémont est une commune dépendante du canton de Boherin, arrondisse-
ment de Saint-Quentin.
DLS PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
pulture féminine du cimetière mérovingien de Prémont », et appar-
tient à la collection de M. Th. Eck, à Saint-Quentin s. Elle est en
potin. La tige ayant été déformée, je ne puis en constater que l'ou-
verture moyenne, qui est de 18 millim. Le chaton, en forme de carré
allongé et un peu irrégulier, a 9 millim. de haut sur 10 de large. 11
contient, dans un cadre tracé au burin, trois caractères : au centre,
une lettre quialfecte la forme d'un Z, mais qui est là probablement
pour un S rétrograde (3), initiale de Signum, accostée, à droite et
à gaucbede la lettre F, sans doute l'initiale du nom du possesseur
de l'anneau.
La tige, qui a 8 millim. de large près "du cbaton, va en diminuant
de façon à n'avoir que 2 millim. du côté oposé.
CXLVI
AUTRE RAGUE AVEC CROIX ÉGALE, TROUVÉE A PRÉMONT (AISNE)
Voici une bague en bronze, également inédite, qui a été trouvée
en 1892, dans une tombe de femme du cimetière mérovingien de
Prémont, et qui appartient à la collection de M. Th. Eck 3.
1. Dans la même sépulture ont été recueillis, à la ceinture, une boucle en
fer commune, et aux pieds un vase en terre noire.
2. C'est d'après les dessins de M. Eck et les renseignements fournis par lui,
qu'ont été reproduits et décrits l'anneau qui nous occupe et dix autres bijoux
de la même espèce. J'exprime ma gratitude au savant conservateur des musées
de Saint- Quentin pour ce nouvel acte d'obligeance.
3. On a recueilli dans la même tombe : sur la poitrine de la défunte,
quelques grains de collier, et, aux pieds, un vase de terre noire de fabrication
commune.
164
ÉTUDE SU H LES ANNEAUX
Elle a 20 millim. d'ouverture. La tige est large de9millim. près
du chaton, de 3 1/2 du côté opposé.
Le chaton, ménagé à même dans le métal est, en forme de carré
long de 13 millim. sur 8 de haut. : il présente, dans un cadre tracé
au burin, une croix égale, accostée d'angles à ses deux bras, ou peut-
être de deux V.
BAGUE DE GELOSIMUS, TROUVÉE ENTRE TRAVECY ET VENDEUIL (AISNE)
Voici une bague en bronze, trouvée dans une cimetière franc
découvert entre Travecy, canton de La Fère, arrondissement de
Laon, et Vendeuil, canton de Moy, arrondissement de Saint-Quen-
tin. D'après une note adressée, en 1888, par M. Pilloy au Comité
des travaux historiques1, les sépultures d'hommes ont fourni de
très grandes francisques et des scramasaxes; d'une sépulture de
femme on a retiré une boucle en bronze, les débris d'une trousse
composée de couteaux, efforce, grande clef en fer, un collier de
verroterie, la partie inférieure d'une fibule en argent doré et niellé,
et un anneau en bronze, avec un chaton ovale, décoré d'une croix
entourée d'un fil zig-zagué.
Le bijou figuré en tête de la présente notice se compose : 1° d'une
lige de 23 millimètres d'ouverture et de S millimètres d'épaisseur
près du chaton; 2° de ce chaton, qui est de forme ronde, de 18 mil-
limètres de diamètre, et soudé sur la tige.
M. Pilloy, à qui appartient notre bague, déclare dans la note
précitée, n'avoir pu savoir si elle a été trouvée sur un homme ou
1. Bulletin aréhéologique du Comité des travaux historiques, année 1888, 2e l'as-
cicule.
CXLVII
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
165
sur une femme; mais, malgré ses dimensions, il présume qu'elle
était à l'usage d'une femme, par le motif qu'il n'en a jamais re-
cueilli sur les hommes.
L'ouvert ure considérable que présente cet anneau ne nous semble
pas permettre d'y voir un bijou de femme. Et puisque les objets
ci-dessus mentionnés ont été recueillis dans des sépultures mascu-
lines, que d'ailleurs les francisques et scramasaxes ne peuvent
avoir une provenance féminine, rien n'empêche de regarder notre
bague comme ayant appartenu à un homme, dont les doigts avaient
même des proportions supérieures à la moyenne. Deux autres cir-
constances viennent à l'appui de noire opinion.
A la base de l'inscription circulaire gravée en creux sur le cha-
ton et que nous allons bientôt étudier, on remarque une lettre,
dont les dimensions dépassent celles des autres lettres, et qui, par
ce fait et aussi à raison de la place qu'elle occupe, paraît devoir
être l'initiale du nom du propriétaire de l'anneau : c'est un G mé-
rovingien rétrograde (9). D'après cela, la dernière lettre de la
légende serait un |, qui ne peut être la terminale d'un vocable
féminin.
La leçon des quatre premières lettres de l'inscription ne soulève
aucun doute : elles forment le groupe GELOSI; la septième, si on
la compare à l'E qui suit le G, ne peut être un E couché, c'est un
M cursif (CO); la huitième et dernière lettre est un I. Au centre, il
y a une petite croix, fourchue à la base et au sommet, de même au
reste que les I et les extrémités d'autres lettres.
Nous avons donc, pour l'ensemble, la leçon suivante :
+ GELOSIMI-
Je n'ai point d'exemple que je puisse produire de ce vocable. Je
me bornerai à dire que Gel et Gelo sont entrés dans la composition
d'un certain nombre de noms propres germaniques du haut moyen
âge ' .
CXLVIII
BAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE A TEMPLEUX-IA-FOSSE (SOMME) *
Au mois de février 1885, on a découvert, dans le village de Tem-
1. Voir Forstmann, Personennamen, col. 510.
2. Templeux-la-Fosse est une commune située dans le canton de Roisel, ar-
rondissement de Péronne.
i6fî ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
pleux-la-Fosse, la bague en bronze que nous faisons figurer ici.
Acquise d'abord par feu Alfred Danicourt, elle a été, comme celle
d'Argœuves, donnée par cet archéologue au musée de la ville de
Péronne.
Elle a 18 millimètres d'ouverture; le pourtour, de forme arron-
die, a près de 2 millimètres d'épaisseur. Le chaton ovale, presque
rond, dont elle est ornée, a été ménagé unième le métal, mais d'un
côté seulement, car il est, de l'autre côté, soudé sur une des bran-
ches de l'anneau; il présente un monogramme qu'il faut envisager
dans le sens de la tige, du côté gauche (pour le lecteur), et oii nous
trouvons les caractères suivants :
Un M, dont les jambages extrêmes sont très écartés et qui esl
posé sur une longue haste, avec laquelle il forme un T; à gauche
(pour le lecteur), un E et un I. ces deux lettres arc-boutées formant
un A; adroite, un L Les deux petits cercles concentriques posés
au sommet du monogramme ne semblent pas en être une partie
intégrante.
Les lellres ci-dessus indiquées sont les eomposanles du nom de
MELITA ou MELLITA
qui était usité dans la période gallo-franque. Une femme ainsi ap-
pelée est mentionnée, on l'an 700, dans le testament d'Erminélru-
«lis, comme affranchie par celle riche matrone '. Le vocable de Mel-
litits est porté, au vif siècle, par un saint personnage, qui tut , en
604, évèque de, Londres, en 61 9 archevêque de Cantorbéry, et mou-
rut en 624 2. On connaît enfin un trions trappé à Rouen, dans la
période mérovingienne, par un monnayer également appelé Mel-
litus1, et le fréquent emploi de ce nom implique l'usage du fémi-
nin correspondant Mellita.
1. Pardessus, Diplom. et chart., t. II, p. 257.
2. Pardessus, Diplom. et chart.; t. Ier, p. 165; et Acta SS. Bolland., mens,
april., t. III, p. 280.
3. Anat. de Barthélémy, Liste des noms d'hommes inscrits sur les monn. méro-
ving. iBiblioth. de l'École des chartes, 6e série, t. pr.)
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
167
CXLIX
AUTRE ANNEAU PROVENANT DE TEMPLEUX -LA-FOSSE (SOMME)
Cette bague en laiton ou cuivre jaune, découverte au cours des
fouilles opérées dans le cimetière gallo-frauc do Templeux-la Fosse,
appartient à M. J. Pilloy. Elle est de petite dimension (18 milli-
mètres d'ouverture), et dut être portée par une femme ou un enfant.
La tige a, près du chaton, c'est à-dire dans sa plus grande largeur,
6 millimètres, 3 seulement du côté opposé.
Le chaton, ménagé à même le métal, est un carré long de 7 à
8 millimètres de hauteur sur 15 de large : on y voit des traits dé-
pourvus de toute signification (trois intailles et un demi-cercle en
haut, autant en bas), mais qui n'en servaient pas moins, comme
cachet de fantaisie, à sceller la correspondance : nous avons vu
déjà des exemples de marques de ce genre '.
AUTRE ANNEAU AVEC ENTRELACS FORMANT UNE CROIX, TROUVÉ A TEMPLEIIX-
Cette bague a été recueillie dans le cimetière de Templeux-la-
Fosse, au cours des fouilles qui y ont été récemment opérées % et
CL
LA-FOSSE (SOMME)
^. Voir les nos LXIII, LXV, LXXIX, LXXXII, CH.
2. Par M. Joly, fils du receveur des postes de Marché-le-Pot.
168
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
appartient à la collection de M. J. Pilloy, qui nous en a fourni le
desssin.
Elle est en laiton ou cuivre jaune : elle a 18 millimètres seule-
ment d'ouverture, ce qui fait supposer qu'elle était à l'usage d'une
femme ou d'un enfant ; sa tige, légèrement bombée à l'extérieur et
unie à l'intérieur, a 3 millimètres de largeur près du ebaton, 2 seu-
lement du côté opposé.
Sur le chaton hexagone dont elle est ornée, et qui est pris dans
la masse, est gravé un entrelacs, formant une croix à grosses bran-
ches et entouré de simples traits : le tout dans un cadre tracé au
burin.
Enfin, le chaton est accosté de trois globules disposés en feuille
de trèfle, et taillés en relief dans le métal.
CLI
AUTRE BAGUE PROVENANT DE TEMPLEUX-LA-FOSSE (SOMME)
Voici une bague en argent, qui appartient à la collection de
M. Eck,etqui a été recueillie dans une sépulture féminine du cime-
tière deTempleux-la-Fosse,avec divers objets de toilette et autres1.
Elle a 20 millimètres d'ouverture ; sa tige a partout 2 millimè-
tres de largeur. Le chaton, soudé sur cette tige, a 3 millimètres
1/2 d'épaisseur; il est de forme polygonale, bordé d'un mince filet
d'émail blanc; le champ est une tablette en prisme d'émeraude
d'un beau vert, au centre de laquelle est sertie, dans un filet d'émail
blanc, une verroterie blanche posée sur un paillon quadrillé2.
1. De chaque côté de la tête de la défunte, il y avait une paire de grandes
boucles d'oreilles en argent, à tètes facettées et verroteries blanches; «à l'un des
doigts de la main droite, l'anneau ici décrit; sur la poitrine, deux fibules en
bronze, avec verroteries blanches; aux pieds, un vase de terre noire. (Lellre de
M. Eck, du 6 avril 1892.)
2. Nous avons déjà signalé ce procédé d'orfèvrerie artistique sur deux anneaux
précédemment décrits (nos CXt et GXÏI).
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
169
CLII
ANNEAU AVEC INSCRIPTION, PROVENANT DE TEMPLEUX-LA-FOSSE (SOMME) .
Voici encore une bague trouvée à Templeux-la-Fosse et dont le
possesseur actuel est inconnu.
Ce bijou, qui est en bronze, a 17 à 18 millimètres d'ouverture.
Sa tige a 6 millimètres près du chaton, et 2 seulement du côté
opposé.
Le chaton, pris dans la masse, est un carré long de 12 à 13 mil-
limètres sur 9 de haut. Sont gravés en creux dans le champ, la
lettre D avec' panse polygonale ; un L ou un C et un I liés ; et, à
droite et à gauche, sur la tige, quelques ornements.
Je n'ai aucune explication à proposer en ce qui concerne ces
caractères.
CLIII
AUTRE ANNEAU PROVENANT DE TEMPLEUX-LA-FOSSE
Cet anneau en bronze, dontle possesseur est également inconnu,
a 21 millimètres d'ouverture; sa tige, plate, a 4 millimètres près
du chaton, 1 1/2 du côté opposé. Le chaton, de forme ovale et
soudé sur la tige, a 13 millimètres dans sa plus grande largeur el
9 dans sa plus grande hauteur; il est orné, dans un cadre, de des-
sins géométriques.
170
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
CLIV
BAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE A MESNIL-BRUNTEL (SOMME)1
Voici une bague en bronze, découverte, le 21 août 1885, au doigt
d'un squelette de femme, dans une tombe mérovingienne, où se
trouvaient aussi des pendants d'oreilles en argent, des boucles de
bronze et un vase.
L'anneau que nous reproduisons fut acquis, sur l'heure, par feu
A. Danicourt, qui en a fait don au Musée de Péronne.
11 aune très faible ouverture (17 millimètres 1/2) et 2 milli-
mètres d'épaisseur du côté opposé au chaton. Ce chaton, soudé sur
la tige, est de forme ronde et a 10 millimètres de diamètre; il est
accosté de trois globules ou cabochons en bronze, disposés en feuil-
les de trèfle.
Le chaton est orné d'un chiffre, où doit nécessairement se lire
un nom féminin. Nous y voyons d'abord (à droite du lecteur) un F,
dont la haste, prolongée par en haut, forme peut-être, avec la petit»1
barre horizontale supérieure, un L; à gauche, un E rétrograde, au
sommet duquel est appendu un |, dont l'extrémité inférieure re-
lient un C. Un S est posé en travers du I. En redoublant les lettres
E et I, nous aurions là les éléments du nom de
FELICIE
Le S du centre représente, avec le I qui le coupe obliquement,
l'abréviation si connue de Sl(gnum) ou S\{ffilhim) ; ee qui nous
donne, pour l'ensemble :
S\{gnurti) ou SKtf'M"») FELICIE-
Nous n'avons pas d'exemple du vocable Felicia, à citer d'après
les monuments du moyen âge, mais celui de Felicius était d'un
1. Mesnil-Rruntel est une commune dépendante de? canton et arrondissement
de Péronne.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
171
usage assez fréquent; nous en trouvons la mention dans une
charte de l'an 739 1 et dans un acte du cartulaire d'Ainay, de la lin
du Xe siècle5. Or, comme nous l'avons déjà fait observer, l'emploi
d'un nom masculin tel que Felicius, implique celui d'un nom fémi-
nin correspondant à la même époque.
BAGUE AVEC EFFIGtE ET LES INITIALES S L-, TROUVÉE A BARLEUX (SOMME) 3
Cette bague, trouvée dans le village de Barleux, a appartenu,
d'abord, à feu Alfred Danicourt, et a passé, depuis, grâce à la libé-
ralité de cet antiquaire, dans les vitrines de l'important Musée de
Péronne.
C'est un anneau d'argent, qui a 18 millimètres d'ouverture ei
donl la tige a 2 millimètres d'épaisseur.
Le chaton, de forme ronde, soudé sur la tige, est accosté, à
droite et à gauche, de trois cabochons en argent, également sou-
dés sur la baguette, el disposés en feuilles de trèfle, comme on les
voit dans un si grand nombre d'anneaux mérovingiens, dont ils
sont le trait distinctif.
Le chaton, bordé d'un cordon de perles, a 12 millimètres de dia-
mètre, y compris cette bordure. Il porte, grossièrement gravée,
une figure de profil, avec la chevelure rejetée en arrière, et accos-
tée des lettres S et L4, dont chacune est précédée ou suivie d'une
croisette.
t. Pardessus, Biplom. et chart., t. IT, p. 282.
2. Aug. Bernard, Cai'tul. de Savigny et d'Ainay, t. IF, p. 688, charte 181, da-
tée circa 980.
3. Barleux est un clief-lieu de commune, dépendant des canton et arrondis-
sement de Péronne.
4. Il y a, au-dessous de cette grossière effigie, des marques où l'on pourrait,
CLV
172
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
S a ici sans doute la signification de Signum, et le L est l'initiale
du nom du personnage pour lequel le bijou a été fabriqué et dont
on a tenté fort inhabilement d'ailleurs de reproduire les traits.
Nous produirons plus loin un exemple analogue, où le chaton porte
les lettres S R, séparées par une effigie1.
CL VI
AUTRE BAGUE PROVENANT DE BARLEUX (SOMME)
Voici une bague en bronze, recueillie, en 1885, dans les fouilles
du cimetière mérovingien de Barleux, et acquise, peu après sa dé-
couverte, par M. Th. Eck.
Elle a 19 millimètres d'ouverture; sa tige, dont l'épaisseur est
de 3 millimètres, a 4 millimètres 1/2 de hauteur près du chaton,
2 seulement du côté opposé.
Le chaton, ovale irrégulier, pris dans la masse, a 10 millimètres
de haut sur 15 de large ; l'artisan y a gravé des traits, dont la si-
gnification nous échappe, et qui probablement n'en ont aucune.
GLVII
BAGUE AVEC DES CARACTÈRES INEXPLIQUÉS, PROVENANT d'eNNEMAIN (SOMME)2
Cette bague, en bronze, qui appartient à la collection de M. Vin-
chon, avocat à Paris, a 23 millimètres d'ouverture; sa tige, plate,
a 4 millimètres de hauteur près du chaton, et 2 du côté opposé.
Le chaton, ménagé à même le métal, et de forme irrégulière,
ail millimètres dans sa plus grande hauteur, et 10 dans sa plus
à la Joupe, lire en petits caractères INI; mais nous croyons qu'il faut y voir
plutôt les lignes maladroitement tracées d'une sorte de buste quadrillé.
1. Voir plus bas le n° CCI/V.
2. Canton de Ham, arrondissement de Péronne (Somme) (Lettres de M. J.
Piltoy, des 6 et 14 février 1896).
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
173
grande largeur, y compris les parties latérales, où l'artisan a bu-
riné, dans le métal, trois saillies qui rappellent les trois globules
ou cabochons usités dans la fabrique mérovingienne. Le champ
nous offre des signes gravés en creux, où l'on peut distinguer un
C carré, un S et un L liés, et au sujet desquels je n'ai aucune ex-
plication à proposer.
CL VIII
BAGUE AVEC LES INITIALES FE, PROVENANT DE MARCHÉLEPOT (SOMME) 1
Ce bijou trouvé, en 1886, dans une tombe de femme du cimetière
mérovingien de Marchélepot, appartient à la collection de M. E. de
Chauvenet, de Saint-Quentin.
Il est formé d'une bande de bronze, plate et d'égale épaisseur
(1 millimètre) dans tout son pourtour. Il a 6 millimètres de haut
à l'endroit du chaton, qui est pris dans la masse, 4 millim. 1/2 du
côté opposé, et 17 millimètres d'ouverture.
Au centre du chaton, sont gravés quatre traits anguleux, destinés
peut-être à figurer une croix égale, et à droite desquels (pour le
lecteur) on voit inscrit un F, tandis qu'à gauche, il y a un E rétro-
grade. Ces lettres sont probablement les initiales du nom de la
femme ou de la jeune fille propriétaire de l'anneau.
1. Marchélepot est une commune dépendante du canton de Nesles, arrondis-
sement de Péronne.
174 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Les autres parties de la bague sont ornées d'une sorte de grecque
qu'on remarque sur un grand nombre d'objets trouvés dans les ci-
metières gallo-francs de la contrée1.
CLIX
ANNEAU AVEC LE S BARRÉ, PROVENANT DE MARCHÉLEPOT (SOMME)
Voici un autre anneau en bronze, trouvé, en 1884, dans une sé-
pulture féminine de Marchélepot, et qui appartient à la collection
de M. Eck.
Il n'a que 6 millim. 1/2 d'ouverture; la tige a, près du chaton,
8 millimètres de hauteur, 3 seulement du côté opposé.
Le chaton, ménagé à même le métal, a la forme d'un carré long,
et mesure 7 millimètres de haut sur 11 millimètres de large; il
présente, profondémenl gravé en creux, un S barré, dont la barre
est boulelée à ses deux extrémités, et qui est l'abréviation bien
connue de %\{anum), dont nous avons signalé la présence sur
plusieurs de nos anneaux. A droite et à gauche du S barré, re-
marquons deux points, destinés sans doute à différencier ce sifjil-
lum d'avec ceux de même forme qui étaient alors en grand usage.
CLX
BAGUE AVEC CROIX CANTONNÉE DES CLOUS DE LA PASSION (?), TROUVÉE A
MARCHÉLEPOT (SOMME)
Cette bague, recueillie à Marchélepot, appartient à la collection
particulière de M. Eck.
Elle est en bronze; elle a 22 millimètres d'ouverture; sa tige a
3 millimètres d'épaisseur.
1. « Ce genre d'ornements est répandu à profusion sur les plaques de ceintu-
ron en bronze que l'on recueille communément dans certains champs de sépul-
ture des viic, vmc et ix° siècles. » Lettre de M. Eck.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
175
Le chaton, de l'orme ronde, ménagé à même le métal, a 15 mil-
limètres de diamètre. Dans un cercle strié, est gravée une croix
égale, potencée et cantonnée de pointes, comme nous le voyons
sur l'anneau ci-dessous et sur un autre anneau précédemment dé-
crit1 ; ces pointes représentant peut-être les clous de la Passion ou
bien le X de la croix chrismée.
CLX1
AUTRE BAGUE AVEC LES CLOUS DE LA PASSION, TROUVÉE A
MARCHÉLEPOT (SOMME)
Ce bijou, recueilli dans une tombe de femme de Marcliélepot, ap-
partient, comme le précédent, à la collection de M. Eck.
11 est en bronze; il a 17 millim. 4/2 d'ouverture; sa tige a S mil-
limètres de hauteur près du chaton, 2 1/2 du côté opposé, et pré-
sente, sur tout le pourtour, deux traits gravés au burin.
Le chaton, ménagé a même le métal, est de l'orme ovale, et
mesure 10 millimètres de haut sur 8 de large : il y a, au centre, une
croix égale potencée, cantonnée de quatre pointes, comme dans le
n° précédent, où j'en indique la signifieatioir.
1. Voir le n° CXXII.
2. M. Eck me lait savoir qu'il possède un troisième anneau provenant du ci-
metière de Marcliélepot, où la croix du chaton est également cantonnée de
176 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
CLXII
AUTRE ANNEAU AVEC CROIX, TROUVÉ A MARCFiÉLEPOT (sOMMk).
Voici encore un anneau provenant aussi de Marchélepot et ap-
partenant à M. Eck.
Il est en bronze; il a 20 millimètres d'ouverture; sa tige ornée,
près du chaton, d'un triangle, a, en cet endroit, 8 millimètres de
hauteur, 9 du côté opposé.
Sur le chaton, qui est ménagé à même le métal, est gravée une
croix égale fortement potencée au sommet et à la base, et encas-
trée, aux deux bras, dans deux demi-cercles.
CLXIII
ANNEAU AVEC CROIX AU CHATON, PROVENANT DE MARCHÉLEPOT (?)
Ce bijou, qui appartient à la collection de M. Eck, provient d'un
cimetière mérovingien du département de la Somme'.
quatre pointes semblables. Je dois faire remarquer que, dans l'exemple repro-
duit sous le n° CLXI, les pointes paraissent avoir été bien intentionnellement
isolées de chaque canton, ce qui porterait à les considérer comme destinées à
rappeler les clous de la Passion. Voir aussi le n° CLXIII ci-dessous.
1. Lettres de M. Th. Eck, qui déclare ne pouvoir préciser davantage la pro-
venance de cet anneau.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN A 1 1 E
177
11 a 22 millimètres d'ouverture; sa tige a partout une épaisseur
de 2 millimètres 1/2.
Le chaton, de forme ronde, ménagé a même le métal, a 12 mil-
limètres de diamètre; il présente, gravée en creux, une croix
égale, accostée, aux quatre branches, d'unforl tampon ou bourrelet;
du cercle qui l'environne, m' détachent quatre pointes dirigées sur
chaque canton et représentant peut-être les clous de la Passion. Ce
dispositif et le travail du bijou autorisent à le rapprocher de deux
anneaux trouvés dans I,' cimetière mérovingien de Marchélcpot1,
et il y a lieu, dès lors, de présumer qu'il enprovient également.
CLX1V
liAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE A M0ISLA1NS (SOMME)
Voici une bague en bronze, qui appartient à M. Eck,et qui lui a
été donnée par l'auteur même de la découverte, laquelle a eu lieu
dans le printemps de l'année 1890. Elle a été recueillie dans une
sépulture de femme du cimetière mérovingien de Moislains.
Elle a 20 millimètres d'ouverture : la tige a 2 millimètres d'épais-
seur. Le chaton, pris dans la masse, est de forme ronde, et, mesuré
dans le sens de sa hauteur, il a 12 millimètres de diamètre. Dans
la partie du métal qui est à droite et à gauche, l'artisan a buriné
trois sailiies qui rappellent les trois globules ou cabochons si fré-
quemment signalés sur nos anneaux.
Sur le plat du chaton est inscrit un monogramme, où se déchilfre
facilement le mot BASINE, avec, au centre, le S barré (g), ce qui
donne la leçon.
S\{gnym) BASINE-
Nous avons déjà rencontré deux fois ce nom de femme qui fut
1. Voir ci-dessus les nos CLXI et GLXII.
2. Moislains est une coin aune dépendante des canton et arrondissement de
Péronne.
3. Voir, ci-dessus, les n»3 LXXXVIet LXXXVU. M. Eck, qui a publié la bague
178
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
célèbre dans le liaul moyen âge : il convient surtout de remarquer
la frappante ressemblance du travail du bijou et du mode de for-
mation de son monogramme avec deux bagues provenant de sé-
pultures franquesde la province de Namur, citées en note au bas
de la page précédente.
CLXV
BAGUE AVEC CERCLES CONCENTRIQUES, PROVENANT DE MOISLA1NS (SOMME)
Cette bague a été trouvée, comme la précédente, en 1890, dans
une sépulture féminine de Moislains, et appartient aussi à M. Th.
Eck.
Elle est en bronze; elle a 18 millimètres d'ouverture ; la tige
a 3 millimètres d'épaisseur. Le chaton, ménagé à même le métal,
est de forme ronde, avec un diamètre de 14 millimètres; il est orné
de six cercles concentriques, avec un septième au centre. .Nous
avons noté la présence fréquente de cette sorte d'ornements sur les
anneaux, plaques de ceinturon et autres objets recueillis dans les
sépultures barbares de la Bourgogne cisjurane et transjurane et de
la province de Namur (Belgique) l.
Notons enfin que l'artisan a t'ait saillir le métal à droite el à
gauche du chaton, de manière à rappeler les deux globules ou ca-
bochons qu'on voit souvent sur les bagues de ce pays et des con-
trées riveraines de la Meuse et de l'Escaut.
ici décrite, dans le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques (année
1892) , induit, avec raison, de ce fait que le vocable de Basine a été trouvé dans
trois sépultures différentes, qu'il était commun chez les envahisseurs d'outre-Rhin
ou leurs descendants. Tiré à part, p. 3 et pl. II.
1. Voir ci-dessus, les n°s XX, XXXIII et GUI.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
17'J
CLXVI
AUTRE BAGL'E PROVENANT DE MOISLAINS (SOMME)
Voici encore une bague en bronze, recueillie, en 1890, dans une
tombe de femme du cimetière de Mo islains, el appartenant à M. Eck.
Elle a 1!) millimètres d'ouverture; la tige a 3 millimètres d'é-
paisseur. Le chaton, de forme ronde, pris dans la masse, a 8 mil-
limètres 1/2 de diamètre; au centre, une cavité ronde, où l'on a
ménagé un relief de métal arrondi, sur la surface duquel un cercle
est tracé au burin.
Le chaton se prolonge adroite et à gauche sur la tige, eu forme
de pâlies de boulons; à son extrémité, il y a un cercle, avec un
point an centre, semblable aux ornements de l'anneau précédem-
menl décrit el provenant du même cimetière.
CLXV1I
autre bague avec chaton façonné en spirale, provenant de moislains
(somme)
Cette bague en bronze, inédile, qui a été trouvée, comme la pré-
cédente, en 1890, à Moislains, appartient également à la collection
de M. Eck.
Elle a 24 millimètres d'ouverture, ce qui indique qu'elle était à
l'usage d'un homme.
180
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Elle est faite entièrement d'un seul fil de bronze, contourné et
enroulé de manière àformer un chaton arrondi, accosté d'enroule-
ments du même fil de métal '.
CLXV111
ANNEAU AVEC INSCRIPTION, PROVENANT DE MOISLA1NS (SOMME) 2
Cet anneau en bronze, inédit, qui a été trouvé, en 1890, dans l'an-
cien cimetière de Moiskuns, appartient à la collection de M. C. Bou-
langer, ancien notaire, à Péronne.
Il a 18 à 19 millimètres d'ouverture. La tige, en demi jonc, a
3 millimètres 1/2 de large. Le cbalon, pris dans la masse du métal,
est plat, de forme ronde, avec un diamètre de 13 millimètres. Il est
divisé en deux compartiments, où sont gravés des signes et des ca-
ractères, dont trois seulement peuvent être définis : dans le com-
partiment supérieur un M et un V de forme onciale (q) retourné',
dans le compartiment inférieur un F mérovingien (H) rétrograde '.
Les autres traits n'ont ou du moins ne me paraissent pas avoir de
signification.
CLX1X
ANNEAU DE HRÛNZE, TROUVÉ A VOYENNES (SOMME) 3
Cet anneau appartient à M. de Vienne, maire d'Ollezy (Aisne),
qui l'a acheté à un particulier.
1. Un mode analogue de fabrication se renlarque sur une bague de Noyel-
lelte (Pas-de-Calais), n° CLXXIV.
2. D'après un dessin et des notes de M. Th. Eck.
3. Voir dans Maurice Prou, Cataloij. des monn. méroving. de la Bibliolh. nat.,
la paléographie de ces monnaies, p. cwin de l'introduction.
4. Ubi supra, p. cxvn.
5. Voycnnes est une commune dépendante du canton de Nesles, arrondisse-
ment de Péronne.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
181
Il a 19 millimètres d'ouverture. Sa tige, qui est arrondie, a
3 millimètres d'épaisseur; le chaton qui y est soudé est rond ; il
mesure H millimètres de diamètre, et, aux deux points de réunion
avee la tige, il est accosté de trois globules ou cabochons de mê-
lai, disposés en feuilles de trèfle.
Sur la surface du chalon, sont gravés en creux des traits où
M. Pilloy a cru pouvoir distinguer une tête grossièrement repré-
sentée '.
CLXX
ANNEAU AVEC INSCRIPTION, PROVENANT d'eRC.HEIT (SOMME)
Cette bague a été trouvée dans une sépulture féminine du cime-
tière mérovingien d Ercheu, au cours de fouilles opérées en 1890,
et appartient à la collection de M. E. de Ghauvenet, de Saint-
Quentin.
Elle a 17 millimètres seulement d'ouverture ; elle est formée
d'une bande de métal, épaisse de 2 millimètres 1/2, haute de 9 mil-
limètres près du chaton, et do 6 du côté opposé, où les deux bouts
de la tige sont soudés l'un sur l'autre.
Sur le chaton, qui est pris dans la masse, et qui est un carré de
1. Lettre de M. Pilloy, du 10 novembre 1891.
2. Ercheu estime commune dépendante du canton de Roye, arrondissement
de Montdidier.
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
9 millimètres de côté, sont gravés deux F, séparés par une barre
oblique, dont l'extrémité supérieure esl coupée par un demi-cercle :
le F placé à gauche de la barre (pour le lecteur), est accosté d'un
trait en forme de virgule. A droite du chaton, deux F, séparés par
une croix de Saint-André avec deux V dans deux angles. A gauche,
deux V ou deux A non barrés, entrelacés ei séparant deux carac-
tères où l'on peut voir deux E.
Je n'ai aucune conjecture à proposer au sujet des caractères gra-
vés sur ce singulier bijou : il est à remarquer toutefois que le cha-
ton était seul destiné à sceller la correspondance ou à accompa-
gner le nom de la femme ou jeune fille sur les actes où elle figurait
eu qualité de partie ou de témoin, et qu'il ne porte que deux F, qui
étaient vraisemblablement les initiales de son nom.
CLXXXI
ANNEAU STGILLA1I1E DE ROSA, PROVENANT DU DÉPARTEMENT DE LA SOMME
Nous reproduisons ici le chatûn en argent d'un anneau dont la
lige a entièrement disparu, soit qu'elle ait é!é brisée par l'ouvrier
au moment de la découverte, soit par toute autre cause. On ignore
le lieu précis où a été recueilli le fragment qui nous occupe et qui
appartient à la collection de M. Eck. Toutefois, d'après ce dernier ',
il y a tout lieu de croire qu'il provient du département de la
Somme.
Le chaton, de forme ronde, a 12 millimètres de diamètre ; dans
le monogramme dont il est décoré', ou lit aisément le nom de
ROSA
qui fui lrè> commundans le liant moyen âge et qui figure sur une
autre de nos bagues-'.
1. Lettre précitée <lr> m. Eck,
2. Voir le n° CCL.XIY.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
183
DIOCÈSE VARRAS
(XXX II
BAGUE AVEC DÉCORATION GÉOMÉTRIQUE, PROVENANT DE NOYELLETTE
(PAS-DE-CALAIS) 1
Cette bague, en bronze, inédite, a été trouvée, en 1895, dans
une tombe féminine du cimetière mérovingien de Noyellelte. Elle
appartient à la collection de M. C. Boulanger, ancien notaire à
Péronne (Somme).
Elle a 21 millimètres d'ouverture : la tige, de largeur inégale,
el le chaton, de forme carrée, mesurant 13 millimètres de large
sur 10 de hauteur, sonl décorés de dessins géométriques assez com-
pliqués dont le lecteur peut se rendre compte d'après le dessin
exécuté par M. Th. Eck pour ce bijou, comme pour les deux sui-
van I s .
(XXXIII
AUTRE BAGUE AVEC VERROTERIE AU CHATON , PROVENANT DE NOYELLETTE
(PAS-DE-CALUS
Celle liague, en bronze, inédile, qui a élé trouvée, en 189;5,
comme la précédente, dans une sépulture féminine de Noyellelte,
appartient aussi à M. C. Boulanger.
Elle a 19 millimètres d'ouverture; la lige, plate, a partout 4 mil-
limètres de largeur. Le chaton est une cuvette eu forme de lo-
sange, mesurant 5 millimètres entre les côtés, el contenant une
verroterie jaune et plate de même forme.
1. Noyellelte est une commune dépendante du canton de Saint-Pol-de-Ternoi?e;
arrondissement d'Avesnes-le-Comte.
184
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
(XXXIV
AUTRE ANNEAU AVEC CHATON FAÇONNÉ EN SPIRALE, PROVENANT DE
NOYELLETTE (PAS-DE-CALAIS)
Ce bijou, en bronze, inédit, a été trouvé en 1895, comme les deux
précédents, dans une tombe de femme du cimetière de Noyellette,
et appartient, comme les deux précédents, à M. G. Boulanger. Il
a 22 millimètres d'ouverture; la tige, plate, a partout 7 milli-
mètres de large. Le chaton est formé de deux gros fils de bronze
tournés en spirale et ligaturés par desssous avec la tige '.
CLXXV
BAGUE AVEC 'MONOGRAMME, TROUVÉE A YV ALLER S (NORD)2
La bague en or, qui figure en lèle de cette notice, a été trouvée
sur le territoire de la commune de Wallers, par un cultivateur qui
labourait un champ; elle était en dehors de toute sépulture, et
nul autre objet n'a été recueilli au même endroit 3. Mm0 Veuve Au-
ger, qui était propriétaire de ce bijou, en a fait don au Musée de
Valenciennes ; M. Caffiaux, archiviste honoraire du département,
membre correspondant de la Société des Antiquaires rie France,
1. Un mode analogue do fabrication se remarque pur une bague de Mnis-
lains (Somme), n° CLXVII.
2. La commune de Wallers dépend des canton et arrondissement de Valen-
ciennes.
3. Lettre deMn1' V° Auger, datée de Valenciennes, le 13 août 1888.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
185
l'a commmuniqué, on 1888, ù cette Société, et je suis redevable à
l'obligeance de ce savant des dessins qui m'onl permis de le repro-
duire ici.
Notre bague a I!) à 20 millimètres d'ouverLure ; la tige mesure
près du chaton une hauteur de 7 millimèi ces, etlechaton lui-même,
pris dans la masse, est un carré aux angles légèrement arrondis,
de 9 millimètres de côté, il est orné d'un monogramme composé
des lettres suivantes : un F rétrograde; un A ; un L qui, partanl
de l'extrémité supérieure de droite prolonge su barre horizontale
sous le F ; un C cai'ré à droite, el pins bas un O : c'est le nom de :
FALCO {P'alt-o),
fort usité dans le hautmoyen âge comme dans la période féodale.
On connaîl une lettre adressée par saint Remi. en 512, à un évêque
ainsi appelé*. Il va aussi un saint personnage de ce nom, qui fut
évêque de Maëstricht vers l'an 500a.
DIOCESE DE CAMBRAI
CLXXVI
BAGUE AVEC GRENAT, TROUVÉE A AUTRES (NORD) 3
La bague en or que nous reproduisons ici,aété découverte, dans
1. Pardessus, Ch. et dipl., t. I, p. 62. Celte lettre a été reproduite par Du
Chesne, Hist. Francor. scriptores, t. r, p. 850, et D. Bouquet, Histor. de France,
t. IV, p. 53, d'après l'édition qu'en a donnée Fréher, Corpus Franc, histor.,
p. 186.
2. Rolland., Acta SS., mens, febr., t. III, p. 177. On trouve des mentions de
personnes du même nom dans la plupart des cartulaires, notamment dans ceux
de Savigny (o«8 633, '753, 769, etc.), de Grenoble (n° XXXI et passim), de Sauxil-
langes (n° 809), etc.
3. Canton et arrondissement de Valenciennes.
186
ÉTUDE SUR Llîfi ANNEAUX
une tombe isolée. Elle a été publiéepar feu M. Dancoisne, dans une
brochure intitulée : Objets mérovingiens trouvés à Arlres, et nous
l'avons nous-même reproduite., en 1892, clans une note au bas d'une
notice relative à unanneau provenant delà province de Namur*.
Elira 20 millimètres d'ouverture ; la tige, plate, a3 ^millimé-
trés de large. Le chaton, soudé sur celle tige, est dé l'orme ronde
avec 17 millimètres de diamètre ; il présente sur sa face, quatre raies
de métal sertissant un nombre égal de grenats; le centre, formant
une cuvette ronde, était occupé par une gemme ou une perle en
pâte qui a disparu.
Ce bijou est le produit d'un procédé de fabrication, dont nous
avons d'autres exemples, notamment dans une bague provenant
du cimetière de Samson, province de Namur5.
GLXXYII
ANNEAU AVEC GRENATS, TROUVÉ A CIPLV, PROVINCE DU HAINAUT ( BELGIQUE )
Go magnifique anneau d'or a été recueilli dans une des nom-
breuses sépultures du cimetière franc de Ciply, près Mon- . 11 était
à la main gauche du squelette. Il pèse 7°'',.'>77, el a 19 millimètres
d'ouverture; le jonc, plat, large de S"™, 75, épais de 1 millimètre,
esl orné d'un cordon de grènetis entre deux doubles torsades.
1. Rev. archéol., année 1S92, t. II, p. 11, note 1; celle notice est le n°
CLXXVII ci-dessous.
2. Voir le n° CXI.
3. Ce cimetière, découvert en 1879, a été exploré avec autant de soin que
d'intelligence par deux archéologues distingués, MM. de Pauw et È. Hublard
Le bijou ici décrit et l'anneau qui fait l'objet de la notice suivante sont con-
servés, ainsi que les nombreux objets trouvés au cours des fouilles dudit cime-
tière, dans le musée archéologique de M. Léopold Bernard, en la propriété
el aux frais duquel ces fouilles onl été opérées.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
1X7
D'après la notice publiée par MM. L.-F. de Pauw et Em. Hu-
blard sur le cimetière de Ciply, à laquelle nous empruntons ces
renseignements, le chaton carré, bordé d'une rangée de grènetis,
a, à sa base, K3 millim. I 2 de côté. Il affecte la forme d'un édi-
cule, supporté à chacun des côlés, par deux arcades ornées de grè-
netis : au somme! du toit, qui en esl le couronnement, esl un gros
verre grenat, serti dans un cercle de grènetis. Les quatre versants
sont également décorés d'une verroterie grenat. Aux quatre angles,
il y a un ornement en forme de V renversé1.
CLXXVI1I
AUTRE BAGUE AVEC INSCRIPTION, PROVENANT DE CIPLY ( BELGIQUE)
Celle bague on bronze, trouvée, comme la précédente, dans le
cimetière franc de Ciply, provient de la sépulture d'une femme, au
médius de la main gauche de laquelle le bijou était placé".
Cet anneau a 18 millimètres d'ouverture : la tigea 3 millimètres
de largeur. Le, chaton, pris dans la masse el de forme ronde, esl
accosté de deux globules ou cabochons, également ménagés dans
le métal. Dans une bordure en relief, une figure grossie remenl
gravée, qui occupe le centre du chaton, rappelle la Victoire de
profil, passant, indiquée par des traits semblables sur des monnaies
des temps les plus bas de l'Empire. On y distingue en outre, en
étudiant ce petit monument dans un sens inverse, quatre carac-
tères : à gauche (du lecteur) un D cursif (ô) ; au sommet, un V ou
un A non barré, et à droite | et L Je n'ai à proposer aucune expli-
cation touchant ces caractères.
1. Notice préliminaire sur In cimetière franc de, Ciply, in-8", Mous, 18 >5, p. 22-
23.
l'. Lettre de M. E. Hublard, du 4 décembre 1894. Dans cette tombe, à la hau-
teur de la ceinture, il y avait une rouelle en bronze, ajourée et ornée de gra-
vures.
188
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
DIOCÈSE DE TOURNAI
CLXXIXel CLXXX
LES DEUX ANNEAUX TROUVÉS DANS LE TOMREAU DE CRTLDÉRIC Ier, A
TOURNAT, PROVINCE DU HAINAUT (BELGIQUE)
Notions historiques sur le trésor sépulcral de Tournai, où ces
anneaux ont été recueillis.
La tombe du roi franc Childéric Ier , où ces deux bijoux ont été
recueillis avec beaucoup d'autres objets précieux1, fui comme on
sait, fortuitement découverte en 1653, à Tournai, dans un ancien
cimetière aliénant à l'église paroissiale de Saint-Brice. Deux ans
après, les magistrats de la ville, qui avaient été, avec le curé et les
ma ru Milliers de la paroisse, les premiers détenteurs du trésor, le
remirent presque intégralement à l'archiduc Léopold-Guillaume,
alors gouverneur des Pays-Bas, qui, à la cessation de ses fonctions
(1G5G), l'emporta à Vienne. Après la mort de ce prince (1662), les
précieuses reliques entrèrent dans le Cabinet impérial. En 1665,
l'archevêque de Mayence, .1. Ph. de Schônborn en obtint de l'Em-
pereur la concession, avec l'intention (agréée par ce souverain) de
les offrir à Louis XIV2; et, au mois de juillet de la même année,
elles furent remises au roi de France, par l'ordre de qui elles furent
transporté 's du château de Saint-Germain à Paris, et déposées au
Cabinet des médailles, récemment créé au palais du Louvre. A
quelque temps de là, on les transféra à la Bibliothèque du roi, où
elles étaient, du moins eu grande partie, à la lin du xvin8 siècle.
Après avoir traversé sans accident la période révolutionnaire et
celles du premier Empire et de la Restauration, elles figuraient
encore, en 1831, dans les vitrines du Cabinet des médailles de
notre grand dépôt littéraire, lorsque, dans la nuit du ô' au 6 no-
vembre de celle année, des malfaiteurs tirent main basse sur une
1. Notamment 100 pièces d'or ;i l'effigie impériale, 200 monnaies d'argent,
environ 300 abeilles en or, une épée en fer avec sa poignée, sa garde et les
garnitures du fourreau montées en or, des fibules et un globe île cristal.
2. L'Empereur retint, quelques oli jet s, notamment des alicillos d'or.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
189
quantité considérable d'objets en or, parmi lesquels se trouvaient
ceux qui provenaient de la découverte de Tournai et en particulier
nus deux bagues, qui n'ont pu être retrouvées et sont probablement
perdues pour toujours1.
Heureusement, elles avaient été, ainsi que les autres parties du
trésor, décrites presque au lendemain de la trouvaille, avec un soin
minutieux et avec l'aide de témoins oculaires intelligents, par Jean-
Jacques Chiflet, premier médecin de l'archiduc gouverneur, qui les
avait l'ail dessiner et graver sur les planches dont son important
ouvrage est orné*. Ce consciencieux et savant travail, publié en
1655' à Anvers, a, depuis plus de deux siècles, servi de base aux
nombreuses dissertations dont le tombeau de Childéric et son mo-
bilier ont été le sujet, et où l'on a généralement reproduit les des-
sins de Chiflet'. C'est encore notre seule ressource pour la figura-
tion de nos deux anneaux, envisagés dans leur ensemble.
Ici s'arrêtent les notions historiques sur le trésor de Tournai,
que nous aurions voulu abréger, mais qu'il nous a paru indispen-
sable de placer en tête de celte étude.
1° CLXX1X. — L'ANNEAU SIG1LLAIRE DE CHILDÉRIC 1er
Ce magnifique bijou était en or massif, 1res pur ; d'après le dessin
1. Quelques-uns des objets dérobés, jetés dans la Seine par les voleurs en
fuite, furent repêchés près du pontde laTournelle : ceux qui étaient d'un métal
moins précieux avaient aussi échappé au pillage.
2. Anastasis Childeriei l F-ancorum régis, sive Thésaurus sepulchralis Tornaci
Kerviorum effossus et commentarïo illustratus, auctore Joanne Jacobo Cliil'fletto,
équité, regio archiatrorum comité et archidunali medico, primario, Lntverpis,
ex ofiieina Plantiniana Balthazaris Moreti, MDGLV; in - i ' de 367 p. avec
27 plancb.es et gravures sur cuivre.
3. Il faut toutefois signaler le beau livre du savant et regrettable abbé Cochet
(Le tombeau de Childéric I"), où les quelques objets qui nous sont restés du
trésor de Tournai ont été dessinés d'après nature et bien gravés.
100
ÉTUDE SUlt LES ANNEAUX
de Chiflet, don! l'exactitude esl confirmée par certaines circons-
tances exposées plus bas, etqui est reproduit en tête de la présente
Notice (fig. I)1, la tige en élail de forme arrondie à l'extérieur et
plate à l'intérieur; elle avait 13 millimètres de hauteur sur tout sou
pourtour, et 26 millim. 1/2 à 27 millimètres d'ouverture, ce qui
suppose une main très forte.
Quant an chaton donl la bague royale était ornée, nous serions,
par suite de l'événement désastreux de 1831, dans l'impossibilité
d'en donner une représentation fidèle et de première main, si, en
!N.'J7, Dauban, alors employé au Cabine! des médailles, n'en a va il
découvert une excellente empreinte sur cire". Celle empreinte est
intercalée dans une histoire manuscrite de sainte Geneviève3, com-
po ée, entre les années 1670 et 1687,, par le P. du Molinel ou du
Moulinet, chanoine régulier en l'abbaye de Sainte-Geneviève-du-
Mont*. Le dessin que nous avons mis en tête de la présente notice
(fig. 2) a élé exécuté, sous nos yeux, sur l'empreinte même. Il per-
met de conslaler, en ce gui concerne les dimensions du chaton, la
parfaile exactitude du dessin de Chiflet, et confirme ainsi l'opinion
déjà unanime des érudits, touchant le soin religieux qui a présidé
à la confection des planches du premier el savanl éditeur du trésor
de Tournai.
1. Le Cabinet des médailles possède, une représentation galvanoplastique
de cet anneau similaire, donnée par M. Peigné-Delacour, mais elle a été exé-
cutée d'après le dessin de Chiflet, combiné avec une empreinte en cire du chaton
donl nous parlerons plus loin, el elle n'a conséquemmenl aucune valeur sérieuse.
2. A la vérité, il existait, au Cabinet des médailles, une empreinte sur plâtre,
Hiii avait élé prise par M. Muret, entre l'année 18^9 où il avait été attaché à
notre grand dépôt national, cl le mois de novembre 1831 où le bijou avail dis-
paru. Mais cette empreinte, ébréchée sur un côté, el truste à l'effigie, ne pré-
sente plus qu'une partie de la légende circulaire, et ne peut servir, comme
l'empreinte sur cire de la Bibliothè que Sainte-Geneviève, à restituer l'état pri-
mitif du chalon.
3. Ce ms. est à la Bihliotlïèque Sainte- Geneviève, dan-; le fonds français, II,
f. 21. L'empreinte, parfaitement conservée, est en marge de la page 118.
4. Au ms. est jointe une longue lettre adressée par « M. du Boismourand » à
I auteur, en réponse à la communication que, celui-ci lui avait donnée du pro-
jet ou canevas de son travail historique. Celle lellre est datée du mois de
février 1G70: c'est donc entre cetle date el celle de la mort de l'auteur (1687)
que l'ouvrage a été écrit. La suscription de la lettre de Boismourand porte le
nom de du Moulinet ; des noies récentes, inscrites en tête du ms., portent du
Molinet.
DES PREMlliRS SIÈCLES DU MOYEN AGE 191
Le chaton, « I » * forme ovale, a 23 millimètres 1/2 de haut sur
17 millimètres 1/2 de large. Au centre, est représenté le buste
royal, avec tête de lace, uue, imberbe et une longue chevelure,
partagée au milieu du front et retombant en deux grosses boucles
sur les épaules. Le buste esl vêtu, à la romaine, d'une tunique sur
laquelle on voit une plaque carrée qui décore la poitrine1. La
main droite tient une lance appuyée sur l'épaule, comme on l'ob-
serve sur les médailles impériales de Constantin II, Théodose II,
Majorien, Justin l' 1 el de leurs successeurs '-.
Autour de l'effigie esl gravée celle légende, qui donnait une in-
comparable valeur historique à l'anneau sigillaire si déplora ble
menl perdu :
CHILDIRICI RETIS
le substantif signum ou sigillum, étanl sous-entendu, car le chaton
devail évidemment servir à sceller les actes émanés du souverain.
Rappelons, en peu de mois, quelques dates historiques concer-
nant Childéric. Après avoir succédé, en 458, h Mérovée comme roi
des Francs, établis alors sur le territoirè don1 se formé renl plus
tard les provinces de Flandre el de Picardie, il fui forcé, l'année
suivante, de s'exiler, el se rendit auprès du roi de Thuringe
(Haute-Saxe). 11 fut rappelé par les Francs en 163 ou i643, et, peu
après son retour, la reine de Thuringe Basine, quittanl son époux
el sa pairie, vint s'offrir ù Childéric, qui l'épousa et eut d'elle, en
465, Clovis Ier*.
1. M. Vallet de Viriville, le savant cl regretté professeur à l'École des Chartes,
a établi unutile rapprochement entre cette pièce pectorale et un bijou cloisonné,
conservé au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. (Rev. archéol.,
2° série, année 1857, t. II, p. 288 et pl. 313, fig. 2.)
2. L'abbé Cochet (Tombeau de Childéric I^,p. 368) parle d'un objet qui serait
figuré à côté de la lance, et sur lequel, ajoute-t-il, on croit distinguer une de
ces abeilles qui ont été trouvées au nombre de plus de trois cents dans le tom-
beau de Tournai. Un examen minutieux et répété nous autorise à dire qu'il n'y
a, sur l'empreinte du P. du Moulinet, rien de semblable à ce que le docte
archéologue normand y a vu. Nous serions porté à considérer ce qui l'a frappé,
soit comme un prolongement de la boucle de cheveux, soit comme une deuxième
boucle de cheveux de l'effigie royale.
3. Greg. Tur., Hist. écoles. Francor., II, xii; édit. Guadet et Taranne, t. I,
note n sur le livre II, p. i78.
4. Greg. Tur., Hist. Francor. epitom., chap. xi etxu. C'està tort que beaucoup
d'écrivains ont d'il que Hasine avait suivi Childéric lorsqu'il quitta la résidence
192
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
C'est au moment et à l'occasion de son mariage que furent très
probablement fabriqués et l'anneau sigillaire, dont il vient d'être
question, et la deuxième bague dont nous allons nous occuper1.
2° CLXXX. — LA DEUXIÈME BAGUE TROUVÉE DANS LA SÉPULTURE ROYALE.
NE SERAIT-CE PAS l'aïSNEAU DE MARIAGE DE LA. REINE BASINE ?
Tout uni, dépourvu de chaton, d'ornement et d'inscription, ce
bijou n'avait, on le comprend, aux yeux des érudits, qu'une im-
portance bien secondaire auprès île l'anneau sigillaire de Childé-
ric. Aussi n'a-t il été l'objet qued'une médiocre attention jt d'une
hypothèse assez légèrement conçue, qui, nous le montrerons bien-
tôt, est peu justifiée.
Dans une courte phrase, Chiflet rapporte que le deuxième an-
neau fut trouvé, comme l'autre, dans la sépulture royale*. Plus
bas, il émet la conjecture que c'est l'anneau de mariage de Chil-
déric, et il cite des écrivains de l'antiquité et une loi des Visi-
du roi de Tburinge. Elle vint le trouver en Gaule, après que les Francs l'eurent
reconnu de nouveau pour chef.
1. Mabillon a fait mention d'un autre anneau de Childéric Ier, qui présentait,
sur un saphir, l'image de ce prince, mais sans aucune inscription. « Primœ
slirpis reges in sigillis imprimendis plurimum usi sunl anulis.in quibus nomen
suum in circulo cum imagine descriptum exhibebant. Ejusrei illustre habemus
exeflnplum Childerici régis, Chlodovei Magni patris : cujus anuli duo, unus
aureus lotus, aller ex sapphiro, prœferunl ejus effigiem; et quidem aureus in>-
criplionem Childerici régis. » (De re diplomat., p. 135, n° 2). Ce deuxième
anneau, dont Mabillon nous a laissé ignorer la provenance et le possesseur, est
resté inconnu, et nous n'avons a son égard aucun renseignement.
2. « Sed et aller Childerici régis fuit annulus aureus in ejus conditorio reper-
tus, forma et inagnitudine qua in ima tabelhc parte représentait'. » [Anastasis,
etc., p. 115.) Le chapitre vu, d'où ce passage est extrait, a pour litre : « Annuli
aurei duo Childerici. » Ibid., p. 97.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
193
goths, d'après lesquels les fiancés, qui avaient échangé des an-
neaux, étaient liés par ce seul fait
Les auteurs qui ont reproduit cette hypothèse, y ont adhéré, et,
en dernier lieu, l'abbé Cochet l'a admise comme « fort vraisem-
blable »s; en tous cas, il ne parait p;is douter que ce fût un
deuxième anneau de Childéric \
Avant d'exprimer notre sentiment personnel sur la question,
nous devons donner du petit monument dont il s'agit une descrip-
tion détaillée.
C'est un simple cercle d'or massif, bombé à l'extérieur et plat à
l'intérieur comme l'anneau sigillaire. Sa hauteur, égale sur tout le
pourtour, est de 10 millimètres 1/2, et son ouverture ou diamètre
intérieur, de 20 millimètres 1/2.
Si nous comparons ces dimensions à celles de l'anneau sigillaire,
nous voyons que son diamètre est moindre de 6 à. 7 millimètres et
sa hauteur de 2 millimètres 1/2 k 3 millimètres1. Or, ces diffé-
rences, auxquelles il estasse/ extraordinaire qu'on n'ait pas encore
pris garde, sont trop considérables, ce nous semble, pour qu'on
puisse admettre aisément que les deux bagues aient été faites pour
la même main5. C'est pourquoi il convient, croyons-nous, détenir
pour fort sujette au doute l'idée que noire bague soit, ainsi qu'on
l'a supposé jusqu'à présent, un deuxième anneau de Childéric.
1 . Anastasis, etc., p. 116.
2. Le Tombeau de Childéric Ier, p. 364.
3. En reproduisant le dessin de Chiflet, l'abbé Cochet lui a donné ce tilre :
« Bague en or de Childéric. » (Ibid., p. 350). A la page 347, il dit : «Tout porte
à croire que les deux anneaux d'or de Childéric furent recueillis le jour de la
découverte. »
4. On pourrait chercher à expliquer ces grandes différences de dimensions
en supposant que la deuxième bague était faite pour le petit doigt, tandis que
l'anneau sigillaire était porté à l'un des autres doigts de la forte main de Chil-
déric. Mais cette explication serait peu plausible. D'une part, en effet, si la
deuxième bague était, comme nous le pensons avec tous nos devanciers, une
bague de mariage, elle devait être placée à l'annulaire et non au pelit doigt.
Or, l'annulaire est, pareil ou de dimensions à peu près pareilles à celles de
l'index ou au médius de la main. D'autre part, un écart de 7 millimètres de
grosseur entre le petit doigt et les autres doigts d'une même main serait bien
extraordinaire et difficile à accepter a priori.
5. Tel était l'usage chez les Grecs et chez les Romains (Aul. Gell. ,Attic noct.,
X, 10) et suivant toute probabilité chez les Francs (Cochet, Tombeau de Chil-
déric J", p. 357-358).
13
104 [ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
D'un autre côté, entre les deux bijoux, la parente est manifeste :
fabriqués dans une forme et par des procédés semblables, ils sont,
non seulement contemporains, mais assurément sortis de la même
officine, et peut-être l'œuvre du même ouvrier.
Que faut-il donc penser de la deuxième bague et de sa présence
dans le cercueil de Childéric?
Nous sommes très porté à croire, comme tous les auteurs qui
nous ont précédé, que c'est bien là un anneau de mariage; et à
ce point de vue, il n'est pas sans utilité de rapprocher notre bijou
d une bague trouvée dans une des sépultures de Salzen, au doigt
annulaire d'une femme, et identique de forme à celle qui nous oc-
cupe'.
Mais celle-ci ne devait pas, suivant nous, être portée par Chil-
déric. C'était plus vraisemblablement l'anneau que la reine Basinc
reçut de lui quand il la prit pour épouse en 463 ou 464, et qui
aurait été confectionné, avec cette destination, en même temps et
dans le même atelier que l'anneau sigillaire.
Dans cette hypothèse, Basine aurait précédé le roi franc dans la
tombe, et, au moment de l'ensevelissement de ce prince, on aurait
mis dans son cercueil, avec les armes et les autres bijoux qui lui
appartenaient, l'anneau nuptial de la reine.
INous avons déjà enregistré un fait semblable dans notre précé-
dente Notice, relative à l'anneau sigillaire de Gulfétrud2, recueilli
dans la tombe d'un guerrier, très probablement son époux, comme
la bague qui nousoccupe a été recueillie dans la tombe du roifrane.
La date de la mort de la reine Basine est inconnue, et il n'y ;»
rien, à cet égard, dans l'histoire, qui soit de nature à contredire
notre hypothèse. Il n'y en a pas davantage sous le rapport des di-
mensions de la bague. Son diamètre intérieur, qui est de 20 mil-
limètres et 1 /2, se rencontre dans plusieurs des bagues de femme
que nous avons étudiées. Nous nous bornerons à en citer deux
exemples indiscutables, parce que les noms de leurs propriétaires
ysontinscritsen entier. Ce sont celles d'Heva et d'Aster, qui ont res-
pectivement 20 et 19 1/2 à 20 millimètres d'ouverture3.
1. Lindenschcnit, Der germanisake Todtenlager, pl. X et p. 20. Cette bague est
en effet, comme la nôtre, un simple cercle massif, bombé en debors et plat en
dedans.
2. Voir ci-dessous le n° CCXVI.
3. N«» LXU et CCXIV.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
195
En résumé, au lieu de deux anneaux de Childéric, le trésor sé-
pulcral de Tournai aurait compris, avec l'anneau sigillaire du roi,
l'anneau de mariage de la reine Basine, de la mère de Clovis Ier, le
glorieux fondateur de l'empire des Francs.
A la vérité, ce n'est là qu'une conjecture ; mais elle est, nous
paraît-il, très plausible, et méritait, en tout cas, d'être signalée à
l'attention des archéologues.
DIOCÈSE DE BEAU VAIS
CLXXXI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME ET LA FORMULE VlVaS ÎH DeO ,
TROUVÉ AU MONT-DE-HERMI',S (OISE) '
Au cours de touilles opérées au Mont-de-Hermes, M. l'abbé
Hamard, curé de la paroisse de Hermès, a découvert, dans une
tombe qu'il croit être celle d'une femme !, la bague qui figure en
tète de la présente notice.
Elle a été acquise par un ancien bibliothécaire de l'Université
de Cambridge, M. Samuel Savage Lewis, décédé depuis. Par bon-
1. Hermès est une commune dépendante du canton de Noailles, arrondisse-
ment de Beauvais.
2. « Il m'est absolument impossible, m'écrit le savant ecclésiastique, d'alïirmer
le sexe du personnage qui a été le possesseur de ce bijou, attendu que la sé-
pulture où il a été trouvé était complètement bouleversée. Cependant, je pense
qu'il a dû être porté par une femme. » (Lettre du 26 avril 1893.)
196
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
heur, M. l'abbé Hamard avait conservé, de ce curieux bijou, d'excel-
lents dessins qu'il m'a obligeamment envoyés, et qui m'ont per-
mis de le reproduire ici.
11 est en argent; il a 19 millimètres d'ouverture; sa tiye, haute
de 9 millimètres sur tout son pourtour, est unie à l'intérieur, et
présente, à l'extérieur, cinq facettes ou compartiments, séparés
les uns des autres par une saillie arrondie en boudin. Quatre de
ces facettes nous offrent une formule acclamatoire dont nous avons
vu plusieurs exemples sur nos anneaux ; elle est ainsi gravée :
VI— VAS— IN— DEO-
La cinquième facette, formant chaton, est un carré irrégulier
de 12 millimètres de haut sur 11 de large, acosté de deux globules
ou cabochons. On y voit, encadré dans un grènetis, un mono-
gramme comprenant: un M, dont les deux montants supportent
un arc et à l'intérieur duquel il y a un A ; un V, figuré par les
deux barres obliques du M, et surmonté d'un R ; ce qui, avec le
redoublement du A, donne le nom féminin de MAVRA très usité
dans le haut moyen âge1 ; et, pour l'ensemble des inscriptions de
notre anneau,
MAVRA
VIVAS IN DEO-
Il y a plusieurs saintes de ce nom, parmi lesquelles, pour n'en
citer que deux appartenant à la Gaule et au moyen âge, celles
qui ont vécu à Beauvais (vc siècle) et à Troyes (milieu du
ixe siècle) 8.
1. Mon regretté confrère, E. Le Blant, qui a publié le chaton do notre
anneau dans son Nouveau recueil des inscriptions chrétiennes de la Houle, n° 421,
p. 426, s'est borné à dire, relativement au monogramme, qu'on peut y lire un
nom tel que celui de Maria. Cetle indication nous semble difficile à admettre;
d'une part, elle suppose la présence, dans le monogramme, de la lettre I qui
n'y parait point; et, d'autre part, elle ne lient pas compte de la lettre V,
formée par les deux traits obliques du M, que l'artiste a intentionnellement pr o-
longés hors du cadre du monogramme, pour en marquer la valeur propre.
2. Iîolland., Aela SS., mens, januar., t. I, p. 1018; et mens, seplembr , t. VI,
p. 271.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
197
DIOCÈSE D'AMIENS
CLXXX1I
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVÉ DANS LES ENVIRONS D'AMIENS
Voici une bague qui a fait partie de la collection de feu le baron
Pichon, et qui a été découverte dans le territoire d'Amiens. Elle
est en or pur et a 28 millimètres d'ouverture; sur sa tige, qui est
ronde, est soudé un cbaton également en or, sous lequel elle se
prolonge en formant deux larges pattes, terminées chacune par
deux volutes affrontées. Aux points de réunion de la tige et du cha-
ton, il y a les trois globules ou cabochons disposés en feuilles de
trèfle.
Le chaton, qui est octogone et a 12 millimètres de large sur une
hauteur de 10 1/2 millimètres, est décoré d'un monogramme où on
lit sans difficulté, en redoublant le S :
3SPANV2 (ESPANVS).
Espamts a formé, en vieux français, Espain, et, en dernier lieu,
Epain, qui est le nom d'un saint martyrisé, en Touraine, au iv° ou
v° siècle, et dont l'Église célèbre l'anniversaire le 25 octobre, con-
jointement avec celui de plusieurs martyrs du môme pays et du
Berry
Le vocable primitif du saint était Spanus; mais la forme Espain
implique la transition par celle de Espanus, où figure déjà la pros-
thétique du nom moderne. C'est ainsi d'ailleurs que, dans la
langue géographique, le nom du bourg d'Espagnac, en Limousin,
1. Rolland., Acta SS., mens octobr., t. XI, p. 578.
108
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
qui était originairement Spaniacus, était déjà, au vrr° siècle, ins-
crit par les graveurs de coins monétaires dans la forme Espaniaco 1
CLXXXIII
ANNEAU TROUVÉ A ARGŒUVES (SOMME)*
Cet anneau, qui est en argent, a été trouvé à Argœuves, près
d'Amiens, et appartient également au Musé s de Péronne, grâce à
la libéralité de feu Alfred Danicourt, ancien maire de cette ville.
Cet intéressant bijou a 18 millimètres d'ouverture et est orné
d'un chaton, ménagé à même le métal. Le pourtour a à peine 1 mil-
limètre d'épaisseur et 5 millimètres de hauteur du côté opposé au
chaton; et à cet endroit, les deux branches ont été soudées l'une
sur l'autre, dans l'intention probable d'en rétrécir le diamètre. Le
chaton, de forme quadrangulaire, a 12 millimètres de large sur
7 millimètres de hauteur, et présente des caractères gravés en
creux dans un cadre formé de deux lignes tracées au burin; à
droite et à gauche, il y a divers ornements et une croisette dans un
triangle : le tout également gravé en creux.
Les caractères sont disposés d'une manière assez bizarre, en
trois groupes de deux lettres chacun.
Le premier de ces groupes, en partant de l'angle gauche infé-
rieur (pour le lecteur), contient une haste, à laquelle sont attachées
quatre barres horizontales, représentant un E et peut-être un (J à
base carrée liés.
Le deuxième, qui est au centre, se compose d'un S posé en tra-
vers d'un grand I, qui s'étend de l'angle supérieur de gauche à
l'angle inférieur de droite.
Le troisième groupe, inscrit à l'angle supérieur de gauche, est
formé de deux C adossés, DC.
L'ensemble nous donnerait EVSICC.
1. Deloche, Bescript. des monn méroving. du Limousin, in-8, 1863, p. 169,
et planches, fig. 70. Cf. Longpérier, Notice sur les monn. de la collêet. Rousseau,
p. 81.
2. Argœuves est une commune du canton d'Amiens.
DES PREMIERS SIÈCLES THJ MOYEN AGE VJV
Le nom du propriétaire de ( «'Ile bague pourrait, dans ce cas, se
compléter de deux tarons différentes.
Suivant l'une, il suffirait de revenir au I du groupe central, ce
qui ferait; en l'employant deux fois, EVSICCII, génitif d'EVSICClVS,
nom presque identique à celui qui fut porté par un saint originaire
du Périgord, lequel fonda, au milieu du vic siècle, le monastère de
Celles-sur-Cher, en Berry1, et qu'on appelle, dans les listes mo-
dernes, Eusice ou Ysis2. Le S du centre remplirait ici, comme
dans d'autres exemples déjà notés par nous, le rôle d'initiale de
Sigmim ou SigiHum.
Le deuxième mode consisterait à redoubler l'emploi du | el du
E, ce qui fournit la leçon EVSICC1E, génitif d'EVSICCIA. Le S se-
rait encore ici l'initiale de Sigmim ou Sigillvm.
Cette seconde hypotbèse est préférable à la précédente, par le
motif que, d'après les petites dimensions et la faible ouverture de
la bague (à peine 18 millimètres), il est à croire que ce bijou fut
porté par une femme.
A la vérité, nous n'avons pas de mention historique d'une per-
sonne qui aurait porté le nom à'Eusicia ou Eusiccia] niais l'exis-
tence du vocable Eusicius rend plus que vraisemblable l'existence
et l'emploi du vocable féminin qui lui correspondait
DIOCÈSE DE BOULOGNE-SUR-MER
CLXXXIV
BAGUE DONT LE CHATON EST UN TIERS DE SOU d'ûR, TROUVÉE AU LIEU DIT
LES YEULLI S OU HARDENTHAN (PAS-bE-CALAls) 3
Cel anneau d'or, qui appartient au Musée communal de Bou-
logne-sur-Mer, a été trouvé dans un cimetière, et il était à la main
\. « Eusicius ergo mandatum régale suscipiens... » André Du Clicsne, Hi&tar.
Franco?, scriptores coœtanei, t. Ier, p. 534 et 535. — Ph. Labt»e, Biblioth. nov, mss.,
t. II, p. 371 cl 463.
2. Annuaire historique. Année 1858, p. 192.
3. Ce village est situé dans le canton de Marquise, arrond. de Houlc-gne-sur-
Mer.
200
ÉTUDE SUR LKS ANNEAUX
droite d'un squelette de femme, dont la sépulture contenait d'autres
bijoux et objets de toilette1.
Cet anneau, dont le poids total est de 3'r,82, se compose :
1° D'une tige en or, primitivement octogone et légèrement dé-
formée, qui a 15 millimètres d'ouverture et une hauteur de 6 mil-
limètres dans tout son pourtour ;
2° D'un chaton soudé sur la tige, lequel n'est autre qu'un tiers
de sou d'or, dont le diamètre est de 10 millimètres. Le droit de
cette pièce, sur lequel doivent être sans doute gravés, suivant
l'usage, l'effigie royale et le nom de l'atelier, est appliqué sur la
baguette et n'en laisse presque rien voir. Le revers, qui forme la
face extérieure du chaton, porte une croix ancrée, posée sur une
base et cantonnée, au 1er, d'un point ou globule, aux 3e et 4°, de
deux étoiles à huit pointes. En légende circulaire, est inscrit le
nom du monnayer, précédé d'une croisette. On y déchiffre les trois
premières lettres CHA et les quatre dernières ONDVS ou VNDVS ;
celles du milieu ont disparu.
Cette pièce paraît, d'après sa fabrique, avoir été frappée vers le
milieu du vnc siècle.
On connaît un monnayer mérovingien, CHARIMVNDVSi qui a
signé un triens portant le nom d'une bourgade de l'ancien diocèse
de Tours, appelée Geniliaco, de nos jours Cenillé2; mais celle
1. Savoir : des boucles d'oreilles, une fibule, un style à boule d'or, une épin-
gle en or, une plaque de ceinture en bronze, et un collier de verroterie et
d'ambre. Ces détails nous ont été communiques par M. le docteur Sauvage,
conservateur des musées communaux de Boulogne-sur-Mer. Voir aussi les
Mémoires de la Société académique de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer,
année 1865, où ce petit monument a été publié, p. 61-62 et pl. XI, fig. 5.
2. Au droit, GENILIACO VICO FITV. — Au revers, CHARi M VN DVS MO.
D'Amécourt, Recherches sut les monnaies mérovingiennes de Touraine, p. 6, n° 6.
Genillé est un chef-lieu de commune du département d'Indre-et-Loire, arron-
dissement de Loches, canton de Montrésor.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 201
pièce no présente point le type observé sur le chaton de notre
bague '. Néanmoins, comme le type de la croix ancrée et de la croix
cantonnée d'un ou plusieurs points et d'étoiles, se rencontre très
fréquemment dans le monnayage tourangeau2, il n'y a rien d'im-
probable à ce que le triens qui a servi à la fabrication de notre
anneau, ne provienne de ce pays.
Nous ferons remarquer, en terminant, que ce bijou est particu-
lièrement intéressant en ce que c'est, jusqu'à présent, l'unique
exemple d'une bague ayant pour chaton un tiers de sou, tandis
qu'on en connaît plusieurs sur lesquelles ont été montés des sous
d'or».
CLXXXV
ANNEAU AVEC MONOGRAMMES, TROUVÉ A NESLES-LES-VERLINGTII UM
(PAS-DE-CALAIS) 4
Cet anneau a été trouvé au cours de fouilles opérées dans une
des tombes masculines du cimetière franc de Nesles-les- Verling-
thum. Il a été publié par M. J.-V. Vaillant, dans un mémoire daté
de juillet 1884% où ce savant a décrit avec grand soin les sépul-
1 . Croix légèrement potencée, avec deux delta A (pour deux alpha) sous les
bras.
2. Voir dans d'Amécourt, op. laud. : 1° la croix ancrée, n03 2, 4, 7, 9, 10 11
16, 17, 18, 19, 20, 21, 25, 34, 49, 50, 53, 63. 64, 65, 73, 74, 78, 85, 89, 90;
2» des étoiles accostant la croix, n°s 31 et 66; 3» un ou deux points et des croi-
settes cantonnant la croix, n0* 47, 55 et 56. Il convient d'ajouter que ces mar-
ques se trouvent aussi dans les monnaies du Maine. Cf. d'Amécourt, Recherche
des monnaies mérovingiennes du Cenomannicum, p. 54, 55, 86, 99, 104, 134 et
passim.
3. Voir plus bas les nos GLXXXIX,CCLVI et CCLVII.
4. La commune de Nesles-les-Verlingthum dépend du canton de Samer, ar-
rondissement de Boulogne-sur-Mer.
5. Lecimetière franco-mérovingien de Nesles-les-Verlingthum, in-8°, Arras, 1886,
et planche I, n°s 7 et 8. C'est mon savant confrère, M. le docteur Kamy, qui a
bien voulu me signaler cetle intéressante publication.
202
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
tures explorées*, et los divers objets qu'elles renfermaient : ceux
qui ont été recueillis en même temps que notre anneau permettent
de déterminer l'origine du personnage auquel ils ont appartenu
et très approximativement l'époque de l'inhumation; ce sont: une
large et longue épée, à fourreau terminé par un bout en argent;
une fibule en bronze, à cinq rayons, guillocbée, damasquinée en
or, et décorée de morceaux de verre grenat; un collier de belles
pierres bleues; enfin un tiers de sou d'or au nom de l'empereur
Justin Ier, dit le Thrace, qui régna de 518 à 527'.
Il ne peut y avoir aucune hésitation sur le caractère et l'origine
des divers objets découverts dans l'ancienne nécropole; ils appar-
tiennent incontestablement à l'une des races germaniques qui oc-
cupèrent la Gaule et très probablement aux Francs'. On verra plus
bas l'importance de cette constatation.
La bague qui nous occupe est en or d'un jaune verdàtre; elle a
23 millimètres d'ouverture ; sa tige, arrondie à l'exiérieur, a 4 mil-
limètres de largeur. Le chaton, pris dans la masse, est un ovale de
5 millimètres dans sa plus grande hauteur, sur 12 1/2 de large.
Sur ce chaton, est gravé en creux un monogramme, fort bien
composé, pour l'explication duquel il convient de i appeler que le
bijou appartenait à un homme, et que cet homme était un Germain.
La lettre principale du monogramme, celle qui tout d'abord
frappe l'attention, est un M au centre et au bas duquel il y a un
1. M. Vaillant a constaté que les ensevelissements n'avaient été t'ails ni dans
un cercueil de bois, ni dans une auge de pierre, mais à même dans la terre,
sans suaire, linceul ou peau. Les tètes sont à l'ouest, les pieds à l'est. Quelques
corps sont ramassés sur eux-mêmes, cuisses et coudes rapprochés, mais géné-
ralement ils sont étendus tout du long. Op. cit., p. 3.
2. Op. cit., p. 13. Voici la description du triens : Au droit : buste impérial
avec la légende D. N. IVSTINVS PP A VG. — Au revers : Victoire offrant, une
couronne; le différent de Rome, formé des lettre RM A réunies en monogramme,
avec une étoile dans le champ; en légende circulaire VICTORIA AAVGG.
Cette légende indique la date de 527, où Justin avait associé Justinien à rem-
pire. (Ubi supra, p. 14.)
3. M. Vaillant n'en fait aucun doute (ibid., p. 5). En tous cas, il ne peut être
ici question des Goths, qui ne dépassèrent guère les rives de la Loire; et s'
quelques-uns étaient montés jusqu'au Boulonnais, il n'en serait pas resté d'ag-
glomération après la défaite de Vouillé (507}. Or, nous sommes à une époque
postérieure à 518 et même à 527.
4. M. Vaillant n'a vu dans le monogramme qu'un M et un Q, qu'il a renoncé
à interpréter. Loc cit., p. 8.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
203
A; puis doux R, l'un à droite du lecteur dans le sens normal, l'au-
tre à gauche dans le sous rétrograde; enfin le O du milieu, ensem-
ble le nom germanique de :
MARRO
qui est celui d'au personnage mentionné dans une charte de 865 '.
On trouve aussi, dans une chronique du ixe siècle, le vocable ger-
manique Maro*, mais celui-ci ne remplit pas, comme Marro, la
condition essentielle d'utiliser les deux R de notre monogramme.
DIOCÈSE DE LA ON
CLXXXVI
anneau sigillaire de la reine lierteildis (628-638), trouvé a laon
(aisne)
L'anneau figuré à cette place, après avoir appartenu successi-
vement à M. J. Charvet et à M. le vicomte de Ponton d'Amécourt,
1. Dans Mabillon, Du re diplomatica, cité par Fôrstemann, Penonmnamcn
col. 908.
2. Hugon. Chrome, dans Pertz, Mnnum. Gcrman. histor., t. X, p. 319. Le ra-
dical mur est entré dans la composition d'un très grand nombre de noms pro-
pres masculins, tels que Ago-mar, Dallo-mar, Drut-mar, Sigo-mar, etc. Voir dans
Fôrstemann, op. cit., col. 907-908.
204
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
a passé dans la collection de feu le baron Pichon. Il est d'or pur,
et a 19 millimètres d'ouverture; son chaton, de forme ronde un
peu irrégulière et de 14 millimètres de diamètre, est appliqué sur
la tige, et, suivant une coutume très répandue à l'époque mérovin-
gienne, l'orfèvre avait soudé aux points de jonction, des globules
ou cabochons en or, dont un seul est resté en place.
Le chaton est orné d'un monogramme, autour duquel est ins-
crit, avec une croisette et en lettres rétrogrades :
+ BERTEILDI^ '•
Quant au monogramme, notre éminent et regretté confrère, A.
de Longpérier, en a donné l'explication suivante : « La légende
circulaire consistant en un nom propre, le monogramme, dit-il
dans une communication faite, en 1870, à l'Académie des inscrip-
tions2, doit représenter, non plus un nom, mais un titre, et l'on
doit d'autant mieux s'arrêter à cette idée, que l'on connaît diverses
monnaies sur lesquelles les titres REX, DVX, MARCHIO, COMES,
EPS (episcopus), en toutes lettres ou en monogrammes, occupent
la place centrale, et sont entourés par des caractères disposés en
cercle et formant, les noms des personnages qui portaient ces ti-
tres. » A. de Longpérier ayant lu, dans le monogramme de la ba-
gue dont il s'agit, le mot RETiNA, en conclut que c'était là un ca-
chet de Berlilde, l'une des femmes de Dagobcrt Ier (628-G38) 3.
On aurait donc pour l'ensemble des caractères inscrits sur notre
bague :
+ BERTEILDIS RESINA-
Cette interprétation et cette attribution nous paraissent d'autant
1. J'avais lu d'abord, comme A. de Longpérier, Bertildis (Rev. archéol.,
ann. 1886, t. II, p. 141); mais, à la suite d'une observation de mon savant con-
frère, E. Le Riant, j'ai reconnu que la leçon Berteildis était préférable (Ibid.,
ann. 1893, t. I, p. 269).
2. Comptes rendus de VAcad. des inscr. et belles-lett., nouvelle série, t. VI
(année 1870), p. 316-318; Œuvres complètes rf' Ad. de Longpérier, réunies et mises
en ordre par G. Schlumberger, t. VI, p. 45-48.
3. Elle est mentionnée dans la Chronique de Frédégaire, cap. lx : « Luxu-
piae supra modum deditus (Dagobertns) 1res babebat, ad instar Salomonis, re-
ginas, maxime et plurimas concubinas. Reginœ vero erant Nantechddis (var.
Nanthildis). Vulfegundis (var. Vulûgundis) et Berchildis (var. Berthildis. » lïou -
quel, Hislor. de France, t. II, p. 437.
DES PREMIERS SIÈCLES RU MOYEN AGE
205
mieux fondées que, avant de connaître le travail de Longpéricr et
la solution qu'il avait trouvée, nous étions nous-raème arrivé à un
résultat identique.
Au sujet de la forme du nom qui est ici privé du H à la suite du
T, Longpéricr fait les réflexions suivantes : « La bague, que son
style, que sa forme ne permettent pas de faire descendre au delà
du vnc siècle, prouve qu'au temps des mérovingiens, le caractère
H pouvait être omis. L'irrégularité orthographique était alors ex-
trême ; c'est ainsi, pour n'en citer qu'un exemple, que les monnaies
d'or de Clotairc II (584-628) portent tantôt CHLOTARIVS et tantôt
CLOTARIVS, et qu'un tiers de sou du même prince, frappé à Em-
brun, présente la légende CHLOTHACHARI VS RIXavee trois H '. »
CLXXXVI bis
BAGUE AVEC MONOGRAMME, THOUVÉE l'KÈS DE LA ON (aISNe)
Cette bague en bronze, inédile, qui provient des environs de la
ville de Laon, appartient à M. J. Pilloy, qui l'a acquise en 1895*.
Elle a 22 millimètres d'ouverture, mesurés entre le chaton et la
partie opposée, 20 seulement entre les deux côtés.
La tige, bombée à l'extérieur avec une arête aiguë, a 8 millimè-
tres 1/2 de grosseur près du chaton, et va en diminuant jusqu'à
n'avoir que 2 1/2 millimètres dans le sens opposé.
Le chaton, de forme ronde, mais coupée à droite et à gauche, a
15 millimètres de haut sur 14 de large; il est accosté des trois ca-
bochons si usités dans l'orfèvrerie mérovingienne, entaillés dans
le métal et groupés en feuille de trèfle.
Le chaton est décoré d'un monogramme, où l'on distingue aisé-
1. Ubi supra.
2. Lettre de M. Pilloy, du 13 janvier 1896.
206
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
ment un h dont les deux hastes sont reliées par un trait horizontal
plus marqué que les autres et qui montre bien sa destination; au
bas un Y très apparent, coupé par la barre horizontale inférieure
d'un L, et le N, ce qui donne, pour l'ensemble, HYLN et avec le re-
doublement du Y,
HYLYN-
On lit, dans Lacomblet, à l'année 1045, la mention d'un per-
sonnage nommé Hylin1.
M. Pilloy serait porté à croire que le petit monument qui nous
occupe est de l'époque carolingienne : il a vu dans les deux grou-
pes de cabochons notés plus haut, une transformation des trois ca-
bochons mérovingiens en tête d'animal ressemblant à celles qui
sont sculptées dans des églises des x° et xie siècles sur les corbeaux
pendants servant d'entablements; il a signalé en outre l'analogie
du monogramme avec ceux des diplômes carolingiens.
J'avais moi-même remarqué la forme et le mode de combinaison
des caractères du monogramme qui pouvaient être des raisons
de douter de l'origine mérovingienne de notre anneau. Mais je ne
partage pas l'opinion du savant archéologue de Saint-Quentin re-
lativement aux trois cabochons qui accostent le chaton. J'ai ren-
contré dans la longue série des anneaux incontestablement méro-
vingiens des vie et vne siècles, de si nombreux exemples d'entailles
absolument semblables à celles de notre bague, que je n'hésile pas
a assigner à celle ci la même dalc. et je ne doute pas que M. Pil-
loy, s'il avait connu ces exemples, partagerait mon sentiment à
cet égard. Il est d'ailleurs assez naturel de concilier ce jugement
avec ce qui est dit plus haut touchant la Corme du monogramme,
en admettant que le bijou en question a été confectionné au
vine siècle, aux derniers temps de la première dynastie, aux appro-
ches de l'avènement de Pépin de- Bref.
i. Niederrheinisdies urhunderbuch,n<> 180; cité par Fdrstemann, Pcrsonenna-
men, col. (583. Fôrslcmann rapporte, au même endroit, la mention d'un person-
nage appelé Rillin dans la chronique de Milan au ix° siècle (Perte. SS., t. VI,
p. 89, et Wigand, Tradition. Carbeiens., 306). Il y a. dans Pardessus, une charte
de l'an 704 écrite et souscrite par le prêtre Elduynus (Dipl. et ch., t. II, p. 266)
en sorte que nous avons ainsi des exemples de l'emploi du Y dans la première
et dans la dernière syllabe du mot.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
207
CLXXXVII
BAGUE DONT LE CHATON MOBILE EST UN SOU d'or, TROUVÉE DANS LE CANTON
DE NEUFCHATEL (AISNE) 1
La bague que je reproduis ici a été découverte, il y a trente-sept
ans. M. Pilloy ne sait ce qu'elle est devenue ; mais il avait conservé
et m'a remis un excellent moulage en plomb de Vaureus (sou d'or),
qui servait de chaton. Cet aureas était enchâssé entre les deux
branches de l'anneau, auxquelles il restait fixé par deux tenons ou
pivots, sur lesquels il tournait, formant ainsi un double chaton.
Cette médaille, entourée d'un cercle perlé, porte, au droit, l'ef-
figie et le nom de Lucius Vérus, qui fut associé à l'empire et fait
Auguste par Marc-Aurèle en l'an 161 2. Au revers, sont repré-
sentés les deux princes, debout , se donnant la main : et en légende
circulaire Concordia Augustorum.
Cette sorte de chaton tournant est accostée, sur ses deux faces,
aux deux points de soudure avec les tenons, de deux globules
ou cabochons de métal, de manière que, quel que fût le côté rendu
visible par le pivotement, elle se présentait avec les mêmes orne-
ments.
CLXXXVlil
BAGUE AVEC CROIX DE SAINT-ANDRÉ, PROVENANT d'aNGUILCOUKT-LE-SAUT
(aisne) 3
Cette bague, en potin, inédite, trouvée en 1896, dans une sépul-
1. Le canton de Neufchâtel dépend de l'arrondissement de Laon.
2„ L. Vérus mourut à la fin de 169.
3. Anguilcourt est une commune dépendante du canton de La Fère, arroud.
de Laon.
2U8
ÉTUDE SUK LES ANNEAUX
turc féminine du cimetière d'Anguilcourt-le-Sart, appartient à la
collection de M. Th. Eck '.
Elle a près de i8 millimètres d'ouverture : la largeur de la tige
est de 7 millimètres près du chaton, de 5 du côté opposé.
*£3Z
^-s^ _
Ce chaton, de 17 à 18 millimètres de long sur 7 à 8 de haut, offre
au centre une croix de Saint-André, en pointillé, cantonnée de traits
également en pointillé ; à droite et à gauche des demi-cercles op-
posés au sommet et formés de la même manière.
CLXXXIX
ANNEAU AVEC CROIX, PROVENANT d'aCHERY-MAYOT (aISNë) 5
Cet anneau en argent, inédit, a été trouvé, en 1896, dans une
tomhc de femme du cimetière mérovingien d'Achery-Mayot 3 ; il ap-
partient à M. C. Boulanger, ancien notaire à Péronne (Somme). 11
a 18 à 19 millimètres d'ouverture: la lige large de 3 millim. 1/2 est
un demi-jonc, aplati sur une longueur de 10 millimètres pour for-
mer chaton. Sur ce chaton une croix à larges bras, gravée en graffi I i .
1. M. Eck, d'après les dessins et les notes de qui nous reproduisons et décri-
vons ce bijou, nous fait connaître que la pluparl des sépultures féminines de
ce cimetière renfermaient un anneau simple ou une bague plus ou moins riclie.
2. Achery-Mayot est une commune dépendante du canton de La Fère, arrond.
de Laon.
3. La même tombe contenait : sur la poitrine de la défunte deux petites fibules
rondes en argent, ornées de verroteries rouges; au cou quelques perles de col-
lier; aux pieds une coupe de verre blanc.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
209
autre bague avec cabochon de vekke jaune, trouvée a aciiery'-m a yot
(aisne)
Voici une bague en argent, inédite, trouvée comme la précé-
dente, en 1896, dans une sépulture féminine d'Achery-Mayot : elle
appartient à la collection de M. Th. Eck
Elle a 20 millimètres d'ouverture. La tige a o millimètres près du
chaton, 4 du côté opposé. Le chaton est une petite cuvette ronde,
ménagée à même le métal dans laquelle est serti un morceau de
verre jaune taillé en cabochon \
GXCI
BAGUE PROVENANT DE LUCY-RIBEMONT (AISNE) 3
Cette bague en bronze, inédite, a été trouvée en 1888, à l'index
de la main gauche d'une femme, dans le cimetière franc de Lucy-
Ribemont *. Elle appartient au Musée de Saint-Quentin.
1. M. Eck, dans une note qu'il m'a adressée en même temps que le dessin du
bijou, dit que la majeure partie des tombes du cimetière d'Achery sont assuré-
ment du ve et du vie siècle.
2. M. Eck croit que ce cabochon, si usité au vne et au vmc siècle, indiquerait
que l'inhumation du sujet qui nous occupe serait postérieure à l'époque t'ranque
qui ne produisait, dit-il, que des pierres façonnées à plat ou en table.
3. Lucy est un hameau dépendant de la commune et du canton de Hibemont,
arrondissement de Saint-Quentin.
4. Le même doigt de la défunte portait un anneau demi-jonc en argent fin;
14
210
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Elle a 17 millimètres d'ouverture ; la tige large de 7 millimètres
près du chaton, n'a que 2 millimètres 1/2 du côté opposé-
Le chaton, pris dans la masse, est formé de deux degrés super-
posés (le degré supérieur en retrait), avec un relief de 4 millimètres
et, à sa surface, une verroterie blanche façonnée en table.
CXGII
BAGUE AVEC INSCRIPTION, PROVENANT DE BEAURA1N (AISNE)
. Cette bague a été trouvée, au cours de fouilles opérées durant
les mois de mars et d'avril 1892, dans le cimetière mérovingien de
Beaurain 1 et fait partie de la collection de M. Ernest de Chauvenet,
de Saint-Quentin 2.
Elle est en argent. Elle a 18 millimètres d'ouverture; la hau-
teur de la tige près du chaton est de 7 millimètres, de 5 du côté
opposé.
Ce chaton, ménagé à même le métal, et de forme irrégulière, a
6 1/2 millimètres de haut sur 12 1/2 de large. Il porte, gravées en
creux, les quatre lettres suivantes :
DERI
qui nous donnent le nom ou peut être une partie seulement du nom
de la personne propriétaire de l'anneau.
Nous ne connaissons pas d'exemple du vocable Denis ou Derius.
à côté de cette main il y avait un anneau en bronze d'assez grand diamètre, et
une perle d'ambre suspendue à un petit anneau de bronze, faisant office de
bélière. Aux pieds un vase noir et un silex roulé, parfaitement rond (Note de
M. Th. Eck).
1. Beaurain est un hameau dépendant de la commune de Flavigny-Ie-Grand,
canton de Guise, arrondissement de Vcrvins.
2. Nous la reproduisons, ainsi que les deux suivantes, d'après les dessins de
M. Th. Eck.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
211
D'un autre côté, le faible diamètre de la bague qui nous occupe
(18 millimètres) indique qu'elle était à l'usage d'une femme ou
d'une jeune fille, ce qui donnerait a penser que la légende ne re-
présente que les premières syllabes du nom.
Parmi les témoins d une charte, passée eu .">72, dans le dio-
cèse du Mans », nous voyons figurer un abbé appelé Derriceus,
mot composé sur un thème semblable à notre légende, et qui a pu
servir aussi à la formation d'un vocable féminin Derricea ou De-
ricea, ou tout autre analogue.
CXCI11
AUTRE BAGUE AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DE UEAUliAIN (aISNe)
Cette bague en argent, recueillie, comme la précé lente, dans
une des tombes féminines du cimetière mérovingien de Bcaurain,
appartient à M. E. de Chauvenet.
Elle a 20 millimètres d'ouverture : elle est formée d'une bande
de métal, haute de i l millimètres, près du chaton, et de 7 milli-
mètres du côté opposé, où les deux bouts de la lige ont été soudés
l'un sur l'autre.
A droite et à gauche du chaton, qui est pris dans la masse, sont
grossièrement gravés les traits de tètes barbares cl des croisettes
à brandies égales : il y a aussi une petite croix dans un cercle, au
point de soudure de la lige.
1 . C'est une charte par laquelle une religieuse, nommée Hellia, fait un par-
tage de biens situés dans le pagus Cenomannicus . Pardessus, Dipl. et ch., t. I,
p. 135-136.
212
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Sur le plat du chaton qui est un carré irrégulier, de H millimè-
tres 1/2 de haut sur 15 de large, ou voit un monogramme com-
posé d'un E, de deux L, dont l'un est renversé, et d'un | en travers
duquel est posé un S, ce qui nous donne le nom de ELLIS, qui fut
porté, au xuc siècle, par un archidiacre de la basilique de Saint-
Pierre '.
En outre, le S, par sa position sur le |, au centre, du mono-
gramme, représente, comme nous l'avons remarqué bien des fois,
les initiales de Signavi- Nous avons ainsi, pour l'ensemble de l'in-
scription :
ELLIS S\{gnavi).
CXCIV
AUTRE BAGUE PROVENANT DE REAURAIN (aISNe)
Ce bijou, trouvé, comme les deux précédents, dans une sépul-
ture féminine à Beaurain, fait partie de la collection de M. E. de
Ghauvenet.
Il a 18 millimètres d'ouverture; la tige à 2 millimètres 1/2 d'é-
paisseur.
Le chaton, soudé sur cette tige, et de forme ronde, à 18 milli-
mètres de diamètre. 11 porte, gravées en creux, des lignes bizarres
et des globules qui n'ont aucune signification et n'avaient appa-
remment d'autre but que de former le sigillum de la personne pro-
priétaire de l'anneau.
1. Voir dans Tanner, Biblioth. Brit.-Hib., p. 260. Il y a aussi une forme de
nom germanique Elli (Forstemann, Personennamen, col. 373).
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
PROVINCE VIENNOISE
DIOCÈSE DE GENÈVE
213
cxcv
ANNEAU AVEC LE S BARRÉ (?) ET t'iNITIALE E, TROUVÉ A GENÈVE
Voici une bague en étain, qui a été trouvée, en 1884, dans le lit
du Rhône, à Genève, au cours de travaux exécutés en vue d'utiliser
les eaux du fleuve comme force motrice. Elle appartient au Musée
archéologique de Genève' et a été publiée successivement par
M. J. Gosse en 1890', par moi-même en 1893", et en dernier lieu par
M. J. Mayor4.
La tige élant très déformée, l'ouverture de l'anneau ne peut être
mesurée exactement; elle a, entre le chaton et le côté opposé, 13 mil-
limètres seulement et 23 millimètres dans l'autre sens. Au point
où commence le chaton, qui est pris dans la masse, il y a, à droite
et à gauche, trois globules ou cabochons peu distincts et disposés
en feuille de trèfle.
Le chaton, creusé en forme de cuvette ronde, a 18 millimètres
de diamètre ; on y voit gravés au centre, deux traits posés en travers
l'un de l'autre et qu'il est difficile de définir5, mais que, si l'on tient
compte de la barbarie du travail et conséquemment de l'ignorance
de l'artisan, on doit, je crois, regarder comme une grossière imi-
1. Elle est cotée E, 276 sur le catalogue mss. de ce Musée.
2. Rapport sur divers objets trouvés dans le Ht du Rhône, in— fol. , p. 6, pl. III,
fig. 31.
3. Rev. archéol., année 1893, t. I, p. 271.
4. Rev. archéol,, année 1893, t. II, p. 102. Nous reproduisons ici les dessins
que M. Mayor en a donnés, de même que ceux des cinq anneaux suivants.
5. M. Mayor reste indécis entre la signification d'un C et d'un !, d'un X ou
deux C. Ubi supra.
214
ÉTUDE SUR DES ANNEAUX
tation du S barré. Aux quatre côtés il y à un E, dont les barres ho-
rizontales son! tournées vers le centre1. Le toul est encadré dans
un filet, doublé d'un cordon de grènetis. La lettre E, tracée quatre
lois, esl sans aucun doute à mes yeux (et quel que soit le sens des
caractères du centre) l'initiale de la personne propriétaire de ce
bijou, lequel servait a sceller sa correspondance ou les actes dans
lesquels elle figurait.
C'est un exemple à ajouter à ceux que nous avons signalés, de
l'emploi de l'initiale redoublée sur le chaton des anneaux sigillaires".
CXCVI
BAGUE AVEC MONOGRAMME, TROUVÉE PRÈS DE GENÈVE
Voici une bague en bronze, trouvée près de Genève et apparte-
nant au Musée archéologique de cette ville1.
La tige étant déformée il est difficile d'en mesurer exactement
l'ouverture, qui est de 19 à 20 millimètres'; elle fait une légère
saillie sur le chaton.
Le chaton, ménagé dans le métal, a 19 millimètres de large sur
7 dans sa plus grande hauteur. Il présente un monogramme où
l'on voit, au centre un S posé en travers de la barre intérieure d'un
N ; un A non barré formé par l'angle inférieur du N ; un V formé
par l'angle supérieur; enfin un E; ce qui nous donne SAVINE3, gé-
1. M. Mayor a vu là quatre M ou deux M et deux T. Mais il ne me paraît pas
douteux que les quatre caractères sont la même lettre quatre fois répétée, et
que cette lettre est un E.
2. Voir ci-dessus les nos XCVH, GXXI, CXXXV.
3. Cotée E, 332 sur le catalogue ms. de ce Musée.
4. D'après M. J. Mayor (Rev. archéol., ann. 1893, t. II, p. 99), dont nous re-
produisons les dessins, préférables à ceux que nous avons donnés (Rev. arch.,
ann. 1893, t. I, p. 272.
5. Il est mentionné dans le testament de saint Yrieix, de 572 (Pardessus,
Bipl. et ch., t, I, p. 139).
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
215
ni! if d'un nom usité durant le haut moyen Age, et qui fut porto,
dans la deuxième moitié du rnp siècle, par une vierge de Troyes que
l'Église honore'.
Comme sur d'autres anneaux, le S du centre a la valeur du S
barré, abréviation de Signum. Il faut donc lire :
Voici une bague en argent publiée par M. R. Forrer dans une
brochure où il a été décrit divers objets recueillis au cours de fouil-
les pratiquées dans l'ancienne Panopolis3.
1. Voir Surius, Vitac Sanctorum, t. VIII, p. 327.
2. M. J. Mayor (loc. cit.) considère cette leçon comme peu vraisemblable,
parce que « SAVlNE exige la présence d'un A, qui est, dit-il, au moins pro-
blématique. » Mais cette présence n'a rien de problématique, car le A non barré,
qui est d'un emploi usuel, est horizontalement formé par l'angle inférieur de N ;
en tout cas, elle n'est pas plus problématique que le V que le savant archéo-
logue lit dans dans l'angle supérieur de la même lettre pour faire le nom de
VNE, qui parait avoir sa préférence. J'ai cru devoir écarter cette dernière in-
terprétation à cause de la place du I, qui didère ici de celle qu'il accepte sur
les deux anneaux où j'ai lu VNE (nos LX.XXVIII et CLXIV) et qui implique, à
mon sens, un emploi autre que celui de la première voyelle de signum. Quant
aux leçons S\(gnum) SENNll ou SENNIVS. que M. Mayor indique subsi-
diairement, je me bornerai à faire remarquer qu'elles exigeraient, la première
le redoublement du S, celui de N et le triple emploi de I ; la seconde le redou-
blement de S et de N, sans parler du V, qui, dans la pensée de M. Mayor, doit
être problématique. Cette multiplicité extraordinaire d'emploi de plusieurs let-
tres n'est guère admissible qu'en cas de nécessité absolue et à défaut d'expli-
cation plus simple, ce qui n'est pas le cas présent ; il convient donc de s'en tenir
à notre leçon, qui laisse à chaque caractère sa valeur.
3. Die frùkchristichen Alterthùmer nus dem Grdbenf'eld von Achmin Panopolis,
in-8°, Strasburg, pl. 13, fig. 7. Cette publication m'a été obligeamment signalée
par M. J. Gosse.
Signum) SAVlNE8.
CXGVI bis
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVE A MILAN (ITALIE).
216
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Elle est munie d'un chaton de forme ronde, qui a 13 millimè-
tres de diamètre et qui est soudé sur une tige large de 3 millimè-
tres près du chalon.
Dans le monogramme, très bien forme, qui est gravé sur la sur-
face, M.Forrer a lu IRENE, le nom féminin au génitif, qui fut porté
par tant de célèbres personnages de l'antiquité et du moyen âge.
Cette interprétation ne me paraît pas exacte. Bien qu'à la rigueur,
on puisse attribuer, à la haste du R initial, comme l'a fait le savant
allemand, la valeur d'uni, il ne convient de le faire qu'à défaut
d'une explication plus simple et qui n'exige point l'emploi de ce
procédé.
Or, cette explication plus simple est facile à fournir. En laissant
au R initial la valeur que l'artiste paraît avoir voulu lui donner,
on voit, au-dessous de la boucle, un A non barré, et puis les deux
lettre |sj E pour lesquelles je suis d'accord avec M. Forrcr et qui ne
sont d'ailleurs pas douteuses; et l'on a, pour l'ensemble, le mot
RANE,
génitif de Rana, qui fut notamment le surnom d'une matrone ro-
maine, Callonia Rana', ou bien peut-être un vocable germanique,
formé, sur le radical Ran2, par addition de la première déclinaison
latine3 .
GXGVII
ANNEAU AVKC INSCRIPTION (T ICI A?), TROUVÉ A LA RALME (nAIITE-SA VOIE) 4
Cet anneau de bronze et les quatre suivants, provenant du cime-
1. Corpus Inscriptionum lut inarum, t. VIII, n<> 5742.
2. Fôrstemann, Personrnnamun, col. 1031.
3. Un capitulaire de Charlemagne du mois de février 802, contient la mention
d'un personnage appelé Rano. Pertz, Monutn. German. histor., Leges, t. III,
p. 90.
4. La Balme est située près de la La Hoche en Faucigny, dépendant de l'ar-
rondissement de Ronneville.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
217
tière de La Balme, appartiennent au Musée archéologique de Ge-
nève Ils ont été décrits en 1859 par feu H. J. Gosse 2 ; par moi-
même en 1892 5 et par M- J. Mayor en 1893 \
Celui qui figure en tète de la présente notice a 19 millimètres
d'ouverture entre le chaton et le côté opposé, 18 seulement dans
l'autre sens.
Le chaton, pris dans la masse, est un carré long de 12 millimètres
sur 7 de haut. La tige, qui a 7 millimètres près du chaton, va en di-
minuant à mesure qu'elle s'en éloigne ; elle est ornée d'intaillcs
assez grossièrement exécutées.
Sur le chaton, on voit, précédés d'une croisette, un C, un grand
I posé obliquement, puis un A, à l'intérieur duquel il y a peut-être
un V; au-dessus de ces caractères, un trait; au-dessous une hase
munie de quatre supports.
Quand j'ai publié, pour la première fois ce bijou3, j'ai déclaré
n'avoir aucune explication à proposer pour cette inscription, « dont
plusieurs lettres, ajoutais-je, sont douteuses ».
M. J. Major, le savant conservateur du Musée Fol à Genève, après
avoir mentionné les trois ou quatre lettres que j'avais relevées sur
le chaton, a cru y trouver le nom de TICIA ou de TISIA.
« La syllabe Tl est, dit-il", formée par le sigle très usité +, qui
remplit en même temps le rôle de croisette initiale ; viennent en-
suite les lettres CIA. On peut lire aussi TISIA, le deuxième carac-
tère se rapprochant aussi bien d'un S cursif que d'un C- Le fameux
autel de Minerve (Hérault) dédié par saint Rustique en 4o6, porte
parmi la multitude fie noms qu'y ont gravés les pèlerins, celui
de Tisia 7. »
Bien que l'emploi de la croisette avec la valeur de Tl ne soit pas
très fréquent, comme le dit M. Mayor, je ne me refuserai pas à l'ad-
mettre ici, au moins conjecturalement, pour la formation de la
première syllabe de TICIA.
1. L'anneau décrit ici est coté E, 433 sur le catalogue ms. du Musée.
2. Mém. de la Soc. d'histoire et d'archéologie de Genève, t. XI, p. 89.
3. Rev. arch., ann. 1892, t. I, p. 182.
4. Ibid., ann. 1893, t. II, p. 90.
5. Eev. arch., loc. cit.
6. Rev. arch., année 1893, t. II, p. 9t.
7. Le Blant, Inscript, chrét. de la Gaule, t. II, n° 609, pl. LXXXIII, fi» 85.
218 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Mais, quant à la leçon TISIA, elle me semble d'autant moins ac-
ceptable que le caractère qui suit la croisette (= Tl) no peut guère
être qu'un C et non un S.
GXGVIII
autre baoue avec verroterie au chaton, provenant de la balme
(haute-Savoie)'
Cette bague en bronze, recueillie dans la sépulture d'un enfant,
a 18 millimètres d'ouverture.
Le chaton, soude sur la tige, est une plaque ronde avec bordure
de cabochons taillés dans le métal, où l'on a serti un morceau de
verroterie bleue. M. Gosse a signalé une particularité qui ne paraît
pas, dit-il, avoir été encore notée. « La plaque en bronze du eba-
ton, au lieu d'être simplement polie, était argentée et jouait le rôle
du paillon que l'on met, de nos jours, sous les imitations de pierres
précieuses, afin de leur donner plus d'éclat ?. »
CXC1X
AUTRE BAflUE AVEC VERROTERIE, PROVENANT DE LA BALME (iIAUTE-SAVOÎE 3)
Cette bague a été recueillie, avec la précédente, dans la tombe
d'un enfant. Elle a également 18 millimètres d'ouverture. Le cha-
ton, soudé sur la tige, est composé d'une plaque de bronze striée
1. Cet anneau est coté E, 431 sur le catalogue ms. du Musée de Genève.
2. Ubi supra, p 91. — Nous avons noté plus haut(n° CXI), à propos d'un an-
neau provenant des environs de Namur, l'emploi d'un paillon de mêlai doré et
quadrillé sous une verroterie imitant une pierre précieuse. Ce procédé était donc
assez usité à l'époque gallo-l'ranque.
3. Ce bijou est coté E, 432 sur le catalogue précité.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 219
de façon à imiter un cordon de cabochons, et au-dessus de laquelle
est fixé un cercle du même métal, où l'on a serti un morceau de •
verroterie verte.
Le chaton, de forme irrégulière, presque rond, a 19 millimètres
de large sur 12 de hauteur ; son relief total au-dessus de la baguette
est de 7 millimètres.
GG
AUTRE ANNEAU PROVENANT DE LA BALME (nAUTE-SA VOIE) 1
Voici un anneau en bronze, de petite dimension (16 à 17 milli-
mètres seulement d'ouverture).
La tige est plate, et le chaton, ménagé à môme le mêlai, qui a
été simplement élargi et légèrement renflé à cet endroit, est un
ovale irrégulier de S à 6 millimètres dans sa plus grande hauteur.
Dans un cadre, qui a la forme d'un D dont la panse serait très
allongée, on voit un trait courbe assez fortement buriné, mais qui
ne parait pus avoir la valeur d'un caractère alphabétique, et auquel
nous ne pouvons, dans tous les cas, attacher aucune signification.
GGI
anneau décoré de cercles concentriques, provenant de la balme
(haute-savoie)*
C'est un simple cercle de bronze, formé d'une tige ronde, et qui
1. Cet anneau est coté E, 426 sur le susdit catalogue.
2. Cet anneau est coté E, 430 sur le susdit catalogue.
220 ÉTUDE SUR DES ANNEAUX
n'a. comme les bagues ci-dessus décrites, qu'une très faible ouver-
ture (16 1/2 millimètres;, ce qui indique qu'il était fait pour une
jeune fille ou un enfant.
CCII
anneau avec monogramme, trouvé près de pérh'.mkrou de bons
(haute-Savoie)1
Voici un anneau d'or, qui appartient, comme le précédent, au
Musée archéologique de Genève2. 11 a 20 millimètres d'ouverture
mesurés entre le chaton et la partie opposée, 19 millimètres dans
l'autre sens. La lige est un simple fil d'or rond, qui s'aplatit pour
se prolonger sous le chaton en deux pattes à deux volutes sur
lesquelles le chaton est soudé.
Il y avait primitivement à droite el à gauche du chaton, deux
cabochons également soudés sur la tige et dont un a disparu de
chaque côté.
Le chaton esl une plaque de métal de forme assez irrégulière,
mais à peu près ronde, dont le diamètre est de 13 millimètresentre
ses côtés, de 15 dans sa plus grande bailleur; il est décoré d'un mo-
1. D'après M. Mayor, on ignore quel est celui de ces deux villages où le bijou
a été trouvé (Rev. urchcol., ann. 1893, t. II, p. 101). L'un et l'autre dépendent
de l'arrondissement de Tlionon.
2. Il est coté E, 316 sur le catalogue ms. de ce Musée.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
221
nogramme dans lequel j'ai distingué, à droite (du lecteur), quand
je l'ai publié pour la première fois', un F mérovingien (h), au
sommet, un A avec un V à l'intérieur, un S, un T surmontant
le A, un | et un N au centre, et enfin le E terminal de gauche.
Ces lettres forment le génitif du nom de FAVSTINA, qui fut
usité dans le haut moyen âge, de même que dans l'antiquité, et
porté par plusieurs saintes femmes que l'Église honore2, notam-
ment par sainte Faustine, vierge, morte vers 580 \ J'ajoute que
le S barré du centre du monogramme a ici, comme dans beaucoup
d'autres anneaux, la valeur de l'abréviation de Signum; c'est
pourquoi nous lisons :
S\{gnum) FAVSTINE4.
cein
BAGUE DE VANDEREMARVS, TROUVÉE A ALBENS, DÉPARTEMENT DE LA SAVOIE
Cette intéressante bague, qui appartient au Musée de Chambéry,
est ici reproduite d'après les dessins que nous a très obligeamment
adressés M. J. Daisoy, conservateur-adjoint du dit Musée.
1. Rev. archol., année 1893, t. I, p. 273.
2. Bolland. Acta SS., mens, febr., t. II, p. 824 et mens, jul., t. II, p. 680.
3. Ibid., mens, jan, t. II, p. 196. Le testament de saint Yrieix de 572 contient
le nom d'un affranchi du saint abbé appelé Faustinus (Pardessus, Dipl. et ch.,
t. I, p. 138).
4. M. J. Mayor (Rev. archeul., loc. cit., p. 100) a contesté l'exactitude de cette
interprétation : « 11 n'y a pas de F, dit-il, ce qu'on a pris pour un F paraît être
un L et un I réunis; il n'y a pas de T au-dessus du A. » Tout d'abord je ferai
remarquer que les observations du savant antiquaire semblent avoir en vue les
dessins dont j'ai fait précéder la description de notre bague dans la Revue
archéologique (ann. 18'J3, t. I, p. 273), dessins que j'ai remplacés ici par ceux
que M. Mayor a donnés (ubi supra). Or, il suffit de jeter les yeux sur ces der-
niers pour constater, à la droite du monogramme (pour le lecteur) : 1° la pré-
sence d'un F mérovingien, dont le membre transversal supérieur est tombé (h)
(voir M. Prou, Catalog. des monn. méroving . de la Biblioth. nat., introd.,
p. cxvn; Engel et Serrure, Traité de numism. du moy. âge, t. I, p. 100);
2° l'absence du membre inférieur du L, à défaut duquel cette lettre n'existe pas;
conséquemment l'inadmissibilité absolue de la leçon IVLIANE, proposée par
M. Mayor. Quant au T qui surmonte le A, je m'explique d'autant moins l'ob-
servation de M. Mayor qu'il est aussi d'un usage fréquent sur les monnaies mé-
rovingiennes (voir Prou, loc. cit., et Engel et Serrure, ubi supra, p. 99), et que
le savant archéologue lui-même a donné à la croiselte du monogramme du
n° CLXXIV ci-dessus la valeur de Tl pour former le nom de TICIA.
222 ÉTUDE SL'U Ll£S ANNEAUX
Elle est en or massif pesant 12 grammes. Elle a une très faible
ouverture, 16 millimètres 1/2 dans son plus grand diamètre, mesu-
rés entre le chaton et la partie opposée de la tige, ce qui indique
que le bijou était fait pour une main de femme ou d'enfant. La tige,
qui va s'amincissant à mesure qu'elle est distante du chaton, a,
près de celui-ci, 9 millimètres de hauteur.
Le chaton, ménage à même le métal, est divisé en deux com-
partiments de forme ovale, ayant chacun 12 millimètres de large
sur 6 de haut, mesurés dans la plus grande hauteur; ces compar-
timents sont séparés l'un de l'autre par un large trait, qui relie
deux groupes de six globules ou cabochons disposés 3,2 et 1,
et bordés l'un et l'autre par une double rangée de plus petits glo-
bules.
La largeur totale du chaton, y compris les bordures, est de
17 millimètres sur 14 de hauteur. On y lit une inscription, en
deux parties, contenue dans les deux compartiments; la première
se compose des lettres suivantes : V, A surmonté d'un trait hori-
zontal, signe abréviatif de N ; puis D, E et R liés. Dans la deuxième
ligne il y a E, M, A et R liés, V également lié à R, et eufin un S.
Nous avons ainsi pour l'ensemble,
VANDEREM AftVS
Ce vocable a été d'un usage assez fréquent dans le haut moyen
âge, car on le trouve dans un diplôme de 089 s. La mention d'un
1. Quand je publiai pour ta première fois cet anneau [Rev. archcol.,a.nn. 1892,
t. Ier, p. 169), je proposai de lire VAIDEREM ARIS en attribuant la valeur d'un
I au trait horizontal qui surmonte la lettre A, et au caractère qui suit le R. Mon
savant confrvre et ami M. d'Arbois de Jubainville m'a suggéré la leçon VAN-
DREMARVS, que j'ai acceptée, mais en y ajoutant entre D et R,un E, qui est
incontestablement lié à la haste du R.
2. Tardif, Monum. hisloriq., addit., p. 637, col. 1. Pardessus, Dipl. et ch.,
t. II, p. 209, où ce diplôme est fautivement daté de l'an xvu du règne de
Thierry III (an 690).
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
223
abbé, dont le nom de Vandremarus, n'offrant qu'une légère con-
traction de Vanderemarus, est le même mot, ainsi que son simi-
laire Wandremarus du Polyptyque de Saint- G érmain-des- Prés
DIOCÈSE DE GENÈVE, OU DIOCÈSE DE MA U RIEN NE
OU DIOCÈSE DE TARENT AISE
CCIV
ANNEAU AVEC LE S RARRÉ, TROUVÉ DANS l'aNCIENNE PROVINCE DE SAVOIE 1
L'anneau de bronze que nous reproduisons à cette place d'après
des dessins de M. Mayor*,a été trouvé par M. Blavignac, architecte
et antiquaire distingué du canton de Genève qui l'a cédé, en 1876,
au Musée archéologique de cetle ville \
Il a une ouverture moyenne de 16 à 18 millimètres, ce qui
dénote a prioriun bijou à l'usage d'une femme; il se compose d'une
bande de métal, qui a, près du chaton, une bailleur de 10 milli-
mètres et va en diminuant de façon à n'avoir plus, du côté opposé,
que 5 millimètres.
Le chaton, ménagé dans la masse, est un carré long de 14 mil-
limètres sur 11 à 12 ; il porte, gravé grossièrement dans un cadre
1. XX, 42; III, 6; IX, 17, 194, 300; XV, 13, ûdit de Guérard, p. 212, 25, 79,
103, 115, 166; édit. d'Aug. Longnon, p. 277, 30, 103, 135, 151, 220. Cette or-
thographe semblerait autoriser la leçon proposée par M. d'Arbois de Jubain-
\ille; mais il n'est pas possible denier l 'existence, dans notre inscription, d'un
E, entre D et R.
2. On ignore dans quelle partie de l'ancienne province de Savoie.
3. Rev. archëol., ann. 1893, t. II, p. 95.
4. Il est coté E, 43 sur le catalogue ms. du Musée.
224
ÉTUDE SUR LES AXNEAUX
tracé au burin, la lettre S posée sur une longue barre oblique, et
des traits indistincts, au-dessus et au-dessous.
Lorsque j'ai publié ce bijou pour la première fois1, je l'ai décrit et
t'ait figurer d'après des dissins dans lesquels j'ai cru qu'il fallait
distinguer les éléments du mot SAVINI, génitif d'un nom usité
dans le haut moyen âge.
J'ai reconnu, depuis, àla vue des dessins plus exacts que M. Mayor
en a donnés et qui sont reproduits en tête de la présente notice,
qu'on ne peut lire d'une manière certaine sur noire anneau, que
le S barré, et peut-être un N, qui, dans ce cas, serait l'initiale du
nom de la femme propriétaire de ce bijou.
DIOCÈSE DE MAUMENNE
CCV, CC\I et CGVII
TKOIS BAGUES TROUVÉES AU COL DE LA MAGDELA1NE, EN MAUR1ENNE (SAVOIE)
Ces bagues ont été recueillies dans les tombes barbares du col
delà Magdelaine, près de Lans-le-Villars, en Maurienne, départe-
ment de la Savoie. Elles ont été reproduites par feu H.-J. Gosse, à
la suile d'une intéressante notice publiée en 1853 a.
D'après les indications contenues dans cette notice de l'archéo-
logue genevois5, nous avons d'abord supposé que ces petits monu-
ments étaient conservés dans le Musée de Ghambéry, et, pour en
obtenir des empreintes nous nous sommes adressé à M. Daisoy,
conservateur dudit Musée. Celui-ci ayant fait connaître4 que les
anneaux en question n'y existaient point, nous avons dû nous
borner à les reproduire ici tels qu'ils ont été représentés dans les
Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève.
1. Rev. archèol., année 1893, t. I, p. 274.
2. Notice sur d'anciens cimetières trouvés soit en Savoie, soit dans le canton de
Genève et principalement sur celui de La Balme, prés La Roche en Faucigny (ex-
trait du t. IX des Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève),
in-8°, Genève, 1853; planche VI.
3. Ibid., pages 12 et 13, notes 1, 2 et 7.
4. Lettre du 10 novembre 1891.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
225
1° CCV. BAGUE DE DISA 1
Cette bague, qui est en bronze, n'a qu'une faible ouverture, et
était assurément faite pour une main de femme. Elle est formée
d'une tige ronde, ayant la même grosseur dans tout son pourtour,
et d'un chaton ovale, pris dans la masse, et ayant 14 millimètres de
large sur 8 de hauteur mesurés au centre.
Il porte une inscription composée des quatre lettres D. h S. E,
génitif du nom féminin Disa, mentionné, au vin* siècle, dans le Car-
tulaire de la célèbre abbaye de Lorsch (principauté de tlesse-Darms-
tadt)2. Le S, traversé obliquement par le I, a, en outre, ici la va-
leur du S barré, abréviation bien connue de Signum, qui a déter-
miné la déclinaison au génitif du vocable de la personne ii
laquelle appartenait notre anneau sigillaire. Nous avons ainsi la
leçon :
SK.9»m»')DISE.
2° CCVI. — BAGUE A FERMOIR 3
Voici un bijou en bronze très curieux et important au point de
vue de l'histoire de la technique chez les barbares et spécialement
chez les Rurgundions, dont les sépultures du col de la Magdelainc
contenaient les restes. C'est un spécimen, que je crois unique,
1. Notice précitée de M. Gosse, planche VI, fig. 14.
2. Codex Laureshamensis diplomaticus , n0s 1526 et 2758, cités par Forstemann
(Personennamcn, col. 337), qui cite en même temps les noms de Disia, Tisa et
Disa, mentionnés dans le Cartulaire de Saint-Pierre de Salzbourg.
3. Notice précitée, planche VI, fig. 9 et 9 bis. •
15
226
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
de bague avec un fermoir de cette sorte. La tige, qui est ouverte,
est munie, à l'extrémité d'une de ses branches, d'une forte aiguille
dirigée vers l'autre branche, dans laquelle elle pénètre et s'ajuste
de manière à fermer l'anneau.
Le diamètre intérieur du bijou est de 18 millimètres : la branche
qui reçoit l'aiguille ou fermoir, a, à l'endroit où celle-ci la pénètre,
9 millimètres de largeur : du côté opposé, la tige n'a que 5 milli-
mètres : la longueur de l'aiguille est de 12 millimètres.
3° CGVII. — ANNEAU LIE BRONZE AVEC POINTE SAILLANTE '
Cette particularité d'une pointe saillante est, comme le fermoir
de la bague ci-dessus décrite, un fait unique, du moins à ma con-
naissance, et intéressant à constater. Je ne puis en proposer au-
cune explication.
Une autre particularité à signaler, c'est celle de la décoration
rudimen taire que l'artisan a faite, en gravant, de distance en dis-
tance, deux petits cercles concentriques, qui se remarquent dans
la fabrique burgunde. Nous les retrouvons, en effet, non seule-
ment sur les autres objets provenant des tombeaux du col de la
Magdeleine s, mais sur ceux qui ont été recueillis dans le cime-
tière de La Balme, près La Roche, en Faucigny 3 et dans les nom-
breuses sépultures de Burgundions, explorées et décrites par Bau-
dot*.
1. Notice précitée, planche VI, fig. 10 et 10 bis.
2. Notice précitée, planche VI, fig'. 5 et 6.
3. Ibid., pl. I, fig. 4, 9 et 14; pl. II, fig. 1 et 3. — Voir aussi Suite à la Notice
précitée, dans les Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève,
t. XI, année 1889, pl. III, lig. 4 et 5.
4. Sépultures des Barbares de l'époque mèrovingkane, découvertes en Bourgogne,
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
227
Notre bague a, de même que les deux précédentes, une faible
ouverture (18 millimètres), et sa tige, qui est ronde, a 4 millimè-
tres d'épaisseur.
PROVINCE D'ARLES
DIOCÈSE D'ARLES
CCVIII
ANNEAU AVEC CROIX, TROUVÉ A ARLES (bOUCUES-DU-RHÔNe)
Cet anneau de bronze, trouvé à Arles dans un tombeau de la
colline de Saint-Pierre-de-Moleyrès, a été donné en 1882, au Mu-
sée archéologique de Genève, par le conservateur, M. H.-J. Gosse;
il a été publié pour la première fois en 1 803, par M. J. May or ', et
c'est d'après les dessins que le savant archéologue en a donnés que
nous le reproduisons ici.
II a 18 millimètres d'ouverture, ce qui dénote un bijou féminin.
Sur la mince tige de bronze, taillée en biseaux à l'extérieur, on
a soudé un chaton découpé en forme de croix égale et pattée.
CCIX
ANNEAU DE 31 A H I A G E DETÉCLA, TROUVÉ SUR LE TERRITOIRE d'ARLI.S (?)
Cet anneau, qui est perdu et dont on ne possède malheureuse-
sement ni empreinte, ni dessin, a appartenu à Fabri de Peiresc,
et a été décrit par le célèbre magistrat érudit de Provence, dans
pl. VIII. fig. 5; IX, 6; X, 1, 13, 18, XII entière; XIII, 3, 5, 11, 12, 13; XIV, 7,
8. 13 ; XXXII, 3, 9.
1. Rev. archévl., année 1893, t. II, p. 103-104.
228
ÉTDDE SUR LES ANNEAUX
deux lettres adressées d'Aix, le 6 août 1619, l'une à J. Spou, l'au-
tre à Holstenius, bibliothécaire du Vatican. Nous allons analyser
et reproduire en partie la première de ces lettres, d'après le texte
que Spon en a donné dans ses Recherches curieuses d'antiquité1 :
« Monsieur,
« En revenant de la Cour d'Aix et passant par Arles, j'achetai
une grosse bague d'or antique, nouvellement déterrée, sur laquelle
est représenté un visage d'une manière assez grossière, avec cette
inscription tout autour : + TECLA SEGELLA; le tout dans une
plaque d'or, environnée de quelques enrichissimens de feuillages
et godrons dans le vide desquels est écrit : + TECLA • VIVAT DEO
CVM MARITO SEO; et à l'opposite du cercle de cette bague, on y
voit un petit ovale avec ces lettres dedans : RATE dont je serois
bien aise d'avoir vôtre avis.
« Il me semble que celte grosse bague d'or, qui pèse environ une
once, estoit un anneau marital qu'ils appeloient annulus pronubus
ou annulus genialis : les lettres faisant connoîtreque c'est un vœu,
TECLA VIVAT, etc., etc. ; Que Técla vive en Dieu avec son mary, où
vous remarquerez le mot de SEO pour SVO : dépravation assez or-
dinaire d'orthographe dans les ivc et v'' siècles. »
Ici Peiresc cite d'autres anneaux portant vivas ou vivat in Deo,
et il ajoute celte observation, que nous avons faite nous-mème au
cours des présentes Etudes, à savoir que ces acclamations « se rap-
portent plutost à la vie présente qu'à la future, puisque ce sont des
bagues d'épousailles, qui dévoient estre des gages de la vie et so-
ciété conjugale, pour lier ensemble le mary et la femme... »
S'occupant ensuite de la troisième inscription gravée sur le
deuxième chaton, Peiresc, qui avait vu dans le troisième caractère
une lettre grecque, un gamma ([") surmonté d'un signe abréviatif,
propose, timidement d'ailleurs, de l'interpréter par arra genialis,
anneau ou gage de mariage. Nous verrons plus bas comment il es-
saye de justifier sa conjecture.
La deuxième lettre, adressée à Holstenius et qui est conservée
dans la Bibliothèque Barbérine, à Rome, est apparemment conçue
1. In-i°, Lyon, 1863, p. 170-174.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
220
dans les mêmes termes que la précédente, si l'on en juge par le
fragment que notre regretté confrère, E. Le Blant, a inséré dans
son Nouveau recueil d'inscriptions chrétiennes de la Gaule \
Il est à croire que la question soumise à la fois à Holstenius et à
J. Spon resta sans réponse, car, dix ans après, le 28 juillet 162!),
Peiresc la posait encore à un autre érudit de Paris, ainsi que l'at-
teste une lettre adressée, ce jour môme, à l'un des frères Dupuy :
« Je lui escripls (à M. Rigaud)', y est-il dit, concernant l'inscrip-
tion d'une bague antique trouvée en Arles depuis peu, laquelle j'y
acheptai en revenant de la Cour, et laquelle inscription semble as-
sez curieuse, eslant conçeue en cez termes : + TECLA VIVAT DEO
CVM MARITO SEO, et peut avoir esté autres foys Yannulus pronu-
bus, et avoir passé pour orra genialis. Il ne faut pas que vous le
laissiez en repos qu'il ne m'ait faicl responce et dict son avis sur ce
sujet. Je seray bien aise que vous preniez la patience de voir ce
que je lui en escripts, encores qu'il y ait bien des extravagances
et possible des l esveries 3. »
Nous ignorons l'opinion que Rigaud et Dupuy ont pu exprimer,
s'ils en ont exprimé une*.
De son côté, E. Le Blant, qui avait fait un examen attentif de
l'inscription du deuxième chaton de noire anneau, déclarait qu'il
ne pouvait en proposer aucune explication satisfaisante3.
Avant de l'étudier à notre tour, nous jugeons utile de revenir sur
la forme de ce curieux bijou, dont les termes de la correspondance
du savant provençal ne sauraient donner une idée suffisante.
En les combinant avec les monuments analogues, figurés dans
1. Page 10 i, n» 187.
2 Un érudit de ce temps avec lequel Peiresc était en rapport.
3. Phil. Tamisey de Laroque, Lettresde Peiresc aux frères Dupuy, in-4°, 18G0,
t. Il, p. 139. L'éditeur a mis en note, au bas de celte lettre, que Gassendi semble
avoir eu sous les yeux le récit de Peiresc, tant son récit ressemble à celui de
son héros, et il cite le passage de la Vie de ce personnage, écrite en latin par
Gassendi, p. 335.
4. Au siècle suivant, l'auteur d'une Vie de Peiresc raconte à son tour l'acqui-
sition, par le savant magistrat, de la bague qui nous occupe; il reproduit, en
l'altérant singulièrement, une des trois inscriptions qu'elle porte : TECLA
HT AT DEO CVM MARITO SEO; ce qu'il traduit ainsi : « Téclat fait, avec
son mari, un sacrifice agréable à Dieu » (Requier, Vie de Nicolas-Cluude Peiresc,
in-12, Paris, 1770, p. 241).
5. Ubi supra.
230
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
nos précédentes notices, il nous semble possible de préciser davan-
tage la desci'iption de la bague arlésienne.
Klle avait deux chatons de dimensions inégales : le principal, qui
était de forme ronde et en saillie sur le jonc, présentait, à sa super-
ficie, une figure grossièrement gravée (sans doute celle de Técla,
propriétaire de l'anneau) avec la légende circulaire TECLA SEGELLA ;
au pourtour de la saillie du môme chaton, deux rangées ou cordons
parallèles d'ornements, entre lesquels cette autre légende : TECLA
VIVAT DEO CVM MARITO SEO. Le deuxième chaton, beaucoup
plus petit que le premier et de forme ovale, était ménagé à même
le métal dans la partie de la tige opposée au chaton principal, et
c'est là que se trouvaient les caractères ainsi décrits par Peiresc :
ratT
Occupons-nous d'abord de la deuxième inscription du premier
chaton, qui ne présente aucune difficulté, mais où l'on remarque
cette particularité intéressante et dont on ne connaît pas d'autre
exemple, de E substitué a V dans le pronom possessif SVO, et qui
correspond à une. des formes de la langue vulgaire en Provence1.
Passons à la légende gravée à la surface du premier chaton :
TECLA SEGELLA. Peiresc et E. Le Blant y ont vu un double
vocable du même personnage*. Mais cette manière de voir ne nous
paraît pas exacte.
Segella n'est point, suivant nous, un deuxième nom de Tecla.
D'une part, nous n'avons pas d'exemple, sur nos anneaux, d'un
double vocable; d'autre part, le nom de Tecla figure seul dans l'ins-
cription du pourtour du chaton. Il y a donc tout lieu de croire que
segella représente simplement les trois premières syllabes de sigil-
1. Peiresc, dans sa lettre à J. Spon, dont extrait est ci-dessus, a fait, à ce
sujet, la remarque suivante : « Nous disons encore, en vieux roman provençal,
sieve pour sienne ou sua, duquel mot nous avons retenu l'intervention del'E ».
F. Mistral, dans son Dictionnaire 'provençal (t. II, p. 893), a signalé des formes
provençales, non seulement plus approchantes de seo, telles que séu ou seu,
mais même identiques à séo. En patois bas-limousin, on dit lou sèou, pour le
le sien.
2. C'est à ce titre que E. Le Blant a inséré les deux mots Tecla Segella dans
la Table des noms propres placée à la fin de son nouveau et excellent ouvrage
(p. 472) ; ni le savant épigraphiste, ni Peiresc n'ont, d'ailleurs, produit aucune
observation sur le terme segella , ce qu'ils n'auraient pas manqué de faire s'ils
l'avaient entendu autrement.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
231
lavi ou sigillavit, dans lesquelles le graveur a substitué deux fois e
à la lettre ?, comme, dans seo de l'inscription du pourtour, il l'a
substitué à la lettre ?/. Ajoutons que l'emploi de e pour i est un des
phénomènes les plus fréquents en linguistique. 11 n'est pas non plus
sans intérêt de rappeler, à ce propos, les mots du vieux français
séel etséeler, d'où sont venus scelet sceller, et qui, si l'on y rétablit
le g médian, reproduisent exactement la locution dont il s'agit1.
Les mots TECLA SEGELLA(w) ou mieux SEGELLA(r*7), par lesquels
la propriétaire de notre anneau souscrivait les actes où elle figurait,
étaient pareils à ceux qui se trouvent si fréquemment dans les
chartes : N. signavi ou signavit ou seulement sign. ; N. subscripsi
ou subscripsit, ou seulement subs., et môme su ou so (pour su),
comme nous le voyons sur les anneaux sigillaires de Roccolane et
d'Abbon, décrits plus haut2.
J'arrive à la partie la plus difficile de ma tâche : l'inscription
gravée sur le même chaton. Le texte, tel qu'il a été déchiffré et re-
produit par Peiresc, est celui ci: RATE, c'est-à-dire lescleux lettres
RA suivies d'une apostrophe, puis d'une lettre grecque, un gamma
majuscule (r); d'un E, et enfin d'un signe d'abréviation, posé ho-
rizontalement sur les deux derniers caractères.
Voici en quels termes le savant magistrat a exposé son interpré-
tation conjecturale de cette inscription : « Je soupçonne que ces
lettres pourroient signifier arra genialis, l'anneau ou gage des épou-
sailles. Le changement de l'V en E, SEO pour SVO, montre que
cette inscription estoit d'un latin corrompu et comme, si l'on peut
ainsi parler, selon l'usage du pais... Je ne sçay donc si, par une
semblable corruption, usitée dans ce siècle gothique, dans le com-
mencement de la première race de nos roys, pendant lequel temps
je crois que cette bague a été faite, on auroit abusivement retranché
1. Voici un exemple de 1 emploi du mot seul au xive siècle, que nous emprun-
tons au Glossaire latin de Du Cange, éd. Didot, t. VI, p. 241, col. 3 : « Icellui
maistre des foires dit avoir trouvé ledit brevet faulz en escripture et en séel ;
c'est assavoir que il estoit escript d'autre lettre et signé d'autre seing que
de celui du notaire, qui estoit dit escripz..... et que le sért dont ledit brevet
estoit scellé, estoit plaqué et non pas miz bien, ne deument ». Litt. remiss. ann.
1375 ; in Reg. 103, Chartoph. reg. ch. 37. — Pour le mot séeler, Henschel cite
Agolant, vers 941, p. 1641, et G. Guiart, t. II, pp. 75 et 148, vers 19u5, 3600
(10881, 12582). Du Cange, Glossaire français, éd. Didot, p. 295, col. 1.
2. Voir les n0' I et XXV.
23-2
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
la première syllabe du nom arra, comme on dit populairement au-
jourd'huy Toni pour Antoni... J'en voudrois inférer que ce seroit
l'usage ancien d'Espagne qui peut tenir du gothique, aussi bien
que ma bague d'or, et qui supprima la première syllabe du mot
arra ouarrabo, et que même il ne seroit pas incompatible que cette
syllabe RA', gravée en cette bague, fust mise pour arra. et par ce
même moyen, la suivante TE pour genialis, comme on disoit ledits
ou thorus genialis, le lit nuptial. »
Cette conjecture, à laquelle Peirsec déclarait ne pas attacher une
importance sérieuse, et que pourtant il proposait à des savants de
premier ordre, et sur laquelle il insistait encore dix ans après, pour
avoir leur avis, cette conjecture nous semble à tous égards inad-
missible.
Et d'abord la présence, au milieu de caractères latins, d'une
lettre grecque isolée, d'un prétendu gamma, est des plus invrai-
semblables : on ne connaît, en eiïet, d'autre exemple d'un fait sem-
blable que celui que Boldetti a trouvé dans les catacombes de Rome
et consigné dans son livre sur les cimetière des saints martyrs de
la Ville éternelle'.
En l'espèce, on chercherait vainement le motif de l'emploi de
cette lettre, qui serait d'autant moins concevable, que, dans la lé-
gende du chaton principal, le G de SEGELLA est de forme latine.
Quant à l'apostrophe qui serait à la suite de A, Peiresc n'en donne
aucune explication, et l'on ne voit guère quelle pourrait être ici
la raison de sa présence.
Ne serait-il pas aussi bien extraordinaire que l'on eut formé une
telle légende, composée de deux mots, pour l'expression desquels
on se serait borné à graver la dernière syllabe de l'un et les deux
premières de l'autre?
Notons enfin que ce serait la première fois qu'on lirait, sur une
bague de mariage, une inscription ayant pour objet d'en affirmer
la destination.
L'hypothèse tirée de si loin par Peiresc présente donc une telle
accumulation d'invraisemblance*, qu'elle doit être regardée comme
inacceptable.
1. Voir ci-dessus, n° XXII, la cilalion et la reproriiiclioii de l'inscription SPES
DEI, dont le P est en même temps la lettre grecque P (rô majuscule) du
chrisme entouré par cette inscription.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
233
Mais une deuxième conclusion découle des observations ci-dessus,
à savoir que le texte, tel que Peirescl'a déchiffré et nous l'a transmis,
ne peut être exact.
IL est, dès lors, nécessaire de rechercher, avant tout, quelle de-
vait en être la leçon véritable ou du moins la plus probable.
La bague dont il s'agit était sans doute dégradée en cet endroit,
et il est à présumer qu'elle ne portait, après la lettre a. ni une
apostrophe ou quelque signe d'abréviation, ni un gamma majus-
cule. Vraisemblablement, il y avait primitivement, dans cette par-
tie de l'inscription, un T, dont la barre horizontale de gauche (pour
le lecteur) avait été effacée ou accidentellement détruite, ne lais-
sant subsister que le crochet pendentif de son extrémité.
Sur la planche 77 de la nouvelle série de Y Album Caranda,
publié par M. F. Moreau, est figurée une urne cinéraire recueillie
au cours des fouilles de la villa gallo-romaine d'Ancy (Aisne) '.
Sur cette urne est gravée une inscription circulaire, où l'on voit
un T2, dont la barre horizontale supérieure a disparu, ne laissant
intacts que les deux crochets pendent ifs de ses deux extrémités. Si
l'on restitue par la pensée la branche de droite (pour le lecteur) de
cette barre, on retrouve exactement : fl'image du prétendu gamma
que Peiresc a lu sur son anneau ; 2° le crochet de gauche, qu'il a
pris pour un signe d'abréviation placé en avant du prétendu ca-
ractère grec.
C'est probablement, un fait analogue, la disparition partielle de la
barre horizontale du T, qui s'est produit pour la bague artésienne.
Dans ce cas, le deuxième chaton de notre bijou devait, à l'ori-
gine, porter le mot RATE iivcc le signe abréviatif sur les deux der-
nières lettres ; et en interprétant ce signe (comme cela est très
normal) par |N, nous avons le mot RATINE. Or, c'est là un nom
d'homme en usage à l'époque gallo-franque, car on le trouve dans
1. Au lieu dit Bois des Sables, commune, de Limé, canton do Braisne, arron-
dissement de Soissons.
2. E. Le HIant, à qui cette inscription avait été communiquée, a pensé qu'on
pourraity lire IBETIVS CVM AN DEC ARI BIEETE. Maisilaeu soin d'ajouter
que « cette leçon ne le satisfaisait aucunement » (voir le texte explicatif de
ladite planche dans Y Album Caranda), et cette réserve est d'autant mieux fondée
que : 1° l'S du premier mot est avant le V et donne le mot (BETISV; 2° l'M
de CVM est absent et doit être remplacé par un I, en sorte que ce groupe se
lit C VI ou CIV; 3°, il y a BU ET E et non BIBETE.
234
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
un catalogue dos noms propres d'Alamans, publié par Goldast
d'après un vieux manuscrit de l'abbaye de Saint-Gall
Cet ancien vocable s"est réduit, au x 11e siècle, par la chute (si
fréquente, comme on sait) du / médian, à la forme Raina, que nous
relevons dans la pièce de Peire Vidal, intitulée : Drmjoman seiner
s'agnes bon destrier*, et qui, d'après une correction de notre
savant confrère M. P. Meyer, doit être lu Ramiers 3 et traduit par
Rainier 4.
Nous aurions donc là le nom de l'époux de Técla, faisant suite
à la deuxième inscription Tecla vivat Deo cum marito seo, dont il
est le complément naturel.
En résumé, si la restitution proposée par nous pour le texte de
la troisième légende est admise, les inscriptions de notre anneau
devront se lire ainsi :
+ TECLA SEGELLA(w^) pour sigillavit.
+ VIVAT DEO CVM MARITO SEO (pour suo) RATINE-
DIOCÈSE D'A PT ET PUIS DE VIVIERS
ccx
ANNEAU S1GILLA1RE DE NOUX, PROVENANT DE SAINT-PIERRE (aRDÈCHe) 11
C'est à l'obligeance de feu Ed. Flouest, ancien magistral, mon
confrère à la Société des antiquaires de France, que j'ai dû la com-
1. Goldast, Rerum Alamannicarum Scripto**es, t. II, p. 106, col. 2
2. Strophe VIII, vers kk; dans Romania, t. II, année 1873, p. 426.
3. lbid., noies, in fine.
4. lbid., p. 428.
5. Communede Sainl-Montan, canton de Bourg-Saint-Andéol, arrondissement
de Privas.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
235
munication de cette belle bague et des renseignements qui suivent
touchant sa provenance. Elle a été trouvée dans les substructions
d'une localité dite de Saint-Pierre, que la tradition signale comme
ayant été détruite lors de la chute de l'empire d'Occident (476) ou
peu de temps après. Ce précieux bijou gisait au milieu d'ossements
qui sont tombés en poussière au contact de l'air. Il est actuelle-
ment la propriété de M. Corroyer, inspecteur général des monu-
ments diocésains,, membre de l'Académie des Beaux-Arts.
11 est d'or fin et pèse 11 grammes; sa tige est ornée de dessins
gravés en creux dans lesquels M. Corroyer a reconnu et m'a si-
gnalé, de chaque côté du chaton, deux crocodiles affrontas \ L'ou-
verture de notre bague, qui est de 16 millimètres seulement, in-
dique que nous avons là un anneau de femme ou de jeune lille.
Sur la tige, a été soudé fort habilement un chaton d'une hauteur
totale de 17 millimètres. Sur la base de ce chaton, qui est ronde et
a 15 millimètres de diamètre, s'élève un édicule octogonal, dont
les angles ont alternativement 3 millimètres et 1 millimètre 1/2 de
hauteur, et supportent, les uns et les autres, des groupes de six
globules ou petits cabochons en or.
A la partie supérieure du chaton, une rondelle, également en
or, a été adroitement sertie, et porte, gravée en creux l'effigie
d'un personnage, dont le buste est habillé et la tête ceinte d'un
double bandeau perlé, terminé par deux bandelettes également
formées de perles. Derrière la nuque, une croisette ; devant la face,
une inscription dont les caractères doivent être lus de bas en haut,
et dans laquelle, à première vue, on ne voit que le groupe NON ;
mais la barre intérieure du troisième caractère a été gravée de ma-
nière à former un N et un A non barré liés, et nous avons ainsi la
légende suivante :
+ NONA
Le nom de femme Hona ou Honna a été fort usité dans le haut
moyen âge : c'est celui de plusieurs saintes des iv\ v°, vie et vue siè-
cles2. Il en est de même du vocable Nonnita, diminutif de Nonna,
1. Cette partie de l'anneau n'est perceptible qu'à l'aide d'un fort grossisse-
ment, et ne se voit pas sur notre dessin.
2. Il y a : 1" une sainte appelée Nona, morte vers l'an 700 (Rolland., Acta
SS'., mens, febr., t. I, p. 337; — 2" une sainte appelée Nonna, qui vivait au
236
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
que nous offrent trois inscriptions chrétiennes, dont deux, conser-
vées à Trêves, remontent à la période gallo-franque '.
La forme de notre bague, les cabochons groupés par six, qui
rappellent les trois globules accostant le chaton sur des anneaux
assurément mérovingiens, enfin l'effigie avec le bandeau perlé, si
usitée au droit des monnaies de la première race, sont autant de
certificats d'origine du bijou qui nous occupe.
La présence d'une effigie masculine, d'une effigie royale, sur un
cachet à l'usage d'une femme a besoin d'être expliquée. Il me
semble difficile de l'expliquer autrement que par des liens étroits
qui auraient uni la propriétaire de ce bijou au per onnage repré-
senté sur le chaton. Dans ce cas, nous aurions ici l'anneau sigil-
laire d'une épouse, ou peut-être, mais moins vraisemblablement,
d'une fille ou sœur de roi des temps mérovingiens, et dont le nom
serait resté jusqu'ici inconnu des historiens.
vie siècle : c'est la mère de saint David ou Devy, archevêque de Menevie (pays
de Galles, Angleterre). Voir Lobineau, Les Saints Bretons, t. I, p. 53; — 3° sainte
Nonne, Nonna, mère de saint Grégoire de Nazianze, morte en 374 (Bolland ,
Acta SS , mens, aug., t. II, p. 78) ; — 4° sainte Nonne, martyre de Nicomédie
avec Gyriaca, Viclorina et autres (Ibi<l., mens, mart , t. II, p. 511). — Le nom
d'homme A'onus ou Nonnus a été porté par un grand nombre de personnages,
notamment : par saint Nonnus, mort évèque d'Héliopolis en 451 (Baronius,
Annal., ad ann. 451, n° 126; par un abbé du Ve siècle, commentateur de saint
Grégoire de Nazianze (Patrolog. grseca, t. XXXVI, p. 985); par un poète grec de
Panopolis (Egypte), qui florissait vers 500 (Ibid., t. XLIII, p. 665), et par des
monnayers qui ont frappe, au vu0 siècle, à Chalon-sur-Saône, à Melle et à
Thouars (Deux-Sèvres). — Voir An. de Barthélémy, Liste des noms d'hommes
gravés sur les monn. de V époque mérov. Lettre à M. d'Arbois de Jubainville,
p. 18.
1. Ces deux inscriptions sont dans le recueil d'E. Le Blant, t. 1, p. 379 et
385, nos 273 et 278. La troisième, qui a été découverte à Saint-Acheul, est re-
produite dans le même ouvrage, 1. 1, p. 430, n° 326. On trouve aussi, au moyen
âge, le nom de Nonnia. Voir dans le Cartulaire d"Ainay, des chartes de 980 et
de l'an 1000. (Aug. Bernard, Cartulaires de Savignij et d'Ainay, t. II, p. 590
. et 601.)
PREMIÈRE AQUITAINE
DIOCÈSE DE BOURGES
CCXI
ANNEAU DE DULCIS, TROUVÉ A NÉR1S (ALLIER) 1
Cette bague, en cuivre, a été découverte à Nôris, le Neriomagus
ou Aquis Neri des anciens itinéraires et des inscriptions romaines,
station thermale, qui fut, on le sait, très fréquentée dans l'anti-
quité et au moyen âge, comme elle l'est de nos jours.
Ce bijou, qui fait partie de la collection de M. A. Bertrand, à
Moulins, a été recueilli dans un puits, avec quelques autres objets
dépourvus d'intérêt2. Il a 15 millimètres seulement d'ouverture,
ce qui indique qu'il était fait pour la main d'un enfant. Sa tige
est très faible (1 millimètre d'épaisseur). Le chaton est un parallé-
logramme de 11 millimètres de large avec 3 de hauteur, sur lequel
a été tracé, au burin, un encadrement renfermant la légende sui-
vante :
DALCI3 {Dulcis)
avec un V renversé et un S rétrograde.
Les lettres de ce nom, au lieu d'être gravées, ont été poinçon-
nées une à une 3.
1. Néris dépend des canton et arrondissement de Montlucon.
2. Un peigne en bois, un Fragment de fuseau, des chaussures, etc. (Lettre de
M. de Mély, du 1er novembre 1891.)
3. Une épitaphe trouvée dans la même région, à Vichy, et datée de la 19° an-
née du règne de Thierry I" (530), porte le nom de Dulcetia(E. Le Blant, Nouv.
rec. des inscr. chrét. de la Gaule, n° 226, p. 224).
238 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Les éléments font défaut pour déterminer l'époque à laquelle
notre anneau a été confectionné. On peut l'attribuer au ive siècle
aussi bien qu'au m0.
DIOCÈSE DE RODEZ
CCXII
RAGUE AVEC MONOGRAMME, PROVENANT DU MAS-MARCOU (AVEYRON) 1
La bague en or, figurée en tête de la présente notice, a été trou-
vée au cours de fouilles opérées par la Société des lettres, sciences
et arts du département. Elle a été décrite en 1872, dans le Bulletin
de la dite Société, par M. le vicomte de Saint-Rcmy, qui avait di-
rigé les fouilles.
Notre anneau se compose : 1° d'une tige, dont l'ouverture est de
18 millimètres; 2° d'un chaton ovale, ménagé, à même le métal,
qui a 4 millimètres de hauteur sur 7 de longueur; il est orné d'un
monogramme, dont la forme, à raison de l'insuffisance de hauteur
du chaton, a été renversée, de manière que le sommet est à la droite
du lecteur, et la base à sa gauche.
M. de Saint-Remy, considérant le bijou qui nous occupe comme
étant d'origine gallo-romaine, a cru trouver dans le monogramme
le nom du consul Caninius Gallus. Depuis, un des membres de la
Société française de numismatique et d'archéologie, a, dans le
Compte rendu des travaux de cette Société ", montré l'inadmissibi-
lité de cette interprétation d'un monument qu'on ne pouvait hési-
ter à attribuer à la période mérovingienne.
Cete dernière attribution est en effet incontestable, et il suffit,
t. Le Mas-Marco u est situé dans la commune de Flavin, canton de Pont-de-
Salars, arrondissement de Rodez.
2. T. IV, année 1873, p. 88.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
239
pour s'en convaincre, de rapprocher notre monogramme de ceux
qui se voient sur des monnaies des vie et vue siècles, et qui sont
composés et exécutés de la même façon.
Il est d'ailleurs très simple et d'une explication facile : il com-
prend un A, un V, un D placé à uue des extrémités du mono-
gramme, et un O gravé à l'extrémité opposée; ensemble, un des
noms les plus usités dans le haut moyen âge :
AVDO-
Le recueil des Charles et diplômes de Pardessus nous offre, à lui
seul,, la mention de cinq personnages, dont deux évêques, ainsi
appelés et figurant dans des actes de 640, 662, 666, 735 et 744 '.
C'est de ce vocable que se sont composés les suivants : Audo-aldus,
Audo-bertus, Audo-enus, Audo-inus, Audo-fredus, Audo-maras,
Audo-veus, tous d'un emploi fréquent à l'époque gallo-franque.
DIOCÈSE DE LIMOGES
CCXIII
ANNEAU-CACHET DU MÉDECIN PHARMACOPOLE DONOBKRTUS, TROUVÉ A SAINT-
CHAMANT (CORRÈZE) 2
Un cultivateur de la commune de Saint- Chaînant découvrit, en
1867, près des ruines du château féodal de Saint diamant, un an-
neau ou, plus exactement, les fragments d'un anneau d'or jaune
et une cornaline gravée qui devait en orner le chaton. Ce cultiva-
teur porta sa trouvaille à un bijoutier de Tulle, qui la lui acheta et
1. Pardessus, Ghart etdiplom., t. II, p. 63, 126,141, 368 et 394.
2. Saint-Chamant est une commune dépendante du canton d'Argental, arron-
dissement de Tulle. Cette bague a été publiée par moi, pour la première fois, en
1880 (Rev.arcliéolog., 2<= série, ann. 1880, t. II, p. 1 et suiv.).
240
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
la céda ensuite à feu Mathieu Borie, pharmacien, et je dois à l'obli-
geance de ce dernier d être le possesseur de cet intéressant monu-
ment.
Les deux fragments du métal de la bague permettent de la resti-
tuer aisément avec certitude. Elle se composait d'un chaton ovale,
formé d'un cercle de 4 millimètres de hauteur, sur lequel est sou-
dée une bande d'or assez inégalement taillée, ayant une largeur de
1 cent. 50 millimètres : cette bande, posée à plat, porte une ins-
cription dont nous nous occuperons bientôt.
Dans le vide compris entre les bords intérieurs de cette bande de
métal, était encastrée, suivant toutes les vraisemblances, la cor-
naline ovale gravée qu'on a trouvée avec les fragments de la ba-
gue et qui a 1 cent. 4 millimètres de longueur sur 1 centimètre
de largeur.
La partie de l'anneau sur laquelle sont soudées les diverses par-
ties du chaton servait de support à la cornaline; toutefois celle-ci,
dont nous pouvons, malgré les cassures qu'elle a subies, reconnaî-
tre facilement les contours primitifs, était loin de remplir le centre
du chaton où elle devait figursr; elle y était apparemment assujet-
tie d'une façon et au moyen d'un corps dont nous n'avons aucune
trace et que nous ne saurions déterminer.
Enfin, la tige et la partie supérieure du chaton sont bordées d'un
fil d'or qui y est soudé, et, de chaque côlô du chaton, il y a trois
cabochons ou globules d'or, qui sont, ainsi que je l'ai déjà noté, un
des ornements caractéristiques du travail mérovingien.
J'arrive à l'étude de la légende circulaire qui occupe tout le
pourtour du chaton.
A la suite d'une croisette, il y a une lettre difficile à déchiffrer,
l'initiale d'un nom dont les autres lettres, fort lisibles, ONOBERTVS,
sont suivies du mot FEET (fecit), après lequel vient un M, suivi
d'une lettre incertaine et des lettres ICMT '•
Cette lettre incertaine semble, à première vue, être un 0; mais,
outre que la dernière partie de la légende serait, dans ce cas, dé-
pourvue de sens, je ferai observer que l'initiale du nom de person-
1. Dans l'article que j'ai consacré à ce monument, dans la Revue archéologique
(2e série, année 1880, t. II, p...), j'avais indiqué la leçon MOICMI, que j'avais
interprétée par medicamen illud. Un examen plus attentif a fait constater la pré-
sence d'un T, au lieu de de I, à la fin de l'inscription.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
241
nage, qui a été fortement altérée par un accident, laisse voir néan-
moins, quand on L'étudié avec le secours de la loupe, une forme
qui se rapproche beaucoup de celle de la lettre qui nous occupe;
or, si c'était un O, nous aurions la leçon OONOBERTVS, laquelle
est inadmissible. Nous croyons remarquer dans la partie supé-
rieure de ladite lettre, arrondie dans le bas, une sorte de barre ho-
rizontale qui nous donne l idée d'un D renversé (o); et si cette ex-
plication était adoptée et qu'elle fût également appliquée, comme
cela serait rationnel, à l'initiale du nom inscrit sur le chaton, nous
aurions, pour nom de personnage, le vocable DONOBERTVS, assez
usité au moyen âge, particulièrement dans le midi de ta Gaule1,
et, pour La légende entière, la leçon suivante :
* DONOBERTVS FEET MDICMT-
Quelle signification convient-il d'attribuer aux deux derniers
mots?
FEET, qui est là pour FECIT, et qu'on rencontre assez fréquent
ment dans l'épigraphie numismatique de la première race, suppose
la présence d'un régime qui le suit, et je proposerais d'interpréter
MDICMT par M«DlC«M^Tw» 2- (',<« mol aurait été ainsi contracté à
cause de l'insuffisance de l'espace que présentait le chaton pour le
contenir en entier.
1. La Uescriptiu mancipiorum ecclesix Massiliensis, publiée à la suite du Cartu-
laire de Saint-Victor, contient, en effet, la mention de deux Donobertus. Voir ce
Carlulaire dans la Collcct. des documents inédits de l'Histoire de France, t. II,
p. 634 et 63.J.
2. M. le comte de Marsy (Bulletin de la Soc. histor. de Compiègne, t. V; tiré à
part, p. 9) a cru trouver dans les mots feet mdiemt « une variante de l'invoca-
tion floréal in Deo, ou quelque forme analogue. » Mais la formule floréal in Dco
ou une forme analogue sont bien trop éloignées de feet mdiemt qui ne prêle
pas au doute, et je ne vois même pas comment on pourrait faire de celle-ci une
corruption de celles-là. Le verbe feet est d'ailleurs la forme, bien connue et
usitée sous les mérovingiens, de/rctY, et il paraît impossible d'y voir une dégra-
dation de floreat. Or, ce verbe, précédé du sujet Donobertus, suppose un régime
qui le suit et qui ne peut que désigner l'objet quVt fait Donobertus. Cet objet,
exprimé par mdiemt, forme contractée d'un subslantif, est très probablement
m(e)dic(a)m(en)t(um), c'est-à-dire le remède que le pliarmacien ou plutôt le
médecin pharuiacopole venait de fabriquer. Je n'aperçois même pas à quel
autre produit ce terme aurait pu s'appliquer. Je maintiens donc sans hésitation
l'explication que j'ai proposée en 1880.
16
2^2
ÉTUDE SU!; LES ANNEAUX
D'après cela, nous aurions ici L'exemple d'un personnage, qui, à
l'époque mérovingienne, signait de son nom de Donobcrlus les mé-
dicaments qu'il livrait au public.
Etait-ce un simple pharmacopole ou bien un médecin préparant
lui-même les breuvages et les diverses substances qu'il ordonnait,
comme le faisaient, à l'époque romaine, presque tous les oculisles (?)'
Cette seconde hypothèse paraît de beaucoup la plus probable. Les
officines de pbarmacopoles non médecins, dont il est fort peu ques-
I ion dans les documents écrits, étaient sans don le liés rares à l'épo-
que des royautés barbares.
La législation romaine nous fait voir, en effet, que généralement
les médecins préparaient eux-mêmes les médicaments qu'ils ordon-
naient. Je citerai, pour le prouver, un passage des sentences du
jurisconsulte Paul, qui florissait sous Septimc Sévère (193-211);
cet ouvrage, accompagné des inlerpretaliones d'Anianus, référen-
daire du roi visigoth Alaric II, faisait partie de la Lexromana Wi-
sigothorum, qui fut, comme on sait, édictée, en 506, pour l'usage
des populations romaines d'outre-Loire, chez lesquelles elle resta
en vigueur durant une grande partie du moyen âge. On y lit, au
titre De legatis, sentence 62, que le legs d'un matériel (instrumen-
tum) de médecin entraîne celui des collyres et emplâtres, de tous
les appareils nécessaires pour La confection des médicaments, el
enfin des instruments de chirurgie : « Instrumente) medici legalo,
collyria el emplastra, et apparatus omnis conficiendorum medica-
menîomm, itemque ferramenta legato cedunt1. »
Il résulte de là que, dans la période romaine et aussi clans les
premiers siècles du moyen âge, c'était le médecin lui-même qui
faisait le plus souvent et même presque toujours office de pharma-
cien : il en était certainement ainsi en dehors des centres considé-
rables de population.
1. Relativement à ces cachets d'oculistes romains, je renvoie le lecteur à la
Description générale que le capitaine Espérandieu en a publiée dans la Revue ar-
chéologique (années 1893 et 1894).
2. Jurisprudcntiae antejuslinianae quae supersunt, par Ed. Huschke, 1867, dans
la collecl. Teubner, p. 409. — Jurisprudentia velus antejuslinianea, édition de
Schuiting, in- 4°, 1737, p. 370. Dans une note rapportée par Schulting, Cujas
définit ainsi les médecins : « Medici sunt ni qui medicamenta confîciunt, vulnera
curant, cucurbitas admovenl, item qui circumcidunl aul castrant.» Ibid.,
note 40.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
243
CCXIV
ANNEAU d'aLDUNUS, AVEC DOUBLE CHATON ET MONOGRAMME, TROUVÉ
A TURENNE (cORRÈZE)
Voici un anneau sigillaire d'or pâle, découvert en 1878, près dos
ruines de l'antique château de Turenne (Corrèze) le castrum To-
rinna, mentionné aux années 767 et 769, dans les Annales des
Francs, comme ayant été pris par le roi Pépin, au cours d'une de ses
expéditions en Aquitaine contre le duc Waïfer 2.
Ce bijou, qui est d'une parfaite conservation, après avoir été
possédé par M. Massé na, alors maire de Malemort (Corrèze), a
passé dans la collection de feu le baron Pichon. 11 a 24 millimètres
d'ouverture; sa tige haute de 6 millimètres, près du chaton prin-
cipal, n'en a que 3 auprès du deuxième chaton.
Le premier de ces chatons, ménagé à même le métal est de forme
irrégulière ; il a 11 millimètres de large sur 9 dans sa plus grande
hauteur; il perte, gravé en deux lignes, le nom au génitif, de
ALD
V N I [Alduni) Signum étant sous entendu.
1. Turenne est un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Brive. Cet anneau
a. étépublié par moi pour la première fois en 1880 (Rev. archêolog., année 1880,
t. H, p. 5.)
2. « Mullas roccas et speluncas conqutesivit (rex Pippinus) : castrum Scora-
liam, Torinnam et Petrociam. » (Annales Laurissenses ; Annal. Einhardi ; dans
Pertz, Monum. German. historica, Scriplor, t. I, p. 1 44, 146 et 147; Annal. Met-
tens., ibid., 335; Annal. Tuld., ibid., p. 430.)
244
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Le deuxième chaton, également pris dans la masse à l'oppositc
du premier, est d'une forme ronde irrégulière, dont le diamètre est
de 8 millimètres 1/2. On y voit un monogramme que feu Adrien de
Longpérier proposait d'interpréter par AVNVLFVS ou ANVLFVSct
sur lequel je reviendrai plus bas.
Lorsque j'ai publié cet anneau pour la première fois en 1880 \j ai
hésité, pour la légende du chaton principal, entre la leçon ALDVNI
et la leçon ALDINA, mais je faisais remarquer qu'il faudrait dans
celle dernière hypothèse, considérer la lettre V comme un second A
renversé et non barré, ce qui est invraisemblable en présence du
premier A, qui est à la fois dans sa position normale et pourvu de
la barre horizontale intérieure5.
Je renonce aujourd'hui à cette supposition par les raisons sui-
vantes.
En premier lieu, notre anneau a 24 millimètres de diamètre in-
térieur, c'est-à-dire une ouverture très supérieure à l'ouverture or-
dinaire des bagues de femmes, et qui fait penser a priori que
c'était l'anneau d'un personnage du sexe masculin, ce qui s'ac-
corde bien avec la leçon ALDVNI, et exclut la leçon ALDINA.
En second lieu, le monogramme du deuxième chaton me parait
contenir un vocable féminin.
Tout d'abord je signalerai l'absence de la lettre L, et, par suite,
l'inadmisibilité de la leçon Anulfus. En second lieu, le S posé en
travers de la ligne oblique intérieure de N, prend ici, comme cela
se voit dans plusieurs de nos anneaux, la valeur du S barré, c'est-
à-dire de S\{gnnm). Les autres sont le A du sommet du mono-
gramme, le | de droite (pour le lecteur), le N el la loti re E, ce qui
donne le nom de AINE, et, pour l'ensemble de l'inscription,
S\(gnum) AINE-
Ain — Agin est un radical germanique qui es! entré dans la
composition d'un grand nombre de vocables du haut moyen âge,
tels que Ain-hcrga, Ain-Burgis, Aui-ti/dis, Ain-ildis.
Le nom d'Agvia = Aina est mentionné deux fois dans le Polyp-
1. Rev. archêoloy., année 1880, t. II, p. 25.
2. lbfl., note 3.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
245
tyquc de Saint-Germain-des-Prés ', et nous trouvons celui d'Ainis
dans le Polyptyque de Saint-Uemy \
Quant au nom à'Aldumis, nous n'en avons pas trouvé d'exemple
dans les recueils des monuments mérovingiens; mais, nous avons
un certain nombre de mentions du nom à'Alduinvs', qui en est
fort approchant.
Le nom A'Alduni, gravé sur le chaton principal et l'inscription
S(ignam) Aine , inscrite surleplus petit, nous montrent que l'anneau,
qui était essentiellement et d'une manière permanente à l'usage
du mari, servait aux deux époux (sans doute accidentellement) quand
la femme figurait, en même temps que son mari, dans un acte
qu'elle souscrivait, comme lui, en qualité de partie ou de témoin.
1. III, 33 ; IX, 48, édit. de Guérard, p. 28 et 84; édit. d'Aug. Long-non, p. 34
et 110.
2. Édit. de Guérard, p. 72.
3. Pardessus, Diplom. et ch., t. II, p. 180, ad ann. 709. Polyptyque de Saint-
Germain-des-Prés, IX, 184, XXIV, 183, édit. de Guérard, p. 102 el 270; édit.
d'Aug. Longnon, p. 133 el 351 .
DEUXIÈME AQUITAINE
DIOCÈSE DE BORDEAUX
(XXV
BAGUE SIG1LLA1RE DE LA JUIVE ASTER , TROUVÉE A BORDEAUX
Ce magnifique bijou, qui appartient à la collection de M. de
Chasteigner, savant antiquaire de Bordeaux, a été découvert, en
1851, dans une nie de cette ville5, au cours de travaux de pose de
conduites d'eau ou de gaz, et acquis sur place par son possesseur
actuel. Au même endroit, furent trouvées quelques monnaies ro-
maines.
C'est un anneau en or jaune, massif, pesant 26 grammes. La
tige en a été déformée par un accident, mais on peut néanmoins en
déterminer très approximativement l'ouverture à 19 ou 20 milli-
mètres; la largeur en est de 10 millimètres près du chaton, de i
seulement du côté opposé. On y voit, gravé en relief à droite et à
gauche du chaton, un chandelier à sept branches, sur un trépied.
Le chaton, qui a une saillie de G millimètres au dessus de la
lige, est de forme ronde; le diamètre en est de 11 millimètres. Au
pourtour, sont gravés en relief six arceaux, portés par des colon-
1. Rue dite (tes Trois- Conils.
ÉTUDE SUR LES ANNEAU DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN ACE
247
nettes, et renfermant, le premier une troisième figuration du chan-
delier à sept branches, et les cinq autres, 1rs lettres A, S, T, E, R.
Sur le plat du chaton, il y a un monogramme, dans lequel se
retrouvent les mêmes lettres, c'est-à-dire la répétition du mot
ASTER, et qui était destiné sans doute à l'usage de cachet.
Ce très intéressant monument ;i été d'abord sommairement si-
gnalé, en 1858, au Congrès archéologique de Périgueux, par M. de
Chasteigner, qui a proposé de lire dans le monogramme le nom de
ASTERIVS '.
En 1865. notre savant confrère Edmond Le Blant a fait men-
tion, d'après une communication de feu M. Muret, le regrettable
employé du Cabinet des médailles, de la même bague, « où dit-il,
le nom A' Aster est gravé au-dessous du monogramme » 2.
Depuis, M. de Chasteigner, dans une lettre adressée à M. Ca-
mille Jullian 3, chargé de la publication des inscriptions romaines
de Bordeaux, a maintenu et cherché à justifier en ces termes la le-
çon Asterius : « En décomposant les lettres groupées dans le mo-
nogramme, nous avons, pour tous ceux habitués à ces lectures,
incontestablement le mot ASTERIVS : l'A au sommet; l'S en bas,
croisant la base de R; T, E réunis; l'I, formé par le prolongement,
en haut, du jambage de R; V, formé par le jambage oblique de R
et celui de E; enfin, le S final, fourni par La répétition du premier,
coupant le jambage de V » '.
En dernier lieu, M. Jullian, dans l'important article qu'il a con-
sacré à notre anneau, l'a fait figurer sous toutes ses faces, el il
comhat la thèse de M. de Chasteigner. Il fait remarquer que le pro-
longement do la partie supérieure de R, où ce savant a vu un I,
n'est qu'un trait parasite, comme il y en a beaucoup dans les ins-
criptions de cette époque; qu'il en est de même de la barre qui
flanque le bas de cette haste et, où, dans le cas contraire, il fau-
drait reconnaître un L M. Jullian cite, comme exemple de ce pro-
cède, le monogramme RVTE, gravé sur les I riens mérovingiens du
Rouergue. Si d'ailleurs le nom d'ASTER a été écrit en toutes
1. Comptes rendus du Congrès archéol, de Périgueux, p. 55.
2. Inscrip. chrét.de lu Gaule t. II, p..r>0.
3. Le 10 mars 1887.
4. Lettre du 10 mars 1887, reproduite par M. Camille Jullian (Inscript, rom.
de Bordeaux, t. II, Bordeaux, 1890, p. 103-105). •
i24S
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
lettres au poni'lour du chaton, c'est évidemment, ajoute M. Jullian,
pour qu'il n'y eût aucun doute sur la signification du monogramme.
Le docte professeur termine sa discussion par une observation
judicieuse au sujet du chandelier à sept branches représenté sur la
bague en trois endroits; ce n'est donc point là, dit-il, un simple
ornement, mais, indubitablement un symbole, le symbole cher
entre tous, et la marque distinctive de la foi juive'. — Le vocable
d'Aster, qui est au pourtour du chaton, est celui d une femme
juive2, et, rapproché de l'emblème du chandelier, il est aussi, d'une
façon irrécusable, celui du monogramme.
La démonstration de M. Jullian me parait complète et irréfu-
table.
Le monogramme qui est sur le plat du chaton, ne peut être sé-
paré de la légende du pourtour, et celle-ci est l'interprétation fidèle
de celui-là. La lettre célèbre de l'évèque Avitus à l'évèque de Va-
lence Apollinaire, concernant les inscriptions quedevail porter la
bague offerte par celui-ci à l'illustre prélat de Vienne, atteste qu'à
la lin du ve siècle et au vic siècle11 (c'est à cette époque que remonte
la fabrication de notre anneau), on était d'accord pour voir une
étroite corrélation entre ces deux parties graphiques du bijou. Mais
le simple bon sens suffirait à l'imposer. Le nom en toutes lettres
m' peut être que la traduction exacte, rigoureusement exacte, du
monogramme, et il n'est permis d'y rien ajouter, non plus que
d'en rien retrancher, puisqu'elle est, sinon l'œuvre, du moins l'ex-
pression de la volonté de celui-là même dont le nom est en ques-
ti m.
1. A la vérité, les Pères de l'Eglise ont songé à détourner vers un sens chré-
tien l'emblème du chandelier, comme d'ailleurs les autres symboles juifs, et
M. Jullian cite, à ce propos, Grégoire le Grand (Hom. in Ezrch., I, 6, 8). et
Clément d'Alexandrie (Strorn., 5, G), qui ont dit que le chandelier était une
image du Uédempleur. Mais jamais un chrétien n'eût voulu employer comme
signe de sa foi, ce qui, aux yeux de tous, caractérisait le Juif. (Jullian, ubi
supra, p. 106-107.)
2. 11 y a eu des païens appelés Aster; il y en a eu aussi de chrétiens,
comme le prouve l'anneau de Sassari, où l'on voit ce nom enlre une croix et
une étoile. Mais alors c'est un vocable masculin, qui vient du grec à<ix»ip et dont
le féminin est asleris (ld., ibid., p. 108).
3. Saint Avit fut sacré en 470 et mourut en 525; saint Apollinaire fut sacré
vers 486 et mourut vers 520.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
249
Concluons donc que c'est le vocable féminin hébraïque A' Aster
qu'on doit lire à la fois r.u pourtour et à la surface du chaton de
notre anneau-cachet. La matrone, pour laquelle ce bijou avait été
confectionne, appartenait à une des colonies israélites, assez nom-
breuses alors dans le sud ouest de La G-aule et particulièrement
dans la vieille cité bordelaise1.
CCXVI
A.NiNfcAIJ DE DOMOLIJNA, TROUVÉ A BORDEAUX.
Mou regretté confrère, E. Le Blant, dans son Nouveau Recueil
des inscriptions chrétiennes de la Gaule* , publia ira croquis du cha-
ton de l'anneau qui fait l'objet de la présente notice, et qui a ap-
partenu à feu M. Abbadie, architecte, membre de l'Académie des
beaux-arts. Le tils de ce dernier, qui résille ù Paris, a bien voulu
me communiquer cet intéressant bijo'.i, et j'en ai fait exécuter les
dessins reproduits ci -dessus.
Cette bague a été trouvée, vers 1836, à Bordeaux, près des
ruines du cirque romain vulgairement appelé « Palais Gallien »,
au cours des travaux de déblai opérés sur l'emplacement de la
voie qui, probablement, bordait la façade extérieure de l'édifice3.
Elle est en or jaune, un peu pale; elle a 21 millimètres d'ouver-
ture, mesurés à partir du chaton, et 20 dans le sens opposé. Le
jonc, qui a 3 1/2 millimètres près du chaton, présente, a cet en-
droit, et sur ses deux côtés, deux petits cabochons, ménagés à
même le métal.
Le chaton, également pris dans la masse, est de forme ronde et
1. Voir les ouvrages historiques sur les Ju l's de Bordeaux, cités par M. Jul-
Jian, ubi supra, p. 108.
2. Page 303, n° 283.
3. Idem, /oc. cit.
250 ÉTUDE SUIt LÈS ANNEAUX
a 14 millimètres de diamètre : on y voit, gravé en légende cir-
culaire, avec un D cursif 9 comme initiale, et précodé d'une croi-
sette, le nom de
+ 90M0LINA-
Le Polyptyque de Saint-Remi de Reims (ix° siècle) contient la
mention d'une femme dont le vocable, Dornmelina, diffère bien peu
de celui de notre anneau1.
DIOCÈSE DE SAINTES
CCXVII à CCXLII
VINGT-SIX ANNEAUX PROVENANT DE l' ANCIEN CIMETIÈRE DE HEUPES
(chakente) 1
Notions générales sur le cimetière de Herpès et les anneaux qui y ont
été recueillis.
Les 26 anneaux que je vais décrire et qui appartiennent à la col-
lection de M. Ph. Delamain, ont été recueillis par cet archéologue'
distingué, au cours de fouilles opérées, sous sa direction et à ses
fiais, dans le cimetière barbare qu'il à découvert à Herpès.
Avant d'entreprendre cette description, je crois utile d'exposer
ici, louchant l'âge de celle ancienne nécropole* le mode de sépul-
1. V. (iiiérard, Polyptyque de Saint-Remi, p. 9. On trouve aussi les formes
Domlin au vu0 siècle, dans Pertz, Mon. Germ. hist., II, 186; et Domnolenus, en
670 et 721, dans Pardessus, Dipl. et ch., 11, 154 et 330.
2. Le village de Herpès est silué dans la commune de Courbillac, canton de
Hou it lac, arrondissement d'Angoulème.
3. Sauf deux (nos CCXLI et CCxLII) qui avaient été précédemment trouvés à
Herpès; ils provenaient très probablement de l'ancienne nécropole et ont été
acquis par M. Delamain.
4. Le nom de Herpès est exceptionnel dans celte région, où presque tous les
centres de population ont des vocables terminés par le suffixe ac ou par le mot
ville. Mon savant confrère M. Salomon Reinach, à qui M. Delamain a fait part
de cette observation, lui a répondu en ces termes : « Je suis porté à voir
dans Herpès un nom germanique. On trouve, en effet, en Allemagne, en Ba-
vière, des villes anciennes appelées Herpa, Herpley, Herpel, Herper, Her-
pesdorf, Herpf. Vous auriez donc en, à Herpès, une population franque assez
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
251
ture qui y était pratiqué, et quelques-unes des notions consignées
dans la belle publication que M. Delamain a faite, sur ee sujet, au
nom de la Société archéologique et historique de la Charente1.
De loge du cimetière de Herpès.
Tous ceux qui se sont occupés dos anciennes sépultures de Herpès
sont d'accord pour reconnaître qu'elles sont postérieures aux grandes
invasions du vc siècle. Mais ils sont divisés sur la question de sa-
voir à quelle époque de la période barbare elles remontent.
Les uns les ont placées dans l'année 732, où à la snile de la vic-
toire remportée, à Poitiers, sur les Sarrazins, par le roi Charles
Martel, des bandes de guerriers francs pénétrèrent jusqu'au fond
de l'Aquitaine8.
M. Ph. Delamain, d'accord avec MM. Alex. Bertrand et Salomon
Reinach, a combattu celle opinion et adopté la date de la bataille
de Youillé (an 507), où les Francs, sous la conduite de Clovis,
délirent les Visigoths, détruisirent leur royaume, et s'emparèrent
du centre et du sud-ouest de la Gaule3.
De son côté, M. Maurice Prou, qui a fait une étude attentive des
monnaies recueillies dans les tombeaux de Herpès, croit que l'émis-
sion en remonte au milieu du vic siècle4.
Enfin, M. le baron J. de Baye considère la nécropole de Herpès
comme visigotbique ; il rappelle que, durant près d'un siècle, les
Visigolhs occupèrent le territoire gaulois, des Pyrénées à la Loir*1,
et que la deuxième Aquitain»1, où est situé le village de Herpès,
leur fut soumise dès 410; il estime que la majeure partie des sépul-
tures qui ont été découvertes est d'une époque antérieure aux
premiers temps de la conquête franque5.
importante. » (Lettre de M . Pli. Delamain, du 16 juin 1890.) Les rapproche-
ments ci-dessus sont concluants : aussi sommes-nous surpris de ne pas re-
trouver dans le livre de Forstcmann, Ovdnamcn, le radical Herp, ou l'un quel-
conque de ses dérivés dans la toponymie germanique.
t. Le cimetière de Herpès (Fouilles et collection Ph. Delamain), grand in-4,
avec 26 planches chromolilhograpliiques, d'une remarquable exécution, Angou-
leme, clic/. M. Coquemard, 1892.
2. Op. cit., p. 19.
3. Ibid., p. 19-20.
4. Ibid., p. 34.
5. Ibid., p. 38-4'». Il convient de noter une circonstance importante, c'est que
252
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Sans entrer ici dans la discussion de la question, nous pensons
qu'en présence des données archéologiques et numismatiques qui
résultent des découvertes de M. Delamain, la date de 732 doit être
écartée sans hésita lion.
Quant au choix à faire entre la période visigothique (410-507)
et la période franque qui la suivit, il convient, croyons-nous, d'at-
tendre, pour se prononcer, que des éléments plus décisifs se soient
produits : il nous parait toutefois vraisemblable, d'après ceux qui
nous sont connus, que, dans le cimetière de Herpès, il dut se faire
d'abord des inhumations de populations visigothes, et plus tard
(vers le milieu du vic siècle) de populations mélangées de Goths et
de Francs.
Mode de sépulture. — Orientation des corps. - - Distinction des
sexes.
L'inhumation se faisait eu des auges creusées dans une marne
crayeuse très dure.
Les corps, enveloppés dans une étoffe grossière, étaient déposés,
sans cercueil, dans ces auges et recouverts de terre'.
Invariablement les pieds sont à l'est, et la tète à l'ouest.
Les sexes se reconnaissent avec certitude par l'absence de bijoux
et d'ornements chez les hommes et les enfants, et par la présence
de bijoux chez les femmes2.
l'on n'a retrouvé à Herpès, ni boucliers, ni angons.ni les longues épées (ibid.,
p. 10), qui se rencontrent si souvent dans les sépultures sûrement franques, el
notamment dans celles du Boulonnais (voir p. 6 du rapport de M. Vaillant,
cité plus haut dans la notice CLXXXV).
1. Op. cil., p. G.
2. Ibid., p. 7. M. Delamain signale, en outre, pour ce qui concerne les sépul-
tures féminines, une particularité qu'il est utile de noter : « M. t.. Marrot (un
habitant de Herpès, qui m'a assisté dans l'exécution des fouilles) m'a aflirmé
qu'il ne s'y trompait jamais, et que l'arête du tibia des femmes était beau-
coup plus vive et coupante que celle du tibia des hommes. J'ai maintes fois
étudié le fait, et je dois dire que jamais il ne s'est trompé. Ses prévisions, ba-
sées sur la forme des tibias, ont toujours été justes. » Ibid., p. 1 .
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
253
De la main à laquelle on a trouvé les bagues.
M. Delamain n'a relevé aucune observation sur ce point, relati-
vement aux anneaux provenant des tombes masculines de Herpès,
et qui sont d'ailleurs en très petitnombre comparativement à ceux
qui proviennent de sépultures féminines.
Quant à ceux-ci, il dit que, presque toujours, ils étaient à la main
droite: « Le contraire, ajoute-t-il, est l'exception; parfois, mais
rarement, il y avait deux ou trois bagues à la même main et de
plus au même doigt1. »
1° CCXVII. — ANNEAU DE FIANÇAILLES OU DE MARIAGE DE NENN1US ET DE
VADINEHNA OU VADINA
Cet anneau se compose d'un cercle d'argent très mince, de
i millimètres 1/2, uni h l'intérieur, et nonogonal à l'extérieur; il
a 17 millimètres seulement d'ouverture, ce qui indique qu'il était
à l'usage d'une femme.
C'est un anneau de fiançailles ou de mariage.
Il porte, en effet, avec un vocable féminin, un nom d'homme :
l'un et l'autre se lisent assez aisément, en prenant pour point de
i. Op. cit., p. 11. M. Delamain signale aussi ce fail qu'on a recueilli, dans le
cimetière «le Herpès, des bagues formées d"un simple ruban de bronze, auquel
est quelquefois soudé un petit bronze impérial romain des Tétricus, Postumus,
Galliénus et Constantin : « C'étaient, dit-il, les bagues des femmes pauvres ».
254
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
dépar t la croisette accostée de deux traits perpendiculaires (laquelle
occupe un des pans du bijou), et en allant de droite à gauche, con-
séquemment dans le sens rétrograde.
Nous y trouvons d'abord un V et un A liés, un D triangulaire
(A), un |, puis NEHN, et enfin un E terminal rétrograde ; soit, pour
cette partie de la légende, VADINEHNE, génitif de VADINEHNA ou
mieux de VADINA, dont le génitif est ici redoublé, comme dans
nombre de documents de la période gallo-franque.
Ce nom de femme est suivi d'un vocable masculin, qui se dis-
tingue du premier par un N initial, de dimensions qui dépassent
de beaucoup celle des autres caractères. Ce vocable, bienconnu, est
celui de NENNI, génitif de NENNiVS.
Nous avons ainsi, pour l'ensemble de l'inscription :
l + i VADINEHNE NENNI •
On peut aussi commencer la leçon par NENNI, dont le premier N
a des dimensions exceptionnelles qui conviennent bien à une ma-
juscule initiale; dans ce cas, il faudrait lire :
NENNI l-H VADINEHNE-
Nous serions même d'autant plus disposé à préférer ce dernier
déchiffrement, que, d'une part, quand deux noms sont réunis sur
un anneau de notre époque, c'est le plus souvent le nom masculin
qui précède le nom de femme1; que, d'autre part, nous avons
déjà un exemple des deux vocables séparés par la croisette2.
Le nom de Nennius a été porté par deux personnages histo-
riques : 1° l'auteur de l'ancienne Chronique intitulée Historia Bri-
tonum, qui vivait dans la première moitié du ix° siècle, et fut abbé
du monastère de Bangor (principauté de dalles) 3 ; 2° saint Nennie,
qui lut abbé du monastère d'hiis-Owen, dans le comté de London-
derry (Irlande) v.
Le mot Vadinehna, ou mieux Vadinu, est régulièrement formé
sur le radical Vad ou Wad, d'où sont dérivés plusieurs vocables
1. Voir les nos CWVII, et XLV, des présentes Eludes : nous n'avons qu'un
exemple de l'inscription des deux noms dans le sens opposé : celui de l'anneau
de DIANA + AVIVS, n» CXVIH.
2. Voir le n° CXVIH, cité plus haut.
3. Mémoire de P. Paris, sur la Chronique de Nennius {Comptes rendus de
l'Acad. des inscript, et belles-lettres, année 18G4, B. I, p. 46).
4. Colgan, Acfa SS. Scot.s. Hibern.', t. I, p. 1 il.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 255
germaniques, savoir : Wada (xie siècle) Wadinrj * et Vatin z=z Va-
din (ix° siècle) 3. Notre Vadina n'est autro que ce dernier mot fémi-
nisé.
2° GCXVIII. — BAGUE AVEC CHATON EN FORME D ËDICULE OlINÉ DE GRENATS
Cette magnifique bague, un des plus beaux spécimens que nous
connaissions, en ce genre, de l'orfèvrerie mérovingienne, a été dé-
couverte dans la tombe d'une femme, au doigt de laquelle elle était
encore, ainsi que l'anneau décrit ci-dessous.
Elle est en or jaune, très pur, et pèse exactement 2 grammes.
Elle a 19 millimètres d'ouverture, et se compose d'une forte tige et
d'un chaton, qui y est soudé.
La tige, qui a, près du chaton, 10 millimètres de large, est
ornée de torsades sur tout son pourtour ; de chaque côté, aux points
de jonction de la tige et du chaton, il y a deux perles ou cabochons
assez gros en or, au-dessous de chacun desquels quatre globules.
Sur cette tige, est soudé le chaton, dont la partie inférieure, de
forme quadrangulaire, mesure 14 millimètres du côté le plus large,
correspondant à l'ouverture de l'anneau, et 12 millimètres de
l'autre côté ; elle est ajourée sur ses quatre faces, et a 10 milli-
mètres de la base à la naissance de la partie cintrée, qui mesure
7 millimètres de chacun des angles au sommet, lequel était orné
d'un grenat, qui, de même que ceux des quatre angles, était sorti
de son alvéole.
Nous n'entrerons pas dans de plus amples détails touchant la
composition de ce remarquable bijou, sur lequel l'artiste a prodi-
1. Lacomblet, Niederseinischcs Urkundenbuch, ad ann. 1015.
2. Goldast, Rer. Alaman. scriptor., t. II, p. 109.
3. Neugart, Cod. diplomat. Alaman., ad ann. 811.
256
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
gué les ornements, et qui a dû être assurément porté par une
femme de haut rang.
Notons, en terminant, qu'il était au même doigt que celui qui fait
l'objet de la notice suivante.
3° CCXIX. — ANNEAU AVEC l'iNIÏTALE C REDOUBLEE
Cet anneau a été trouvé dans la mémo sépulture féminine et au
même doigt que le précédent1. Il est en argent massif et pèse
S grammes. Il a 19 millimètres d'ouverture entre le chaton et la
partie opposée, et 20 dans l'autre sens. La tige a, près de la nais-
sance du chaton, une largeur de S millimètres.
Le chaton, pris dans la musse, est formé par un simple aplatis-
sement, sur 14 millimètres, de la tige, qui, dans cette partie, a une
largeur variant de 5 à 7 millimètres. Il présente, gravée en creux,
une croix à branches égales, accostée de deux C, qui sont apparem-
ment l'initiale redoublée du nom de la personne pour l'usage de la-
quelle le bijou avait été fabriqué.
4° CCXX. — ANNEAU AVEC MONOGRAMME
Cet anneau, recueilli dans la tombe d'une femme, est en bronze
et pèse 4 grammes 1/2; il a 18 à 19 millimètres d'ouverture; la
tige a, près du chaton, 6 millimètres de largeur. Sur le chaton, pris
dans la masse, est tracé légèrement, par un double trait au bu-
rin, un cadre ovale irrégulier de 12 millimètres de large sur 7 à
8 de haut. On y lit, en partant de la gauche (pour le lecteur), un G
mérovingien, un I, un E rétograde et un S : ces caractères forment
le nom de
TISE
1. Lettre de M. l'I). Delamain, du 16 juin 1890.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 257
génitif du vocable féminin G Isa, fort usité dans le haut moyen âge1.
Le mot Sirjnum est ici sous-entendu, ou peut-êlre et même proba-
blement le S placé à la fin de l'inscription, a, ainsi <|iie nous l'avons
remarqué déjà, un double emploi, comme élément composant du
vocable, et comme initiale du subslantif Signum.
5° CGXXI. — AUTRE BAGUE S1GILLAIRE û'iNTNUS
Cette bague aété recueillie au doigt d'un corps de femme, auprès
duquel on a trouvé, en outre, des agrafes, de petites fibules, un bra-
celet de perles incrustées d'émail, bleues, jaunes et noires à incrus-
tations blanches*.
Cet anneau est en argent très mince; il pesé 1 gramme 1/2 et a
18 millimètres d'ouverture. La lige a, à la partie antérieure la
plus haute, formant chaton, 5 millimètres. On y lit, gravées en
creux, les leltres :
INTNI.
1. Nous le trouvons notamment : 1° aux vu* et vin0 siècles, dans Ja mention
d'une fdle du roi des Rugit, Feltbeus ou Feva, et d'une fille du roi des Lombards
(Paul Diacre, Hist. Langobardor., lib. I. cap xix, et V, viu; apud Monum. Ger-
man.histor., édit. in-4, p. 19, 141 et 148); 2°au ix° siècle, dans le Polyptyque de
Saint-Germain-des-Prés, édit. A Longnon, p. 2; édit. Guérard, p. 1 ; 3° au
vmc siècle, dans les Tradition. Wizenburg., n° 67: 4° au xic siècle dans le Re-
cueil des chartes de Lorch(Coti. Laareshan, diplomatie., n° 597).
2. lettre de M. Ph. Delamain, du 16 juin 1890.
n
258
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX;
Le radical de ce nom, inl ou ind, se trouve dans un certain nombre
de vocables germaniques, notamment dans le nom masculin d'Jn-
duni\ et le nom féminin d'Intanini* qu'il convient de rapprocher
de notre anneau, puisque celui-ci a été trouvé au doigt d'une
femme.
6° CCXX1I. — ANNEAU S1GILLA1RE AVEC LIN1T1ALE M.
Voici un anneau en argent, trouvé au doigt d'une femme,
dont la tombe renfermait, en outre, deux agrafes en argent d'un
travail soigné, et une deuxième bague en argent, mais privée de
toute inscription, à la différence do celle qui fait l'objet de la pré-
sente notice3.
Celle-ci a 47 millimètres d'ouverture; la tige a 3 millimètres et
demi dans sa plus grande hauteur, à la partie antérieure formanl
chaton, et sur laquelle est gravée la lettre M, initiale du nom de la
femme pour laquelle le bijou avait été fabriqué et à laquelle il ser-
vait sans doute de cachet.
11 est à remarquer que, sur la queue des deux agrafes mention-
nées plus haut, la même lettre M est reproduite deux fois de cha-
que côté*.
7° CCXXIII. — BAGUE AVEC INSCRIPTION
Voici une bague en bronze, recueillie sur un squelette de femme;
aucun autre bijou ne l'accompagnait5.
Elle a 19 milljmètres d'ouverture; la tige, simplement ornée,
1. Goldast, Rerum Alamannicarum Scriplores, t. II, a. 102.
2. Dronke, Cod. Diplomatie. Fuldens. ann. 841, n° 531.
3. Lettre de M. Ph. Delarnain, du 16 juin 1890.
4. Ibid.
5. Lettre de M. Ph. Delarnain, du 25 septembre 1890.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 259
a, près du chaton, o millimètres de large. A droite et à gauche,
sous le chaton, une figurine en saillie, (l'un travail rudimentaire.
Le chaton, pris dans la masse, est de l'orme ronde et a 10 millimè-
tres de diamètre. On y a gravé en creux des caractères, où nous dis-
tinguons, en considérant l'inscription dans le sens de la tige de
droite et en partant de la gauche (du lecteur), un K et peut-être un
I, placé obliquement sur la haste de cette lettre, un A et un F. Nous
ne pouvons proposer aucune explication de ces caractères, où il
faut chercher le nom de la femme pour laquelle ce bijou avait été
fabriqué.
8° CCXXIV. — BAGUE AVKC CROIX GRECQUE
Cette bague a élè trouvée à la main droite d'une femme, dont la
sépulture contenait, en outre, un verre et deux agrafes '.
Elle est en argent et pèse 8 grammes. Elle a 19 millimètres
d'ouverture. La lige a 12 millimètres dans sa plus grande largeur
sous le chaton, 5 du côté opposé. Le chaton, soudé sur la tige, est
de forme ovale, avec 7 millimètres de haut sur 10 de large. La
croix qui y figure est un trait profond, fait au burin et rempli
d'émail noir; les quatre branches en sont fortement renflées aux
extrémités.
1. Lettre de M. Ph. Delamain, du 1G juin 1890.
l2()0 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
9" GCXXV. ANNEAU AVEC VERRE BLEU AU CHATON
Cet anneau a été trouve, à la main droite d'une femme, auprès
de laquelle on a recueilli, en outre, deux agrafes, et une quantité
considérable de perles d'ambre '.
Il pèse 5sr,90; il est composé d'un ruban d'argent, qui a été lé-
gèrement déformé, et mesure 21 millimètres d'ouverture entre le
chaton et la partie opposée, 19 millimètres 1/2 dans l'autre sens.
La tige a 1 1 millimètres de large près du cbaton, 3 du côté opposé;
elle est ornée, à droite cl à gauche, d'enroulements en relief, qui
y ont été soudés. Le chaton, de forme presque ronde, irrégulière,
a 9 millimètres dans sa plus grande hauteur, et 11 dans sa plus
grande largeur : c'est un morceau de verre bleu, serti dans du
bronze, lequel est serti lui-même dans de l'argent; il est accom-
pagné, en bas et en haut, de trois globules ou cabochons en ar-
gent. On y remarque des trous résultant d'un accident ou d une
dégradation causée par l'humidité.
10° CCXX.VI. — BAGUE AVEC RONDELLE DE GRENAT
Celte bague a élé recueillie, dans une des tombes de Herpès, en
1. Lettre de M. Ph. Delamain, du 16 juin 1890.
DES PHKM1ERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
26i
môme temps que deux boucles d'oreilles en os avec cabochons de
grenat, des perles et des agrafes à tètes d'oiseaux aux yeux de grenat'.
Elle est en or et pèse is',30. La tige est creuse, et le vide est
rempli par une pâte d'argile fine. Elle a 18 millimètres 1/2 d'ou-
verture; 8 millimètres dans sa plus grande largeur sous le chaton.
Dans celui-ci, qui est déforme ronde, et a 7 millimètres de diamè-
tre, on a serti une rondelle de grenat de b" millimètres; il est en-
touré d'un cordon de grènetis et accosté de groupes de globules en
or, qui se prolongent, à droite et à gauche, sur la tige.
11° CCXXYII. — ANNEAU AVEC PLAQUES DE GRENAT
Voici un bel anneau d'or massif, trouvé dans une des sépultures
féminines de Herpès, avec deux superbes agrafes en argent doré
et des perles de verre \
Il pèse 6 grammes. La tige est un ruban d'or, orné, de 7 milli-
mètres de large près du chaton ; elle a 18 millimètres 1/2 d'ouver-
ture. Le chaton, soudé sur cette tige, est une rondelle en or de
21 millimètres de diamètre, au centre de laquelle il y a une petite
plaque ronde, d'où partent douze rayons où sont serties des pla-
ques de grenat. Trois de ces plaques sont formées de deux pierres
séparées par une cloison en or, sans doute à défaut de pierres as-
sez grandes pour remplir chacun de ces trois rayons. Sous la ro-
sace, il y a, de chaque côté, quatre globules ou cabochons. Nous
avons d'autres exemples de ce mode de décoration.
12° GCXXV1II. — BAGUE AVEC INTAILLE ANTIQUE
La sépulture féminine où cette bague a été recueillie, renfermait
une plaque en argent, ornée de plaques de grenat et d'un gros ca-
bochon de grenat3.
1. Lettre de M. Ph. DeJamain, du 16 juin 1890.
2. Lettre précitée de M. Ph. Delamain.
3. Lettre précitée de M. Pli, Delamain.
262
ÉTUDE SUR DES ANNEAUX
Elle est en or massif, d'un poids de G grammes. Légèrement
comprimée, elle a 17 millimètres d'ouverture du chaton à l'extré-
mité opposée, taudis qu'elle n'en a que 1G de l'autre côté.
Le chaton, soudé sur la lige, est de forme légèrement ovoïde,
avec 15 millimètres 1/2 de hauteur sur une largeur de 14 milli-
mètres. C'est une intaille sur pierre dure noire, où Jupiter est re-
présenté assis, posant une couronne sur la tète de son aigle. Cette
intaille est évidemment un ouvrage de facture antique, dont on
s'est servi pour décorer la bague gallo-franque qui nous occupe A
un doigt de la main gauche de la femme qui portait cette bague, et
au-dessus de ce bijou, il y avait un anneau, simple cercle d'argent,
orné, à sa partie antérieure, de croix de Saint-André, et dont l'ou-
verture, exactement égale à celle do notre bague, indique que les
ilcux objets avaient été fabriqués pour la même personne.
Nous avons là un nouvel exemple de l'emploi, bien connu d'ail-
leurs, d'œuvres d'art païennes pour orner des anneaux beaucoup
[dus récents et de caractère chrétien '.
13° GCXXIX. ANNEAU AVEC DU CIUSÏAL TAILLÉ AU CHATON
La tombe oïi cet anneau a été recueilli, contenait, en outre, un
1. N09 XXIV, XXXIX, CXXXI, CXI, III, GCXIH, CCLXXXVl.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
263
vase en terre noire et quelques perles, qui indiquent une sépulture
féminine1.
Le bijou ici figuré est an cercle d'or jaune cliiir, qui a 17 milli-
mètres d'ouverture entre le chaton et la partie opposée de la lige,
18 clans l'autre sens. Le chaton parait avoir été ménagé à même le
métal, car il n'y a nulle trace de soudure ; il est de forme carrée,
mesurant 8 millimètres de côté; on y a serti un morceau de cristal
de roche, taillé à facettes. La hauteur totale du chaton, y compris
cet ornement, est de 6 millimètres, et le poids total de la bague est
de 4sr,50.
lis CCXXX. ANNEAU FORMÉ d'un RIIRAN DE MÉTAL ROULÉ EN SPIRALE
Parmi les nombreux bijoux recueillis par M. Delamain au cours
des fouilles de ÏFerpes, il y a un type d'anneaux dont nous faisons
figurer ici un spécimen. Il est toujours en argent : il consiste en
un simple ruban de ce métal, roulé en une spirale, qui est quelque-
lois de deux tours seulement, quelquefois de quatre, mais géné-
ralement de trois. La largeur et l'épaisseur de ce ruban varient
beaucoup 2.
La bague représentée en tète de cette notice a 19 millimètres 1/2
d'ouverture et une hauteur totale de 10 millimètres. Le ruban dont
(die est formée a 4 millimètres 1/2 de largeur.
15° CCXXXI. RAGUE AVEC ÉMERAUDE AU CHATON
Voici encore une belle bague, trouvée, avec divers objets de
toilette, dans une sépulture féminine de la nécropole de Herpès3.
1. Lettre de M. Pli. Delamain, du 13 novembre 1890. La faible ouverture de
la bague vient à l'appui de cette opinion.
2. Lettre de M. Ph. Delamain, du 16 juin 1890.
3. Celte tombe contenait une grande agrafe à rayons; deux boucles d'oreilles
à grenats cloisonnés; deux fibules perroquet, en argent doré ; un globe de cris-
tal de roche, serti dans de l'argent et suspendu au cou ; beaucoup de perles
d'ambre et de verre émaillé; et un beau verre en forme de cornet. (Lettre de
M. Ph. Delamain, du 10 mars I8">3.)
264 ÉTUDE SUK LES AMNEAL'V.
Cotte bague, qui est dans un état partait de conservation, est en
or jaune pur et pèse 8 grammes; elle a 19 millimètres d'ouverture;
sa tige, qui a 12 millimètres 1/2 près du chaton et 17 du côté
opposé, est bordée d'un cordon degrènetis, et ornée de dessins au
pointillé.
Le chaton est formé d'une émcraude, sertie dans une cuvette à
côtes, faisant une saillie de 6 millimètres sur la tige où elle est
soudée, et décorée, à sa partie supérieure, d'une double rangée do
grènotis; au dessus et au dessous de cette cuvette, une barre de
grènetis; à droite et à gauche, trois globules.
16° CCXXX1I. — BAGUE ORNÉE DE PALMES OU d'aRÊTES DE POISSON
Cette bague a été trouvée dans une sépulture féminine, où l'on a
recueilli, on même temps, des objets de diverse nature '.
t. lîu voici le délai! : au pied du squelette, une cuvette en bronze; aux cuis-
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
2(35
T'jst un ruban de bronze non fermé ni soudé, dont l'ouverture
esl le 21 à 22 millimètres, et dont la largeur, près du chaton, est de
8 millimètres 1/2.
Le chaton, ménagéà même le métal, est un parallélogramme de
12 millimètres de large sur 8 1/2 de hauteur, accosté d'un orne-
ment en forme do longues palmes ou d'arètesde poisson, en poin-
tillé, avec bordure pareille.
Sur le chaton, l'on voit, dans un cadre pointillé, la reproduction
d'une partie des ornements de la tige. Au centre du chaton, il y a
une petite barre. Le tout est gravé en pointillé.
17° CCXXX1II. — BAGUE AVEC GRENAT AU CHATON
Ce bijou a été recueilli dans une tombe féminine, qui contenait,
en outre, divers objets de toilet te '.
L'anneau, composé d'une simple bande de bronze, large de 3 mil-
limètres 1/2, a 19 millimètres d'ouverture. Le chaton, de forme
ronde, soudé sur la tige, avec un relief de 7 millimètres, a 9 milli-
mètres de diamètre. Il contient, dans un cercle de métal, un grenat
lapidé à plat.
ses, une fibule ronde en bronze doré; au buste, deux fibules cruciformes en
argent doré ; à la tête, une fiole en verre, pleine des traces d'un liquide rouge >
à droite de la tète, un très beau sceau en bois, cerclé de bronze doré et re-
poussé, et renfermant un verre à cornet.
1. Deux fibules d'argent en forme de perroquet, des perles en pâte de verre,
une boucle en fer, un cercle de bronze orné et une soucoupe, placée près de la
lètc de la défunte.
266 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
18° (XX XXIV. — ANNEAU AVEC COULEUVRE SOUDÉE AU CHATON
Cet anneau, trouvé dans une sépulture de femme', est formé
(i'un mince ruban d'argent, dont la largeur, près du chaton, est de
.*) millimètres. Il a 20 millimètres d'ouverture.
Le chaton est une mince plaque d'argent, ovale, de 19 milli-
mètres de hauteur sur 15 de large. Sur cette plaque, soudée à la
tige, est soudée en relief une petite couleuvre enroulée, d'argent
massif. Le tout porte des traces visibles de dorure.
19° CCXXXV. — ANNEAU AVKC Cil A TON EN FORME DE CROIX, COMPOSÉ DE
VERROTERIE
Ce bijou en bronze, qui porte des traces de dorure, ;i été recueilli
1. Cette sépulture renfermait, en outre, une autre baglie en spirale; un bassin
en bronze, renversé sur les tibias ; un anneau en bronze à la hauteur des ge-
noux ; une boucle en bronze; une clef en fer, suspendue à la ceinture; trois
fibules en argent doré, l'une carrée, une autre cruciforme, et la troisième en
forme de têtard; enfin, des perles en verre bleu foncé. (Lettre de M. Delamain,
du 18 janvier 1894.)
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
207
dans la tombe d'une femme, avec divers objets de toilette' et un
autre anneau quenous décrivons ci-dessous". Il a 18 millimètres \ /2
d'ouverture; sa tige en a 4 de large. Le chaton, qui y est soudé,
est formé de quatre grenats, qui entourent un carré de verre vert,
et sont sertis dans h1 bronze, formant une croix égale; il a, en son
ensemble, 18 millimètres mesurés dans les deux sens. Ce disposi-
tif se retrouve exactement sur une autre bague décrite plus bas'1.
20° CCXXXVI. — BAGUE AVEC FIGURE d'aNIMAL
Dans la sépulture féminine où le bijou ci dessus décrit a été trouvé,
on a recueilli celui dont il s'agit ici. C'est aussi une bague en
bronze, qui présente des traces de dorure. Elle a 20 millimètres
d'ouverture. Le chaton, ménagé à même le métal, est un bourrelel
ovale, de 11 millimètres de large, sur 7 de haut. On y voit, gravée
en creux, la figure d'un animal quadrupède, dont il est difficile de
définir l'espèce.
21° CCXXXVII. — BAGUE AVEC CHATON EN FORME DE CROIX, COMPOSÉ DE
VERROTERIE
Voici une bague recueillie, comme les deux précédentes, dans
une tombe de femme. Elle est formée d'un mince ruban d'argent.
Elle a 18 millimètres d'ouverture; la lige, qui a 5 millimètres dé
large, est ornée de qualre filets, dont deux en bordure.
Le chaton, soudé sur cette tige, se compose, comme dans le
1. Une tibule en argent, en forme de perroquet, ornée de grenats; une paire
de boucles d'oreilles; une boucle en bronze commune et des perles en verre.
(Lettre précitée de M. Delamain.)
2. N° CCXXXVI.
3. No GGXXXVII.
268
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
n°CGXXXV ci-dessus (mais avec un travail plus soigné), de quatre
grenats semi-circulaires, lapidés a plat, et au centré desquels il y
a un carré de verre, vert. Mesuré en son ensemble, il a dans les
deux sens 14 à 15 millimètres'.
22° GCXXXV1II. — BAGUE OCTOGONE, AVEC DESSINS A LA ROULETTE
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Voici une bague octogone, en argent massif, trouvée dans une
sépulture féminine. Elle a 19 millimètres d'ouverture, 2 millimè-
tres d'épaisseur et 6 millimètres de liauteur dans tout son pour-
tour.
Les dessins qui y ont été imprimés à la roulette, sont, d'après
une observation de M. Pli. Delamain, la reproduction des orne-
ments les plus usités pour la décoration des vases en terre recueil-
lis dans la nécropole de Herpès \
\. Celte sépulture contenait, avec le bijou que nous venons de décrire, deux
fibules en argent, forme perroquet, d'un bon travail ; une fibule ronde en ar-
gent, ornée de quinze grenats, au centre desquels une rondelle d'ivoire; une
paire de boucles d'oreilles, avec pendeloques cloisonnées; enfin des perles com-
munes. (Lettre précitée de M. Delamain, du 18 janvier 1<S94.)
2. Lettre précitée de M. Delamain. Les autres objets trouvés dans relie tombe
DES PHEMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
23° CCXXXIX. — BAGUE AVEC GRENAT AU CHATON
Cette bague en bronze a été trouvée clans une sépulture féminine
avec divers objets de toilette'; elle a 20 millimètres d'ouverture;
la tige, dont la largeur près du cbaton est de 6 à 7 millimètres,
est décorée d'ornements en zigzags, formés de tresses en filigrane,
comme les tresses du milieu, soudées sur le cercle et très usées.
Le cbaton, également soudé sur la tige, est composé de deux
tresses concentriques de filigrane, au centre desquelles est serti un
grenal lapidé à plat.
2i° GCXL. — BAGUE EN ARGENT A L'ÉTAT BRUT
O bijou, trouvé dans une sépulture masculine, est à l'état brul :
sont les suivants : une autre bague en argent, formée d'un simple cercle uni ;
un boulon en bronze; une fibule cruciforme en argent; une paire de boucles
d'oreilles avec deux perles d'ambre pour pendanls ; un anneau en fer; une
forte aiguille en fer ; un vase en terre grossière ; et un petit bronze de Fausta,
percé.
1. Voici le détail de ces objets : une pince à épiler, très ornée; deux agrafes
270
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
il n'a pas été retouché et porte encore des bavures de tonte1; il a
22 millimètres d'ouverture La tige, un peu au-dessousdu chaton,
a 2 millimètres d'épaisseur. Le chaton, pris dans la masse et de
forme ovale, a 21 millimètres dans sa plus grande largeur, sur 12
de hauteur; il est uni et était sans doute destiné à recevoir la gra-
vure d'ornements ou d'une inscription.
25° CCX.LI. — liAGUE AVEC CORNALINE AU CHATON
(letlc bague, de même que celle qui sera décrite ci-après, n'a
pas été recueillie au cours des fouilles opérées par M. Delamain
dans le cimetière barbare de Herpès; mais elle a été trouvée, il y
a vingt ans environ, dans ce village; et le savant et zélé archéolo-
gue, qui l'a récemment acquise, estime avec raison qu'elle doit
provenir de la riche nécropole, dont il a pratiqué l'exploration
d'une façon si intelligente et si fructueuse pour la science.
La forme du bijou, et celle du numéro suivant, sa fabrique et
son mode d'ornementation semblent d'ailleurs exclure tout doute
à cet égard.
L'anneau qui nous occupe est en argent, creux dans la masse;
en l'orme de hameçon double; une coupe élégante en terre noire ; et des perle*
en pâte de verre émaillé. (Lettre précitée de M. Delamain, du 18 janvier 1804.)
1. Lettre précitée de M. Delamain La tombe renfermait, en outre, les objets
suivanls : à la hauteur de la hanche droite, une francisque ou hache en fer; h la
ceinture, une boucle de ceinturon en bronze, un couteau à un seul tranchant
et trois clous en bronze qui tenaient sans doute à la boucle de ceinturon : à la
hauteur du coude gauche, une petite boucle ; enfin, près de la tête, une burclte
en verre.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
'271
il a 19 millimètres d'ouverture seulement. Sa tige, qui a 7 milli-
mètres 1/2 de largo près du chaton, se rétrécit à mesure qu'elle
s'en éloigne, et n'a plus que i millimètres du côté opposé; elle est
couverte de filigranes et de globules, qui la décorent très élégam-
ment.
Le chaton, de forme ronde, et soudé sur la tige, au-dessus de
laquelle il est en relief de 9 millimètres, a 15 millimètres de dia-
mètre à sa base. La cuvette de métal dont il est composé est ornée,
au pourtour, d'une rangée d'angles formant un dessin gracieux,
et d'un cordon de grènetis; et, à la surface, de deux cercles concen-
triques, dont l'un, celui du bord extérieur, est un grènetis, et dans
lesquels est enchâssée une cornaline.
26° CCXLH. — BAGUE AVEC GRENAT AU CHATON
Cette bague, de même que la précédente, a été trouvée au village
de Herpès, et provient, suivant toutes les probabilités, d'une sé-
pulture du cimetière barbare de cette localité'.
Elle est entièrement en filigrane d'argent : elle a 22 millimètres
d'ouverture, ce qui permet de supposer qu'elle était à l'usage d'un
homme. Sa tige, large de 10 millimètres dans tout son pourtour,
se compose de huit tresses de métal, soudées ensemble par la tran-
che.
Le chaton, de forme ronde, a 18 millimètres de diamètre; il est
soudé sur la tige, et comme celle ci en filigrane. Des huit grenats
qui y sont sertis, sept sont lapides à plat; le huitième est placé, au
centre, en cabochon.
1. Voir ce qui est dit, à ce sujet, dans le n° CCXIJ ci-dessus.
272
ÉTUDE SUR LliS ANNEAUX
Ce dispositif, semblable à celui de deux anneaux du cimetière
de Herpès précédemment décrits1, indique bien leur communauté
d'origine.
GCXL1II
ANNEAU AVEC i/lNITlALE G ET DEUX S AU CHATON, TROUVÉ A RIRON
(CHARENTE-INFÉRIEURE) 1
Voici un anneau recueilli par M. Ph. Delamain dans une né-
cropole barbare, par lui découverte en 1891. La tombe où il a été
trouvé renfermait, en outre, deux agrafes en argent à cinq rayons,
ornées de plaques de grenats lapidés à plat, et des perles de verre
émaillé3.
11 est en argent : il a 16 millimètres seulement d'ouverture, ce
qui indique qu'il était porté par une jeune fille ou un enfant. La
lige en est aplatie, à la partie antérieure, pour former un chaton
ovale de 5 à 6 millimètres dans sa plus grande bauteur, sur 9 1/2
millimètres de large. On y voit, gravées en pointillé, trois lettres,
disposées horizontalement (à la suite des unes des autres, un G mé-
rovingien (g) entre deux S. J'incline à penser que ce G est l'ini-
tiale du nom de la personne pour laquelle le bijou était fait, cl les
deux S qui l'accompagnent, l'initiale redoublée de Sigmim.
Nous avons un assez grand nombre de bagues portant, comme
celle-ci, l'initiale d'un vocable avec la lettre S, ou bien seulement
l'initiale du nom propre répétée ou isolée.
CCXL1V
BAGUE AVEC CHOIX, TROUVÉE A IilRON (cil AHENTE-INFÉRIEURe)
Cette bague provient, de même que la précédente, d'un cimetière
\. Voir, plus haut, les n°s CCXXXVII el CCXXXIX.
2. Biron est une commune dépendante du canton de Pons, arrondissement
de Saintes.
3. Lettre de M. Ph. Delamain, du 8 septembre 1891.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE 273
barbare de Biron. Elle a été recueillie dans une sépulture qui con-
tenait, en outre, deux agrafes en cuivre doré et des perles émaillée s1.
Elle est en argent ; elle a 19 millimètres d'ouverture. Le chaton,
qui est pris dans la niasse du mêlai, légèrement aplati à cet endroit,
est un ovale de 9 millimètres 1/2 de large sur 5 à 6 de hauteur au
centre. On y voit, encadrée dans un grènetis, une croix à branches
égales potencées, et accostée, aux deux bras, de quatre points dis-
posés en carré.
Le travail de ce bijou est tellement semblable à celui du numéro
précédent qu'on doit présumer qu'ils sont sortis l'un et l'autre de
la même officine.
GCXLV
anneau de crodolenus, trouvé dans le canton de surgères (charente-
inférieure) '
Le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale a récem-
ment acquis, par l'entremise de mon savant confrère et ami,
M. Anal, de Barthélémy, le magnifique anneau qui figure en tèle
de la présente notice. Le précédent propriétaire de cet anneau,
M. T. Gury, bijoutier à Saintes, interrogé sur sa provenance, a ré-
pondu qu'il l'avait acheté à une dame qui fait également, dans la
même ville, le commerce des bijoux, et à laquelle l'objet de cette
étude avait été vendu, peu de jours auparavant, « par un homme et
une femme delà campagne, qui ont dit être du canton de Surgères,
et l'avoir trouvé isolément dans la terre3. »
La précieuse bague qui nous occupe et qui est dans un état par-
fait de conservation, est en or jaune massif, d'un poids relativement
considérable (23sr,95). Elle a 22 millimètres d'ouverture. Sa tige a,
1. Lettre de M. Ph. Delamain, du 8 septembre 1891.
2. Le canton de Surgères dépend de l'arrondissement de Hochoforl-sur-Mer.
3. Lettre de M. Gury, du 14 mars 1894.
18
'274
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
près du chaton, 8 millimètres de large et 3 1/2 d'épaisseur; dans
la partie opposée, 5 millimètres de large et 2 1/2 d'épaisseur ; de
chaque côté, sont gravés deux groupes d'ornements comprenant
chacun, deux 8, et séparés par un troisième groupe, où sont repré-
sentés quatre Fers à cheval se touchant par leurs convexités.
A droite et à gauche du chaton, il y a trois globules ou cabo-
chons en or, disposés en feuilles de trètle, comme nous en avons
rencontré si souvent sur nos anneaux.
Le chaton, pris dans la masse, à 7 millimètres de relief au-des-
sus de la tige : c'est un ovale de 13 millimètres dans sa plus grande
hauteur, sur 17 de large : il se compose d'une cuvette de métal ser-
tissant une sardoine gravée, représentant deux chevaux devant un
abreuvoir; l'un, la tête baissée, se désaltère; l'autre a la tête relevée.
Le*tout, d'un travail médiocre, marque une basse époque, mais
néanmoins antérieure à la confection de la bague.
Au pourtour de la cuvette, est inscrit un nom, dont la quatrième
lettre a disparu par suite d'usure ; on y lit, commençant par un C
carré, CROssOLENO. La lettre effacée était indubitablement un D-
Crod ou Chrod ■=. Hrod est un radical germanique, qui est entré
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
275
dans la composition d'un grand nombre de vocables1. Plus spécia-
lement Crodo ou Chro do a /servi à former beaucoupde nomsen usage
à l'époque mérovingienne, te ls que Crodowinus, Chrodo-berlus,
Chrudo-boldm, Chrodo-vertus, Chrodo-bardtiï, etc. 2. Enfin, nous
trouvons, dans un diplôme de Dagobert Ier de 628, la mention d'un
liant personnage appelé Gkroiolenus3, et, dans une charte de 711,
celle de C/irudulinus, abbé de Saint-Pierre de Lens \
11 faut donc, sans hési'ation, lire, au pourtour du chaton de notre
anneau, le nom de ;
CRO D OLENO-
CGXLVI
BAGUE D'iWlCQORDA, TROUVÉE A CIERZAC (CHARENTE-INFÉRIEURE) '
La bagne que nous reproduisons ici a été trouvée par M. Vallet,
conseiller municipal de Gierzac, clans sa propriété, sise en celte
commune, etappanit.nl à M. André Dumontet, propriétaire à Ar-
chiac (Charente-Inférieure). Elle a été recueillie dans un sarco-
phage en pierre, avec deux fibules en argent doré, à cinq rayons
ornés chacun de plaques de grenat, et avec des perles d'émail ou de
verre, provenant sans aucun doute d'un collier \
La seule remarque qui ail été laite suc le squelette, c'est celle de
1. Voir dans Forstemann, Pcrsoncnnamen, col. 310, 322 cl 727-745.
2. Pardessus, Dipl. et ch., t. I, p. 212; t. II, p. 4, 88, 111, 112, 114, 128, 150
et pasiim.
3 Ibid., I. II, p. 2.
4. Ibid., t. II, p. 228.
5. La commune de Cier/ac dépend du canton d'Archiac, arrondissement de
Jonzac.
G Lettre de M. Dumontet, du 7 avril 1894.
270
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
la blanc heur des dents détail qui a été déjà signalé par les explo-
rateurs des sépultures visigothcs ou mérovingiennes de cette ré-
gion.
L'anneau est formé d'un ruban d'argent, présentant des traces
de dorure; il n'a que 17 1/2 millimètres d'ouverture, et ces faibles
dimensions, ainsi que la présence d'objets de toilette dans le sarco-
phage, font bien voir que nous avons là un bijou de femme.
Uni à l'intérieur, il est octogone au dehors; le huitième pan est
dépourvu de toute inscription et d'ornement quelconque; il ne se
distingue du reste de l'anneau que par des dimensions plus grandes
(10 millim. de large au lieu de 7, et 6 millim. de hauteur au lieu de
5). Sur les sept autres pans ou compartiments, sont très inhabile-
ment gravés en creux des caractères, dont la lecture diffère essen-
tiellement suivant le sens dans lequel on tourne le bijou.
Envisagé dans le sens où il est reproduil ci-dessus, il présente
les lettres suivantes : à droite du chaton (pour le lecteur), il y a un
I et deux V ; nu E ; Q 2 ; O, R, D el A non barré ; enfin un S barré ;
ensemble
IWEQORDA S(ignavi).
Si l'on tourne la bague, dans le sens opposé, on y lit, en partant
de la droite du chaton (pour le lecteur) : d'abord le S barré ; dans
le compartiment suivant, un A non barré et un D ; puis R, O, Q,
E, deux A non barrés ou peut-être un M, et enfin un I ; ce qui don-
nerait, pour l'ensemble, §[ignum) ADROQEAAI ou peut-être ADRO
QEMI.
Cette seconde hypothèse est inadmissible sous plusieurs rap-
ports et surtout, par cette raison péremptoire qu'il s'agit ici d'un
anneau de femme, ce qui exclut la possibilité d'un nom d'homme
au génitif de la deuxième déclinaison 3.
1. Lettre de M. Dumontet, du 7 avril 1894.
2. Quand j'ai publié pour la première fois cet anneau (Hev. archéol., année
1894, t. II, p. lj.j'ai admis comme possibie la valeur d'unG aussi bienque d'un Q
pour le caractère auquel j'attribue nettement aujourd'hui celte dernière valeur,
qui est, je crois, la vraie.
3. Il faudrait, en outre, faire du petil A non barré, ^ravé dans un angle du
deuxième compartiment, ta première lettre du nom, ce qui serait fort singulier
et invraisemblable; les deûx premières lettres des derniers compartiments
seraient bien plutôt deux A non barrés qu'un M ; or, ces deux voyelles, pla-
DES PREMIERS SIÈCLES Dl- MOYEN AGE
277
La première leçon n'est pas seulement de beaucoup préférable à
la deuxième ; elle est tout à fait satisfaisante, car elle nous fournit,
comme il le faut dans l'espèce, un vocable féminin ; et de plus, ce
vocable est composé normalement 1 des deux éléments suivants :
Iweou Iva, nom de femme usité dans l'onomastique germanique2,
et un autre nom de femme, Cota, sensiblement approchant du Corda
— Qorda de notre anneau \
DIOCÈSE DE POITIERS
ccxLvn
BAGUE A MONOGRAMME, TROUVÉE A ATRVAULT (DEUX-SÈVRES) *
Cette bague, célèbre par les discussions auxquelles elle a donné
lieu, a été découverte près d'Airvault. Après avoir longtemps ap-
partenu à feu 15. Fillon, dont les travaux de numismatique et d'ar-
chéologie sont justement réputés, elle est devenue la propriété de
sa nièce et unique héritière. Elle est en or pur, et ornée d'un cha-
ton de forme ronde, ayant 23 millimètres de diamètre, et aceompa-
cées à la suite l'une de l'autre, feraient un mot de formation peu acceptable a
priori.
1. Le A terminal a ici la place et la valeur qui lui conviennent, et l'on ne se
trouve pas en présence de ces deux A consécutifs que donne l'autre leçon.
2. Forstemann a noté : le nom de hoc (Personennamen, table, p. 1385, col. 2);
et le nom de Iva se rencontre dans le polyptyque de Saint-Germain-des-Prés
(édit. de Guérard, p. 94; édit. de Longnon, p. 123). On trouve enfin dans le
polypLyque de Saint-Rémi le nom composé de lve-Somu$ (édit. de Guérard,
p. 49).
3. Je signale dans Goldast (Rer. Alamannicar. Scriptores, II, a. 121), le nom
de Cotta. Voir aussi Fùrstemann, op. cit., col. 530 et suiv.
4. Airvaull est un chef-lieu de canton, dépendant de l'arrondissement de
Parthenay.
278
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
gné, tlo chaque coté, de trois cabochons ou globules en or, disposés
on fouilles de trèfle, qui sont, comme nous avons eu plusieurs fois
l'occasion de le faire remarquer, un des traits dislinctifs de la fabri-
que mérovingienne.
Sur le chaton, on voil un monogramme, dont les diverses par-
lies sont appuyées sur une arcalure, et au bas duquel il y a une pe-
tite croix. Le tout esl gravé onéreux.
M. l'abbé Auber, qui a le premier publié cet anneau1, a cru
trouver, dans le monogramme dont il est orné, le nom de sainte
lîadegondc, qui devint on 538 la femme de Clôt ure IEr, et mourut,
en 567, dans le monastère de Sainte Croix, qu'elle avait fondé à
Poitiers. Le docte ecclésiastique : suppose que le bijou, qui avait été
enlevé en 1562 par les protestants, a pu être porté par l'un d'eux
et rester avec lui, quelques années après, sur le champ de bataille
do Monconlour, voisin d'Airvault où il a été retrouvé.
Celle conjecture a élé combattue par .Iules Quicherat 2 et par
Edmond Le Blant*. Le savant auteur du recueil des Inscriptions chré-
tiennes de la Gaule, sans formuler d'ailleurs aucune proposition à
la place de celle du premier éditeur, a montré qu'elle repose sur
une erreur ou plutôt sur deserreurs de paléographie. « Trois lettres
essentielles me semblenl, dit-il, au moins douteuses. Le Irait où
l'on a vu le d esl une courbure soudée à l'intérieur de la ligne qui
terme à droite le monogramme; or, il existe, sous celte boucle,
une barre qui n'a point son emploi dans l'hypothèse avancée.
M. l'abbé Auber lui -mémo a proposé, dans ses notices successives,
devoir en deux endroits le s, qu'il esl en effet difficile de montrer
avec certitude. Le n qu'il reconnaît dans l'arcade extérieure du
chiffre ne me paraît guère acceptable. J'ai toujours considéré cet
arc comme un simple radie, dont la mode; vies temps mérovingiens
cerclait les monogrammes, afin de leur donner un aspect moins
diffus et, pour ainsi dire, plus de solidité. »
Ces réflexions sont justes \ L'arealure ne saurait avoir la valeur
1. Bévue de l'art chrétien, année 1863, p. 117, 583,631; année 1864, p. 420.
2. Mémoires de la Soc. des Antiquaires de France, t. XX VU, et. Bulletin de la
même Société, année 1864.
3. Inscript, ehrél. de la Gaule, t. II, p. 351, pl. LXXV, n° 4V2.
4. Sauf pour ce qui concerne la barre placée sous la boucle du prétendu </,
qui, dans l'hypothèse de M. Auber, représentait un i, et à laquelle nous don-
nons nous-même cette valeur. Il n'est pas non plus exact de dire que l'arca-
DES PREMIERS SiÈCLES DU MOYEN AGE
119
d'un y?, puisque nous on connaissons dans lesquelles cette lettre a
été tracée'. J'affirme que la lettre s n'existe point dans le mono-
gramme3 ; et ce que M. l'abbé Auber a pris pour un d, est un Ç ré-
trograde.
La leçon Uadegondis esl donc absolument inadmissible, ainsi que
louto interprétation qui impliquerait la présence dos lettres d, n,
et s, ou de l'une d'elles.
Voici comment s'explique, suivant moi, lè monogramme :
En partant, comme cela doit se faire normalement, de la partie
inférieure de gaucbe, je vois un G mérovingien rétrograde (9), at-
taché par son extrémité supérieure à l'intérieur de l'arcature ; au-
dessus, se détache le R; viennent ensuite : le E adossé k la droite
de l'arcature, le second 7, le O suspendu, une deuxième fois le R,
suivi 'le la barre ou trait droit du premier 7, et enfin le A final, ce
qui nous donne pour l'ensemble :
f GREGORIA
Ce nom était d'un usage assez fréquent au moyen âge. Il fut no-
tamment porté par une aïeule de l'évoque de Yaison, Aredius ou Pe-
trmnus, lequel confirmait, en 683 , les dons faits par celte matrone
au monastère de Groselle3, et la qualifiait episcopia'' .
Le titre d'episcopa, episcopia ou episcopissa paraît avoir été quel-
quefois attribué, soit à des femmes qui avaient élé les épouses
d'évoqués avant leur ordination, et qui, à la suite de cette ordina-
ture n'est toujours qu'un cadre, car il y a des exemples d'un demi-cercle gravé
au sommet d'un monogramme et dont les deu\ extrémités sont reliées par un
Irait horizontal, qui est la boucle d'un D couché. Voir le n" C.CXII.
1. R. Fillon, Considérât, sur les monn. de France, pl. II, Rev, Num., lre série,
année 1844, pl, I, n° 3; année 1854, pl. XII, n° 12. Annuaire de la Sor. franc, de
numismat. et d'nvchéol., année 1866, p. 117.
2. C'est pourquoi je ne m'explique pas que E. Le Riant ait dit, dans une pu-
blication plus récente, que le monogramme dont il s'agit «peut donner également
Radegondis, Aregondis, Andregondis, Gondegardis » (Instructions sur l'épigra-
phie chrét. de la Gaule et de l'Afrique rom., 1890, p. 38). Mon savant confrère
avait lui-même, dans le passage cité de son Recueil des inscriptions chrétiennes,
reconnu l'absence du S et même du N.
3. Silué dans un faubourg de la petite cité de Vaison.
4. « Ut quidquid... domnus Aredius sive Petruinus, pontifex urbis Vasensium,
vel avia sua domna Gregoria, epicopia, ad ipsum locum proficiat in augmen-
|um. » Pardessus, Dipl. et chart., t. II, p. 192.
280 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
tion, s'enfermaient dans des monastères pour le reste de leurs
jours1, soit aussi, suivant nous, à des matrones, dont les fils ou
petits-fils avaient été élevés au pontificat suprême ou à l'épisco-
pats.
CGXLYII]
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, TROUVE A LA TOUR (»EUX-SÈVRES) '
L'anneau de bronze, que nous reproduisons ici, a 20 millimètres
d'ouverture, 3 millimètres de hauteur du côté opposé au chaton.
Ce chaton, ménagé à même le métal, de forme légèrement ovale,
presque ronde, a -15 millimètres de large sur 14 de hauteur; il est
accompagné, à droite et à gauche, de trois points, séparés les uns
des autres par des entailles grossièrement exécutées, et imitant les
cabochons disposés en feuilles de trèfle, qu'on remarque sur un si
grand nombre de nos bagues.
Le chaton est orné d'un monogramme, gravé en creux par une
main inhabile, et composé d'un B rétrograde, d'un E, qui est à
l'autre extrémité du monogramme; d'un grand N. qui est au
centre; d'un I, qui se détache horizontalement de la haste du B
entre ses deux boucles. Revenant au ('entre, nous trouvons un G,
de forme onciale (6); un second N, plus petit que le premier; un S,
posé en travers de la barre médiane du grand N cl ayani la valeur
d'un S barré, c'est-à-dire de Signum ou Sigillum; enfin, une toute
petite1 croix, à peine visible, dans le second angle du grand N.
Le tout nous donne, avec le redoublement de | :
S\(gnnm) BENIGNI-
(le nom de Benignus fut, comme on sait, très usité au moyen âge,
1. Pardessus, ibid., note 1.
2. Voir, dans le Glossaire de Du Cange, l'exemple d*une matrone nommée
Theodora, mère du pape saint Pascal, mort en S24, et qui est qualifiée episcopa
{Glossar., édit. Didot, t. III, p. 58, col. 3).
3. La Tour esl un village situé près de Melle, chef-lieu d'arrondissement.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
281
particulièrement dans les périodes romaine et gallo-franque, et
illustre dans les iinnales do l'Eglise. On compte en effet quinze
saints personnages qui l'ont porté, et dont l'un fut, au 11e siècle,
l'apôtre de Dijon, sous le vocable duquel fut fondée la célèbre
abbaye de Saint-Bénigne1. Quatre d'entre eux ont vécu du ve au
vni° siècle, savoir : un évèque d'Armagh (province de TUlster, Ir-
lande),mort en 468s; un évèque d'Héracléei Macédoine), qui siégeait
en 553 un moine de Movenmoutier (Vosges), mort en 707* et un
abbé de Fontenelle, mort en 723*.
GCXL1X
anneau avec la lettre s et trois points, trouvé a la tour
(deux-sevres)
La bague en bronze, qui figure en tète de cette notice, a 22 milli-
mètres d'ouverture et 5 millimètres de hauteur, du côté opposé au
chaton ; à cinq endroits de la circonférence, des groupes de trois traits
chacun ont été tracés au burin. Le chaton, ménagé à même le mé-
tal, est de forme ovale avec 8 millimètres de large sur 10 de hau-
teur. Il est accompagné, à droite et à gauche, comme celui du n° pré-
cédent, de trois gros points, séparés les uns des autres par de pro-
fondes entailles et imitant les cabochons disposés en feuilles de
trèfle, qui, suivant une remarque déjà faite, se rencontrent fré-
quemment sur les anneaux mérovingiens.
Le chaton présente un S, accosté de trois points, placés, l'un en
;tvant, l'autre en arrière, le troisième au-dessous; je n'hésite pas à
voir dans le S pointé l'équivalent du S barré, avec le sens de Si-
</num ou Sigillum; et comme notre bague n° 2 a été recueillie dans
la même sépulture que le n° précédent, ft qu'elle présente également
1. Saint Bénigne mourut vers l'an 179. (Hit. littér. de l" Franc?, t. VI,
p. 179.)
2. Hardy, Descript. calai., t. I, p. 89.
3. Baronius, Annal., an. 553, 28.
4. Bolland., Aeta SS., mens. jul.,t. III. p. 205.
5. Pardessus, Dipl.et ch., t. Il, p. 307; Acta SS. ord. S. Bcned.,Ul, I, p. 348.
232
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
les trois cabochons accostant le chaton, je ne doute pas que les
deux objets ne soient l'œuvre rlu même orfèvre et n'aient appar-
tenu au même personnage.
Il est naturel de penser que le propriétaire de ces bijoux se bor-
nait, pour signer sa correspondance, à y apposer celui qui portait
son nom en monogramme (le n° I) et que pour souscrire les acles
où il figurait en qualité de partie ou de témoin, ii faisait précéder
ou suivre son nom de l'empreinte du deuxième cachet, c'est-à-dire
du sigle usité de Signum ou Sigillum.
Je ne dois pas négliger de rappeler, en terminant sur ce point,
que la ville de Melle [Metalum ou Metulum, du moyen âge), près
de laquelle nos deux anneaux ont été découverts, eut. sous les rois
de la première race, un atelier monétaire, dont quelques produits
sont arrivés jusqu'à nous'.
CCL
ANNEAU DE VIRIA, TROUVÉ A ROUILLÉ (DEUX-SÈVRES) 2
Cet anneau a élé trouvé, le 10 septembre 1863, dans une sépul-
ture mérovingienne, en un champ dépendant du domaine de
Rouillé et dit du Chiron-l Ardoise, commune de Villemain.
Feu M. Beauchet-Filleau, propriétaire à Chef-Boutonne, qui était
le possesseur de ce bijou, en a donné la description dans une in-
téressante notice insérée au tome XXIV des Mémoires de la Société'
des Antiquaires de l'Ouest*. Le savant archéologue ayant bien
voulu nous le communiquer, nous avons pu le faire dessiner sous
nos yeux.
1 Rev. numism. lre sût ie, t. IX, p, 390 el t. XVI, p. 25.
2. Rouillé est situé dans la commune de Villemain, canton de Clief-Boulonne,
arrondissement de Melle
3. Pages 273 et suiv. ; planche XIII, fig. 13.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
283
La bague de Rouillé, parfaitement conservée, est en argent :
elle a 0 millimètres de hauteur, 18 millimètres seulement d'ouver-
ture,ce qui indique qu'elle était à l'usage d'une femme. Le chaton,
ménagé à même le métal, est un ovale, simplement formé dedeux
traits au burin, points de départ d'enroulements qui se dévelop-
pent à droite et à gauche. Dans cet ovale sont gravés des caractères,
où nous lisons, comme l'a fait M. Beauchet-Filleau, le nom de
VIRIA-
Les quatre dernières lettres sont à peu près certaines, et quant
à la première, le seul trait qui reste ne peut être que la deuxième
barre oblique d'un V.
Nous n'avons pas d'exemple à citer du nom de Viria : le seul
vocable connu du moyen âge que nous puissions en rapprocher,
est celui de sainte Viridiana (sainte Vcrdienne), qui vécut dans la
première moitié du xur3 siècle1. Notre regretté confrère, Ed. Le
Blanl, ayant rencontré, dans une épitaphe de Maguelonne, le
nom de VIRA, va vu une altération de VERA2 qui a été, en eiïet,
usité (de même que le masculin VERVS qui y correspond; dans
l'antiquité et le haut moyen âge*. La légende de l'anneau de Viria
disposerait à penser qu'il convient peut-être de maintenir, là où
(die se trouve, la forme Vira.
CCLI
AUTRE RAG11E TROUVÉE A ROUILLÉ (dEUX-SÈVREs)
La sépulture où a élé trouvé l'anneau sagillaire de Viria, ci-des-
sus décrit, renfermait une deuxième bague en argent, dépourvue
d'inscription. Elle appartient, comme la première, à la collection
de M. Beauchet-Filleau, qui l'a également éditée dans le recueil
précité. Voici ce qu'il en dit : « Elle est formée d'une simple feuille
d'argent, assez mince; le chaton, qui était soudé au point où se joi-
1. Rolland., Acta SS., mens, febr., I. I, p. 255.
2. Nouveau recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, n° 324, p. 372.
E. Le Blant n'a même mentionné, dans sa table de noms propres, que celui de
Vera.
3. Il y a une sainte Vere, honorée à Clermout-Ferrand. Rolland., Acta SS.,
mens, jan., t. II, p. 593.
284
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
gnaient les deux extrémités, a été brisé, sans doute par le coup de
pioche qui a faussé d'une manière sensible la bague elle-même »
Ajoutons à ces renseignements que l'anneau dont il s'agit a
7 millimètres de hauteur et 22 à 23 millimèt res d'ouverture, ce qui
semble dénoter qu'à la différence du précédent, il était porté par un
personnage du sexe masculin.
CCLI bis
anneau décoré de dessins géométriques, trouvé a chef-boutonne
(deux-sèvres) *
Voici un anneau de bronze inédit, qui appartient à M. de Saint-
Marc, juge de paix à Niort, et dont les dessins m'ont été adressés
par M. P. van der Cruyssen, trésorier de la commission du Musée
do cette ville.
Il a 20 millimètres d'ouverture : sa tige a, près du chaton, 4 mil-
limètres de large. Le chaton, déforme irrégulière, a de 16 à i 7 mil-
mètres dans sa [dus grande hauteur, sur 20 dans sa plus grande
largeur : il esl orné de dessins géométriques tracés au burin.
1. Mémoire* de ta Suc. des Anti<inaires île COuest, I. p. 273; planche
XIII, fig. 15.
2. Chef-Boutonne esl un chef-lieu de canton, dépendant de l'arrondissement
de Melle.
DES PREMIERS SIECLES DU MOYEN AGE
285
DIOCESE DE PÉItlGUEUX
CCLÏI
anneau de jants, avec le symbole de la colombe, trouvé près
d'issigbac (dordogne)1
Voici une bague en argent, qui a été achetée en 1888, pour le
Musée archéologique du département de la Dordogne, par M. Mi-
chel Hardy, conservateur de ce dépôt, chez une marchande d'anti-
quités de Bergerac, qui l'avait elle-même acquise, peu de jours au-
paravant, d'un paysan d'Issigeae.
Elle a été déformée accidentellement, et a une ouverture ou
diamètre intérieur qui varie de 19 à 21 millimètres. La tige a
2 millimètres d'épaisseur. Le chaton, de forme ronde, soudé sur la
lige, a 11 millimètres de diamètre, et est accosté de trois cabochons
ou globules disposés en feuilles de trèfle.
Avant de décrire et d'expliquer les caractères et les ligures gra-
vés en creux sur le chaton, il nous paraît utile de reproduire ici
les observations que le savant conservateur du Musée de Péri-
gueux nous a communiquées touchant les procédés suivant les-
quels notre anneau a été confectionné : « La baguette cylindrique
et striée transversalement étant préparée, l'artiste, dit-il, en a
aminci au marteau les deux extrémités, les a fendues par la moitié
avec des cisailles, puis en a façonné les languettes terminales en
forme de fleurons ou volutes, les a aplaties fortement et puis sou-
dées sur la face inférieure du chaton; il a enfin soudé trois glo-
1. Issigeac est un chef-lieu de canton, dépendant de l'arrondissement de
Bergerac
286
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
bules d'argent sur la baguette, à droite et à gauche du chaton1 ».
Le graveur a représenté sur le chaton : 1° deux oiseaux, d'iné-
gales dimensions, le plus petit placé au-dessus du plus grand;
2° derrière ces oiseaux, trois points; 3° au devant d'eux, les trois
lettres IAN.
Le plus gros des oiseaux est, à nos yeux, le symbole du Christ,
comme il se trouve sur plusieurs des bagues ci-dessus décrites.
Le deuxième oiseau (c'est le seul exemple que j en aie rencontré
jusqu'ici) a peut-être la même signification symbolique que le pre-
mier.
Huant à l'inscription, où nous devons naturellement chercher
le nom du possesseur de la bague sigillaire, nous pensons qu'il
faut voir dans le groupe IAN, IANI avec le redoublement de l'ini-
tiale, le génitif du vocable [IANVS], qui, au moyen âge, fut em-
ployé comme l'équivalent de Joliannes, ainsi que cela a eu lieu no-
tamment pour Jean II, roi de Chypre et de Jérusalem en 1398, et
connu dans l'histoire sous le nom de Janus '.
DIOCÈSE DE 8 AXAS
CCL1II
ANNEAU SIGILLAIRE DE GULFÉTKUD, TROUVÉ A SAINTE-PETRONILLE (GIRONDE)
Cet anneau a été trouvé, en 1862, dans le cimetière de Sainte-
Pétronille (Gironde) 3. L'une des trois tombes que l'on découvrit
alors en cet endroit, se composait d'une auge en pierre de plus de
2 mètres de long sur 1 mètre de- large, recouverte d'une pierre eu
forme de toit. On y recueillit, avec le bijou qui nous occupe, un
style, vine épée de bronze et des scramasax en fer, une boucle de
ceinturon, une plaque en ivoire ornée de dessins et deux plaques
d'argent, reliées par des clous du même métal.
M. Grellet-Balguerie, auteur de celte importante découverte, la
1. Lettre du 3 mars 1890. C'est à l'aide de dessins cl d'empreintes envoyés
par M. Hardy que nous avons fait figurer l'anneau d'Issigeac.
2. Art de vérifier les dates, édit. in-8°, t. V, p. 15 î.
3. Commune de Gironde, canton et arrondissement de La Kéole.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
287
signala, le 2 décembre 1862, à la Société des Antiquaires de France,
dont il est associé correspondant ', et en fit le sujet d'une descrip-
tion, publiée sous le titre àWntiquilés réolaises*.
Notre bague, qui a passé, depuis, dans la collection de feu le ba-
ron Pichon, est en or lin, et pèse 10 grammes; la tige a 16 milli-
mètres seulement d'ouverture entre le chaton et le côté opposé. Le
chaton, soudé sur la tige, a la forme d'une couronne ou d'un ban-
deau circulaire, composé de quatre rangées de perles ou cabochons
superposés, et dont le relief au-dessus de la lige est de 3 millimè-
tres 1/2. La surface ronde du chaton, encadrée dans la rangée su-
périeure des perles ou cabochons, a 11 millimètres de diamètre.
On y lit. gravé en creux, le nom de
7VLFETRVD
Gulf—vidf', trud-z=.drud\ Gulfêtrud est donc égal à Vulfedrud.
Or, nous trouvons, au ixu siècle, la mention assez fréquente de Vul-
fedrudis 3.
Une première particularité à noter, c'est que le nom de la
femme pour laquelle l'anneau sigillaire avait été fabriqué, se pré-
sente ici dans sa pure forme germanique, dégagé de la désinence
latine*.
La deuxième observation à faire est que le sarcophage qui ren-
L. Le Bulletin de cette Société contient (année 1862, p. 193) une note, ac-
compagnée d'une reproduction du chaton de notre anneau, dont M. Grellet-
Balguerie était alors propriétaire, et qui a passé, depuis, en la possession de
l'eu le baron Pichon.
2. C'est grâce à une obligeante communication de cet antiquaire distingué
que nous avons pu reproduire l'anneau de Gull'étrud.
3. lo Dans le Polyptyque de Suinl-Gennain-des-Prés, p. 4 et 95 de l'édition
Longnon, 3 et 73 de l'édition Guérard; %' dans le Polyptyque de Saint-Rëmi,
édit. Guérard, p. 86.
4. Nous reproduisons plus bas (no CCLXVII) l'exemple d'un radical germa-
nique, qui a servi à composer de nombreux vocables.
288 ETUDE SUR LES ANNEAUX DES PREMIERE SIÈCLES DU MOYEN AGE
fermait ce bijou de femme était assurément celui d'un homme,
d'un guerrier. Ses grandes dimensions, les armes et la boucle de
ceinturon qu'il contenait, ne permettent aucun don le à cet égard.
Il faut donc penser (et nous ne voyons pas d'autre explication
plausible) que le guerrier dont Gulfétrud était l'épouse ayant sur-
vécu à cette dernière et ayant gardé l'anneau de la défunte, ce bi-
jou fut placé près de lui dans son cercueil. Nous avons enregistré
plus haut un fait pareil '.
1. Voir le n° CLXXX.
PROVINCE NARBONNAISE
DIOCÈSE DE MAGUELONNE, PLUS TARD
DE MONTPELLIER
CCLIV
ANNEAU AU SYMBOLE DU POISSON, TROUVÉ A MONTBAZIN (HÉRAULT)
Le Musée de Montpellier possède un anneau d'or fin, trouvé, en
1851, près du village de Montbazin. Cet anneau, qui a 21 millimè-
tres d'ouverture, est orné d'un chaton carré, formé de trois assises
en retrait l'une sur l'autre, et d'une hauteur totale de o millimè-
tres au-dessus de la tige. Ce chaton a 1 1 millimètres de côté à sa
hase, et 8 seulement à son sommet : il présente, gravé en creux,
un poisson nageant de droite à gauche (pour le lecteur), et il est
accosté de deux reptiles, difficiles à mieux définir, qui couvrent
une partie de la tige. Nous ne pouvons dire si le chaton et les rep-
tiles figurés à droite et à gauche ont été soudés sur la tige ou mé-
nagés à môme le métal1.
1. Notre regretté confrère, Al. Germain, à qui j'avais demandé de vérifier le
19
290
ÉTUDE SUK LES ANNEAUX
Feu Al Germain, le regretté doyen de la Faculté des lettres de
Montpellier et membre de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres, sur la proposition duquel la Société archéologique de
Montpellier avail l'ail l'acquisition de ce précieux bijou, le publia
en 1855, et en donna un intéressant commentaire1. Il rappelait, au
sujet du poisson, le rôle important qu'il avail eu dans la symboli-
que chrétienne; Clément d'Alexandrie, à la fin du ne siode, le ran-
geait parmi les emblèmes qu'il recommandait aux chrétiens de
son temps de faire graver sur les cachets de leurs anneaux2.
Quant aux deux reptiles qui accostent le chaton de notre bague,
Al. Germain se demandait s'il fallait y voir des chenilles ou des ser-
pents, symboles de régénération par le baptême ou la pénitence.
Relativement à la dale de la fabrication, notre savant confrère
estimait que, par son style et les emblèmes dont il était orné, ce
petit monument appartenait au V siècle.
De son côté, Edmond Le Riant a pensé, et avec raison suivant
nous, que la forme de noire anneau le reporte aux temps mérovin-
giens, et qu'il fournit une preuve nouvelle de l'emploi persistant,
dans les provinces de l'empire, du poisson symbolique, alors que
les chrétiens de Rome avaient depuis longtemps cessé d'en faire
usage a. La preuve de cette persistance se trouve dans une inscrip-
tion lapidaire de Trêves, de la fin du vi° siècle ou du commence-
rai!, m'écrivait le 9, janvier 18d6 : « Voici, l'anneau au poisson sous les yeux,
la réponse à voire questionnaire. Je n'oserais affirmer que le chaton ne soit pas
soudé à l'anneau; mais la soudure aurait été, dans ce cas, tellement déguisée,
qu'elle serait à peine perceptible. Il ne serait pas impossible qu'il en eut été de
même des deux reptiles affrontés qui encadrent le poisson. »
t. Mémoires de la Soc .' 'archéologique de Montpellier, année 1855, p. 137 cl
suiv.
2. Pœilagoyus, lib. III, cap. tl. Voici le texte de ce passage, particulièrement
intéressant pour l'histoire de la sphragistique :
" Tov 8out'j).iov oùx ÉV ap8p<o cpopr.TÉov toi; àvSscxo-t, yuvatxEîov yàp toOto ■ e'i; Se
tov |j.ixpbv 8âxrj),ov; xai toOto eiç tovo--/octov xaûiévxi • èVrai yip o'jtwç sOspyr); f] ye\p,
èv oî; aurr,; 8Éo|AE0a • xai où pâaTa ô o-Y]ixavTT)p àiroTrEo-EÎTat tîj [xeiÇovi toO ap9po\j o-jvos-
TEt tpO).).axo|j.£vo;. Al 8s o-çpayïôs; rjpïv k'ortov TteXstàç, îr\ tyOuç, r{ vxO; oùpavoôpo|xoOoa, r,
A'jpa [xo'jo-ix-fi, »j xéxpYjTat IloXuxparoC: î) Syxupa vcoitcxy); rçv Sé),s'jxoç svsxapdtTTSTO t9)
y).uçï) • xav â),(E'Jtov Tlî t\ 'AiroorôXou |.i.Ep.v?]asTai, xoù T<î>v eÇ-j'oaro; àvaT7ia>|jisvo>v Traioitov.
00 yip eîSoS).(jùv 7tpôo"<o7ta Èv^uotutkotÉov, oiç xoù Tipoai/siv a7tsîpr)Tou, ovSs |j.Èv £éço;, y}
tôSov, toi; E!pr(vr)v Sttoxoua'tv, î) xOo-s>,),oc toîç fftof povoûo-iv. »
:ï. Inscript, ehrét. delà Gaule, t. II, p. 427, n° 608.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
291
ment du vntf, autour de laquelle sont gravés deux poissons et deux
colombes '; la colombe élait aussi un des nombreux emblèmes du
Christ ?, et l'un de ceux que les fidèles faisaient fréquemment gra-
ver sur leurs anneaux.
1. Ibid., t. I, p. 370-371, n° 26t.
2. Voir notamment R. Garrucci, Eist. de l'art chrétien, t. VI, planche 410,
llg. 1 et 2, où l'on trouve représentée une série d'emblèmes du Christ.
I!
ANNEAUX DE PROVENANCES INCONNUES
CLASSÉS PAR LOCALITÉS
ET COLLECTIONS FRANÇAISES OU ILS SONT CONSERVÉS
PARIS
1° Itililiothèquc Nationale (Cabinet des Médailles) '.
CCLV
ANNEAU PORTANT, AVhC UNE EFFIGIE, LES INITIALES S-R-, DE PROVENANCE
INCONNUE
Ce bijou, après avoir appartenu à la collection de M. Jean Rous-
seau, passa, en 1848, dans les cartons du Cabinet des médailles,
de la Bibliothèque nationale.
C'est une bague en or pur, qui a 19 millimètres d'ouverture. Son
chaton, de forme ronde, est soudé sur les branches de l'anneau,
qui se prolongent, au-dessous, en forme de doubles patte , recour-
bées on volutes : il a 14 millim. de diamètre, et, aux points où il
se réunit à la tige, il y a deux globules ou cabochons, également
en or.
Sur le chaton, est gravée en creux une ligure de profil, avec une
partie du buste vêtue ; les cheveux sont rejetés en arrière.
Devant la face, est inscrite la lettre S ; du côté opposé, un R ré-
trograde.
1. A la série d'anneaux conservés au Cabinet des médailles et dont suit la
description, il faut joindre le n° CCLXVII, dont il a l'ait récemment l'acquisition.
294
ÉTUDE SCB LES ANNEAUX
Adrien de Longpérier, en publiant celle bague, dans sa notice
sur les monnaies françaises de la collection Rousseau, s'est ainsi
exprimé à son sujet1 : « Elle a été attribuée à Sigebert ; mais
quelques antiquaires se sont refusés à voir dans les deux lettres S-
R, Sigibertus Rex, par la raison qu'un sceau royal devrait avoir
plus d'importance,' affirmant de plus que, la lettre S ne pouvant
signifier que Sigillum, il fallait compléter le mot qui commence
par R au moyen d'un nom de particulier. On peut répondre à cela
que M. de Barthélémy a retrouvé et publié dans la Revue numisma-
tique' un sceau de Dagobert, de très petit module, et fait d'une ma-
tière beaucoup plus vulgaire, puisqu'il est de cuivre, et que, sur
ce sceau, comme c'est la coutume pour les sceaux mérovingiens,
le nom du roi n'est pas précédé de Sigillum. On doit encore ajouter
que le sceau d'or de Childéric, trouvé dans le tombeau de Tournay,
se rapproche beaucoup de celui-ci pour les dimensions. »
Malgré la grande autorité qui s'attache aux opinions de notre
éminent et regretté confrère et ami, nous ne croyons pas pouvoir
adopter son interprétation.
Les cachets apposés au bas des actes par les personnes qui y
figuraient comme parties ou comme témoins, ayant le caractère
de véritables souscriptions, les caractères gravés sur ces cachets
devaient évidemment se rapprocher le plus possible do celles que
présentent les actes écrits.
Or, nous ne connaissons pas un soûl exemple de diplôme ou ju-
t. Colle'it. Il')u*s., p. 35, cl pl. I, ftg. lOi. Cf. Hordier el Charlon, Histoire de
France par les ^monuments, t. t, p. 150.
2. T. VI, 1841, p. 177.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
295
gement émané de l'autorité royale, que le prince ait souscrit avec
la seule initiale de son nom. 11 est d'ailleurs difficile d'admettre a
priori que la volonté du souverain, dont l'importance el les consé-
quences étaient toujours si grandes, se manifestai sous cette forme,
et se manifestât ainsi habituellement, comme l'impliquerait l'exis-
tence d'un cachet portant simplement une initiale ?
Par contre, et si l'on ne trouve aucun exemple de ce genre dans
les actes royaux, il en existe dans ceux de particuliers, et nous
pouvons en citer un d authencité certaine. On voit, en effet, au bas
de la charte de fondation d'un monastère de femmes à Bruyères-
le-Châtel, par une matrone appelée Chrotilde, charte datée de
r>70-G72, des souscriptions de témoins, parmi lesquelles celle-ci :
« Signum E, vir inluster Ermenrigo'. » Ce personnage, nommé Er-
menric, se servait d'un cachet portant son initiale précédée du siglé
de Signum, soit S. E., comme celui qui nous occupe porte S. R.
En tous cas, il employait habituellement ce mode de souscription.
Il est donc rationnel de voir dans les lettres S.R. les initiales de
Signum et d'un vocable commençant par R, et non pas, comme l'a
pensé A. de Lôngpérier, celles de Sigibertus Rex.
cclvi
BAGUE AVEC SOU d'oR POUR CHATON, DE PROVENANCE INCONNUE
Voilà une bague en or, qui, après avoir, comme la précédente,
fait partie de la collection de M. Jean Rousseau, a également
passé, en 1848, au Cabinet des médailles de la Bibliothèque natio-
nale.
Elle a 22 millimètres d'ouverture ; son chaton est un si m d'or,
soudé sur les branches de la tige, qui se prolongent, au-dessous, en
forme de doubles pattes recourbées en volutes. Aux points de réu-
nion de la tige et du chaton, ont été soudes trois globules ou cabo-
chons en or, disposés en feuilles de trèfle.
Le sou d'or qui forme le chaton, porte le buste royal, vêtu du
paludamentum ; la tète, tournée à droite, est ceinte d'un bandeau,
terminé, sur la nuque, par trois bandelettes ; autour de l'effigie :
CHLOTÀRIVS R6X-
1. Cette charte a été reproduite, d'après l'original, par J. Tardif, Monum.
fcistor., Cartons des rois, p. 16; et Pardessus, Diplom.et ohart,, l. Il, p. 148.
296
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Au revers, c'est-à-dire du côté du sou d'or, appliqué aux branches
pattées de l'anneau, est gravée une croix fourchue au sommet et
aux bras, fichée sur une base, également fourchue aux deux bouts
et posée sur un petit globe. Sous les bras de la croix, les lettres
A.R. Entre deux cercles de perles, on lil :
• • HLOTAR • • VS RÇX-
Les points marquent les parties de la légende cachées sous les
supports du chaton. Ce bijou pèse 7s1', 3o.
Adrien de Longpérier qui a considéré, avec raison, celle bague
comme un objet évidemment contemporain des .Mérovingiens, a
attribué le sou d'or qui en est le chaton au roi Clotaire II.
GCLV11
AUTRE BAGUE DONT LE CHATON EST UN SOU d'0R, DE PROVENANCE INCONNUE
Voici une bague en or pur, qui est conservée au Cabinet des mé-
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
297
daiHes de la Bibliothèque nationale '. Elle est formée : 1° d'une
mince tige d'égale dimension dans tout son pourtour, et qui a
22 millimètres d'ouverture; 2° du revers d'un sou d'or, imité des
monnaies byzantines et qui lui sert de chaton. On y représenta,
suivant l'usage, une Victoire ailée, de face, tenant de la main droite
une couronne et de la gauche un globe crucigère. On voil au-des-
sous, une petite croix; en légende circulaire,
VICTVRIA AC- ... TORVN
formule corrompue de
VICTORIA AVGVSTORVM
En exergue,
CONOB
Cette monnaie, dont les marques du droit ont été effacées, a été
soudée sur la tige à l'aide de deux pattes terminées en volutes :
elle est accostée, à chacun des deux points de réunion avec la tige,
de trois globules ou cabochons disposés en forme de trèfle.
GCLYHI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
Voici une bague en cuivre, sur laquelle on observe de nombreu-
ses traces de dorure. Elle est conservée dans les vitrines du Cabi-
net des médailles de la Bibliothèque nationale, mais sans numéro
d'ordre sur le catalogue.
Elle a If) millimètres d'ouverture; la tige, qui a 9 millimètres
de largeur sur loul son pourtour, es[ décorée d'ornements gravés
en creux.
Le chaton, ménagé à même le mêlai, est de forme carrée avec
1. Cet objet porte sur le catalogue du Cabinet des médailles les nos 2929 et
P 2755.
298
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
11 millimètres de côté, cl porte, également gravé en creux, un mo-
nogramme, qui se déchiffre assez aisément, On y voit, très appa-
rentes, les deux lettres initiales FO; un V et un A non barré, for-
més par les hasles du F et du E final et le Irait oblique intérieur;
un N, puis le E final, ce qui donne :
FOVANE
génitif de Fovana, Le nom de Fova fut assez usité pendant le haut
moyen âge : car nous le voyons porté par un évèquc de Chalon-sur-
Saône, qui gouverna ce diocèse de 817 à 837 1 ; et il est permis,
comme nous l'avons fait observer déjà, d'admettre le nom féminin
qui y correspond. La déclinaison de ce vocable au génitif implique
que l'on a sous-entendu Sifjnum ou Sigillum.
CCLIX
BAGUE AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
Ce bijou en or pur est conservé au Cabinet des médailles de la
Bibliothèque nationale1. 11 a 18 à 19 millimètres d'ouverture; il
est formé d'une tige massive, ronde et unie, de 4 millimètres d'é-
paisseur, et d'un chaton qui y a été soudé et présente un reliet de
4 millimètres au-dessus de la tige. Sur ce chaton, qui est de forme
ronde, et a 13 millimètres de diamètre, est gravé en creux, dans
un cercle de grènetis, un monogramme, où l'on trouve les lettres
S, O, L, A, un T qui domine et relie toutes les parties de l'inscrip-
tion, et la lettre | ligurée par un des traits droits du monogramme ;
nous avons tous les éléments du nom de
SOLATII
1. Patrolog. latin., t. CIV, p. 77.
2. Il est inscrit au catalogue sous le n° 2962.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AC.E
'200
génitif de Solatius, qui se rencontre dans des actes du haut moyen
âge1. Le mot Signum est sous entendu.
CCLX
bague d'abto, de pkovenaïsce inconnue
Nous reproduisons ici une bague en or un peu pâle, apparte-
nant au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, clans
le catalogue duquel elle est inscrite sous le n° 2921.
Cette bague se compose d'une mince tige, qui a 20 millimètres
d'ouverture, et d'un chaton de forme ronde, qui y est soudé.
Sur ce chaton, dont le diamètre est de 13 millimètres, on voit
grossièrement figuré un oiseau, sans doute la colombe, qui est un
des emblèmes du Christ. Au-dessus du dos de cet oiseau, on lit les
trois lettres ABT auxquelles vient se joindre un O gravé entre les
pattes de l'animal, ce qui donne le nom de
ABTO
L'Eglise honore un saint nommé Apto, qui fut évêque d'Angou-
lème au vie siècle \
D'un autre côté, il y a un saint nommé Abdon, qui mourut à
Rome au iue siècle 3.
Dans le premier de ces vocables, un P remplace le B de notre
inscription sigillaire. Dans le second, un D remplace le T. Mais
l emploi de ces lettres les unes pour les autres n'a rien que de très
normal, et ne saurait faire obstacle au rapprochément que nous
indiquons.
1. Le Cartulaire de Saint-Victor de Marseille contient plusieurs chartes où
figurent des témoins de ce nom. Voir des chartes de 1182, t . Ie1', p. 250; de 1185,
t. II, p. 587; de 1193, ibid., p. 445; et de 1227, ibid., p. 376.
2. Holland., Acta SS., mens, octobr., t. XI, p. SS5.
3. M., ibid., mens, jul., I. VII, p. 130.
300
ÉTUDE SUR DES ANNEAUX
CCLXI
BAGUE AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
Voici une autre bague inédile en or, qui est conservée au Cabinet
des médailles de la Bibliothèque nationale1.
La tige a une ouverture de 20 millimètres; sa largeur est de 9 a
10 millimètres près du chaton, de 4 millimètres seulement du côté
opposé.
Le chaton, soudé sur la baguette, est un carré irrégulier de
11 millimètres de largeur sur 9 de hauteur. Dans un cadre tracé
par des lignes de perles ou de grènetis, il y a un monogramme
compliqué, dans lequel on distingue les lettres suivantes : en par-
tant de la base du côté droit (à gauche du lecteur), un G mérovin-
gien (<7), appendu au sommet extérieur de la première perpendicu-
laire; un L au bas; à l'intérieur, un A et un N liés; un I au dessous;
un C au-dessus; à droite (pour le lecteur) un E; et dans l'angle, un
S, séparé du monogramme.
Cette dernière lettre paraît être ici l'initiale de Signum.
Les autres caractères, groupés dans l'ordre ci-dessus, donnent
le nom de GLANICE, génitif de GLANICA; el l'inscription de notre
anneau se lirait :
GLANICE S[ignum)\
1. Elle est inscrite au catalogue sous te n° 2935.
?. Nous n'avons pas encore rencontré d'exemple de l'emploi de ce vocable au
moyen âge.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
301
PARIS
2° Musée du Louvre.
CCLXII
ANNEAU SIGILLAIRE DE TRASILDUS, DE PROVENANCE INCONNUE
Parmi les bijoux compris clans la belle collection léguée à l'État
par M. le baron Davilliers, et conservés au Musée du Louvre, se
trouve la bague reproduite en tête de' cette notice. La provenance
en est inconnue.
Elle est en or fin et d'une conservation parfaite; elle a 16 milli-
mètres d'ouverture, et, au pourtour, une épaisseur de 3 millimè-
tres. Elle est ornée d'un chaton carré, de 9 millimètres de côté,
dans lequel pénètrent les branches de la tige; aux deux points de
jonction, trois globules ou cabochons également en or, disposés
en feuilles de trèfle.
Au centre du chaton, est inliabilement gravé en creux un oiseau,
vu de trois quarts et tourné à droite1. En deux lignes, accostant
cet oiseau, se lit le nom du propriétaire du bijou, précédé d'une
petite croix grecque :
+ TRA - col LAI
TRASILDI, avec un A non barré, un S couché, et un D triangulaire
en forme de delta renversé.
D'après le génitif Trasildi, on a sous-entendu le mot de signum
ou sigillum.
1. La queue en éventail de cet oiseau donnerait à penser que c'est un paon,
si l'absence d'aigrette ne devait faire écarter cette idée. Il est très vraisem-
blable qu'on a voulu figurer ici la colombe, qui est, ainsi que nous l'avons dit
plus haut, un des emblèmes du Christ.
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Nous n'avons pas d'exemple du nom de Trasildus, que nous puis-
sions citer ici; mais nous connaissons un certain nombre de voca-
bles, comme Trasilane, affranchie1 par le testament d'Erminelrudis 1 ;
Trasibrictus, témoin au testament d'Irmina, abbessc d'Oereen
(province de Trêves)2; et Trasîmirus, personnage laïque, quai i lit'1
procer, et assistant au xine concile de Tolède, tenu en l'an 681 3. Ces
vocables sont formés sur un thème qui leur est commun avec Tra-
sildus1'.
CCLXIll
ANNEAU AVEC INSCRIPTION, DE PROVENANCE INCONNUE
Ce bijou lait partie, comme le précédent, de la collection léguée
par M. le baron Davilliers au Musée du Louvre.
11 est en or pur, 1res bien conservé; il a 18 millimètres d'ouver-
ture; le pourtour a 3 millimètres de hauteur du côté opposé au
chaton. Ce chaton, de forme ovale et ménagé à même le métal, a
17 millimètres dans sa longueur, sur 10 millimètres de hauteur au
centre, et présente, gravés en creux sur deux lignes, les carac-
tères suivants :
SF3
SIX-
La 3e lettre de la première ligne est, je crois, inscrite dans le
sens rétrograde, et celte ligne doit être lue SFE : au commence-
ment delà deuxième ligne, il ya un caractère dont la signification
1. Ann. 700, dans Pardessus, Diplômes et Chartes, t. II, p. 258.
2. Ann. 698; ibid., p. 252. Les chartes attribuées à Irmina sont générale-
ment regardées comme fausses ou gravement interpolées ; mais elles sont an-
ciennes et conservent une certaine valeur.
3. Dans Ph. Labbe, Collect. maxim. conciliai'., t. VI, p. 1270.
4. On peut encore rapprocher de ce mot les suivants : Trasamundus ou Tra-
semundus, roi des Vandales ( Ï96-523), et les noms de trois monnayers de la
période gallo-l'rauque : Trasemundus, Trasoaldus et Tradulfus. Cf. Anal, de
Barthélémy, Liste des Monnayers, elc. ; in Biblioth, de l'Êc. des chartes, année
1881.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
303
est difficile à déterminer, mais où il est assez rationnel de voir un
X. .Te ne suis pas en mesure de donner de l'inscription une expli-
cation satisfaisante'.
CCLXIV
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
Voilà une troisième bague de la période gallo-franque, comprise
dans la collection léguée par M. le baron Davillicrs au Musée du
Louvre.
Elle est en or, comme les deux précédentes, et d'une conserva-
lion parfaite. Elle n'a que 16 à 17 millimètres d'ouverture, ce qui
donne lieu de présumer qu'elle a dû appartenir à une femme. Le
pourtour a 2 millimétrés de hauteur du côté opposé au chaton. Ce
chaton, de forme ronde, et de 11 millimètres de diamètre, est soudé
aux deux branches de l'anneau; il est orné, au centre, d'un pelil
cercle, renfermant un point, et de la circonférence duquel se déta-
chent, à distances égales, quatre traits droits, portant chacun une
lettre à son extrémité.
Ces lettres, gravées tout au bord du chaton, sont, en allant de
droite à gauche :
S R S E .
Au centre, il y a un o> et nous avons, pour l'inscription entière,
la leçon suivante :
S [Signum ou Sigillum) ROSE-
Ce nom était, comme on sait, fort usité dans le monde romain ;
plusieurs saintes l'ont porté, notamment une femme qui fut mar-
tyrisée, avec son fils Platanus, sous le règne de l'empereur Trajan V
1. Quand j'ai publié pour la première fois cet anneau (Rev. ardhéol., année
1885, t. Ier, p. 306-307), j'avais proposé, d'une façon dubitative, d'y lire FELI-
CIS; mais cette conjecture me semble décidément n'avoir pas de base suffi-
sante, et je crois devoir y renoncer.
2. Bolland., Acta SS., mens, septemb. t. I, p. 107.
304 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
PARIS
3° Feu le baron Pichon (collée! ion de)
GCLXV
ANNEAU SIGILLA1RE d'aBBON, DE PROVENANCE INCONNUE
Cet anneau d'or, qui a appartenu à M. Charvet, puis à feu Jien-
jamin Fillon, a passé dans la collection de feu le baron Pichon. lia
23 millimètres d'ouverture, et il est orné d'un chaton de forme ar-
rondie, mais irrégulière, qui a de 13 à 1 4 millimètres de diamètre,
et porte, autour d'une tète nue, grossièrement gravée, cette ins-
cription :
+ ABBONESO.
On a jusqu'ici considéré cette inscription comme représentant le
nom d'un personnage appelé Abbotiesi/s1. Mais ce nom est entière-
ment inconnu, tandis que celui d'Abbo fut non seulement très usité,
mais même célèbre dans le haut moyen âge : c'est celui de plusieurs
saints évèques, abbés et prêtres*, de personnages laïques 3 , de moii-
1. E. Le Blant, Inscript. chrét. de la Gaule, t. II, p. 351 , n° 575 A;
planche LXXIX, fig. 476.
2. Bolland., Acta SS., mens, april., t. II, p. 388; Mabillon, Acta SS. Ord.
S.Bened., IV, n, p. 573; VI, i, p. 30; Pardessus, Diplom. et chart., t. I, p. 74.
98, 127, 224; t. II, p. 18, 39, 141, 370.
3. Pardessus, loc. cit., I. II, p. 479, et I . I, Prolég., p. 272; t. II, p. 131,143,
334.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
305
nayers des temps mérovingiens1, parmi lesquels il faut mentionner
le directeur de l'atelier royal de Limoges au commencement du
vne siècle, le premier patron de saint Eloi2.
Nous sommes très porté à penser que c'est un personnage de ce
nom qui, vers le même temps, fut le possesseur de notre anneau.
Si l'on adopte ce point de vue, il faut détacher d'ABBONE la syllabe
SO, comme nous le ferons plus bas pour la syllabe SV du cachet de
ROCCOLANE, où nous montrerons qu'il faut voir les premières
lettres de SW{bscripsi)3.
Quant à la forme SO pour SV, il y a dans l'épigraphie de cette
époque, tant d'exemples de la substitution de la lettre 0 à la lettre
V, qu'elle n'a rien d'insolite, et peut être admise sans difficulté1.
A l'égard de la déclinaison à'Abbo à l'ablatif (Abbone), nous la
trouvons aussi dans les chartes de la première race, où les parties
et les témoins souscrivaient souvent avec leur nom à l'ablatif3.
Il nous paraît donc que la légende de notre bague doit être ainsi
entendue :
+ ABBON (j{bscriplsi) pour SV[bscripsi).
1. Voir notamment d'Amécourt, Descript. des monn. mérov. de Chalon-sur^
S'iône, p. 37 et n° 40.
2. VitaS. Eligii, auctorc Audoe'no; dans d'Achery, Spicileg., édit. in-i, t. V,
p. 157.
3. Voir plus bas le n° CCLXV1II.
4. Cf. E. Le Blant, lnscrip. chrét. de la Gaule : Tomolo, Tomulo et tumolo, pour
Tumulo, planches IV, fjg. 13; VI, 24, 25; VIII, 34; XI, 42; XII, 57; E. Le Blant
(iSouv. rec. des inscript. chrét. de la Gaule, Paris, 1892, p. 145) admet, comme je
l'ai fait quand j'ai décrit noire anneau pour la première fois en 1886 {Rev.
arch., ann. 1886, l. II, p. 41), que la syllabe SO doit être détachée du nom,
mais il propose d'y voir le verbe sum, c'est-à-dire la déclaration pour l'anneau
lui-même qu'il appartient à Abbon. Celte interprétation me paraît inadmissible
par plusieur raisons dont le lecteur trouvera l'exposé dans une autre partie du
présent ouvrage ( Voir l'Introduction, § 5, n. III).
5. Voir J. Tardif, Monuments historiques, carions des rois, p. 11, 12, 17,20.
23, 32. Au bas du testament d'Erminelhrude (vers l'an 700), on lit : « Ermene-
thrude banc testamentum subscripsi ». Ibid , p. 3i.
20
306
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
CCLXVI
ANNEAU DE WICAEL, DE PROVENANCE INCONNUE, AVEC L'ACCLAMATION McCUVl
vivas in Deo
Ce bijou fait partie, comme le précédent, de la collection do feu
le baron Pichon, qui l'avait acquis de M. Castellani. Il est en or
pur, a 22 millimètres d'ouverture, et se compose d'une tige massive,
sur laquelle est soudé un chaton également en or. Au point de-
réunion du chaton et de la tige, celle-ci a une largeur de 10 mil-
limètres, et est ornée de guirlandes sur deux de ses faces exté-
rieures.
Le chaton présente deux assises, dont l'une, l'intérieure, a
1S millimètres de longueur sur 10 de largeur; l'assise supérieure,
en retrait sur la première, a 12 millim. 1/2 de longueur sur 8 1/2
de largeur.
Sur la surface de ces chatons, sont incrustées trois pierres : un
rubis de forme rectangulaire, accosté de deux petites émeraudes de
forme circulaire.
Sur une face de l'assise inférieure du chaton sont gravés en creux
ces deux mots :
MICAEL MECV (mecum)
et sur la face opposée :
VIVAS IN DEO
C'est assurément une bague donnée par une jeune fille à son fiancé
ou par une femme à son mari.
Mon regretté confrère E. Le Blant a publié 1 deux exemples de
l'acclamation Vivas mecum : l'une, en grec, relevée sur une agate
1. 760 inscriptions sur pierres gravées inédites, p. 126, n° 328, et p. 127,
n° 329.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
307
du cabinet de Bascas de Bagaris, l'autre en latin, relevée sur un
anneau de bronze qu'il avait vu à Rome, dans la collection de
M. Gastellani. Celle-ci, gravée en rétrograde et portant le chrisme
au milieu, est ainsi conçue :
COI I
M * E V
I VAS
Con (pour cwri) me vivas
CCLXVII
BAGUE SIG1LLAI RE DE GUND1S, DE PROVENANCE INCONNUE
La bague en or, que nous reproduisons ici, a fait partie de la col-
lection de feu le baron Pichon *.
Le chaton, de l'orme presque ronde, a 19 millimètres de haut (y
compris une bordure en relief striée), et 21 millimètres de large (y
compris deux triangles gravés à droite et à gauche, où l'on voit des
globules ou cabochons en or).
Dans le champ, divisé en deux compartiments superposés et sé-
parés par un trait horizontal qui relie les deux triangles latéraux,
on lit, gravé en deux lignes, et précédé d'une croisette, le nom de
( (lundis),
forme latinisée du radical germanique Gund.
Ce nom, qui est entré comme ('dément composant dans de nom-
breux vocables germaniques3, a été, isolément, d'un usage peu
t. E. Le lilant a l'ait observer que le mot cum, dans les épitaphes, est souvent
écrit CVN, KOYN et CON, et que les exemples de la substitution de l'N à M
sont d'ailleurs des plus fréquents sur les marbres (Ibid., p. 126, note 2}.
2. Elle appartient actuellement au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque
nationale.
3. Gundi-bergn, Gtmdi-hild, Xdsi-gundis, Fvide-gundis, Sene-gundis , Rade-
308
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
commun. La seule mention que nous fournissent les monuments
historiques, se trouve au viue siècle, dans le recueil des chartes de
la célèbre abbaye de Lorsch', et l'intéressante bague de la collec-
tion du baron Pichon est le seul exemple archéologique que nous
en connaissions.
ANNEAU DE ROCCOLA OU ROCCOLANE, AVEC CHATON TOURNANT ET DOURLE
Le bijou ou, plus exactement, le fragment de bijou que nous re-
produisons ici, est une rondelle en or (in et pourtant un peu pâle,
ayant 11 millimètres de diamètre, 3 millimètres d'épaisseur à la
tranche, et pesant 2 grammes. Elle se compose de deux plaquettes
soudées l'une sur l'autre; chacune de ces plaquettes porte une lé-
gende gravée avant la soudure, et l'une d'elles a un chrisme dans
le champ.
Cette rondelle a évidemment formé le chaton d'un anneau aujour-
d'hui perdu, car, sur deux côtés opposés de la tranche, on voit très
apparentes les cassures des deux pivots en fer qui y étaient primi-
tivement fixés et pénétraient dans les deux branches de cet anneau,
et sur lesquels tournait le double chaton.
J'ajoute que cette portion du bijou y était ainsi enchâssée de ma-
nière à présenler, en tournant, l'inscription de chaque face dans le
sens où elle devait être lue.
Le symbole religieux et les caractères qui y figurent sont d'une
bonne exécution pour l'époque; de même style que ceux qu'on voit
sur les meilleures monnaies de la fin du vie siècle et du premier
tiers du vu0, ils font remonter la confection de notre petit monu-
ment aux temps de la première dynastie franque.
gundis, et beaucoup d'autres, dont Forslemann a réuni 74 exemples (Personeii'
namen, col. 555-556).
1. God. Lauvesham. diplomatie, n° 2101, cite par Fôrstemann, ubi supra.
Lorsch est dans le grand-duché de Hesse-Darmstadt.
CCLXV111
INSCRIPTION, DE PROVENANCE INCONNUE
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
309
Il appartenait à l'intéressante collection de feu Benjamin Fillon,
et il est devenu la propriété de la nièce et héritière de ce savant.
M. Feuardent, qui en a été momentanément détenteur, a bien voulu
me le confier, et c'est à son obligeance que j'ai du de pouvoir en
faire la publication. On ne possède d'ailleurs aucun renseignement
sur la localité, l'époque et les circonstances dans lesquelles il a été
trouvé.
Des deux faces du chaton, l'une porte le chrisme dans un cercle,
et, autour de ce cercle, la légende suivante, précédée d'une croi-
sette :
* ROCCOLAI^ESV
(Roccolane su).
Sur la deuxième face, sont gravées trois lignes superposées, dont
chacune est surmontée d'une barre qui la couvre :
WAR
ENBERTV
SDEDI
[Warenbertus dedi).
Le nom de Warenbertus se retrouve, avec une très légère diffé-
rence, dans le Warembertus d'une charte de l'archevêque de Trêves
Léodanus, de l'an 706', et dans le Warimbertus du polyptyque
d'Irminon 2.
Le testament d'Erminétrudis, dressé vers l'an 700, nous offre le
nom de femme Roccidane, presque identique au Roccolane de notre
bijou. Cette même terminaison, qui servait indifféremment pour
tous les cas de la déclinaison3, se rencontre fréquemment dans
1. Pardessus, Uiplom. et chart., t. II, p. 269. Ce personnage est qualifié près-
biter, et il est dit, dans la charte, que c'est lui qui l'a écrite sur l'ordre de l'ar-
chevêque et avec la permission de sou seigneur Huncio, qualifié presbiter et
admanuensis.
2. IX, 4, édit. de Guérard, p. 85; édit. de Longnon, p. 112.
3. Exemples : au nominatif singulier : « In nostram venienles presentiam,
démentie regni nostri intulerunt eo quod ipse Amalfridus et matrona sua Ch'd-
debertane monasterium visi fuerunt edificasse. » Diplôme de Thierry III,
de l'année 687, dans Pardessus, Uipl. et chart., t. II, p. 203. On voit la même
terminaison employée pour le génitif singulier : « Per consensum et volunta-
tem... Amalfridi vel matrone ipsius Childebertane seu et filie eorum Auriane ab-
batissa. » Jbid., p. 202. De même dans un acte de 712, ibid., p. 434. A l'ac-
310
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
les actes du moyen âge et particulièrement du vi° au ixe siècle.
Nous avons donc, dans ROCCOLANE, un nom de femme complet
en soi, et, à quelque cas qu'on suppose qu'il est décliné, n'y a dès
lors aucune raison d'y rattacher le groupe SV, qui vient après lui,
él qui donnerait, dans l'hypothèse contraire, une forme aussi irré-
gulière qu'inusitée, conséquemment invraisemblable.
Cela posé, j'ai recherché la signification de nos deux légendes.
La face du double chaton qui porte lechrisme dans le champ et
autour du chrisme le nom de Roccolane; qui, en outre, est d'un
travail plus soigné que celui de l'autre côté, paraît avoir plus
d'importance que ce dernier. Nous y reconnaissons toutes les parties
d'une souscription complète, telles qu'on les voit à la fin d'un grand
nombre de chartes de cette époque, et qui sont les suivantes :
1° une petite croix ; 2° à la suite de cette croix, le nom du ou de la si-
gnataire; 3° le mol subscripsi ou une de ces abréviations, subsc,
sttbs. et même sub. '. ou bien encore le mot (moins usité toutefois)
subsignavi ou l'une de ses abréviations2. Les dimensions du chaton,
à peine suffisantes pour contenir ce que nous y voyons, puisque le
graveur a dû lier ensemble les lettres N et E, ne permettaient point
l'inscription de la formule subscripsi on subsignavi, et se prêtaient
difficilement à l'inscription d'une des abréviations usitées, et l'on
s'est borné à en graver les deux premières lettres, SV. C'était le sceau
ou cachet que Roccolane apposait au bas de ses lettres ou des actes
danslesquel elle figurait soit comme partie, soit comme témoin3.
cusatif, nous trouvons, en maint endroit du testament d'Erminétrudis déjà cité,
cette terminaison, et notamment dans le passage suivant : Mummolane cum
omni peculiare suo ingenuam esse volo. » Ibid., p. 257. A l'ablatif : « Dodone
una eu m conjuge sua Tordilane, neenon et Bertholandane. » Charte de l'an 572 ;
ibid., t. I, p. 133-146.
1. Pour celte dernière abréviation, voir dans Pardessus, t. IF, p. 33, Vlndicu-
lusAu. Roi Sigebert II, adressé à Didier, évèque de Cahors, l'an 664.
2. Voir notamment une charte de 663, à la (in de laquelle on lit : « Farull'us
subsignavit. Abbo subg. Ermenbertus subg. », etc. Pardessus, t. II, p. 131. On
pourrait voir aussi dans le groupe SV les premières lettres de SW(bscriptio) ;
Roccolane serait alors décliné au génitif d'une manière régulière. Mais celte in-
terprétation, est moins vraisemblable que les précédentes, parce que le substan-
tif subscriptio n'est pas aussi usité dans les actes mérovingiens que subscripsi
et subsignavi.
3. E. Le Blant (Souv. rec. des inscript, chrët. de la Gaule, p. 145) admet,
comme je l'avais fait quand j'ai publié notre anneau pour la première fois (Rei.
arch., ann. 188 i, t. 1. p. 144), que la syllabe su doit être détaché du nom propre;
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
311
Quant à la légende de L'autre face du chalon, Warenbertus dedi,
« Moi, Warenbert, j'ai donné », qui constate que cette anneau-ca-
chetavait été donné à Roccolane par lui, son fiancé, elle avait pour
but unique d'y perpétuer le souvenir de ce témoignage d'affection :
elle restait donc tout à fait indépendante du cachet ou du sceau
proprement dit, qui, lui, était destiné, à un usage courant, tandis
que le côté opposé ne pouvait guère servir (si toutefois il servait)
que dans une correspondance intims.
En un mot, notre bijou est le débris d'un anneau sigillaire, au
dos duquel le donateur a voulu rappeler sa libéralité.
Telle est l'explication, fort simple comme on le voit, que m'a
suggérée l'étude de ce curieux monument.
Il me paraît utile de placer ici quelques observations générales
à propos du chaton tournant qui était enchâssé dans l'anneau si-
gillaire de Roccola ou Roccolane.
Cette disposition existe dans une assez grande quantité de bagues
antiques ; et il n'y a, dès lors, rien d'étonnant à la rencontrer dans
celles du moyen âge. On connaît d'ailleurs la lettre où saint Avit,
archevêque de Vienne (494 525), acceptant l'olfre que saint Apol-
linaire, évèque de Valence (vers 520), lui avait faite d'une bague,
indique à ce prélat comment il désire qu'elle soit fabriquée. « Klle
sera, lui dit-il1, en fer très mince, représentant deux petits dau-
phins affrontés; un double sceau y sera enchâssé, à l'aide de deux-
mais il y voit le verbe sum exprimant la déclaration par l'anneau lui-même qu'il
appartient à Roecola. Cette interprétation me parait peu admissible par plusieurs
raisons dont le lecteur trouvera l'exposé dans une autre partie du présent ou-
vrage (Voir V Introduction, §5, n. III).
1. « Signatorium igiturquod pietas vestra non tam promittere quam otTerre
dignala est, in hune modum fieri volo. Annulo ferreo et admodum tenui, velut
c^ncurrenlibus in se delphinulis concludendo sigilli duplicis forma geminis car-
dinulis inseratur (E. Le Blant, qui a reproduit une partie de cette épître,
lnscr. chrét. de la Gaule, t. I, p. 50) a traduit ces mots par un pivot, ce qui ne
répond pas exactement au texte); qua\ ut libuerit, vicissim seu lalibunda seu
publica obtutibus intuentum alterna vernantis lapilli vel electri pallentis fronte
mutetur Si quœras quid insculpendum sigillo, signum monogrammatis
mei per gyrum scripti nominis lcgalur indicio. » Sancti Avili Epistol. lxxvhi,
dans J. Sirmond, Opéra varia, t. II, col. 116-117. Saint Apollinaire de Valence,
à qui cette lettre est adressée, est mort vers 520. D'un autre côté, saint Avit,
dans un passage de la même lettre, fait allusion à la défaite d'Alaric II, roi des
Visigoths (au 507), qui entraîna la ruine de ce royaume en Gaule ; c'est donc
entre 507 et 520 que cette lettre a été écrite.
312
ÉTUDE SUR DES ANNEAUX
pivots (geminîs cardinulis), de sorte que chaque côté en soit, tour
à tour et à volonté, caché on montré, et présenle alternativement
aux regards une face munie d'une pierre verte ou d'un pâle élcc-
trum... Si vous me demandez ce qu'on devra graver sur ce sceau,
le signe de mon monogramme devra se lire à l'aide de mon nom
inscrit en cercle 1 . »
Ce précieux document fait bien voir ^que l'emploi des 'chatons
tournants dans les anneaux sigillaires étaif assez fréquent à cette
époque, et pourtant le nombre de ceux que l'on connaît est encore
fort restreint \
GCLXIX
ANNEAU AU SYMBOLE DE LA COLOMBE, DE PROVENANCE INCONNUE
Le catalogue de la vente des bijoux et monnaies provenant de
la succession du savant archéologue Benjamin Fillon, catalogue
dressé par M. Rollin, contient, à la page 34, sous le n° 36, la note
descriptive suivante :
« Bague mérovingienne en or. — Sur le chaton carré, est gravé
en creux un oiseau (sans doute une colombe); au-dessous, une
croisetto, et au-dessus, une palme. La bague est également gravée
avec finesse des deux côtés du chaton. — Joli bijou d'une admi-
rable conservation. »
Désireux de connaître de visu celte bague, et d'en obtenir une
empreinte qui me permît de la reproduire, j'en ai recherché acti-
vement le nouveau propriétaire. M. Rollin, qui, à la vente pu-
blique, s'en était rendu acquéreur pour le compte d'un tiers, n'a
pu me renseigner sur le nom et l'adresse de ce dernier, et je me
suis trouvé ainsi dans l'impossibilité de faire figurer ici la bague
qui nous occupe.
Je me bornerai à faire, au sujet de la description ci-dessus, la
remarque suivante :
1. Il faut, ce me semble, en rapprochant celte dernière phrase des mots sigilli
duplicis qu'on lit plus haut, l'entendre dans ce sens, qu'une des deux faces du
chaton porterait le monogramme tournant, l'autre, le nom entier de saint Avit.
S'il en était autrement, les molslsigilli duplicis forma, écrits au commencement
du passage reproduit, seraient inexplicables, ou du moins ne pourraient s'ex-
pliquer que d'une façon peu vraisemblable.
2. Voir ci-dessus, l'es n05 GXXV et GLXXXVH.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
313
La petite palme que le rédacteur a cru voir au-dessus de l'oiseau
n'est peut être, en réalité, qu'une représentation maladroite de
l'aile éployée de la colombe symbolique, telle qu'elle est gravée
sur un autre anneau, où figure cet emblème du Cbrist'.
PAU1S
A° M. An. de Barthélémy (Collection de).
CCLXX
ANNEAU AVEC LE S BARRÉ, DE PROVENANCE INCONNUE
Plusieurs fois déjà, j'ai eu l'occasion de signaler l'emploi : 1° du
S barré (S), abréviation bien connue de Sigmim ou de Sif/navi,
soit dans la composition des monogrammes, soit auprès de noms
en forme monogrammatique dont ce sigleélait tout à fait distinct;
2° du S accompagné de trois points ou d'un seul point, et que je
crois avoir eu la même signification que le S barré.
Voici une bague en bronze, qui ne porte, au chaton, que le S barré,
sans aucun nom en légende ou en monogramme.
Cette bague, qui appartient à mon savant confrère et ami, Anat.
de Barthélémy et m'a été communiquée par lui, n'a qu'une faible
ouverture (17 millim. 1/2), qui fait présumer qu'elle était portée
par une femme ou une toute jeune fille. Le chaton, ménagé à
même le métal, a la forme d'un carré long, de 9 millimètres sur 7 1 /2
de hauteur. Dans un cadre irrégulier, malhabilement tracé au
burin, on voit un S couché, coupé en deux par un trait oblique,
qui, partant de l'angle supérieur de gauche, va rejoindre l'angle
inférieur de droite.
A droite et à gauche du chaton, on remarque quelques traits,
gravés dans une intention d'ornementation très rudimentaire.
1. Voir ci-dessus le n° XXXII.
314
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
PARIS
o°M. de Laulrec (Collection de)
CCLXXI
BAGUE AVEC INSCRIPTION, DE PROVENANCE INCONNUE
Cette bague, qui appartenait à la collection de Benjamin Fillon,
a passé, en 1882, après la mort du célèbre antiquaire, dans les
mains de M. de Lautrec, archéologue distingué, résidant à Paris;
c'est d'après le dessin qu'en a fourni le catalogue de vente de ladite
collection1,, que je la reproduis ici.
Elle est en or fin; la tige en est striée; son ouverture est de 19 à
20 millimètres; elle est munie d'un chaton carré, soudé sur la ba-
guette et accosté, à chacun des deux points de réunion, des trois
globules ou cabochons si fréquemment signalés sur nos anneaux.
Au centre du chaton, qui a il millimètres de côté, est gravée
une petite tète d'un travail grossier, et qui paraît ornée d'un
bandeau, ou coiffée d'un casque dépourvu d'ornement. Sur les
quatre côtés, et séparées de la figure du centre par un trait au
burin, sont inscrites, au nombre de dix, des lettres dont plusieurs
sont assez lisibles isolément, mais qu'il m'a été impossible de
grouper de manière à obtenir une leçon acceptable2.
1. N° 33, planche II, fig. 3.
2. Le rédacteur du catalogue de la vente publique de la collection Fillon, tout
en déclarant la légende indéchiffrable, a indiqué le groupement suivant :
FACTSERAS.
Mais, la légende ne contient point de F; et elle se compose de dix lettres,
tandis que le catalogue n'en reproduit que neuf.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
315
PARIS
Feu E. Le Blant. (Collection de)
CCLXXI bis
ANNEAU AVEC VivdS VI DeO EN MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
Ce bijou en bronze, qui appartient à la collection :1e mon re-
gretté confrère E. Le Blant, présente un intérêt particulier en ce
que, sur le chaton, de forme ovale, est gravé un monogramme, où
ce savant a lu l'acclamation
VIVAS IN DEO1.
Il y a, en effet, au centre un V; à l'extrémité de droite (pour le
lecteur) un |; un A; un S dans l'angle du V, ce qui avec le redou-
blement du V donne le verbe vivas. Le | précité contribue à former
un N et la préposition in; le dernier caractère du côté gauche est
un D,à la haste duquel est attachée une barre horizontale, qui en fait
un E ; et enfin, le O qui est sous la barre du A complète le mot Deo.
CHANTILLY (Oise)
(Musée Coudé, au château de)
CCLXXll
BAGUE AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
La bague que je reproduis ici appartient aux précieuses collections
i. 750 inscript, de pierres grav. inéd. ou peu connue*, n° 325, p. 125 et pl.
n° 325. E. Le Blant cite deux autres bagues portant le même monogramme, pu-
bliées, l'une par M. Drury Fortnum (On finger -rings of the early Christian period,
p. 42), l'autre par M. Arneth (Monumente des KK Miintz und Antiken-Kabinettes
in Vien, planche S,I, n° 46, et page 76).
316
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
du château de Chantilly. M. Germain Bapst, mon savant confrère
à la Société des Antiquaires de France, qui avait été chargé par feu
le duc d'Aumale de rédiger le catalogue de ces collections, m'a obli-
geamment remis des dessins et une empreinte, à l'aide desquels je
publie cet intéressant bijou.
L'anneau dont il s'agit et dont on ignore la provenance, est en
or pur ; il a, entre le chaton et la partie opposée de son diamètre
intérieur, 19 millimètres d'ouverture. Le chaton, soudé sur la tige,
est accosté, à droite et à gauche, de deux globules ou cabochons en
or, également soudés.
Sur le chaton, qui est de forme ronde et a 10 millimètres de dia-
mètre, est gravé en creux un monogramme, composé des lettres
suivantes : au centre un M; au sommet de lahaslede gauche (pour
le lecteur) un O; au centre un N ; au sommet de la haste de droite
un V; à la base du monogramme un A, à droite duquel il y a un L;
au-dessus, un D et un | posé horizontalement.
Ces caractères forment ensemble le mol
MONVALDb génitif de MONVALDVS-
Deux tiers de sou d'or mérovingiens, frappés à Trêves, porlent
la signature d'un monnayer ainsi appelé1. Un autre monnayer afait
graver, sur deux triens sortis de l'atelier à'Anicium (Le Puy en
Velay), le nom de Monoâidus2, identique à ceux de Monualdus et
Munualdvs3'
1. Adr. de Longpérier, Notice des monn. de la collection Rousseau, p. 59,
n° 149; Blanchet, Nouveau Manuel de numismatique du moyen âge et moderne
t. I, p. 93; Maurice Prou, Catalogue des monn. mérov. de la Biblioth. nat.,
p. 193, nos 905 el 906.
2. Maurice Prou. op. cit., p. 442, n° 2121 ; et p. 582, n° 2121 bis.
3. Voir Forslemann, Personennnmen, col. 93G et 938.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
317
(CHARTRES Eure-et-Loir)
(Musée de)
CCLXXIII
ANNEAU AVEC DEUX FIGURES, DE PROVENANCE INCONNUE
M. le baron F. de Mély, à qui jétais déjà redevable d'intéres-
santes communications, m'a fort obligeamment remis des dessins,
accompagnés d'empreintes, de l'anneau que je reproduis ici, ainsi
que de la bague décrite dans la notice suivante.
Notre anneau, dont on ignore la provenance, appartient au Mu-
sée de Chartres, où il est catalogué sous len° 3402; il est en bronze ;
il a 23 1/2 millimètres d'ouverture. Le chaton pris dans la masse,
est de forme ovale, presque ronde, eta 12 millimètres dans sa plus
grande hauteur, sur 14 millimètres dans sa plus grande largeur.
A droite et à gauche, sont burinées, dans le métal, deux saillies,
qui rappellent les deux globules ou cabochons que l'on remarque
sur un grand nembre de nos anneaux.
Sur le chaton, divisé en deux compartiments, on voit, gravées
en creux, au simple trait, deux figures, où il semble que l'inhabile
artisan a eu l'intention de représenter deux personnages qui ap-
puient leurs mains sur leurs genoux.
CCLXX1V
BAGUE AVEC CARACTÈRES INEXPLIQUÉS, DE PROVENANCE INCONNUE
C'est encore au Musée de la ville de Chartres qu'appartient cet
anneau de bronzé'.
1. Il y est inscrit, comme le précédent, sous le n° 3402 du catalogue.
218
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
La provenance en est inconnue. La tige a été, par accident,
séparée d'un côté du chaton. D'après son état actuel, on peul fixer
à 19 millimètres son diamètre intérieur.
Le chaton ménagé, à même le métal, est accosté de trois saillies
burinées avec l'intention de rappeler les trois globules ou cabo-
chons dont nous avons constaté la présence sur un grand nombre
de nos anneaux.
Le chaton, de forme ronde, a 12 millimètres de diamètre. On y
voit des caractères gravés en creux, difficiles à définir et dont la
signification (s'ils en ont une) serait encore plus difficile à détermi-
ner. Une particularité à signaler, c'est que les traits du burin ont
été remplis d'un émail blanc dénaturé.
CHATILLON-SUR-SEIAE (Cote d'Or)
(Musée archéologique de)
CCLXXV
BAGUE, AVEC FIGURES AU CHATON, DE PROVENANCE INCONNUE
Voici un curieux monument, qui est dans les vitrines du Musée
archéologique de Chatillon-sur-Seine (Côtc-d'Or), et dont M. Lo-
rimy a bien voulu m'adresser d'excellents dessins.
C'est un anneau en bronze, de provenance inconnue', qui a
20 millimètres d'ouverture, et dont la tige, arrondie, a 2 milli-
mètres et demi près du chaton, et 2 à la partie opposée.
1. Lettre de M. Lorimy, du 14 décembre 1895.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
319
Le chaton, ménagé dans le métal, est de forme arrondie et a,
dans sa hauteur, 15 millimètres; sur les côtés, il y a deux traits
profonds qui le séparent de deux bourrelets rappelant les deux
globules ou cabochons dont le chaton est souvent accosté.
Sur celui-ci, on voit, dans un cadre tracé au burin, un person-
nage en pied, de face, grossièrement gravé en graffîto, tète nue,
paraissant vêtu d'une dalmatique, tenant de la main gauche une
croix, et l'autre main levée en l'air, bénissante ou prédicante.
Du côté droit, on remarque des traits dont la valeur et la signi-
fication m'échappent.
LAVAL (Mayenne)
(Musée de)
CCLXXVI
ANNEAU DE PROVENANCE INCONNUE
Voici un anneau inédit, en bronze, conservé au Musée de Laval
et dont on ignore la provenance.
11 est déformé et, par suite, le diamètre intérieur ne peut en être
exactement mesuré; je l'évalue à 20 ou 24 millimètres.
Il a, dans sa plus grande hauteur, 10 millimètres et 6 seulement
dans la plus petite. On y voit gravées, comme ornement, deux
arêtes de poissons.
320
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
LYOX
(Musée de)
CCLXXVII
ANNEAU S1G1LLA1RE d'utIGA, DE PROVENANCE INCONNUE
Nous faisons figurer ici le chaton d'une bague en bronze, qui a
été l'objet d'une savante notice deM.-J.-B. Giraud, conservateur au
Musée de Lyon', insérée dans le Bulletin archéologique du Comité
des travaux historiques et scientifiques* .
Ce bijou a été acquis par ce Musée, en 1886, à Vienne en Dau-
phiné, à la vente de la collection d'un particulier, qui le possédait
depuis longtemps, et qui n'a pu donner sur sa provenance aucun
renseignement sérieux et utilisable5.
L'ouverture de la bague est ronde, et le diamètre intérieur en est
de 18 millimètres seulement. Le bronze est plaqué d'or à l'intérieur.
Le chaton, de forme ovale, est pris dans la masse du métal, lequel
a été, en cet endroit, simplement renflé et aplati; il a 12 milli-
mètres de large, non compris les trois lignes concentriques d'in-
crustations en or, fortement burinées, encadrant l'inscription, et
5 millimètres de hauteur au centre du chaton '.
L'inscription, qui est formée, comme l'encadrement, d'incrus-
tations en or, se compose de cinq caractères très nettement tracés,
mais dont les deux extrêmes affectent des formes inusitées.
En lisant ces caractères dans le sens vertical et en commençant
par celui de droite (pour le lecteur), on a cru y Irotiver le nom
d'Agitus ou celui d'Avilus. Voici comment M. Giraud s'exprime à
1. Où elle est cataloguée sous le n° 93.
2. Aimée 1889, p. 319.
3. Lettre de M. Giraud, du 13 septembre 1891.
i. Le dessin reproduit en tète de la note précitée de M. Giraud, est plus
grand que nature (ibid.) ; le nôtre est de grandeur naturelle.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
321
ce sujet : « N'ayant rencontré dans aucun texle de cette époque le
nom d' Agitas, tandis que celui (ÏAritas est assez fréquent, nous
nous sommes arrêté à cette dernière lecture, qui nous paraît vrai-
semblable1. » Mais dans une note mise au bas de ce passage, le
savant antiquaire ajoute de prudentes réserves : « Nos deux col-
lègues du Musée de Lyon, aux lumières desquels nous avons eu
recours pour celte lecture délicate, ont l'un et l'autre lu Avitas de
préférence à Agitas. Nous n'insisterons pas sur l'attribution pos-
sible de notre bague au grand évèque de Vienne, ami de Clovis,
saint Avit, n'ayant pour appuyer cette hypothèse qu'une simple
coïncidence d'époque et de localité, tandis qu'au contraire la gra-
vure douteuse de la deuxième lettre, qui ressemble bien plus à un
G qu'à un V, nous rejette dans l'incertitude devant laquelle nous
nous interdisons une lecture définitive*. »
Nous ne croyons pouvoir admettre ni l'une ni l'autre des deux
leçons proposées.
Le S de Agitas est absent de l'inscription, et la forme Agita est
très invraisemblable. Il convient de rappeler, en outre, que le
faible diamètre (18 millimètres) de l'anneau qui nous occupe in-
dique bien qu'il était porté par une femme; et c'est dès lors un
vocable féminin qui doit y être inscrit.
La leçon Avitusesi encore plus inacceptable, car, aux objections
ci-dessus il faut en ajouter une qui est péremptoire, à savoir que,
non seulement il n'y a point de S, mais que la lettre où l'on a vu
un V n'est pas el ne peut pas être un V; c'est, sans aucun doute
possible, un G mérovingien (Ç), qui est d'un emploi fréquent, à
cette époque, particulièrement, sur les anneaux sigillaires.
La difficulté, ou pour mieux dire l'impossibilité d'obtenir une
leçon satisfaisante, en procédant comme l'ont fait les archéologues
lyonnais, prouve qu'il faut renoncer à leur procédé; elle disparait
en effet, quand, au lieu de lire l'inscription de haut en bas, on la
lit de bas en haut, ce qui est un mode au moins aussi régulier que
l'autre. On trouve ainsi un U 3, avec une haste pareille à celle de
1. Bulletin archéol., année 1889, p. 3i9.
2. Ibid., note 1.
3. E. Le Hlant signale ia présence de celte l'orme dans les inscriptions lapi-
daires, dès l'année 439. Rec. des inscr. chrèt. de la Gaule, préface, p. xxv.
21
322
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Y grec 1 au-dessus ; un T, un |, un G mérovingien (<7) el un A, non
barré, avec une pointe au sommet : et, pour l'ensemble, un nom
qui convient fort bien à la bague sigillairë d'une femme, celui de
UTIGA-
Il y a précisément, dans l'onomastique germanique du vme siè-
cle, le vocable Utich' = Utigh ou Vtig, identique à notre Utiga, dé-
gagé de sa désinence latine.
Ce point important élucidé, nous croyons utile de revenir sur
certains détails de fabrication de notre anneau, et de faire con-
naître à nos lecteurs les intéressantes remarques qu'ils ont sug-
gérées à M. Giraud.
Nous voulons parler du mode d'exécution de l'inscription et
de son triple encadrement, qui s'enlèvent, en fines incrustations
d'or, sur le fond sombre du bronze. Circonstance à signaler, la
ligne concentrique intérieure qui entoure les caractères de la
légende se compose d'une série de petits annelets d'une extrême
ténuité.
« L'ensemble du travail, fait observer M. Giraud, a cela de par-
ticulier qu'il montre simultanément les deux procédés d'incrus-
tation et du damasquiné, et on peut se rendre compte, après un
minutieux examen, aidé d'une bonne loupe, que l'or des deux
filets extérieurs et des lettres est incrusté dans un trait creusé à
l'avance, et que pour ces dernières, ainsi que pour les petits an-
neaux de l'encadrement intérieur, il est retenu aussi par des stries
irrégulières faites à la lime, ainsi que procèdent les damasqui-
ncurs orientaux et les artistes alï1 agemina. Toutefois le travail
diffère du procédé de ces derniers en ce que l'artiste ne paraît pas
s'être servi d'un fil tréfilé, mais d'un métal délicatement découpé
sur une feuille d'or, ce que semblent indiquer les inégalités très
apparentes de l'épaisseur du trait.
« Il est certain que nous nous trouvons ici en présence d'une
œuvre de la corporation des barbaricaires. Le mol barbaricarius
a servi à désigner deux industries différentes : un travail de bro-
1. Voir Y= V dans M. Prou, Catal. des monn. mérov. delà Bibliothèque natio-
nale, introduct., p. cxvin.
2. Meiclielbeck, llist. Frisingensis,n° 69, saec. vm. — On trouve aussi la men-
tion d'un personnage appelé Utih, dans le Gartulaire de Saint-Pierre do Salz-
uourg, cité par Fôrstemann, Personennanem, col. 1290.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
323
derre d'or sur étoffe, et un travail d'incrustation d'or et d'argent
sur métal, notamment sur des armes.
« La seconde de ces deux acceptions est moins ancienne que
la première; tandis que les barbaricaires brodeurs sont mentionnés
par Lucrèce, Ovide et dans l'édit de Dioctétien, il nous faut des-
cendre jusqu'aux \e et vi° siècles pour trouver les barbaricaires
métallurgistes'. »
NANTES (Loire-Inférieure)
(Musée archéologique de)
CCLXXVIII
BAGUE AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
Cette bague en argent est conservée au Musée archéologique de
Nantes, au catalogue duquel elle est inscrite, sous le n° 59. Le ré-
dacteur de ce catalogue et l'auteur d'une publication où elle a été
reproduite y ont vu un anneau épiscopal2.
Nous n'avons aucun renseignement touchant la localité, l'épo-
que et les circonstances où ce bijou a été découvert.
11 a 18 millimètres d'ouverture; la tige a 7 millimètres de hau-
teur, et est décorée d'ornements gravés en creux à droite et à
1. Bull, archéol,, loc. cit., p. 320
2. M. le comte de. Lisle du Dréneuc, qui m'a très obligeamment procuré les
dessins de ce curieux monument, m'a fait connaître l'interprétation qui en avait
été déjà donnée dans un ouvrage ou recueil dans lequel il a été publié, mais
dont le savant directeur du Musée de Nantes ignore le titre et la date, et dont il
ne possède que la planche gravée où notre bague est représentée.
324
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
gauche du plus grand des deux chatons dont il sera parlé plus bas;
elle est simplement striée et a 4 millimètres seulement de hauteur
près du deuxième chaton. Entre ces deux parties de noire anneau,
on a figuré, de chaque côté, une tète d'animal difficile à définir.
Le plus petit chaton, de forme légèrement ovale, et ménagé à
même le métal, a G millimètres de large sur 5 de hauteur : il est
orné d'une croix à branches égales potencées.
Le plus grand des deux chatons, également pris dans la masse,
ait millimètres de large et 9 de haut, il présente un monogramme,
où l'on a cru trouver le nom de Theodoricusci sa dignité d'évèque,
exprimée par le E que comprend le monogramme.
Cette explication est absolument inadmissible, en premier lieu
parce que deux des lettres du mot THEODORICVS, R et D, sont
absentes du monogramme, en second lieu parce que ce mot laisse
sans emploi la lettre A, qui y est incontestablement présente. Ce
que Ton a pris pour un R, le trait oblique placé au bas de la pre-
mière perpendiculaire, ne saurait être accepté pour cette lettre,
dont les éléments font ici défaut; ce ne peut être qu'un N cursif (n).
Quant à la lettre E, qu'on a regardée comme l'initiale d'Episcopus,
elle ne peut avoir, en pareille position, cette valeur.
Voici quels sont, à nos yeux, les caractères contenus dans l'ins-
cription monogrammatique :
En allant de gauche à droite, les lettres T, H, E; puis, à l'inté-
rieur et au sommet, un caractère qui pourrait, à la rigueur, être
un c rétrograde, mais qui nous paraît être plutôt un G mérovin-
gien rétrograde (^); au-dessous, le A; au bas de la première per-
pendiculaire, le N cursif que nous avons signalé plus haut; enfin,
posés sur la barre médiane du H, un V et un S- Nous avons ainsi,
pour l'ensemble du monogramme, le nom de
THETANVS-
Thegan est un vocable germanique, fort usité dans le haut
1. On a cru voir uni dans le trait posé obliquement sur la barre intérieure du
H ; mais à tort, suivant nous. Le I est une lettre dont on avait d'autant moins
à se préoccuper dans la composition du monogramme, qu'elle aurait pu être
représentée par une des perpendiculaires. Et d'ailleurs, elle n'aurait pas été
gravée ainsi obliquement, ce qui était, au contraire, nécessaire pour la formation
du V.
DES PREMIERS STÈCLES DU MOYEN AGE
325
moyen âge1, et qui, latinisé, a fait le nom de Thegamts, rendu cé-
lèbre par l'auteur de la Vie de l'empereur Louis le Pieux, dont il
était le contemporain2.
CCLXXIX
BAGUE AVEC LE CHR1SME, DE PROVENANCE INCONNUE
Voici encore une bague qui appartient au Musée de Nantes, et
qui est inscrite au catalogue de ce dépôt, sous les n°s 60-143.
J'ignore, comme pour la bague ci-dessus décrite, le lieu et l'époque
où elle a été trouvée.
Elle est eu cuivre, de 17 millimètres seulement d'ouverture,
ce qui indique qu'elle était faite pour une main de femme ou de
jeune fille; la tige a S millimètres de hauteur près du chaton.
Celui-ci, pris dans la masse, et de forme ovale, a 8 millimètres de
large sur o 1/2 de haut ; il est décoré d'une croix ehrismée.
Ce bijou a été déjà publié, mais le savant et obligeant directeur
du Musée de Nantes ignore à quelle date et dans quel ouvrage ou
recueil; il ne possède que la planche où ce petit monument est re-
présenté*.
GCLXXX
BAGUE AVEC INSCRIPTION, DE PROVENANCE INCONNUE
La bague que nous reproduisons ici, est, comme les deux pré-
1. Voir de nombreux exemples dans Fôrstemann, Pcrsonennamen, col. 1153.
2. Dans Perlz, Monum. German. histor., Scriplor., t. II, p. 585; et dans Rou-
quet, Histor. de France, t. VI, p. 72.
3. Lettre de M. le comte de Liste du Dréneuc, directeur du Musée, en date du
24 avril 1889.
4. Lettre préciléV.
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
cédentcs, au Musée archéologique de Nantes, sur le catalogue
duquel elle est inscrite sous les nos 62-16'.
Elle est en or, a 16 millimètres 1/2 seulement d'ouverture, ce
qui indique qu'elle était destinée à une main de femme ou de
jeune fille; la tige a 2 millimètres d'épaisseur du côté opposé au
chaton : celui-ci, ménagé à même le métal, et de forme ovale, a
19 millimètres de haut sur 12 de large; il nous offre, encadrée dans
un pointillé, une croix représentant le X des Grecs, avec, en tra-
vers de la haste, les lettres p et € (?), et où il est peut-être permis
de lire une abréviation de ^pi'axe. Nous aurions là, dans ce cas, une
invocation religieuse, en même temps qu'une forme du mono-
gramme du Rédempteur.
Le seul renseignement que fournisse le catalogue sur la prove-
nance de ce bijou, c'est qu'il a été acheté chez un orfèvre de Tou-
louse; il y est dit aussi que •< le chaton est soutenu par quatre dra-
gons presque effacés »2; mais je n'y vois aucune trace de ces
ornements.
CCLXXXI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
En nous adressant les dessins des trois anneaux: que nous
1. Lettre de M. le comle de Liste du Dréneuc, conservateur du Musée
de Nantes, qui m'a fort obligeamment procuré les dessins de l'anneau
(24 avril 1889).
2. Lettre précitée.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
327
venons de décrire, et qui sont au Musée archéologique de Nantes,
M. le comte de Lisle du Dréneuc a eu l'obligeance d'y joindre les
dessins de deux bagues qui n'appartiennent point au dépôt dont
la direction lui est confiée.
Deux d'entre elles, qui ont été déjà publiées, peuvent être con-
sidérées comme remontant à l'époque mérovingienne.
Celle qui est figurée en tète de cette notice, est en argent. Elle
a 17 millimètres d'ouverture ; le chaton, pris dans la masse, a une
largeur de 11 millimètres sur 7 1/2 dans sa plus grande hauteur.
La tige, très mince à l'opposé du chaton, va s'élargissant à mesure
qu'elle se rapproche du chaton; elle a, près de celui-ci, 6 milli-
mètres 1/2 de hauteur, et est décorée très simplement de traits au
burin.
On ne possède aucun renseignement sur le lieu, l'époque et les
circonstances dans lesquels ce bijou a été trouvé1.
La faible ouverture de la bague indique qu'elle était portée par
une femme ou même une jeune fille.
Quant au monogramme qui orne le chaton, nous y voyons un
R, un N, un V formé par la barre oblique du R ou du N et de la
deuxième perpendiculaire2, au sommet de laquelle est un E rétro-
grade : ce qui donne le nom de RVNE, génitif de RVNA- Le S
barré par un trait oblique central, représente ici, comme nous
l'avons observé sur plusieurs de nos anneaux, le sigle bien connu,
abréviatif de Signum.
Nous avons ainsi pour l'ensemble
Signum) RVNE-
Run est un radical germanique qui est entré dans la composition
de nombreux vocables du haut moyen âge. Forstemannen a repro-
duit quinze, où figure le féminin Runa7'.
1. Leltre de M. du Dréneuc, du 24 avril 1889.
2. Le soin que le graveur a pris déplacer au sommet de celte perpendiculaire
les trois traits horizontaux du E, qu'il pouvait échelonner sur toute la hauteur,
montre bien qu'il a voulu ménager, au-dessous, la lettre V.
3. Al-runa, Ald-runa, Alb-runa, A-runa, Balde-runa, etc. (Personennamen,
col. 1062).
323 ÉTUDE SUR LES "ANNEAUX
CCLXXXII
ANNEAU AVEC LES LETTRES T ET D> DE PROVENANCE INCONNUE
Voici la deuxième des bagues donl nous avons parlé dans la pré-
cédente notice, et dont les dessins nous ont été procurés par M. le
le comte de Lisle du Dréneuc.
Elle est en bronze émaillé de rouge et d'un bleu très foncé. Elle
a 19 millimètres d'ouverture; la hauteur delà tige varie beaucoup
suivant qu'elle se rapproche de l'un ou de l'autre des deux chatons
dont elle est. pourvue et qui sont pris dans la masse.
Le plus grand de ces chatons, de forme ronde, à 14 millimètres
de diamètre; il porte deux lettres (un T et un D rétrograde), accos-
tées chacune de deux groupes formant des triangles, et dont il est
impossible de déterminer le sens.
Le plus petit chaton, placé, comme toujours, en face du premier,
est un ovale de S millimètres de haut sur 7 de large : il présente,
pour tout ornement, cinq traits perpendiculaires.
PÉR0IV1XE (Somme)
( Musée communal de )
CCLXXXI11
RAGUE AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
Cette bague en bronze, quia fait partie de la collection de feu
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
329
Alfred Danicourt, appartient actuellement au Musée de la ville de
Péronne. Elle avait été acquise par M. Danicourt, en 1 885, d une
personne qui en était devenue elle-même propriétaire dans une
ville du bassin oriental de la Méditerranée1.
Cet anneau est orné d'un chaton, ménagé à môme le métal et de
forme ovale, qui a 14 à 15 millimètres dans le plus grand axe,
11 à i2 dans le plus petit. Sur ce chaton est tracé un monogramme,
au-dessus et au-dessous duquel on voit inscrit, dans le sens rétro-
grade, le sigle abréviatif de Signum ou Sigillum. Le tout, encadré
dans un grènetis ou pointillé, doublé d'un trait au burin, est gravé
en creux.
La tige de l'anneau est déformée et a été môme brisée et mala-
droitement réparée en deux endroits, de façon à rendre difficile le
mesurage exact de son ouverture. Néanmoins, comme elle n'a, dans
son plus grand diamètre, que 18 millimètres et 1 i environ dans
le plus petit, l'ouverture primitive devait être tout au plus de 16 à
17 millimètres, et ne pouvait donner entrée qu'à un doigt de femme
ou déjeune fille. D'après cela nous devons chercher dans le mo-
nogramme un nom féminin, lin second lieu, la présence de deux S
barrés, sigles de Signum ou Sigillum implique que ce nom doit être
décliné au génitif.
Il se déchiffre d'ailleurs sans trop de difficulté. C'est celui de
DIANE. Le D initial, le N et le E sont très apparents; le | est repré-
senté par la dernière barre perpendiculaire, et le A non barré, par
le premier jambage perpendiculaire et la barre oblique intérieure
du N. Nous avons donc, pour l'ensemble
S\gnum ou S\gi^um DIANE-
Ce vocable est déjà inscrit, en toutes lettres, avec celui deAvius,
sur un anneau de mariage ou de fiançailles, que nous avons décrit
plus haut2.
Un détail qu'il convient de noter, c'est la présence du sigle S,
inscrit deux fois sur notre bague.
1. Probablement Smyrne ou Alexandrie, d'après les indications de M. Dani-
court.
2. Voir le n° CXVIII.
330
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
CCLXXXIY
UNE BAGUE d'ÉVÊQUE, DE PROVENANCE INCONNUE
La belle bague en or, que nous reproduisons ici, a longtemps
appartenu à Benjamin Fillon. Acquise, en 1882, par feu Alfred
Danicourt, lors de la vente de la collection du savant antiquaire,
elle a très probablement été léguée, avec les autres bijoux de sa
collection, au Musée de la ville de Péronne. Elle a 24 à 25 milli-
mètres d'ouverture, et 18 à 19 millimètres de hauteur au chaton,
9 à 10 du côté opposé.
Elle se compose d'une large tige plate, recouverte d'ornements
en filigrane, affectant la forme de S ou de volutes affrontées, et de
petits ronds, avec une élégante bordure au pourtour. A droite el à
gauche du chaton, il y a six ronds disposés en feuille de trèfle, 3,
2 et t.
Le chaton était formé d'une améthiste ovale et de deux pierres
plus petites ; celles-ci, qui étaient serties au-dessus et au-dessous de
l'améthiste, ont disparu.
La fabrique de cette bague, le dessin des ornements, et, en par-
ticulier, le dispositif des groupes de filigrane soudés à droite et à
gauche du chaton, qui rappellent, en les doublant, les trois globules
ou cabochons en feuille de trèfle, c'est-à-dire un des traits distinc-
tifs de la bijouterie mérovingienne, lui assignent cette origine.
Enfin, sa forme, très caractéristique, indique bien qu'elle devait
être portée par une main d'évèque.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
331
SAINT JUAIXENT (Deux-Sèvres)
Le capitaine Espéraniieu, professeur à l'Ecole militaire.
CCLXXXV
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE
M. le capitaine Espérandieu, archéologue bien connu par deux
savants ouvrages relatifs, l'un à l'épigraphie de la Saintonge,
l'autre à l'épigraphie du Limousin, m'a fort obligeamment com-
muniqué la bague en bronze figurée en tête de la présente notice.
Cette bague, qu'il a acquise à Marseille, et dont il ignore la pro-
venance, a 21 millimètres d'ouverture; la tige, de forme ronde, a
une épaisseur, égale partout, de 3 millimètres. Le chaton, octogone
et ménagé à même le métal, a 10 millimètres dans sa hauteur et
dans sa largeur; il est accosté de trois cabochons, également pris
dans la masse et disposés en feuille de trèfle, comme nous les
avons observés sur un si grand nombre d'anneaux mérovingiens.
Ce chaton présente, gravé en creux, un monogramme qu'il faut
envisager, non en se plaçant en face de l'anneau, mais dans le
sens d'un des groupes de cabochons dont il vient d'être parlé. On
voit, à droite, un F; du côté opposé, un R rétrograde; au bas, un
A non barré; au centre, un N, pnis un C carré (C) rétrograde; au-
dessus de l'A, un V; enfin, un S posé sur la barre intérieure oblique
du N ; le tout formant le nom de
FRANCVS
qui fut usité sous la première race, et entra dans la composition
de beaucoup de vocables de cette époque1.
1. Franco-meris. (Testament de saint Yriez, dans Pardessus, Dipl. et ch., t. Ier,
332 ÉTUDE SUR LliS ANNEAUX
Le s, par la place qu'il occupe, a, en outre, la valeur de l'initiale
de Signavi. Il faut donc lire
FRANC VS S[ignavi).
SAIIVT-Q[IENTJl\ (Aisne)
M. Th. Eck (Colleclion de)
GGLXXXVI
ANNEAU AVEC INTAILLE ANTIQUE, DE PROVENANCE INCONNUE.
Cet anneau, en bel or jaune, appartient à la collection particu-
lière de M. Théophile Eck, à qui il a été vendu comme provenant
d'un cimetière mérovingien, mais sans indication précise du lieu
où il a été Irouvé. « Ce qui m'a été certifié, nous dit son proprié-
taire actuel, c'est qu'il a été recueilli dans le nord de la Gaule1. »
Il a 20 millimètres 1/2 d'ouverture; l'épaisseur de sa tige est de
3 millimètres. Sur cette tige, est soudé un chaton ovale, de 17 mil-
limètres sur 11, dans lequel est sertie une sardoine, portant une
inlaille de travail romain, représentant Jupiter assis sur son trône,
tenant de la main gauche un longsceptre, el de la droite une patère;
à ses pieds, l'aigle, qui le regarde.
Le chaton est accosté de deux globules ou cabochons aux points
de réunion avec la tige.
p. 139); Franco-bodus, Franco-lenus, Franc-ulfus, etc., monnayers de la même
époque (Voir dans Prou, Calalog. des monn. méroving. de la Bibliotk. nat., p. 83,
94, 95, 97, 397; cl la liste publiée par M. A. de Barthélémy, dans Bibliotk. de
l'École des chartes, 6° série, t. I).
\ . Lettre de M. Eck, du 6 avril 1892.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
333
TOUttNUS (Saônc-et-Loire)
(Musée de)
CCLXXXVII
RAGUE EN BRONZE, DE PROVENANCE INCONNUE
Voici une bague qui appartient au Musée de Tournus.
Elle est en bronze argenté et a 17 millimètres d'ouverture; sa
tige, ronde, a, près du cliaton, 4 millimètres d'épaisseur, 2 1/2 du
côté opposé; le chaton, qui est ménagé à môme le métal, en reliet
sur la tige et de forme assez irregulière, a 16 millimètres dans sa
plus grande hauteur, sur 14 1/2 de large.
CCLXXXV1II
AUTRE BAGUE DE PROVENANCE INCONNUE
Cette bague, qui appartient au Musée de Tournus, est en 1er. Elle a
13 millimètres d'ouverture entre le chaton et le côté opposé,
13 seulement dans l'autre sens, ce qui indique qu'elle était laite
pour une main de toute jeune fille ou môme d'enfant. La tige a,
près du chaton, 5 millimètres d'épaisseur, et va se rétrécissant jus-
qu'à n'avoir plus que 2 millimètres.
Dans le chaton, pris dans la masse, est ménagée une cuvette ovale,
334
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
qui était destinée au sertissement d'une pierre ou d'un verre de
couleur.
TROYES (Aube).
Musée de la ville.
CCLXXXIX
ANNEAU AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE'"
Autre bague en bronze, dont l'origine est inconnue, et qui appar-
tient au Musée de Troyes.
Elle a 17 millimètres 1/2 d'ouverture, ce qui marque bien qu'elle
était à l'usage d'une femme ou d'une jeune fille.
Près du chaton, la tige a 6 millimètres de hauteur; du côté op-
posé, 2 millimètres 1/2.
Le chaton, encadré dans un grènetis, est pris dans la masse :
c'est un carré long, de 7 millimètres sur 6 de hauteur. Dans un
cadre de grènetis, on a gravé un monogramme, dont il nous est
impossible de définir les éléments. Peut-être môme ne faut-il y voir
que des traits dépourvus de toute signification, et destinés seule-
ment à assurer le secret de la correspondance.
GCXC
ANNEAU AVEC TÈTES DE SERPENTS AFFRONTÉES, DE PROVENANCE INCONNUE2
Voici une deuxième bague en bronze, appartenant, comme la
précédente, au Musée de Troyes.
1. D'après des dessins de M. Louis Leclerc, conservateur du Musée do
Troyes.
2, Idem.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
335
Elle présente deux têtes de serpents affrontées.
La tige a 20 millimètres d'ouverture, et i millimètres de hau-
teur, près des deux tètes de serpents et 2 millimètres 1/2 du côté
opposé.
iii
ANNEAUX DONT LA PROVENANCE
ET LE POSSESSEUR SONT INCONNUS
GCXCI
ANNEAU AVEC LA COLOMBE ET L'INSCRIPTION Salbd ?/lC, ET DONT LA PROVE-
NANCE ET LE POSSESSEUR SONT INCONNUS
Lu Société des Antiquaires de France, dans sa séance du 9 dé-
cembre 18o3. reçut de feu Adrien de Longpérier communication
« d'un anneau d'or mérovingien », présentant, sur le chaton, une
colombe qui portait dans son bec un rameau, et autour de laquelle
étaient gravés en creux ces deux mots :
SALBA ME [Salva me).
Par malheur, la note insérée à ce sujet par notre éminent et re-
gretté confrère, dans Y Annuaire de ladite Société1, n est accompa-
gnée d'aucune figuration du bijou, et n'indique même pas la col-
lection ou la personne à laquelle il appartenait. Nos efforts pour
en découvrir le possesseur actuel étant restés infructueux, nous
nous trouvons dans l'impossibilité d'en donner ici une description
plus détaillée.
A. de Longpérier, dans la note précitée, faisait observer que la
colombe représentée sur notre petit monument était indubitable-
ment une allusion ù celle que Noé fit sortir de l'Arche, et qui y
rentra avec une branche d'olivier, annonçant le salut prochain, ce
qui répond bien à l'invocation contenue dans la légende : Salba me
[Salva me).
Le savant archéologue rappelait en même temps que cette figure,
identique à celle qui décore un denier épiscopal frappé à Chartres
t. Année 1853, p. 155. Cette noie est reproduite dans les Œuvres complètes
d'Adr. de Longpérier, publiées par notre savant confrère, M. G. Schlumberger,
I. IV, p. 325.
22
338
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
;m vu' siècle, est un type emprunté à L'Ancien Testament. « On a
nu, ajoutait-il, reconnaître dans ce denier la colombe de Reims,
portant la Sainte Ampoule. Mais la légende de la Sainte Ampoule
inséréepour la première l'ois, par Hincmar, dans la Vie de saint Remi,
est postérieure d'environ deux siècles au denier de Chartres1. »
CCXCII
ANNEAU DE | G?]lINDIHILDUS, DONT LA PROVENANCE ET LE POSSESSEUR ACTUEL
SONT INCONNUS
Nous reproduisons ici le chaton d'une bague, dont les autres par-
lies nous sont inconnues, et dont nous ne pouvons désigner ni la
provenance, ni le possesseur actuel; nous ne savons même plus le
nom du correspondant à l'obligeance duquel nous devons l'em-
preinte d'après laquelle il est ici reproduit. Les renseignements que
ce correspondant nous avait fournis ont été, à notre vif regret, par
nous égarés.
Le chaton de l'anneau, de forme ovale, a 9 millimètres dans sa
plus grande hauteur sur 18 millimètres de large : il nous offre le
nom du personnage qui le portait, en deux lignes2, entre les extré-
mités desquelles s'avance, de chaque côté, une rangée de quatre
cabochons ou globules.
Au premier aspect, la ligne supérieure de l'inscription paraît
commencer par deux |, suivis de NDI ; la deuxième ligne se lit sans
aucun doute : H I LDI , ce qui donnerait, pour le tout, IINDIHILDI,
vocable fort admissible puisque IND et HILDI sont l'un et l'autre
des radicaux germaniques bien connus3. Mais un examen plus at-
1. Le célèbre prélat fut élevé, en 845, au siège archiépiscopal de Reims, et
mourut en 882.
2. Nous avons d'autres exemples de la légende inscrite en deux lignes. Voir
notamment les n°s IX, XXXIX' >', XL, XLIII, XLVI, etc.
3. Voir Fiirstemann, Personennamcn, col. 780 pour înd, et col. 662 etsuiv.
pour Midi, <;ui entre dans la composition d'un grand nombre de noms.
UES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
339
tentif l'ail constater, en avant des | de la première ligne, des traits,
qui sont apparemment ceux d'une lettre initiale, dont une partie
serait cachée par les cabochons1. Cette lettre ne pourrait être qu'un
D cursif, ou un g cursif rétrograde (0). Or, dans l'onomastique
germanique (et c'est d'elle incontestablement qu'il s'agit ici), le
radical dind est inconnu, tandis qu'on y trouve les radicaux gind2
et gin ou ging3, et le nom entier serait alors très probablement
GIINDIHILDI
génitif de Giindihildus, le mot signum étant sous-entendu ; ce vo-
cable est formé de la même manière que ceux de At-hildus, Gum-
hildus, Rot childus et autres, cités par Fôrstemann*.
1. Dans celte hypothèse, les lignes de cabochons et les points qui s'avancent,
de chaque enté, sur le chaton servent de prolongement de la tige sur celui-ci.
Mais ce n'est là qu'une supposition, el nous ne serons fixés, sur ce point connue
sur plusieurs autres, que lorsque nous aurons sous les yeux le bijou en ques-
tion ou des renseignements qui nous manquent présentement.
2. Forstemann, op. cit., col. 515; il y a un exemple de ce radical dans Gindel.
{Ibid., col. 468.)
3. Ainsi dans Gingulf (Forstemann, col. 470).
4. Op. cit , col. 662-664.
IV
ANNEAUX TROUVÉS HORS DU TERRITOIRE
DE LA GAULE
CCXCIII
anneau d'avitus thouvé près d'hugsca, province d'aragon (espagne)
Il y a, dans ce bijou, doux parties distinctes : 1° une bague, dont
l'ouverture est de 2 centimètres, et composée de trois gros fils d'or
pâle, tressés ensemble et striés à intervalles égaux, de manière
que chacun de ces fils simule une chaîne formée de plusieurs fils ;
2» une rondelle en or plein, également pâle, de 13 millimétrés de
diamètre et de 3 millimètres d'épaisseur à la tranche, formant cba-
ton et soudée sur les deux brandies de la bague.
Aux deux points de soudure du cbaton et de la bague, il y avait
trois globules en or disposés en trèfle; un de ces globules a disparu
et laisse voir la place où il était soudé, comme ceux qui tiennent
encore à l'anneau.
Sur le chaton, est assez inbabilement gravé en creux un oiseau,
sans doute une colombe, emblème du Christ; et autour de ce sym-
bole, une légende précédée d'une croisette.
En partant de la gauche de ce dernier signe, on trouve la leçon
suivante :
+ - STIVA {ïsliva).
En partant de la droite de la croisette, on lit :
+ AVITS— (AVITkiS I) ou AVIT(') SI
M. Schlumberger, en présentant à la Société des Antiquaires ce
petit monument, dont il est actuellement possesseur, a adopté la
342
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
première des deux leçons que nous venons d'indiquer, par le mo-
tif que l'anneau qui nous occupe et dont la fabrication remonte
assurément au ve ou au vie siècle, a été trouvé dans le nord de l'Es-
pagne, en Aragon, et que, d'après mon savant confrère, il doit être
regardé a priori comme ayant une origine espagnole. « Or, dit-il,
la terminaison en A est très fréquente dans les noms visigoths, et
c'est conséquemment à la leçon ISTIVA qu'il convient de s'arrê-
ter1 .»
Je ne crois pas pouvoir me ranger à cet avis.
Une première et importante remarque à faire sur le mode de
lecture proposé par M. Schlumberger, c'est qu'il suppose que le
nom inscrit sur l'anneau commencerait par un I couché, disposi-
tion dont, à ma connaissance, il n'exvsle point d'exemple, et qu'il
est difficile d'admettre sur un cachet destiné à être apposé au bas
des actes où son propriétaire était partie ou lémoin.
En second lieu, les trois globules disposés en trèfle aux deux
points de soudure du chaton et des branches de l'anneau, étaient
fort usités dans l'orfèvrerie du Bas-Empire et de l'époque barbare,
et nous avons de nombreux exemples, fournis par des bagues dont
l'origine gallo-franquc est certaine. Nous avons donc, à ce point
de vue, le droit de considérer notre anneau comme l'œuvre d'une
officine gallo-franque. Dès lors, la leçon Istiva perd sa principale,
je. lirai même son unique raison d'être.
Rien n'empêche d'ailleurs d'admettre que ce bijou ait pu être,
comme d'autres, transporté du nord au sud de la chaîne des Py-
rénées.
Enfin le vocable Istiva est inconnu, tandis que celui d'Avitus a
eu la plus grande notoriété aux Vecl vic siècles. Après Flavius Avi-
tus, noble personnage gaulois, qui fut empereur d'Occident en 455,
et qui était né de parents arvernes. son neveu, l'illustre saint Avit,
qui occupa le siège métropolitain de Vienne de 490 à 523, eut un
rôle très important dans les affaires politiques et religieuses de
celle période. Il y eut encore en Gaule d'autres saints du même
nom : l'abbé du monastère de Saint-Mesmin de Micy (j- vers 527)
el deux évèques de Clermont, dont l'un siégea de 572 à 594.
Il faul conséquemment tenir pour préférable à tous égards la
t. Bulletin de lu Société des antiquaires de France, année 1882, 2° trimestre,
p. 137.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
343
leçon suivant laquelle notre cachet aurait été la propriété d'un
persounage appelé Avittts. La légende ne nous offre que ces cinq
lettres : AVITS, mais les abréviations de cette sorte ne sont pas
rares1 et il n'y aucune difficulté à suppléer ici le V de la dernière
syllabe, comme on le supplée, par exemple, dans le SCS KRILEFS
(Sanctus Karilefùs) d'un denier frappé au nom de saint Calais5.
Quant à l'I couché, gravé à la fin de La légende, il convient de le
rattacher à l'S terminal du nom à'Avitus, qui a ici, comme sur
d'autres de nos anneaux, un double emploi et nous donne le groupe
SI, initiales de Sl(gnavi) ou de S\(gillnm) : il faut donc, suivant
nous, lire l'inscription entière :
+ AVIT(w)S S\(g»avi)
CGXGI1I bis.
BAGUE AVEC INSCRIPTION, TROUVÉE EN ANDALOUSIE ( ESPAGNE)
M. Arthur Engel, archéologue bien connu par de savants tra-
vaux numismatiques composés en collaboration avec M. Serrure3,
m'a très obligeamment adressé, de Séville, où il était de passage,
l'empreinte du chaton d'une bague en or, qu'il avait vue dans les
mains de M. (iarzon, antiquaire établi dans cette ville.
Le chaton, que nous reproduisons en tête de la présente notice,
est de forme ovale, présentant !) millim. de haut sur 12 de large. On
y voit un nom gravé en deux lignes : sur la première, les lettres
VAL, accompagnées de quatre points figurant une croisette, et sur la
1. Il y a surtout d'assez nombreux exemples de la suppression de V dans la
finale us. Voir E. Le Blant, Nouv. Rec. crins. chrét.,n°* 22 et 23, et les exemples
cités p. 31.
2. Recherche des monnaies méroving. du Cenomannicum, par M. Ponton d'Amé-
court, p. 202. Voir aussi sur un triens d'Angers, un nom de monnayer, ALLI-
GISELS pour Alligiselus. Rev. num., lre série, t. XII, p. 104.
3. Répertoire des sources imprimées de la numismatique française, 2 vol. in-8°,
Paris, 1889; et Traité de numismatique du moyen âge, 2 vol. in-8°, Paris,
1891-1894.
344
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
deuxième, faisant suite auxprécédentes, les lettres TNA : c'est-à-dire
les maires lectionum de
VAL(en)T(i)NA
Ce nom, qui est celui d'une sainte que l'Eglise honore et qui fut
martyrisée en 308, à Césarée, avec d'autres confesseurs de la foi
chrétienne1, a été d'un usage très fréquent au moyen âge.
CCXCIV
ANNEAU AVEC EFFIGIE, d'i'FFILA, TROUVÉ A W1TT1SUNGEN (BAVIÈRE)
Parmi les ohjets qui furent recueillis dans une tomhe masculine
découverte en 1881 à Wittislingen, et qui furent acquis par le Mu-
sée national de Munich2, figure la bague en or qui fait l'objet de la
présente notice. Elle a été sommairement décrite par mon confrère
à la Société des Antiquaires, le baron J. de Baye, dans la Gazette
archéologique2, où le chaton seul a été représenté. C'est à l'aide
d'un fac-similé soigneusement exécuté et que le savant archéologue
m'a obligeamment communiqué, que j'ai fait reproduire cet inté-
ressant bijou sous trois aspects, pour en faciliter autant que possi-
ble l'appréciation.
L'anneau a 19 millimètres d'ouverture; la largeur de la tige est
1. Bolland., Acta SS., mens. jul.,p. 163.
2. Voici la liste de ces objets : une fibule circulaire en or, avec incrustations
île jacinthes ou grenats; une fibule allongée en argent, ornée de nielles, filigra-
nes et pierreries, et portant au dos une inscription latine; trois bandes de feuil-
les d'or estampées, formant les éléments d'une croix, destinée à être fixée sur le
vêlement; une épingle à cheveux en bronze, ornée d'une hou le d'or ; une petite
cassolette en argent; une partie de boucle de ceinture en argent; un bassin en
cuivre, à anses droites; un coquillage, Cyprea ligris; une rondelle ajourée en
bronze. Ce mobilier funéraire est classé, au Musée de Munich, sous les nos 2 35
et 236.
3. Année 1889.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
345
do 2 millimètres 1/2; le chaton, de forme arrondie, a 19 millimè-
tres de diamètre; il est soudé sur la tige, de même que les trois
cabochons ou globules d'or disposés en feuille de trèfle, dont il est
accosté.
Sur ce chaton, est représentée une lète de face, barbue, coiffée
d'une sorte de casque ou diadème à rayons, dont les deux bouts,
s'abaissant de chaque côté du visage, se terminent par un annelet
ou boule percée. Au-dessus, l'on voit des ornements difficiles à dé-
finir; et au-dessous de l'effigie, une sorte de support à trois pieds,
remplaçant le buste.
Le personnage, assurément de haut rang, qu'on a eu l'intention
de figurer, était le propriétaire de l'anneau, au moyen duquel il
devait sceller sa correspondance et les actes dans lesquels il élait
partie ou témoin.
A quelle nationalité appartenaient ce personnage et l'artiste qui
a confectionné notre bijou? A quelle époque peut-on placer approxi-
mativement sa fabrication?
C'est ce que nous allons rechercher à l'aide des éléments que
nous offrent la bague même dont il s'agit et un autre objet recueilli,
avec elle, dans la sépulture de Wittislingen.
Cet objet est une fibule allongée en argent, qui porte, au dos, une
inscription latine, dont une par!ie seulement a pu être déchiffrée:
mais cette partie suffit pour permettre d'y reconnaître, sans hésita-
tion, l'inscription funéraire d'un personnage appelé Uffila*. Or, la
forme de ce nom et surtout la syllabe terminale sont incontestable-
ment gothiques et rappellent tout aussitôt, comme l'a observé
M. J. de Haye, le nom du célèbre Ulfilas, qui fut au iv° siècle,
comme on sait, évêque des Coths établis dans la Dacie. la Thrace et
la Mœsie3, et fit, pour leur instruction religieuse, une traduction
des livres saints en langue gothique3. Ce nom d'Uffila rappelle
encore celui à'Ounila, femme gothe d'origine et de sang royal,
dont nous avons décrit, dans une de nos précédentes notices, une
magnifique bague en or trouvée à Laultenheim, près de Bingen,
1. J. de Baye, Le tombeau de Wi'.tislingen en Bavière; dans Gazette archëol.,
année 1889; lire à part, p. 9.
2. Et surnommés Goths occidentaux, West-Goth*, Wisigoths, par opposition anx
Ostro-Goths ou Goths orientaux.
3. Ulfilas ou Ulphilas est mort, suivant les uns vers 376, et suivant d'autres
au plus tard en 378.
340
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
duché tic Hesse-Darmestadt'. Il est à remarquer que ce dernier
bijou porle au chaton, comme celui de Wittislingen, l'effigie de la
personne pour laquelle il avait était fait, mais de plus son nom en
toutes lettres2.
De ce qui vient d'être dit, il résulte que le personnage figuré sur
le chaton de l'anneau de Wittislingen était indubitablement d'ori-
gine gothique.
Une autre circonstance caractéristique de cette origine ressort
du dessin et du travail de l'effigie. 11 est curieux, en effet, de cons-
tater l'analogie qui existe entre cette figure de face et sa coiffure
(chapeau, casque ou diadème à rayons) et celles qui sont gravées
au droit des monnaies frappées, aux vi° et vue siècles, par les rois
visigotlis d'Espagne3. Je signalerai particulièrement celle que
M. Aloïs Heiss a qualifiée de « deuxième type général » des mon-
naies de ces souverains, et qui est très probablement, d'après le
savant et regretté numismaliste, le second des monnayages du roi
Léovigilde (573-586). Nous la reproduisons ici*.
D'un autre côté, d'après la forme des caractères de l'inscription
funéraire d'Uftila, il y a lieu d'en faire remonter la date à la pre-
mière moitié et préférablement au premier quart du vn° siècle3,
c'est-à-dire à une époque très rapprochée du règne de Léovigilde.
Ces coïncidences porteraient à penser que le petit monument
1. Voir ci-dessus le n° LXXVI.
2. Seulement la tête est de profil, tandis que celle de Wittislingen est repré-
sentée de face.
3. Aloïs Heiss, Monnaies des rois visigolhs d'Espagne, grand io-4°, Paris, 1872,
ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres ; pl. I à V; à
signaler le n° 28 de la pl. III.
4. Ce type est reproduit, en vignette, à la page 29 de l'ouvrage précité, n° ir>.
5. Voir le mémoire déjà cité sur le Tombeau de Wittislingen, tiré à part, p. 10.
M. de Baye la ferait descendre à la fin du vuc siècle; mais les inscriptions lon-
gobardes, dont il la rapproche et qui sont datées de 035 et 626-052, contrarient
celle indication.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
347
qui nous occupe a pu êlrc fabriqué au commencement du vne siècle,
dans le royaume des Visigôths au sud des Pyrénées, pour un haut
personnage, peut-être mémo un souverain de ce pays, qui serait
accidentellement décédé et aurait été enseveli dans la région ba-
varoise.
Mais, outre ce que cette hypothèse aurait d'arbitraire et d'invrai-
semblable, il faudrait, pour l'admettre, ne pas tenir compte : 1° d'un
fait semblable et certain, la découverte dans une contrée rhénane
de l'anneau sigillaire de Hunila, femme golhc d'origine et même
de sang royal ; 2° de cet autre fait que le pays habité au vne siècle
par les Bavarois avait été, au moins en partie, occupé par les (Joths1,
et qu'il est assez naturel do supposer que ceux-ci y avaient laissé
une certaine quantité de familles, qui y avaient perpétué, avec leurs
noms, leurs mœurs, leu:s instincts et l'usage de leurs procédés
industriels ou artistiques, ce qui expliquerait à la fois la sépulture
d'un personnage de cette race et les ressemblances, sans cela peu
compréhensibles, que nous avons signalées.
Mais il y a d'autres raisons encore en faveur de cette explication.
L'anneau de Wiltislingeu n'est pas le seul monument où l'on
trouve la trace de l'art gothique; il est également visible sur une
monnaie anglo-saxonne'2, un sceatta conservé au Musée Britannique
et que nous reproduisons ici d'après la figuration qu'en a donnée
M. G. F. Keary3.
1. A l'époque do la mort de Théodoric (526), les Ostrogoths possédaient, avec
une portion de la Rhétie, le Noricum, dont la Ravièie occupe une parlie. Plus
lard, les Francs austrasiens envahirent le duché de Bavière, sous les règnes de
leurs premiers souverains : Théodoric, vulgairement appelé Thierry (51 1-534), et
Théodebert I" (534-548).
2. La tribu germaine des Angles était établie dans la parlie orientale du Hol-
slein, et h s Saxons primitifs (do l'époque mérovingienne) habitaient une contrée
arrosée par l'Elbe, la Lippe, le Vesor, et qui s'étendait jusqu'à la Baltique et au
Danemark
3. Catalogue of Enylish coins in the British Muséum, Anglo-Saxon séries,
London, 1887, p. 16, n° 146, et pl. III, n° 17. Celte intéressante pièce m'a été
obligeamment signalée par M. Adrien Blanchet, mon confrère à la Société dos
Antiquaires,
348
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
On y reconnaît les effets de cette influence artistique, dont l'ex-
tension dans la région bavaroise est ainsi encore mieux démon-
trée.
Ces observations viennent, comme on voit, à l'appui de la thèse
soutenue par M. J. do Baye, au Congrès historique et archéologique
de Namur, touchant l'action prépondérante exercée par les Goths,
sous le rapport que nous envisageons, dans l'occident comme à
l'orient de l'Europe'. Cette nation, la plus puissante assurément
des tribus germaines, qui établit la première, et entrelint le plus
longtemps d'étroites relations avec l'Empire, fut aussi la première
à combiner ses conceptions et et ses procédés artistiques et indus-
triels avec ceux des Byzantins. De là naquit un art nouveau, capri-
cieux, élégant dans son originale variété, qui se répandit en tout
sens, de la mer Noire et de la merd'Azow à l'océan Atlantique, de
la Baltique et des bords de la Vistule aux rivages méditerranéens;
un art, dont les produits charmants se retrouvent chez les peuples
les plus divers, dans des contrées séparées les unes des autres par
d'immenses espaces, dont enfin « 1 homogénité atteste la commu-
nauté d'origine »?.
Toutefois, en ce qui concerne l'anneau d'Uffila, il y a une très
importante réserve à faire. C'est bien dans son ensemble un ou-
vrage gothique. Mais il nous offre un détail qui a un tout autre
caractère. Le chaton e st, avons-nous dit, en décrivant le bijou,
acco té de trois cabochons ou globules, disposés en feuilles de trèfle
et soudés sur la tige. Or, comme nous avons eu tant de fois l'occa-
sion de le noter au cours du présent ouvrage, les ornements de cette
sorte sont une des marques distinctivcs, la plus caractéristique
peut-être, de l'orfèvrerie franque.
Il faut donc croire que, dans la contrée où fut confectionnée la
bague provenant de la sépulture de Wittislingen, l'orfèvre, tout en
continuant d'observer, pour l'exécution du chaton, les traditions
de l'art gothique, encore en honneur dans le pays ou au moins dans
son atelier, suivait, sous certains rapports, les règles ou plus exac-
tement les pratiques des Francs, et que la technique de ces nou-
1. De l'influence de l'art des Golhs en Occident, grand in-4°. Paris, 1891. Ce
mémoire substantiel a été lu au Congrès historique et archéologique de Namur,
dans sa séance du 6 août 1890.
2. Vbi supra, p. 6.
ÎJiiS PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
veaux dominateurs de l'Europe occidentale, greffée pour ainsi dire
sur celle de leurs prédécesseurs, se substitua à celle des artisans
de Byzance et de Rome.
CGXGV
* ...
ANNEAU AVEC L INVOCATION VI Del nomme, ameil, TROUVÉ A OESTRICH,
PROVINCE DE NASSAU (ALLEMAGNE) 1
Voici un anneau en bronze, recueilli, en 1856, dans un cimetière
franc rempli de vases, d'armes et de fibules. 11 appartient au Mu-
sée d'antiquités romaines et germaniques de Mayence, et a été
publié par M. Lindenschmit dans l'ouvrage déjà cité3. Précédem-
ment, en 1839, l'abbé Cochet, d'après une communication de l'ar-
chéologue allemand, en avait fait connaître l'inscription dont il
sera parlé plus bas, mais sans aucune représentation de l'objet
même'.
Cette bague est d'un seul morceau de métal, et n'offre nulle part
de traces de soudure. Elle a 19 à 20 millimètres d'ouverture entre
les deux chatons dont elle est ornée, 22 millimètres dans l'autre
sens. Des deux chatons, l'un, qui est à beaucoup près le plus im-
portant, est de forme carrée et a de 11 à 12 millimètres de côté;
le deuxième, ménagé dans la partie opposée au premier, est un
ovale de 6 à 7 millimètres de long sur 5 à 6 de hauteur. Ils sont re-
liés l'un à l'autre par deux branches ou tiges sur chacune des-
quelles sont gravés deux reptiles, apparemment deux serpents. Il
y a, près du point de jonction de la tige avec le grand chaton,
un cercle avec un point à l'intérieur, semblable à ceux qui repré-
sentent les yeux des serpents.
Le grand chaton porte, en trois lignes, cette inscription :
1. Oestrich est une ville de la province de Nassau.
2. Irc partie (Antiquités de l'époque mérovingienne) , p. 104; planche XIV,
3. Le Tombeau de Childéric Ict, p. 353, note 1.
350
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
IN Dl
NVMI
NE Â
In Dei numine (pour nomine). Amen.
Sur le chaton ovale, esL gravé le monogramme formé des lettres
grecques I et X, initiales de 'Irpcï: Xpîctcç.
X
Nous avons ici un exemple remarquable de l'emploi, dans les
cachets de l'époque gallo-franque, de l'invocation religieuse dont
nous avons déjà signalé la présence sur une autre bague' ; mais il
nous offre ces importantes particularités, que l invocation paraît
ici en toutes lettres et dans la partie principale et la plus apparente
de l'anneau, tandis qu'elle est en caractères monogrammatiques
sur la partie accessoire du bijou précédemment décrit ; qu'elle est
enfin suivie de l'abréviation de Amen, dont je ne connais pas d'autre
exemple3.
CCXCVI
ANNEAU AVEC MONOGRAMME DE PROVENANCE INCONNUE, MAIS PROBABLEMENT
TROUVÉ EN AUTRICHE
(M)
Voici une bague en or, qui appartient à la collection Zankoyich
du Cabinet impér ial de Vienne3, où M. le baron J. de Baye, mon sa-
1 . Voir ci-dessus le n° XLIII.
2. Il convient de noter ici qu'à côté de notre anneau, dans la même tombe,
se trouvaient un bracelet, deux petites fibules à fermoir, un fermoir et un
pendant de ceinturon, le tout en argent, sauf le fragment de ceinturon, qui ctt
en bronze.
3. Cette anneau est inscrit, sous le n° 215, dans le Catalogne du Cabinet im-
périal.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
351
vant confrère à la Société des Antiquaires de France, en a recueilli
des empreintes et exécuté des dessins.
Cette bague a 20 millimètres d'ouverture : la tige, de forme ronde,
a 3 millimètres d'épaisseur.
Le chaton, soudé sur la tige, est également de forme ronde, et
se compose de trois plaques superposées, en rctraitles unes à l'égard
des autres; la plaque inférieure a 14 millimètres; celle qui la sur-
monte 10 1/2, et la troisième 8 1/2.
Sur celle-ci, est gravé un monogramme comprenant les lettres
suivantes :
1° Un M, qui apparaît à la fois comme lettre principale et comme
soutien des trois autres;
2° Un |, formé par le prolongement remarquable du premier des
deux traits obliques intérieurs du M ;
3° Un S attaché à la première barre verticale du M et coupé par
elle;
4° Enfin un E terminal, dont les traits horizontaux sont attachés
à la deuxième verticale du M-
Le tout nous donne le nom de MISA, au génitif
MISE
le mot Sigmtm étant sous-entendu, ou bien plutôt représenté par
le S barré du monogramme, comme nous l'avons plusieurs fois
observé '.
Dans cette dernière hypothèse, le S de notre monogramme au-
rait un double emploi et il laudrait lire :
S{ignum) MISE-
Le vocable Misa, de provenance germanique, se rencontre dans
un document du vme siècle, cité par Fôrslemann*.
Nous ignorons quelle est la localité et même le pays où ce bijou
a été découvert, mais la forme des caractères, qui composent le
monogramme germanique dont il est orné, nous autorise à le con-
sidérer comme très probablement originaire des bords du Rhin.
1. Voir ci-dessus les n°* XCIV el GCLXK.
2. Meichelbeck, Histor. Frisingensis, saec. vin, n° 19 ; dans Fôrslemann, Per-
sonennamen, col. 932. On trouve aussi : Amisa, dans les Traditionei Wissenbur-
genses, ann. 774, n° 71 : et Emisa dans Goldast, Rer. Alamanicar. Scriptores,
t. II, a. 122, 13) (Forstem , col. 79),
352
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
CCXCV1I
ANNEAU DE GENELIT1S, DE PROVENANCE INCONNUE, MAIS PROBABLEMENT
TROUVÉE EN ESPAGNE
La bague en or, dont le chaton est ici reproduit, appartient au
comte de Valencia de Don Juan, directeur du Musée royal de Ma-
drid. M. A. Engel, le savant numismatiste1, a bien voulu me re-
mettre une excellente empreinte de ce chaton, qu'il avait prise au
cours d'un de ses voyages en Espagne. M. le comte de Valencia, à
qui j'ai demandé des renseignements sur la provenance du bijou,
ses dimensions et sa composition, m'a fait connaître qu'il l'avait
acquis, à Madrid, chez un marchand, qui n'a pu lui dire en quel
endroit ni dans quelles circonstances il a été trouvé2; que le cha-
ton lui paraissait être soudé sur la tige, et que l'ouverture de l'an-
neau est de 18 millimètres seulement3, ce qui porte à penser qu'il
éiait à l'usage d'une femme.
Le chaton, de forme ronde, a 14 millimètres de diamètre; il porte,
gravée en creux et précédée d'une croiselte, une légende qui doit
être lue en partant de la croisette, à droite (pour le lecteur), et en
considérant les lettres comme ayant leur base tournée vers la bor-
dure; la première est un G mérovingien, suivi du groupe ENELi,
après lequel viennent un T couché, un I et le S du centre. Le tout
forme le nom de
+ GENELIMS
(Genelitis).
1. M. Engel est l'auteur de deux ouvrages importants, composés en collabo-
ration avec M. R. Serrure, et dont l'un, Répertoire des sources imprimées de la
numismatique française, a été couronné par l'Institut (Académie des inscriptions
et belles-lettres).
2. Lettre de M. le comte de Valencia, du 29 avril 1894.
3ê Ibid.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
353
La place que le S terminal occupe au centre du chaton, donnerait
à penser que cette lettre a, en outre, la valeur de l'initiale de Si-
gnwn ou Sigillum.
CGXCVIII
BAGUE DE XD VECUS (pour JlwenCUs), DE PROVENANCE INCONNUE, MAIS
PROBABLEMENT TROUVÉE EN ESPAGNE
Nous reproduisons ici le chaton d'une bague en argent, appar-
tenant à M. le marquis de Florès Davila, à Madrid.
M. Engel, le savant archéologue, bien connu par ses travaux de
numismatique1, m'a fort obligeamment remis l'empreinte qu'il en
avait prise, dans un de ses voyages en Espagne : il ignore le lieu
où ce bijou a été trouvé, et je suis dans l'impossibilité de donner
aucun autre renseignement en ce qui le concerne.
Le chaton, en forme de losange irrégulier, a 15 millimètres de
large, avec 14 dans sa plus grande hauteur : il est accosté, à cha-
que point de réunion avec la tige, de deux globules ou cabochons,
qui y sont très probablement soudés ainsi que le chaton lui-même.
Il porte, en deux lignes le nom de Juvecno; le S qui est entre les
deux lignes, a sans doute la valeur de Signum. Dans le caractère
qui est à droite du deuxième v, il faut voir une simple croiselte,
semblable à celles qui accompagnent le nom sur plusieurs de nos
anneaux, comme sur les documents écrits.
L'inscription doit donc être lue ainsi :
S IVVECVO +
Siignum Juvecuo) 2.
1. M. Engel a publié, en collaboration avec M. Serrure, un Traité de numis-
matique du moyen âge et un Répertoire des sources imprimées de la numismatique
française, couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
2. Nous avons là un exemple de la déclinaison à l'ablatif dans un instrument
de souscription, et un exemple de la croisette placée au milieu du nom, comme
dans le cachet reproduit à l'Appendice n° I.
23
354
ÉTUDE SUR LES ANNEAUX
Je n'ai pas encore rencontré le nom de Juvecus. Ce vocable de
for me latine ne figure point dans le Corpus inscriptionum latinaritm.
Je suis disposé à croire qu'il a été peut-être mal gravé sur notre
anneau, et qu'il serait, en tout cas, une corruption de Juvencus, qui
a été d'usage assez fréquent, car il y a trois saints de ce nom que
l'Eglise honore*. Le Corpus le mentionne, une fois, comme inscrit
sur un monument d'Espagne, et c'est celui d'un poète espagnol, qui
florissait à la fin du premier tiers du iv° siècle2.
Il n'est pas inutile de faire remarquer que notre anneau est
aussi probablement originaire de la péninsule.
CGXCIX
B\GUE AVEC LE CHRISME El l'aCCL\.\IATION CU171 ïïie VIVaS, DE PROVENANCE
INCONNUE
E. Le Blant a vu, à Rome, dans la collection d'Alexandre
Gastellani, une bague en bronze portant une inscription, gravée,
en trois lignes, dans le sens rétrograde, et dans la deuxième ligne
de laquelle est figuré un chrisme. Voici cette inscription, telle
qu'elle a été publiée par mon savant confrère3.
CON
M^EV
I VAS
« Elle donne, comme il l'a dit, l'acclamation con (pour cum)i me
vivas », « Vis (heureux ou heureuse) avec moi. »
Nous avons vu, plus haut, un exemple de cette acclamation dans
la légende « Micaèl mecum vivas in Deo »5, que l'on peut encore
rapprocher des inscriptions dedeux autres bagues : Vivas m^hijdiu6,
et Vivas diu m(ihi) ou m(ecum)1.
1. Bolland., Acta SS. , mens, febr., t. II, p. 152, et meus, jun., t. I, p. 43 et 44.
2. D. Martène, Veterum scriplorum collectio, t. IX, p. 13.
3. 750 inscriptions de pierres gravées inédites, etc., n° 328, p. 126.
4. « Le mot cum est souvent écrit CVN et CON dans les épilaphes; et les
exemples de la substitution de l'N à l'M sont d'ailleurs des plus fréquents sur
les marbres. » Voir Le Blant, iïouv. Rec. des inscr. chrét. de la Gaule, n03 106,
162, 380, etc.
5. CLXVI.
6. XXXIX ter.
7. LXXIII bis.
DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
355
CGC
anneau de victorinus avec les lettres a et gû> provenant de carthage
(tunisie)
Je reproduis ici, d'après le P. Delattre1, l'inscription gravée sur
le chaton d'une bague en cuivre trouvée à Carthage, au cours des
fouilles opérées par le savant et zélé religieux. On y voit, au
milieu de ce chaton, une croix latine, accostée des lettres sym-
boliques A et G), et le nom de
VlC(*ori)NV(s)
qui est celui de plusieurs saints d'Afrique et notamment de saint
Victorin de Carthage, qui fut martyrisé, dans cette cité, au com-
mencement du ive siècle, avec saint Saturnin, saint Félix et un
grand nombres d'autres chrétiens3.
ceci
AUTRE ANNEAU TROUVÉ A CARTHAGE (TUNISIE)
S
Voici un autre anneau d'or, également découvert à Carthage, et
qui appartient à la collection de M. Marchand : il présente, au
chaton, un monogramme, formé d'une croix, aux quatre branches
de laquelle sont attachées des lettres :
Le P. Delattre, d'après qui je le reproduis, y a lu avec raison le
nom de
RVSTICVS4
Nous avons décrit plus haut une bague où ce nom est inscrit en
légende s.
1. Bulletin trimestriel des antiquités africaines, t. III, p. 12, n° 681.
2. Cette leçon a été adoptée par Le Blant, loc. cit., n° 337, p. 129.
3. Bolland., Acta SS.., mens, febr., t. II, p. 513 et suiv.
4. Bull. trim. des antiq. afric, p. 12, n° 683.
5. CXVII.
356 ÉTUDE SUR LES ANNEAUX DES PREMIERS SIÈCLES DU MOYEN AGE
CCCII
AUTHE ANNEAU PROVENANT DE CARTHAGE (TUNISIE)
y
€-<!>-N
S
Lo P. Delattre a fait mention1 du chaton d'une troisième bague
en cuivre, provenant, comme les deux précédentes, des fouilles de
Carthage. Sur ce chaton, déforme ronde, est gravé le monogramme
ci-après.
Ce monogramme, composé d'après le même procédé que celui
du numéro précédent et probablement dans le même atelier5, est,
comme celui-là, très facile à déchiffrer. Les trois lettres du centre
et la lettre S forment la première syllabe du nom; le T et l'| de la
haste forment la seconde; le N redoublé, le V du sommet et le S
redoublé forment la troisième : nous avons, pour l'ensemble
CONST1NVS.
C'est le nom porté par un prêtre qui souscrivit une charte datée
de l'an 699 3 . C'est ici assurément le nom d'un enfant, car la bague
où il est inscrit n'a que H millimètres d'ouverture4.
1. Bull. trim. des antiq. afric, p. 13, n°685.
2. Voir aussi le n° CCLX1V où on le lit; les lettres du nom de Rosa sont atta-
chées aux branches d'une croix, dont le centre est également un O.
3. Pardessus, Dipl. et ch., t. II, p. 429.
4. Bull. trim. des antiq. afric, ubi supra.
APPENDICE
CACHETS, BOUCLES DE CEINTURON ET FIBULES
AVEC INSCRIPTIONS
Trouvé par un cultivateur, sur e territoire de Vitry, et acquis
d'abord, par M. Minart, conseiller à la cour d'appel d'Arras, cet objet
passa, à la mort de ce magistrat, dans les mains de M. L. Dancoisne,
décédé notaire honoraire à Hénin-Liétard, et plus tard dans la col-
lection de feu le baron Pichon.
C'est un cachet en or lin, pesant 5 grammes, et composé de
deux rondelles plates, de 7 millimètres d'épaisseur et de 14 milli-
mètres de diamètre (y compris les bordures), et reliées l'une à l'autre
par une bâte de forme cylindrique. Cette bâte, qui a 5 millimètres
de hauteur et 7 millimètres d'épaisseur, est légèrement rétrécie
au centre, où son diamètre extérieur est de 11 millimètres, tandis
qu'il est de 13 à 13 1/2 millimètres aux deux extrémités, c'est-à-
dire au point de jonction avec les deux rondelles. Elle est percée,
de part en part, d'une ouverture de 12 à 13 millimètres de haut sur
3 à 4 de large.
Les deux rondelles sont estampéesen creux, et encadrées chacune
1
CACHET A DEUX FACES, TROUVÉ A VITRY (PAS-DE-CALAls) 1
1. Vitry est un chef-lieu de canton, situé dans l'arrondissement d'Arras.
358
APPENDICE
d'un cercle, posé sur le bord extérieur[et doublé d'un léger grènetis.
Sur l'une d élies, il y a un monogramme, et sur l'autre une tête de
face, barbue, entourée d'une légende, dont nous nous occuperons
bientôt.
La forme du bijou, les caractères qui y sont inscrits, la barbarie
du dessin et l'inhabileté du travail de l'effigie et de la légende cir-
culaire en font descendre l'exécution à la fin du vne siècle, et plus
vraisemblablement à la première moitié du vme.
Était-ce, comme le pensait M. Dancoisne1, un cachet formant
primitivement le chaton d'un anneau, dont les branches, pénétrant
dans la double ouverture signalée plus haut, constituaient deux
pivots sur lesquels ce cachet pouvait tourner à la volonté de son
possesseur ?
Nous ne le croyons pas.
L'ouverture pratiquée dans la bâte a de bien trop grandes dimen-
sions pour que jamais on y ait fixé les deux pivots sur lesquels au-
rait été placé le chaton tournant. M. Dancoisne, prévoyant cette
objection, y répondait, à l'avance, en disant que les trous dont la
bâte est percée de part en part, devaient être moins larges dans le
principe et avaient pu être agrandis dans la suite des temps. Mais
c'est là une supposition purement gratuite et que rien ne justifie :
l'usure n'aurait pas donné à l'ouverture les proportions que nous
lui voyons, tandis qu'elles se concilient parfaitement avec le mode
d'emploi d'un cachet à double face, qui était probablement retenu
au bras ou à la ceinture par une chaînette de suspension, semblable
aux chaînes de montre, de cachet ou de porte-crayon, que l'on
porte de nos jours2.
J'arrive à l'étude des inscriptions qui ornent les deux faces de
notre cachet.
M. Dancoisne en a indiqué et discuté deux leçons et deux expli-
cations différentes.
Suivant une première hypothèse, dont il propose finalement le
rejet, on lirait autour de la tête de face (AUTO pour S[a"jCTO, et
puis M AON pour MAGNO; ce serait « une invocation à l'un des
saints du nom de Magne », et, dans ce cas, le monogramme de
l'autre côté du cachet contiendrait le nom d'un évêque ou d'un abbé,
1. Bullet. delà Commission départent, des antiq. du Pas-de-Calais, année 1881.
2. Voir ci-dessus, n° GXXIII, un exemple de ce fait.
APPENDICE
359
que l'honorable antiquaire n'a du reste point tenté de déchiffrer.
Suivant la seconde hypothèse, à laquelle M. Dancoisne donne la
préférence, on grouperait les lettres de la légende circulaire de la
manière suivante : De/) MAO NOT. Ce serait le cachet d'un no-
taire appelé Cosmanus ou Cosmus.
Sur la face opposée du cachet, le monogramme contiendrait les
trois lettres NOT, exprimant une deuxième fois la qualité officielle
de notaire, déjà énoncée dans la légende circulaire1.
Cette dernière interprétation soulève de graves objections.
D'une part, la leçon CSMAO, avec l'intercalation d'un O pour
faire Cosmao, et d'un N pour obtenir Cosmano, ou le retranchement
de l'A pour faire Cosmo, est absolument injustifiable; c'est une
conception tout à fait arbitraire et sans base scientifique.
D'autre part, dans l'hypothèse proposée, la présence de la tête
barbue représentée sur un des côtés du cachet, resterait inexpliquée.
Enfin, si l'on voyait, à la suite du nom de C(o)smao, le groupe
Not indiquant la qualité d'un prétendu notaire, comment expli-
querait-on la présence, sur l'autre face du cachet, d'une deuxième
mention de la même qualité? Est-il admissible qu'on eût pris la
peine de fabriquer et d'estamper cette seconde face du cachet pour
faire une répétion entièrement inutile?
Ces considérations nous paraissent devoir faire écarter la pro-
position de M. Dancoisne.
Pour procéder méthodiquement, je commencerai l'étude du pro-
blème par le côté où je dois trouver un point de départ à peu près
certain, le côté de l'effigie et de la légende circulaire.
I. — Côté de l'effigie et de la légende circulaire.
Je signalerai d'abord, dans la légende, un détail auquel on ne
paraît pas avoir pris garde jusqu'ici. Entre le S couché et le M, il
y a un petit trait perpendiculaire, qui n'est point une lettre et sem-
ble avoir pour objet de marquer la séparation de deux fractions de
la légende. J'observe, de plus, que les lettres sont inscrites et se
1. M. Dancoisne a, en outre, mentionné (loc. cit., p. 6) une autre explication,
imaginée par « un numismatiste » qu'il ne nomme pas, et tellement extrava-
gante, que je crois inutile de la reproduire ici.
360
APPENDICE
lisent de façons différentes, en deçà et au delà de ce trait séparatif.
Au delà, c'est-à-dire à partir du S couché, et en allant de gauche à
droite, elles ont la tête tournée vers le bord extérieur du cachet,
jusqu'à la lettre O, qui peut se lire indifféremment dans un sens
ou dans l'autre. En deçà du même trait, à partir du M, et lues éga-
lement de gauche à droite, les letlres ont, au contraire, la tête diri-
gée vers le champ.
Il y a donc là deux groupes distincts.
Ajoutons que, par suite de cette disposition, les deux parties de
la légende et les empreintes qu'on en obtenait par l'apposition du
sceau, se présentaient à l'œil du lecteur dans le sens normal \
Nous allons maintenant rechercher la signification des deux
groupes que nous venons de distinguer.
Premier groupe. — i/iCT ou peut-être (/>3TO (SETO).
Pour toute personne familiarisée avec les textes et les monu-
ments du moyen âge, et spécialement de l'époque où se place notre
bijou, le groupe SCT ou SCTO est indubitablement l'abréviation
de SANCTO, ce qui, du reste, s'accorde bien avec la représentation,
sur ce côté du cachet, d'un personnage barbu. Il me paraît, dès
lors, qu'il n'y a lieu à aucune hésitation sur ce point, et je passe
au deuxième groupe.
Deuxième groupe. — MAG + NO ou MAO + NO2.
Le mot Sancto du premier groupe implique nécessairement, dans
le deuxième, la présence du nom du personnage auquel s'applique
ce qualificatif.
Nous ne pensons pas qu'on puisse y trouver un vocable autre
que celui de MAG + NO ou de MAO + NO (pour MAG + NO). Plu-
1. C'est faute d'avoir tenu compte de cette disposition que M. Dancoisne a
lu l'inscription qui nous occupe de cette façon étrange : (OVIAI w^TON), où les
lettres se présentent, tantôt dans le sens normal, tantôt renversées, et produi-
sent un assemblage bizarre et inexplicable.
2. La lettre qui suit A peut donner Jieu à des doutes; mais la courbe de
droite (pour le lecteur) de cette lettre, est assez visiblement échancrée; c'est
peut-être le fait involontaire de l'ouvrier, mais cela peut aussi bien être un fait
intentionnel, et alors le O non bouclé, serait en réalité un C ou plutôt un G, et
le groupe nous donnerait le nom do MAGNO. En tous cas. M«ONO serait
ici pour MAGNO, car on ne connaît pas de saint de ce nom.
APPENDICE
461
sieurs des saints qui l'ont porté, ont vécu dans des temps anté-
rieurs au vrue siècle, date approximative delà fabrication du double
cachet : certains d'entre eux ont en de la célébrité, et ont même
joui, au vne et au vinc siècles, d'une grande popularité1.
On a vu, mais bien à tort, dans notre légende une invocation à
saint Magnus. Ce n'est pas ainsi, et en inscrivant simplement un
nom au datif, qu'on l'aurait formulée. Les invocations se faisaient
par l'emploi du vocatif comme dans Chrisie, protège! ou d'une
interjection, comme dans 0 Crux! ou enfin d'une salutation comme
dans Salve, Domine! Ave, Maria!
II. — Côté du monogramme .
Les mots Sancto Magno ou Sancto Maono étant déclinés au datif
ou à l'ablatif, nous devons trouver, sur la deuxième face du cachet,
c'est-à-dire dans le monogramme, un mot qui régisse l'un de ces
deux cas.
Ce mot est VOTA, singulier féminin du participe du verbe pas-
sif Voveri. 11 y a, en effet, à la partie inférieure du monogramme,
un V formé par la haste du T et par le premier jambage oblique
qui s'en détache; au-dessus et vers le milieu de la haste, un O y
est appliqué; au sommet, un T, et, en revenant au bas du mono-
gramme, un A non barré, qui est au bout du jambage oblique men-
tionné plus haut.
Réuni à la légende circulaire, ce mot nous donne, pour l'en-
semble des inscriptions du cachet :
VOTA SCTO MAG + NO ou MAO+ NO
( Vota sancto Mag -)- no ou Mao + no pour Magno) ;
1. Saint Magnus, évêque de Trani, martyr en 250 ou 254. — S. M., martyr,
en 248, avec SS. Janvier, Vincent et autres. — S. M., de Fossombrone, martyr
avec Gélase, Donat et autres. — S. M., de Terni, martyr, avec S. Saturnin et
autres. — S. M. évêque de Milan, mort en 529. — S. M., d'Oderzo, en Vénétie,
mort vers 660. — Magnoaldus, appelé par le vulgaire Magnus et, chez les mo-
dernes, S. Menaud; enfin, S. Maing, premier abbé de Fiiessen enBavière, mort en
670. Ce dernier est le plus célèbre. Voir Bolland., Acta SS., mens, januar., t. I,
p. 21; aug., III, 717 et 755; sept.. II, 505 et 759; oct, III, 416. Pertz, Monum.
Germ. hist., SS., t. IV, p. 425
362
APPENDICE
ce qui signifie que la personne propriétaire du cachet était une
religieuse, peut-être l'abbesse d'un monastère consacré à l'un des
saints du nom de Magnus, ou bien une fille ou veuve qui s'était
vouée à ce saint.
Nous avons, dans un acte qui se place entre 670 et 672, l'exem-
ple d'une souscription faite en des termes analogues. Au bas de la
charte portant fondation, par une matrone nommée Chrotilde,
d'un couvent de femmes à Bruyères-le-Châlel (Seine-et-Oise), on lit :
Signum + inlustris Deo devotae Chrotilde
II
CACHET AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE, MAIS PROBABLEMENT
TROUVÉ EN ALLEMAGNE
Nous reproduisons ici un cachet, qui appartient au Musée de
Bonn, tel qu'il est figuré dans l'ouvrage déjà cité de M. Linden-
schmit, sur la planche où le savant conservateur du Musée de
Mayence a fait graver un certain nombre d'anneaux provenant de
sépultures franques5. Ce cachet, d'origine franque, a la forme d'un
carré long irrégulier, de 11 millimètres dans sa plus grande lar-
geur, sur 8 millimètres et demi de hauteur.
Il porte un monogramme, au sommet et au bas duquel est gra-
vée une croisette, et dont l'explication ne présente aucune diffi-
culté. L'E rétrograde est suivi d'un V et d'un S; en redoublant le
E, on forme le groupe EVSE, et si l'on y ajoute le B terminal, le |
du centre et un troisième emploi du E initial, on trouve le vocable
EVSEBIE, qui fut d'un usage si fréquent dans le haut moyen âge.
Le S obliquemment barré par un I, qui est si remarquable au
centre du monogramme, est, comme on sait, l'abréviation de
1. J. Tardif, Monum. histor., cartons des rois, t. I, p. 16 n° 19. Pardessus,
Diplom. et chart., t. Il, p. 148.
2. Handbuch der deutschen Altersthumskunde , p. 404, pl. XIV, fig. 9.
APPENDICE 363
S\(gnum) ou de Sl(ffnavi) : c'est ici l'abréviation de S\(gnum), puis-
qu'il régit le génitif Eusebie.
Nous avons donc, pour l'ensemble de l'inscription :
+ S\{gnum) EVSEBIE +
III
CACHET AVEC MONOGRAMME, DE PROVENANCE INCONNUE, MAIS PROBABLEMENT
TROUVÉ EN ALLEMAGNE
Le Musée de Bonn (Prusse rhénane) possède l'empreinte d'un
cachet, que le savant conservateur du Musée archéologique de
Mayence, M. Lindenschmit, a fait figurer dans son livre sur les
Antiquités germaniques'. Ce savant, que j'ai interrogé relative-
ment au lieu de provenance de ce petit monument, m'a déclaré
qu'il n'avait aucun renseignement à cet égard*. Je trouve seule-
ment, au verso de la planche où on l'a reproduit, la mention de ce
fait qu'il a été recueilli dans un cercueil.
Notre cachet est décoré d'un monogramme où l'on distingue :
un P rétrograde; un A non barré; un S; dans l'angle de droite
(pour le lecteur), un O (très insuffisamment marqué dans notre
gravure); le N du centre et le E final; soit, pour l'ensemble,
PASONE. Nous ne connaissons pas d'exemple de la mention, au
moyen âge, du nom de PASO, dont notre inscription fournirait
l'ablatif.
Peut-être, le P ayant été souvent employé pour B, comme dans
Pat/o pour liago, Paro pour Baro, Pald pour Bald, etc.3, ce vocable
serait-il là pour BASONE, ablatif de Baso, lequel était usité el se
lit notamment dans le testament d'Erminétrude, de l'an 700 \
1. Handbuch der deutschen Alterthumskunde (l™ partie, époque mérov..
pl. XIV, n° 8).
2. Lettre du 18 avril 1888. M. Lindenschmit ne dit pas quel en est le métal.
3. Forstemann, Personennamen, col. 983-984.
4. Pardessus, Diplom. et chart., t. II, p. 257.
364
APPENDICE
Le S posé en travers de la barre intérieure du N, a, en outre, la
valeur de Signum; il faut donc lire :
S{ignicm) PASONE-
IV
CACHET EN SCHISTE ARDOISIER, TROUVÉ DANS LE CIMETIÈRE DE HERPES
(CHARENTE*)
•f
Ce cachet, grossièrement fabriqué, a été trouvé, au mois d'avril
1803, dans une tombe masculine, à la hauteur de la ceinture du
défunt5.
Il a dans sa longueur 46 millimètres, et dans les petits côtés,
10 millimètres seulement. Il présente, sur l'une de ses deux grandes
surfaces, des traits confus et qui n'ont peut-être jamais eu aucune
signification.
Quant aux deux petits côtés, qui constituent proprement le
cachet, l'un, celui de gauche (pour le lecteur), porte un grand G
mérovingien, dont la boucle renferme une croisette; l'autre, un
caractère assez difficile à définir, et qui a peut-être la double valeur
d'un G rétrograde et d'un F, suivis de deux |.
Nous n'avons aucune opinion ni môme aucune conjecture à pro-
poser relativement à ces inscriptions.
1. Herpès est un village situé commune de Courbillac, cant. de Rouillac,
arrond. d'Angoulème. Nous avons décrit plus haut 26 anneaux, qui en provien-
nent. (Voir les n°s CCXVII à CCXL1I.)
2. Le mobilier, fort riche, de cette sépulture se composait de trois tenons en
argent, curieusement découpés et ciselés; d'un poignard assez long avec garni-
tures de cuivre repoussé et des débris de sa gaine; de deux boucles en argent
et d'une boucle en bronze; enfin d'une magnifique plaque d'argent avec dessus
en or, orné de filigranes d'or d'une grande délicatesse et dont le travail se rap-
proche de celui des belles bagues en or, recueillies dans la nécropole de Herpès.
APPENDICE
365
V
boucle de cienturon avec le nom de regnoveus, trouvée a aigu1sy
(aisne1)
Celte boucle de ceinturo.i a été trouvée dans une des tombes
mérovingiennes d'Aiguisy, dont les fouilles ont été effectuées, en
1885, par les soins de feu Frédéric Moreau, qui Ta fait, figurer dans
la neuvième livraison de Y Album Caranda; et c'est à l'aide d'un
bois qu'il nous avait obligeamment communiqué, que nous le
reproduisons ici.
Cet objet est en bronze, remarquablement conservé, orné d'en-
trelacs, au centre desquels une tête barbue a été gravée; il est
1. Aiguisy est situé commune de Villers-Agron, canton de Fère-en-Tardenois,
arrond. de Château-Thierry. Nous avons décrit plus haut deux anneaux qui en
proviennent. (N09 CXXII et CXXIII.)
366
APPENDICE
muni de trois gros rivets. L'ardillon, qui a, dans sa plus grande
largeur, 28 millimètres, présente, en deux lignes, le nom du pos-
sesseur de la boucle :
RESNO
V E V I"4 (Reg?ioveus)i.
Cette inscription remet naturellement en mémoire deux objets
par nous décrits ci-dessous, savoir : une boucle de ceinturon et
une fibule ayant servi de cachet à des personnages nommés l'un
Agnus, l'autre Sistus (pour Sixtus)1.
La boucle de Regnoveits avait-elle également cette destination?
Rien ne le prouve. Il y manque, en effet, la petite croix qui précède
généralemeut, dans les actes écrits de la première race, les noms
des parties ou des témoins, et que nous offrent la boucle à'Agnus
et la fibule de Sixtus.
Il se peut, néanmoins, qu'elle ait été employée à cet usage, tout
au moins accidentellement ou d'une manière intermittente, et
c'est pourquoi il nous a paru intéressant de la faire connaître à
nos lecteurs.
VI
BOUCLE DE CEINTURON, AVEC MONOGRAMME SUR LARDILLON, DE PROVENANCE
INCONNUE
La boucle ovale de ceinturon que nous reproduisons ici, est en
argent : elle faisait partie d'une trouvaille, opérée à une date et
1. Les deux premières syllabes de ce nom (Regno) entrent dans la compo-
sition d'un certain nombre de vocables d'origine franque, tels que : Regno-
valdus (Greg. fur., Hist. Fr., VI, 12); Regno-meris {ibid., II, 42, not.), et
Regno-bertus (Bolland., Acta SS., mens, maii, t. III, p. 618).
2. Voir ci-dessous, les n09 VI et VII de l'Appendice.
APPENDICE
367
dans une localité qui nous sont inconnues'. Klle*a appartenu à
feu Alfred Danicmrt, qui en a gratifié le .Musée de la ville de Pé-
ronne.
L'ardillon2 de notre boucle, qui a reçu, à sa base, une couche
épaisse de dorure dont une grande partie subsiste encore, présente,
gravé par une main habile, et en beaux caratères de l'époque
gallo-franque, un monogramme, surmonté d'une croisette et que
l'on déchiffre aisément de la manière suivante :
+ AGNVS.
Ce nom était, de même que le féminin correspondant AGNA, d'un
usage fréquent au moyen âge et particulièrement dans la période
mérovingienne; il y a notamment un monnayer de l'abbaye de
Saint-Martin de Tours, ainsi appelé3.
A première vue, on serait porté à penser que cette inscription
était simplement, de la part du propriétaire du ceinturon et de la
boucle, un acte de prudence ayant pour but de prévenir une subs-
titution ou peut-être un larcin.
Mais, il faut considérer : 1° que la petite croix qui précède le nom
et dont la présence ne s'expliquerait pas dans cette hypothèse, est,
à l'époque dont il s'agit, d'un emploi habituel dans les souscriptions
des actes écrits, et qu'elle en est, pour ainsi dire, une partie inté-
grante; 2° que le S, qui se détache du monogramme, sert à la fois
de terminale du mot d'Agnus et d'initiale du terme Signavi, comme
dans plusieurs cas semblables, déjà notés par nous; et ces consi-
dérations donnent lieu de penser que nous avons là une sorte de
cachet.
Cette espèce de cachet était fort commode à porter et facile à
appliquer; nous ne croyons pourtant pas qu'il y en ait d'autre
1. Cette trouvaille comprenait : 1° une deuxième boucle, également en
argent, mais de plus petite dimension; 2° une plaque de ceinture quadran-
gulaire en argent; 3° un triangle d'argent damasquiné, qui avait probablement
servi d'agrafe; 4° une double agrafe en or, d'un beau travail.
2. C'est-à-dire la pointe mobile, établie sur pivot, qui, pénétrant dans un ou
deux crans pratiqués au ceinturon, le tenait solidement serré.
3. Voir Anat. de Barthélémy, Liste des noms d'hommes inscrits sur les monn.
méroviny. (Biblioth. de VÈc. des chartes, 6e série, t. Ier). On trouve le nom
à'Agnus, en 958, dans le cartulaire de Sauxillanges, ch. 638; vers 1050, dans
celui de Saint- Victor de Marseille, ch. 266; et Agna dans un grand nombre
d'actes du cartul. de Savigny, nos 302, 480, 762 et passim.
368
APPENDICE
exemple connu, et, à ce titre, la boucle qui fait l'objet de la présente
notice mérite d'être particulièrement signalée à l'attention des
archéologues.
VII
FIBULE AVEC LE MONOGRAMME DE SÏSlO (POUR sixto) TROUVÉE DANS LA
PROVINCE DU MAINE
1 2
Grandeur d'exécution.
Nous avons décrit plus haut' une boucle de ceinturon, ayant, en
outre, servi de cachet à un personnage nommé Agnus. Nous pré-
sentons aujourd'hui au lecteur une fibule en argent, qui a été em-
ployée au même usage.
Cette fibule, trouvée dans un cimetière du Maine, a été publiée,
d'abord par M. Hucher2, plus tard par l'abbé Cochet3, et en
dernier lieu par Edmond Le Dlant*. Elle a 10 centimètres de
longueur, et présente, au centre, une saillie de 14 millimètres,
ayant la figure d'un cône tronqué, et évidéc, à l'intérieur, en
forme de cintre; sur la plate-forme du cône, il y aune inscription,
précédée d'une croix, et gravée en creux ainsi que les ornements
qui couvrent la fibule.
M. Hucher a proposé d'y lire XPSTO {Christo)-, maisE. Le Blant,
« sans discuter, dit-il, l'admissibilité de cette interprétation, » a
fait observer « qu'il est plus naturel de chercher dans le chiffre en
question le nom du possesseur du bijou. » Je serai plus catégori-
1. Voir ci-dessus le n° VI de l'Appendice.
2. Bulletin monumental, t. XX, p. 370.
3. Normandie souterraine, 2e édit., p. 270.
4. Inscriptions chrétiennes de la Gaule, t. I, p. 264, no 198 A, pl. XXII, iig. 138.
APPENDICE
369
que que mon savant confrère, en déclarant que la leçon Xristo est
inacceptable, par le double motif qu'une telle inscription n'a au-
cune raison d'être sur une fibule, et que le caractère que M. Hucher
a pris pour un x> c'st un S coupe obliquement par un I, tel que
nous l'avons observé sur un grand nombre d'anneaux sigillaires
plus haut décrits'. L'inscription, ainsi que l'ajustement remarqué
E. Le Blant, doit contenir le nom du personnage auquel la fibule
appartenait. J'ajoute que cet objet devait lui servir de cachet, puis-
qu'on y trouve, comme sur la boucle de ceinturon d'Agnus, les
trois éléments delà souscription aux actes, savoir : la croix, l'abré-
viation de sigillum ou signum et le nom du souscripteur.
Quel est ce nom? C'est ce qu'il nous reste à rechercher.
A la suite de la croix, se présentent,, au centre, les deux lettres
S et I croisées et de dimensions tellement supérieures à celles des
autres caractères, qu'il n'est pas possible de méconnaître l'inten-
tion qu'on a eue de leur attribuer une valeur exceptionnelle et pré-
dominante; elles ont, à mes yeux, un double emploi : d'abord
comme abréviation habituelle de S\{gillum) ou S\{gnum), et puis
comme groupe initial du vocable à former avec les trois lettres
plus petites de l'inscription, STO- Nous avons donc, pour l'ensem-
ble :
+ S\{gilhtm) ou S\(gnum) SISTO (pour SIXTO).
Il y a un exemple de SVSTVS mis pour SIXTVS, dans une ins-
cription conservée sur un fragment de sarcophage retrouvé dans
la cathédrale d'Apts. Or, cette forme corrompue du nom de SIXTVS,
si répandu au moyen âge et si illustre dans les annales de l'Eglise3,
suppose la transition préalable par la forme SISTVS, qui est plus
rapprochée du vocable primitif, et dont la présence sur un bijou
de la période mérovingienne n'a, dès lors, rien qui doive nous éton-
ner.
La déclinaison à l'ablatif du nom du personnage propriétaire de
notre libule n'est point non plus extraordinaire. Les souscriptions
1. Voir les n" XIII. XIX, XX, XXII, XCIV et passim.
2. Revue de l'art chrétien, l. II, p. 360. Voir aussi E. Le Riant, Inscript. chrèt.
de la Gaule, t. II, p. 484, n" 622 et pl. LXXXVIH, n° 520.
3. Il y a eu cinq papes de ce nom, dont trois ont été canonisés, de même
qu'un évêque de Reims, qui vécut au m0 siècle.
24
370
APPENDICE
aux diplômes et aux chartes de la première race nous en offrent de
très nombreux exemples', et il est tout naturel que nous la retrou-
vions sur les cachets de la même période, qui devaient nécessaire-
ment, comme nous l'avons déjà dit, reproduire les formes usitées
pour les souscriptions des parties et des témoins qui figuraient
dans les divers actes de la vie civile.
En tout cas, il est certain que nous avons ici un deuxième spé-
cimen d'objets d'usage courant, qui servaient, en même temps, de
cachet. Les deux exemplaires qui nous ont révélé ce fait curieux,
sont de nature à fixer l'attention des archéologues et même de tout
possesseur de bijoux gallo-francs, portant les caractères et les signes
habituels d'une souscription aux actes écrits et aux épîtres.
Je ne terminerai pas cette notice sans signaler, sur l'une des
deux plaques de notre fibule, la présence d'une croix gammée.
VIII
BOUCLE DE CEINTURE AVEC LE NOM DE G1SE, DE PROVENANCE INCONNUE
Cette boucle, qui appartient à la collection de M. l'abbé Gou-
nelles, a été achetée à un marchand qui en ignorait la provenance.
M. Maxe-\Verly,monsavant confrère à la Société des Antiquaires de
France, m'a obligeamment remis le dessin à l'aide duquel je la
reproduis ici.
1. Nous citerons : 1° un diplôme de Glovis II (vers 640), au bas duquel on
lit : « Sig. (loc. monogr.) domni Chlodovio régi » (J. Tardif, Monuments histo-
riques, carions des rois, p. 8); 2° un autre diplôme du même prince, de 653,
au bas duquel on voit : « Signum + vir inluster Ermenrico domesticus. —
Signum + vir inluster Austroberto... — Signum -f Gundoberto... — Signum
-f- vir inluster Madalfrido » (ibid., p. 11 et 12); 3° une charte de 670-671,
parmi les souscriptions de laquelle on remarque : « Signum E vir inluster
Ermenrigo. — Signum -f- uettoleno. — Signum + Childebrando... — Si-
gnum + Chramnino .. — Signum Gaeletramno... — Signum + Guntrigo.
Signum Aursino. Signum -f Chrodobando. Signum -f- Echarigo. Signum -f
Erchenrigo. Signum + Mauroleno » (ibid., p. 20); 4° une charte de 682-683, à
la tin de laquelle est écrit : « Signum + Ausberto, servo Dei » (ibid,, p. 20);
5° une charte de 691 souscrite par deux témoins : « Sign. + Unaclobeo, testis.
Sign. -f- Saulfo, testis » (ibid)., p. 23); 6» une charte de 697, au bas de laquelle
on lit : « Si^n. + Frumoaldo. — Sign. Audromaro... Sign. + Martino » (ibid.,
p. 32).
APPENDICE 371
Cet objet est en cuivre jaune; la goupille seule est en 1er, et
d'après M. Maxe-Werly, d'une époque plus récente que les autres
parties.
La plaque, entre les trois pointes qu'elle présente de chaque côté,
a une largeur de 20 millimètres. Entre son extrémité et la troi-
sième pointe, elle a 22 millimètres dans sa plus grande largeur.
La boucle a 32 millimètres entre les deux bords mesurés à l'exté-
rieur, 27 à l'intérieur. Elle est munie, en dessous, à la surface
opposée à celle qui est figurée dans la présente notice, de deux
petits anneaux, produits après la fonte, et qui servaient à fixer la
boucle à la ceinture1.
Cette plaque est ornée de signes et de caractères composant deux
groupes, séparés par une barre oblique. En tournant la pointe de
la plaque à gauche et la boucle à droite (du lecteur), on voit, dans
le triangle situé au-dessus de" la barre, une croisette accostée : à
gauche, d'un G mérovingien rétrograde (?) et d'un I ; à droite, des
lettres SE.
Pour étudier le triangle situé de l'autre côté de la barre oblique,
il faut retourner la plaque. On y voit alors une croix bouletée,
accostée : à gauche, d'un S et, à droite/ d'un G mérovingien
rétrograde (^>).
Le premier groupe nous donne, dans son ensemble, le mot
GISE
génitif d'un vocable féminin que nous avons rencontré sur un
anneau de la période gallo-franque2 : il était usité chez les Ger-
mains, soit isolément comme l'attestent de nombreux exemples
des ve, vin9 et ix° siècle, cités par Fôrstemann3, soit en composition
1 . Lettre de M. Maxe-Werly, du 22 février 1894.
2. Voir ci-dessus le n° GCXX.
3. Personennamen, col. 516.
£72
APPENDICE
comme dans les noms a" Adal-gisa, Ermen-gisa, Odol-gisa, etc.1.
Dans le deuxième groupe, S serait l'initiale de S(ignum), et G
l'initiale du vocable du premier groupe GISE.
Nous aurions ici un troisième exemple d'une boucle de ceinture
portant le nom de son propriétaire, et pouvant, au besoin, servir
de cachet, comme nous l'avons déjà observé sur la boucle de cein-
turon d'Âgnus, et la fibule de. Sistus (pour Six tus), précédemment
décrites3.
Les dimensions, assez faibles, de la boucle de ceinture qui nous
occupe, indiquent aussi que c'était un objet de toilette féminine,
semblable à ceux que feu Frédéric Moreau a recueillis dans des
sépultures de femmes3.
Quant à l'époque probable de sa confection, d'après l'ensemble
du travail et surtout la gravure défectueuse des signes et des carac-
tères dont la plaque est décorée, elle paraît devoir être placée à la
fin de la période mérovingienne, dans la première moitié du
vme siècle.
IX
Lettre de m. ph. berger, sur un sigle de signification douteuse
inscrit sur le n° xcvii de nos anneaux
J'ai examiné le dessin de l'anneau dont le chaton porte un sigle
qui vous paraissait formé par les trois clous du crucifiement.
Ma première impression, en dehors de toute préoccupation d'ori-
gine et de signification, a été de voir, dans ce sigle, un shin hébreu.
L'aspect général est celui du shin, et il présente, au sommet des
trois barres qui le composent, cet élargissement en forme de clou,
qui est un des traits caractéristiques de celte lettre, et la fait res-
sembler, en effet, à trois clous légèrement recourbés qui seraient
réunis par la pointe.
1. Personennamen , col., 515 et 516.
2. Voir ci-dessus les n<>s VI et VII de l'Appendice.
3. Album Caranda, planches XLVI, fig. 2 et LX, fig. 1 de la nouvelle série.
J. Quicherat a signalé, dans son Histoire du Costume, une boucle de ceinture
trouvée à la ceinture d'un squelette féminin.
APPENDICE
373
Cette lecture toutefois souffre quelque difficulté. Sur l'anneau
dont il s'agit ici, la barre du milieu dépasse sensiblement les deux
autres, tandis que le sommet des trois barres du shin est presque
toujours sur une même ligne horizontale. Cette règle, il est vrai,
n'est pas absolument constante, et plusieurs shin, du vue et du
viue siècles de notre ère, reproduits dans la Tobola scripturae
Hebraïcae de M. Euting, offrent, à un degré plus ou moins accen-
tué, la môme particularité. Mais ce ne sont là que des excep-
tions.
Je n'hésiterais pas néanmoins, malgré cette difficulté paléogra-
phique, à reconnaître un shm dans ce sigle, s'il y avait des raisons
suffisamment probantes pour expliquer la présenced'un shin hébreu
sur cet anneau.
L'usage des abréviations1 était familier aux Juifs des premiers
siècles de l'ère chrétienne et du moyen âge. On en retrouve même
sur leurs cachets. M. Euting, que j'ai consulté à ce sujet, me cite
des alliances juives de la Collection princière des Hohenzollern à
Sigmaringen, qui portent, en légende, « Bonne chance ».
Or, d'après les souvenirs de M. le prefesseur Landauer, plusieurs
de ces alliances porteraient l'abréviation de cette légende. La lettre
shin en particulier apparaît fréquemment comme abréviation de
la formule Pax, sur les inscriptions juives des catacombes; seu-
lement cette abréviation ne se rencontre que sur les monuments
funéraires.
Les graffites que les pèlerins nabatéens ont tracés sur les rochers
du Sinaï, commencent par la formule « Paix à un tel », laquelle,
en hébreu, se termine par la même lettre et donne un sens qui se
rapproche davantage de celui qui conviendrait ici; mais c'est peut-
être chercher bien loin un point de comparaison, sans compter ce
qu'il y aurait d'étrange à trouver une légende juive dans une sé-
pulture franque.
Pour bien faire, il faudrait trouver ce sigle sur des pierres gra-
vées juives. Or, je n'en connais pas d'exemple; il faut avouer que
je les connais mal, et qu'elles ont été, en général, peu étudiées.
Peut être un examen plus approfondi permettra-t-il d'en découvrir
qui portent cette légende ou son abréviation.
En attendant, en l'absence d'un sens qui s'impose et qui soit con
1. Je crois avoir démonlré qu'il était déjà connu des Phéniciens.
374
APPENDICE
firmé par des rapprochements certains, j'estime l'idée qui m'était
venue à l'esprit trop douteuse pour la substituer à l'interprétation,
très séduisante, que vous avez donnée de ce sigle, et qui est cou-
verte par votre grande autorité en ces matières.
Agréez, etc.
Philippe Bergeh.
Paris, 3 juin 1897.
ADDITIONS ET CORRECTIONS
INTRODUCTION
P. vu, note 4 : au lieu de CLXVII, lire : CLXXVII.
P. \xxi\, lre ligne, au lieu de 4°, lire 5°.
DESCRIPTION ET COMMENTAIRE DES ANNEAUX
P. 11, 2e ligne, lire : Autre anneau d'or trouvé, etc.
P. 15, 26« ligne, lire : Raoue en bronze avec le S barré, etc.
P. 18, 10e ligne, lire : Raoue en bronze avec un sujet, etc.
P. 19. 30e ligne, lire : Autre bague en bronze avec appendice, etc.
P. 29, 3e ligne, lire : Autre bague en bronze, provenant de Charxav, etc.
P. 85, 3e ligne, lire : LXXII 1er.
P. 106, 8e ligne, au lieu de : Raguk de Rolous, lire : Rague de Bolusou Bobolus,
etc.
P. 315, 10e ligne : au lieu de VIVAS IN DEO, lire : VIVAS DEO pour in DEO.
{
TABLES
TABLES GÉOGRAPHIQUES
Noms de lieux, de diocèses, ou de pays de provenance, connus,
des anneaux et objets décrits par nous.
Nota. — Les chiffres imprimés à la suite des noms désignent les numéros de notices dans lu
Description des anneaux.
Abbeville (Aisne), CXL à CXLIV.
Achery-Mayot(Aisne),CLXXXIXet<:.\f,.
Aiguisy (Aisne), CXXII et CXXIII ; Ap-
pendice, n° V.
Airvault (Deux-Sèvres), CGXLYII.
Albens (Savoie), CCIII.
Allemagne (?) ; Appendice, nos II et III.
Allonnes (Sarthe), XLIV.
Amiens (Diocèse d') , Cl.XXXI à
GLXXXIII.
Amiens (Somme, envii ons d'), CLXXXII.
Andernach (Prusse Rhénane), LXXXIV.
Angers (Diocèse d'), XLVI a LI.
Angers (Maine-et-Loire), XLVIàXL VIII.
Anguilcourt le-Sart(Aisne), CLXXX VIII.
Apt (Diocèse d'), CCX.
Arcy-Sainte-Restitute (Aisne), GXVII.
Argœuves (Somme), GLXXXIII.
Arles (Diocèse d'), CCVIII et CCIX.
Arles (Bouches-du-Rhône), CGVHI ;
arrondissement d'Arles, CCIX.
Armentières (Aisne), CXIX.
Arras (Diocèse d'), GLXXII à CLXXV.
Arromanches (Calvados), XLI.
Artres (Nord), CLXXVI.
Athée (Côte-d'Or), XXI.
Autriche (?) CCXCVI.
Autun (Diocèse d'), IV à IX.
Autun (Saône-et-Loire), IV el V.
Auxerre (Diocèse d'), LXI.
Avenches et puis Lausanne (Diocèse d'),
XXXI à XXXIX bis.
Avenay (Marne), GXX1.
Balme (La). Voir La Balme en Faucigny.
Barleux (Somme), GLV et CLVI.
Bayeux (Diocèse de), XLI.
Bazas (Diocèse de). CCLIII.
Beaulon (Allier; , IX.
Beaurain i Aisne), CXCII à CXCIV.
Beauvais (Diocèse de), CLXXXI.
Bel-Air (Suisse), XXXI à XXXIV.
Besançon (Diocèse de), X et XI.
Biron (Charente-Inférieure), CCX 1.1 1 1
el CCXLIV.
Blo s (Loire-el-Chèr), LIX.
Boën (La Garde près). Voir La Garde.
Bonn (Prusse Rhénane), LXXXIU.
Bons on Péiïgnier. Voir Pôrignier.
Bordeaux (Diocèse de),CCXVet CCXVI.
Bordeaux (Gironde), CCXV et CCXVI.
Boulogne-sur-Mer (Diocèse de),
CLXXXIV et CLXXXV.
380
TABLES GÉOGRAPHIQUES
Bourges (Diocèse de), CGXI.
Bréhan (Côtes-du-Nord), LUI.
Brény (Aisne), CXVIH.
Bréry (Jura). X.
Gambrai (Diocèse de), CL XX VI,
CLXXVII, CLXXVIII.
Caranda, près Cierges (Aisne), CXX et
CXXI.
Carhaix (Finistère), LVII.
Carthage (Tunisie). CCC, CCCI, CCCII.
Cestres, près Verdonnet (Côle-d'Or),
XIII.
Chalon-sur-Saône (Diocèse de), XX et
XXI.
Châlons-sur-Marne (Diocèse de), CXXV
à CXXVIII.
Ghâlons-sur-Marne, CXXV. — Envi-
vironsdeChàlons-sur-Marne, CXX VI.
Charnay (Saône-et-Loire), XXV à
XXVIII.
Chartres (Diocèse de), LVIII, LIX, LX.
Chef-Boutonne (Deux-Sèvres), CCLI bis.
Chouy. (Aisne), CXXIII bis.
Cierzac (Charente-Inférieure), CCXLVI.
Ciply, près de Mons (Belgique),
CLXXVII et CLXXVIII.
Col-de-la-Magdelaine (Savoie). Voir
La Magdelaine.
Cologne (Diocèse de), LXXXIII et
LXXXIV.
Compiègne (Oise, environs de), CXXIV.
Corcoué (Saint-Jean-de). Voir Saint-
Jean-de-Corcoué.
Cornouailles (Diocèse de), LV, LVI et
LVII.
Corseul (Diocèse de) LUI et LIV.
Courtilles (Suisse), XXXIX bis.
Couvignon (Aube), XIX.
Craon (Mayenne), LI.
Dienville (Aube), LXVIII.
Dietersheim ( H esse - Dar mst ad t ),
LXXVII.
Ennemain(Somme), CLVU.
Ependes, près Yverdon(Suisse), XXXIX.
Eprave (Province deNamur, Belgique),
CXIV.
Ercheux (Somme), CLXX.
Ermont (Seine-et-Oise), LXX.
Esclaye, près Pondrôme (Belgique).
Voir. Le Tombois.
Espagne, CCXCIII bis, CCXCVTI et
CCXCVIII. Voir Huessa
Fissy (Saône-el-Loire), XXIX.
Forges les-Mâcon, près Màcon (Saône-
et-Loire), XXII.
Franchimont (Province de Namur, Bel-
gique), LXXXVII.
Gamay (Côte-d'Or), VI.
Garde (La). Voir La Garde.
Genève (Diocèse de), CXCV à CCI1I :
Diocèse de Genève ou de Maurienne,
ou de Tarentaise, CCIV.
Genève (Suisse), CXCV. — Environs de
Genève, CXCVI.
Géronde, près Siders (Suisse), XXXIX
ter.
Hardenthan ou Yeulles. Voir Yeulles.
Haulchin (Belgique), LXXXV.
Hernies (Mont-de-). Voir (Mont-de-
Hermes.
Herpès, près Courbilluc (Charente ) ,
CCXVII à CCXLII ; Appendice, no IV.
Hesse-Darmstadt (Allemagne, Grand-
Duché de), LXXXl.
Hohberg, près Soleure (Suisse), XII.
Huesca (Province d'Aragon, Espagne),
CCXCIII.
Issigeac (Dordognc), CCL1I.
Italie (?), CCXCIX.
Jordils (Les), près Yverdon (Suisse),
XXXV.
Jouarre (Seine-et-Marne), LXX1I bis.
Jumelle (Province de Namur, Belgi-
que), LXXXVI.
Kérity.près Penmarc'h (Finistère), LV.
Kerland, près Penmarc'h (Finistère),
LVI.
La Balme-en-Faucigny (Haute-Savoie),
CXCVII à CGI.
La Garde, près Boën (Loire), II.
La Magdelaine (Col de-), Savoie, CCVà
CCVII.
TABLES GÉOGRAPHIQUES
381
Langres (Diocèse de), X à XIX.
Laon (Diocèse de), CLXXXVI à CXCIV.
Laon (Environs de), Aisne, CLXXXVI
bis.
La Tour, près Melle. Voir Tour (La).
Laubenheiro, près Bingen (Hessc-
Darmstadt, Allemagne), LXXVI.
Le Tombois (Province de Namur, Bel-
gique). Voir Tombois (Le).
Les Jordils. Voir Jordils (Les).
Limoges (Diocèse de), GGX1II cl GCXIV.
Lisieux (Diocèse de), XLII.
Lisieux (Eure), XLII.
Loire (Département de la), III.
Lucy-Ribemont (Aisne), GXCI.
Lyon (Diocèse de), I, II et III.
Lyon ou ses environs (Bhône), I.
Mâcon (Diocèse de), XXII à XXX.
Mâcon (Environs de), Saône-el- Loire,
XXIII à XXVI.
Macornay (Jura), XI.
Magdelaine (Col-de-la). Voir La Magde-
laine.
Maguelonne (Diocèse de), CCLIV.
Maine (Ancienne province du), Appen-
dice, n° VII.
Mans (Diocèse du), XLIV et XLV.
Marchélepot (Somme), CLVIlIàCLXIII.
Maroué (Côtes-du-Nord), LIV.
Martigné-Briant (Maine-ct-Lo ire),
XLIX.
Martigny, puis de Sion en Valais
(Diocèse de), XXXIX ter.
Mas-Marcou (Aveyron), CGXII.
Maurienne (Diocèse de), CCV et CGVH :
Diocèse de Maurienne, de Taren-
laise ou de Genève, CCIV.
Mayence (Diocèse de), LXX1V à LXXX.
ftîeaux (Diocèse de), LXXII bis.
Mesnil-Bruntel (Somme), GLIV.
Metz (Diocèse de), LXXUI.
Metz (Lorraine annexée), LXXIII.
Meuse (Département de la), LXXIII ter.
Milan (Italie), GXCVI bis.
Moislains (Somme), CI.XIV àGLXVIII.
Montbazin (Héraull), GGLIV.
Mont-de-Hermes, près Hermès (Oise),
CLXXXI.
Muizon, près Reims (Marne), CXV.
Mulsanne (Sarlhe), XLV.
Naix (Meuse), LXXIII bis.
Namur, Belgique (Province de),
LXXXVI à CXIV.
Nantes (Diocèse de), LU.
Néris (Allier), CCXI.
Nesle, près Verdonne.t et Oestres,
(Côte-d'Or), XIV et XV.
Nesles-les Verlingthum (Pas-d e-Ca-
lais), CLXXXV.
Neufchâtel (Aisne, canton de),
CLXXXVII.
Noyellette (Pas de-Calais), CLXXII à
CLXXIV.
Noyon (Diocèse de), CXXIX à CLXXI.
OberolmfHesse-Darmstadt, Allemagne),
LXXIV et LXXV.
Oestrich (Province de Nassau, Alle-
magne), CCXCV.
Oulphey, près Mancey (Saône-et-
Loire), XX.
Paris (Diocèse de), LXX, LXXI et LXXII.
Pérignier ou Bons (Haute-Savoie), CCII.
Périgueux (Diocèse de), CCLII.
Poitiers (Diocèse de), CCXLVI1 à CGLI
bis.
Pouan (Aube), LXV.
Pré-de-la-Cure, près Yvcrdun (Suisse),
XXXVI à XXXVIII.
Prémont (Aisne), GXLV et GXLVI.
Quincerot (Yonne), XVIII.
Ramerupt (Aube), LXVI et LXVII.
Reims (Diocèse de), CXV et CXVI.
Resteigné (Province de Namur, Belgi-
que), XC.
Rieppes, près Coulmier-le-Sec (Côte-
d'Or), CCXII.
Rodez (Diocèse de), XVI et XVII.
Rouen (Diocèse de), XL.
Rouen (Environs de), Seine-Inférieure,
XL.
Rouillé, près Villemain (Deux-Sèvres),
CCL et CCLI.
382
TAULES GÉOGRAPHIQUES
Rndesbeim (Province de Nassau, Alle-
magne), LX.XX.
Saint- Brice, près Chartres (Eure-et-
Loir), LVIII.
Saint-Chamant (Corrèze), GCXTII.
Saint-Jean-de-Corcoué (Loi r e - linl'é-
rieure), L1L
Saint-Lupien ou Somme-Fontaine Voir
Somme-Fontaine.
Saint-Moré (Yonne), LXI.
Sainte-Pétronille (Gironde), CGLIII.
Saint-Pierre, près Saint-Monlan (Ai-
dèehc), CCX.
Saint-Fierre-du Lac, près Beaufort
(Maine-et-Loire), L.
Sainte-Sabine (Côte-d'Or), VII et VIII.
Saintes (Diocèse de), CCXVII àCCXLVI.
Samson (Province de Namur, Belgi-
que), CVII à CXI.
Saône-et-Loire(Départemenlde), XXX.
Savoie (Ancienne province de), CCIV.
Seine-et-Oise (Département de), LXXI
et LXXII.
Séraucourt-le-Grand (Aisne), CXXX1X.
Soissons (Diocèse de), CXVII à CXXIV.
Somme Fontaine ou Saint-Lupien
(Aube), LXIX.
Somme (Département de la), CLXX1.
SpoiHin (Province de Namur, Belgi-
que), CIV à CVI.
Suarlée (Province de Namur, Belgi-
que), CXIl et CXIII.
Surgércs (Canton de), Charente-Infé-
rieure, CCXLV.
Tarentaise (Diocèse de), ou diocèse de
Maurienne, ou diocèse de Genève,
CCIV.
Templeux-la-FoBse (Somme), CXLVIII
à CLIH.
Tomtois (Le), au hameau d'Esclaye,
prèsPondrôme (Province de Namur,
Belgique), LXXXVIII et LXXXIX.
Tongres (Diocèse de), LXXXV à CXIV.
Toul (Diocèse de), LXX11I bis et LXX11I
ter.
Tour (La), près Melle (Deux-Sèvres),
CCXLVIII et CCXL1X.
Touraine (Ancienne province de),
XLI1I.
Tournai (Diocèse de), CLXXLX et
CLXXX.
Tournai (Province de) Hainaut, Belgi-
que. CLXXIX et CLXXX.
Tours (Diocèse de), XLI1I.
Travecy et Vendeuil (Entre), Aisne,
CXLV1I.
Trêves (Diocèse de), LXXII 1er.
Troyes (Diocèse de), LXII à LXIX.
Tunisie Voir Carthage.
Turenne (Corrèze), CCXIV.
Udenheim (Hesse-Darmstadt, Allema-
gne), LXXIX.
Vendeuil et Travecy (Entre), Aisne,
CXLV1I.
Verdes (Loir-et-Cher), LX.
Vermard (Aisne), CXXIX à CXXXVII
bis.
Verrières (Aube), LXII à LX1V.
Villeret (Aisne), CXXXVIII.
Villevenard (Marne), CXXV1H.
Vitry (Pas-de-Calais), Appendice, n° I.
Vitry-le-François (Marne), CXXV1I.
Voyennes (Somme), CLXIX.
Wallers (Nord), CLXXV.
Windisch (Diocèse de), XII.
Wittislingen (Bavière), CCXC1V.
Wôerstadt (Hessc-Darmsladt, Allema-
gne), LXXVI1I.
Worms (Diocèse de), LXXX1I.
Worms (Ilesse-Darmstadt, Allemagne),
LXXXII.
Yeulles ou Handerthan (Pas-de-Calais),
CLXXXIV.
TABLES GÉ0GRAPU1QUES ^83
II
Noms des localités et de3 collections publiques ou privées où
sont conservés les anneaux et les objets de provenance inconnue.
Chantilly (Château de), Oise, CCLXXII.
Chartres (Musée de), Eure-et-Loir,
CCLXX1II et GGLXXIV.
Châtillon-sur-Seine (Musée archéolo-
gique de), Côte-d'Or, CCLXXV.
Laval (Musée de), Mayenne, CCLXXVI.
Lyon (Musée de), Rhône, CCLXXVII.
Madrid (Musée de),Espagne, GCXCVII.
Collection de M. le marquis de Flo-
rès-Davila, CCXGVIII.
Nantes (Musée archéologique de),
Loire-Inférieure, GCLXXVIII à
CCLXXXH.
Paris. Rarlhélemy (Anat. de), GLXX.
— Bibliothèque Nationale (Cabinet
des Médailles), CCLV à GCLXI. —
Gounelles (Collection de M. l'abbé),
Appendice, n° VIII. — Laulrec (de),
CCLXXI. — E. Le Blant (Collection
de feu), CCLXXI bis. — Louvre
(Musée du), CCLXII à CCLXIV. —
Pichon (Collection de feu le baron),
CCLXV à CCLXVII. — Rollin et
Feuardent, CCLXVIII et CCLXIX.
Péronne( Musée communal de), Somme,
CCLXXXIII et CGLXXXIV ; Appen-
dice, n<> VI.
Saint-Maixent (Charente), M. le capi-
taine Espérandieu, professeur à
l'École, CGLXXXV.
Saint-Quentin (Aisne), Collection de
M. Th. Eck, GCLXXXVI.
Tournus (Musée de), Saône-et-Loire,
CCLXXXVII et GCLXXXVIH.
Troyes (Musée de), Aube, CCLXXXIX
et CCXC.
Vienne, Autriche (Cabinet impérial
de), CCXCVI.
TABLE
DES NOMS ET DES INITIALES DE NOMS DE PERSONNES
Nota. — Sout imprimés en lettres capitales, les initiales et les noms qui sont inscrits, en toutes Iclln
sur les anneaux. Sont imprimés en italiques, les noms inscrits sous forme de monogrammes ou conn
autrement que par une inscription sur l'anneau même. — Les chiffres imprimés à la suite des non
désignent les numéros des notices de la Description des anneaux.
a non barré et v, ou bien v et a non
barré, LXXII.
a répété, XCV.
ABBO, CCLXV.
ABTO, CCLX.
AE, CU OU CAF, XCI1).
Agilhrtus, LXXII bis.
Agnus, Appendice, n° VI.
AILLA, XCI.
Aina, CCXIV
AIRINSVS OU AIRINSVSVS, LXXXIX.
ALDVNVS, CCXIV.
AU i ii us, X.
Ainalretus OU Alinarelus, XLIX.
ANTON1NOS, Lï.
ASBOLIVS OU ASBOLVS, 1.
ASTER, CCXV.
AV OU VA, LXXII.
Audo, CCXII.
Augisa, XXX IV.
Aurea. XLI.
AVITVS, CCXCIII.
AVIVS(DIANA-f)OU + AVIVS-DIANA,CXVIII.
Basina, LXXXVI.
Basina, LXXXVIl.
Basina, CLXIV.
Basina (La reine Basine, épouse de
Childéric Ier ?), CLXXX (ni légende
ni monogramme).
Baso (Paso pour), Appen J., n° III.
BAVBVLFVS - HARICVFA OU HAR1CVBA ,
CXXVII.
Benignus, CCXLVIII et CCXLIX.
bert eildis Kegiiia, CLXXXVI,
BETTA (DROMACIVS-), XLV.
Betlo, XXI.
Bolus ou Bobolus, LXXXVIII.
c (deux) entrelacés, LXII.
c(deux), CCXIX.
CAE OU AECE. Voir AECE.
charimvndvs, nom de monnayer sur un
triens servant de ebaton, CLXXXIV.
childiricvs rex, Childéric Ier, roi des
Francs, CLXXIX.
cHLOTARivsRE\-,leroiClotaireII, sur un
sou d'or servant de chaton, CCLVI.
comodvs (pour commodvs), LXXIII ter.
Comme, LXXXIII.
Constinus, CCCII.
cro[d]olenvs, CCXLV.
TABLE DES NOMS ET DES INITIALES DE NOMS DE PERSONNES
385
CVNDOBERTVS, CXVI.
d (deux d entracelés), XV.
d et r, LVI.
DAIL OU DVIL, CLXXVIII.
Dana ou Danna, LXVI.
deti, CXC1I.
DIANA (AV1VS +), CXVI1I.
Diana, GCLXXXIII.
disa, CGV.
DOMMIA, XL.
DOMOLINA, GCXVI.
[d]onobertvs, CCXIII.
DROMACIVS-BETTA, XLV.
DVIL OU DAIL. Voir DAIL.
DVLCIS, CCXI.
e (4 fois), CXGV.
Elanus ou Elanias, CXV.
Eli sa, LXVII.
Ellis, CXCIII.
Endeus, IV.
Espanus, CLXXXH.
Eulalia CXXVI.
Eusebia, CXIX.
Etisebia, Append., n° II.
Eusiccia, CLXXXIII.
Eulikus ou Euiïkius, Eulichns ou Euti-
chius, GXX.
Eva, LXIX.
Evara, XII.
f, CXLV.
Fagah, LXXXI.
Falco, CLXXV.
Faustina, CCII.
FE. CLVIII.
Felicia, CLIV.
Fovaua, CCLVIII.
Franc us, CCLXXXV.
g (entre deux s), CCXLIII.
GAVDIOSVS, IX.
GELOSIMVS, GXLVII.
GENELITIS, CCXCVII.
[g]iindihildvs (iindihildvs pour).
CCXCII.
Gisa, CCXX.
gisa, Append., n° VIII.
Glauica, CCLXI.
GRAIF ARIVS, XXXIX tel'.
Gregoria, GCXLVII.
Giulinns, XXXI.
GVLFETRVD, CCLIII.
GVNDIS, CGLXVII.
HARICVFA OU HARICVBA (BAVBVLF VS-),
CXXVII.
Hedela, CXXI.
HEVA, LXV.
HVN'ILA, LXXVI.
Hylyn, CLXXXVI bis.
IIMDIHILDVS (pOUl' GIINDIHILDVS) ,
CCXCII.
INTNI, CCXXI.
i. s. Voir s. i.
Lia, III.
Isia, VI.
IWEQORDA, CCXLVI.
ian(ï«), CCLII.
Juniûnus , L.
ivvecvs (pour ivvencus), CCXCVI1I.
l (s et). Voir s. l.
LAVNOBERGA, XLIV.
LEODENVS, CXXIV.
levbacivs, XLIII.
lvcivs vervs, sur un sou d'or au nom
de cet empereur, qui a servi de cha-
ton, CLXXXVII.
m, CCXXII.
magno ou maono (sco), Append., n» I ;
nom mentionné sur un cachet tour-
nant.
Manda, LXI.
MARCONIVIA, XLVI.
Mariosa, XLVIL
Mario, CLXXXV.
Maura, CLXXXI.
Milita ou Mellita, CXLVIII.
micael, CCLXVI.
Misa, CCXCVI.
Monuddûs, CCLXXII.
n (?).
n. s. Voir s. n.
NENNIVS-VADINEHNA, CCXV1I.
KONA, CCX.
OENEOS, LU.
23
38 J
TAULE DES NOMS ET DES INITIALES DE NOMS DE PERSONNES
OPPTATA (PIA-). VOIT PIA OPPTATA.
Pasonc (pour Basone). Voir Basone.
PAVLINA, XLVIIl.
pia, XLIX Iris.
pia opptata, LXXII ter.
qvv ou ppq., GXXV.
r et d cursif. Voir d et r.
r (s). Voir s.r.
ragnethramnvs, LIX.
Rana, CXCVI lis.
rate {Ratine ?), CGIX ; mentionné sur
l'anneau de Téela.
regnovevs, Append., n° V. Nom gravé
sur une boucle de ceinturon.
ROCCOLA OU ROCCOLANA , CCLXVIH.
Rosa, CLXXI.
Rosa, CCLXIV.
Runa, CCLXXXI.
rvsticvs, GXVII.
Rusticus, CCC1.
s. e, CXCV.
s. g (!,e g est entre deux s), CCXLI1I.
s. i, LV.
s. l, CLV.
s. >:, CCIV.
s. r, CCLV.
SABINVS, LVII.
satigeni (sipvra-). Voir sipvra satigeni.
Savina, CXCVI.
SIPVRA SATIGENI, V.
Sistus (pour Sixtus), Append., n° VII.
Solalius, CCLIX.
TECLA, CCIX.
Iheganus, CCLXXVIII.
ticia (?), CXCV1I.
TRASILDVS, CCLXII.
\titla, CCXCIV. Ce nom masculin,
inscrit sur une fibule recueillie avec
un anneau, est celui du possesseur
de ce bijou.
Vna, XXVI.
vtiga, CCLXXVII.
v et a non barré, LXXU.
VADINEHNA (NENNIVS-). Voir NENNIVS-VA-
DINEHNA.
VALTNA pour VALENTINA, CCXCIII Us.
VANDEREMARVS, CCIII.
VICTORINVS, CCC.
VIRIA, CCL.
WABLEGYSVS, LXXXV.
WARENBERTVS, CCLXVIH. C'est le 110111
du donateur de l'anneau de Hoccola.
x '? (initiale ou croix), LXXIX.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES PRINCIPALES
Nota. — Les chiffres en capitales romaines désignait les pages de Y Introduction ; les chiffras arabes
désignent les pages de la Description des tfnneaux.
A cl Gû, symbole religieux, 355.
Abbés (Anneaux d'), lviii, 44«
Abbesses et de religieuses (Anneaux ■('),
lix; Appendice, n° I, p. 3f>7.
Abréviations, xxxix.
Acclamations, xxxvni ; vivas, G7,
cum me vivas, 354: vivas in De,
3, 195; mecum vivas in Deo, 3o6; vi-
vas mihi diu, 38, 87 ; vivat in Deo, 12G,
i43; vivat in Deo cum marito suo;
228 : utere felix, 40.
Age de quelques cimetières. Voir Cime-
tières (Age de quelques}.
Age des anneaux décrits (an 3 12 à 752),
vu; moyens de le déterminer, vni.
Agneau (L')( avec une étoile sur le dos(
symbole du Christ. Voir Symboles
du Christ.
Allégories, xix ; reniement du Christ
par S. Pierre, 18; Promélhée créant
l'homme à l'image des Dieux ? 2(3.
Amen (ln Dei nomine). Voir Invocations
et formules religieuses.
Animaux mythologiques ou fantastiques,
xxix, 41, 69, 114, n5 et passim.
Anneaux d'hommes, de femmes et d'en-
fants {Nombre respectif des), liv; les
anneaux de femmes plus nombreux
que ceux des hommes, lv-lvi; an-
neaux de mariage ou fiançailles, de
rois et reines, d'évèques, d'abbés,
d'abbesscs et simples religieuses,
de gens de profession, sigillaires,
de simple ornement. Voir Mariage ou
fiançailles, Rois, Reines, Évêques, Ab-
bés, Abbesses et religieuses, Gens de
profession,Sigillaires(Anneaux),Ornc-
ment (Anneaux de simple).
Argent (Anneaux d'), xi, 1, 5, 6, 14, 27,
29, 44 et passim; filigrane d'argent,
xi, 270, 271; argent, doré, xi, 266,
275.
Barbaricaircs ou damasquineurs et bro-
deurs d'or (Corporation des), xxi,
322.
Bénissant ou predicant (Personnage),
xxiv, 319.
Li odeurs d'or sur étoffes. Voir Barba-
1 icaires.
Bronze (Anneaux en), xi, 7, 12, i3,
17, 18, 2r et passim; filigrane de
bronze, xi, 179-180, 269; bronze
plaqué et incrusté d'or, xi, 320 ;
doré, xi, 266, 2(î7; argenté, xi, 218,
333; entaillé, xi, 328.
Bustes d'homme et de femme affrontés,
67.
Cabochon (Pierres taillées en), c'esl-à-
3b 8
TABLE ALPHABÉTIQUE D
ES MATIÈRES PRINCIPALES
(lire dans la forme hémisphérique,
en relief sur le chaton, xvm.
Cabochons ou globules de métal, accos-
tant le chaton, au nombre de 4. de
3, de 2 ou d'un seul, xxn.
Cachets, Appendice, nos I, II, III el IV,
p. 357 et suiv.; cachets sur plaques
de ceinturon, ibid. nos V, VI, p. 365,
366, 370; sur plaque de ceinture de
femme, ibid., n° VIII, p. 370; sur
fibule, ibid., n° VII, p. 368; cachet
tournant, ibid., n° I, p. 357.
Cerf (Le), symbole du Christ. Voir
Symboles du Christ.
Chaîne de sûreté (Anneau avec), xiv, 55 ;
avec chaîne de suspension, xiv,
l',0.
Chandelier à sept branches, sur anneau
d'Aster, israélite, ccxv, 346.
Chaton des anneaux, en ses diverses
formes, xiv; pris dans la masse,
ibid., 6, 7, 8, io, 12, i3, i5, 16 et
passim ; soudé sur la tige, xiv, 4, 10,
xi, 17, 23, 25, 26, 3o et passim ; tour-
nant, xv, i45, 207, 3o8.
Chatons (Anneaux munis de deux), xv,
21, 52, 94, 109, 112, 243, 3o8, 328,
349.
Chevaux à l'abreuvoir, intaille antique
sur une sardoine, 274.
Christ (Symboles du). Voir Symboles du
Christ.
Christe. Voir Invocations et formules re-
ligieuses.
Cimetières (Vûge de quelques) : de Her-
pès (Charente), 25i ; de la province
de Namur (Belgique), 101 ; de Ver-
mand (Aisne), 149.
Clous (Les) du crucifiement, xxvn, 1 13,
174, 175; Appendice, n° IX, 372-
374.
Colombe (La), symbole du Christ. Voir
Symboles du Christ.
Comodus pour Commodus, xxxix, 88.
Con pour Cwn, xxxix, 354.
Consécration religieuse (Anneaux de),
i.x n.
Croiseltes, xxvn, 55, 70, 72, 97, et
passim ; de la place occupée par les
croiseltes sur les anneaux, u.
Croix, en ses diverses formes : à bran-
ches égales, chrismée, fichée, four-
chue, gammée, grecque, pattée, po-
tencée, de Saint-André, can'onnée
de points ou de lettres, xxvi-xxvii,
16, 17, 36, 43, 44, 66 et passim ;
croix avec les lettres d'un mono-
gramme à l'extrémité des quatre
bras, 335 ; et en outre un 0 au centre,
3o3, 356.
Cuivre (Anneaux en), xi, 6, 11, 33,
i38, i58, 166, 167, 168, 237, 297,
325; en laiton, xi, 167-168; doré
xi, 297.
Damasquineurs. Voir Barbaricaires.
Dansant? (Personnage), xxm, 81.
Devineresse? (Scène entre un guerrier et
une), xxm, 5o.
Double (Anneau), ou deux anneaux su-
perposés, xrv, 41 •
Effigies de personnages déterminés,
xxiv, 16, 60, 67, 69, 90, 171, 189,
234, 293, 3i4, 3i8, 344.
Èmaillerie, xvn ; cet art avait-il été
abandonné au ive siècle? i56.
Émaux : blanc, 168, 3i8; rouge,
328 ; bleu, 3o et 328 ; grisâtre, 1 1 ;
noir, i56et259; plaques d'émail, i56;
goutte d'émail, 5.
Émaux. Voir Èmaillerie.
Emblèmes religieux, xxv : le chande-
lier à sept branches, 216; le chrisme,
20, 21, 52, 128, i3g, i5o, 325, 326,
349; croix et croiseltes dans leurs
diverses formes, xxvi; instruments
de la Passion, xxvn, 47, 174» 17$-
Étain ou plomb (Anneau en), xn, ?.43.
Èvéques (Anneaux d'), lviii, 44> 83,
i43.
Fabrication (Procédés de). Voir Procé-
dés de fabrication.
Fect pour fecit, xxxix, 23g.
Fer (Anneau en), xn, 19-20, 233-234.
Fermoir (Bague munie d'un), XIV, 235
TARLE ALPHABÉTIQUE DE MATIÈRES PRINCIPALES
389
Fiançailles ou de mariage (Anneaux de).
Voir Mariage ou de fiançailles (An-
neaux de)
Fibule (Cachet sur). Voir Cachets.
Ficit pour fecit, xxxix, 128; fici pour
feci, dans une épitaphe reproduite
p. i3o, note 2.
Figures géométriques et autres, gravées
sur les anneaux, xxix, 6, 16 et
passim.
Filigrane. Voir Argent [Filigrane d1)',
Bronze (id. de) ; Or (id. d').
Formes diverses des Anneaux : unie,
hexagonale, octogonale, nonago-
nale, xiv.
Formules religieuses et invocations. Voir
Invocations.
Fortune (La Déesse), représentée sur une
cornaline, xix, 239; la Fortune et
la Victoire, représentées sur une
cornaline, xix, 38.
Génie (Figure de petit), gravée sur une
calcédoine, 161.
Gens de profession (Anneaux de), lix ;
anneau de l'orfèvre Rusticus, fabri-
qué par lui, 128; anneau-cachet du
pharmacien ou médecin pharmaco-
polc Donobertus, 239.
Germanique (Pure forme d'un nom)
sans désinence latine, 286.
Globules ou cabochons métalliques,
accostant le chaton; au nombre de
4, 3, 2 ou 1, xxii.
Gothique (Anneau de travail), avec le
nom gothique d'Uffila, 347 ; influence
de l'art gothique sur l'art occiden-
tal, 348.
Gravées (Pierres). Voir Pierres gra-
vées.
Hippocampe, représenté sur le 2°
chaton d'un anneau, 4l
Incrustation et placage d'or, xx, 320;
les incrustations cloisonnées sonl-
elles un ornement caractéristique
des anneaux mérovingiens? 54.
Identifications de noms inscrits sur
les anneaux, avec des personnages
du même nom, a priori peu admissi-
bles, lix, i43.
In Dei nomine. Voir Invocations et for-
mules religieuses.
Intailles antiques, employées comme
chatons, xix, 26, 38, ia4> 160,
161, 23o, 261, 273, 332.
Invocations et formules religieuses,
xxxvii : Christe, 336 ; in Dei nomine,
44; in Dei nomine, amen, 349; Salva
me, 337; A et CO, 355.
Jupiter, représenté sur trois intailles
antiques, xix : assis sur une cathédra,
tenant, d'une main un sceptre, de
l'autre une palère, avec l'aigle à ses
côtés, 102; le même, avec l'aigle,
qui est à ses pieds et le regarde,
262; assis, couronnant son aigle, 332.
Main et doigts auxquels on mettait les
anneaux: de mariage ou de fiançailles.
lxi; de consécration religieuse, lxii ;
sigillaires et de simple ornement ,lxiv.
Magcster pour magister, dans une épi-
taphe reproduite p. i3o, note 2.
Mariage ou de fiançailles (Anneaux de),
lx, 38, 67, i3ï, 14.7, 227, 243, -aSo,
3o6, 3o8.
Matières premières des anneaux Voir
Argent (Anneaux d'), Bronze, Cuivre,
Ètainou Plomb, Fer, Or, Potin, Verre.
Médecin pharmacopole ou pharmacien
(Anneau d'un). Voir Gens de profes-
sion.
Monnayer (Nom de), inscrit sur un tiers
de sou mérovingien, qui a servi de
chaton pour un anneau, 200.
Monogrammes (Les); composition des
monogrammes, xlv ; leur origine,
xlvi; explication des monogram-
mes, xlvii; précautions et règles
à observer pour le déchiffrement
des monogrammes, xlix-liv.
Monogrammes dont les lettres sont pla-
cées aux 4 branches d'une croix, 355 ;
avec, en outre, un 0 au centre de la
croix, 3o3, 356.
Obole à Car on dans des sépultures de
31)0
TABLE ALPITABÉTIQUE DES
MATIÈRES PRINCIPALES
la seconde moitié du ive siècle, 142,
i5i, i55.
Or (Anneaux d'),xx, r, 2, 7, 8, 21, 2.3,
2.4, et passim; filigrane d'or, xi, 2,
26, 40,330; feuilles d'or employées
en paillon uni ou quadrillé, xi, 122,
i23, 168 ; incrustations d'or, xi, 320.
Orfèvre (Anneau d'un). Voir Gens de
profession.
Orientation des corps dans le cimetière
de Herpès (Charente), 252.
Ornementation des anneaux, xvi. Voir
Pierres précieuses etimitations, Verro-
teries, Émaillerie.
Os, terminaison, au nominatif, de noms
de la deuxième, déclinaison, xxxix,
60, 63.
P (La lettre) du chrisme, avec la signifi-
cation du P latin, dans Spes Dei, p. 129.
Paillon, consistant à poser les gemmes
sur des feuilles d'or, ou sur une plaque
de métal doré ou argenté, uni ou qua-
drillé, XVIII, 122, 123, 168, 218.
Paléographie des anneaux ; formes et po-
sitions diverses des lettres, xxx à xxxvi.
Palme, symbole du Christ, xxviii, 142.
Pasone pour Basone, Appendice, n° III,
p. 363.
Passion (Instruments de Za),xxvn, 49,
i75.
Pharmacien ou médecin pharmacopole
(Anneau d'un). Voir Gens de profes-
sion.
Pierres gravées, xviii; pierre gravée,
trouvée dans le tombeau de l'évèque
saint Agilbert, xix, 83; la gravure
sur pierre a-t-elle été pratiquée par
les Mérovingiens? xx. Voir Intailles
antiques.
Pierres précieuses ornant les anneaux,
xvi, 4, n,83, 88, 120, 121, 124, 162.
elpassim; imitations, xvi, n8, 120,
121 et passim; mise en œuvre des
gemmes, xvn.
Placage et incrustation d'or et d'argent.
Voir Incrustation et placage d'or et
d'argent.
Plaque de ceinture de femme et sur pla-
ques de ceinturon (Cachets sur). Voir
Cachets.
Plomb ou étain (Anneau en), xii, 243.
Pointe (Anneau muni d'une forte), xiv,
226.
Poisson (Le), symbole du Christ. Voir
Symboles du Christ.
Potin (Anneau en), nu, 162-163, 206-207.
Prédicant ou bénissant (Personnage),
xxiv, 3 19.
Procédés de fabrication, xn, 102.
Prométhée créant l'homme à l'image
des Dieux? xix, 26.
Reines (Anneaux de), lvii; anneau de
la reine Berteildis, épouse de Dago-
bert Ier, 2o3; anneau de mariage de
la reine Basine, épouse de Childé-
ric Ier, mère de Clovis Ier (?) 192;
anneau de Hunila, souveraine ou
princesse de race gothique, lviii,
90; anneau de Nona, reine ou fille
ou sœur de roi ? 236.
Rois (Anneaux de), lvi : anneau du
roi Childéric Ier, ibid. et 189; an-
neau attribué à Childéric, Lvn;
anneau d'un souverain ou prince
goth, nommé Uf fila, 344-
Roulette (Dessin à la), 268.
S seul, exprimant signum, 2g3 ;signavi,
100; signavi et des lettres compo-
santes d'un monogramme, 5j, 60, 77
et passim ; S barré, exprimant si-
gnavi, 8, i3, 79 et passim; signum,
6, 10, 34 et passim; S accompagné
de points, ayant la même valeur,
281. Voir Sigles.
Saint Pierre, avec le coq chantant, al-
lusion à la prédiction du reniement
du Christ, xxiv, 19.
Salba me pour salva me, xxxix, 337.
Salva me. Voir Invocations et formules
religieuses.
Sceatta, monnaie anglo-saxonne, re-
produite p. 347.
Scènes à un ou deux personnages, gra-
vées sur les anneaux, xxin.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES PRINCIPALES
391
Scgella(vil) pour sigilla(vit), xxxix, 328.
Seo pour suo marito, xxxix, 228.
Sépulture (Modes de), 252; orientation
des corps, ibid.
Sexe des défunts dans les sépultures;
moyens de le déterminer, 2.52.
Shin hébreu ou les clous du crucifie-
ment? n3 et Appendice, n° IX, p. 572.
SI exprimant signum, 64, 66, io4;
signavi, 108. Voir Sigles.
Sigillaires (Anne aux), lxiii ; quels sont
les anneaux qui n'ont pu servir à cet,
usage? lxiii- lxiv.
Sigles : le S seul, le S barré, le S
pointé expriment signum ou signa-
culum, quand le nom est au génitif;
signavi. subscripsi ou sigillavi, si le
nom est au nominatif; les groupes
si, su et so (pour su), ont la même
valeur, xli-xliv. Voir S et Si.
Sisto pour Sexto, Appendice, n° VII,
p. 368.
So(bscripsit) pour su(bscripsit), xxxix,
228.
Sous d'or servant de chaton, xxv : au
nom de l'empereur Lucius Verus,
207; au nom du roi Glotaire II, 295 ;
avec la légende Victoria Auguslorum
du revers, seul visible, 287 ; sou d'or
au nom du roi visigotli Léovigilde,
reproduit, p. 346.
Soudure (Emploi de la), soit pour fer-
mer le cercle de l'anneau, xin, soit
pour fixer sur la lige le chaton ou
les cabochons qui l'accostent, xv.
Spes Dei sur un sceau, reproduit
p. 129.
Sustus pour Sixtus, Appendice, n<> VII,
p. 369.
Symboles du Christ , xxvn - xxvm ;
animaux : l'agneau, 141; le cerf,
ibid., la colombe, 27, 81, i/jr, 143,
299, Soi note 1, 3i2, 341; le lièvre,
141; le poisson, 85, 289; symbole
inanimé, xxvm : une palme debout
sur sa tige, 141.
Table (Gemmes taillées en), c'est-à-dire
à plat, xvn.
Tiers de sou d'or mérovingien, ayant
servi de chaton pour un anneau, 200.
Tige, ou jonc, ou baguette des anneaux ;
formes diverses, an,
Toilette ou d'ornement (Anneauv de),
LXIV.
Tournant (Chaton), 145, 3o8.
Vtere felix. Voir Acclamations.
Végétaux représentés sur les anneaux,
XXIX, I, 9, 116, if)I.
Verre (Anneau en), xn, 20.
Verroteries de diverses couleurs, au
chaton, xvn.
Victoire ailée (La), représentée sur le
chaton, 38.
Victoire (La) et la Fortune, représentées
sur une cornaline, xix, 38.
Vivas ; vivas cum me', vivas in Deo;
vivas mecum in Deo; vivas mihi diu.
Voir Acclamations.
Vivat in Deo; vivat in Deo cum ma-
rito suo. Voir Acclamations.
TÀBLli ANALYTIOUR
Toges.
PRÉFACE I
INTRODUCTION
§ 1er. — Provenance des anneaux. — Leur classement géographique . . vi
§ 2. — L'dge des anneaux vu
§ 3. — Matières premières. — Procédés de fabrication et formes diverses
des anneaux xi
I. Matières premières xi
II. Procédés de fabrication et formes diverses des anneaux . . xn
1° La tige . x:n
2° Le chaton xiv
§4. — L'ornementation des anneaux xvi
I. Les pierres précieuses et leurs imitations, les verroteries,
l'émaillerie xvi
1° Pierres précieuses. xvi
2° Imitations des pierres précieuses. xvi
3° Verroteries xvn
4° Émaillerie xvii
IL Mise en œuvre des gemmes, des verroteries et de l'émail . xvn
III. Pierres gravées. Représentations diverses xvm
IV. Ornements métalliques . xxi
V. Figures et ornements gravés sur le métal xxin
1° Scènes à un ou deux personnages xxm
2° Effigies de personnages déterminés et figures diverses. xxiv
3° Emblèmes religieux xxv
a. Le chrisme xxv
b. Croix et croisctles xxvi
c. Instruments de la Passion xxvn
4° Animaux et objets divers, symboles du Christ .... xxvn
TABLE ANALYTIQUE 393
Pages.
5° Animaux mythologiques ou fantastiques. — Animaux d'es-
pèces diverses eL indéterminées - . . xxix
6° Végétaux, figures géométriques et autres xxix
§ 5. — Inscriptions . xxx
I. La paléographie des anneaux xxx
1° Formes des lettres et lettres liées xxxi
2° Positions des lettres: rétrogrades, couchées, non renver-
sables et renversables xxxiv
a. Lettres rétrogrades . xxxiv
15. Lettres couchées xxxiv
c. Lettres non renversables xxxv
d. Lettres renversables xxxvi
IL Les légendes xxxvn
1° Noms propres xxxvn
2° Invocations. — Formules religieuses et lettres symboliques xxxvn
3° Acclamations xxxvnt
4° Énonciations diverses xxxvm
5° Particularités orthographiques et grammaticales . . . xxxix
III. Abréviations, initiales et sigles xxxix
1° Abréviations xxxix
2° Initiales • xl
3° Les Sigles .. . . . xl
A. Le S barré xli
B. Le groupe Si, la lettre S et le S pointé xli
C. Le groupe Su et le groupe So pour Sw xui
IV. Les monogrammes xlv
1° Composition des monogrammes. — Leur origine . . . xlv
2° Explication des monogrammes xlvh
3° Précautions à prendre et règles à observer pour le dé-
chiffrement des monogrammes xlix
§ 6. — Les anneaux selon le sexe, la dignité ou la profession de leurs pos-
sesseurs LIV
I. Anneaux d'hommes, de femmes et d'enfants. liv
IL Anneaux de rois et de reines lvi
III. Anneaux d'évèques, d'abbés, d'abbesses et de religieuses . lviu
IV. Anneaux de gens de profession lix
§ 7. — Les anneaux suivant leur destination lx
I. Anneaux de mariage ou de fiançailles lx
IL Anneaux de consécration religieuse i.xn
111. Anneaux sigillaires et anneaux de simple ornement . . . lxiii
394 TABLE ANALYTIQUE
DESCRIPTION ET COMMENTAIRE DES ANNEAUX
Dislinction de quatre catégories d'anneaux i
I
Anneaux dont la provenance est connue
Première Lyonnaise.
Diocèse de Lyon 3
• — d'Autun 7
— de Besançon ia
— de Windisch »4
— de Langres I,r>
— de Chalon-sur-Saône 22
— de Mâcon 24
— d'Avranches, puis de Lausanne 3i
— de Martigny, puis de Sion en Valais 4°
Deuxième Lyonnaise.
Diocèse de Rouen ... • 4'
— de Bayeux. 42
— de Lisieux. . . . • • 43
Troisième Lyonnaise.
Diocèse de Tours . . . . • 44
— du Mans 47
— d'Angers 5i
— de Nantes , 62
— de Corseul 64
— de Cornouailles 65
Quatrième Lyonnaise.
Diocèse de Chartres. 60
— d'Auxerre 71
— de Troyes 73
— de Paris 80
— de Meaux 83
Première Belgique.
Diocèse de Trêves
— de Metz
TABLE ANALYTIQUE 395
Pages.
Diocèse de Toul 87
— de Mayence " 89
— de Mayence ou diocèse de Worms ()5
— de Worms 96
— de Cologne 97
— de Tongres 99
Deuxième Belgique.
Diocèse de Reims rj5
— de Soissons 128
— de Chalons-sur-Marnc i45
— de Noyon, plus tard de Saint-Qucnlin 149
— ■ d'Arras i83
— de Cambrai i85
— de Tournai 188
— de Beau vais rg5
— d'Amiens 197
— de Boulogne sur-M r 199
— de Laon 203
Province Viennoise.
Diocèse de Genève 2i3
— de Genève, ou diocjse d'j Muuiienne, ou diocèse deTarentaise. . 223
— de Maurienne •>.r>J\
Province d'Arles.
Diocèse d'Arles 227
— d'Apt, puis de Viviers 234
Première Aquitaine.
Diocèse de Bourges 237
— de Rodez 238
— de Limoges a3g
Deuxième Aquitaine.
Diocèse de Bordeaux a46
— de Saintes • . 25o
-- de Poitiers ' 277
— de Périgueux 285
— de Bazas • 286
Province Narbonnaise^
Diocèse de Maguelonne, plus tard de Montpellier 289.
390
TABLE ANALYTIQUE
II
Anneaux de provenance inconnue, classés par localités et collections françaises où
ils sont conservés.
Paris.
Pages.
i° Bibliothèque nationale (Cabinet des médailles) i>.<)3
2° Musée du Louvre 3or
3° Feu le baron Pichon (Collection de) 3o4
4° M. Anatole de Barthélémy (Collection de) 3i3
5° M. de Lautrec (Collection de) . 3i4
G" Feu Edmond Le Blant (Collection de) 3if>
Chantilly.
Château de Chantilly (Musée Condé) 3i.r>
Chartres (Eure-et-Loir).
Musée de la ville 3 1 7
Chatillon- sur- Seine (Côte-d Or).
Musée archéologique 3i8
Laval (Mayenne).
Musée de la ville 219
Lyon.
Musée de la ville 3ao
Nantes.
Musée archéologique 3a3
Péronne (Somme).
Musée communal 3*>.8
Saint-Maixent (Charente).
Capitaine Espérandieu (collection du). 33 1
Saint Quentin (Aisne).
M. Th. Eck (Collection de). 33 >
TABLE ANALYTIQUE 307
Touruus (Saône- et-Loire).
Pages.
Musée de la ville 333
III
Anneaux dont la provenance et le possesseur sont inconnus 337
IV
Anneaux trouvés hors du territoire de la Gaule 34 1
APPENDICE
Cachets, boucles de ceinturon et fibules avec inscription 357
ADDITIONS ET CORRECTIONS 375
TABLES
Tables géographiques 377
Table des noms et des initiales de noms de personnes 38a
Table alphabétique des matières principales 385
Table analytique. . 3y2
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