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Full text of "Etude historique et archéologique sur les anneaux sigillaires et autres des premiers siècles du Moyen-Age : description de 315 anneaux, avec dessins dans le texte"

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ÉTUDE 

HISTORIQUE  ET  ARCHÉOLOGIQUE 

SUR  LES 

ANNEAUX  SIGILLAIRES 

ET  AUTRES 
DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 

DESCRIPTION  DE  315  ANNEAUX,  AVEC  DESSINS  DANS  LE  TEXTE 

l'Ali 

wËfcfy-     .        m  m.  deLôche 

MEMBHE  DE  L'i.NSTfTlit 


PARIS 

ERNEST  LEROUX,  ÉDITEUR 

28,  RUE  BONAPARTE,  28 

1900 

Tous  droits  réservés. 


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https://archive.org/details/etudehistoriqueeOOdelo 


ÉTUDE 

SUR  LES  ANNEAUX 

DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


IMP.  CAMIS  ET  C'e,  PARIS*   —  SECTION   OHIEINTALE  A..  BUKU1K,  ANGKKi 


ÉTUDE 

HISTORIQUE  ET  ARCHÉOLOGIQUE 


ANNEAUX  SIGILLAIRES 

ET  AUTRES 
DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 

DESCRIPTION  DE  315  ANNEAUX,  AVEC  DESSINS  DANS  LE  TEXTE 

PAR 

M.  M.  DELOCHE 

MEMBRE  DE  L'INSTITUT 


PARIS 

ERNEST  LEROUX,  ÉDITEUR 

28,  RUE  BONAPARTE,  28 

1900 

Tous  droits  réservés. 


PRÉFACE 


Dans  un  récent  mémoire,  intitulé  :  Le  Port  des  anneaux  dans 
l'antiquité  romaine  et  les  premiers  siècles  du  moyen  âge1,  j'ai 
exposé  :  l°les  règles  et  les  coutumes  suivant  lesquelles  il  était 
ou  non  permis  de  porter  un  anneau  en  public,  et  plus  lard  de 
porter  un  anneau  de  tel  ou  tel  métal,  selon  la  dignité,  la 
fonction  ou  la  condition  originelle  des  personnes;  2°  les  rites 
qu'on  observait  pour  l'emploi  des  anneaux  comme  symboles, 
dans  des  circonstances  solennelles,  telles  que  la  consécration 
religieuse  ou  le  mariage. 

J'avais  déjà,  à  l'époque  de  cette  publication,  mis  au  jour  ou 
reproduit,  dans  un  recueil  périodique  *,  un  nombre  considérable 
de  bijoux  de  ce  genre,  en  usage  sous  le  Bas  Empire,  puis  dans 
les  États  barbares  et  particulièrement  dans  la  Gaule  mérovin- 
gienne. 

J'ai  eu,  depuis,  communication  d'autresanneaux  de  cesmêmes 
époques,  la  plupart  inédits,  et  j'ai  conçu  alors  le  dessein  de 
former  un  recueil  où  ces  petits  monuments  seraient  classés  mé- 
thodiquement, soigneusement  commentés,  et  accompagnés  d'un 
résumé  succinct  des  notions  utiles  qu'on  en  peut  tirer. 

C'est  ce  recueil  (le  premier  de  cette  sorte  qui,  à  ma  connais- 
sance, ait  encore  paru)  que  je  livre  au  public. 

1.  Mémoires  de  V Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  t.  XXXV, 
2e  partie.  —  Tiré  à  part,  112  pages  in-4,  Paris,  1896. 

2.  Revue  archéologique,  2e  série,  année  1880,  t.  II,  et  3e  série,  années 
1884  à  1896. 

a 


11 


PRÉFACE 


H  comprend  trois  cent  quinze  anneaux  »,  qui,  à  des  degrés  dif- 
férents, présentent  un  sérieux  intérêt. 

Non  seulement,  ils  peuvent  contribuer  à  l'histoire  de  l'art  de 
l'orfèvrerie,  des  procédés  de  fabrication,  des  formes  variées  et 
des  modes  de  décoration  des  bijoux  qui  nous  occupent  ;  mais  ils 
offrent  de  précieux  renseignements  louchant  la  paléographie,  la 
composition  des  monogrammes,  les  invocations  religieuses,  les 
formules  acclamaloires,  etc.,  etc. 

J'ai  pris  soin,  en  outre,  autant  que  j'en  ai  eu  le  moyen  et  que 
le  permettait  le  cadre  de  cet  ouvrage,  d'insérer  dans  mes 
notices  descriptives,  ou  en  note  au  bas  des  pages,  la  liste  des 
nombreux  objets  :  armes,  plaques  de  ceinturon,  fibules,  colliers, 
boucles  d'oreilles,  vases,  médailles,  etc. ,  etc.,  recueillis  en  même 
temps  que  les  anneaux  et  dans  les  mêmes  sépultures.  J 'ai  voulu 
grouper  ainsi  des  indications  précieuses,  qu'on  ne  trouverait,  je 
crois,  réunies  nulle  autre  part,  et  qui  serviront  à  l'étude  de 
l'archéologie  en  général  et  des  antiquités  provinciales  ou  locales 
de  notre  pays. 

Mon  travail  a  pour  objet  :  au  point  de  vue  géographique,  l'an- 
cienne Gaule  et  ses  divisions  ecclésiastiques  au  vic  siècle;  chro- 
nologiquement, quatre  siècles  et  demi  du  haut  moyen  âge. 

Il  se  compose  de  trois  parties  principales,  savoir  : 

1°  V Introduction,  où  sont  résumées  les  notions  archéolo- 
giques, historiques  et  philologiques,  fournies  par  les  bijoux  dé- 
crits, et  où  sont  traitées  diverses  questions  qu'elles  soulèvent; 

2°  La  Description  et  le  Commentaire  de  ces  petits  monuments. 
J'y  ai  joint  un  Appendice,  dans  lequel  sont  reproduits  quelques 
cachets  ou  objets  ayant  servi  de  cachet,  qu'il  était  intéressant 
de  rapprocher  des  anneaux  contemporains  ; 

3°  Les  tables,  qui  sont  les  suivantes  : 

1.  La  description  de  nos  anneaux  se  clôt  par  le  chiffre  trois  cent  deux 
(CCC11)  ;  mais  les  redoublements  de  plusieurs  numéros  en  ont  élevé,  en 
réalité,  le  chiffre  total  à  trois  cent  quinze. 


PRÉFACE 


III 


Une  table  géographique,  indiquant  les  diocèses  et  les  lieux  de 
provenance  des  anneaux,  qui  nous  sont  connus,  et,  pour  ceux 
de  ces  bijoux  dont  la  provenance  est  ignorée,  la  ville  et  la  collec- 
tion publique  ou  privée  où  ils  sont  conservés; 

Une  liste  des  noms  propres  inscrits  sur  les  anneaux  ou  sur  les 
objets  décrits  dans  l'Appendice,  en  légende  ou  sous  forme  de 
monogramme  ; 

Une  table  alphabétique  des  matières  principales  contenues 
dans  l'Introduction  et  dans  la  Description  des  anneaux  ; 
Enfin  une  table  analytique  de  l'ouvrage. 

Tel  est,  sommairement  tracé,  le  plan  de  ce  livre,  où  j'ai  eu 
l'intention,  non  pas  de  produire  un  recueil  complet  des  anneaux 
de  temps  reculés,  mais  d'établir  un  type,  un  cadre,  dans  lequel 
viendront  se  ranger  les  monuments  nouveaux  dont  j'ai  ignoré 
l'existence,  et  ceux  que  les  découvertes  futures  mettront  à  la 
disposition  des  archéologues. 


INTRODUCTION 


Sous  ce  titre,  je  me  propose  de  traiter  les  points  suivants  : 
l°La  provenance  des  anneaux  et  leur  classement  géogra- 
phique; 

2°  L'âge  des  anneaux; 

3°  Les  matières  premières,  les  procédés  de  fabrication  et  les 
formes  diverses  de  ces  petits  monuments  ; 
4°  Leur  ornementation  ; 
5°  Les  inscriptions  qui  y  sont  gravées  ; 

6°  Les  anneaux,  suivant  le  sexe,  la  dignité  ou  la  profession 
de  leurs  possesseurs; 

7°  Les  anneaux,  suivant  leur  destination. 

Au  cours  des  résumés  et  explications  que  je  dois  donner  sur 
chacun  de  ces  sujets,  je  me  référerai  naturellement,  comme  jus- 
tification, aux  notices  et  aux  figurations  formant  la  partie  des- 
criptive qui  suit  la  présente  Introduction.  Ces  notices  seront  dé- 
signées par  des  chiffres  en  capitales  romaines,  correspondant 
aux  numéros  qu'elles  portent  dans  ladite  description  '. 

1.  Il  convient  d'avertir  le  lecteur  que  ceux  de  ces  numéros  qui  se 
rapportent  à  des  anneaux  par  nous  précédemment  publiés  dans  la  Re- 
vue archéologique  de  1880  à  1896,  ne  sont  point  en  relation  avec  les  nu- 
méros des  notices  que  j'ai  insérées  dans  ce  recueil  périodique,  au  fur  et 
à  mesure  que  les  bijoux  arrivaient  à  ma  connaissance. 


VI 


INTRODUCTION 
S  l°r 


Provenance  des  anneaux.  —  Leur 
classement  géographique. 

Les  recherches  dont  je  publie  aujourd'hui  les  résultats,  ont, 
en  principe  et  presque  exclusivement,  porté  sur  les  anneaux 
trouvés  dans  la  Gaule  telle  qu'elle  est  délimitée  par  J.  César  dans 
ses  Commentaires  ',  c'est-à-dire  dans  le  cadre  formé  par  les 
Alpes  et  le  Rhin,  la  mer  du  Nord  et  l'Océan,  les  Pyrénées  et  la 
Méditerranée. 

Je  n'ai  malheureusement  pas  réussi  à  me  procurer  des  ren- 
seignements suffisants  touchant  le  lieu  ou  même  le  pays  de  pro- 
venance de  toutes  les  bagues  que  j'ai  décrites  :  ils  restent 
ignorés  pour  un  certain  nombre  d'entre  elles*,  et  il  yen  a  quelques- 
unes  que  je  sais  ou  que  je  suppose  avoir  été  découvertes  hors 
de  l'ancienne  Gaule3.  Néanmoins,  je  n'ai  pas  cru  pouvoir  les 
négliger,  à  raison  de  leur  étroite  affinité  avec  celles  qui  ont  été 
recueillies  sur  notre  sol,  et  des  éléments  utiles  qu'elles  me  four- 
nissaient pour  la  solution  de  questions  afférentes  à  ces  der- 
nières. 

Pour  les  anneaux  de  provenance  connue,  j'ai  adopté  un  clas- 
sement géographique,  basé  sur  les  divisions  de  la  Gaule,  telles 
qu'elles  nous  apparaissent  dans  laNoticedes  provinces  et  cités  (ré- 
digée, comme  on  sait,  à  la  fin  du  iv°  siècle),  en  tenant  compte 
toutefois  des  changements  que  l'état  de  choses  auquel  elle  cor- 
respond avait  subis  jusque  dans  le  vie  siècle  \ 

1.  De  bel/.  Gallic,  I,  1. 
±  CCLV  à  CCXC. 

3.  CCXCl  à  CCCll. 

4.  Ces  changements  ont  été  savamment  étudiés  par  mon  confrère 
M.  kilg.  Lougnon,  dans  son  livre  La  Gaule  au  vie  siècle,  gr.  in-8,  Paris, 
1878,  p.  180  elsuiv. 


INTRODUCTION 


VII 


Cetle  dernière  époque  convient  d'autant  mieux  pour  noire 
classement,  qu'elle  est  à  égale  distance  des  deux  points  ex- 
trêmes du  long  espace  de  temps  que  j'ai  envisagé  et  qui  s'étend 
de  la  conversion  de  Constantin-le-Grand  au  christianisme 
(an  312)  à  lachute  définitive  delà  dynastie  mérovingienne  (752). 

J'ai  donc  suivi  la  division  par  provinces  ecclésiastiques  (con- 
forme au  cadre  de  la  Notice  précitée);  mais  ce  système,  d'ap- 
plication facile,  m'a  paru  insuffisant,  l'institution  des  provinces 
romaines,  œuvre  purement  politique  et  administrative  de  la 
chancellerie  impériale,  étant  tout  à  fait  artificielle  et  sans  rela- 
tion avec  l'ethnographie  et  l'histoire  de  la  Gaule  indépendante. 

C'est  pourquoi,  je  me  suis  imposé  la  lâche  beaucoup  plus  dé- 
licate de  faire  un  classement,  non  seulement  par  provinces  ec- 
clésiastiques, mais  aussi  par  diocèses  ou  cités  épiscopales,  qui, 
elles,  correspondent  trèsapproximativement  aux  cités  ou  tribus 
gauloises  d'avant  la  conquête  romaine.  J'ai  eu,  pour  cela,  le 
précieux  concours  de  mon  savant  et  obligeant  confrère,  M.  Au- 
guste Longnon,  dont  on  sait  la  haute  compétence  en  tout  ce  qui 
regarde  la  géographie  historique  et  spécialement  celle  du  moyen 
âge.  Je  me  plais  à  lui  exprimer  ici  ma  gratitude. 

Quant  aux  anneaux  de  provenance  ignorée,  mais  dont  je  con- 
naissais les  possesseurs,  j'ai  employé  le  seul  système  praticable 
en  les  répartissant  entre  les  localités  et  les  collections  dans  les- 
quelles ils  sont  conservés. 

Je  n'ai  d'ailleurs  formé  de  tous  les  monuments  que  j'ai  eu  à 
commenter,  qu'une  série  numérale  unique,  ce  qui  facilitera  les 
recherches  du  lecteur. 

§2 

L'âge  des  anneaux. 

La  période  historique  que  j'ai  eue  en  vue  pour  l'étude  des 


vni 


INTRODUCTION 


époques  où  ces  petits  monuments  ont  été  confectionnés,  se 
place,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  indiqué  dans  le  précédent  para- 
graphe, entre  l'année  312,  date  de  la  conversion  de  l'empe- 
reur Constantin,  qui  clôt  l'antiquité  classique,  et  l'année  752, 
qui  vit  l'avènement  au  trône  du  chef  de  la  dynastie  carolin- 
gienne. 

Quels  sont  les  signes  ou  les  éléments  d'après  lesquels  on  peut 
ranger  nos  anneaux  parmi  les  produits  de  cette  période? 

Il  faut  les  définir  suivant  qu'il  s'agit  de  distinguer  ces  bijoux 
de  ceux  des  âges  antérieurs  à  312,  ou  des  temps  postérieurs  à 
752. 

Occupons-nous  d'abord  des  premiers. 

Ce  qui  différencie  essentiellement  une  grande  partie  de  ces  bi- 
joux de  ceux  de  l'antiquité  classique,  c'est  leur  caractère  nette- 
ment chrétien,  qui  se  manifesta  à  la  suite  de  l'adhésion  du  sou- 
verain à  la  religion  nouvelle. 

Les  principales  marques  chrétiennes  sont  la  croix  et  le 
chrisme;  les  formules  religieuses  in  De?  nomine,  les  acclama- 
tions vivas  ou  vivat  in  Deo,  les  lettres  symboliques  A  et  00,  des 
figuralions  allégoriques,  telles  que  saint  Pierre  et  le  coq  chantant, 
un  diacre  prédicant  ou  bénissant,  des  emblèmes  tels  que  le 
poisson,  la  colombe,  la  palme. 

A  partir  duve  siècle,  c'est-à-dire  des  grandes  invasions,  appa- 
raissent, en  outre,  les  vocables  personnels  germaniques,  et  un 
mode  de  décoration  tout  autre  que  celui  des  Gallo-Romains,  et 
dans  lequel  dominent  les  figures  d'animaux  réels  ou  fantas- 
tiques, gravées  sur  le  métal  ou  émaillées. 

Parmi  les  particularités  de  la  fabrique  barbare,  je  signalerai 
celle  des  cabochons  ou  globules  qui  accostent  le  chaton,  soudés 
sur  la  tige  ou  ciselés  dans  le  métal.  Quand  les  cabochons  sont  au 
nombre  de  trois,  ils  sont  disposés  en  feuille  de  trèfle. 

Ce  dispositif,  qui  ne  se  rencontre  que  fort  rarement  sur  les 
bagues  des  derniers  temps  du  Haut  Empire,  est,  au  contraire,  très 


INTRODUCTION 


fréquent  à  partir  de  Constantin,  et  presque  usuel  à  l'époque  bar- 
barel. 

Les  objets  recueillis  dans  les  sépultures,  en  même  temps  que 
les  anneaux  :  armes,  ustensiles,  bijoux,  objets  de  toilette,  etc., 
servent  aussi,  en  bien  des  cas,  à  fixer,  au  moins  approximative- 
ment, l'époque  de  l'ensevelissement*. 

Mais,  ceux  dont  la  présence  dans  les  tombes  est  le  plus  pré- 
cieux élément  d'information,  ce  sont  les  monnaies  impériales 
ou  celles  des  rois  barbares,  qui  déterminent,  d'une  manière  cer- 
taine, des  dates  au  delà  desquelles  on  ne  saurait  remonter. 

Enfin,  quand  il  s'agit  de  bagues  provenant  d'anciens  cimetières, 
dont  on  a  pu,  d'après  un  ensemble  de  faits,  placer  les  com- 
mencements aune  date  postérieure  à  312  3,  nous  sommes  au- 
torisé à  regarder  comme  vraisemblable  que  ces  bijoux  ont  été 
confectionnés  pour  les  défunts  sur  les  restes  desquels  ils  ont  été 
recueillis;  car,  le  nombre  considérable  que  l'on  en  trouve  dans 
les  sépultures  démontre  queles  Gallo-Francs  laissaient  aux  morts 
leurs  anneaux  comme  le  faisaient  les  Romains  *. 

Passons  à  l'examen  des  différences  qui  séparent  les  anneaux 
mérovingiens,  de  ceux  de  l'époque  subséquente. 

J'ai  signalé,  plus  haut,  comme  un  des  traits  caractéristiques  de 

1.  Je  donnerai  plus  loin  des  détails  sur  ce  mode  de  décoration  des 
anneaux,  et  sur  les  marques  chrétiennes.  Voir  les  §§  4  et  5. 

2.  11  convient  de  faire  obsersrer,à  cette  place,  que  la  présence  d'intail- 
les  antiques  sur  plusieurs  de  nos  anneaux  n'empêche  pas  que  la  fabri- 
cation de  ceux-ci  soit  de  date  plus  récente.  Nous  avons  la  preuve 
certaine  du  fait,  particulièrement  pour  ceux  où  se  lisent  des  noms  germa- 
niques; citons  par  exemple  celui  de  Crodolenus  (n°  CCXLV). 

3.  Il  en  est  ainsi  notamment  de  celles  de  Herpès  (CCXYII  à  CCXLII), 
et  de  la  province  de  Namur  (LXXXVI  à  CXIV).  Voir  aussi  les  nos  CXXIX- 
CXXXVIl  bis,  concernant  les  anneaux  de  Vermand. 

4  Les  Romains  retiraient  les  anneaux  de  la  main  des  mourants  ;  mais 
on  les  y  replaçait  après  la  mort.  (Voir  Deloche,  Le  port  des  anneaux  dans 
l'antiq.rom.  et  dam  les  premiers  siècles  du  mo>/endge  ;  dans  Mém.  de  l'Acad. 
des  inscr.  et  bell.-lett.,  t.  XXXV,  2"  partie,  p.  209;  tiré  à  part,  p.  41.) 


V 


INTRODUCTION 


l'orfèvrerie  mérovingienne,  les  trois  ou  deux  cabochons  ou  glo- 
bules soudés  ou  ciselés  à  droite  et  à  gauche  du  chaton.  Ce  dis- 
positif ne  se  voit  plus  sur  les  anneaux  de  l'ère  carolingienne  :  en 
tout  cas,  s'il  s'y  rencontrait,  ce  ne  serait  qu'exceptionnellement. 

Dans  les  légendes  et  les  monogrammes  qui  ornent  ces  petits 
monuments,  l'alphabet  de  l'époque  carolingienne  diffère  assez, 
du  moins  à  partir  du  ixe  siècle,  de  celui  de  l'époque  antérieure, 
pour  éviter  toute  confusion  :  en  outre,  la  gravure  en  est  géné- 
ralement plus  profonde  et  plus  épaisse.  L'orthographe  des 
noms  propres  présente  aussi,  d'une  période  à  l'autre,  des  dis- 
semblances qui  font  discerner  les  anneaux  à  inscriptions  qui 
leur  appartiennent  respectivement. 

Ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  des  objets  divers,  recueillis,  en  même 
temps  queles  anneaux,  dansles  sépultures,  s'applique  également 
ci.  Il  en  est  de  même  de  l'âge  des  nécropoles,  avec  cette  diffé- 
rence qu'au  lieu  de  leurs  commencements,  c'est  la  date  de  leur 
abandon  qui  doit  servir  à  régler  la  limite  inférieure  de  la  pé- 
riode par  nous  envisagée.  Nous  savons,  par  exemple,  queles  an- 
ciens cimetières  de  Vermand  furent  abandonnés  à  la  suite  des 
grandes  invasions  du  vc  siècle1.  Nous  sommes  ainsi  assurés  que 
les  objets  et  spécialement  les  anneaux  qui  y  ont  été  découverts, 
sont  antérieurs  à  la  deuxième  dynastie.  Je  n'ai  pas  manqué  d'ail- 
leurs, quand  des  doutes  s'offraient  à  mon  esprit,  de  les  exposer 
au  lecteur,  qui  est  ainsi  prévenu  contre  toute  surprise  à  cet 
égard. 

Je  rappelle,  en  terminant  ce  paragraphe,  que,  sauf  en  des  cas 
assez  rares,  je  n'ai  point  prétendu  assigner  aux  bijoux  dont  j'ai 
fait  l'étude,  des  dates  précises  de  fabrication.  Je  me  suis  le  plus 
souvent  borné  à  les  rattacher  à  une  série,  dont  j'ai  marqué  les 
deux  points  extrêmes,  et  qui  s'étend  sur  le  large  espace  de 
quatre  siècles  et  demi. 


1.  Voir  CXXIX-CXXXVII  bis. 


INTRODUCTION  XI 

§3 

Matières  premières.  —  Procédés  de  fabrication 
et  formes  diverses  des  anneaux. 

I 

MATIÈRES  PREMIÈRES 

Parmi  les  anneaux  d'or  que  j'ai  décrits,  il  y  en  a  quelques- 
uns  où  nous  voyons  l'emploi  de  filigrane1,  d'autres  où  des 
feuilles  d'or  hachées  font  office  de  paillon2.  Notons  aussi  des 
bagues  d'argent,  de  bronze  et  de  cuivre  dorés3,  et  une  bague 
en  bronze,  plaquée  et  incrustée  d'or  \ 

De  nos  anneaux  d'argent5,  deux  sont  en  filigrane0,  deux  en 
argent  doré  \ 

Des  anneaux  en  bronze8,  deux  sont  en  filigrane9,  un  est 
plaqué  et  incrusté  ou  damasquiné  d'or10;  deux  sont  dorés", deux 
argentés12  et  un  émaillé13. 

Nous  avons  dix  anneaux  en  cuivre14,  dont  deux  en  laiton15  et 
un  en  cuivre  doré16. 

1.  XXIV,  XL,  CCXLI,  CCXLII  et  CCLXXXIV. 

2.  CXI,  CXII  et  CLI. 

3.  CCXXXIV,  CCXXXV,  CCXXXV1,  GCXLVI  et  CCLV1I1. 

4.  CCLXVIt. 

5.  V,  VI,  XII,  XXV,  XXVII,  XLI1I  elpassim. 

6.  CCXLI,  CCXLII. 

7.  CCXXXIV,  CCXLVI. 

8.  IV,  X,  XI,  XIII,  XIV,  XV,  XVJ,  XIX  elpassim. 

9.  CLXV1I,  CCXXXIX. 

10.  CCLXXVII.  Voir  plus  bas  §  4,  n°  îv,  au  sujet  des  ornements  métal- 
liques. 

11.  CCXXXV  et  CCXXXVI. 

12.  CXCVIII,  CCLXXXV1I. 

13.  CCLXXXII. 

14.  III,  IX,  XXXIII,  CXXI,  CXXXIX,  CXLIX,  CL,  CCXI,  CCLVI1I, 
CCLXXIX. 

15.  CXLIX,  CL. 

16.  CCLV1II. 


XII 


INTRODUCTION 


L'un  de  nos  bijoux  est  en  étain  ou  en  plomb1. 
Deux  sont  en  potin*. 
Deux  en  fer3. 

Enfin  un  en  verre.  C'est  un  des  rares  exemples  de  bijoux  de 
cetle  sorte,  formés  d'un  cercle  de  verre,  sans  métal  ;  il  est  d'une 
couleur  blanchâtre,  grossièrement  venu  à  la  fonte,  et  orné 
d'un  chaton  en  verre  bleu4. 

Je  m'abstiens  de  mentionner  ici  les  gemmes,  verroteries  et 
pâtes  colorées,  à  l'aide  desquelles  on  décorait  le  chaton,  et  dont 
je  me  réserve  de  parler  plus  bas. 

II 

PROCÉDÉS  DE  FABRICATION  ET  FORMES  DIVERSES  DES  ANNEAUX 

Certains  de  nos  anneaux  sont  un  simple  cercle;  d'autres,  et 
c'est  le  plus  grand  nombre,  présentent  deux  parties  distinctes  : 
la  tige  ou  le  jonc,  qui,  chez  les  Latins,  était  désigné  par  les  mots 

1.  CXCV. 

2.  CXLV,  CLXXXVJII. 

3.  XVII,  CCLXXXVIII.  Du  petit  nombre  de  bagues  en  fer  par  nous  dé- 
crites, il  ne  faudrait  pas  conclure  à  la  rareté  de  bijoux  de  cetle  espèce. 
Il  y  en  a,  au  contraire,  un  grand  nombre  :  on  peut  en  voir  notamment 
au  Musée  de  Cluny  ;  mais  les  anneaux  en  fer  sont  presque  tous  de  simples 
cercles  fortement  oxydés,  dépourvus  de  toute  décoration  et  inscrip- 
tion, conséquemment  sans  intérêt;  et  c'est  pour  cette  raison  que  nous 
n'en  avons  compris  que  deux  dans  notre  description. 

4.  XXIX.  On  fabriquait  des  bagues  de  cette  sorte  sans  y  employer  de 
métal,  soit  avec  des  pierres  précieuses,  soit  avec  de  1  ivoire  ou  de  l'os. 
Abrabam  Gorlaeus,  un  antiquaire  érudit  du  xvieou  du  xvii0  siècle,  en 
possédait  un,  formé  d'une  sardoine  [De  triplici  annulo,  édit.  de  Leyde, 
1672,  p.  6).  Le  lome  XVI,  année  1860.  des Mém.  du  la  Soc.  pour  la  recher- 
che des  monum.  hisloriq.  du  Grand- Duché  de  Luxembourg,  contient  la  men- 
tion d'une  bague  en  verre  bleu,  de  l'époque  gallo-romaine.  Enfin,  un  an- 
neau en  os  a  été  trouvé  à  Templeux-la-Fosse  (Somme),  dans  un  cimetière 
gallo-franc  (Bullet.  archéol.  du  Comité  des  trav.  hist.,  année  1891  ;  art. 
de  M.  Th.  Eck,  tiré  à  part,  p.  15,  pl.  XI,  lig.  2) 


I 


INTRODUCTION  XIII 

significatifs  de  «  circulus  »  ou  «  orbiculus  »,  et  le  chaton,  qu'ils 
nommaient  «  pala  »  ou  «  funda  ». 

1°  La  tige. 

Lorsque  la  bague  était  un  simple  cercle,  ou  quand  la  tige  fai- 
sait corps  avec  le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  elle  était, 
tantôt  fondue  de  toutes  pièces1,  tantôt  forgée  et  martelée2.  Dans 
les  deux  cas,  elle  était  retouchée  à  la  lime,  et  passée  ensuite  au 
polissoir 3. 

Lorsqu'elle  était  formée  d'un  ruban  ou  bande  de  métal  forgé, 
on  soudait,  pour  fermer  le  cercle,  les  deux  extrémités  du  ruban 
l'une  sur  l'autre4,  du  côté  placé  sous  le  doigt,  et  peu  exposé  à  la 
vue5. 

Si  le  bijou  était  destiné  à  recevoir  un  chaton,  et  si  la  tige 
n'était  pas  forgée  ou  fondue  en  un  cercle  complet  et  fermé,  on 
soudait  les  deux  bouts,  ou  bien  on  les  découpait  en  volutes  gé- 
minées, sur  lesquelles  on  soudait  le  chaton6. 

D'autres  fois,  les  deux  bouts  de  la  tige  pénétraient  dans  le 
chaton',  ou  seulement  l'enserraient  fortement8. 

Enfin,  la  tige  était,  dans  certains  cas,  un  métal  creux,  rempli 
de  pâte  d'argile9. 

1.  Exemples  IX,  CXXXI,  CCXL. 

2.  Exemple  LXX. 

3.  Exemple  LXX. 

4.  Il  y  a  lieu  de  s'étonner  qu'un  archéologue  aussi  habile  que  M.  Mo- 
linier  ait  mis  en  doute  l'usage  de  la  soudure  aux  temps  mérovingiens. 
(Dans  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France).  L'emploi  en  était, 
au  contraire,  fréquent,  surtout  pour  la  pose  du  chaton  sur  la  tige, 
dont  nous  parlons  plus  bas. 

5.  VI,  X,  XI,  XXXIII,  CXXXVIII,  CLXXXIII,  CXCIII,  CCLI. 

6.  Exemples  XXIII,  XLIX,  LXXVI,  LXXXV.  LXXXVI,  CCII,  CCLII. 

7.  CCLXII. 

8.  XXIV. 

9.  CCXXVI. 


XIV  INTRODUCTION 

Je  signalerai  deux  bagues  de  forme  extraordinaire  :  dans  la 
première,  les  deux  branches  de  la  lige  sont  restées  distinctes, 
mais  reliées  l'une  à  l'autre  par  un  fermoir  où  s'engage  une  lon- 
gue aiguille 1  ;  la  seconde,  qui  est  un  simple  cercle,  présente  une 
longue  et  forte  pointe  saillante2.  Ces  modes  de  fabrication  ont 
dû  être  tout  à  fait  exceptionnels,  car  je  n'en  connais  pas  d'autre 
exemple. 

L'anneau  était  quelquefois  pourvu  d'une  chaîne  de  sûreté3. 
J'en  ai  décrit  un,  qui  était  appenduà  une  chaînette,  attachée  elle- 
même,  par  ses  deux  extrémités,  à  des  fibules,  qui  la  fixaient  au 
vêtement1. 

Je  dois  noter  ici  un  bel  anneau  d'or,  qui  m'appartient  et  dont 
la  fabrication  est  remarquable  en  ce  qu'il  se  compose  de  deux 
anneaux  superposés  :  l'un,  l'intérieur,  tout  uni,  l'autre,  formé  de 
filigranes,  de  globules  et  de  pointillés  d'un  dessin  très  élégant5. 

Parmi  nos  bagues,  il  en  est  une  qui  est  hexagonale*;  une 
autre  nonagonale7,  et  plusieurs  octogonales8  ;  la  plupart  présen- 
tent, sur  leurs  facettes,  des  caractères  ou  des  figures. 

2°  Le  chaton. 

Le  chaton,  qui  est  la  partie  la  plus  importante  et  la  plus  inté- 
ressante de  l'anneau,  est,  tantôt  pris  dans  la  masse  du  métal, 
où  il  a  été  ménagé  au  moment  de  la  fonte  ou  de  la  forge9,  tantôt 
soudé  sur  la  tige10,  tantôt  enfin,  mais  beaucoup  plus  rarement, 

1.  CCVI. 

2.  CGVIl. 

3.  XLV1II. 

4.  CXXIII. 

5.  XL. 

6.  LXX. 

7.  CCXVII. 

8.  LXXII,  CXVII,  CXXIII  bis,  CLXXXI,  CLXXXIV,  CCXXXVIII  etCCXLVI. 

9.  III,  IV,  V,  VI,  IX,  X,  XI,  XII,  XIII,  XV,  XVII,  XVIII,  XIX,  XX, 
XXII,  XXV  et  passim. 

10.  I,  II,  VII,  VIII,  XIV,  XXI,  XXIII,  XXVIII,  XXX,  XXXII,  XXXIV  et 

passim. 


INTRODUCTION 


XV 


pénétré  parles  deux  branches  de  la  tige,  sur  lesquelles  il  pivote, 
formant  un  chaton  tournant  à  deux  faces1. 

Parfois,  lorsque  la  tige  se  composait  de  fils  de  métal  tordus, 
la  torsade  se  continuait  en  un  enroulement,  qui  formait  un  cha- 
ton de  forme  ronde8. 

Le  chaton  était  souvent  un  simple  renforcement  de  la  partie 
du  métal  de  la  tige,  sur  laquelle  on  se  proposait  de  graver,  soit 
une  inscription,  soit  une  figure,  soit  un  ornement  quelconque, ou 
que  l'on  voulait  décorer  d'une  gemme  ou  de  verroteries.  Dans 
ce  dernier  cas,  on  ménageait  une  cavité  convenable. 

Sur  plusieurs  de  nos  bijoux  les  plus  élégants,  sont  soudés 
des  édicules  ajourés,  dont  les  arcades  supportent  un  toit,  orné 
de  pierres  précieuses3. 

Signalons  ici  plusieurs  anneaux,  dont  le  chaton  est  divisé  en 
deux  ou  trois  compartiments4,  et  d'autres,  pourvus  de  deux  cha- 
tons5, dont  l'un,  le  principal,  est  à  la  partie  apparente  du  bijou, 
et  le  second,  de  dimensions  beaucoup  plus  faibles,  est  du  côté 
opposé. 

Quant  aux  formes  des  chatons,  elles  sont  très  variées  :  ronde, 
ovale, quadrangulaire,  trapézoïdale, hexagonale,  octogonale,  etc. 

1.  CXXV,  CLXXXV11  et  CGLXVIII.  Nous  reproduisons,  dans  l'Appen- 
dice, n°  I,  un  cachet  à  deux  faces,  qui  était  probablement  suspendu  à 
une  chaînette. 

2.  CLXVII. 

3.  Exemples  II,  CCX,  CCXVIII. 

4.  XL,  XLVI,  CXXVII,  CXXXVII  bis,  CLXV1II,  CLXXXl. 

5.  XIX,  XLVI,  LXXIX,  XG,  XGV,  GCXIV,  CCLXX  VIII.CCLXXXII.CCXGV. 


XVI 


INTRODUCTION 


§4' 

L'ornementation  des  anneaux. 


I 

les  pierres  précieuses  et  leurs  imitations,  les  verroteries, 

l'émaillerie 

1°  Pierres  précieuses. 

.  Celles  qui  ont  servi  à  décorer  nos  anneaux  sont  les  suivantes  : 
agate1,  améthyste5,  calcédoine3,  cornaline4,  cristal  de  roche6, 
émeraude6,  grenat7,  pierre  d'un  gris  perle8,  pierre  dure  noire9, 
perle  verte10,  rubis11,  sardoine12. 

2°  Imitations  de  pierres  précieuses. 

Agate  (verre  bleu  et  noir,  imitant  1') 13  ;  améthyste  (quarlz 
hyalin,  imitant  l')u;  calcédoine  (fausse)15;  émeraude  (fausse)16. 

1.  LXXII  fris. 

2.  CVII,  CCLXXXIV. 

3.  CXL. 

4.  CXIV,  CCXffl,  CCXLI. 

5.  CCXXIX. 

6.  I  (cette  pierre  a  remplacé,  depuis  un  temps  indéterminé,  la  gemme 
primitive),  CCXXX1,  CCLXVI. 

7.  VIII,  LXXIII  bis,  CGXXVI,  CCXXVI1,  CCXXXI11,CCXXXV,  CCXXXV1I, 
CCXXXIX,  CCXL1I. 

8.  LXXIII  ter. 

9.  CCXXV1II. 

10.  CIX. 

11.  CCLXVI. 

12.  CCXLV,  CCLXXXVI. 

13.  CXIII. 

14.  CV. 

15.  CXXX,  CXXXII,  CXLII,  CXLIII. 

16.  CIV,  CIX,  CXLI. 


INTRODUCTION 


XVII 


3°  Verroteries. 

Verre  blanc1,  blanchâtre-,  blanc  irisé3,  bleu l,  jaune5,  noir6, 
rouge7,  verl*. 

4°  E 'mailler ie. 

Email  blanc",  rouge1",  bleu",  grisâtre12,  noir";  plaques  d'é- 
mail1', goutle  d'émail15. 


II 

MISE  EN  ŒUVRE  DES  GEMMES,  DES  VERROTERIES  ET  Dli  L'ÉMAIL 


Les  pierres  naturelles  étaient  nécessairement  travaillées  à 
froid,  mais  les  imitations  en  verre  ou  en  émail  étaient  traitées, 
tantôt  à  froid,  tantôt  pendant  ou  immédiatement  après  la  fusion 
ou  la  cuisson. 

Elles  étaient  taillées  le  plus  souvent  en  table,  c'est-à-dire  à 


i  exi,  cli,  excr. 

2.  XXIX. 

3.  CXLIV. 

4.  XXIV,  XXIX,  CXCVIII,  ccxxv, 

5.  CLXXIII,  CXC. 

6.  CVI. 

7.  CXII,  CLXXVII. 

8.  CXXXIII,  CXCIX,  CCXXXV,  CCXXXVlI.llya  aussi,  aux  n°*  XXXVH 
CXVI  et  CXCIX,  des  verroteries,  dont  la  couleur  est  indéterminée. 

9.  CLI,  CCLXXIV. 

10.  CCLXXXII. 

11.  XXVIII  et  CCLXXXII. 

12.  VIII. 

13.  CCXXIV. 

14.  CXXXVII  bis. 

15.  II.  Des  doutes  ont  été  émis  touchant  la  pratique  de  l'émaillene 
après  le  mc  siècle  ;  nous  les  croyons  mal  fondés.  Voir,  au  n°  CXXXVII  bis, 
ce  qui  est  dit  à  ce  sujet. 

h 


XVIII  INTRODUCTION 

plat1,  quelquefois  en  cabochons,  c'est-à-dire  dans  la  forme  hé- 
misphérique, en  relief  sur  le  chaton 2. 

Sur  l'un  de  nos  anneaux,  dont  le  chat  on  est  en  verre  bleu,  imi- 
tant une  agate,  on  constate  que  le  joaillier  a  tenté  d'imprimer 
sur  la  pâte  de  verre,  avant  son  refroidissement,  un  camée  ou 
le  surmoulage  d'une  intaille  antique,  mal  venu  du  reste  '. 

Le  chaton  avait  parfois  l'aspect  d'une  rosace,  avec,  au  centre, 
un  cercle,  d'où  partaient,  commedes  rayons,  desbandes  étroites 
de  métal  formant  4,  6,  7  ou  \ 2  alvéoles,  que  l'on  garnissait 
de  morceaux  de  gemmes  vraies  ou  fausses.  Le  cercle  central 
était  également  occupé  par  une  pierre  ou  une  imitation  de 
pierre  précieuse  \ 

Je  ne  dois  pas  omettre  de  noter  un  procédé,  dont  les  fabri- 
cants de  nos  anneaux  se  servaient,  qui  fut  employé  par  les 
artistes  du  haut  moyen  âge,  et  que  l'on  pratique,  de  nos  jours, 
pour  donner  plus  d'éclat  aux  pierres  et  aux  verroteries.  Je  veux 
parler  du  paillon,  qui  consistait  à  poser  ces  gemmes  sur  des 
feuilles  d'or,  qu'on  mettait  en  plaques  unies  et  plus  souvent 
hachées  et  quadrillées",  ou  bien  sur  une  plaque  de  métal  doré 
ou  argenté,  comme  on  le  voit  pour  une  de  nos.bagues6. 

111 

PIERRES  GRAVÉES.  REPRÉSENTATIONS  DIVERSES 

Sur  dix  de  nos  anneaux,  les  gemmes  du  chaton  portent  des 
figures  ou  des  sujets  gravés  :  elles  sont  d'un  travail  romain  du 

1.  Exemples  :  CVli,  CXVI,  CLXXIII,  CLXXVI,  CCXXV1,  CCXXXIII, 
CCXXXV,  CCXXXIX,  CCXLII. 

2.  Exemples  :  CVII,  CXXIV,  CXC,  CXCIX,  CCXXXI,  CCXLI. 

3.  CXJII. 

4.  CXI,  CLXXVI,  CCXXVII,  CCXLII. 

5.  CXI,  CXII,  CLI. 

6.  CXCVIII. 


INTRODUCTION 


XIX 


Haut  ou  du  Bas  Empire,  et  en  tout  cas,  d'une  époque  antérieure 
à  celle  de  la  confection  des  bijoux  qui  nous  sont  parvenus,  et 
pour  l'ornementation  desquels  elles  ont  été  utilisées. 

Trois  de  ces  intailles  représentent  Jupiter,  avec  l'aigle  à  ses 
pieds1  ou  avec  l'aigle  posé  à  côté  de  la  cathédra  sur  laquelle 
il  est  assis",  ou  bien  encore  couronnant  son  aigle3.  D'autres  re- 
présentent la  Fortune4,  la  Fortune  etla  Victoire15;  un  petitgénie6; 
deux  personnages,  dans  l'un  desquels  on  a  cru  voir,  mais  sans 
raisons  suffisantes;  Prométhée  créant  l'homme  à  l'image  des 
dieux  7  ;  un  guerrier  debout,  tenant,  d'une  main,  une  lance  et,  de 
l'autre,  le  sommet  d'un  bouclier  posé  à  terre 8  ;  deux  chevaux  de- 
vant un  abreuvoir 9  ;  un  lion  passant 10. 

On  a  recueilli,  dans  une  sépulture  postérieure  à  l'an  364.  un 
anneau  muni  d'une  pierre  verte,  où  est  gravé  le  chrisme  avec  la 
barre  horizontale  figurant  la  croix  u. 

Signalonsenfin  une  bague,  malheureusement  perdue,  qui  était 
ornée  d'une  gemme  gravée  après  la  chute  de  l'empire  d'Occi 
dent  (an  476),  c'est-à-dire  à  l'époque  de  l'occupation  de  la  Gaule 
parles  barbares  :  c'était  une  agate,  représentant  saint  Jérôme  à 
genoux  devant  le  crucifix,  se  frappant  la  poitrine  avec  une  pierre. 
Ce  bijou  provenait  du  sarcophage  de  saint  Agilbert,  évêque  de 
Paris  vers  670,  découvert,  en  1 636,  dans  la  crypte  de  la  chapelle 
de  l'antique  monastère  de  femmes  de  Jouarre. 

1.  CCLXXXVI. 

2.  CXXXI. 

3.  GCXXVI1I. 

4.  CCXIII. 

5.  XXXIX. 

6.  CXLIII. 

7.  XXIV. 

8.  CXIV. 

9.  CCXLV. 

10.  CXLII. 

11.  CX  XIX.  Ce  bijou  a  été  trouvé  dans  la  tombe  d'une  femme,  qui  aval 
dans  la  main  gauche  un  sou  d'or  de  Valentinien  Ier  (an  364-375). 


XX  INTRODUCTION 

Le  savant  André  du  Saussay,  qui  l'avait  tenu  dans  ses  mains 
et  étudié  sur  place  peu  de  jours  après  la  découverte,  l'a  décrit 
dans  sa  Panoplia  episcopalis1 . 

L'existence  de  ce  petit  monument  et  de  l'intaille  qui  en  fait 
partie  ne  saurait  être  l'objet  d'un  doute,  et  c'est  pourquoi  nous 
l'avons,  sans  hésiter,  compris  dans  notre  série 2,  en  reproduisant 
la  notice  descriptive  que  du  Saussay  lui  a  consacrée. 

Le  travail  de  gravure  ne  peut  avoir  été  exécuté  qu'en  un  temps 
plus  ou  moins  long  écoulé  après  la  mort  de  saint  Jérôme,  sur- 
venue en  470  :  il  ne  remonte  donc  pas  au  delà  des  dernières 
années  du  ve  siècle,  et  appartient  conséquemment  à  l'époque  où 
la  Gaule  était  occupée  par  les  barbares.  C'est  là  un  fait  qui  con- 
tredit ouvertement  l'opinion,  professée  par  mon  confrère,  M.  E. 
Babelon,  d'après  laquelle  les  Mérovingiens  n'auraient  point  pra- 
tiqué la  gravure  sur  pierre,  et  se  seraient  bornés  à  encbâsser, 
dans  les  anneaux  qu'ils  fabriquaient,  des  pierres  gravées  à  des 
époques  antérieures  3. 

Toutefois,  l'exemple  fourni  par  l'anneau  de  l'évêque  Agilbert 
est  jusqu'à  présent  le  seul  qui  nous  soit  connu  d'une  façon  cer- 
taine, et  on  jugera4  peut-être  qu'il  ne  saurait  suffire  pour  in- 

1.  Panoplia  episcopalis,  in-fol.,  Paris,  1646,  II,  2,  p.  483. 

2.  LXXII  bis. 

3.  Babelon,  La  gravure  en  pierres  fines,  grand  in-42,  1894,  p.  229. 
L'auteur  a  encore  accentué  cette  opinion  dans  un  mémoirecommuniqué, 
en  1896,  à  l'Académie  des  Inscriptions.  Voir  Comptes  rendus  des  séances 
de  cette  Académie. 

4.  Dom  Mabillon  [Annal.  Ord.  S.  Benedicti,  t.  I,  p.  456)  a  fait  mention 
d'un  autre  anneau,  orné  d'une  pierre  précieuse,  également  trouvé  dans 
la  crypte  de  la  chapelle  de  l'abbaye  de  Jouarre,  dans  le  tombeau  de 
S.  Ebrégisile,  évêque  de  Meaux  en  660.  Sur  cette  gemme,  aurait  été  gravée 
l'image  de  saint  Paul  Ermite,  à  genoux  devant  un  crucifix,  ayant  sur  sa 
tête  un  corbeau  (a).  Les  auteurs  du  JSouv.  traité  de  diplomatique  (t.  IV, 


(a)  Allusion  au  corbeau  qui,  d'après  la  légende,  apporta  au  saint,  chaque  jour,  pendant 
soixante  ans,  le  pain  qui  lui  servait  de  nourriture. 


INTRODUCTION 


XXI 


firmer  la  doctrine  du  savant  conservateur  du  Cabinet  des  mé- 
dailles à  la  Bibliothèque  nationale. 

IV 

ORNEMENTS  MÉTALLIQUES 

J'ai  mentionné,  plus  haut  l,  l'emploi  de  la  dorure  et  de 
l'argenture,  du  placage  et  de  l'incrustation  d'or  sur  nos  an- 
neaux. 

Il  convient  d'insister  ici  sur  des  industries  qui  avaient 
essentiellement  pour  objet  l'ornementation  de  ces  bijoux.  Nous 
en  avons  un  intéressant  exemple  dans  le  n°  CCLXXVII  de  nos 
anneaux. 

On  y  voit  que  l'or  a  été  incrusté  dans  un  trait  creusé  à 
l'avance,  et  y  est  retenu  par  des  stries  exécutées  à  la  lime, 
ainsi  que  procédaient  les  damasquineurs  orientaux  et  les  ar- 
tistes italiens.  Toutefois,  à  la  différence  de  ces  derniers,  le  fabri- 
cant de  notre  bijou  ne  s'est  point  servi  d'un  fil  tréfilé,  mais 
d'un  métal  découpé  sur  une  feuille  d'or. 

C'est  l'œuvre  d'un  de  ces  barbaricaires,  corporation  de  bro- 
deurs d'or  sur  étoffe  et  d'incrustateurs  d'or  et  d'argent  sur 
métal. 

p.  17),  onl  reproduit  L'énoaciation  do  Mabillon,  en  se  référant  au  passage 
précité  des  Annales  bénédictines.  Mais  nous  n'avons  pas,  relativement  à 
ce  deuxième  bijou,  l'affirmation  d'un  témoin  oculaire,  comme  nous  la 
tenons  d'André  du  Saussay  pour  celui  d'Agilbert;  et  c'est  pourquoi  nous 
croyons  devoir  observer,  à  cet  égard,  une  prudente  réserve.  Mabillon  a 
mentionné, dans  un  autre  de  ses  ouvrages  (De  re  diplomat.,  p.  255,  n°2), 
un  anneau  portant,  au. chaton,  un  saphir  représentant  l'image  du  roi 
Childéric,  mais  dépourvu  de  légende;  cette  énonciation  a  été  reproduite 
dans  le  Nouveau  traité  de  diplomatique  (t.  IV,  p.  101).  J'ai  à  peine  besoin 
de  faire  remarquer  qu'en  l'absence  d'inscription,  l'attribution  de  l'image 
et  de  l'anneau  à  Childéric  est  purement  conjecturale  et  sans  valeur 
sérieuse. 
\.  %  3,  n°  1. 


S  VII 


INTRODUCTION 


La  première  de  ces  catégories  d'artisans  remonte  aux  temps 
du  Haut  Empire1;  mais  on  ne  trouve  pas  de  mention  de  la 
deuxième  avant  le  v°  siècle. 

Les  modes  de  décoration  des  anneaux  que  nous  avons 
rencontrés  le  plus  souvent,  sont  :  des  filets  de  métal  soudés,  en 
bordure,  sur  la  tige  -  ;  des  globules  ou  perles  de  métal,  formant 
des  groupes  ou  des  cordons  de  grènetis  sur  la  tige,  sur  le  cha- 
ton ou  autour  du  chaton  3  ;  des  filigranes  d'or,  d'argent,  de 
bronze  ou  de  laiton  ',  et  dont  parfois  la  tige  tout  entière  est 
composée  5. 

L'ornementation  métallique  la  plus  usitée  consiste  en  quatre, 
trois  ou  deux  globules  ou  cabochons,  ou  même  un  seul  glo- 
bule, accostant  le  chaton;  et,  comme  c'est  un  des  traits  carac- 
téristiques de  l'orfèvrerie  gallo-franque,  nous  devons  entrer  dans 
quelques  détails  à  ce  sujet. 

Ce  mode  de  décoration,  qui  fut  employé  dès  la  fin  du  Haut 
Empire,  mais  très  rarement,  apparaît  plusfréquemment  au  temps 
du  Bas  Empire, et  devient  d'un  usage  commun  à  l'époque  barbare. 

Nous  avons  deux  exemples  de  quatre  globules  ou  cabochons 
de  métal  à  côté  du  chaton  ou  sur  le  chaton  6. 

Mais  généralement,  ils  sont  au  nombre  de  trois  soudés  ou 
ménagés  à  droite  et  à  gauche  du  chaton  8  e-t  ils  sont  alors,  ainsi 
que  je  l'ai  déjà  remarqué,  toujours  disposés  en  feuille  de  trèfle. 

1.  Les  barbaricaires  brodeurs  sont  mentionnés  dans  Lucrèce,  Ovide 
et  l'édit  de  Dioctétien. 

2.  Exemples  CVI,  C1X,  GCXIII,  CCXXXVH. 

3.  XL,  LXXVI,  LXXXVt,  CIV,  CX1I,  CXXX,  CXLI,  CLXXVlt,  CCXXVI, 
GCXXXI,  CCXL1. 

4.  GVIII,  CXI1I,  CXLI,  CCXXV,  CCXXXtX,  CCXL11. 

5.  CV1II. 

6.  CCXXVII,  CCXCII. 

7.  XXIV,  XXXV,  XXXIX,  XLVI,  XLIX,  Ll,  LXI,  LXIII  et  passim. 

8.  Nous  avons  deux  exemples  des  trois  globules  placés  au-dessus  et  au- 
dessous  d'une  plaque  d'email  du  chaton.  Voir  le  n°  CXXXVII  bis  et 
CCXXV. 


INTRODUCTION 


XXIII 


Sur  un  moindre  nombre  de  bagues,  il  n'y  a  que  deux  de  ces 
ornements1  et  sur  un  nombre  encore  plus  restreint,  un  seul  2. 

J'ai  dit  que  ces  ornements  étaient  soudés  ou  pris  dans  la 
masse  ;  le  premier  de  ces  deux  procédés  était  le  plus  habituel. 
Quand  on  appliquait  le  second  (et  ce  n'était  presque  jamais  que 
pour  les  bagues  en  bronze  ou  en  cuivre3),  on  travaillait  plus  ou 
moins  habilement  le  métal  au  burin,  de  manière  à  mettre  en 
relief  les  saillies  qui  devaient  représenter  les  ornements 
voulus  *. 

Parfois,  les  trois  cabochons  sont  remplacés,  soit  par  trois 
points  saillants,  séparés  les  uns  des  autres  par  des  entailles  % 
soit  par  des  cercles  concentriques,  disposés,  à  l'instar  des  cabo- 
chons, en  feuille  de  trèfle  \ 

V 

FIGURES  ET  ORNEMENTS  GRAVÉS  S(!R  LE  MÉTAL 

1°  Scènes  à  un  ou  deux  personnages . 

Je  noterai  d'abord  la  scène  du  guerrier  Dromacius,  qui  con- 
sulte la  devineresse  Betta  et  lui  tend  la  main  7  ;  puis  celles  de 
deux  personnes  assises,  les  mains  posées  sur  les  genoux8;  d'un 
personnage  en  marche  ou  dansant 9  ;  d'un  autre  personnage 

1.  IV,  XXI,  XLVII,  LU,  LVIII,  LXVI,  LXXII  et  passim. 

2.  XIV,  LIX,  LXXXI1. 

3.  Je  citerai  comme  un  cas  exceptionnel  le  n°  CCXVI  :  un  anneau  d'or, 
où  les  deux  cabochons  sont  ménagés  dans  la  masse. 

4.  Pour  les  groupes  de  trois,  voir  CXV,  CXXI,  CL,  CLVIl,  CLXIV, 
CLXIX,  CLXXXVI  bis,  GXCV,  CCXIII,  CCLXXIV,  CCLXXXV.  —  Pour  les 
groupes  de  deux  cabochons,  IV,  XLVII,  LU,  LVIII,  LX,  LXVI,  LXXII, 
CLXV,  CLXXVIII,  CCLXXIII. 

5.  CCXLVIII  et  CCXLIX. 

6.  XXXIII  et  LXIX. 

7.  XLV. 

8.  CCLXXIII . 

9.  LXVI, 


XXIV 


INTRODUCTION 


debout,  vêlu  de  la  dalmatique,  bénissanl  ou  prêchant  1  ;  de 
saint  Pierre,  debout  derrière  le  coq  qui  chante  :  allusion  au 
reniement  du  Christ,  prédit  par  celui-ci2. 

2°  Effigies  de  personnages  déterminés  et  figures  diverses. 

La  plus  importante  et  la  plus  célèbre  est  celle  du  roi  franc 
Childéric  Ier,  sur  son  anneau-cachet  \  Viennent  ensuite  :  celle 
d'Hunila,  dont  la  tête  diadémée  marque  le  titre  de  reine ;  ;  celles 
du  Golh  Uffila,  personnage  de  haut  rang,  peut-être  un  souverain 5; 
d'Anloninos6,  dont  l'effigie  est  pareille  à  celle  des  effigies  royales 
surlesmonnaiesmérovingiennes  ;  deRagnelhramnus7  ;d'AbbonR; 
d'un  personnage,  dont  l'initiale  du  nom  est  un  |_9  ;  d'un  autre  per- 
sonnage à  longue  chevelure,  dont  l'initiale  est  un  r10;  d'un  per- 
sonnage, dont  le  nom  est  indéchiffrable  "  ;  de  deux  personnes, 
homme  et  femme,  dont  les  bustes  affrontés  ne  sont  accom- 
pagnés d'aucune  inscription12  ;  enfin,  d'une  tête  masculine,  gra- 
vée sur  un  anneau  de  femme  :  sans  doute  l'effigie  du  donateur 
du  bijou13. 

Plusieurs  de  nos  anneaux  nous  offrent  encore  diverses  figures 

1.  CCLXXV. 

2.  XVI. 

'3.  CLXXIX. 

4.  LXXVI. 

5.  CCXCIV.  Le  nom  n'est  pas  sur  l'anneau,  mais  sur  une  fibule  trouvée 
dans  la  même  sépulture  que  l'anneau. 

0.  LI. 

7.  LIX. 

8.  CCLXV. 

9.  CLV, 

10.  CCI/V. 

11.  CCLXX1. 

12.  LVH. 

13.  CCX.  11  convient  de  noter,  à  cette  place,  l'effigie  grossièrement  exé- 
cutée de  saint  Magnus  ou  Maonus  sur  le  cachet  d'une  religieuse  (Appen- 
dice, n°  1). 


INTRODUCTION 


XXV 


humaines1,  mais  probablement  sans  intention  de  reproduire 
ou  même  de  rappeler  des  personnes  déterminées.  Il  est  à  peine 
besoin  de  faire  mention,  à  celte  place,  de  deux  sous  d'or,  portant  : 
l'un,  les  effigies  des  empereurs  Marc-Aurèle  et  Lucius  Verus?, 
l'autre,  une  lêle  avec  le  bandeau  royal  et,  en  légende,  le  nom  de 
Clo taire  II  3. 

3°  Emblèmes  religieux. 

Un  de  nos  anneaux  présente  un  emblème  religieux  des  Israé- 
lites :  le  chandelier  à  sept  branches,  qui  figure  sur  la  bague  de 
la  Juive  Aster \ 

Les  autres  emblèmes,  qui  sont  tous  chrétiens  et  que  nous 
distinguons  des  animaux  et  objets  dont  on  fit  des  symboles  du 
Rédempteur,  sont  :  le  chrisme  et  la  croix  en  leurs  diverses  for- 
mes, les  clous  et  les  instruments  de  la  Passion. 

A.  —  Le  Chrisme. 

Le  chrisme  ou  monogramme  de  Jésus-Christ  est  gravé  sur 
nos  anneaux,  sous  cinq  formes  différentes  : 
X  traversé  perpendiculairement  par  I,  initiales  de  Iy;-:rj; 

Xpîoroç  3; 

Le  x»  avec  une  croix  superposée  ayant  un  p  (le  ?=  grec)  au 
sommet"  ; 

1.  XVII,  LXVIII,  LXXI,  CXIV,  CLXIX,  CXCIII,  CCIX,  CCLXXL 

2.  CLXXXVI1. 

3.  CÇLVL 

4.  CCXV. 

5.  XLVI,  CCXCV.  Cette  forme  ne  parait  sur  les  monnaies  mérovin- 
giennes qu'à  partir  du  viu  siècle  (M.  Prou,  dans  les  Mélanges  G.  B.  de 
liossi,  supplément  aux  Mélanges  darchéol.  et  d'/i/st.,  publiés  par  l'Ecole 
française  de  Rome,  t.  XII  ;  tiré  à  part,  p.  4).  Mais  elle  remonte  assuré- 
ment beaucoup  plus  haut. 

6.  CXX1X.  Cet  exemple  est  postérieur  à  l'an  364;  car  !a  femme,  dans 
la  tombe  de  laquelle  le  bijou  a  été  recueilli,  avait,  dans  la  main,  un  sou 


XXVI 


INTRODUCTION 


Le  x,  avec  une  simple  croix  superposée  1  ; 
La  croix  laline,  avec  P  au  sommet  -; 

Enfin,  la  croix  couchée,  avec,  en  travers  de  la  barre,  les  lettres 
P  et  6  (?),  où  il  est  permis  de  voir  l'abréviation  de  Xpfo-re3  ;  dans 
ce  cas,  en  même  temps  que  le  chrisme,  nous  aurions  là  une 
invocation  religieuse. 

Il  est  à  remarquer  que,  parmi  ces  variétés,  ne  figure  point  la 
forme  la  plus  ancienne  du  chrisme,  le  monogramme  constan- 
tinien,  composé  du  X  traversé  perpendiculairement  par  un  p,  et 
dont  le  premier  exemple  connu  se  trouve  sur  un  monument 
de  l'an  323  *. 

15.  —  Croix  et  croisettes  \ 

On  les  voit  sur  un  grand  nombre  de  nos  bagues  et  dans  toutes 
les  formes  connues  :  croix  à  branches  égales  fi;  croix  grecque  7; 

d'or  de  Valentinien  1er  (364-375). Cet  emblème  est  ici  gravé  sur  une  fièvre, 
à  la  différence  des  autres,  qui  sont  gravés  sur  métal. 

1.  XVIII,  XIX,  CXXIl  ;  sur  ce  dernier  anneau,  les  quatre  branches 
de  la  croix  sont  fortement  potencées. 

2.  CXVII,  CCLXXlX;E.Le  Blant,dans  un  relevé  fait  au  vu  des 450  mar- 
bres exhumés  depuis  vingt  sept  ans,  place  l'emploi,  en  Gaule,  de  la  croix 
chrismée  au  temps  de  saint  Martin  de  Tours  (-[-397  ou  400)  et  de  400  à 
540.  (Nouv.  Rec.  des  inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  préface,  p.  n). 

3.  CCLXXX.En  toutcas,  nousaurionsicil'exemple d'un  sigle duRédemp- 
teur,  plus  complet  que  celui  qui  fut  si  répandu,  X  P-  Voir  G.  Schlum- 
berger,  Sigillographie  de  l 'empire  byzantin,  p.  10,  17,  34  et  passim. 

4t.  Voir  de  Rossi,  dans  Bulletino,  ann.  1863,  p.  22;  et  Martigny,  Dic- 
tionn.  des  Anliq.  chrét.,  p.  478.  E.  Le  Blant,  dans  le  relevé  précité, 
place  l'emploi  de  ce  monogramme  en  Gaule,  de  l'an  347  à  547. 

5.  E.  Le  Blant,  dans  le  relevé  précité,  place  l'emploi  de  la  croix,  comme 
emblème  dans  les  inscriptions  lapidaires  en  Gaule,  de  445  à  682.  M.  Prou 
en  met  l'emploi  sur  les  monnaies  mérovingiennes,  à  la  fin  du  vie  siècle 
jusqu'au  milieu  du  vin0  (voir  le  passage  des  Mélanges  G.  B.  dp  Rossi,  cité 
plus  haut,  à  propos  du  chrisme  et  de  la  croix  chrismée,  p.  xxv,  note  5. 

6.  XIII,  XIV,  XC,  XCII,  XCV,  CI. 

7.  LUI. 


IXTHOIU'OTION 


XXVI  l 


croix  de  Saint-André  1  ;  croix  fichée  2  ;  pattée  3  ;  potencée  4  ; 
fourchue  5  ;  cantonnée  ou  accostée  de  points  ou  de  lettres  6.  La 
croix  sert  assez  souvent  du  support  à  un  monogramme,  dont 
les  lettres  sont  à  l'extrémité  de  chaque  branche7. 

C.  —  Instruments  de  la  Passion. 

Ce  sont  les  clous  du  crucifiement 8,  la  lance,  les  verges,  le 
marteau,  appendus  aux  bras  de  la  croix  9. 

4°  Animaux  et  objets  divers,  symboles  du  Christ. 

Le  Christ  fut,  de  bonne  heure,  symbolisé  de  différentes  façons, 
convenues  entre  les  premiers  adeptes  de  la  foi  nouvelle,  ou 
plus  souvent  encore  imaginées  et  recommandées  par  leurs  doc- 
leurs  ,  comme  on  le  voit  dans  le  Paedagogus  de  Clément 
d'Alexandrie  (f  215)  1".  Parmi  les  figures  allégoriques  indiquées 

1.  LXX1X,  CLXXXVIII. 

2.  LV1. 

3.  CLXIIl,  CGVIII,  CCXIV. 

4.  XCI,  XCII,  CI,  CXX11,  CXXXIX,  CLX,  CLX1. 

5.  LXIV. 

6.  XXXV,  XLIV,  LXXII,  XCIII,  CCXLIV.  Je  n'ai  pas  rencontré,  sur  les 
anneaux,  la  croix  gammée,  qui  se  voit  sur  une  fibule  reproduite  à  l'Ap- 
pendice, n°  Vit. 

7.  CCLX1V,  CCCI,  CCC1I. 

[.  8.  CLX,  CLXI.  Nous  avons  expliqué  une  figure  gravée  sur  le  n°XCVII, 
par  l'allusion  aux  clous  du  crucifiement.  Des  doutes  m'ont  été  inspirés 
sur  l'exactitude  de  cette  interprétation.  Voir,  à  ce  sujet,  ce  que  j'ai  dit 
dans  la  notice  relative  à  cet  anneau,  et  une  lettre  de  mon  savant  con- 
frère, M.  Philippe  Berger,  reproduite  dans  l'Appendice,  n°  IX. 

9.  XLIV. 

10.  III,  11  ;  dans  Migne,  Patrol.  Graec,  t.  VIII,  col.  634-636.  Le  célèbre 
docteur  recommandait  aux  fidèles  la  colombe,  le  poisson,  un  navire  vo- 
guant à  pleine  voiles,  une  lyre,  une  ancre  de  vaisseau.  Voir,  du  reste,  sur 


XX  VIII  INTRODUCTION 

par  celui-ci,  il  en  est  deux,  celles  de  la  colombe  et  du  poisson, 
qui  furent  très  populaires,  et  dont  nous  constaterons  plus  bas 
l'emploi  fréquent. 

Le  seul  symbole  inanimé  dont  j'aie  rencontré  la  reproduction 
sur  les  anneaux,  est  une  palme  dressée  debout  sur  sa  lige 

Les  animaux  symboliques  sont  : 

L'agneau,  avec  une  étoile  sur  le  dos2  ; 

Le  cerf; 

La  colombe1;  la  colombe,  avec  la  branche  d'olivier  à  son 
bec  ;;  avec  un  rameau  et  l'invocation  Salba  me  (pour  Saint  me)'; 
surmontée  d'une  étoile7. 

Deux  oiseaux  posés  l'un  sur  l'autre,  et  dont  l'un,  le  plus 
gros,  est  peut  être  la  colombe,  symbole  du  Christ8. 

Le  lièvre". 

Le  poisson  ,0;  le  poisson  dans  la  nasse,  et  un  petit  poisson  na- 
geant de  chaque  côté 

ce  point,  mon  mémoire  le  Port  des  anneaux  dans  l'antiquité  romaine  et 
les  premiers  siècles  du  moyen  âge,  dans  Mém.  de  l'Acad.  des  inscr.  et  bell.- 
lett.,  t.  XXXV,  2R  partie^  p.  220,246  et  269;  tiré  à  part,  p. 52,  78etl0t. 

1.  CXXIII  bit. 

2.  Ibid.  L'Agneau  est  la  plus  ancienne  figure  sous  laquelle  le  Christ 
ait  été  désignédans  les  livres  et  sur  les  monuments  de  l'Eglise  primitive. 
Marligny  [Dictionn.  desantig.  chrét.,  p.  27)  mentionne  l'Agneau  avec  une 
croix  sur  la  tête,  la  poitrine  ou  le  dos,  mais  pas  avec  une  étoile. 

3.  Ibid. 

4.  XXV,  LXXI,  CXXIV,  CCLX,  CCLXII,  notel,  CCLXIX,  CCXCHI  ;  E.  Le 
Blant,  dans  le  relevé  cité  plus  haut,  place  l'emploi  en  Gaule  de  cette 
ligure  symbolique  dans  les  inscriptions,  de  378  à  631. 

5.  CXXIII  bis. 

6.  CCXCI. 

7.  XXXII. 

8.  CCL1L  C'est  le  seul  exemple  connu  de  ce  double  symbole. 
U.  CXXIII  bis.  Voir  Marligny,  op.  cit.,  p.  205. 

10.  CCLIV. 

11.  LXX1II.  E.  Le  Blant,  dans  le  relevé  cité  plus  haut,  place  l'emploi 
en  Gaule,  de  la  figure  du  poisson,  de  l'an  474  à  631. 


INTRODUCTION 


XXIX 


5°  Animaux  mythologiques  ou  fantastiques.  —  Animaux 
d'espèces  diverses  ou  indéterminées . 

Ce  sont  des  hippocampes1,  des  animaux  fantastiques2,  des 
quadrupèdes  d'espèce  indéterminée 3,  une  tête  d'animal  à  large 
mâchoire  et  grosses  dents1,  des  serpents  affrontés5,  des  ani- 
maux rampants  et  des  reptiles c  ;  des  arêtes  de  poisson  \ 

6°  Végétaux,  figures  géométriques  et  autres. 

Ce  sont  des  feuilles  d'acanthe8,  des  trifolium  9 ;  des  feuilles 
ou  fruits  à  trois  lobes10;  des  palmettes11  ;  des  cercles  concentriques 
avec  point  ou  globule  au  centre1-;  des  entrelacs13;  des  fers 
à  cheval 14 ;  des  losanges  15  ;  des  arceaux  ou  arcatures  des  en- 
roulements 17  ;  des  instruments  de  travail18,  etc.,  etc. 

1.  XL. 

2.  XCVIII,  CXXIII  bit. 

3.  CXXXII,  CCXXXVI. 

4.  LVIII. 

5.  CCXC. 

6.  XLIII,  XCIX,  C,  CCL1V. 

7.  XXXJ1I,  CCXXXII. 

8.  CXXX. 

9.  VI. 

10.  en. 
n.  i. 

12.  III,  XIV,  XXXIX  bis,  CXLI,  CLXV. 

13.  CXXXVIII,  CL. 

14.  CCXLV. 

15.  XXVII,  XLVI,  CLXXIII. 

16.  CCX,  CCXV  et  CCXVIII. 

17.  CX1X. 

18.  LXXV.  On  distingue,  dans  les  groupes  de  lignes  gravées  sur  cet  an- 
neau, une  pioche  et  un  marteau. 


XXV 


INTRODUCTION 


§  5. 

Inscriptions. 

Elles  sont  de  diverses  sorles,  ce  sont  :  l°des  légendes, c'est- 
à-dire  des  mots  intégralement  ou  presque  intégralement  gravés, 
et  pouvant  êlre  lus  couramment;  2°  des  abréviations,  des  ini- 
tiales ou  des  sigles  ;  3°  des  monogrammes.  Mais,  avant  de  m'oc- 
cuper  de  ces  inscriptions,  je  dois  on  faire  connaître  la  paléo- 
graphie. 

I 

LA  PALÉOGRAPHIE  DES  ANNEAUX 

Les  caractères  gravés  sur  nos  anneaux  sont  généralement 
semblables  à  ceux  des  inscriptions  monétaires  de  la  même 
époque,  et  cette  similitude  s'explique  aisément. 

La  composition  et  la  gravure  des  légendes  et  monogrammes 
des  anneaux  s'exécutaient  dans  des  conditions  analogues  à 
celles  des  légendes  des  sous  et  tiers  de  sou  d'or,  imités  des 
monnaies  impériales,  ou  à  effigies  barbares,  dont  les  dimen- 
sions et  la  forme  étaient  souvent  pareilles  ou  presque  pareilles 
à  celles  des  chatons  de  ces  bijoux. 

On  sait,  en  outre,  que,  en  Gaule,  dès  la  deuxième  moitié  du 
vic  siècle,  les  orfèvres  établis  dans  des  centres  importants  de  po- 
pulation faisaient,  parfois  et  même  assez  fréquemment,  office 
de  monnayers  attitrés,  marquant  de  leur  nom  les  espèces  qu'ils 
fabriquaient. 

De  là  devait  résulter  cette  similitude  entre  deux  sortes  d'ou- 
vrages sorties  des  mêmes  mains. 

Les  lettres  composant  nos  inscriptions  sont,  comme  celles 
des  légendes  monétaires  ',  tantôt  des  capitales,  tantôt  des  on- 
ciales  et  des  minuscules  ou  cursives. 

1.  M.  Prou,  Catalog,  des  monn.  mêrov.  rie  la  Biblioth,  nat.,  introd., 
p.  CXVI. 


INTRODUCTION  XXXI 

Dans  les  énumérations  qui  vont  suivre,  je  n'ai  pas  cru  devoir 
mentionner  les  lettres  conjointes  ou  liées  des  monogrammes,  où 
cette  disposition  est  non  seulement  habituelle,  mais  nécessaire  : 
car,  en  principe,  le  monogramme,  comme  son  nom  l'indique,  se 
compose  de  caractères  unis  les  uns  aux  autres  et  formant  un 
seul  tout  :  les  monogrammes  contenant  des  letlres  séparées 
sont  des  exceptions,  qui,  toutefois  ne  sont  point  rares. 

Je  noterai  les  ligatures  qui  se  trouvent  dans  les  légendes,  où 
celte  disposition  n'est  point,  tant  s'en  faut,  commune  comme 
dans  les  monogrammes. 

Je  m'occuperai  ensuite  des  lettres  rétrogrades,  couchées  ou 
renversées. 

1°  Formes  des  lettres  et  lettres  liées. 

Je  n'ai  point  l'intention  de  montrer,  sous  cette  rubrique, 
outes  les  variétés  de  formes  des  lettres  gravées  sur  nos  anneaux. 
Je  me  bornerai  à  reproduire  les  plus  caractéristiques  ;  le  lecteur 
trouvera,  dans  les  figures  qui  accompagnent  les  notices  des- 
criptives, les  nombreuses  variantes  ou  nuances  qu'elles  présen- 
tent. 

A,  A  A*  IV  A5  A/  =  A  N*  Al  =  A  Rs,  Â  =  AT A/  =  A  V7  : 

B,  D  8,  minuscule  b*. 

1.  V,  XLVIII,  LVII,  CXXIII  bis,  CXXIV,  CXXVI,  CLXIV,  GLXXXV, 
CCX,  CCL,  CCLX1I,  CCXCII1. 

2.  XLI. 

3.  CCLXXVIl. 

4.  CCLXVI1I. 

5.  XXXIX  1er. 

6.  LXXXIV  el  CXXIV. 

7.  XLIV  et  CXXV1I. 

8.  CXVI. 

9.  XXXVI,  LXXXVIII,  CXXVII. 


XXXII 


INTRODUCTION 


C,  rétrograde  D1,  carré  c  \  angulaire  <  3  —  Lr7  —  deux  c 
carrés  liés  (?)  \ 

D,  oncial  6-,  triangulaire  A  6  <  7  V  8  —  œ  =  D  rétrograde 
et  E  9.  —  Deux  D  enlrelacés  Bfl  ,0. 

E  couché  (?)  m  n,  lunaire  €  12. 
F,r13. 

G;  formes  cursives  très  usitées  g,  q,  s,  q,  G, S  14;  cursive 
peu  usitée  Lj  15  ;  onciale  6, 16  rétrograde  O  1T. 

H.  Pas  d'observation. 

I,  pas  d'observation. 

K,  on  le  trouve  couché 13. 


1.  CCXIX. 

2.  XLIII,  CLXXV,  CCXLV,  CCLXVI1I,  CCLXXXV.  D'après  E.  Le  Blant, 
cette  forme  parait,  de  5C6  à  G90,  dans  les  inscriptions  lapidaires. 

3.  CXVI. 

4.  LXII. 

5.  LVI,  CLXXVIII,  CCX1V,  CCXVI. 

6.  CCLXV1I.  Cette  forme  parait  dans  les  inscriptions  lapidaires  de 
586  ou  587  à  689. 

7.  LXI,  CCXV1I. 

8.  CCLXII. 

9.  CXVI. 

10.  XV. 

11.  XCIII. 

12.  CXVI,  CCLXXX(?). Cette  forme  paraît  dansles  inscriptions  lapidaires, 
de  527  à  676. 

13.  Il  ne  figure  pas  sur  nos  annneaux,  mais  on  voit,  sur  un  cachet 
reproduit  à  l'Appendice,  n°  IV,  un  caractère  qui  parait  —  F  et  G  rétro- 
grades. 

14.  V,  XXXI,  XLIV,  LIX,  LXXXV,  CXLVII,  CLXXXVI,  CCXX,  CCXLVII, 
CCLIII,  CCLXVII,  CCLXXVII,  CCLXXVIII.  Appendice,  n°  VIII. 

15.  LXXXI.  Nous  avons  peut-être  l'exemple  d'une  autre  forme  cursive 
peu  usitée,  sur  une  boucle  de  ceinturon,  reproduite  à  l'Appendice,  n°  V. 

16.  CCXLVIII. 

17.  CCXCVI1. 

18.  CXX. 

19.  CXXI,  CCXCII. 


INTRODUCTION 


XXXIII 


M,  l'onciale  <r>  •  ;  d'où  peut-être  la  forme  m  2  —  —  MA  3, 
IVR  =  MAR  \ 

N ;  rétrograde  W5;  oncialen  et  nG  H  7  ;  rB  =  NB 8,  KE  =  NE  9. 
O  ;  avec  un  point  au  centre  o'°  ;  en  losange  0 11  ;  losange  barré 
aux  4  angles  'Ç>' 12. 
P  ;  rétrograde  q  13. 

Q  ;  avec  un  point  au  cenlreQ14;  en  losange  sur  une  haste  <V5. 
R,  n  16  R 17  R  18,  R  19  P  20  ;  rétrograde  n  21 . 
S,  rétrograde  Z,  couché  </) 22,  rétrograde  et  couché  eu23, 
S"  =  sv 2i- 

1.  XLIX.  Cette  forme  parait  dans  les  inscriptions  lapidaires,  de  527 
à  689. 

2.  CXLVII. 

3.  XLVI. 

4.  CCIII. 

5.  XXVI,  XXX,  XXXI,  L,  LI,  L1X,  LXVI,  LXXVI,  LXXXVI,  LXXXVII, 
CXCVI,  CCII,  CCIV,  CCXIII,  CCXVII,  CCXXI,  CCLVIII,  CCLXV. 

G.  CLXXXVI,  CXVIJI,  CCLXXVIII. 

7.  CCLXVIII. 

8.  CCLXVIII. 

9.  Ibid. 

10.  CCLXIV. 

11.  LU.  Cette  forme  paraitdans  les  inscriptions  lapidaires,  de  585à  689. 

12.  XL. 

13.  CXXV. 

14.  CXXV. 

15.  CCXLVI. 

16.  XXXIX  1er,  XLIV,  XLVII,  XLIX,  LXXXIX,  CXVI,  CLV,  CCXIII, 
CCXLVI,  CCXLVII,  CCLUI,  CCLV,  CCLXIV,  CCLXXXV.  Appendice,  n°V. 

17.  CLXXXV. 

18.  XLI, 

19.  CCL. 

20.  CCLXVIII. 

21.  LIX,  CCLI1I,  CCLV,  CCLXIV,  CCLXX1V  et  passim. 

22.  S  rétrograde,  LI,  LIX,  LXXVI  et  passim;  couché,  voir  p.  xxxv,note6. 

23.  IV,  X,  XIII,  XLIIL  XLVII,  L,  LI,  LU  elpassim.  Le  S  est  représenté 
par  un  simple  trait  sur  plusieurs  anneaux;  quand  il  est  traversé  par 
un  autre  trait,  il  a  la  signification  de  Signum.  Exemples,  XX,  XXII. 

24.  LXXXV. 


XXXIV 


INTRODUCTION 


T,  parfois  couché  H  l,  cursif 
U  3  v  *• 

V  ;  oncial  4  5  \A  =  VA  6  ;  la  même  ligature  rétrograde  \ 
X  qu'il  faut  se  garder  de  confondre  avec  les  croisettes  qui  ac- 
compagnent les  légendes  et  monogrammes. 
T.  Pas  d'observation. 
Z.  Pas  d'observation. 
W,  VA  8  =  WA. 

2°  Position  des  lettres  :  rétrogrades,  couchées,  non  renversables , 

renversables. 

A.  —  Lettres  rétrogrades. 

il  y  a  des  lettres  de  l'alphabet  dont  les  deux  côtés,  dans  leur 
position  et  leur  forme  normale,  sont  pareils,  et  pour  lesquelles, 
conséquemment,  il  n'y  a  point  de  position  rétrograde  ;  ce  sont  : 

A  et  A,  H,  I,  M,  m  et  m,  o  et  o,  T,  U,  V,  X,  Y. 

Les  lettres  suivantes,  nous  en  avons  donné  plus  haut  des 
exemples,  prennent,  au  contraire,  cette  position  : 

8  et  d  =  B  et  b  ;  O  et  1  =  C  et  C  ;  O  =  D  ;  3  et  3  =  E  et  €  ;  =)  et 
-|  =  F  et  h  ;  O,  ?  et  O  =  G,  q  et  6  ;  J  et  >  =  L  et  <  ;  VI  et  n  = 
N  et  n  ;  S  =  P;  0  =  Q;  fl,  et  H  =  R,  et  R;  2  et  w  =  S  et  </>. 

B.  —  Lettres  couchées. 
Voici  les  lettres  qui  figurent  ainsi  sur  nos  anneaux  : 

1.  CCXXI,  CCXCVII. 

2.  CXVI. 

3.  Cette  forme  paraît,  de  449  à  605,  dans  les  inscriptions  lapidaires. 

4.  CCLXXVI. 

5.  CLXV1II.  Cette  forme  parait  dans  les  inscriptions  lapidaires,  de  534 
à  689. 

6.  CCIIL 

7.  CCXVII. 

8.  CCLXVIII. 


INTRODUCTION  XXXV 

>  —  A  (A  non  barré)  n  etu^C'i  Q  =  D5  ;  m  —  E4;  o  et 
-n=Getq;M=K5;wetcD  =  set2',;H  —  Tî<et>  =  V8. 

Quant  aux  autres  lettres  de  l'alphabet,  le  fait  qu'on  ne  les  ren- 
contre pas  sur  nos  anneaux  dans  celle  position  n'implique  nul- 
lement qu'elles  ne  puissent  la  prendre. 

C.  —  Lettres  non  renversantes. 

Parmi  les  lettres  de  l'alphabet  latin,  il  en  est  qui  ne  sont  point 
sujettes  à  renversement,  d'autres  qui  sont,  au  contraire,  ren- 
versables. 

Parlons  d'abord  des  premières  :  elles  sont  au  nombre  de 
treize,  dont  la  partie  inférieure  et  la  partie  supérieure  sont  géné- 
ralement (et  en  particulier  sur  nos  anneaux)  de  forme  sem- 
blable, et  pour  lesquelles  il  n'y  a  ni  haut  ni  bas,  et  conséquem- 
ment  pas  de  renversement  : 

B,  dont  les  deux  panses  sont  presque  toujours  de  même 
dimension  sur  nos  anneaux  ; 

C,  C  et  <  ; 
D; 

E,  dont  les  barres  horizontales  sont  presque  toujours  de 
même  longueur  ; 

h  (F  privé  de  la  barre  horizontale  supérieure)  ; 
H  ; 
l  ; 

K,  dont  les  traits  obliques  sont  toujours  de  même  longueur  ; 
N,  qui  est  aussi  souvent  dans  la  position  rétrograde  (VI),  sem- 
blable au  renversement; 

1.  Passim. 

2.  Voir,  au  n°  CLXXXIII,  deux  C  adossés  et  couchés. 

3.  CCXII. 

4.  XGIII. 

5.  CXX. 

G.  CXXIV,  CCIV,  CCXLIII,  CCXLIX,  CCLXX  et  passim. 

7.  CGXCVIf. 

8.  Passim. 


\ 


XXXVl 


INTRODUCTION 


0  ; 

S,  qui,  se  présente  aussi  souvent  sons  la  forme  rétrograde  (3), 
semblable  au  renversement; 

X; 

Z,  qui,  dans  la  position  rétrograde  (5),  est  semblable  au  ren- 
versement. 

D.  —  Lettres  renversables. 

Voici  celles  dont  j'ai  noté  le  renversement: 

V  =  A,  V  =  A  (A  non  barré)  1  ; 

V  =  a  (D  triangulaire) 2  ; 
b  =  F3; 

r  =  L4; 
a  =  R-; 

1  —  T«. 
A  =  V7; 

Voici  les  lettres  renversables,  dont  je  n'ai  pas  rencontré  de 

renversement  : 
A  ; 

b  (B  cursif)  ; 
;>  (D  oncial)  ; 
G  ; 
M  ; 
P; 

Q,  Q,  O  ; 
U  ; 

H  (V  oncial). 
Y- 

1.  Pour  A  non  barré,  passim;  pour  A  renversé,  CCLXXI. 

2.  CCLXII. 

3.  LXXXI. 

4.  LXXXV,  CXXVI,  CXLVIII,  CL1V,  CXCIII. 

5.  CCL1IK 
G.  CCXXI. 
7.  Passim. 


INTRODUCTION 


XXXVII 


II 

LES  LÉGENDES 

Elles  désignent  des  noms  propres,  ou  bien  elles  expriment 
des  invocations  ou  formules  religieuses,  des  acclamations  ou 
affirmations  diverses.  Elles  présentent  aussi,  parfois,  des  parti- 
cularités orthographiques  ou  grammaticales,  que  nous  avons  à 
relever. 

1°  Noms  propres. 

Nos  anneaux  nous  fournissent  une  grande  quantité  de  noms 
d'hommes  et  de  femmes,  inscrits  intégralement,  en  légendes 
circulaires  ou  sur  une  seule  ligne en  trois»  ou  deux  lignes3. 
Quelques-uns  portent  deux  noms  :  le  plus  souvent  ceux  de  deux 
époux,  comme  sur  la  bague  de  Técla4,  ou  bien  de  deux  per- 
sonnages, dont  on  ne  sait  s'ils  sont  époux  ou  fiancés5;  rare- 
ment ceux  de  deux  personnes  étrangères  l'une  h  l'autre,  mais 
figurant  dans  une  même  scène,  comme  le  guerrier  Dromacius 
et  la  devineresse  Bella6. 

2°  Invocations.  Formules  religieuses  et  lettres  symboliques. 
Ce  sont  :  Salba  me  (pour  Saloa  me)  autour  d'une  colombe  te- 

1.  Exemples  de  légendes  circulaires  :  XLIV,  LI,  LU,  LIX,  LXXVI, 
CLXXIXet  CCLXV. 

2.  Exemples  de  légendes  en  trois  lignes  :  LXXLII  ter,  CGLXV1II. 

3.  Exemples  de  noms  inscrits  en  deux  lignes  :  IX,  XL,  XLI1I,  XLVI, 
CC1II,  CCXIV,  CCLXVI1,  CCXC11I  bis  et  CCXCVIII. 

4.  CCIX. 

5.  Exemples  :  CXVIIl,  CXXV11,  CCXIV,  CCXVII,  CCLXVI1I.  Parfois,  ces 
inscriptions,  bien  que  ne  contenant  qu'un  nom,  marquent  le  caractère 
du  don  de  l'anneau  fait  par  la  fiancée  ou  l'épouse,  comme  dans  LVU, 
LXXIII  ter  et  CCLXVI. 

6.  XLV. 


XXXVUI 


INTRODUCTION 


nant  au  bec  une  branche  d'olivier 1  ;  Chr'iste  '  ;  In  Dei  nomine3  ;  ln 
Dei  numine  (pour  nomine),  amen'  ;  A  et  00,  accostant  la  croix 3. 

3°  Acclamations. 

Ce  sont  :  Vivas\  Con  me  (pour  Cnm  me)  vivas"'  ;  Vivas  in  Deo*;  • 
JJecum  vivasin  Deo0  ;  Vivas  mi'Jii)  diu10  ;  Vivas  diu  m(ihi)n;  Vivat 
Deo  (pour  in  Deo) 12;  Tecla. . .  vivat  Deo  cummarito  seo  (pour-wo) 13  ; 
Utere  felixH. 

4°  Enonciatinns  diverses. 

Warenbertus  déclare  avoir  donné  à  Roccola  ou  Roccolana, 
son  épouse  ou  sa  fiancée,  l'anneau-cachet  qui  porte  le  nom  de 
celle-ci15.  Donobertus,  pharmacien  ou  médecin  pharmacopole, 
certifie  avoir  fait  le  médicament  sur  lequel  il  appose  son  ca- 
chetLa  bague  de  Rusticus  porte  l'attestation  qu'elle  est  son 
œuvre 1T. 

1.  CCXCI. 

2.  CCLXXX. 

3.  XLIII. 

4.  CCXCV. 

5.  CCC. 

6.  LV1I,  CXXIII  bis. 

7.  CCXCIX. 

8.  I,  CLXXXI. 

9.  CCLXVI. 

10  LXXIII  bis. 

11.  XXXIX  bis. 

12.  CXVI,  CXXIV. 

13.  CCIX. 

14.  XXXIX  ter. 

15.  CCLXVIII. 

16.  CCXIII. 

17.  CXVII. 


INTRODUCTION 


XXXIX 


4°  Particularités  orthographiques  et  grammaticales. 

Comodus  est  employé  pour  Commodus 1  ;  con  pour  cum  3;  feet 
pour  fecit3;  ficit  pour  fecit'",  numine  pour  nomine"',  segella[vit) 
pour  sigilla{vit)*  ;  s<?o  pour  .wo7;  so(bscripsit)  pour  su(bscrip- 
sit)\ 

Au  point  de  vue  grammatical,  signalons  Antoninos  pour 
toniïius9,  Oeneos  pour  Oc?ieus{0,  où  To  remplace  1'//  au  nomi- 
natif singulier  de  la  deuxième  déclinaison,  reproduisant  la  dé- 
sinence grecque,  comme  on  la  voit  sur  les  monnaies  de  laGaule 
indépendante. 

111 

ABRÉVIATIONS,  INITIALES  ET  SIGLES 

1°  Abréviations . 

Nous  en  avons  peu  d'exemples;  les  voici  :  A  pour  Ame?iil; 
AVITS  pour  Avitus  12;  Dl  pour/)(v'1!;  DO  pour  Dca  14 ,  Xpi  pour 

1.  LKXUI  ter. 

2.  CCXCIX. 

3.  CCXIII. 

4.  CXVII. 

5.  CCXCV. 

6.  CCIX. 

7.  /ôirf. 

8.  CCLXV. 

9.  LT. 

10.  LU. 

11.  CCXCV. 

12.  CCXCIII. 

13.  CCXCV. 

14.  CXXIV. 


XL  INTRODUCTION 

Xp-W  ;  FELX  pour  Félix2;  RATE  pour  Ratine'  VADEREMARVS 
pour  Vanderemarus''  ;  VALTNA  pour  Val°ntina'\ 

2°  Initiales. 

Le  nom  du  possesseur  de  l'anneau,  n'y  esl  quelquefois  désigné 
que  par  une  ou  plusieurs  initiales6. 

Dans  ce  cas,  soit  qu'elles  figurent  seules  sur  le  chaton,  soit 
qu'elles  y  soient  accompagnées  de  la  marque  abrévialive  de 
signum,  signavi -ou  subscripsi1 ,  dont  nous  parlerons  plus  bas,  la 
présence  de  ces  initiales  implique  que  l'empreinte  qui  en  était 
apposée  sur  l'acte  souscrit  par  le  possesseur  de  l'anneau  sigil- 
laire,  devait  être  précédée  ou  suivie  de  la  mention  en  toutes 
lettres  du  nom  de  celui-ci,  comme  on  le  voit  dans  les  chartes  et 
diplômes. 

Comme  initiales  de  mots  autres  que  des  noms  propres,  je  ci- 
terai, dans  deux  acclamations,  Viras  diu  mi  et  m  pour  mi/ri*. 

3°  Les  Sigles. 

A  l'époque  que  nous  envisageons,  les  anneaux  servaient  fort 
souvent  à  souscrire  les  actes  et  à  sceller  la  correspondance  :  il 
est  donc  tout  naturel  d'y  rencontrer  fréquemment  les  sigles  des 
formules  de  souscription  consacrées  et  usitées,  telles  que  si- 

gnum,  sïgillum,  subscriptio,  ou  subscripsi  ou  signavi. 
i   Nous  allons  les  passer  successivement  en  revue. 

1.  CCLXXX. 

2.  XXXIX  1er.  Félix  est  là  un  simple  adjectif. 

3.  GCIX. 

4.  CGIII.  Un  cachet,  reproduit  à  l'Appendice,  n°  I,  porte  l'abréviation 
fort  usilée  SCO  pour  Sancto. 

5.  CCXCII1  bis. 

6.  A  non  barré  et  V  (LXXIt),  deux  C  (CCXIX),  deux  D  entrelacés  et 
adossés  (XV),  FE  (CLV1II),  JAN  pour  Janus  (CCLII),  M  (CCXXII),  Q 
P  p  (CXXV),  R  et  D  oncial  (LV1).  Voir  aussi  p.  xli,  note  3. 

7.  CLV,  CXCV,  CCIV,  CCXLIII^  CGLV. 

8.  LXXUI  bis  et  XXXIX  bis. 


INTRODUCTION 


XLI 


A.  —  Le  S  barré. 

Le  sigle  le  plus  usité  est  le  S  barré  l,  qui  paraît,  tantôt  seul s, 
tantôt  avec  une  ou  plusieurs  lettres  initiales  d'un  nom  propre 3; 
tantôt  enfin,  au  milieu  d'un  monogramme,  où  il  a  la  valeur  de 
signum,  sigillum  ou  subscriptio,  quand  le  vocable  exprimé  par  le 
monogramme  est  au  génitif4;  de  signavi  ou  subscripsi,  quand  ce 
vocable  est  au  nominatif5.  Le  S  barré  est  parfois,  en  outre,  un 
des  éléments  composants  du  nom  propre0. 

Il  est  à  peine  besoin  de  dire  que,  soit  isolé,  soit  accompagné 
d'initiales,  ce  sigle  suppose  l'inscription  du  nom  entier  avant 
ou  après  l'empreinte,  sur  le  document  écrit,  sans  quoi  l'em- 
preinte eût  été  dépourvue  de  sens  et  de  valeur. 

IÎ.  —  Le  groupe  SI,  la  lettre  S  et  le  S  pointé. 

Nous  avons  des  exemples,  mais  peu  nombreux,  de  l'emploi 
du  groupe  SI1,  assimilable  au  S  barré8. 

Le  S  pointé,  qui  se  rencontre  aussi  rarement,  a,  à  mon  sens, 
la  même  valeur.  J'en  dirai  autant  de  la  lettre  S,  accompagnée 
d'initiales9,  ou  même  placée  au  centre  d'une  légende,  dans  la- 
quelle le  graveur  lui  a  donné  visiblement  une  importance 
particulière 10. 

1.  Voir  notamment  Natalis  de  Wailly,  Eléments  de  paléographie , 
t.  I",  p.  416  et  450- 

2.  XIX,  XX,  XXII,  XCIV,  CXXVI1I,  CLIX,  CCLXX. 

3.  S  et  L  (CLV),  S  et  E  (CXCV),  S  et  N  (CCIV),  S  et  G  (Appendice, 
n°  VIII),  S  et  R  (CCLV),  G  entre  deux  S  (CCXLI1I). 

4.  III,  VI,  XXVI,  LXVI,  LXIX,  LXXXIII,  CXXVI,  CLIV,  GGII,  GCLXXXt, 
CCLXXXIII. 

5.  IV,  XXXI,  L,  CXV  et  passim. 

6.  LXV1I,LXXXVI,LXXXVII,CXIX,  clxiv,  clxxxiii,  CXCIII,  CXCVI, 
CCV,  CCLXIV,  CCLXXXV,  CCXCIH. 

7.  LV,  LXXXIX. 

8.  CCXLIX. 

9.  Voir  ci-dessus,  note  3,  les  exemples  cités. 

10.  LXXXV. 


M.II 


INTRODUCTION 


C.  —  Le  groupe  Su  et  le  groupe  So  (pour  Su). 

Le  premier  figure,  sur  une  de  nos  bagues  sigillaires,  à  la 
suite  du  nom  de  Roccolane1.  Le  deuxième  est  inscrit  sur  un  autre 
anneau,  à  la  suite  du  nom  à' Abbone*.  Quand  j'ai  publié,  pour  la 
première  fois  ces  deux  petits  monuments,  j'ai  émis  l'opinion  que 
su  représentait  les  initiales  de  subscripsi"  et  que  so  était  là  pour 
su  (la  substitution  de  Yo  à  1'?/  étant  très  fréquente  à  cette  époque) 
et  avait  la  même  signification 

E.  Le  Blant,  dans  son  Nouveau  Recueil  d'inscriptions  chré- 
tiennes de  la  Gaule*,  a  mis  en  doute  cette  double  explication. 
Toutefois,  il  a  reconnu  avec  moi,  que  les  groupes  sue\so  (pour 
su)  devaient  être  détachés  des  deux  vocables  précités.  Mais, 
il  y  a  vu  les  deux  initiales  de  l'indicatif  présent  du  verbe  esse, 
du  mot  sum,  «  je  suis  »,  «  j'appartiens  »,  faisant  ainsi  parler,  à 
la  première  personne,  les  anneaux  de  Roccolane  et  d'Abbon.  Il 
justifie  celte  interprétation  par  la  citation  :  1°  d'un  missorium  en 
argent  (sorte  de  plat  pour  servir  à  table),  sur  lequel  sont  gravés, 
en  cursives  mérovingiennes,  ces  mots  :  Agnerico  som  (pour  sum)  ; 
2°  d'une  dalle  funéraire,  portant  Gunderamno  som  (pour  sum); 
3°  des  épitaphes,  où  le  défunt  dit  de  lui-même  so  et  nonso  ;  non  fui 
et  so;  4°  d'un  collier  d'esclave  fugitivus,  avec  l'inscription  fugi- 
tibus  so  (pour  sum).  Mon  savant  confrère  inclinait  à  reconnaître 
«dans  les  mots  Roccolane  su  Abbone  so  une  formule  semblable  à 
celle  du  plat  d'Agnéric,  c'est-à-dire  Roccolane  sum  (je  suis  à 
Roccolane)  et  Abbone  sum  (je  suis  à  Abbon). 

Je  ne  méconnais  pas  la  valeur  et  l'intérêt  des  exemples  cités, 
et  des  rapprochements  que  E.  Le  Blant  en  a  faits  avec  nos  deux 

1 .  CCLXVII1. 

2.  CCLXV. 

3.  Rev.  archéolog.,  année  1884,  t.  I,  p.  141. 

4.  Rev.  archéolog.,  année  1886,  t.  II,  p.  41. 

5.  Nouv.  liée,  des  inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  antérieures  au  vmc  siècle, 
gr.  in-4°,  1892,  p.  142-145. 


INTRODUCTION  XLIII 

inscriptions;  je  conserve,  néanmoins,  des  doutes  sérieux  tou- 
chant l'admissibilité  de  ses  conclusions. 

Dans  l'interprétation  des  légendes  des  anneaux  sigillaires  (et 
tel  est  incontestablement  le  caractère  de  ceux  dont  il  s'agit  ici), 
il  y  a  à  observer  deux  règles  essentielles,  que  j'ai  souvent  rappe- 
lées au  cours  de  mes  publications  concernant  cette  série  de 
monuments  du  haut  moyen  âge,  et  sur  lesquelles  je  ne  saurais 
trop  insister. 

Premièrement,  les  explications  de  ces  inscriptions  doivent  être 
en  rapport  avec  la  destination  des  bijoux  qui  les  portent,  laquelle 
est  de  certifier  la  participation  de  leur  possesseur  à  Pacte  souscrit 
par  lui  en  qualité  de  partie  intéressée  ou  de  témoin. 

Deuxièmement,  les  leçons  résultant  de  ces  interprétations 
doivent  correspondre  exactement  ou  du  moins  très  approxima- 
tivement aux  formules  qui,  au  bas  des  monuments  écrits  de  la 
même  époque,  accompagnent  habituellement  les  noms  propres, 
et  qui  sont,  sous  forme  de  verbe,  subscripsi,  subsignavi,  subter- 
s/gnavi,  subtersigillavi,  s'ujnavi  ou  sigillavi  »;  sous  forme  de  subs- 
tantif, subscriptio,  sig?ium,  sigillum  ou  signaculum* . 

On  voit  tout  de  suite  que  les  leçons  proposées  par  mon  savant 
confrère  (à  la  vérité  dans  des  termes  assez  dubitatifs)  ne  satisfont 
point  à  la  double  condition  que  je  viens  d'indiquer. 

Il  en  est  tout  autrement  des  leçons  subscripsi  et  sobscripsi 
(pour  subscripsi),  qui  sontl'affirmation  habituelle  de  la  souscrip- 
tion et  l'application  simple  et  logique  des  règles  de  la  matière. 

J'ai  deux  autres  remarques  à  faire  sur  l'hypothèse  de  E.  Le 
Blant. 

1.  La  formule  Subscripsi  est  de  beaucoup  la  plus  usitée  :  on  la  trouve 
au  bas  de  presque  tous  les  diplômes  royaux.  Voir  Tardif,  Monum.  his- 
tor.,  cartons  des  rois,  n°s  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8, 10,  11,13,  19,  20,21,  24,  25, 
26,  29,  30,  34,  36,  37,  39,  40,  42, -46,  49,  50,  51,  53,  55  et  suiv. 

2.  Subscriptio  et  Signum  sont  les  termes  les  plus  usités.  Voir  Tardif, 
ubi  supra,  pour  Subscriptio,  n°*  3,  5,  6,  7,  8,  9,  10,  20, 25, 37,  41,  46,  49, 
50;  pour  Signum,  n"s  9,  11,  18,  19,  24,  39,  51,  54,  55  et  suiv. 


XLIV 


INTRODUCTION 


Supposant  que,  dans  Roccohme  su, le  nom  est  au  datif  de  la  pre- 
mière déclinaison,  il  a  traduit  :  «  Je  suis  à  Roccolane  ». 

On  trouve  fréquemment,  dans  les  actes  mérovingiens,  les  noms 
féminins  avec  celte  terminaison,  pour  ainsi  dire  atrophiée,  em- 
ployée à  tous  les  cas,  excepté  au  datif,  où  je  ne  l'ai  pas  rencon- 
trée. Je  ne  veux  pas  induire  de  là  que  Roccolane  ne  peut  être 
considéré  comme  étant  au  datif.  Mais  il  en  résulte  évidemment, 
d'une  part,  que  ce  cas,  à  raison  de  sa  rareté,  est  moins  vraisem- 
blable, et  d'autre  part,  qu'on  peut,  sans  difficulté,  y  voir  un  nomi- 
natif si  on  lit,  à  la  suite,  subscripsi,  ou  un  génitif,  si  on  lit  subs- 
criptio. 

Une  dernière  observation,  qui  porte  sur  Abboneso,  est  plus 
grave.  Ce  nom  étant  à  l'ablatif,  il  est  bien  difficile  de  lire  à  la  suite 
sum,  et  de  traduire  so  par  «  Je  suis  (j'appartiens)  à  Abbon  »  ;  l'hy- 
pothèse de  mon  savant  confrère  se  heurte  ici  à  un  obstacle 
des  plus  sérieux. 

Dans  mon  système,  au  contraire,  le  groupe  so  (pour  su)  de 
l'anneau  d'Abbon  se  traduit  naturellement  par  subscripsi,  comme 
le  su  de  la  bague  de  Roccolane.  Nous  avons,  en  effet,  de  nom- 
breux exemples  de  l'ablatif  dans  les  souscriptions  de  chartes  et 
de  diplômes  de  la  première  race'. 

Par  toutes  ces  raisons,  jusqu'à  production  d'éléments  nou- 
veaux et  décisifs  en  sens  contraire,  je  crois  devoir  maintenir  les 
leçons  que  j'ai  proposées. 

1.  J.  Tardif,  Monuments  historiques,  cartons  des  Rois,  nos  11,  19,  29, 
40:  dans  ce  dernier  n°  :  «  Ermenethrude  hanc  testamentum  subscripsi  ». 
—  On  trouve  aussi  un  grand  nombre  de  souscriptions  avec  Signum  ou 
les  initiales  Sig  +,  suivies  d'un  nom  à  l'ablatif  ;  exemples  :  Sign  -(-  liello- 
leno  (n°  19),  Ansberto  (n°  24),  Chrodone  servo  Dei  (n°  78). 


INTRODUCTION 


XLV 


IV 

LES  MONOGRAMMES 

1°  Composition  des  monogrammes.  Leur  origine. 

On  a  défini  le  monogramme  «  un  assemblage  de  plusieurs  let- 
tres, conjointes  et  entrelacées  de  manière  à  ne  former  qu'un 
seul  caractère1  ».  A  cette  définition,  j'ajoute  que  le  caractère 
ainsi  formé  «  contient  les  éléments  d'un  ouplusieurs  mots  ». 

Presque  toujours  le  mot,  lorsqu'il  n'y  en  a  qu'un,  est  un  nom 
propre,  celui  de  la  personne  pour  laquelle  le  bijou  a  été  fabri- 
qué. C'est  par  exception  qu'il  est,  sur  nos  bagues,  un  qualifica- 
tif2. 

Quand  le  monogramme  contient  deux  mots,  l'un  d'eux  est  le 
plus  souvent  le  substantif  signum,  ou  le  verbe  signavi  ou  suh- 
cripsi,  représenté  par  la  lettre  S,  le  S  barré  ou  le  groupe  SL  qui 
entrent,  en  outre,  quelquefois,  comme  je  l'ai  noté  plus  haut, 
dans  la  composition  du  second  terme,  lequel  est  le  nom  propre. 

On  connaît  des  exemples  de  monogrammes  renfermant  plus 
de  deux  mots3.  Mais  je  n'en  ai  pas  rencontré  sur  nos  anneaux. 

11  y  a  des  monogrammes  qui  s'écartent  de  la  définition  donnée 
plus  haut,  en  ce  que,  au-dessus,  au-dessous,  ou  à  côté  du 
groupe  qui  en  constitue  le  noyau  ou  partie  principale,  une  ou 
plusieurs  lettres  ont  été  gravées  séparément,  et  sont  aussi  néan- 

1.  Nouv.  traité  de  diplomatique,  t.  III,  p.  551.  —  Nat.  de  Wailly,  Élé- 
ments de  paléographie.  1. 1,  p.  469.  —  Giry,  Manuel  de  diplomatique , 
p.  593. 

2.  Je  n'en  ai  qu'un  exemple,  n°  CLXXXVI. 

3.  Voir  notamment  l'acclamation  Vivas  in  JJeo,  dans  les  Gemmae  ins- 
criplae  de  Peiresc  (Biblioth.  nat.,  ms.  du  fonds  français,  n°  9530,  fol. 
252j  citées  parE.  Le  Blant,  7 50  inscripl.  de  pierres  gravées,  n"324;  dans 
Mém.  de  VAcad.  des  inscr.  et  bell.-lelt.,  t.  XXXVI,  lro  partie,  p.  125^  Les 
monogrammes  contenant  plus  de  deux  mots  se  voient  plutôt  dansies 
souscriptions  au  bas  de  diplômes  royaux. 


XLVI 


INTRODUCTION 


moins  des  cléments  composants  du  mot  ou  des  mots  exprimés1. 
Dans  les  exemples  que  nous  fournissent  nos  anneaux,  ces  let- 
tres font  généralement  partie  intégrante  d'un  nom  propre. 

Au  sommet  de  plusieurs  monogrammes,  on  voit  une  arcalure, 
qui  généralement  est  sans  valeur  littérale,  et  n'a  pour  but  que 
de  servir  de  support  à  la  combinaison  des  caractères  qui  les 
composent2.  11  en  est  autrement  quand  l'arc  est  fermé  par  une 
barre  horizontale;  il  prend  alors  la  valeur  d'unD  couché3. 

L'origine  du  monogramme  est  inconnue  :  il  était  en  usage 
chez  les  Grecs,  au  plus  tard  dès  les  temps  de  Philippe  de  Macé- 
doine et  de  son  fils  Alexandre-le-Grand.  On  le  voit  sur  les  mon- 
naies de  plusieurs  villes  à  cette  époque.  On  en  trouve  à  Rome, 
sous  la  République,  sur  les  monnaies  consulaires  elles  médailles 
d'anciennes  familles4.  L'emploi  en  fut  continué  sous  le  Haut 
Empire,  encore  plus  sous  le  Bas  Empire,  et  devint  plus  fréquent 
à  mesure  que  l'ignorance  euvahissait  toutes  les  classes  de  la 
population,  même  celle  des  clercs  et  des  dignitaires  de  l'Église. 
Mabillon,  à  qui  j'emprunte  cette  observation,  mentionne  des 
évêques,  illettrés  au  point  de  ne  pouvoir  écrire  leur  nom  au 
bas  des  actes  des  conciles  dans  lesquels  ils  siégeaient  \  C'est 

1.  Monogrammes  avec  trois  lettres  séparées  :  CXXVI,  CLV1I, 
GLXXXIII;  avec  deux  lettres  séparées,  III,  VI,  LXVII,  CXLVIII,  CXCIII, 
CCV;  avec  une  seule  lettre  séparée,  XXIII,  XLIX,  L,  LXXXI1I,  CXX, 
CCXLV1I,  CCLXI  et  CCLXXI.  —  Je  dois  noter  un  monogramme,  où  cinq 
lettres  sont  séparées  les  unes  des  autres  et  du  noyau  du  monogramme, 
XL  VII. 

2.  Exemples  :  CXX,  CLXXXI,  CCXLVII. 

3.  Exemple  :  CCXII. 

4.  On  commença  d'abord  par  joindre  ensemble  deux  ou  trois  let- 
tres, pour  se  ménager  un  espace  qui  pût  contenir  le  mot  qu'on  vou- 
lait écrire.  De  là,  on  passa  tout  naturellement  à  la  conjonction  de  toutes 
les  lettres  dont  il  était  composé  (I\ouv.  traité  de  diplomaliq.,  t.  III, 
p.  551). 

5.  «  Mirari  subit  homines  etiam  sacris  Ecclesiae  ordinibus  addiclos, 
in  tam  supinam  venisse  ignorantiam,  ut  nomen  suum  pingere  non 


INTRODUCTION 


XLV1I 


surtout  à  la  suite  des  grandes  invasions  germaniques  que  s'ac- 
crut rapidement  le  nombre  de  ces  illettrés,  qui  remplacèrent  la 
souscription  personnelle  par  l'apposition  du  monogramme  qu'ils 
avaient  eu  soin  de  faire  graver  sur  leur  anneau  sigillaire.  Ils 
suppléaient  ainsi,  par  une  action  machinale,  à  une  opération 
pourtant  simple  et  facile,  mais  dont  ils  n'étaient  plus  capa- 
bles. 

2  Explication  des  monogrammes. 

La  lecture  du  monogramme  était  nécessairement,  à  l'é- 
poque que  j'indiquais  tout  à  l'heure,  peu  accessible  ou  du  moins 
peu  facile  pour  le  vulgaire,  et  c'est  là  ce  qu'exprime  Sym- 
maque  (f  entre  395  et  410)  quand  il  demande  à  son  frère  Flavien 
«  s'il  a  reçu  toutes  ses  lettres,  scellées  de  son  anneau,  où  son 
nom  est,  dit-il,  plus  aisé  à  comprendre  qu'à  lire1  ». 

On  retrouve  la  même  pensée  dans  une  lettre  adressée,  entre 
507  et  520,  par  saint  Avit,  archevêque  de  Vienne,  à  saint  Apol- 
linaire, évêque  de  Valence.  Répondant  à  l'offre  d'un  anneau 
que  celui-ci  lui  avait  faite,  saint  Avit  exprime  le  désir  que  cet 
anneau  comporte  un  double  cachet  tournant,  «  et  qu'on  y 

valerent.  Talis  fuit  Paulinus  Zurensis  episcopus,  ut  patet  ex  collatione 
Catholicorum  cura  Donatistis.  Nam  Quintus,  pro  Paulino  praesente, 
littcras  (id  est  scriptionem)  nesciente,  subscripsisse  perhibetur.  Talis 
et  Theodoricus  Gadatensis,  atque  Elias  Andrianopoleos,  episcopi  in 
Concilio  II  Epbesino  (an.  401).  Talis  Cajumas  Phaneensis,  in  Concilii 
Calcbedonensis  actione  1  (an.  451).  Talis  denique  Stephanus  et  Zatius 
priores.  »  (Dere  diplomalica,  p.  165.)  On  lit  aussi,  dans  une  charte  de  491, 
l'aveu  d'ignorance  d'une  matrone  de  haut  rang,  qui  remplace  sa  sous- 
cription manuelle  par  le  signum  crucis.  «  Chartulam  Jovino,  notario 
meo,  scribendam  dictavi,  cuique,  quia  ignoro  litteras,  signum  crucis 
feci...  »  (Mabillon,  Op.  cit.,  supplem.,  p.  89.) 

1.  «  Non  minore  sane  cura  cupio  cognoscere  an  omues  obsignatas 
epistolas  meas  sumpseris  eo  anulo  quo  nomen  meum  magis  intelligi 
quam  legi  promtum  est.  »  (Symmachi  Epislolae,  II,  12  ) 


XLVIII 


INTRODUCTION 


grave  son  monogramme,  lequel,  ajoute-t-il,  devra  se  lire  à  l'aide 
de  son  nom,  inscrit  en  légende  circulaire1  ». 

La  recommandation  de  faire  graver,  sur  l'une  des  faces  du 
cachet  tournant,  le  nom  entier  pour  faciliter  la  lecture  du  mo- 
nogramme inscrit  sur  l'autre  face,  élait  parfaitement  justifiée, 
car,  si  les  lettrés,  tels  que  saint  Avit  et  saint  Apollinaire  et 
surtout  les  référendaires,  notaires  et  scribes  [amanucmes), 
appelés  parleur  profession  à  assurer  la  sincérité  et  la  régularité 
des  actes  et  en  particulier  des  souscriptions  des  parties  et  des 
témoins,  si  dis-je,  ces  catégories  de  personnes  étaient  en  état 
de  déchiffrer  les  monogrammes,  il  en  était  autrement  du  com- 
mun des  hommes  de  ce  temps  ;  et  c'est  là  le  sens  des  passages 
de  Symmaque  et  de  saint  Avit,  dont  nous  avons  donné  plus  haut 
la  traduction  littérale. 

Mon  regretté  confrère  E.  Le  Blanl  a  été  manifestement  au 
delà  de  leur  signification  quand  il  en  a  conclu  que  «  les  mono- 
grammes étaient,  pour  les  anciens  eux-mêmes,  rebelles  à  l'inter- 
prétation2 »  ;  il  alui-même  admis  commecertainela  signification 
de  monogrammes  dont  la  composition  est  pourtant  de  nature 
à  inspirer  plus  de  doutes  que  les  caractères  de  la  même  sorte 
gravés  sur  nos  anneaux3. 

Je  partage  d'ailleurs  sa  défiance  à  l'endroit  «  des  interpréta- 
lions  qu'on  en  ferait  par  simple  divination*  ».  Ces  sortes  d'in- 

1.  «  Signum  monogrammalis  meiper  gyrumscripti  nominis  legatur.  » 
(Sancti  Aviti  Epistolae ,  epist.  LXXX  VIII)  ;  dans  J.  Sirmond,  Opéra  Varia, 
t.  II,  col.  116-117.  Voir,  au  n°  CCLXV1II  de  nos  anneaux,  le  texte  com- 
plet de  ce  document  et  l'interprétation  qui  en  doit  être  faite. 

2.  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  t.  Il,  no  403,  p.  41. 

3.  Je  puis  en  citer  un  exemple,  que  j'emprunte  à  son  recueil  des  750 
inscriptions  sur  pierres  gravées,  ri0  324,  p.  125.  Voir  ce  monogramme,  re- 
produit sous  le  n°  CCLXXI  bis  de  nos  notices  descriptives.  E.  Le  Blant  y  a 
lu,  VIVAS  DEO»  pour  Vivas  in  Deo  (leçon  imprimée  à  tort  dans  ladite 
notice).  Je  crois  cette  interprétation  exacte  :  mais  combien  d'explica- 
tions de  nos  monogrammes  sont  mieux  justifiées  ! 

4.  Nouv.  rec.  d'inscr.  chrét.  de  la  Gaule,  p.  123. 


INTRODUCTION  XLIX 

terprélations,  contraires  à  tout  esprit  de  méthode  scientifique, 
ont  été  trop  longtemps  pratiquées,  et  il  convient  de  les  répu- 
dier. 11  faut  les  remplacer  par  un  déchiffrement  rationnel,  dans 
lequel  certaines  précautions  nécessaires  et  certaines  règles  se- 
ront observées. 

Loin  de  moi  la  pensée  de  considérer  les  déchiffrements  ainsi 
opérés,  commeétant  louscerlainsetdéfinitifs ;  unetelle  certitude 
n'est  acquise  que  dans  un  nombre  de  cas  assez  restreint.  Plus 
souvent,  les  interprétations  ont  seulement  un  caractère  de  pro- 
babilité, parfois  très  accentué,  d'autres  fois  moindre. 

C'est  pourquoi,  dans  ma  table  de  noms  propres,  j'ai  eu  soin 
de  distinguer  ceux  qui,  sur  nos  bagues,  sont  gravés  intégra- 
lement en  légende,  d'avec  ceux  qui,  résultant  d'un  travail  de 
déchiffrement,  restent  plus  ou  moins  sujets  à  discussion;  en 
tout  cas,  le  lecteur  est  averti  de  la  différence  qui  les  sépare,  et 
n'est  exposé  à  aucune  illusion  à  cet  égard. 

11  y  a  aussi  plusieurs  monogrammes,  à  l'explication  desquels 
j'ai  dû  renoncer,  à  la  suite  d'infructueux  efforts.  On  en  trouvera 
la  liste  au  bas  de  celle  page1. 

3°  Précautions  à  prendre  ci  règles  à  observer  pour  le  déchiffrement 

des  monogrammes. 

L'étude  que  j'ai  faite,  pendant  quinze  années  consécutives, 
des  anneaux  et  spécialement  des  anneaux  à  inscription  du 
haut  moyen  âge,  et  dont  je  publie  aujourd'hui  les  résultats, 
m'a  fait  reconnaître  la  nécessité  de  certaines  précautions  desti- 
nées à  donner  au  déchiffrement  des  monogrammes  le  plus  de 
chance  possible  d'exaclilude. 

En  voici  l'exposé  : 

1.  XIX,  XXIII,  LX,  LXXXIV,  CXXXVIII,  CLV1I,  CLXX,  CLXXVIII, 
CCXXIII,  CCLXXIV,  CCLXXXII. 

d 


L 


1NTH0DUCTI0N 


À.  Le  premier  soin  à  prendre  est  de  déterminer  le  sens  dans 
lequel  l'anneau  doit  être  envisagé,  c'est-à-dire  le  haut  et  le  bas 
du  bijou  et  particulièrement  du  chaton,  afin  que,  dans  l'examen 
du  monogramme,  les  lettres  ou  du  moins  la  plupart  des  lettres 
qui  le  composent  se  voient  dans  leur  position  normale. 

11  y  a  divers  signes  à  l'aide  desquels  celle  détermination 
peut  se  faire. 

C'est,  tout  d'abord,  la  figure  humaine  ou  une  figure  d'animal, 
si  la  bague  en  est  ornée,  ou  un  objet  inanimé,  tel  qu'une  croix 
chrismée  avec  le  P  (R  grec)  au  sommet,  une  fleur  ou  une  plante 
quelconque,  dont  la  base  marque  la  partie  inférieure  de  ce  petit 
monument. 

Il  en  est  de  même  d'un  édicule  ou  d'un  fronton,  qui  est  le  plus 
souvent  un  A  majuscule,  avec  une  croix  au  sommet,  ou  avec  une 
barre  horizontale,  qui  lui  donne  la  valeur  de  la  ligature  -m  = 
AT. 

L'arcalure  que  l'on  voit  sur  un  certain  nombre  d'anneaux  à 
monogramme,  en  indique  aussi  toujours  la  partie  supérieure, 
soit  qu'elle  n'ait,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  aucune  va- 
leur littérale1,  soit  quelle  forme,  avec  une  barre  horizontale  re- 
liant les  deux  extrémités  de  l'arc,  un  D  couché  3. 

Un  autre  moyen  de  reconnaître  le  haut  et  le  bas  d'un  mono- 
gramme consiste  à  observer,  parmi  les  caractères  dont  il  est 
formé,  ceux  qui  ne  sont  pas  sujets  à  renversement,  ou  du  moins 
qu'on  ne  rencontre  point  ou  qu'on  ne  rencontre  que  très  ex- 
ceptionnellement, sur  nos  anneaux,  dans  celle  position  anor- 
male. Ils  peuvent  servir  de  point  de  repère,  et  marquer  le  sens 
dans  lequel  le  monogramme  doit  être  envisagé  et  étudié.  Nous 
avons  établi,  plus  haut,  la  nomenclature  de  ces  lettres  renver- 
sables,  mais  non  renversées  sur  nos  anneaux,  qu'il  ne  faut  point 

1.  CXX,  CLXXXI  et  CCXLV11. 

2.  CCX1I. 


INTRODUCTION  Ll 

d'ailleurs  confondre  avec  celles  qui  sont  couchées;  nous  n'avons 
qu'à  y  renvoyer  le  lecleur  '. 

De  savants  et  habiles  archéologues  ont  attribué  de  l'impor- 
tance à  la  place  occupée  parla  croisette  qui  accompagne,  par- 
fois, les  monogrammes,  et  y  ont  vu  la  marque  de  la  partie  su- 
périeure de  ces  monogrammes. 

C'est  à  tort  :  la  croisette  se  place  indifféremment  au-dessus  ou 
au-dessous  des  monogrammes;  il  y  a  même  des  anneaux  où  se 
voient  deux  croisettes,  l'une  au-dessus2,  l'autre  au-dessous,  ou 
à  côté. 

B.  11  est  important  de  se  fixer  sur  le  sexe  de  la  personne  à 
l'usage  de  laquelle  l'anneau  était  destiné.  Car,  ainsi  qu'on  le 
verra  plus  loin,  c'est  là  un  point  essentiel  pour  l'étude  du  mo- 
nogramme. 

L'élément  le  plus  sûr  de  cette  constatation  est  le  témoignage 
consigné  dans  un  procès-verbal  ou  un  journal  des  fouilles,  ou 
la  déclaration  d'un  témoin  oculaire  ou  d'une  personne  digne  de 
foi,  qui  a  recueilli,  sur  place,  le  renseignement. 

A  défaut  de  cet  élément,  les  objets  trouvés  dans  la  même  sé- 
pulture que  la  bague,  peuvent  souvent,  par  leur  nature,  indiquer 
si  c'était  celle  d'un  homme  ou  d'une  femme. 

On  doit,  enfin,  tenir  grand  compte  des  dimensions  de  l'anneau, 
dont  l'ouverture  ou  diamètre  intérieur  donne  lieu  de  penser  qu'il 
était  fait  pour  une  main  masculine  ou  pour  une  main  féminine. 

Ces  indications  offrent  d'autant  plus  d'intérêt,  que,  par  elles, 
on  est  averti  que  le  monogramme  à  déchiffrer  contient  un  nom 
d'homme  ou  un  nom  de  femme. 

Ces  vocables  diffèrent  souvent  dans  leur  constitution  et  dif- 
fèrent encore  plus  fréquemment  dans  leur  terminaison. 

1.  Voir  ci-dessus,  p.  xxxvi. 

2.  Exemple  :  LXXX1II.  Voir,  au  n"  CXIX^ce  que  nous  avons  dit  à  ce  sujet. 


LU 


INTRODUCTION 


Sur  les  anneaux,  les  noms  paraissent  à  trois  cas  :  au  nomina- 
tif, au  génitif  et  même  {mais  rarement)  à  l'ablatif. 

Les  noms  d'homme  sont  :  ou  de  la  2e  déclinaison,  et  alors  ils 
se  terminent,  à  ces  trois  cas,  en  us,  i  eto;  ou  ils  sont  de  la  3e  dé- 
clinaison avec  les  terminaisons,  à  ces  mêmes  cas,  en  o,  onis  et 
one-,  et  bien,  enfin  comme  parisyllabiques  de  la  3e  déclinaison, 
avec  les  mêmes  terminaisons,  aux  mêmes  cas,  en  is,  is  et  e. 

Les  vocables  féminins  sont  :  ou  de  la  lrc  déclinaison  et  ter- 
minés alors  en  a  au  nominatif  et  à  l'ablatif,  en  ae  ou  plutôt  et 
presque  toujours  en  e;  ou  bien  ils  appartiennent  h  la  classe  des 
parisyllabiques  de  la  3°  déclinaison,  et  se  terminent  en  is  au  no- 
minatif et  au  génitif,  en  e  h  l'ablatif. 

Par  ces  distinctions,  le  champ  des  interprétations  d'un  mo- 
nogramme se  restreint  suivant  le  sexe  du  possesseur  de  l'anneau. 

C.  On  ne  doit  jamais  perdre  de  vue  qu'en  aucun  cas,  il  n'est 
permis  d'ajouter  une  lettre  et,  à  plus  forte  raison,  plusieurs  lettres 
à  celles  qui  composent  le  monogramme  :  par  suite,  tout  vocable 
comportant  un  caractère  qui  n'y  figure  pas,  doit  être,  à  priori, 
rigoureusement  rejeté. 

D.  En  sens  contraire,  les  lettres  contenues  dans  le  mono- 
gramme doivent,  sans  exception,  trouver  leur  emploi.  Consé- 
quemment,  toute  explication  dans  laquelle  même  une  seule  de 
ces  lettres  ne  figurerait  pas,  doit  être  écartée  sans  hésitation. 

E.  Parmi  les  lettres  d'un  monogramme,  une  et  même  plusieurs 
sont  assez  fréquemment  destinées  à  servir  deux  et  même  trois 
fois,  soit  pour  la  composition  du  nom  propre,  soit  pour  expri- 
mer, à  la  fois,  ce  nom  et  l'une  des  abréviations  de  la  formule 

signum,  sitjnavi  ou  suôscripsi*. 

1.  Exemples  :  LXXXVIII,  CCXLV,  CCLXV.  Voir  aussi  à  l'Appendice, 
1 1 1  et  VII. 

2.  Entre  divers  exemples,  je  citerai,  comme  particulièrement  impor- 
tants, les  noâ  111  et  VI  de  nos  anneaux. 


INTRODUCTION 


LUI 


F.  Il  faut  se  garder,  à  priori,  de  voir  une  même  lettre  de  l'al- 
phabet dans  des  caractères,  dont  l'un  serait  inscrit  en  majuscule 
ou  capitale,  et  l'autre  en  onciale  ou  cursive.  Une  telle  identité  (qui 
se  produit  pourtant,  mais  très  rarement)  ne  doit  être  admise 
qu'à  bon  escient  et  à  titre  tout  à  fait  exceptionnel. 

G.  Je  signalerai  l'importance  du  rôle  des  sigles  et  des 
initiales  des  formules  usuelles  de  souscription  dans  un  nombre 
considérable  de  nos  inscriptions  sigillaires  :  S  barré,  S  pointé, 
groupes  si  et  su.  On  doit  en  tenir  grand  compte  dans  l'étude  des 
monogrammes,  qui  sont  toujours  (je  ne  pourrai  trop  insister 
sur  ce  point)  un  mode  de  souscription  sur  les  actes  et  la  corres- 
pondance. 

H.  On  ne  saurait  affirmer  que  le  déchiffrement  des  monogram- 
mes doive  se  faire  en  prenant  pour  point  de  départ  le  caractère  ou 
les  caractères  de  gauche  ou  ceux  de  droite  :  mais  je  puis  dire 
qu'il  est  à  faire  le  plus  souvent  de  gauche  à  droite,  comme  cela  a 
lieu  dans  les  légendes  courantes. 

Si  le  monogramme  porte,  au  sommet,  un  A  formant  fronton, 
cette  lettre  est  assez  souvent  l'initiale  du  nom.  Nous  en  avons 
un  exemple  dans  la  bague  d'Aster,  sur  laquelle  ce  vocable  est 
gravé  à  la  fois  en  légende  et  en  monogramme,  et  où  ce  mono- 
gramme a  l'initiale  à  son  sommet 

I.  Quand  le  groupement  des  caractères  composant  le  mono- 
gramme a  produit  un  vocable,  il  convient  d'en  chercher  le  rap- 
prochement, sur  les  chartes  et  autres  documents  du  haut  moyen 
âge,  avec  les  noms  propres  et  principalement  avec  ceux  des 
personnages  contemporains,  au  moins  approximativement,  de 
l'anneau  étudié.  Non  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  tenter  l'identification 
des  possesseurs  de  ces  bijoux  avec  ces  personnages.  Je  suis,  au 


1.  ccxv. 


LIV 


INTRODUCTION 


contraire,  peu  disposé  à  accepter  de  telles  identifications  '.  Mais 
il  est  utile  de  constater  que  le  vocable  résultant  du  déchiffrement 
proposé,  était,  à  la  même  époque,  d'un  emploi  plus  ou  moins 
fréquent,  cette  circonstance  étant  de  nature  à  accroître,  dans 
une  certaine  mesure,  la  probabilité  de  l'exactitude  du  résultat 
obtenu. 

Telles  sont  les  indications  que  m'a  suggérées  une  longue  pra- 
tiquent auxquelles  viendront  assurément  s'en  ajouter  de  nou- 
velles, qui  contribueront  à  rendre  de  plus  en  plus  méthodique, 
moins  ardu  et  moins  sujet  aux  erreurs,  le  travail  de  déchiffre- 
ment des  monogrammes. 

§6 

LES  ANNEAUX  SELON  LE  SEXE,   LA  DIGNITÉ  OU  LA  PROFESSION  DE 

LEURS  POSSESSEURS 

I 

Anneaux  d'hommes,  de  femmes  et  d'enfants. 

Nos  anneaux  portent  :  1°  inscrits  intégralement  en  légendes, 
42  noms  d'hommes,  dont  34  étaient  assurément  Mes  possesseurs 
de  ces  bijoux,  et  31  noms  de  femmes,  dont  27  étaient  assurément 
propriétaires  de  ces  bijoux3;  2°  sous  forme  de  monogrammes, 
20  noms  d'hommes  et  36  noms  de  femmes. 

Groupés  ensemble,  les  vocables  masculins  font  un  total  de  02, 
et  les  vocables  féminins  un  total  de  67. 

1.  Je  me  suis  prononcé  dans  ce  sens,  à  propos  de  l'anneau  de  Leo- 
denus.  Voirie  n°  CXXIV  des  notices  descriptives. 

2.  J'ai  décrit  quatre  anneaux  portant  un  nom  d'homme  et  un  nom  de 
femme,  et  pour  lesquels  on  ne  peut  dire,  avec  certitude,  s  ils  ont  appar- 
tenu à  l'homme  ou  à  la  femme.  Néanmoins  nous  croyons  que  deux  de 
ces  bijoux  (XLV  et  CXVItl)  sont  des  anneaux  d'homme;  le  3e  (CCXV1I) 
est  un  anneau  de  femme  ;  le  4°  (CXXV1II)  reste  incertain. 

3.  Voir  la  note  ci-dessus,  concernant  les  anneaux  portant  à  la  fois 
un  nom  d'homme  et  un  nom  de  femme. 


INTRODUCTION 


LV 


De  ce  groupement  ressort  déjà  un  nombre  d'anneaux  de 
femmes  supérieur  à  celui  des  hommes.  Mais  il  ne  faut  pas  juger, 
par  là,  de  la  proportion  existante  entre  les  deux  sexes  pour 
l'usage  des  anneaux. 

D'autres  éléments  que  les  inscriptions  permettent  de  recon- 
naître si  un  de  ces  bijoux  a  appartenu  à  un  homme  ou  à  une 
femme. 

C'est,  en  premier  lieu,  le  sexe  constaté  du  défunt  dans  la  tombe 
duquel  il  a  été  trouvé;  en  second  lieu,  la  nature  des  autres  ob- 
jets qui  y  ont  été  recueillis  :  à  l'usage  des  hommes,  des  armes, 
des  harnais,  de  fortes  boucles  de  ceinturon,  etc.  ;  à  l'usage  des 
femmes,  des  colliers,  bracelets,  boucles  d'oreille,  et  des  objets 
de  toilette. 

Or,  les  sépultures  reconnues  masculines  sont  d'une  dizaine 
seulement,  tandis  que  les  sépultures  féminines  où  des  anneaux 
ont  été  recueillis,  sont  au  nombre  de  86. 

Quant  aux  objets  des  deux  catégories  ci-dessus  définies,  ceux 
de  la  deuxième  ont  été  trouvés  dans  17  tombes,  tandis  que  l'on 
n'a  découvert  ceux  de  la  première  que  dans  une  quantité  insi- 
gnifiante de  sépultures. 

Il  résulte  de  ces  comparaisons  que  la  plus  grande  partie  des 
anneaux  de  la  période  qui  nous  occupe  ont  appartenu  à  des 
femmes 

Il  convient  de  noter  aussi  qu'un  certain  nombre  de  ces  bijoux 
étaient  àl'usage  de  toutesjeunes  filles  ou  d'enfants,  ainsi  que  l'at- 
testent, pour  les  uns,  les  procès-verbaux  des  fouilles",  et,  pour 

1.  Dans  mon  mémoire  sur  Le  port  des  anneaux  dans  l'antiquité  romaine 
et  les  premiers  siècles  du  moyen  âge,  j'ai  mis  en  doute  l'exactitude  de  l'opi- 
nion émise  par  M.  Lindenschmit,  directeur  du  Musée  archéologique 
de  Mayence,  d'après  laquelle  la  plupart  des  anneaux  de  l'époque  bar- 
bare avaient  dû  appartenir  à  des  femmes  [Mém.  de  l'Acad.  des  inscript, 
et  bell.-lett.,  t.  XXXV,  2!  partie,  p.  223;  tiré  à  part,  p.  55).  Je  reconnais 
aujourd'hui  le  bien  fondé  de  cette  opinion  du  savant  allemand. 

2.  CXXXVI,  CXXXVII,  CXGVIII,  CXCIX. 


LVl 


INTRODUCTION 


les  autres,  les  faibles  dimensions  et  l'extrême  étroitesse  de  l'ou- 
verture de  l'anneau  '. 

II 

ANNEAUX  DE  ROIS  ET  DE  REINES 

Les  rois  francs  et,  en  particulier,  ceux  de  la  première  race 
avaient  un  anneau  sigillaire,  dont  l'empreinte  était  apposée  au 
bas  des  diplômes  émanés  de  leur  chancellerie,  et  où  l'on  trouve 
les  formules  suivantes  :  «  De  anulo  nostro  subler  sigillari 
jussimus  ou  decrevimus  ;  »  ou  bien  :  «  Anuli  nostri  impressione 
roborari  {ou  astipulari  ou  sigillari)  fecimus,  jussimus  ou  decre- 
vimus »  2. 

Le  célèbre  anneau  sigillaire  de  Childéric  Ier,  dérobé,  en  1831, 
au  Cabinet  de  France,  et  perdu  sans  doute  pour  toujours,  était 
le  seul  bijou  authentique  de  ce  genre  des  princes  mérovingiens, 
qui  eût  été  conservé  dans  les  collections  de  l'ancienne  mo- 
narchie. Je  l'ai  reproduit3,  d'après  un  dessin  exécuté  sous  mes 

1.  XXIV,  LXX,CC1,  CCXI,  CCLXX,  CCLXXIX,  CCLXXXI,  CCLXXXV1II, 
CCLXXXIX. 

2.  Voici  les  noms  des  princes  dont  les  anneaux  sigillaircs  sont  men- 
tionnés, avec  la  date  des  actes  portant  ces  mentions  : 

Childebert  I",  an  528; 
Sigebert  Ier,  an  545; 
Chilpéric  Ier,  an  583  ; 

Dagobert  Ier,  an  529,  ans  631-632,  an  635  ; 
Childéric  II,  an  661  ; 
Clotaire  III,  an  664; 
Thierry  III,  an  673  ; 
Dagobert  II,  an  675  ; 

Charles  Martel  (maire  du  Palais),  an  724; 
Pépin  le  Bref  (maire  du  Palais),  années  748-751  ; 
Pépin  le  Bref,  roi,  années  755-758. 

Pardessus,  Diplom.  cl  ch.,  t.  I,  p.  77,  109,149;  t.  II,  p.  5,  33,  35, 121, 
135,  161,  167,  344,  412-413,  420.  —  Tardif,  Arckiv.  nat.;  Inventaires 
et  Documents,  Monum.  histor.,  cartons  des  rois,  p.  7,  48  et  50. 

3.  CLXXIX.  J'ai  à  peine  besoin  de  faireobserver  qu'il  n'aété  et  ne  pou- 


INTRODUCTION 


LVII 


yeux,  sur  l'excellente  empreinte  que  possède  la  Bibliothèque 
de  Sainte-Geneviève  à  Paris. 

Mabillon  1  et  les  auteurs  du  Nouveau  traité  de  Diplomatique 1 
ont  fait  mention  d'un  autre  anneau  de  saphir,  représentant 
aussi  l'image  de  Childéric,  mais  dépourvu  d'inscription. 

Une  bague  en  or  massif  et  sans  inscription,  trouvée,  comme 
celle  de  Childéric,  dans  le  tombeau  de  ce  prince,  à  Tournay,  et 
qu'on  a  considérée  généralement  comme  l'anneau  de  mariage 
de  Childéric  avec  Basine,est  probablement,  d'après  les  raisons 
que  j'ai  exposées  »,  celui  que  la  reine  reçut  de  lui,  quand  il  la 
prit  pour  épouse,  en  4G3  ou  464. 

llexiste  une  bague  en  argent, portant  en  légende,  autour  du  mot 
regina  en  monogramme,  le  nom  de  Berteildis,  qui  fut  une  des 
femmes  deDagobert  1er*.  Nous  avons  décrit  trois  autres  anneaux, 
sur  lesquels  est  inscrit  en  monogramme  le  nom  de  Basina 8  ; 
mais  il  n'y  a  aucune  raison  pour  l'identifier  avec  la  mère  de 
Clovis  Ier. 

A  la  suite  de  ces  anneaux  de  rois  et  reines  de  France,  je  men- 
tionnerai deux  bagues  intéressantes,  dont  l'une,  trouvée  à  Wit- 
tislingen  (Bavière),  représente  un  personnage,  dont  la  coiffure 
parait  être  une  sorte  de  casque  ou  diadème,  et  dont  le  nom  d'Uf- 
fila  dénote  l'origine  gothique8. 

vait  être  tenu  compte,  à  cette  place,  des  noms  de  rois  francs  ou  d'em- 
pereurs romains,  dont  des  monnaies  ont  été  soudées,  pour  servir  de 
chatons  sur  nos  anneaux.  Voir  CLXXXVII,  dont  le  chaton  est  un  aureus 
de  Marc-Aurèle  et  Lucius  Vérus,  et  CCLVI,  dont  le  chaton  est  un  sou  d'or 
au  nom  de  Clotaire  II. 

1.  De  re  dipîomat,,  p.  255,  n°  2. 

2.  T.  IV,  p.  101. 

3.  CLXXX. 

4.  CLXXXVI. 

5.  LXXXVI,  LXXXVII  et  CLXIV. 

6.  CCXCIV.  Ce  nom  n'est  pas  sur  l'anneau  même,  mais  sur  une  fibule 
recueillie  dans  la  tombe  de  son  possesseur. 


LVIIl 


INTRODUCTION 


Sur  la  deuxième  bague,  découverte  dans  le  Grand-Duché  de 
Hesse-Darmsladt,  et  1res  richement  ornée,  est  figurée  une  tête 
de  femme  diadémée,  et  dont  la  légende  contient  le  vocable  éga- 
lement gothique  d'Huiiila1. 

lit 

ANNEAUX  d'ÉVÊQUES,   d' ABBÉS,   d'aBBESSES  ET  BEL1GIEUSES 

Nous  avons  décrit,  d'après  le  récit  d'un  savant,  témoin  ocu- 
laire, l'anneau  recueilli,  en  164G,  dans  le  sarcophage  d'Agil- 
hert,  évêque  de  Paris  vers  670  -. 

Une  magnifique  bague  qui  a  fait  partie  de  la  collection  de  feu 
Benjamin  Fillon,  présente  tous  les  caractères  d'un  anneau 
épiscopal 3,  dépourvu  d'inscription,  comme  cela  était  de  règle; 
elle  est  ornée  d'une  grosse  améthyste,  accostée  autrefois  de  deux 
gemmes  plus  petites. 

On  a  cru  pouvoir  attribuer  à  Leudinus  ou  Leuduinus,  évêque 
de  Toul  (600  à  680  ?)  un  anneau  portant,  au  chaton,  le  nom  de 
Léodenus  4.  Cette  identification  n'est,  à  mes  yeux,  justifiée 
par  aucune  raison  sérieuse,  même  à  titre  d'hypothèse  5. 

11  en  est  autrement  de  l'attribution  d'un  de  nos  anneaux, 
dont  le  chaton  porte  le  nom  de  Leubacius6;  il  y  a  une  remar- 
quable concordance  de  circonstances  de  temps  et  de  lieu,  qui 
permet  de  regarder  comme  assez  vraisemblable,  l'identité  de  ce 

1.  LXXVI. 

2.  LXXIl  bis.  André  du  Saussay  a  mentionné  deux  autres  anneaux 
d'évêques:  celui  d'Ebrégisile,  évêque  de  Meaux  au  viic  siècle,  et  celui  de 
saint  Léger,  évêque  d'Autun  vers  685.  Ce  dernier  bijou  était,  au  xvn°  siècle, 
conservé  à  l'abbaye  royale  de  Saint-Victor  de  Paris  (Panoplia  episcopa- 
lis,  p.  183). 

3.  CCLXXXIV. 

4.  CXXIV. 

5.  Voir  ce  que  j'ai  dit,  à  ce  sujet,  sous  le  n°  précité. 

6.  XLIII. 


INTRODUCTION 


LIX 


personnage  avec  saint  Léobasse,  premier  abbé  du  monastère 
de  Sennevières. 

11  faut  du  reste,  à  mon  sens,  se  montrer  fort  prudent  et 
réservé  dans  les  questions  de  ce  genre,  les  mêmes  vocables 
ayant  été  portés,  à  certaines  époques,  par  plusieurs  et  peut-être 
beaucoup  de  personnages  différents. 

Quelques  auteurs  ont  cru  trouver,  dans  la  formule  ln  Dei 
nomine,  l'indice  du  caractère  religieux  du  possesseur  de  l'an- 
neau où  elle  est  gravée  :  mais  c'est  à  tort  selon  nous  ;  cette 
formule  a  été  employée  parles  laïques  aussi  bien  que  par  les 
dignitaires  de  l'Église. 

Les  formules  telles  que  Vota  sancto  Magno  ou  Maono,  que  nous 
avonsrencontréesurun cachet  à  double  face  sont,  au  contraire, 
très  caractéristiques,  car  elles  marquent  nettement  laconsécra- 
tion  d'une  personne  religieuse,  peut-être  abbé  ou  abbesse  d'un 
monastère  placé  sous  l'invocation  d'un  saint  2. 

IV 

ANNEAUX  DE  GENS  DE  PROFESSION 

Notre  série  n'en  contient  que  deux  : 

L'un  est  celui  d'un  médecin  pharmacopole,  nommé  Donober- 
tus,  qui  mettait  son  cachet  sur  le  récipient  du  médicament  qu'il 
avait  confectionné 3. 

L'autre  est  unebague,surlaquellel'orfèvre  Rusticus,  quil'avait 
fabriquée  et  la  portait,  affirmait  que  c'était  son  œuvre4. 

4.  Appendice,  n°  I. 

2.  Voir  ce  qui  est  dit,  à  ce  sujet,  sous  la  rubrique  précitée. 

3.  CCXI1I. 

4.  CX VII. 


INTRODUCTION 


§  7. 

Les  anneaux  suivant  leur  destination. 

Les  destinations  diverses  qu'avaient  nos  anneaux,  étaient  de 
quatre  sortes.  Les  uns  étaient  des  anneaux  de  mariage  ou  de 
fiançailles;  les  autres  servaient  à  la  consécration  religieuse; 
d'autres,  et  c'était  le  plus  grand  nombre,  étaient  des  anneaux 
sigillaires;  enfin,  ceux  qui  n'avaient  aucune  de  ces  destinations 
spéciales,  étaient  de  simples  ornements. 

I 

LES  ANNEAUX  DE  MARIAGE  OU  DE  FIANÇAILLES 

J'ai  exposé,  autre  part, les  faits  généraux  concernant  ces  sortes 
de  bijoux1,  je  me  bornerai  donc  à  résumer  ici  ceux  qui  se  rap- 
portent aux  monuments  par  moi  décrits. 

Un  seul  nous  fournit  l'exemple  certain  d'une  bague  donnée 
par  le  mari  a  son  épouse  Técla2  :  pour  d'autres,  on  peut  seule- 
ment présumer  que  le  bijou  a  été  offert  par  la  femme  ou  la 
fiancée  à  l'époux  ou  au  fiancé3,  ou  bien  par  le  mari  ou  fiancé 
à  l'épouse  ou  fiancée4.  Pour  d'autres,  il  y  aurait  incertitude 
sur  les  circonstances  dans  lesquelles  le  don  a  eu  lieu 6. 

Je  dois  faire  remarquer  que  rien  ne  prouve  qu'on  doive  attri- 
buer à  ces  bijoux  le  caractère  très  défini,  très  particulier,  de 
Vanneau  nuptial  proprement  dit,  de  celui  qui,  à  l'heure  de  la 

1.  Le  port  des  anneaux  dans  l'antiquité  rom.  et  dans  les  pjwnicrs  siècles 
du  moyen  âge.  Dans  Mém.  de  l'Acad.  des  inscr.  et  bell.-lett.,  t.  XXXV, 
2e  partie,  p.  226;  tiré  à  part,  p.  58. 

2.  CCIX.  Si  l'on  admet,  avec  moi,  que  le  n°  CLXXX  est  une  bague  de 
la  reine  Basine,  ce  serait  une  bague  de  mariage,  donnée  par  Childé- 
ric  Ier  à  celle  qui  devenait,  à  ce  moment,  son  épouse. 

3.  LVII,  CCXIV,  CCLXV1. 

4.  CCLXVIU. 

5.  XXXIX  bis,  CXVIII,  CXXVII,  (XXVII. 


INTRODUCTION 


LX1 


célébration  du  mariage  suivant  les  rites  chrétiens,  était  béni 
par  le  prêtre  officiant,  et  remis,  soit  par  lui  directement  à  l'é- 
pousée, soit  au  mari,  qui  le  passait  au  doigt  de  celle-ci1. 

Parmi  les  anneaux  décrits  par  nous,  il  n'en  est  qu'un,  celui 
de  Diana  et  Avius',  qui  nous  renseigne  louchant  la  main  à  la- 
quelle on  mettait,  enGaule,  la  bague  de  mariage  ou  de  fiançailles. 
Elle  était  ici  à  la  main  droite  A'Avius3.  Ce  fait  serait,  en  lui- 
même,  peu  concluant  s'il  n'était  d'accord  avec  les  dispositions 
de  rituels,  de  pontificaux  et  de  missels,  rédigés  du  xi"au  xve  siè- 
cle, qui  règlent  le  cérémonial  du  mariage  :  il  en  résulte  que, 
dans  les  diocèses  de  Reims,  Rouen,  Lyon,  Amiens,  Paris,  Châ- 
lons-sur-Marne  et  Limoges,  et  dans  l'église  de  Saint-Victor,  à 
Paris,  on  passait  l'anneau  au  troisième  doigt  ou  médius  de  la 
main  droite  \  et  que,  dans  le  seul  diocèse  de  Liège,  on  le  mettait 
au  quatrième  doigt  de  la  même  main  5. 

A  la  vérité,  deux  rituels,  l'un  de  l'Église  de  Rome  6,  l'autre  de 
Milan 1  et  un  pontifical  de  Lérins8  font  placer  l'anneau  nuptial 
au  quatrième  doigt  de  la  main  gauche.  Mais,  ce  cérémonial,  pra- 

1.  Voir,  pour  les  généralités  sur  ce  sujet,  et  notamment,  pour  les 
préliminaires  de  la  bénédiction  de  l'anneau,  le  cérémonial  de  cette 
bénédiction  et  la  remise  de  l'anneau,  mon  mémoire  précité,  Le  port 
des  anneaux,  etc.,  etc.,  ubi  suprà,  p.  230,  tiré  à  part,  p.  62. 

2.  CXVIII. 

3.  Le  bijou  était  porté  par  le  fiancé  ou  l'époux  de  Diana,  la  sépul- 
ture, étant,  d'après  un  des  objets  qui  y  furent  trouvés, celle  d'un  homme. 

4.  Dans  Martène,  De  antiq.  Ecoles  ritib.,  t.  II,  col.  346,  367,  369-370, 
373,  374,  377,  383,  385.  Il  faut  ajouter  à  cette  liste  le  diocèse  d'Auxerre, 
pour  lequel  il  est  dit  que  l'anneau  doit  être  placé  au  médius,  sans  par- 
ler de  la  main  {Ibid.,  col.  365);  mais,  comme  la  formule  est  semblable, 
pour  le  reste,  à  celles  de  Reims,  Rouen,  etc.,  il  ne  paraît  pas  douteux 
que  ce  ne  fût  aussi  la  main  droite. 

5.  Ibid.,  col.  385. 

6.  Cité  par  Du  Saussay,  Panoplia  episcopalis,  in-fol.,  Paris,  1646,  p. 
263. 

7.  Martène,  ubi  suprà,  col.  388. 

8.  Ibid.,  col.  357. 


LM1 


INTRODUCTION 


liqué  en  Italie  et  sans  cloute  aussi  en  Espagne,  d'après  un  passage 
d'Isidore  de  Séville1,  était  probablement  celui  qu'on  observait 
dans  l'empire  au  moment  de  sa  chute,  tandis  que  la  pose  de  l'an- 
neau au  troisième  doigt  de  la  main  droite  était  une  coutume  pro- 
prement gauloise 2. 

Il 

ANNEAUX  DE  CONSÉCRATION  RELIGIEUSE 

Au  moment  de  la  consécration  des  évêques,  abbés  ou  abbesses, 
et  même  des  simples  religieuses,  le  prélat  consécrateurleur pas- 
sait au  doigt  un  anneau. 

Nous  avons  parlé  plus  haut3  des  anneaux  portés  par  les  per- 
sonnes vouées  au  culte  ou  à  la  vie  monastique,  et  décrits  dans  le 
présent  ouvrage. 

Nous  ne  nous  occuperons  ici  que  de  celui  qui  servait  à  la  con- 
sécration, et  du  cérémonial  suivantlequella  remise  en  était  l'aile. 

Les  documents  de  l'époque  mérovingienne  ne  nous  fournissent 
aucune  lumière  surce  point.  Au  ixc  siècle,  une  lettre  d'Hincmar 
(845-882),  décrivant  la  consécration  épiscopale,  nous  apprend 
qu'à  la  suite  des  onctions,  le  consécrateur  passait  l'anneau  au 
quatrième  doigt  de  la  main  droite  du  nouveau  prélat  *  ;  et  ce  rite 
est  égalementattesté  parunpontifîcal  de  1 1 005,par  un  deuxième 

1.  De  ecclesiast.  offic,  II,  xx,  8;  dans  Migne,  Patrolog.,  t.  LXXXIII, 
col.  811-812. 

2.  11  est  à  remarquer  qu'au  rapport  de  Pline,  les  Gaulois  et  les  Bre- 
tons, c'est-à-dire  les  deux  peuples  occidentaux  d'origine  ou  de  civilisa- 
tion celtique,  mettaient  l'anneau  au  médius,  pendant  que,  chez  les 
Romains  au  temps  de  Pline,  ce  doigt  était  précisément  le  seul  qui 
n'en  reçût  point  :  «  Gallia  Britanniaeque  medio  (digito)  dicuntur  usae. 
Hic  nunc  solus  excipitur.  »  Hist.  natur.,  XXXIII,  24;  collect.  Tcubner, 
t.V,  p.  7. 

3.  §  6,  num.  III. 

4.  Epistol.  XXIX;  dans  Migne.  Palrolog.,  t.  CXXVI,  col.  188. 

5.  Marlènc,  De  anliq.  L'cclcs.  rilih.,  t.  II,  col.  357, 


INTRODUCTION 


LXIII 


pontifical  romain,  cité  par  Du  Saussay1,  el  par  un  autre  docu- 
ment, cité  par  Barlholomeo  Gavanti,  d'après  lequel  l'évêque,  à 
la  messe  pontificale,  doit  avoir,  à  l'annulaire  de  la  main  droite, 
l'anneau  qui,  ajoute  Gavanti,  lui  a  été  mis  au  même  doigt,  lors 
de  sa  consécration  s. 

A  la  vérité,  les  évêques  plaçaient  ordinairement  leur  anneau  à 
V index  de  la  main  droite,  et  cela  était  admis  dans  l'usage  \  Mais 
canoniquement  et  quand  ils  pontifiaient,  ils  étaient  tenus  de 
l'avoir  au  quatrième  doigt. 

C'est  naturellement  h  la  même  main  et  au  même  doigt  que 
les  abbés, les  abbesses  et  les  simples  religieuses  recevaient  l'an- 
neau, au  moment  à  leur  consécration  \ 

III 

LES  ANNEAUX  SIG1LLA1RES  ET  LES  ANNEAUX  DE  SIMPLE  ORNEMENT 

La  plupart  des  monuments  par  nous  décrits  ont  dù  servir  à 
sceller  la  correspondance  ou  à  souscrire  les  actes  dans  lesquels 
leurs  possesseurs  figuraient  comme  parties  ou  comme  témoins. 

Ceux  de  ces  bijoux  qui  n'ont  pu  être  ainsi  employés  sont  :  les 
anneaux  portant  deux  noms  juxtaposés  %  ou  une  légende  gravée 
au  pourtour  de  la  tige6  ;  ceux  qui  étaient  dépourvus,  à  la  fois,  de 
toute  inscription  et  de  toute  marque  distinctive  pouvant  servir 
de  siffnaculum\  ou  dont  le  chaton,  en  forme  d'édicule  saillant 
n'en  permettait  pas  un  tel  usage8. 

1.  André  du  Saussay,  Panoplia  episcopalis,  Paris,  1646,  p.  264. 

2.  Thesaur.  sacror.  rituum,  1763,  t.  I,  p.  150,  col.  2. 

3.  Barth.  Gavanti,  ibid.  —  Georg.  Longus,  De  anulis,  p.  41;  Hinricus 
Kornmannus,  De  Iriplici  annulo,  édit.  de  Leyde,  p.  15. 

4.  A.  du  Saussay,  loc.  cit.,  p.  179. 

5.  CXVIII,  CXXVII,  CCXVII,  CCXLV  et  CCLXVI. 

6.  LXXIII  bit  et  CXXII1  Ht. 

7.  I,  XXIX,  LXX,  CIVà  CX,  CXII,  CXXX,  CXXXIII  à  CXXXVII,  CXLI, 
CXLIV  et  passim.  J'en  compte  43  dans  ce  cas. 

8.  Il,  LUI,  CLXXXVII,  CCXVIII. 


LXIV 


INTRODUCTION 


Il  en  est,  au  contraire,  dont  le  caractère  sigillaire  est  indiqué 
par  la  présence  d'une  effigie,  accompagnée  d'un  nom  propre1,  d'un 
vocable  entier  ou  d'un  monogramme,  et  assez  souvent  accentué 
par  le  S  barré  ou  pointé,  le  S  en  travers  du  monogramme,  le 
groupe  SI2  ou  les  groupes  SV  ou  SO  (pour  sv) 3. 

11  convient,  enfin,  de  noter  que  certains  de  nos  bijoux  sont  à  la 
fois  des  bagues  de  mariage  ou  de  fiançailles,  et  des  anneaux  si- 
gillaires 4. 

Ceux  de  nos  anneaux  qui  n'avaient  aucune  des  destinations  ci- 
dessus  définies,  étaient  de  simples  objets  de  toilette,  d'ornement 
ou  de  fantaisie,  et  nous  n'avons  aucune  observation  générale  à 
faire  ici  en  ce  qui  les  concerne. 

Il  nous  reste  à  rechercher  à  quelle  main  et  à  quel  doigt  on 
portait  ces  bijoux  et  les  anneaux  sigillaires. 

Les  fouilles  opérées  méthodiquement  en  France  et  en  Belgi- 
que depuis  quarante  ans  ont  procuré,  à  cet  égard,  des  notions 
nombreuses  et  précises. 

Ces  notions  sont  malheureusement  contradictoires. 

Dans  la  nécropole  visigolhe  et  mérovingienne  de  Herpès 
(Charente),  on  a  recueilli  deux  anneaux,  placés  à  la  main  droite5, 
et  M.  Philippe  Delamain,  l'auteur  de  ces  fructueuses  explorations, 
a  constaté  que,  presque  toujours,  les  bagues  se  portaient  à  la 
main  droite.  «  Le  contraire,  ajoute-t-il,  est  l'exception  :  parfois 
mais  rarement,  il  y  en  avait  deux  ou  trois  à  la  même  main,  et  de 
plus  au  même  doigt  »  \ 

Le  savant  directeur  du  Musée  archéologique*  de  Mayence, 

1.  LI,  LV1I,  LIX,  LXXVI,  CCLXV. 

2.  III,  VI,  X,  XIII,  XX,  XXII,  XXVI,  XXXI,  LXVI,  LXVII,  LXXXIII 
et  passim.  J'en  compte  30  dans  ce  cas. 

3.  CCLXV,  CCLXVIII. 

4.  CCIX,  CCLXVIII. 

5.  CCXXIV  et  CCXXV. 

6.  Le  cimetière  de  Herpès,  mémoire  publié  par  la  Société  histor.  et 
archéolog.  de  la  Charente  ;  grand  in-4°,  Angoulême,  1892,  p.  11. 


INTRODUCTION 


LXV 


M.  Lindenschmit,  dans  une  lettre  qu'il  m'a  écrite  en  réponse  à 
la  question  que  je  lui  avais  adressée,  m'a  fait  connaître  que, 
dans  le  cas  unique  où  il  lui  avait  été  possible  de  faire  une  ob- 
servation certaine  sur  un  squelette  féminin,  l'anneau  était  à 
l'avant-dernier  doigt  de  la  main  droite 1 . 

Une  bague,  trouvée  dans  le  cimetière  d'Yeulleou  Hardenlhan 
(Pas-de-Calais),  était  également  à  la  main  droite  d'un  corps  de 
femme2. 

Par  contre,  M.  Alfred  Béquet,  le  docte  conservateur  du  Musée 
archéologique  de  Namur  (Belgique),  a  rencontré,  dans  une  des 
riches  nécropoles  de  cette  province,  qu'il  a  si  intelligemment 
explorées,  une  bague  à  la  main  gauche  d'une  femme^.  On  a 
trouvé,  dans  le  cimetière  franc  de  Ciply  près  Mons  (llainaut),deux 
bagues  à  la  main  gauche  de  deux  femmes,  dont  l'une  l'avait  au 
médius  *. 

De  son  côté,  M.  Pilloy,  au  cours  des  fouilles  du  cimetière  mé- 
rovingien du  village  d'Abbeville  (Aisne),  a  constalé  la  présence 
de  bagues  à  la  main  gauche  de  cinq  squelettes  féminins 5. 

En  présence  d'une  telle  diversité  de  notions  sur  ce  sujet,  il  est 
impossible  d'admettre  une  pratique  commune  à  tous  les  pays  de 
la  Gaule,  à  moins  de  supposer  que  les  anneaux  portés  à  la  main 
droite  étaient  des  anneaux  de  fiançailles  ou  de  mariage,  et  les 
autres  des  bagues  sigillaires  ou  de  simple  ornement. 

1.  Lettre  du  16  avril  1888. 

2.  CLXXXIV. 

3.  CXI. 

4.  CLXXV1II.  Dans  la  Notice  préliminaire  sur  le  cimetière  franc  de 
Ciply,  in-8°,  Mons,  1894,  p.  22,  je  lis  la  description  d'un  autre  anneau, 
que  l'on  croit  provenir  de  la  tombe  d'une  femme,  et  qui  était  également 
à  sa  main  gauche. 

5.  Pilloy,  Sur  d'anciens  lieux  de  sépulture  du  département  de  l'Aisne, 
in-8°,  Saint-Quentin,  p.  177. 


DESCRIPTION  ET  COMMENTAIRE 

DES  ANNEAUX 


Les  anneaux  que  nous' allons  décrire,  se  divisent,  ainsi  qu'il  a 
été  dit  plus  haut1,  en  quatre  catégories,  savoir  : 

1°  Ceux  dont  la  provenance,  c'est-à-dire  le  lieu  ou  la  région  de 
la  Gaule  dans  lesquels  ils  ont  été  recueillis,  nous  est  connue; 

2°  Ceux  dont  nous  ignorons  la  provenance,  mais  dont  nous  con- 
naissons les  possesseurs; 

3°  Ceux,  en  très  petit  nombre,  dont  la  provenance  et  les  posses- 
seurs sont  inconnus; 

4"  Enfin  ceux  qui  ont  été  trouvés  hors  du  territoire  de  la  Gaule, 
i.  Voir  ci-dessus,  le  §  1er  de  l'Introduction. 


1 


ANNEAUX  DONT  LA  PROVENANCE  EST  CONNUE 


Ces  bijoux  sont  décrits  dans  l'ordre  des  provinces  ecclésiastiques 
et  des  diocèses  de  la  Gaule l. 


PREMIÈRE  LYONNAISE 

DIOCÈSE  DE  LYON 


I 

ANNEAU  d'aSBOLIDS,  TROUVÉ  DANS  LE  LIT  DE  LA  SAÔNE,  A  LYON 
OU  PRÈS  DE  LYON  2 


Vers  l'année  1834,  on  a  trouvé,  dans  le  lit  de  la  Saône,  la  magni- 
fique bague  reproduite  en  tête  de  celle  notice.  Elle  a  appartenu 

1.  Tel  qu'il  est  établi  dans  la  Notice  de  la  Gaule,  rédigée  à  la  tin  du  iv°  siècle. 
Voir  ci-dessus  le  S  Ier  de  l'Introduction. 

2.  Voir  un  extrait  de  la  lettre  de  Mgr  de  Bonald,  dans  E.  Le  l'Iant,  Inscript, 
chrétien,  de  la  Gaule,  antérieures  au  vnte  siècle,  t.  1,  p.  64. 


4 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


à  M>r  le  cardinal  de  Bonald,  décidé  archevêque  de  Lyon,  qui,  en 
la  communiquant  à  notre  confrère  regretté  E.  Le  Blant,  lui  signala 
les  opinions  divergentes  émises,  par  deux  êminents  archéologues 
sur  la  date  à  laquelle  elle  devait  être  rapportée  :  M.  Visconti  la 
faisait  remonter  au  iuR  siècle,  et  le  l\  Marchi,  conservateur  des 
Catacombes  de  Rome,  la  croyait  du  ivc.  Ce  dernier  avis  me  semble 
le  meilleur,  parce  que  le  travail  du  bijou  est  évidemment  d'une 
basse  époque.  Tel  est  aussi  le  sentiment  de  M.  de  Boissieu  et  de 
Le  Blant1. 

C'est  un  anneau  d'or,  dont  l'ouverture  est  de  20  millimètres 
entre  le  chaton  et  la  partie  opposée  de  la  lige,  de  18  entre  les  deux 
côtés.  Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige,  estime  cuvette  ovale,  haute  de 
40  millimètres,  et  évasée  au  sommet,  où  elle  a  21  millimètres; 
dans  sa  largeur,  elle  contenait  primitivement  une  gemme,  quiaété 
perdue  et  qu'on  a  remplacée  par  une  émeraude. 

La  tige,  qui  est  ronde,  de  grosseur  inégale  et  a,  par  place,  2,  3 
ou  4  millimètres,  esi  décorée  de  palmettes  près  du  chaton. 

Sur  la  partie  inférieure  de  la  cuvette,  on  lit,  d'un  côté,  ASBOLI, 
suivi  d'une  palme,  et  de  l'autre,  VIVAS  IN  DEO. 

Nous  avons  dans  ces  trois  derniers  mots,  un  exemple  de  la  for- 
mule acclamatoire  VIVAS  ou  VIVAT  IN  DEO,  qui  se  retrouve  sur 
d'autres  anneaux3. 

II 

BAGUE  TROUVÉE  AU  VILLAGE  DE  LA  GARDE  (LOlRlc)3 


Voici  une  belle  bague  en  or,  qui  a  été  trouvée,  en  1884,  par  un 

1.  Op.  cil.,  préface,  p.  cxlui. 

2.  Voir  plus  bas  les  nps  CXVI,  GI.XXXI,  GCLX  et  GGLXVI. 

3.  Cette  localité  dépend  des  commune  et  canton  de  Boën,  arrondissement  de 
Montbrison. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


5 


cultivateur,  au  lieu  dit  La  Garde  (Loire).  Au  cours  de  cette 
aimée,  elle  fut,  au  nom  de  M.  Coiffet  fils,  négociant  à  Leignieu,  qui 
en  était  sans  doute  devenu  acquéreur,  communiquée  à  la  Société 
de  la  Diana,  et  c'est  M.  Vincent  Durand,  secrétaire  de  cette  Société 
et  membre  correspondant  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France, 
qui  nous  en  a  envoyé  d'excellents  dessins,  avec  un  extrait  du  Bul- 
letin de  la  Diana,  contenant  une  description  très  déiaillée,  que 
nous  n'avons  qu'à  reproduire  : 

«  Cette  bague,  dont  le  faible  diamètre  intérieur  (19  millim.) 
prouve  qu'elle  a  dû  orner  un  doigt  de  femme,  est  d'un  travail  très 
élégant.  Le  cercle  est  plat,  large  de  6  millimètres,  et  orné  de  trois 
rangs  de  grènelis,  que  séparent  des  fils  d'or  juxtaposés  deux  à  deux 
et  tordus  en  sens  inverse  de  manière  à  simuler  des  tresses.  Le 
chaton  forme  un  plateau  carré  de  10  millimètres  de  côté,  sur  lequel 
repose  un  édicule  à  jour,  de  pareille  hauteur,  percé,  sur  chaque 
face,  de  deux  arcades  en  gros  fil  d'or  tordu  et  pourvues  de  petites 
bases;  cet  édicule  est  coilfé  d'un  toit  à  quatre  pentes,  dont  la  base 
et  les  arêtes  sont  garnies  de  filigrane.  Un  ornement,  aussi  en  fili- 
grane et  semblable  à  un  V  renversé  dont  les  extrémités  seraient 
recourbées  en  dedans,  remplit  chacun  des  triangles  au  sommet,  et, 
dans  un  cercle  de  filigrane  qui  en  relie  les  quatre  arêtes,  paraît 
avoir  été  serlie  une  très  petite  pierre  ou  une  goutte  d'émail1.  » 

M.  Vincent  Durand,  répondant  aux  questions  que  je  lui  avais 
adressées,  a  joint  à  son  envoi  les  renseignenients  suivants  : 

«  L'inventeur  ne  paraît  pas  avoir  fait  attention  à  ce  qui  pouvait 
accompagner  l'objet  précieux  que  son  outil  ramenait  au  jour.  Il 
est  probable  qu'il  n'a  rien  trouvé  d'intéressant.  L'hypothèse  d'une 
sépulture  semble  devoir  être  écartée.  Outre  que  les  défoncements 
pour  plantations  de  vignes  atteignent  rarement  plus  de  0"',60  de 
profondeur,  la  sépulture  d'un  personnage  possédant  un  pareil 
bijou  eût  très  vraisemblablement  été  faite  dans  un  sarcophage  de 
pierre,  dont  l'existence  ne  serait  pas  restée  inaperçue.  Je  n'ai 
jamais  ouï  dire  qu'il  y  ait  eu  un  cimetière  à  La  Garde.  Ce  lieu  est 
contigu  à  une  voie  antique,  appelée  dans  le  pays  YEstra  Français, 
tendant  de  Montbrison  à  Roanne,  et  j'ai  reconnu,  à  peu  de  dis- 
tance, des  antiquités  gallo-romaines  ou  mérovingiennes2.  » 

1.  Bulletin  de  la  Diana,  t.  III,  p.  12. 

2.  Lettre  du  3  avril  1890. 


6 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


En  présence  de  ces  dernières  informations,  l'on  no  s'explique 
guère  que  les  ailleurs  de  la  communication  aient  attribué  la  bague 
dont  il  s'agit  à  l'époque  carolingienne  (sans  appuyer  d'ailleurs  celte 
conjecture  d'aucune  raison),  alors  que  les  débris  signalés  par 
M.  J.  Durand  auraient  dû  les  faire  incliner  vers  une  attribution 
plus  ancienne,  que  justifient  d'autres  rapprochements. 

Le  travail  peu  ordinaire  et  de  grande  recherche  de  ce  bijou  rap- 
pelle celui  de  plusieurs  anneaux  par  nous  décrits  dans  la  suite  de 
cet  ouvrage  et  dont  l'origine  mérovingienne  n'est  point  douteuse. 

Ces  ressemblances  et  la  circonstance  du  voisinage  immédiat  d'an- 
tiquités gallo-romaines  et  mérovingiennes  conduisent  naturelle- 
ment à  faire  remonter  la  confeelion  de  ce  bijou  aux  temps  de  la 
première  dynastie  gallo-franque. 

III 

BAfiUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  DANS  LE  DÉPARTEMENT  DE  LA 

LOIRE 


Cette  bague  appartient  à  MM.  Hollin  et  Feuardent,  les  savants 
antiquaires  bien  connus  de  Taris,  qui  me  l'ont  communiquée. 

Elle  est  en  cuivre;  elle  a  20  millimètres  d'ouverture  ;  sa  tige,  qui 
a  7  millimètres  de  bailleur  près  du  chaton,  et  3  seulement  du  côté 
opposé,  est  ornée,  à  droite  et  à  gauche  du  chaton,  de  simples  traits 
et  d'un  cercle  avec  un  gros  point  au  centre. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  est  un  carré  long,  mesurant 
11  millimètres  de  liant  sur  15  de  large.  11  est  décoré  d'un  mono- 
gramme composé  de  quatre  caractères  gravés  en  creux,  savoir: 
un  |,  un  S  posé  en  travers  d'un  second  I  bouleté,  et  d'un  E  termi- 
nal :  soit  |  S I  E,  génitif  à'Isia.  Parmi  les  noms  propres  germaniques 
dont  le  radical  est  is,  Fôrstemann  a  mentionné,  comme  usité  au 
virr  siècle,  celui  de  Li*,  qui,  à  la  première  déclinaison  latine,  a 

{.  D'après  Meichelbeck,  llislor.  Frisiag.,  n"  124,  cl  G  Wigaud,  Tradil.  Cor- 
beiens,  248,  266  et  342;  Fôrstemann,  l>ersonennnmen,  col.  803. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


7 


fait  hia.  Le  S  barré  parle  deuxième  I,  a  en  outre,  par  la  place  qu'il 
occupe,  la  valeur  de  l'abréviation  de  Signum.  Nous  avons  ainsi, 
pour  l'ensemble  de  l'inscription, 

S\[gnum)  ISIE- 

Notons,  enfin,  le  cercle  avec  un  gros  point  au  centre,  gravé  sur 
la  tige,  genre  d'ornement  qui  se  trouve  particulièrement  sur  les 
bagues  et  objets  divers  de  toilette  provenant  des  sépultures  barbares 
de  la  Bourgogne  cisjurane  et  transjurane,  et  qu'il  esl  naturel  de 
rencontrer  sur  un  bijou  trouvé  dans  le  département  de  la  Loire. 


DIOCÈSE  VAUTUN 
IV 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  AI'TUN  (sAÔNE-ET-LOIRE' 


L'anneau  qui  figure  en  tête  de  cetle  notice  est  en  bronze,  d'une 
conservation  presque  parfaite,  car  il  n'a  subi  de  cassure  que  dans 
une  faible  partie  du  cbaton. 

Ce  bijou,  dont  l'existence  m'a  été  signalée  par  mon  savant  con- 
frère M.  Héron  de  Villefosse,  appartient  à  la  collection  de  M.  lîul- 
liot,  archéologue  distingué  du  département  de  Saône-et-Loire,  qui 
m'en  a  donné  communication. 

Il  a  2  centimètres  d'ouverture,  et  le  pourtour,  qui  est  arrondi,  a 
une  épaisseur  de  3  millimètres.  Un  chaton  ovale,  de  15  millimètres 
de  longueur  sur  12  millimètres  de  hauleur,  a  été  ménagé  à  même 
le  métal  :  il  est  orné  d'un  monogramme  gravé  en  creux  et  entouré 
d'un  filet  également  gravé  en  creux.  Il  est  accosté  de  deux  cabo- 
chons entaillés  dans  le  métal  comme  nous  les  retrouverons  sur  un 
certain  nombre  d'anneaux. 

La  première  lettre  du  monogramme  est  un  E  rétrograde,  suivi 
du  N  et  du  D,  après  lequel  revient  l'E  initial,  puis  un  v  formé  par 


8  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

le  deuxième  angle  du  N>  et,  pour  finir,  le  S  posé  en  travers  de  la 
barre  intérieure  du  N,ot  qui,  à  raison  de  la  place  q u " i  1  occupe  et  de 
l'importance  que  le  graveur  lui  a  donnée,  représente  1  initiale  de 
Signavi.  L'ensemble  de  l'inscription  nous  donne  ainsi  le  nom  de 

ENDEVS  S{ignavi) 

qui  fut  celui  d'un  saint  abbé  du  monastère  d'Aran  en  Irlande, 
mort  vers  l'an  540',  et  que,  dans  les  listes  françaises,  on  appelle 
Endêe". 

V 

ANNEAU  DE  SIPURA  SATIGENI,  DÉCOUVERT  A  AUTUN 


Voici  un  très  intéressant  anneau,  trouvé,  en  1892,  dans  la  ville 
d'Autun,  à  gauche  de  l'ancienne  voie  pavée  de  grands  blocs,  rue 
de  Marchaux,  dans  la  direction  de  la  porte  d'Arroux.  D'après  une 
note  de  mon  savant  confrère  et  ami,  M.  Anat.  de  Barthélémy,  le 
lieu  précis  de  la  découverte  est  un  jardin  situé  à  60  mètres  environ 
de  la  dite  porte,  dans  un  défoncement  de  terrain  d'un  mètre  de 
profondeur. 

Sur  cet  emplacement,  où  il  y  avait  une  habitation  de  grande  éten- 
due, on  a  recueilli,  depuis  un  demi-siècle,  une  quantité  considé- 
rable d'antiquités3. 

Notre  bague  est  en  argent;  elle  a  16  millimètres  seulement 
d'ouverture  entre  le  chaton  et  la  partie  opposée  de  la  tige,  18  1/2 

1.  Bolland.,  Acta  SS.,  mens,  mart.,  t.  IIÏ,  p.  267-269. 

2.  Annuaires  histoviq.  publiés  par  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  année 
1857,  p.  818;  année  1860,  p.  62. 

3.  Notamment  une  belle  lampe  en  bronze,  deux  statuettes  de  génies  ailés,  des 
débris  de  figurines  en  terre  cuite  blanche,  des  débris  de  creusets  avec  résidus 
de  bronze,  des  fragments  de  peintures  murales,  etc. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


9 


mesurés  dans  l'autre  sons.  La  tige  a  2  1/2  millimètres  de  hauteur 
près  du  chaton,  et  présente,  à  cet  endroit  ainsi  que  sur  ses  deux 
côtés,  un  renforcement  sensible.  Le  chaton,  pris  dans  la  masse, 
est  un  petit  carré  long,  de  3  millimètres  de  haut  ei  i  de  large, 
sur  lequel  est  gravé  un  lion  passant  à  gauche  (pour  le  lecteur). 

A  gauche  du  chaton,  la  légende  SIPVRA;  adroite  :  SATIGENI. 

D'après  les  très  faibles  dimensions  de  cet  anneau,  il  faut  y  voir 
le  bijou  d'une  femme  appelée  Sipura,  et  le  deuxième  nom,  au 
génitif,  Satigeni,  désigne  le  père1  ;  en  sorte  que  l'inscription,  com- 
plétée dans  ce  sens,  doit  se  lire  ainsi  : 

SIPVRA  SATIGENI  {filïa  sous-entendu). 


VI 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DE  GAMAY  (cÔTE-d'or) 


La  bague  ci-dessus  figurée,  publiée  par  H.  Baudot  dans  son  mé- 
moire sur  les  Sépultures  des.  Barbares  de  l'époque  mérovingienne, 
appartient  au  Musée  de  Dijon3. 

Klle  est  en  argent:  elle  a  17  millimètres  seulement  d'ouverture, 
ce  qui  indique  qu'elle  était  à  l'usage  d'une  femme.  La  tige,  qui  est 
une  bande  de  métal,  a  8  millimètres  de  hauteur  près  du  chaton,  où 
elle  est  ornée  d'un  trifolium,  et  5  du  côté  opposé,  où  les  deux  bouts 
de  la  bande  de  métal  sont  soudés  l'un  sur  l'autre. 

1.  Sa%enwsest  un  vocable  gaulois:  il  y  a,  dans  César,  De  Bello  Gallico,  la  men- 
tion d'un  chef  aulerque  appelé  Camulo-genus  (VN,  57  ,  59,  61);  une  esclave  de 
la  cité  de  Burdlgala,  sous  l'empire  romain,  s'appelait  Nemeto-gena  (Jullian, 
Inscriptions  romaines  de  Bordeaux,  n°  76). 

2.  La  commune  de  Gainay  dépend  du  canton  de  Nolay,  arrondissement  de 
Beaune. 

3.  P.  166.  Ce  bijou  avait  élé  déjà  publié  par  le  même  savant,  dans  le  recueil 
des  Mémoires  de  la  Commission  des  Antiquités  de  la  Céte-d'Or,  t.  V,  p.  292. 


10 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Le  chaton,  pris  dans  la  niasse,  qui  a  été  simplement  aplatie  en 
cet  endroit,  est  un  carré  long,  de  10  millimètres  1/2  sur  8  de  hau- 
teur. Il  présente,  gravé  en  creux,  un  monogramme  identique  à  celui 
d'un  anneau  décrit  ci-dessus';  il  comprend  un  |,  suivi  d'un  S  traversé 
par  un  deuxième  I,  et  du  E  final  :  soit,  pour  l'ensemble,  ISIE  2.  Le 
S  barré  par  le  deuxième  I  doit,  en  outre,  d'après  la  place  qu'il 
occupe  et  ses  dimensions,  représenter  l'abréviation  bien  connue  de 
Signum.  Nous  avons  donc  pour  l'inscription  entière: 

S\{gnum)  ISIE1 
VII 

ANNEAU  TROUVÉ  A  SAINTE-SARINE  (cÔTE-d'or)  * 


Voici  un  anneau  d'or  pur,  qui  appartient  au  Musée  de  la  Com- 
mission des  antiquités  de  la  Côte-d'Or  et  a  été  publié  par  EL  Baudot 5. 
Il  n'a  que  15  millimètres  d'ouverture;  le  chaton  ovale,  qui  est 
soudé  sur  la  baguette,  a  8  millimètres  de  large  sur  4  millimètres  1/2 
de  hauteur,  et  est  orné  d'uu  dessin  perlé. 

Ce  bijou  a  été  recueilli  dans  un  des  cercueils  fouillés  à  Sainte- 
Sabine,  avec  une  belle  épingle  à  cheveux  en  or,  des  fibules  et  des 
grains  de  collier,  qui  dénotent  la  présence  d'une  sépulture  fémi- 
nine, et  expliquent  la  très  faible  ouverture  de  la  bague. 

1.  N°  III. 

2.  Géniti f  d'un  nom  féminin  formé  sur  le  radical  germanique  is  et  le  vocable  hi. 
Voir  la  note  du  n°  III  ci-dessus. 

3.  Quand  j'ai  publié  cette  bague  pour  la  première  fois  (Rcv.  archéol,.,  année 
1892,  t  I,  p.  52),  j'ai  interprété  le  monogramme  par  S{ignura)  VNE  :  je  n'avais 
pas  donné  une  attention  suffisante  à  la  barre  sur  laquelle  est  posé  le  S  et  qui, 
étant  séparée  en  liant  et  en  bas  des  deux  lettres  latérales,  ne  peut  être  la 
barre  intérieure  d'un  N  et  conserve  la  valeur  d'un  deuxième  |. 

4.  La  commune  de  Sainte-Sabine  dépend  du  canton  de  Pouilly-en-Monlagne, 
arrondissement  de  Beaune. 

5.  Sépultures  des  Barbares  de  V époque  mêrov.,  p.  157,  pl  XXVII,  fig.  12. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  Af,E 

VIII 

AUTRE  ANNEAU  TROUVÉ  A  SAINTE-SARINE  (CÔTE-d'or) 


11 


Ce  bijou  a  été  recueilli  dans  la  même  sépulture  féminine  que  la 
bague  ci-dessus  décrite.  Comme  celle-ci,  il  a  15  millimètres  d'ou- 
verture; la  tige,  gracieusement  striée,  est  plus  épaisse  et  plus  large 
(4  millimètres  près  du  chaton). 

Le  chaton,  en  forme  de  losange,  soudé  sur  cette  tige,  présente, 
au  centre,  une  petite  pierre  d'émail  grisâtre,  entourée  de  quatre 
grenats. 

Notre  anneau  a  été  publié  dans  l'ouvrage  déjà  cité  de  H.  Bau- 
dot'. 

IX 

ANNEAU  DE  GAUDIOSUS,  TROUVÉ  A  REAULON  (ALLIER)  * 


Cette  bague,  qui  est  en  cuivre,  a  été  découverte  à  Heaulon,  dans 
le  parc  de  M.  Iioyer,  avec  des  monnaies  de  toutes  les  époques, 
s'écbelonnant  depuis  la  période  romaine  jusqu'au  xvi°  siècle.  Elle 
appartient  actuellement  au  Musée  île  Moulins. 

Ce  bijou  a  beaucoup  servi,  et  la  légère  déformation  qu'il  a  subie 
a  rendu  irrégulier  son  diamètre  intérieur,  qui,  mesuré  dans  un 
sens  opposé  à  celui  du  chaton,  est  de.  21  millimètres.  La  lige  a 
4  millimètres  et  demi  de  largeur  et  2  d'épaisseur, 

) .  SêpuVures  des  Barbares  de  l'époque  mêrov.,  p.  157,  pl.  XXV.U,  fig.  13. 

2.  Reaulon  est  un  chef-lieu  de  commune,  dépendant  du  canton  de  Chevagnes, 
arrondissement  de  Moulins  (Allier).  Nous  reproduisons  ce  bijou  et  le  suivant 
d'après  les  dessins  et  empreintes  qui  nous  ont  été  obligeamment  adressés  par 
M.  le  baron  de  Mély. 


12 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Le  chaton,  pris  dans  la  masse  et  venu  de  fonte,  a  une  forme 
elliptique  très  allongée,  et  mesure  horizontalement,  c'est-à-dire  en 
largeur,  15  millimètres,  et  7  de  hauteur  au  milieu. 

Sur  ce  chaton,  est  grave  en  deux  lignes  le  nom  de  Gaudiosus, 
suivi  d'une  croisette  : 

GAVDIO 

SVS  + 

L'Eglise  honore  quatre  saints  de  ce  nom  ;  deux  d'entre  eux  ont 
vécu  au  vc  siècle1,  un  troisième  est  mort  en  530*,  et  le  quatrième 
était  évèque  avant  646  '. 

On  trouve  aussi,  dans  le  testament  de  saint  Yrieix  de  573,  la 
mention  d'une  femme  d'affranchi  appelée  Gaudiosa* . 


DIOCÈSE  DE  BESANÇON 
X 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  A  BRÉRY  (jURA)  6 


Cette  bague  appartient  au  Musée  municipal  de  Lons-lc-Saulnier, 
dont  le  savant  conservateur,  M.  Robert,  a  eu  l'obligeance  de  me 
procurer  les  dessins  reproduits  ici,  ainsi  que  ceux'du  n°  suivant. 

Elle  est  en  bronze,  et  se  compose  d'une  mince  tige,  dont  les  deux 
bouts  ont  été  soudés  l'un  sur  l'autre,  et  d'un  chaton  pris  dans  la 
masse.  L'ouverture  de  l'anneau,  mesurée  entre  le  chaton  et  la 

1.  Saint  Gaudiose,  évèque  do  Rrescia  en  444  (Bolland.,  Acta  Sanct.,  men.-. 
mart.,  t.  I,  p.  6i8),  el  saint  Gaudiose,  évèque  en  Afrique,  mort  à  Naples  en  453 
ou  en  468  (ibid.,  mens,  octob.,  t.  XII,  p.  582). 

2.  Évèque  de  Tarazona  (Biblioth,  Ilisp.  veL,  t.  I,  p.  427). 

3.  Kvêque  de  Salerne  (Bolland.,  Acta  Sanct.,  mens,  octob.,  t.  XI;  p.  901). 

4.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  I,  p.  138. 

5.  La  commune  de  Bréry  dépend  du  canton  de  Sellières,  arrondissement  de 
Lons-le-Saulnier. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


13 


pari ic  opposée,  est  de  20  millimètres;  dans  l'autre  sens,  elle  n'a 
que  19  millimètres.  La  tige,  sur  laquelle  on  a  buriné  quelques  or- 
nements, a  8  millimètres  de  hauteur  près  du  chaton,  4  seulement 
en  face.  Le  chaton,  qui  a  la  forme  d'un  carré  long,  a  8  millimètres 
et  demi  de  hauteur  sur  une  largeur  de  15  millimètres.  Il  présente 
un  monogramme,  qu'il  faut  envisager  sans  tenir  compte  de  dessins 
tracés  de  chaque  côte  et  qui  sont  insignifiants.  On  distingue,  au 
sommet  de  ce  monogramme,  un  A;  à  droite  et  à  gauche,  un  L; 
au  centre,  un  N  ;  dans  l'angle  de  l'A,  un  V  ;  et  puis  un  S  posé  obli- 
quement sur  la  barre  intérieure  du  N  !  nous  avons  ainsi  un  groupe 
formant  le  mot  ALLNVS,  et,  avec  un  |  représenté  par  la  dite  barre, 
le  nom  de  : 

ALLINVS 

qui  fut  usité  dans  la  période  gallo-franque.  On  voit,  en  effet,  un 
abbé  ainsi  appelé,  souscrire  une  donation  faite,  en  715,  par  l'abbé 
Adon  à  l'église  de  Saint-Remy  de  Reims'  ;  et  un  autre  personnage 
du  môme  nom,  mentionné  en  724,  sans  aucune  qualité,  parmi  les 
témoins  d'une  charte  de  concession  consentie  au  monastère  de  Wis- 
sembourg*.  Le  vocable  A/linus  est  d'ailleurs  le  diminutif  de  celui 
d'yl//o,  que  nous  trouvons  dans  deux  actes  datés,  l'un  de  657  et 
l'autre  de  667  '. 

Le  S  traversé  par  le  trait  oblique  intérieur,  a  en  outre  la  valeur 
de  SI,  initiales  de  S\(gnavi).  Nous  avons  donc  pour  l'ensemble  de 
l'inscription  : 

ALLINVS  S\{gnavi) 
XI 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  MACORNAY  (JURA)  4 

Ce  bijou  de  bronze  appartient  au  Musée  municipal  de  Lons-le- 
Saulnier. 

11  est  visiblement  de  la  même  fabrique  que  celui  de  Bréry  décrit 
ci-dessus,  car  il  se  compose  d'une  tige,  ornée  de  la  môme  façon, 

1.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p.  301. 

2.  Ubi  supra,  p.  453. 

3.  Inc.  cit.,  p.  10  3  et  142. 

4.  Macornay  est  une  commune  dépendante  des  canton  et  arrondissement  de 
Lons-le-Saulnier. 


14 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


avec  les  extrémités  appliquées  l'une  sur  l'autre  pour  fermer  l'an- 
neau, et  d'un  chaton  carré,  ménagé  à  même  le  métal  cl  dont  l'état 
de  dégradation  ne  permet  de  retrouver  aucune  trace  de  l'inscription 
qui  devait  le  couvrir. 


Mais  la  bague  de  Macornay  diffère  de  celle  de  Bréry  en  ce  que 
l'ouverture  en  est  sensiblement  plus  étroite  (17  millimètres  au  lieu 
de  20),  et  il  y  a  toute  raison  de  penser  qu'elle  devait  être  portée 
par  une  femme  ou  par  un  enfant. 

DIOCÈSE  DE  WINDISCH 
XII 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DE  HOHRERG  (SUISSE) 


Voici  une  bague  en  argent  trouvée  dans  une  tombe,  à  Hohberg, 
prés  Soleurc.  Elle  a  été  publiée,  d'abord,  par  la  Société  des  anti- 
quaires de  Zurich  ',  puis  par  M.  Mommscn*  et  en  dernier  lieu  par 
E.  Le  IJIanta.  Le  chaton  est  un  carré  long  de  14  millimètres 

1.  Mittheilungen  der  Antiquurischcr  Gesellschaft  in  Zurich,  l.  III,  pl.  VIII, 
fig.  20,  et  page  48. 

2.  Inscript.  confeditf.  Hoct.,  p.  102. 

3.  Inscripl.  chrét.de  lu  Gaule,  L  I,  pl.  XLII,  fig.  217. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


15 


sur  8  de  hauteur,  ménagé  à  même  le  métal,  et  accosté  d'ornements, 
au  delà  desquels  il  y  a,  de  chaque  côté,  un  A. 

Dans  le  chillre  gravé  sur  le  chaton,  E.  Le  Blant  a  lu  VERANI,  et, 
à  1  appui  de  cette  interprétation,  il  a  rappelé  que  le  nom  de  Ver  anus 
a  été  porté  par  des  personnages  ecclésiastiques  du  ve  et  du 
VIe  siècle'. 

Cette  leçon  de  mon  savant  confrère  soulève  quelques  objections. 
La  déclinaison  du  nom  au  génitif  implique  généralement  la  pré- 
sence, dans  le  monogramme,  de  l'initiale  de  Signum  ou  Subscripiio, 
laquelle  n'existe  point  ici.  D'un  autre  côté,  dans  l'hypothèse  pro- 
posée, la  lettre  Ai  placée  à  droite  et  à  gauche  du  chaton,  reste  sans 
emploi  et  sa  présence  est  inexpliquée 

Il  me  semble  très  préférable  de  lire  le  nom  de 

+  EVARA 

dont  la  formation  est  tellement  naturelle  et  facile  qu'elle  n'exige 
aucune  justification. 

Je  n'ai  pas  encore  rencontré,  dans  les  listes  de  noms  de  la  pé- 
riode gallo-franque,  celui  à'Evara;  mais  Evara  et  Evarus  ont  assu- 
rément été  usités;  car,  de  cette  forme  composée  sur  le  thème  pri- 
mitif d'Eva,  sont  dérivés  des  vocables  bien  connus,  tels  que  celui 
d'Evaricus,  évéque  de  Tours  au  vu0  siècle9,  et  celui  d'Evarislas, 
porté  par  deux  saints,  dont  l'un  fut  pape  au  ue  siècle5,  et  l'autre 
fut  martyrisé,  avec  Priscien  et  d'autres,  au  IVe  \ 


DIOCÈSE  DE  LANGUES 
XIII 

BAGUE  AVEC  LE  S  BARRÉ,  TROUVÉE  A  CESTRE  (cÔTE-d'or)  4 

Cette  bague  a  été  trouvée,  en  1893,  au  cours  de  fouilles  exécutées 

1.  Vbi  supra,  p.  492  et  note  2. 

2.  Dom  Bouquet,  Historiens  de  France,  t.  IV,  p.  676,  note. 

3.  Bolland.,  ActaSS.,  mens,  octobr.,  t.  XI,  p.  799. 

4.  Ibid.,  mens,  octobr.,  t.  VI,  p.  449.  On  peut  joindre  à  ces  exemples  ceux  où 
l'on  trouve  le  nom  d'Euvuristus,  et  peut-être  aussi  celui  d'Everus,  évèque  de 
Catane  au  iu°  siècle.  Cf.  Cajetanus,  VU.  SS.  SicuL,  t.  I,  p.  89. 

5.  Le  hameau  de  Cestre  dépend  de  la  commune  de  Verdonnet,  canton  de 


16 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


par  la  Société  archéologique  du  Châtillonnais,  dans  un  sarcophage 
en  pierre,  où  elle  était  encore  attachée  au  doigt  du  squelette.  Un 
vase  en  terre  grise  était  placé  à  gauche  et  tout  près  de  la  tète  l. 

L'anneau  n'a  que  18  millimètres,  ce  qui  indique  qu'il  était  à 
l'usage  d'une  femme;  il  est  formé  d'un  ruban  assez  mince,  qui  a 
10  millimètres  de  largeur  près  du  chaton,  7  seulement  du  côté 
opposé.  Il  présente,  à  droite  et  à  gauche,  quelques  ornements  très 
simples  et  d'un  travail  rudimentairc. 

Le  chaton,  pris  dans  la  masse  du  métal,  est  un  parallélogramme 


de  20  millimètres  de  hauteur  sur  24  de  large;  au  centre,  est  gravé 
en  creux  un  S,  traversé  par  une  barre  oblique  dirigée  de  l'un  des 
angles  du  chaton  vers  l'angle  opposé.  Sur  ou  sous  la  lettre  S  (car 
le  bijou  peut  être  envisagé  indifféremment  dans  un  sens  ou  dans 
l'autre),  il  y  a  une  croisette  ou  étoile  à  quatre  rayons  et  un  globule. 
Trois  des  quatre  côtés  du  chaton  ont  une  bordure  avec  des  orne- 
ments. 

Il  est  à  peine  besoin  de  dire  que  le  s  barré  du  chaton  a  ici, 
comme  sur  d'autres  anneaux  par  nous  décrits,  la  valeur  bien  con- 
nue de  Sl(<?ww)  ou  §\{gillum),  et  que  c'était  là  un  cachet,  que  son 
propriétaire  apposait  à  côté  de  son  nom  sur  les  actes  où  il  figurait. 

A  l'opposé  de  ce  chaton,  est  gravée  une  croix  égale  polencée, 
formant  un  contre-chaton. 

XIV 

ANNEAU  AVEC  CROIX,  TROUVÉ  A  NESLE  (cÔTE-d'or)  * 

Cet  anneau  de  bronze  a  été  recueilli  par  M.  Henri  Corot,  au  cours 

Laignes,  arrondissement  de  Châliilon-sur-Seinc.  Le  savant  conservateur  du 
Musée  de  Châlillon-sur-Seine,  M.  Lorimy,  m'a  spontanément  envoyé  les  dessins 
de  cet  inléressant  bijou,  ainsi  que  les  renseignements  reproduits  dans  la  pré- 
sente notice;  je  lui  adresse  ici  tous  mes  remerciements. 

1.  Lettres  de  M.  Lorimy,  des  11  janvier,  20  et  24  février  1894. 

2.  La  commune  de  Nesle  dépend  du  canton  de  Laignes,  arrondissement  de 
Châlillon-sur-Seine. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


17 


de  fouilles  exécutées  par  lui  sous  les  auspices  de  la  Société  anthro- 
pologique de  Paris,  dans  les  sépultures  mérovingiennes  de  la  forêt 
de  JNesle,  à  6  kilomètres  de  Cestre 

11  a  été  recueilli  dans  une  tombe  masculine;  il  a  2i  millimètres 
d'ouverture,  et  sa  tige  a  6  millimètres  de  hauteur  près  du  chaton, 
3  seulement  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  serti  dans  un  cercle  de  bronze,  a 


14  millimètres  de  diamètre  ;  le  tout  est  soudé  sur  la  tige.  Il  présente, 
gravée  en  relief,  une  croix  à  larges  branches  égales,  dont  chacune 
est  partagée  en  deux  par  un  trait  au  burin.  Au  centre  de  la  croix 
et  entre  les  quatre  branches,  il  y  a  des  annelets  avec  un  point  au 
milieu.  Sur  la  branche  inférieure,  est  tracée  au  burin  une  petite 
croix. 

M.  Corot  croit  que  l'anneau  était  au  médius  de  la  main  droite  du 
défunt». 

On  n'a  trouvé  aucun  autre  bijou  dans  cette  sépulture3. 

XV 

DAGUE  AVEC  DEUX  D  ENTRELACÉS,  TROUVÉE  A  NESLE  (cÔTE-d'ou) 

Cette  bague  provient,  comme  la  précédente,  d'une  des  sépultures 
mérovingiennes  de  la  forêt  de  Nesle.  Elle  a  été  trouvée  dans  la 
tombe  d'une  femme,  où  divers  autres  bijoux  et  des  objets  de  toilette 
ont  été  recueillis4;  M.  Corot  estime  qu'elle  était  à  l'annulaire  de 
la  main  gauche. 

1.  Ceslre  est  un  hameau  situé  dans  la  commune  de  Verdonnet,  canton  de 
Laignes. 

2.  Lettre  de  M.  Corot,  du  24  mai  1894. 
'à.  Lettre  du  même  du      juin  1894. 

4.  Voici  la  liste  de  ces  objets  :  des  pendants  d'oreilles  en  argent;  des  agrafes 

2 


48 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Elle  est  formée  d'un  simple  ruban  de  bronze  de  8  millimètres  de 
hauteur;  elle  n'a  que  17  millimètres  d'ouverture. 

Le  ebaton,  pris  dans  la  masse,  est  un  carré  long  de  7  millimètres 


sur  10;  il  porte,  gravés  en  creux,  deux  D  adossés  et  entrelacés,  tels 
qu'on  les  voit  en  divers  endroits  de  la  façade  du  château  d'Anet, 
où  ils  représentent  le  cbifTre  de  Diane  de  Poitiers.  C'était  vraisem- 
blablement aussi  l'initia'e  de  la  femme  pour  laquelle  notre  bijou 
avait  été  fabriqué. 

XVI 

BAGUE  AVEC  UN  SUJET  GRAVÉ  SUR  LE  CHATON,  TROUVÉE  DANS  LA  FERME  DES 

RIEPPES  (CÔTE-D'OR) 


Ce  très  intéressant  bijou,  qui  appartient  à  M.  André,  brasseur 
à  Aisey  (Côte-d'Or),  a  été  trouvé  sur  les  terres  de  la  ferme  des 
Rieppes,  commune  de  Coulmier-le-Sec '.  Je  le  reproduis  d'après 
d'excellents  dessins  que  m'en  a  adressés  M.  Lorimy,  conservateur 
du  Musée  archéologique  de  Châtillon-sur-Seinc. 

11  n  20  millimètres  d'ouverture  :  sa  tige  est  plate.  Le  chaton,  pris 

qui  étaient  placées  au  niveau  des  deux  épaules,  un  collier  formé  de  grains 
d'ambre  et  de  verres  de  diverses  couleurs,  avsc  émail  blanc  ou  rouge.  (Lettre 
précitée  du  1er  juin  1894.) 

1.  Lettres  de  M.  Hippoly te  Lorimy,  des  14  décembre  1895  et  5  février  i 896 . 
La  commune  de  Coulmier-le-Sec  dépend  des  canton  et  arrondissement  de  Chà- 
Li lion  sur  Seine  (Côte-d'Or). 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


L9 


dans  la  masse,  est  un  ovale  octogone,  et  présente,  gravés  en  creux 
dans  un  cadre  formé  d'un  trait  au  burin  :  sur  le  premier  plan,  un 
oiseau,  dont  le  bec  est  largement  ouvert,  et  dont  une  partie  de  la 
queue  se  replie  en  avant  sur  le  dos,  tandis  que  l'autre  s'élève 
droite  à  la  hauteur  du  visage  du  personnage  représenté  au  deuxième 
plan,  derrière  l'oiseau.  Ce  personnage  est  de  lace,  tète  nue  et  bar- 
bue, et  le  buste  drapé. 

Quelle  est  la  signification  de  ces  deux  figures? 

L'oiseau  que  nous  avons  trouvé  figuré  sur  plusieurs  de  nos  an- 
neaux est  la  colombe,  avec  ou  sans  un  rameau  au  bec;  dans  le 
premier  cas,  c'est  une  allusion  à  la  colombe  de  l'Arche,  dans  le 
second,  un  emblème  du  Christ. 

En  l'espèce  qui  nous  occupe,  l'oiseau  ne  me  paraît  pas  pouvoir 
être  la  colombe  symbolique,  par  la  raison  qu'il  ne  pourrait  être 
accompagné  que  par  l'image  du  Christ  lui-même,  lequel  aurait 
alors  la  tête  nimbée;  or,  le  personnage  gravé  derrière  l'oiseau  est 
seulement  tête  nue.  En  outre,  les  formes  de  la  queue  de  ce  volatile 
ne  se  trouvent  dans  aucune  des  représentations  de  la  colombe, 'qui, 
d'ailleurs  ne  les  comportaient  pas.  Enfin,  et  c'est  là,  comme  on  va 
le  voir,  un  détail  important,  l'oiseau  a  le  bec  très  largment  ouvert, 
ce  qui  a  manifestement  et  ne  peut  même  avoir  d'autre  signification 
que  celle  d'un  chant  ou  d'un  cri. 

J'estime  que  cet  oiseau  est  un  coq,  et  son  chant  ou  son  cri  est 
une  allusion  à  la  prédiction  du  Sauveur  disant  à  son  disciple  que, 
dans  la  nuit  même  qui  allait  suivre,  celui-ci  le  renierait  avant  que 
le  coq  eût  chanté1.  Ainsi  s'expliquent  les  formes  de  la  queue  dont 
les  plumes  retombent  en  volute,  et  la  présence  du  personnage  du 
deuxième  plan,  qui  ne  serait  autre  que  saint  Pierre. 

XVII 

AUTRE  BAGUE  AVEC  APPENDICE  REPRÉSENTANT  UNE  TÊTE  HUMAINE  ?,  TROUVÉE 
DANS   LA  FERME  DES  RIEPPES  (cÔTE-d'or) 

Cette  bague,  qui  appartient  au  Musée  archéologique  de  Châtil- 
lon-sur-Seine,  a  été,  comme  celle  que  nous  avons  décrite  dans  la 

1.  Évang.  selon  S.  Mathieu,  xxvi,  69;  S.  Marc,  xiv,  6G  ;  S.  Luc,  xxix,  56; 
S.  Jean,  xviii,  17. 


20 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


précédente  notice,  trouvée  sur  les  terres  de  la  ferme  des  Rieppes, 
en  un  lieu  dit  La  Grand '-borne  ' . 

Elle  a  18  millimètres  d'ouverture:  elle  est  munie  d'un  appendice 
difficile  ù  définir.  Cet  appendice  a  10  millimètres  de  relief  au-des- 


sus de  la  tige,  laquelle  a  3  millimètres  de  hauteur.  On  a  peut-être 
voulu,  dans  ce  grossier  travail,  représenter  une  tète  humaine;  les 
deux  cavités  supérieures  figureraient  les  yeux',  celle  du  centre  la 
houche,  et  les  deux  saillies  latérales  de  la  mâchoire,  la  barbe  par- 
tagée en  deux  toulfes2. 

XVIII 

UAGUE  AVEC  LE  CHRISME  AU  CHATON,  TROUVÉE  A  QU1NCEROT  (YONNE)  3 


La  bague  que  je  publie  ici,  grâce  à  la  communication  qui  m'en 
a  été  faite  par  M.  Henry  Corot'*,  a  été  trouvée,  il  y  a  quelques 
années,  par  M.  l'abbé  Patrisat,  qui  en  est  resté  possesseur. 

Elle  est  en  cuivre  :  elle  a  19  millimètres  de  diamètre  intérieur; 
sa  tige  a,  près  du  chaton,  5  millimètres  de  hauteur.  Le  chaton, 

1.  Dans  le  voisinage  d'une  voie  romaine  et  à  proximité  d'un  menhir  (Lettre 
de  M.  Lorimy,  du  14  décembre  1895). 

2.  M.  Lorimy  fait  remarquer  que  celte  bague  se  rapproche  des  clefs-anneaux 
de  l'époque  romaine.  «  Mais,  ajoute-t-il,  par  sa  forme  circulaire  et  ses  ajours 
en  ogive,  elle  semble  beaucoup  plus  récente.  »  (Lettre  précitée.) 

3.  La  commune  de  Quincerot  dépend  du  canton  de  Cruzy,  arrondissement  de 
Tûiirnus. 

4  J'étais  déjà  redevable  au  savant  antiquaire  de  Savoisy  (Côte-d'Or)  de  la 
communication  des  deux  anneaux  qui  ont  fait  l'objet  des  notices  XIV  et 
XV  ci-dessus. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  21 

ménagé  à  môme  le  métal,  est  de  forme  ovale,  avec  13  millimètres 
et  demi  dans  sa  plus  grande  largeur,  et  9  dans  sa  plus  grande 
hauteur. 

A  droite  et  à  gauche,  un  trait  profond  sépare  le  chaton  d'un  fort 
bourrelet. 

On  y  voit,  gravé  en  creux,  le  chrisme,  avec  une  croix  qui  y  est 
superposée. 

XIX 

BAGUE  AVEC  DEUX   CHATONS  PORTANT,  l'un  UN  MONOGRAMME,   L'AUTRE  LE 
CHRISME,  ET  PROVENANT  DE  COUVIGNON  (aURe) 


Voici  une  bague  en  bronze,  trouvée  à  Couvignon  (Aube)1,  et 
dominée  par  M.  Soret  au  Musée  archéologique  de  Troyes. 

Comme  elle  a  été  accidentellement  déformée,  il  est  difficile  d'en 
déterminer  avec  précision  l'ouverture  :  elle  a,  dans  la  plus  grande 
largeur,  19  millimètres  1/2,  et  16  dans  la  moindre. 

Elle  est  décorée  de  deux  chatons,  pris  l'un  et  l'autre  dans  la 
masse  et  reliés  par  une  baguette  figurant,  de  chaque  côté,  un  reptile 
dont  la  tèle  touche  le  plus  grand  des  deux  chatons. 

Le  chaton  le  pluspetit  est  rond,  avecun  diamètrede  9millimètres, 
et  présente  gravé  en  creux,  le  chrisme  avec  une  croix  à  branches 
égales  qui  y  est  superposée. 

L'autre  a  la  forme  d'un  carré  long  de  13  millimètres  sur  9  de 
hauteur;  il  porte,  également  gravé  en  creux,  un  monogramme  où 
nous  trouvons  deux  N  (?),  sur  les  barres  obliques  intérieures  des- 
quels sont  posés  deux  S;  au-dessous  du  premier  il  y  a  un  V.  au-des- 
sous du  deuxième  un  G  mérovingien  renversé.  La  première  perpen- 


1.  Chef-lieu  de  commune  dans  les  canton  et  arr.  de  Bar-sur-Aube. 


22  ÉTDDE  SUR  LES  ANNEAUX 

diculairedu  premier  N  (?)  paraît  intenlionnellement  isolée  et  a  peut- 
être  la  valeur  d'un  I. 

La  présence  de  deux  S  barrés  nie  porte  à  penser  qu'il  y  a  là  un 
double  monogramme  et  un  double  cachet,  commun,  peut-être,  à 
deux  époux,  mais  dont  je  n'ai  à  proposer  aucune  explication. 


DIOCÈSE  DE  CHALON-SUR-SAONE 


XX 

ANNEAU  AVEC  LE  S  BARRÉ,  TROUVÉ  A  OULPHEY  (SAÔNE-ET-LOIRE*) 


Cet  anneau,  en  bronze,  qui  a  été  recueilli  dans  une  tombe  cou- 
verte de  dalles  brutes,  appartient  au  Musée  de  Tournus2. 

Il  a  16  millimètres  d'ouverture  entre  le  chaton  et  le  côté  opposé 
de  la  tige,  17  1/2  dans  l'autre  sens,  dimensions  qui  indiquent  que 
le  bijou  était  à  l'usage  d'une  femme  ou  jeune  fille.  Cette  tige,  qui 
a  6  millimètres  de  large  auprès  du  chaton,  va  se  rétrécissant  de 
îaçon  à  n'avoir  plus  qu'un  millimètre.  Elle  est  ornée,  à  droite  et  à 
gauche  du  chaton,  d'un  cercle  avec  un  point  au  centre,  particula- 
rité qui  se  remarque  sur  les  bagues  et  sur  les  autres  bijoux  méro- 
vingiens  du  pays  burgunde. 

Le  chaton,  en  forme  de  carré  long,  pris  dans  la  masse,  a  6  mil- 
limètres de  haut  sur  8  de  large.  Il  porte,  inhabilement  gravé  en 
creux,  un  S  barré,  abréviation  de  S\(gntt?n)  ou  §\(gillum). 

1.  Oulphey  est  un  village  dépendant  de  la  commune  de  Mancey,  canton  de 
Sennecey-le-Grand,  arrondissement  de  Chalon-sur-Saône. 

2.  Lettre  de  M.  Martin,  conservateur  du  dit  Musée,  qui  m'a  adressé  les  des- 
sins de  cet  anneau  et  de  plusieurs  autres  par  moi  décrits. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE  23 

XXI 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  ATHÉE  (cÔTE-d'or)  1 


Cet  anneau  d'or  a  été  trouvé  sur  la  ligne  du  chemin  de  fer  de 
Paris  à  Dijon,  dans  la  traversée  d'une  forêt,  commune  d'Athée  :  il 
a  été  découvert  le  3  mai  1892,  par  un  ouvrier  terrassier,  dans  une 
tranchée  de  la  voie  ferrée,  à  2  mètres  de  la  surface.  Remis  par  cet 
artisan  à  sa  sœur,  le  précieux  bijou  a  été  vendu  par  celle-ci  à 
M.  Rhoné,  neveu  de  notre  confrère  M.  Alexandre  Bertrand,  qui  V* 
cédé  au  Musée  de  Saint-flcrmain. 

M.  Rhoné  m'ayant  confié  ce  bijou,  j'ai  pu  le  faire  dessiner  sous 
toutes  ses  faces. 

Il  est  en  or  jaune  très  pur  :  il  a  22  millimètres  d'ouverture  ;  sa 
tige  est  ronde  et  a  2  millimètres  1/2  d'épaisseur.  Le  chaton,  de 
forme  ronde,  qui  est  soudé  sur  cette  tige,  est  accosté,  à  droite  et  à 
gauche,  de  deux  cabochons  en  or  :  il  a  13  millimètres  1/2  de  dia- 
mètre, y  compris  une  bordure  de  grèuetis,  et  présente  un  mono- 
gramme fort  bien  composé,  où  se  distinguent  aisément,  à  gauche 
un  B,  aux  panses  duquel  sont  attachées  les  trois  barres  borizontales 
d'un  E;  au  sommet  de  deux  hastes  ou  traits  perpendiculaires  du 
monogramme,  deux  T;  un  O,  posé  sur  la  barre  oblique  intérieure 
du  N  ;  enfin,  à  l'extérieur  de  la  deuxième  haste,  les  trois  traits 
horizontaux  d'un  second  E;  ce  qui  donne  pour  l'ensemble  : 

BETTONE 

l'ablatif  du  nom  de  Betto,  ainsi  décliné,  comme  on  le  voit  sur 
d'autres  bagues  par  nous  décrites  a. 

1.  La  commune  d'Athée  dépend  du  canton  d'Auxonne,  arrondissement  de 
Dijon. 

2.  Notamment  AbLonc,  dans  le  n°  CCLXV. 


24 


ÉTUDE   SUR   LES  ANNEAUX 


Le  vocable  de  Betto  a  été  fort  usité  dans  le  haut  moyen  âge  :  i 
fut  porté  par  un  évêque  de  Gahors,  présentai!  concile  de  Bordeaux 
de  662';  par  deux  autres  personnages,  qui  souscrivirent  des 
actes  de  6 1 S  et  695 a;  et  par  de  nombreux  monnayers  de  l'époque 
mérovingienne,  qui  frappèrent  à  Reims,  Bordeaux,  Saint-Remy  de 
Provence,  Senlis,  Soissons,  Bennes,  Sion,  Meaux,  Aoste  et  dans 
d'autres  lieux  3. 

DIOCÈSE  DE  MAC  ON 


XXII 

ANNEAU  AVEC  S  BARRÉ  (?)  TROUVÉ  A  FARGES  LÈS-MÂCON  (saÔNE-ET-LOIRE)  4 


Ce  bijou,  qui  est  en  bronze,  a  été  trouvé  chez  M.  Bourdon,  proprié- 
taire à  Farges-lès-Màcon,  dans  une  tombe  de  femme,  couverte  de 
dalles  brutes,  et  où  l'on  a  recueilli  en  même  temps  une  fibule  en 
fer,  plaquée  d'or.  Il  appartient  au  Musée  de  Tournus. 

Il  a  17  millimètres  d'ouverture  entre  le  chaton  et  le  côté  opposé; 
la  tige  qui  a,  près  du  chaton,  7  millimètres  1/2  de  hauteur,  va  se 
rétrécissant  jusqu'à  n'en  avoir  que  2  :  elle  présente,  à  droite  et  à 
gauche,  quelques  ornements  très  rudimentaires.  Le  chaton,  ménagé 
à  même  le  métal,  a  la  forme  d'un  carré  allongé  en  hauteur,  de 

1.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p.  130. 

2.  Ibid.,  t.  I",  p.  210,  cl  t.  Il,  p.  427. 

3.  An.  de  Barthélémy,  Liste  des  noms  de  lieux  et  des  noms  d'hommes  inscrits 
sur  les  monnaies  mérovingiennes,  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes, 
6"  série,  t.  I. 

4.  Lettre  de  M.  Martin,  conservateur  du  dit  Musée,  du  19  juin  1892. 


DES   PREMIERS   SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


25 


7  millimètres  1/2  sur  S.  On  y  voit  deux  traits  gravés  en  travers 
l'un  de  l'autre,  et  qui  étaient  destinés  sans  doute  à  représenter  le  S 
barré,  abréviation  de  S\g[nit?n)  ou  S\(gMum). 

Il  existe,  entre  ce  bijou  et  le  précédent,  une  telle  ressemblance 
qu'il  y  a  lieu  de  supposer  que  l'un  et  l'autre  sont  sortis  du  môme 
atelier. 


XXIII 

RAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  PRÈS  DE  MÂCON  (sAÔNE-ET-LO!Re) 


Voici  un  bel  anneau  d'or,  trouvé  dans  une  localité  des  environs 
de  Màcon,  dont  le  nom  est  resté  inconnu:  il  a  été  acquis  par  la 
Commission  des  antiquités  de  la  Gôte-d'Or,  et  appartient  au  Musée 
de  Dijon  \ 

L'ouverture  de  cet  anneau,  presque  carrée,  est  de  20  millimètres 
entre  le  chaton  et  le  côté  opposé,  de  28  millimètres  dans  l'autre 
sens.  La  tige,  ronde,  a  3  millimètres  d'épaisseur  et  se  prolonge  sous 
le  chaton  qui  y  est  soudé,  en  la  forme  de  deux  pattes  terminées  en 
volutes. 

A  droite  et  à  gauche,  il  y  trois  cabochons  disposés  en  feuilles  de 
trèfle,  que  nous  retrouverons  sur  un  grand  nombre  de  nos  an- 
neaux. 

Le  chaton  affecte  une  forme  ronde,  mais  inégale  :  20  millimètres 


i.  Lettre  de  M.  d'Arbaumonl,  vice-président  de  la  Commission  des  antiquités 
de  la  Gôte-d'Or,  du  23  octobre  1891.  Le  savant  archéologue  nous  fait  connaître, 
que,  dans  le  rapport  rédigé,  au  moment  de  l'acquisition,  il  est  dit  que  «  le  bijou 
est  de  l'époque  carolingienne  et  a  servi  de  cachet  à  un  évèque  de  Màcon  ». 
Nous  n'hésitons  pas  à  penser,  d'après  la  fabrique  et  les  ornements  de  cette 
bague,  qu'elle  est  de  l'époque  mérovingienne.  Quant  à  son  attribution  à  un 
évèque  de  Màcon,  elle  est  absolument  arbitraire. 


20 


ÉTUDE  SUR   LES  ANNEAUX 


en  hauteur,  y  compris  une  bordure  perlée,  et  18  seulement  en 
largeur. 

Il  est  décoré  d'un  monogramme  compliqué,  qui  comprend  un  A, 
un  N,  un  S,  un  O  et,  de  chaque  côté,  un  E  ou  un  F,  terminé,  à  sa 
partie  inférieure,  par  un  crochet  où  l'on  peut  voir  la  boucle  d'un  B 
ou  d'un  D  cursif.  Le  S  posé  sur  la  barre  intérieure  du  N  a  sans 
doute  la  double  valeur  d'élément  composant  du  monogramme  et 
du  S  barré. 

Je  n'ai  à  proposer  aucune  explication  quelconque  du  mono- 
gramme. 

XXIV 

ANNEAU  AVEC  INTAILLE  AU  CHATON,  TROUVÉ  PRÈS  DE  MÂCON 


Cet  anneau  d'or,  trouvé  aux  environs  de  Mâcon,  est  conservé 
dans  les  vitrines  du  Musée  archéologique  de  Genève  Ml  a  été  édité 
par  M.  J.  Mayor,  conservateur  du  Musée  Fol  à  Genève2,  et  c'est 
d'après  les  dessins  de  cet  archéologue  distingué  que  je  le  reproduis 
ici,  avec  la  description  qu'il  en  adonnée. 

«  Le  diamètre  de  cet  anneau  est,  dit-il,  fort  petit  (14  millimètres 
environ),  et  il  n'a  pu  appartenir  qu'à  un  enfant.  La  tige,  en  fili- 
grane d'or  pur,  se  compose  de  plusieurs  fils  recourbés  de  diverses 
manières,  et  réunis,  à  la  partie  inférieure  du  bijou,  en  une  seule 
tige  garnie  de  trois  petits  globules;  le  chaton,  maintenu  entre  les 
deux  extrémités  les  plus  larges  de  la  tige,  est  formé  d'une  cuvette 
ovale  en  or,  longue  de  10  millimètres,  large  de  7  et  profonde  de  4, 
qui  relient  une  intaille  en  verre  bleu  foncé. 

«  Le  sujet  gravé  est  diflicile  à  déterminer;  il  comporte  deux  per- 
sonnages, le  plus  petit  debout  et  l'autre  plus  grand,  également  de- 
bout, mais  penché  sur  le  premier  et  paraissant  le  palper.  » 

1.  Cote  C,  n°  487. 

2,  Rcv.  archéolog.,  année  1593,  t.  II,  p.  104-105. 


DES    PREMIERS    SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE 


27 


M.  Mayor  s'est  demandé  si  l'on  n'aurait  pas  voulu  représenter 
ainsi  «  Prométhée  créant  l'homme  à  l'image  des  dieux.  »  Mais 
cette  hypothèse  ne  me  semble  point  motivée,  et  j'estime  qu'il  vaut 
mieux  s'abstenir  de  toute  interprétation. 

XXV 

ANNEAU  AU  SYMBOLE  DE  LA  OLOMBE,  TROUVÉ  A  CHARNAY  (sAÔNE-ET-LOIRe)  1 


Cet  anneau,  eu  argent,  a  été  découvert  dans  une  des  sépultures 
mérovingiennes  de  Charnay,  et  appartient  au  musée  de  Dijon.  11  a 
été  publié  d'abord  par  Henri  Baudot2,  puis  par  M.  Lindenschmit3. 

11  a  21  millimètres  d'ouverture;  sa  tige  est  plate  et  a  10  milli- 
mètres dans  sa  plus  grande  hauteur;  elle  est  décorée  d'un  grènetis 
ou  cordon  perlé  à  ses  deux  bords,  et  d'un  trifolium  à  droite  et  à 
gauche  du  chaton.  Ce  chaton,  soudé  sur  la  tige,  est  un  carré  de 
12  millimètres  de  côté,  orné  sur  trois  côtés  d'un  grènetis,  et,  au 
cenlrc,  d'un  oiseau,  dont  une  aile  est  éployée.  Tous  les  ornements 
sont  gravés  en  creux.  Du  côté  opposé  au  chaton,  la  bague  présente 
un  autre  chaton  très  petit,  que  M.  Baudot  a  défini  «  un  petit  bou- 
ton »,  et  qui  est  également  soudé  sur  la  baguette. 

Quant  à  l'oiseau  gravé  sur  le  chaton  principal,  il  n'y  a  pas  à 
chercher,  comme  on  l'a  fait,  à  en  déterminer  l'espèce4.  C'est  la 
figuration  maladroite  et  grossière  de  la  colombe  symbolique,  qui 

1.  Charnay  est  une  commune  dépendante  des  canton  et  arrondissement  de 
Màcon. 

2.  Mémoire  sur  les  sépultures  des  Barbares  de  l'époque  mérovingienne,  in-4, 
1860,  p.  66  et  pl.  XV,  n°  19. 

3.  Ilandbuch  der  deutschen  Alterthumskunde  (ir'  partie,  époque  mérovingienne), 
pl.  XIV,  n°  4. 

4.  «  Dans  le  chaton  gravé  en  creux,  oiseau  dont  le  gros  bec  rappelle  le  tou- 
can. »  Baudot,  ubi  supra,  p.  66. 


28 


ÉTUDE   SUR  LES  ANNEAUX 


est  représentée  sur  plusieurs  de  nos  bagues,  et  qui  est,  parmi  les 
figures  symboliques  du  Christ,  la  plus  fréquemment  employée'. 

XXVI 

autre  anneau  avec  monogramme,  provenant  de  charnay 
(saône-et-loire) 


Voici  un  anneau  de  bronze  provenant  de  Charnay,  publié  pour 
la  première  fois  par  H.  Baudot"  et  après  lui  par  M.  Lindenschmit3. 
Il  a  19  millimètres  d'ouverture;  la  tige  a  2  millimètres  1/2  de 
hauteur;  le  chaton,  pris  dans  la  masse  et  de  forme  hexagone,  a, 
au  centre,  une  hauteur  de  9  millimètres,  et.  d'un  côté  à  l'autre,  une 
largeur  de  14  millimètres;  il  est  décoré  d'un  monogramme,  où 
l'on  distingue  les  lettres  V,  N,  E,  et  un  S,  posé  sur  la  barre  oblique 
intérieure  du  N.  Cette  dernière  lettre,  d'après  la  place  qu'elle 
occupe  et  ses  dimensions,  supérieures  à  celle  des  autres  caractères, 
doit  rcprésenler  l'initiale  de  Sigmim  ;  les  trois  lettres  VNE  tonnent, 
décliné  au  génitif,  un  nom  de  femme  mentionné  par  Goldast1,  et 
d'où  sont  dérivés  d'autres  vocables  mités  au  moyen  âge,  tels  que 
Utiaca,  Unaka,  Uncca1. 

Ajoutons  que  la  faible  ouverture  de  la  bague  qui  nous  occupe 
vient  à  l'appui  de  l'attribution  à  un  personnage  féminin. 

Nous  lisons  donc  : 

S{ignum)  VNE. 

1.  Voir  plus  loin  les  n°*  XXV,  XX\II,  LXXI,  GXXIII  bis,  CXXIV,  CGLX, 
CCLXII,  CCI.XIX,  CCXCI  ctCCXCJII. 

2.  Sépultures  des  Barbares  à  .''époque  mérovingienne,  pl.  XV,  n°  21. 

3.  Handbuch  der  deutschen  Altersthumskundu,  ire  partie  (Antiq.  meroving., 
pl.  XIV,  Bg.  6). 

4.  Rer.  Alamanniear.  scriptor.,  in-fol.,  1739,  t.  II,  p.  128. 

5.  Fôrstmann,  Personennamen,  col.  1213. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


29 


XXVII 


AUTRE  BAGUE  PROVENANT  DE  CHARXAY  (SAON E -ET-LOlRE) 


Celte  bague,  recueillie  dans  une  des  nombreuses  sépultures  de 
Cbarnay,  est  conservée  au  Musée  de  Dijon.  Elle  a  été  publiée  pour 
la  première  fois  par  H.  Baudot1,  puis  par  M.  Lindenschmit 2. 

Elle  a  18  millimètres  d'ouverture;  son  chaton  représente  un 
losange,  qui  mesure  lo  millimètres  entre  l'angle  supérieur  et 
l'angle  inférieur,  et  contient  deux  plus  petits  losanges  se  touchant 
par  un  de  leurs  angles  obtus;  entre  les  deux,  il  y  a  une  double 
baguette;  sur  La  tige,  on  a  soudé  un  double  fil  d'argent,  dont  les 
extrémités  s'arrondissent  en  petites  volutes  à  droite  et  à  gauche  du 
chaton. 


Cet  anneau,  publié  successivement  par  H.  Baudot 3  et  dans 

1.  Sépultures  des  Birbares  de  l'époque  mérovingienne,  gr.  in-4°,  1860,  p.  66, 
pl.  XV,  n»  18. 

2.  Handbuch  der  deutschen  Alterthumskunde,  pl.  XIV,  fig.  3. 

:j.  Sépultures  des  Barbares  de  l'époque  mérovingienne,  p.  66,  pl.  XV,  n«  20. 


XXV11I 


AUTRE  ANNEAU  TROUVÉ  A  CHARNAY  (SAONE-ET-LOIRe) 


30 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


l'ouvrage  de  M.  Lindcnschmit  cité  plus  haut1,  appartient  au  Mu- 
sée de  Dijon. 

11  a  21  à  22  millimètres  d'ouverture;  sur  la  tige,  qui  est  mince, 
on  a  soudé  un  chaton  de  forme  ronde,  de  19  millimètres  de  dia- 
mètre, orné,  au  centre,  d'un  émail  bleu,  entouré  d'un  grènetis, 
lequel  est  lui-même  enfermé  dans  un  plus  large  cercle  cordé; 
le  bord  du  chaton  est  coupé  en  biseau. 


XXIX 

BAGUE  EN  VERRE,  TliOUVÉE  A  FISSY  (sAÔ.NE-ET-LOUU.V 


Nous  reproduisons  ici  une  bague  recueillie  dans  une  tombe  cou- 
verte de  dalles  brutes3.  Elle  fait  partie  de  la  collection  donnée  au 
Musée  de  Tournus  par  M.  Legrand  de  Mercey. 

Elle  est  en  verre  blanchâtre. 

Elle  a  14  millimètres  d'ouverture  entre  la  partie  où  est  le  chaton 
et  la  partie  opposée  de  la  tige,  15  millimètres  dans  l'autre  sens  :  ce 
faible  diamètre  indique  un  bijou  de  femme.  La  tige,  ronde  et  gros- 
sièrement venue  à  la  fonte,  a  6  millimètres  1/2  du  côté  opposé.  Elle 
est  ornée  d'un  chaton  en  verre  bleu. 

XXX 

BAGUE  AVEC  L1N1TIALE  N  AU  CHATON,  TROUVÉE  DANS  LE  DÉPARTEMENT  DE 

SAÔNE-ET -LOIRE 

Cette  bague,  en  bronze,  conservée  au  Musée  de  Tournus,  fait 

1.  Pl.  XIV,  5. 

2.  Fissy  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Lugny,  arrondissement 

de  Màcon. 

3.  On  a  recueilli,  en  outre,  dans  celte  sépulture,  une  monnaie  romain»! 
(Lettre  de  M.  Martin,  du  19  juin  1892.) 


DES   PREMIERS    SIÈCLES    DU    MOYEN  AGE 


34 


partie  d'une  collection  formée  par  M.  Legrand  de  Mcrcey,  d'objets 
recueillis  dans  la  contrée,  et  libéralement  donnée  par  lui  audit 
Musée1. 

Klle  a  17  millimètres  d'ouverture  entre  le  chaton  et  le  côté  op- 
posé, 18  dans  l'autre  sens,  ce  qui  indique  un  bijou  de  femme  ou  de 


jeune  fille.  La  tige  a,  près  du  chaton,  2  millimètres  1  /2de  hauteur, 
2  à  la  partie  opposée  de  la  tige. 

Le  chaton,  soudé  sur  la  tige,  est  un  carré  régulier  de  6  milli- 
mètres de  côté;  on  y  voit,  gravée  dans  un  cadre  tracé  au  burin,  la 
lettre  qui  est  sans  doute  l'initiale  du  nom  de  la  personne  à 
l'usage  de  laquelle  le  bijou  était  destiné. 


DIOCÈSE  D'A  VENCHES,  PUIS  DE  LAUSANNE 


XXXI 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  BEL-AIR,  CANTON  DE  VAUD  (SUISSE)  2 


Cet  anneau,  provenant  du  cimetière  de  Bel-Air,  près  Chéseaux- 
sur-Lausanne,  appartient  au  Musée  cantonal  de  Lausanne.  Il  a  été 
publié,  en  premier  lieu,  par  M.  Troyon3  et,  après  lui,  par  E.  Le 
Blant*.  Il  est  orné  d'un  chaton,  sur  lequel  est  gravé  un  chitfre,  où 

1.  Lettre  de  M.  Martin,  du  19  juin  1892. 

2.  Bel-Air  est  une  localité  voisine  de  Chéseaux-sur  Lausanne. 

3.  Description  des  tombeaux  de  Bel-Air,  1841,  p.  4  et  5,  pl.  I,  n°  29. 

4.  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  t.  I,  p.  495,  pl.  XLII,  n°  249. 


32 


ÉTUDE    SUR   LES  ANNEAUX 


Ch.  Lenormant,  à  qui  E.  Le  Blant  l'avait  communique,  a  lu  SIGV- 
DVNVS  ou  SIGDVNVS. 

Cette  interprétation  a  le  défaut  d'être  plus  compliquée  que  ne  le 
comportent  les  cléments  dont  le  monogramme  est  formé.  En  outre, 
nous  ne  connaissons  pas  d'exemple,  dans  la  période  mérovingienne, 
de  l'un  ou  l'autre  des  deux  vocables  indiqués;  en  tout  cas,  s'il  en 
existe,  ils  sont  assez  rares. 

L'explication  proposée  par  Ch.  Lenormant  est,  conséquemment, 
peu  acceptable  a  -priori,  alors  surtout  qu'une  leçon  plus  simple  et 
plus  courte,  bacée  sur  des  exemples  connus,  se  dégage  aisément  de 
l'examen  du  monogramme. 

11  y  a,  au  centre,  un  caractère  qui,  ainsi  que  l'a  bien  reconnu 
Ch.  Lenormant.  représente  à  la  fois  un  G  mérovingien  et  un  S;  un 
V  formé  par  l'angle  de  gauche  (pour  le  lecteur),  un  D  placé  à  droite  ; 
un  I  figuré  par  le  trait  oblique  intérieur  de  N  et  cette  dernière 
lettre.  En  redoublant  l'V  on  a  les  éléments  du  nom  de  GVDINVS. 

La  chronique  de  Saint-Bénigne  de  Dijon  mentionne  un  Gudi- 
nus, abbé  de  ce  célèbre  monastère  dans  le  premier  tiers  du 
viue  siècle'. 

On  pourrait  aussi,  en  redoublant  le  N,  lire  GVNDINVS,  qui  est 
également  un  nom  usité  à  l'époque  gallo-franque2. 

Ces  leçons  et  surtout  la  première  sont  incontestablement  préfé- 
rables à  celle  de  SIGVDVNVS,  qui  suppose,  sans  raison,  le  redou- 
blement du  S  et  un  triple  emploi  du  V,  que  le  graveur  aurait  pro- 
bablement fait  entrer  dans  l'inscription  si,  à  la  place  de  Gudinus, 
ihavait  voulu  y  figurer  un  nom  plus  long  et  moins  usité. 

Notons,  en  terminant,  la  présence,  dans  ce  monogramme,  de  la 
lettre  S,  coupée  obliquement  pat  un  I,  qui  serait  l'abréviation  de 
S\(gnavi)  avec  la  leçon  Gudinus,  et  de  S\{onum)  ou  S\{gillum) 
dans  l'hypothèse  du  génitif  Gudini. 

1.  Pardessus,  Diplôm.et  chart.,t.  Il,  p.  365,  note. 

2.  On  connaît  un  monnayer  nommé  Gundenus  (A.  de  Barthélémy,  Liste  de 
noms  d'hommes  inscrits  sur  les  mort,  mérov.  dans  la  Biblioth.  de  VÊc.  des  chart., 
6^  série,  t.  I),  et  un  personnage  du  \w  siècle  appelé  Gunduinus  (Charles  de 
667  et  693,  dans  Pardessus,  ubi  supra,  p.  146  et  229). 


DES    PREMIERS    SIÈCLES    1)U  MOYEN -AGE 


:33 


XXXII 


ANNEAU  AU  SYMBOLE  DE  LA  COLOMBE,  PROVENANT  DE  BEL-AIR  (SUISSE) 


Voici  une  bague  en  bronze,  recueillie  tout  près  de  la  tombe  d'un 
chef  franc1,  et  qui  appartient  au  Musée  cantonal  de  Lausanne.  Ce 
bijou  n'a  que  16  millimètres  d'ouverture,  d'où  l'on  peut  inférer 
qu'il  était  porté  par  une  femme  ou  une  jeune  fille. 

Le  chaton,  qui  est  de  forme  ronde  et  a  13  millimètres  de  dia- 
mètre, y  compris  une  bordure  en  forme  de  galerie,  est  soudé  sur  la 
tige,  et  accosté,  aux  deux  points  de  jonction  des  trois  globules  ou 
cabochons  également  soudés,  que  nous  avons  déjà  signalés  comme 
caractéristiques  de  la  fabrique  de  nos  anneaux. 

Sur  le  chaton,  est  grossièrement  gravé  en  creux  un  oiseau,  avec 
une  aile  ôployée  et  surmontée  d'une  étoile,  un  des  emblèmes  du 
Christ. 


XXXIII 

BAGUE  ORNÉE  DE  POINTS  OU  GLOBULES  DANS  LES  CERCLES,  TROUVÉE  A  BEL-AIR 

(suisse) 


La  bague  que  voici  appartient,  comme  les  deux  précédentes,  au 
Musée  cantonal  de  Lausanne. 

On  ne  peut  en  certifier  l'origine,  mais  on  croit  qu'elle  provient 

1.  D'après  les  indications  que  contient  à  ce  sujet  le  journal  des  fouilles  tenu 
par  M.  Aug.  Regamey  et  conservé  au  Musée  de  Lausanne,  où  la  bague  dont  il 
s'agit  porte  le  n°  174. 


34 


ÉTUDE   SUR    LES  ANNEAUX 


du  cimetière  gallo-franc  de  Bel-Air1.  Elle  est  coupée  dans  une 
feuille  de  cuivre,  et  a  été  fermée  par  la  soudure  d'une  de  ses  bran- 
ches sur  l'autre,  comme  l'indique  le  dessin  n°  2.  Elle  a  17  milli- 
mètres seulement  d'ouverture,  ce  qui  dénote  qu'elle  élait  destinée 
à  une  main  de  femme.  La  tige  a,  près  du  chaton,  9  millimètres  de 
hauteur,  et  en  face  du  chaton,  au  point  de  la  soudure,  5  millim.  Le 
chaton,  pris  dans  la  masse,  a  la  figure  d'un  carré  irrégulier,  de 
10  millim.  de  haut  sur  12  1/2  de  large.  11  est  couvert  d'ornements 
de  fantaisie  et  accosté  d'autres  dessins  assez  grossiers  en  forme 
d'arètes  de  poissons,  et  de  trois  points  dans  des  cercles  gravés  en 
creux,  et  disposés  en  feuilles  de  trèfle,  remplaçant  les  trois  cabo- 
chons que  nous  rencontrerons  souvent  sur  nos  anneaux. 


XXXIV 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  BEL-AIR  (SUISSE) 


Voici  un  anneau  provenant  d'une  des  tombes  du  cimetière  de 
Bel-Air  et  appartenant  comme  les  trois  précédents  au  Musée  can- 
tonal de  cette  ville,  dans  le  catalogue  duquel  il  figure  sous  le 
n°  489.  Il  a  été  publié  successivement  par  Troyon2  et  par  E.  Le 
Blant3. 

Ce  bijou  est  en  bronze;  il  a  une  ouverture  de  20  millimètres;  sa 
tige  est  une  bande  plate  de  mêlai,  qui  a,  près  du  chaton,  8  milli- 
mètres de  hauteur  et  va  en  se  rétrécissant  jusqu'à  la  partie  opposée. 

Le  chaton,  soudé  sur  la  tige,  est  un  rectangle  irrégulier,  de 
10  millimètres  de  haut  sur  11  millimètres  de  large.  Il  est  orné  d'un 
monogramme  où  Ch.  Leuormant  avait  cru  trouver  le  nom  de  Ra- 
gnerius1'.  Cette  interprétation  est  inadmissible  par  deux  raisons  : 

1.  Telle  est  l'opinion  de  M.  Morel-Fatio,  qui  a  inscrit  cet  objet  sur  le  catalogue 
du  Musée  de  Lausanne.  (Lettre  de  feu  H.  Carrart,  le  regretté  conservateur  du  dit 
Musée,  remplacé,  depuis,  par  le  savant  professeur  de  Molin). 

2.  Uescript.  des  tombeaux  de  Bel-Air,  p.  4,  pl  I,  no  49. 

3.  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  t.  I,  p.  595,  pl.  XLH,  fig.  249. 

4.  Voir  E.  Le  Blant,  Op.  cit.,  t.  I,  p.  495  ;  pl.  XLII,  n°  249. 


DES    PREMIERS  SIÈCLES   DU  MOYEN  AGE 


35 


d'abord  parce  que  le  R  qui  entre  deux  fois  dans  le  vocable  n'existe 
point  dans  notre  monogramme.  Ce  que  Cb.  Lenormant  a  pris  pour 
un  R  est  un  G  mérovingien  rétrograde  9  ;  ensuite  parce  que  le  faible 
diamètre  intérieur  du  bijou  (18  millim.)  ne  convient  guère  à  un 
anneau  d'homme  et  indique  à  priori  une  bague  de  femme. 

On  distingue  aisément,  dans  l'inscription  qui  nous  occupe,  les 
lettres  suivantes  :  au  sommet  un  A,  à  l'intérieur  duquel  il  y  a  un  V  ; 
au  centre  le  G  mérovingien  rétrograde  que  j'ai  noté  plus  haut  et 
dont  le  trait  droit  inférieur  est  intentionnellement  prolongé  pour 
faire  un  1  traversé  parle  S;  enfin  à  gauche  (du  lecteur)  un  E  rétro- 
grade. Le  tout  représente  le  nom  d'AVGISE,  génitif  d'AVGISA,  décli- 
naison féminine  d'AVGIS,  que  Fôrstemann  mentionne  comme  dé- 
rivé du  radical  germanique  AVG  '. 

Le  génitif  du  vocable  implique  naturellement  comme  sujet  le 
mot  Signum,  et  nous  avons  précisément  ici  le  S  barré  {%),  abrévia- 
tion de  ce  substantif,  qui  a  ainsi  un  double  emploi. 

En  résumé,  nous  avons,  pour  l'ensemble  du  monogramme  : 

SMgnum)  AVGISE. 
XXXV  à  XXXIX 

CINQ  BAGUES  RECUEILLIES  PRÈS  d'vVERDON,  CANTON  DE  VAUD  (SUISSE). 

Les  cinq  bagues  que  nous  allons  décrire  ont  été  recueillies  dans 
des  tombes  burgundes,  aux  environs  d'Yverdon,  et  appartiennent 
au  Musée  de  cette  ville. 

Elles  ont  été  publiées  en  1862,  par  M.  L.  Rochat 2.  Mais  comme 
elles  n'ont  été  reproduites  par  lui  que  sous  un  seul  aspect,  je  me 
suis  adressé,  pour  en  avoir  une  figuration  plus  complète,  au  savant 
conservateur  du  Musée  cantonal  de  Lausanne,  M.  le  professeur 
de  Molin,qui  m'a  adressé  d'excellents  dessins  de  quatre  d'entre  elles3. 

La  cinquième4  a  été  dessinée  par  M.  Mayor,  conservateur  du 
Musée  Fol,  à  Genève,  qui  a  bien  voulu  m'envoyer  des  renseigne- 

1.  Fersonennamen,  col.  181. 

2.  M.  de  Molin  a  succédé,  dans  ses  fonctions,  au  savant  et  regretté  professeur 
Carrart. 

3.  Ce  sont  celles  que  nous  décrivons  dans  les  n05  XXXV  à  XXXVIII. 

4.  C'est  le  n°  XXXIX  ci-dessous. 


36 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


monts  à  l'aide  desquels  j'ai  rédigé  la  notice  qui  s'y  rapporte.  Je 
prie  les  deux  savants  archéologues  d'agréer  mes  remerciements. 

1°  XXXV.          ANNEAU  AVEC  CROIX,  TROUVÉ  AU  LIEU  DIT  LES  JORDILS 

OU  JORD1TS,  PRÈS  d'yVERDON 


Cet  anneau  en  bronze,  inscrit  sous  le  n°  281  sur  le  catalogue  du 
Musée  d'Yverdon,  a  20  millimètres  d'ouverture.  La  tige  ronde  n'a 
que  2  millimètres  d'épaisseur.  Le  chaton,  de  forme  ronde,  et  soudé 
sur  la  tige,  est  accosté  de  trois  cabochons  disposés  en  feuilles  de 
trèfle  :  il  a  15  millimètres  de  diamètre  et  présente,  dans  un  cercle 
de  points,  une  croix  doublée  d'angles  à  chaque  canton. 

2°  XXXYI.  —  Anneau  avec  monogramme,  trouvé  au  lieu  dit 

LE  PRÉ  DE  LA  CURE,  PRÈS  DYVERDON 


Voici  un  anneau  en  bronze  inscrit  sur  le  catalogue  du  Musée 
d'Yverdon  sous  le  n°  279.  11  a  16  millimètres  d'ouverture,  ce  qui 
indique  qu'il  était  à  l'usage  d'une  femme;  sa  tige  plate  a  5  milli- 
mètres de  largeur;  le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  un  carré  long 
de  14  millimètres  sur  8  de  hauteur.  11  est  décoré  d'un  monogramme, 
où  l'on  distingue,  dans  la  partie  supérieure,  un  A  dont  le  sommet  a 
disparu  par  suite  de  cassure  ;  à  gauche  (du  lecteur),  un  I  ;  au  centre 
un  L,  placé  obliquement,  sur  lequel  sont  posés  un  B  cursif,  un  Gcur- 
sif  rétrograde  (?),  et  à  droite  un  F  et  peut  être  deux  E,  adossés  l'un 


DES    PREMIERS    SIÈCLES   DU   MOYEN    AGE  37 

à  l'autre  (?).  Je  n'ai  point  d'explication  à  proposer  pour  cette  ins- 
cription. 

3°   XXXXV1I.          AUTRE  ANNEAU  PROVENANT  DU  PRÉ  DE  LA  CURE 


Cet  anneau  en  or,  qui  appartient,  comme  les  deux  précédents,  au 
Musée  d'Yverdon  ',a  16  millimètres  d'ouverture,  ce  qui  marque  un 
bijou  de  femme;  sa  tige  a  une  largeur  égale  partout  de  S  milli- 
mètres et  est  ornée  d'un  filet  dans  tout  son  pourtour.  Le  chaton, 
eoudé  sur  cette  tige,  est  une  cuvette  ronde  de  lo  millimètres  de  dia- 
mètre, divisée  en  cinq  compartiments  contenant  des  verroteries  : 
un  de  ces  compartiments  est  vide. 

4°  XXXVIII.  —  AUTRE  ANNEAU  AVEC  STGNES  OU  CAR  ACTÈRES, 
TROUVÉ  AU  PRÉ  DE  LA  CURE 


Cette  bague  en  bronze,  inscrite  au  catalogue  du  Musée  d'Yverdon 
sous  n°  280,  a  20  millimètres  d'ouverture  :  la  tige  plate  a  3  milli- 
mètres de  large.  Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige,  est  un  carré  de 
8  millimèlres  de  côté,  portant  des  caractères  ou  des  figures  au  sujet 
desquels  nous  n'avons  aucune  explication  à  proposer. 

XXXIX.  —  ANNEAU  AVEC  CORNALINE  GRAVÉE,  TROUVÉ  A  ÉPENDES, 

PRÈS  D'YVERDON. 

Cet  anneau  d'or  a  été  recueilli,  comme  les  quatre  précédents, 

1.  Ce  bijou  n'a  pas  encore  de  numéro  de  classement  sur  le  catalogue  du 
Musée. 


38 


ÉTUDE    SU»    LES  ANNEAUX 


dans  une  tombe  burgunde,  mais  on  ignore  si  cette  tombe  était  celle 
d'un  homme  ou  celle  d'une  femme1. 

Il  a  une  ouverture  de  18  millimètres  mesurée  entre  le  chaton 
et  le  côté  opposé  de  la  tige  ;  19  millimètres  dans  l'autre  sens. 

Le  cha  ton  soudé  sur  la  tige,  est  de  forme  presque  ronde,  avec 


20  millimètres  dans  sa  plus  grande  hauteur  et  21  dans  sa  plus 
grande  largeur.  11  est  accosté,  au  point  de  réunion  avec  la  tige,  de 
trois  globules  ou  cabochons  du  métal,  également  soudés  et  disposés 
en  feuilles  de  trèfle. 

Dans  la  cuvette  de  métal  est  enchâssée  une  cornaline  rouge,  sur 
laquelle  sont  gravées  assez  grossièrement  deux  ligu  res  représentant 
la  Fortune  et  une  Victoire  de  profil  ailée,  dont  le  bras  levé  tient  une 
cou  ronne. 

XXXlXiiç 

ANNEAU  AVEC  l'iNSCHIPTION  VIVAS  DIV  M(ifli),  TROUVÉE  A  COURTILLES, 
CANTON  DE  VAUD  (SUISSE) 2 


Cet  anneau  en  or  lin  a  été  découvert  au  mois  de  décembre  1896, 
durant  les  travaux  de  rectification  de  la  rivière  la  Broyé.  M.  le 
docteur  Brière,  de  Genève,  à  qui  je  dois  la  communication  de  ce 
très  intéressant  bijou,  m'a  fait  connaître  qu'il  n'était  accompagné 
d'aucun  autre  objet  ni  d'ossements5. 

1.  M.  Mayor  pense  toutefois  que  c'était  une  sépulture  masculine. 

2.  CourUlles  est  un  village  situé  près  de  Lucens. 

3.  Lettre  du  8  janvier  1897.  Je  ne  saurais  assez  remercier  le  savant  docteur, 


DES   PREMIERS  SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE 


39 


Il  pèse  7  grammes  :  il  a  18  millimètres  seulement  d'ouverture, 
ce  qui  donne  lieu  de  supposer  que  le  bijou  était  à  l'usage  d'une 
femme.  La  partie  antérieure  de  l'anneau  formant  un  chaton  pris 
dans  la  masse,  mesure  1 1  à  12  millimètres  en  hauteur  et  en  lar- 
geur. 

La  tige  mesure,  près  du  chaton,  une  hauteur  de  10  millimètres 
qui  va  en  diminuant  jusqu'à  n'avoir  plus  que  4  millimètres  du 
côte  opposé.  Elle  est  décorée  d'ornements  gravés  en  creux,  où 
M.  le  docteur  Brière  trouve  une  réminiscence  de  l'ornementation 
d'objets  lacustres  et  parmi  lesquels  je  remarque,  à  droite  et  à 
gauche  du  chaton,  une  croix  de  Saint-André  et  trois  annelets  avec 
un  point  au  centre,  qui  se  rencontrent  fréquemment,  ainsi  que  je 
l'ai  noté2,  sur  les  objeis  provenant  des  sépultures  burgundes. 

L'intérêt  capital  du  petit  monument  dont  je  m'occupe,  réside 
dans  l'exclamation  inscrite  sur  le  chaton,  en  deux  lignes,  séparées 
par  un  bandeau  rayé  obliquement,  sans  doute  pour  figurer  une 
torsade  : 

VIVAS  -  DIV  M 

La  formule  Vivas  ou  Vivat,  se  rencontre  fréquemment a. 

Il  y  a  au  Musée  provincial  de  Trêves,  une  bague,  dont  le  chalon 
porte  ces  mots  :  Vivas  mi{hi)  pia  Opptata*. 

Nous  avons  en  outre,  sur  deux  anneaux,  dont  l'un  est  reproduit 
plus  bas8,  des  exemples  de  l'acclamation  Vivas  diu  mi(hï)  «  Vis 
longtemps  étant  à  moi  »;  et,  dans  les  deux  cas,  mihi  n'est  repré- 
senté que  par  les  initiales  mi.  Il  est  tout  naturel  de  considérer  le 
m  final  de  l'inscription  qui  nous  occupe,  comme  étant  aussi  l'ini- 
tiale du  même  mot6. 

Il  faut  donc  lire  ainsi  cette  inscription  : 

VIVAS  DIV  M(tAt). 

qui  s'est  spécialement  occupé  d'objets  provenant  de  cités  lacustres  et  dont  il 
possède  une  collection  importante. 

1.  Lettre  précitée. 

2.  Voir  ci-dessus  les  nos  XX  et  X.XI1. 

3.  Voir  ci-dessus  n°  I,  p.  4,  note  3. 

4.  Voir  LXXII  ter. 

5.  LXXII  1  bis. 

6.  On  pourrait  être  tenté  de  regarder  le  m  final  comme  l'initiale  de  mecum  dans 
l'acclamation  Mecum  vivas,  qu'on  lit  sur  deux  anneaux  (voir  plus  bas  le 
n°  CCLXVI).  Mais  cette  lettre  n'accompagne  pas  là,  comme  dans  la  présente 


40 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


DIOCÈSE  DE  MARTIGNI,  PUIS  DE  SI  ON  EN  VALAIS 

XXXIX  '» 

ANNEAU  DE  GïïAlFARIUS,  AVEC  l'aCCLAMATION  Utere  fellX,  TROUVÉ  A 
GÉRONDE  (SUISSE)  ' 


L'anneau  d'or  qui  figure  en  tête  de  cette  notice  et  qui  appartient 
au  Musée  de.  Zurich,  a  été  publié  pour  la  première  fois,  en  1893,  par 
M.  E.  Kyli2.  Mon  savant  et  regretté  confrère  E.  Le  Blant3  en  a  re- 
produit, depuis,  la  légende  circulaire,  dont  voici  les  termes  : 

+  GRAIFtftIVS  VTERE  FELX 

(Graifarius  utere  felix). 

C'est  un  bijou  du  vic  ou  du  vu6  siècle,  recueilli  dans  une  sépul- 
ture franque  *. 

Je  n'ai  pas  rencontré  jusqu'ici  d'autre  exemple  de  l'acclamation 
Utere  felix  sur  les  anneaux  de  la  période  envisagée  dans  le  présent 
travail. 

espèce,  l'adverbe  diu;  et  par  suite  le  rapprochement  serait  bien  moins  jus- 
tifié. 

1.  Géronde  est  un  village  situé  près  de  Siders,  canton  du  Valais. 

2.  Anzeiger  fur  Schweizcrische  Alterthumskun.de,  1893,  n°  4. 

3.  750  inscriptions  de  pierres  gravées  inédites  ou  peu  connues,  n°  336  :  dans  les 
Mém.  de  VAcad.  des  inscript,  et  belles-lett. ,  t.  XXXI,  l'e  partie,  p.  129.  Paris, 
189Ô. 

4.  E.  Le  Blant,  ubi  supra. 


DEUXIÈME  LYONNAISE 


DIOCÈSE  DE  ROUEN 
XL 

A  NP<  EAU-CACHET  DE  DOMMTA,  TROUVÉ  PRÈS  DE  ROUEN 


Voici  un  bel  anneau  d'or,  trouvé  dans  le  lit  de  la  Seine,  près  de 
Rouen,  et  que  M.  Feuardent,  qui  en  avait  fait  l'acquisition,  m'a  cédé 
en  1885;  il  est  formé  de  deux  cercles  concentriques,  dont  l'un, 
ce!ui  de  l'intérieur,  est  en  or  fauve;  le  cercle  extérieur,  qui  est 
soudé  sur  le  premier  et  le  laisse  en  certains  endroits  à  découvert, 
est  d'or  jaune  et  décoré  d'un  pointillé  régulier,  habilement  fait  au 
repoussé.  Trois  lignes  de  points  sont,  à  partir  du  milieu  de  la  bague, 
accostées,  à  faibles  intervalles,  de  groupes  de  points,  disposés  en 
feuilles  de  trèfle,  et  plus  près  du  chaton,  de  deux  lignes  extérieures, 
s'écartant  du  centre  pour  former  chacune  une  volute  également  en 
pointillé.  Du  côté  opposé  au  chaton,  il  y  a  une  rondelle  de  6  mil- 
limètres, formant  un  deuxième  petit  chaton  et  sur  laquelle  est 
gravé  un  hippocampe. 

Au  centre  du  chaton,  se  détachent,  du  milieu  du  pointillé,  deux 
ovales,  à  surface  unie,  séparés  par  deux  points,  et  ayant  chacun 
6  millimètres  dans  leur  plus  grande  hauteur  sur  une  largeur  de 
10  millimètres. 

Sur  chaque  ovale  sont  gravées,  dans  le  sens  rétrograde,  trois 
lettres,  et  les  six  lettres  réunies  forment  le  nom  de 

DOMMIA 

Nous  n'avons  aucun  exemple  de  l'emploi  de  ce  vocable,  que  nous 

3* 


42 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


puissions  produire  ici.  Mais  il  y  aune  sainte,  dont  le  nom  Dommn 
est  presque  identique  à  celui  de  la  matrone  ou  jeune  fille,  qui  fut 
la  propriétaire  primitive  de  cet  original  et  charmant  bijou'. 

DIOCÈSE  DE  BA  YEUX 
XL1 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  ARROMANCHES  (CALVADOS)' 


La  bague  enbronze  que  nous  reproduisons  ici,  appartient,  comme 
plusieurs  des  objets  décrits  plus  loin,  au  Musée  de  la  ville  de 
Péronne,  auquel  feu  M.  Alfred  Danicourt  en  a  fait  don.  Elle  a  été 
découverte  dans  le  cimetière  d'Arromancbes.  Ile  a  19  à  20  milli- 
mètres d'ouverture,  et  2  millimètres  d  épaisseur  au  pourtour,  dans 
la  partie  opposée  au  chaton. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  ménagé  à  même  le  métal,  a  12  milli- 
mètres de  diamètre;  il  porte  un  monogramme,  d'un  travail  grossier, 
où  l'on  voit  d'abord  les  lettres  A,  V  et  R;puis,  en  revenant  au  point 
de  départ,  l'on  trouve  un  E  formé  par  le  premier  jambage  de  l'A, 
et  deux  petits  trait  horizontaux,  dont  l'un  a  déjà  servi  à  barrer  cette 
lettre  ;  enfin  le  re  loublement  de  l'A,  ce  qui  nous  donne,  pour  l'en- 
semble du  monogramme  : 

AVREA- 

Ce  nom,  qui  fut  d'un  usage  fréquent  au  moyen  âge  et  aété  traduit 
en  français,  tantôt  par  celui  d'Aure,  tantôt  par  celui  d'Aurée,  a  élé 
illustré  par  de  saintes  femmes;  et,  pour  ne  citer  que  celles  qui  ap- 
partiennent ànolre  pays  etvécurent  dans  la  période  gallo  franque, 

1.  Bolland.,  Acla.  SS.,  mens,  oclobr.,  t.  Vr,  auctar,  Sa  (2a,  p.  105.)  Il  y  a 
eu  aussi  deux  saintes  appelées  Donna  (Bolland  ,  mens.  jun.,l.  I,  p.  ICO;  Surins, 
Vit.  SS.,  t.  XII,  p.  331).  L'une  était  parmi  les  martyrs  lyonnais  compagnons  de 
saint  Pôthin  (an  177);  l'autre  était  de  NicomeMie  (au 303). 

2.  Arromanches  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Ryos,  arrondis- 
sement de  Bayeux. 


DES    PREMIERS    SIECLES   DU    MOYEN  AGE 


nous  mentionnerons  deux  saintes  ainsi  appelées  et  qui  moururent 
abbcsses,  l'une,  d'un  monastère  de  Paris  vers  l'an  666 et  l  autre, 
d'une  maison  religieuse  d'Amiens  vers  78D\ 

DIOCÈSE  DE  L1SIEUX 
XL1I 


BAC(*£  AVEC  CROIX  AU  CHATON,  TROUVÉE  A  LISIEUX  (eURe) 


Voici  une  autre  bague,  que  je  reproduis  d'après  dbà  dessins  exé- 
cutés par  M.  Doconard.  conservateur  du  Musée  de  Lisicux  dans  les 
vitrines  duquel  elle  se  trouve. 

Cet  objet,  recueilli  en  1876,  pendant  les  fouilles  opérées  au  nou- 
veau séminaire  de  Lisieux,  est  en  bronze.  L'état  de  la  tige,  cassée 
et  déformée  en  plusieurs  endroits,  ne  permet  pas  d'en  indiquer 
exactement  l'ouverture,  qui  paraît  avoir  été  assez  considérable 
pour  qu'il  convienne  de  voir  là  un  bijou  à  l'usage  d'un  homme.  La 
largeur  de  cette  tige  est,  auprès  du  chaton,  de  8  millimètres,  de 
2  seulement  du  côté  opposé.  Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal, 
affecte  la  forme  d'un  parallélogramme  de  10  millimètres  de  largeur 
sur  8  de  hauteur.  Dans  un  double  cadre  tracé  au  burin,  est  gra- 
vée une  croix  grecque  potencée:  de  chacun  des  quatre  angles  du 
cadre,  part  une  pointe  dirigée  vers  le  centre  de  la  croix. 

1.  Bolland.,  ActaSS.,  mens,  octobr.,  t.  II,  p.  472. 

2.  Corblet,  Hngiogr.,  t.  I,  p.  225.  Nous  ajouterons  aux  deux  personnages  pré- 
cités deux  autres  saintes  nommées  Aurea,  et  mortes,  l'une  à  Ostie  vers  269 
l'autre  à  Gordoue  vers  856  (Bolland.,  Acta  SS.  mens,  august.,  t.  IV,  p.  755,  et 
mens,  jul.,  t:  IV,  p.  651). 


TROISIÈME  LYONNAISE 


DIOCESE  DE  TOURS 
XLIII 

ANNEAU  CACHET  DE  LEUBACIUS,  TUOliVÉ  DANS  l'aNCIENNE  PROVINCE  DE 

TO  L'HAINE 


Cet  anneau  d'argent,  recueilli  en  Touraine,  il  y  a  déjà  longtemps, 
et  acquis  alors  par  M.  Cartier,  archéologue  distingué,  est  actuelle- 
ment dans  le  Trésor  de  la  cathédrale  de  Tours.  M.  Corroyer,  ins- 
pecteur général  des  édifices  diocésains  et  membre  de  l'Académie 
des  Beaux-Arts,  en  a  fait  exécuter  et  m'a  obligeamment  remis  des 
moulages,  à  l'aide  desquels  nous  le  reproduisons  en  tète  de  la  pré- 
sente notice'. 

Cette  bague,  qui  est  mi-partie  curviligne,  mi-partie  polygonale, 
a  19  millimètres  d'ouverture  entre  les  deux  chatons  ménagés  à 
môme  le  métal,  ct2l  millimètres  dans  l'autre  sens.  Sa  hauteur  est 
de  10  millimètres  à  droite  et  à  gauche  du  chaton  principal,  de  8 
seulement  du  côté  opposé.  La  tige  est  décorée  d'ornements  gravés 
en  creux,  qui  représentent  deux  animaux  rampants. 

\.  Il  en  existe  des  dessins  défectueux  dans  un  recueil  d'épreuves  de  Çon- 
brouse  (pl.  XLI,  fig.  1  et  2),  conservé  au  Cabinet  des  médailles  de  la  Biblio- 
thèque nationale  :  cest  d'après  ces  dessins  que  E.  Le  Blant  a  fait  figurer  ie 
bijou  dont  il  s'agit  dans  son  recueil  des  Inscript,  chrét  ,  tome  II,  planche  XC, 
fig.  538.  Voir  aussi  le  même  volume,  p.  561,  n°  672  A. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU    MOYEN  AGE 


45 


Le  plus  important  des  deux  chatons,  celui  qui  occupe  la  partie 
la  plus  apparente  du  bijou,  est  un  parallélogramme  de  15  milli- 
mètres de  long  sur  10  de  haut,  divisé  en  deux  parallélogrammes 
superposés  et  encadrés  par  unirait  au  burin.  Il  contient,  en  deux 
lignes,  le  nom  du  propriétaire  de  l'anneau  : 

LEVBA-CIVS 

Le  deuxième  chaton,  beaucoup  plus  petit  que  le  premier,  mé- 
nage dans  la  partie  opposée  à  celui-ci,  présente  des  caractères  mo- 
nogrammatiques  où  on  a  lu,  avec  raison,  les  trois  mots  suivants  : 

IN  DE!  NOMINE 

formule  d'invocation  qui  se  rencontre  fréquemment  dans  les  sous- 
criptions d'actes  de  la  période  mérovingienne'  et  sur  quelques  mo- 
numents de  le  môme  époque3.  Elle  est  aussi  gravée  sur  plusieurs 
de  nos  anneaux. 

Convient-il  d'identifier  le  propriétaire  de  la  bague  qui  nous 
ocuipe  avec  un  Leobaiius  qui,  d'après  le  témoignage  de  Grégoire 
de  Tours,  fut  le  premier  abbé  d'un  monastère,  fondé,  au  vie  siècle, 
dans  un  endroit  de  la  Touraine  appelé  Senaparial 

En  général,  nous  sommes  peu  disposé  à  faire  ou  à  admettre  des 
rapprochements  de  ce  genre.  Le  même  vocable  ayant  été  souvent 
porté  par  plusieurs  et  même  par  de  nombreux  personnages  con- 
temporains, il  n'est  point  rationnel,  suivant  nous,  de  conclure  de 
l'identité  des  noms  à  l'identité  des  personnes  :  mais,  nous  ne  pou- 
vons méconnaître  les  motifs  particuliers  qui  l'autorisent  dans  l'es- 
pèce. 

1.  Voir  Tardif,  Monum.  histor.,  cartons  des  rois,  p.  6,  8,  11,  15,18,  21,  24,2,", 
27,  28  et  passim. 

2.  Notamment  :  1°  sur  une  plaque  en  or,  à  Inquelle  sont  suspendus  un  cure- 
dents  et  un  cure-oreilles,  et  qui  porte  en  trois  lignes  l'inscription  suivante  : 

IN  ÂTn 
<7  E  MO 
L  A  N  E 

(In  Dei  nomine  Gemolane). 
Bulletin  monum.,  t.  XXI,  p.  419;  E.  Le  Uiant,  Inscr.  chrét.  de  la  Gaule,  t.  If, 
p.  73,  n°  412  A;  2°  sur  une  croix  du  Trésor  de  Guarrazar,  du  règne  du  roi 
visigolh  Reccesvinihus  (649-G72).  Voir  Ferdin.  de  Lasteyrie,  Descript.  du  trésor 
de  Guarrazar,  gr.  in-4,  Paris,  1860,  p.  10. 


ÉTUDE    SUR   LES  ANNEAUX 


Grégoire  de  Tours,  dans  son  livre  des  Vies  des  Pères,  rapporte 
que  L'abbé  Ursus,  parti  de  Caliors,  se  îvndit  de  cette  ville  dans  !e 
pays  de  Berry  :  qu'après  y  avoir  fondé  trois  monastères,  il  passa 
sur  le  territoire  de  la  Touraine,  et  s'arrêta  dans  une  localité 
qu'un  ancien  au!eu  *a  appelée  Senoparia  \  qu'il  y  bâtit  un  oratoire 
et  établit  un  monastère,  dont  il  confia  le  gouvernement  à  Leoba- 
tius1.  » 

Senaparia  est,  de  nos  jours,  Scnnevières  (Indre-et-Loire)2;  la 
maison  religieuse  fondée,  par  Ursus  a  depuis  fort  longtemps 
disparu3,  mais  son  premier  chef,  Leobatius,  est  encore  honoré 
comme  patron  du  bourg  de  Scnnevières,  sous  le  nom  de  saint  Leu- 
basse  ou  Libessc1'. 

Si  du  fait  historique  attesté  par  Grégoire  de  Tours,  on  rapproche 
cette  circonstance  que  l'anneau  de  Leubachis  a  été  trouvé  en  Tou  - 
raine;  si  l'on  observe,  en  outre,  que  l'invocation  religieuse  in  Dci 
nomme  dut  naturellement  être  beaucoup  plus  usitée  chez  les  gens 
d'église  que  parmi  les  laïcs;  qu'enfin,  la  date  approximative  de  la 
fabrication  du  bijou  s'accorde  bien  avec  celle  où  vécut  saint  Leu- 
basse,  on  est  conduit  à  regarder  comme  acceptable  la  probabilité  d'i- 
dentité entre  ce  personnage  et  le  Leubacius  de  notre  bague  sigillaire. 

1.  «  Igitur  Ursus  abba,  Cadurcinae  urbis  incola  fuit  de  quo  egressns  loco, 
Bituricum  terminum  est  ingressus  ;  fundatisque  monasteriis  apud  ïausiriacum, 
Oniam  alque  Ponliniacum,...  Turonicum  lerritorium  est  ingressus,  et  ad  locum, 
quem  Senapariam  vocitari  prisons  instituit  auctor,  accessit;  aedifîcatoque  ora- 
torio, monasterium  stabilivit  :  commissaque  Leobalio  praeposito  summa  regu- 
Iae...  »  Vitae  Patrum,  cap.  xvm,  §  1,  édit.  Guadet  et  Taranne,  t.  II,  p.  453. 
Tausiriacum  est  ïoizelay,  commune  et  canton  de  Châlillon-sur-Indrc  (Indre!; 
Onia,  Heugnes,  canton  d'Écueillé  (Indre);  on  ne  connaît  pas  l'emplacement  de 
Ponliniacum. 

2.  Sennevières,  appelé,  au  siècle  dernier,  Senevicre,  forme  correspondant 
mieux  au  vocable  latin,  est  une  commune  située  dans  les  canton  et  arrondisse- 
ment de  Loches. 

3.  On  ne  possède,  au  sujet  de  ce  monastère,  aucun  autre  renseignement  que 
celui  qui  a  été  fourni  par  Grégoire  de  Tours.  Voir  Gallia  chrisliana,  t.  XIV, 
col.  191. 

4.  Hadr.de  Valois.  N>tit.  Galliar.,  p.  573,  col.  1. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU    MOYEN  AGIS 


■'il 


DIOCÈSE  DU  MANS 
XLIV 

BAGUE  DE  LAUXOBËRGA,  TROUVÉE  A  ALLONNES  (SARTilfi) 


Coite  bague  en  cuivre  a  été  trouvée  dans  un  des  sarcophages  de 
grès  découverts,  en  1841 ,  à  Àllonnes,  près  le  Mans  '.  M.  Ch.  Drouët, 
qui  en  fit,  à  la  même  époque,  l'acquisition,  la  céda  au  Musée  ar- 
chéologique du  Mans,  dont  il  était  alors  conservateur.  Elle  a  été 
successivement  décrite  et  publiée,  en  1842,  par  M.  Drouët2;  en 
18;i5,  par  feu  M.  Hucher,  président  de  la  Société  historique  du 
Maine3;  en  1859,  par  l'abbé  Cochet1;  et  en  1865',  E.  Le  Blant5. 

L'ouverture  de  l'anneau,  mesurée  en  face  du  chaton,  est  de 
47  millimètres,  dans  l'autre  sens,  de  19  millimètres.  Le  chaton,  de 
forme  ronde,  soudé  sur  les  deux  branches  de  la  tige,  a  lo  millimètres 
(Je  diamètre,  y  compris  la  bordure  de  grènetis;  il  est  accosté,  aux 
points  de  jonction  avec  la  tige,  de  trois  cabochons  en  cuivre,  dis- 
posés en  feuilles  de  trèfle. 

Au  centre  du  chaton  est  gravée  une  croix  à  branches  égales,  sur- 
montée d'un  arc  bordé,  dans  sa  convexité,  de  petits  rayons0,  et 
cantonnée  de  quatre  points,  aveedeux  traits  verticaux  surmontant 
l'extrémité  de  ses  branches.  Autour  de  la  croix,  une  inscription  que 
tous  les  éditeurs  ont  ainsi  reproduite  :  +  CA/NOBER^A,  avec  un 
C  carré,  ce  qui  donnerait  la  leçon  Cawwrberga1.  Les  bonnes  em- 

1.  Allonnes  est  un  chef-lieu  de  commune  dans  le  canton  du  Mans. 

1.  Notice  sur  la  découverte  de  tombeaux  ou  sarcovhages  en  pierre  à  Allonnes. 

3.  Bulletin  monumental,  t.  XVIII,  p.  309;  Sigillographie  du  Maine,  p.  8. 

't.  Tombeau  de  Childërie  1",  p.  378. 

5.  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  t.  II,  p.  557,  n°  669  A. 

tt.  Les  précédents  éditeurs  ont  vu  et  fait  dessiner,  autour  de  la  croix,  un 
cercle  de  grènetis  qui  n'exibte  pas  :  il  y  a  simplement  un  arc  avec  rayons,  tel 
que  nous  le  reproduisons. 

7.  Et  non  la  leçon  Launoberga,  que  ces  auteurs  ont  cependant  adoptée.  Sur 


48  ÉTUD£    SUR    LES  ANNEAUX 

prcintos  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Hucher,  et  d'après  lesquelles 
j'ai  fait  figurer  le  bijou  en  tête  de  la  présente  notice,  m'ont  fourni 
la  leçon  et  les  caractères  suivants  : 

+  LAMOBERTA  {Launoberga)\ 

nom  composé  de  deux  radicaux  germaniques  fréquemment  em- 
ployés dans  l'onomastique  gallo-franque5. 

Quant  aux  marques  gravées  au  centre  du  chaton,  et  dont  E.  Le 
Blant  a  déclaré  ne  pouvoir  indiqtier  la  valeur  ni  le  sens,  M.  Hucher 
et,  après  lui,  l'abbé  Cochet  y  ont  vu,  avec  raison,  une  croix  égale 
cantonnée  de  points.  Mais  ils  se  sont  abstenus  de  toute  explication 
relativement  aux  deux  traits  posés  aux  extrémités  des  bras  de  la 
croix. 

Pour  nous  rendre  compte  de  la  signification  de  ces  deux  appen- 
dices, nous  avons  pensé  qu'il  convenait  de  rapprocher  le  chaton  de 
notre  bague  des  monnaies  contemporaines  frappées  dans  le  Maine, 
c'est-à-dire  dans  le  pays  môme  où  ce  petit  monument  a  été  trouvé. 
Ce  rapprochement  nous  a  conduit  à  des  constatations  intéressantes. 

On  remarque,  en  eifet,  dans  la  plupart  des  monnaies  mérovin- 
giennes du  Maine  : 

1°  La  croix  égale  ou  croix  grecque,  cantonnée  de  quatre  points  5, 
comme  celle  de  l'anneau  d'Allonncs,  ou  de  quatre  étoiles  *,  ou  bien 
de  deux  points  et  de  deux  croix 5  ; 

2°  La  croix  égale,  ancrée,  avec  croiseltcs  aux  3e  et  4e  cantons, 
et  deux  traits  verticaux  supi'oktés  par  les  branches  de  la  croix*; 

3°  La  croix  égale.,  avec  un  clou  aux  1er  et  2e  cantons,  et  deux 
traits  verticaux  appilndus  aux  branches  de  la  croix1  ; 

les  planches  de  l'ouvrage  d'E.  Le  Dlant  (XG,  535),  l'initiale  serait  un  L,  suivi 
d'un  I  placé  horizontalement  au  sommet  de  la  haste  de  cette  letlre. 

t.  La  partie  supérieure  de  la  barre  perpendiculaire  du  L  initial  a  disparu  par 
suite  d'un  accident  ou  de  la  dégradation  en  cet  endroit  de  la  gravure  de  l'an- 
neau ;  mais  la  présence  de  cette  lettre  ne  me  paraît  pas  douteuse. 

2.  Laun  (d'où  Launus,  Launo),  et  Birg,  Berg  (d'où  Berga).  Voir  Forsiemann, 
Personennamen,  p.  262-263  et  840-841. 

3.  Voir  d'Amécourt,  Rechercha  des  monnaies  mérovingiennes  du  Cenomannicum, 
pages  58,  59,  112,  113,  142,  166,  169,  180,  184,  187,  188,  195,  223  et  254. 

4.  Ibid.,  p.  154  et  316. 

5.  Ibid.,  p.  37,  55,  55,  90,  99,  101, 126, 159,  160,  165,  171  et  247. 

6.  Ibid.,  p.  99,  n°3  47  et  48. 

7.  Ibid.,  p.  128:  n°  69. 


DES  PREMIERS    SIÈCLKS    DU   MOYEN  AGE 


40 


4°  La  croix  égale,  cantonnée  de  quatre  points  comme  sur  le  chaton 
de  notre  bague,  et  avec  les  deux  traits  verticaux  appendus  aux  bras 
de  la  croix  l,  pareils  à  ceux  du  même  chaton. 

Cette  exacte  ressemblance,  même  dans  une  particularité  telle 
que  les  traits  verticaux  appendus  aux  bras  de  la  croix,  permet  de 
dire  que  notre  bijou  a  dû  être  fabriqué,  à  l'époque  mérovingienne, 
dans  le  pays  du  Maine  et  très  probablement  dans  la  ville  du  Mans, 
près  de  laquelle  il  a  été  trouvé. 

Quelle  est  la  signification  des  deux  traits  verticaux  appendus 
aux  bras  de  la  croix? 

M.  d'Amécourt,  dans  son  livre  sur  les  monnaies  du  Maine,  y  a 
vu  «  des  réminiscences  des  lettres  symboliques  alplia  et  oméga  »  3. 
Mais  nous  regardons  cette  conjecture  comme  très  contestable  ; 
nous  serions  plutôt  disposé  à  reconnaître  là  des  signes  représen- 
tatifs d'instruments  de  la  Passion  (la  lance,  les  verges  ou  le  mar- 
teau, etc.),  ainsi  qu'on  les  trouve  sur  un  si  grand  nombre  de  croix, 
dans  le  centre  et  l'ouest  de  la  France  :  la  présence  des  deux  clous 
ligurés  dans  les  coins  de  la  croix  sur  une  des  monnaies  précitées3, 
viendrait  à  l'appui  de  cette  hypothèse,  que  je  livre  à  l'appréciation 
de  mes  confrères  en  archéologie. 

XLV 

BAGUE  AVEC  LES  NOMS  DE  DR0MAC1US  ET  DE  Bl.TTA,  PROVENANT  DE 
MULSANNE  (sARTHE)  4 

Ce  bel  anneau,  recueilli,  vers  l'année  1832,  aux  environs  de 
Mulsanne,  a  d'abord  appartenu  à  feu  Eug.  Hucher,  savant  archéo- 
logue du  Mans,  et  est  entré  plus  tard  dans  la  collection  de  feu  le 
baron  Pichon,  où  j'ai  fait  exécuter  le  dessin  à  l'aide  duquel  il  est 
ici  représenté  pour  la  première  fois  d'une  manière  absolument 
exacte  et  complète. 

Il  est  en  or  fin  et  pèse  2isr,20.  Il  se  compose  d'une  tige  massive, 

1.  D'Amécourt,  ouv.  cilé,  p.  129,  n°  70. 

2.  Ibid. 

3.  M.  d'Amécourt  y  a  vu,  à  tort  suivant  nou?,  «  ries  rayons  triangulaires.  » 
Ubi  supra. 

A.  Mulsanne  est  un  chef-lieu  de  commune  du  canton  d'Écommoy,  arrondisse- 
ment du  Mans. 


50 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


sur  les  branches  de  laquelle  a  été  soudé  un  chaton  :  cette  tige,  dont 
l'ouverture  est  de  20  millimètres,  est  ornée,  à  droite  et  à  gauche 
du  chaton,  d'un  fleuron,  d'une  torsade  et  d'un  demi-cercle,  décorés 
d'un  pointillé. 

Le  chaton,  qui  a  une  hauteur  de  4  millimétrés  en  saillie  sur  la 
tige,  est  formé  d'une  plaque  quadrangujâire  de  14  millimètres  sur 
16  à  17.  Sur  la  tranche  ont  été  niellés  ces  deux  noms 

DROMACIVS  BETTA 

Sur  la  surface  de  la  plaque  sont  gravés  en  creux  deux  person- 
nages debout  :  l'un  est  un  guerrier,  dont  la  visière  du  casque  est 
rabattue  sur  le  visage  tourné  vers  le  deuxième  personnage;  sa 
main  droite  tient  une  lance;  le  bras  gauche  est  pendant  et  la  main 
est  ouverte  comme  en  signe  d'acceptation  ou  d'acquiescement. 


i^S  B  ETTAl 


Le  deuxième  personnage  est  une  femme,  dont  la  tète  nue  est  tour- 
née vers  le  premier;  sa  longue  chevelure,  rejetée  en  arrière,  re- 
tombe à  la  hauteur  du  genou;  une  tunique  sans  ceinture  la  couvre 
du  cou  jusqu'aux  pieds.  Sa  main  droite,  ouverte  et  levée  à  la  hau- 
teur du  visage  de  son  interlocuteur,  fait  un  geste  qui  paraît  être 
celu  d'uné  devineresse  énonçant  avec  emphase  sa  prédiction. 

M.  Hucher,  qui  le  premier  a  décrit  ce  curieux  monument,  y  a 
vu  «  une  scène  d'invocation  empruntée  aux  mythes  druido -égyp- 
tiens. Il  n'y  a,  ajoutc-t-il,  rien  de  romain  dans  cette  scène  ;  le 
guerrier  porte  le  vêtement  court  et  serré  à  la  taille,  à  la  manière 
des  Gaulois  ;  la  femme  offre  incontestablement  le  type  d'uue  Vel- 
léda  nationale  » 

i.  Bulletin  monumental,  t.  XVIII,  année  1852,  p.  308  ;  Sigillographie  du  Maine, 
in-8,  18Ô5,  p.  7-8;  Catalogue  de  la  collection  de  sceaux  matrices  de  M.  Eu#. 
Huclier,  in-8,  1863,  p.  1-2. 


DES   PREMIERS    SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


51 


Je  n'écarterai  pas  absolument  l'hypothèse  d'une  invocation; 
mais  celle  d'une  prédiction  me  semble  préférable,  d'autant  plus 
qu'elle  explique  d'une  manière  satisfaisante  les  gestes  des  deux 
personnages.  On  peut,  il  me  semble,  reconstituer  ainsi  la  scène 
représentée  :  le  guerrier,  ayant  rencontré  une  de  ces  nombreuses 
femmes  gauloises  qui  faisaient  profession  de  prophétiser,  celle-ci 
lui  aurait  offert  de  tirer  son  horoscope  ;  le  guerrier,  de  sa  main 
gauche  ouverte,  aurait  accepté  cette  proposition,  et  la  devineresse 
lui  aurait  prédit  l'avenir. 

Il  nous  reste  à  dire,  en  terminant,  quelques  mots  de  la  date  à 
laquelle  doit  être  rapportée  la  fabrication  de  notre  anneau.  Les 
archéologues  qui  l'ont  étudiée  sont  d'avis  de  la  placer  «  à  une 
basse  époque  1  »  ou,  en  termes  moins  vagues,  au  vc  siècle*.  L'abbé 
Cochet3  la  regarde  comme  contemporaine  de  Childéric  Ier,  qui  a 
régné  de  457  à  481. 

Cette  date  approximative  me  semble  pouvoir  être  acceptée.  Il  y 
a  lieu  de  reconnaitre,  en  effet,  dans  notre  bijou,  une  œuvre  de 
transition  entre  les  anneaux  gallo-romains  où  se  produisaient  assez 
fréquemment  des  scènes  symboliques  ou  allégoriques,  et  les  an- 
neaux gallo-francs  sur  lesquels  domine  ou  même  figure  exclusive- 
ment le  nom  du  possesseur,  en  toutes  lettres  ou  sous  forme  de 
monogramme.  De  simples  objets  do  luxe  et  d'ornement  qu'ils 
étaient  autrefois,  ces  bijoux  sont  devenus  alors  des  instrument 
de  souscription  des  épîtres  ou  des  actes  dans  lesquels  les  signa- 
taires étaient  parties  ou  témoins, 

DIOCÈSE  D'ANGERS. 
XLVI 

ANNEAU  DE  MABCONIVIA,  TROUVÉ  A  ANGERS 

Nous  reproduisons  ici  une  belle  bague  en  or,  qui  appartient  au 

1.  Le  Hlant,  Inscr.  chrét.  de  la  Gaule,  t.  II,  p.  557. 

2.  «  On  s'accorde,  dit  M.  Hucher,  à  l'attribuer  au  v°  siècle.  »  Sigillogr.  du 
Maine,  p.  7. 

3.  Le  tombeau  de  Childéric  Ier,  p.  380. 


52 


ÉTUDE  SUR    LES  AWFAUX 


Musée  archéologique  Saint-Jean  et  Toussaint  de  la  ville  d'Angers  », 
et  dont  M.  A.  Michel,  le  savant  conservateur-adjoint  du  dit  Musée, 
m'a  très  obligeamment  adressé  des  dessins  \ 

Elle  a  été  trouvée,  en  1869,  au  cours  de  fouilles  opérées  à  An- 
gers, place  du  Ralliement,  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  église 
collégiale  de  Saint-Mainbœuf. 

Ce  très  intéressant  bijou,  qui  pèse  2sr,90,  a  18  millimètres  d'ou- 
verture, 2  millim.  d'épaisseur  à  la  tige,  et  20  millim.  dans  sa  plus 
grande  hauteur.  11  est  orné  d'un  chaton,  ménagé  à  même  le  métal 
et,  divisé  en  deux  compartiments  de  forme  losangée,  superposés  et 
se  touchant  par  leurs  angles  obtus.  Ces  deux  losanges  ont  chacun 
6  millimètres  de  bauteur  sur  une  largeur  de  13  millimètres.  Aux 
deux  points  de  réunion  de  la  tige  et  de  chaque  losange,  il  y  a  trois 


globules  ou  cabochons  en  or,  disposés  en  feuilles  de  trèfle.  Des 
deux  côtés  de  l'anneau,  à  mi-hauteur,  entre  les  deux  groupes  de 
cabochons,  on  a  pratiqué  une  profonde  intaille,  destinée  à  faire 
ressortir,  par  ses  ombres,  le  relief  des  deux  losanges. 

Dans  la  partie  opposée  au  chaton  ci-dessus  décrit,  l'anneau  a  un 
renfort,  formant  un  petit  chaton  carré  long,  qui  a  4  millimètres  de 
hauteur  sur  une  largeur  de  7  millimètres  1/2,  et  où  l'on  a  gravé  le 
chrisme. 

Les  deux  losanges  du  chaton  principal  portent,  l'un  (le  supé- 
rieur) : 

MARCO  (les  lettres  MA  liées), 

et  l'aulre  : 

NMA 

c'est-à-dire,  en  deux  lignes,  le  nom  de 

MARCONIVIA 

1.  Elle  est  inscrite  au  catalogue  de  ce  Musée  sous  le  n°  121  R. 

2.  Je  suis  redevable  au  même  archéologue  des  dessins  d'anneaux  sigillaires 
décrits  dans  les  quatre  notices  qui  suivent  la  présente,  comme  aussi  des  rensei- 
gnements qui  s'y  rapportent. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU    MOYEN  AGE 


53 


Le  célèbre  testament  d'Erminétrude,  de  Tan  700,  contient  la 
mention  de  deux  femmes  appelées,  Tune  Theodonivia,  et  l'autre 
Baudonivia*. 

M.  Parrot,  qui  avait  dirigé  les  fouilles,  annonçait,  dans  une 
note  qu'il  adressa  en  1870  au  Comité  des  travaux  historiques, 
qu'elle  avait  été  recueillie,  ainsi  que  deux  autres  bijoux  en  or, 
«  avec  un  squelette  de  femme,  d'une  parfaite  conservation,  dans  un 
sarcophage  en  calcaire  coquillier,  enfoui  sous  l'emplacement  du 
chœur  de  l'ancienne  collégiale  de  Saint-Mainbœuf 2  ». 

Tout  récemment,  interrogé,  à  ma  prière,  par  M.  A.  Michel, 
M.  Parrot  a  été  moins  affirmatif.  lia  déclaré  n'avoir  pas  vu  lui-même 
le  tombeau;  mais  il  a  dit  tenir  de  la  bouche  des  terrassiers  qui 
avaient  exécuté  les  fouilles,  «  qu'il  y  avait  deux  sépultures  côte  à 
côte  »  ;  il  persistait  d'ailleurs  à  croire  que,  «  malgré  ses  dimensions 
un  peu  fortes  »,  l'anneau  était  celui  d'une  femme3. 

Le  Musée  Saint-Jean  a  reçu  de  M.  Parrot,  outre  la  bague  qui 
nous  occupe,  une  fibule  et  une  épingle  ayant  la  même  provenance; 
on  avait  aussi  découvert,  d'après  le  récit  des  ouvriers,  un  collier 
en  or  avec  croix,  un  bracelet  formé  d'un  fil  d'or  enroulé  en  spirale 
et  une  fibule,  qui  avaient  été  déjà  vendus  quand  l'éveil  fut  donné, 
et  qui  n'ont  pu  être  retrouvés*. 

La  nature  de  ces  objets  de  toilette  dénote  bien  une  sépulture  fémi- 
nine :  mais  si  deux  tombes  juxtaposées  (peut-être  celles  des  deux 
époux)  ont  été  fouillées  au  même  endroit,  il  est  difficile  de  savoir 
aujourd'hui  quelle  est  celle  d'où  provient  notre  anneau. 

Il  reste  à  examiner  une  dernière  question  sur  laquelle  des  dis- 
sentiments se  sont  produits  :  à  quelle  époque  faut-il  rapporter  la 
fabrication  de  notre  anneau? 

A  la  suite  de  la  communication  que  M.  Parrot  avait  adressée  en 
1870  au  Comité  des  travaux  historiques,  J.  Quicherat,  chargé  d'en 
rendre  compte,  fit  observer  que  ces  objets  «  s'éloignaient,  parleurs 

1.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p.  257.  Quand  j'ai  publié,  pour  la  première  fois, 
cet  anneau,  j'ai  pensé  que  les  deux  groupes  de  lettres  désignaient  deux  per- 
sonnes distinctes  (Rev.  archéolog.,  année  1889,  t.  II,  p.  1,  et  que  c'était  là  un 
anneau  de  fiançailles.  Mais,  j'ai  reconnu  depuis,  d'après  les  exemples  précités, 
que  c'était  un  seul  nom  (Rev.  archéolog.,  année  1892,  t.  I,  p.  172). 

2.  Rev.  des  Soc.  sav.,  5e  série,  t.  II,  année  1870,  p.  417-419. 

3.  Lettre  de  M.  Michel,  du  31  mars  1889. 

4.  Ibid. 

4* 


54 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


formes,  des  produits  connus  et  classés  de  L'art  mérovingien  ». 

«  Ils  sont,  ajoutait  le  savant  archéologue,  plus  lourds  et  dépour- 
vus d'incrustations  cloisonnées,  et  d'une  ormentation  tout  à  fait 
confuse.  S'ils  sont  mérovingiens,  c'est  à  la  limite  extrême  de  cette 
époque  qu'il  faut  en  placer  l'exécution,  et  je  crois  qu'on  aurait 
autant  de  raison  de  les  attribuer  au  règne  de  Pépin  ou  au  commen- 
cement de  celui  de  Charlemagne.  »  M.  Quicherat  concluait  qu'on 
devait  se  borner  à  les  rapporter  «  au  viue  siècle,  sans  préciser  s'ils 
étaient  du  commencement  ou  de  la  fin1  ». 

Nous  ne  croyons  pas  pouvoir  nous  ranger  à  cette  opinion. 

En  effet,  loin  de  s'écarter  des  produits  de  l'art  mérovingien, 
notre  bague  en  présente  les  caractères  distinctifs  : 

1°  Les  cabochons  disposés  en  feuilles  de  trèfle,  qui  se  rencontrent 
fréquemment  dans  les  anneaux  de  cette  période,  et  qui  suffiraient, 
à  nos  yeux,  pour  en  déterminer  le  classement. 

2°  La  division  du  chaton  en  deux  compartiments,  ou  en  deux 
ovales  superposés,  comme  on  les  voit  sur  plusieurs  de  nos  bagues, 
qui  sont  incontestablement  de  fabrique  mérovingienne. 

3°  L'objection  tirée  de  l'absence  d'incrustations  cloisonnées  est 
d'autant  moins  fondée,  que,  non  seulement  il  existe  beaucoup  d'an- 
neaux de  la  même  époque,  dépourvus  de  ce  genre  d'ornements, 
mais  qu'il  en  est  toujours  ou  presque  toujours  ainsi  pour  ceux  de 
ces  bijoux  qui  portent  des  inscriptions2. 

C'est  au  vne  siècle  et  au  milieu  plutôt  qu'à  la  fin,  qu'il  convient, 
suivant  nous,  de  placer  la  date  de  la  confection  de  l'anneau  de 
Marconivia. 

XL  VII 

ANNEAU  AVfcC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  ANGERS 

Cet  anneau  a  été  trouvé  dans  les  fouilles  opérées  de  1867  à  1870, 
dans  la  place  du  Ralliement  à  Angers,  et  déposé  au  Musée  de  Saint- 
Jean  et  Toussaint  par  M.  Parrot,  qui  avait  dirigé  ces  fouilles  3.  11  est 

1.  hev.  des  Soc.  sav.,  5e  série,  t.  II,  année  1870,  p.  417-419 

2.  Il  est  en  effet  très  difficile  de  concilier  la  présence  d'une  inscription  sur  le 
chaton  avec  une  ou  plusieurs  incrustations. 

3.  Lettre  de  M.  A.  Michel,  du  15  décembre  1887. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


55 


en  bronze  et  pèse  5&r,50  ;  il  a  20  millimètres  d'ouverture  ;  la  baguette 
a  une  épaisseur  de  2  à  3  millimètres.  Le  chaton,  de  forme  ronde, 
est  pris  dans  la  masse;  aux  points  de  jonction  avec  la  tige,  il  y  a 
deux  cabochons  également  ménagés  dans  le  métal,  qui  rappellent 
les  trois  cabochons  ou  globules  que  nous  avons  si  fréquemment 
renconlrés  dans  les  bagues  de  cette  époque. 


Le  chaton  est  décoré  d'un  monogramme  composé  ainsi  qu'il  suit  : 
au  centre,  M  et  A;  au-dessous,  RI  ;  au-dessus,  un  O;  à  droite  (côté 
gauche  du  lecteur),  un  S  rélrograde,  et  au  sommet  du  monogramme, 
un  E;  à  gauche  (côté  droit  du  lecteur),  une  croix. 

JNous  avons  pour  l'ensemble  : 

+  MARIOSE 

Le  nom  de  Mariosa  se  trouve  dans  le  testament  de  Saint- Yrieix, 
de  373'.  La  déclinaison  au  génitif  implique  la^présence  du  terme 
Signum  ou  Sigillum,  dont  le  S  du  monogramme  est  ici  l'initiale, 
en  même  temps  qu'il  entre  dans  la  composition  du  vocable. 

XLVIII 

ANNEAU  DE  PAUL1NA,  TROUVÉ  A  ANGERS 


Le  bijou  en  or  que  nous  faisons  figurer  ici  a  été  trouvé  vers  Fan- 

1.  «  Partenio  cum  uxore  sua  Mariosa.  »  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  Ier,  p.  139. 
11  esta  remarquer  que  le  nom  de  l'époux  de  Mariosa  est  le  même  que  celui 
d'un  évêque  de  Javouls  au  vie  siècle  (Greg\  Tur.,  Hist.  Franc.,  IV,  40),  et  d'un 
ministre  du  roi  d'Austrasie  Théodebert  1er  (Ici,,  ibid.,  III,  36). 


56 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


née  1840,  et  appartient  actuellement  à  M.  Mordret  à  Angers.  Il 
provient  d'une  sépulture  et  paraît  très  déformé.  Il  pèse  3sr,60;  il  se 
compose  :  1°  d'une  tige  martelée,  de  2  millimèt  res  de  large,  et  for- 
mant un  anneau  de  15  millimètres  d'ouverture;  2°  d'un  chaton, 
soudé  sur  cette  tige  et  représentant  un  carré  long  de  17  millimètres 
avec  une  hauteur  de  4.  On  y  lit,  accosté  à  droite  et  à  gauche  d'un 
petit  trait  vertical,  le  nom  de 

PAVLINA 

avec  deux  A  non  barrés. 

A  l'une  des  extrémités  du  chaton,  qui  débordent  l'anneau  avec 
un  renfort  de  métal,  on  remarque  un  trou  carré  de  2  centimètres 
en  tout  sens. 

Quelles  étaient  la  nature  et  la  destination  de  notre  bijou? 

M.  A.  Michel  est  disposé  à  y  voir  une  fibule;  le  trou  carré  devait, 
d'après  sa  conjecture,  recevoir  une  épingle  ou  un  ardillon  mobile1. 

Mais  il  est,  à  mes  yeux,  beaucoup  plus  vraisemblable  que  nous 
avons  là  une  bague  sigillaire.  La  tige,  quoique  déformée,  donne 
bien  l'idée  d'un  anneau  pourvu  d'un  chaton.  Quant  au  trou  percé  à 
l'une  des  extrémités  de  ce  chaton,  trou  dont  la  forme  carrée  a  sur- 
tout frappé  M.  Michel,  il  ne  faut  pas  en  exagérer  l'importance.  Il 
était  probablement  destiné  à  donner  passage  à  une  chaîne  de  sû- 
reté, ou  bien  encore  à  une  chaînette,  pareille  à  celle  que  nous 
décrirons  plus  loin  et  à  laquelle  était  suspendu  un  anneau  de 
femme8. 

XLIX 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  A  MARTIGNÉ-BR1ANT  (m AINE-ET-LOIRE)' 

Cette  bague,  qui  est  en  argeat,  a  été  trouvée  vers  1870,  avec  une 
fort  belle  plaque  de  ceinturon,  dans  un  tombeau  mis  à  découvert 
pour  creuser  ies  fondations  d'un  mur.  Elle  fait  partie  de  la  collec- 
tion particulière  de  M.  A.  Michel,  conservateur-adjoint  du  Musée 
Saint-Jean  et  Toussaint  d'Angers. 

Cet  anneau  pèse  8sr,25;  il  a  23  millimètres  d'ouverture;  le  cha- 

1.  Lettre  du  1"  juillet  1889. 

2.  Voir  ci-dessous  le  n°CXXIII. 

3.  Martigné-Briant  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Doué,  arron- 
dissement de  Saumur. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


57 


ton,  de  forme  ronde  et  de  19  millimètres  de  diamètre,  est  soudé 
sur  une  mince  tige  qui  se  prolonge  sous  le  chaton  en  une  double 
patte.  Il  était  primitivement  accosté,  aux  deux  points  de  soudure, 
de  trois  globules  ou  cabochons  en  argent,  qui  y  étaient  également 
soudés  et  disposés  en  feuille  de  trèfle.  Cet  ornement  a  disparu  du 
côté  gauche  (à  droite  du  lecteur). 

Sur  le  chaton,  on  voit  un  monogramme,  dans  lequel,  en  par- 
tant de  la  lettre  A  qui  est  à  sa  base  droite  (à  gauche  du  lecteur), 
on  reconnaît  les  caractères  suivants  :  le  M  cursif  (00)  gravé  au 
sommet;  au  bas  de  la  deuxième  perpendiculaire,  une  petite  barre 


horizonlale  dirigée  vers  l'intérieur  du  monogramme  et  qui  en  fait 
un  L;  au  sommet  de  la  même  perpendiculaire,  un  R  appendu,  et 
au-dessous  un  E;  le  T  gravé  à  la  partie  inférieure  et  centrale;  le 
V  attaché  à  la  base  de  la  première  perpendiculaire,  et  enfin  le  S 
placé  en  travers  de  la  barre  intérieure  oblique  ;  ce  qui  donne,  pour 
l'ensemble,  en  redoublant  l'emploi  du  A  : 

ALMARETVS 

ou  bien  : 

AMALRETVS- 

On  trouve,  en  l'an  680,  la  mention  d'un  personnage  appelé  Al- 
mare,  qui  a  souscrit  la  charte  de  donation  de  Nizezius  et  d'Ermin- 
trude  en  faveur  de  l'abbaye  de  Moissac1  ;  il  ne  manque  à  son  nom 
que  le  groupe  terminal  -tus,  pour  être  semblable  à  celui  à'Alma- 
relus*. 

D'un  autre  côté,  le  vocable  Amalradus,  que  nous  fournit  le  Po- 
lyptyque de  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés\  et  celui  d'Amal- 

1.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p.  185. 

2.  Il  y  a  dans  Je  testament  de  Saint-Yrieix  (Ibid.,  t  I,  p.  139)  la  mention 
d'un  Amaretus,  dans  le  nom  duquel  il  suffirait  d'introduire  un  /  pour  avoir  la 
forme  Almaretus  ou  Amalretus. 

3.  Nouvelle  édition  par  A.  Longnon,  in-8°,  1886,  p.  243.  On  sait  que  ce  docu- 


58 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


rat,  qui  est  dans  Goklast1,  sont  bien  approchants  de  la  forme 
Amalretus.  En  outre,  le  thème  Amal  est  entré  dans  La  composition 
d'un  grand  nombre  devocables  mérovingiens9.  C'est  pourquoi,  sans 
faire  un  choixdétinitif  entre  les  deux  leçons  indiquées,  nous  croyons 
devoir  exprimer  notre  préférence  en  faveur  de  la  seconde. 


XLIX  bh 

BAGUE  TROUVÉE  A  MÉRON  (MAINE-ET-LOIRE5) 


Au  cours  de  fouilles  pratiquées,  en  1897,  sur  le  territoire  de  la 
commune  de  Méron,  on  a  découvert,  dans  un  champ  appelé  le  champ 
des  Fourneaux,  l'anneau  en  bronze  que  nous  reproduisons  ici.  Il  a 
été  recueilli  dans  les  substructions  d'un  monument  de  forme 
étrange,  qui  paraît  être  d'origine  gallo-franque  el  remonter  au 
vu0  ou  au  viue  siècle1. 

M.  l'abbé  Urseau,  secrétaire  de  l'évêrhé  d'Angers,  a  publié  dans 
la  Revue  de  l'Anjou,  une  notice  où  il  a  fait  l'historique  des  dites 
fouilles  et  décrit  les  objets  en  provenant;  mais  il  n'a  consacré  à 
noire  anneau  que  quelques  lignes,  où  je  relève  cetto  particularité 
qu'il  présente  des  traces  de  dorure  5. 

Ce  bijou  ail  millimètres  d'ouverture  entre  le  chaton  et  la  partie 

ment  a  été  rédigé  à  la  fin  du  règne  de  Charlemagne  ou  au  commencement  du 
règne  de  Louis  le  Pieux. 

1.  Rer,  Alamannicar.  scriptores,  in-fol.,  1739,  t.  II,  p.  120. 

2.  Tels  que  Amal-garius,  Amal-gis,  Amal-ricus,  Amal-trudis,  etc.,  etc. 

3.  Méron  esi  une  commune  du  canton  de  Monlreuil-Bellay,  arrondissement  de 
Saumur. 

4.  «  C'est  un  travail  gallo-franc  :  œuvre  d'art  inférieur,  élevée,  au  vu0  ou 
vin'  siècle,  par  des  ouvriers  malhabiles,  qui  semblent  avoir  perdu  jusqu'au  sou- 
venir dos  anciens  procédés.  »  L'abbé  Ch.  Urseau,  Les  fouilles  archéologiques  de 
Méron  (extrait  de  la  Rev.  de  l'Anjou),  Angers,  1897  ;  p.  10.  —  Rapport  au  préfet 
de  Maine-et-Loire  par  la  Commission  chargée  de  continuer  les  fouilles  de  Meron 
et  composée  de  MM.  Cél.   Port,  A.  Michel  et  Ch.  Urseau.  Angers,  1897,  p.  7. 

5.  L'abbé  Urseau,  Les  fouilles archéol.  de  Méron,  p.  8. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


59 


opposée,  et  15  enlre  les  autres  cotés,  ce  qui  indique  bien  qu'il  était 
à  l'usage  d'une  femme. 

Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  a  la  forme  d'un  carré  de  12  milli- 
mètres de  large  sur  10  de  haut.  La  tige,  large  de  10  millimètres 
près  du  chaton,  va  se  rétrécissant  jusqu'à  4  millimètres  seulement 
du  côté  opposé. 

Sur  le  plat  du  chaton  sont  gravés,  entre  deux  rangées  de  points, 
des  caractères  où  M.  Michel  conservateur  du  Musée  Saint- Jean  et 
Toussaint  d'Angers1,  et  M.  l'abbé  Urseau*  ont  lu  PIA,  sans  tenir 
compte  d'une  entaille  qui,  partant  de  la  base  de  1*1,  a  été  considérée 
par  un  des  archéologues  qui  ont  suivi  les  fouilles  de  Méron,  comme 
formant  un  L3. 

On  ne  voit  pas,  dans  l'hypothèse  conçue  par  ce  dernier,  quel 
vocable  de  formation  acceptable  on  pourrait  obtenir  même  en  re- 
gardant le  dernier  caractère  comme  étant,  à  raison  de  la  barre  ho- 
rizontale du  sommet  de  l'A,  un  A  et  un  T  liés.  Cette  forme  de  la  lettre 
A  se  rencontre  dans  les  inscriptions  lapidaires*  et  dans  les  légendes 
de  monnaies  mérovingiennes. 

J'adopte  donc  sans  hésiter  la  lecture 

PIA 

Ce  nom,  qui  est  celui  d'une  sainte  martyre5,  fut  d'un  usage  assez 
commun  dans  le  haut  moyen  âge. 

L 

anneau  avec  monogramme,  trouvé  a  saint-pierre-du-lac 
(maine-et-loire)  8 

Cette  bague,  qui  est  en  bronze,  appartient  à  la  collection  de 
M.  Bonvous,  à  Angers1. 

1.  Lettre  du  l«r  novembre  1897. 

2.  Ubi  supra. 

3.  Lettre  précitée  de  M.  A.  Michel. 

4.  E.  Le  Blant,  Paléographie  des  inscript,  latines,  dans  Rev.  archéol.,  année 
1896,  t.  II,  p.  187,  lignes  11  et  15.  —  A.  Engel  et  Serrure,  Traité  de  numismat.  du 
moyen"  âge,  t.  I,  p.  99. 

5.  t'olland.  Acta  SS.,  mens,  jan,  t.  II,  p.  220. 

6.  Le  village  de  Saint-Pierre-du-Lac  est  situé  dans  les  commune  et  canlonde 
Beauf'ort-en-Vallée,  arrondissement  de  Beaugé. 

7.  Lettre  de  M.  A.  Michel,  du  15  décembre  1887.  Les  dessins,  qui  ont  servi  h 
la  reproduction  de  cette  bague,  sont  de  M.  Michel. 


GO 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Elle  a  20  millimètres  d'ouverture;  la  lige  a,  du  côté  du  chaton, 
4  millimètres  d'épaisseur,  et  du  côté  opposé,  2  millimètres  seule- 
ment. Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  a  la  forme  d'un  carré  long  de 
10  millimèlres  sur  8  de  hauteur;  il  est  décoré  d'un  monogramme 
comprenant,  en  partant  de  la  gauche  du  lecteur,  un  I  isolé,  puis 
un  V  formé  par  l'angle  inférieur  du  N  :  le  N  ;  un  A  non  barré  formé 


par  l'angle  supérieur  de  la  même  lettre,  et  le  S  final,  ce  qui  donne, 
pour  l'ensemble,  IVNANVS  et  avec  le  I  redoublé  IVNIANVS,  c'est-à- 
dire  un  nom  assez  usité  dans  la  période  gallo-franque,  et  qui  est 
celui  de  deux  saints  dont  l'un,  solitaire  en  Limousin,  mourut  vers 
500 et  l'autre,  abbé  de  Mairé  (Deux-Sèvres),  mourut  en  587  2. 

Le  S  posé  en  travers  de  la  harre  centrale  a,  en  outre,  la  valeur  des 
initiales  de  Signavi  et  il  faut  lire  conséquemment  : 

IVNIANVS  S\{gnavi) 


LI 

ANNEAU  d'aNTONINUS,  TROUVÉ  PRÈS  DE  CKàON  (MAYENNE)  ' 


Voici  un  bijou  en  or,  qui,  après  avoir  fait  longtemps  partie  de  la 

1.  Rolland.,  Acta  SS.,  mens,  octobr.,  t.  VII,  p.  835. 

2.  Jbid.,  mens.  aug.,t.  III,  p.  32. 

3.  Craon  est  un  chef-lieu  de  canton  dans  l'arrondissement  de  Châleau-Gon- 
tier. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  t>l 

collection  de  M.  Mordret,  à  Angers,  est  aujourd'hui  en  la  posses- 
sion de  \J.  Toutain,  qui  réside  dans  la  même  ville1. 

Il  pèse  12^,50  et  a  20  millimètres  d'ouverlure;  1  épaisseur  de  la 
baguette  est  de  2  à  3  millimètres;  le  chaton,  soudé  sur  la  tige,  est 
de  forme  ronde,  a  18  millimètres  de  diamètre,  et  est  accosté,  aux 
deux  points  de  soudure,  de  trois  globules  ou  cabochons  en  or,  dis- 
posés en  feuilles  de  trèfle,  qui  sont,  suivant  une  observation  fré- 
quemment répétée,  un  des  signes  caractéristiques  de  l'orfèvrerie 
mérovingienne. 

Au  cenlre  du  chaton  est  gravé  un  buste  habillé,  semblable  à  celui 
que  l'on  voit  sur  la  plupart  des  tiers  de  sou  d'or  de  la  première 
race.  La  tète,  de  profil,  porte,  relevé  sur  la  nuque,  un  appendice 
pareil  à  celui  qui,  à  la  même  place  sur  ers  monnaies,  représente 
l'extrémité  du  bandeau  royal. 

x\ulour  du  buste  est  inscrit  un  nom,  probablement  celui  du 
propriétaire  de  la  bague  sigillaire  : 

ANTONIN03 

Le  tout  est  dans  un  cercle  perlé,  qui  sert  de  bordure  au  chaton. 

M.  Godard-Faultrier  adressa,  en  1865,  au  Comité  des  travaux 
historiques,  une  empreinte  du  chaton,  et,  dans  la  note  qu'il  y  joi- 
gnit, il  exprima  l'opinion  que  le  bijou  appartenait  à  l'époque  mé- 
rovingienne; le  procès-verbal  de  la  délibération  du  Comité  sur  ce 
sujet  se  termine  ainsi  :  «  Examen  fait  de  cette  empreinte,  on  s'ac- 
corde à  reconnaîlre  que  M.  Godard-Faultrier  ne  s'est  pas  trompé. 
La  gravure  de  cet  anneau  semble  être  une  copie  de  quelque  camée 
antique,  exécutée  vers  le  vne  siècle  de  notre  ère2.  » 

Cette  dernière  appréciation  est  d'autant  plus  étrange,  que,  d'une 
part,  l'effigie,  d'un  dessin  grossier  et  d'un  travail  barbare,  n'offre 
rien  qui  permette  un  rapprochement  avec  les  produits  de  l'art  an- 
tique, et  qu'elle  est,  au  contraire,  un  type  assez  usité  dans  le  mon- 
nayage du  milieu  du  vue  siècle  3. 

La  terminaison  -os,  du  nom  A'Antoninos  est  là  pour  us.  A  cette 

1.  Loltre  de  M.  A.  Michel,  du  15  décembre  1887.  Les  dessins  reproduits  en 
tête  de  cette  notice  sont  l'œuvre  du  savant  antiquaire. 

2.  Rev  des  Soc.  sav.,  1865,  t.  1er,  p.  145. 

3.  On  peut  notamment  la  comparer  aux  n03  73  et  74  des  monnaies  mérovin- 
giennes du  Limousin.  Voir  notre  Description  de  ces  monnaies,  in-8°,  1853, 
p.  173  et  les  planches. 


62  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

époque  «  la  prononciation  vacille  à  ce  poinl  entre  les  lettres  o  et  //, 
que  l'on  écrit  omnevos  pour  omnibus  ai  vocabetor  pour  vocabilur1 .  » 
Cette  terminaison  se  rencontre  fréquemment  dans  les  vocables  de 
monnayeuis  de  l'époque  mérovingienne*. 

DIOCÈSE  DE  NANTES 


LU 

ANNEAU  d'oEXEOS  PROVENANT  DE  SAINT-JEAN-DE-CORCOUÉ  (LOIRE- 

inférieure) 3 


Cet  anneau  a  été  trouvé,  en  1888,  près  du  cimetière  actuel  de 
Saint-.lean-de-Corcoué  ;  il  y  a,  en  cet  endroit,  qui  porte  le  nom  de 
cimetière  ou  champ  de  Sainle-Rartegonde,  de  nombreuses  tombes  en 
calcaire  coquillier,  que  le  temps  a  désagrégées  et  que  le  soc  de  la 
ebarrue  a  brisées.  C'était  un  lieu  très  vénéré,  où  les  hauts  person- 
nages de  la  contrée  tenaient  à  avoir  leur  sépulture. 

Lors  de  la  découverte  de  la  bague  dont  il  s'agit  ici,  il  y  avait 
deux  tombeaux  juxtaposés,  distants  de  0ra,20;  ils  étaient  intacts; 
les  ossements  qu'ils  renfermaient  paraissaient  être  ceux  d'hommes 
dans  la  force  de  l'âge.  Mais  nul  autre  objet  que  notre  anneau  n'y  a 
été  recueilli. 

Tels  sont  les  renseignements  que  nous  trouvons  dans  une  note 

1.  Le  Riant,  Nouv.  rec.  des  inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  préface,  p.  xvin.  Voir 
un  exemple  semblable,  n°  CXXVIII,  ci-dessous. 

2.  Ainsi  Aegulfos,  Alafredos,  Beroaldos,  Esperios,  Gemellos,  Launoveos,  Leo- 
nardos,  Maretomos,  Niviardos,  Ricomevios,  Teodufos  et  Tottos  (Bibliotk.  de  l'École 
des  Chartes,  6e  série,  t.  Ier.  Liste  des  noms  d'hommes  sur  les  monn.  mérov.,  par 
Anal,  de  Barthélémy). 

3.  Saint-Jean-de-Corcoué  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Légé, 
arrondissement  de  Nantes. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


63 


de  M.  le  docteur  Guiborteau,  maire  de  Saint-Jean-de-Corcotié, 
possesseur  actuel  du  bijou  qui  nous  occupe,  et  principalement 
dans  plusieurs  lettres  de  M.  le  docteur  Mignen,  médecin  à  Mon- 
taigu  (Vendée)1,  qui  nous  en  a  procuré  des  dessins. 

C'est  une  bague  en  bronze,  dont  l'ouverture  est  de  18  milli- 
mètres de  diamètre.  La  tige  a  3  millimètres  do  largeur,  et  présente, 
aux  deux  points  de  réunion  avec  le  chaton,  deux  renforts  rappe- 
lant les  deux  et  plus  souvent  trois  cabochons  que  l'on  rencontre 
fréquemment,  à  cette  place,  sur  les  anneaux  de  l'époque  mérovin- 
gienne. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  est  de  forme  octogone,  et 
mesure  14  millimèlres  d'un  de  ses  angles  à  l'angle  opposé.  Dans 
un  encadrement  également  octogonal,  il  y  a  une  inscription  cir- 
culaire, et,  au  centre,  un  objet  dans  lequel  le  graveur  paraît  avoir 
voulu  représenter  un  marteau. 

Cette  inscription  se  compose  de  six  lettres,  que  nous  lisons  ainsi, 
en  commençant  par  la  gauche  (pour  le  lecleur)  du  manche  du  mar- 
teau :  un  O  quadrangulaire  (0);  puis  un  E  couché,  suivi  d'un  N, 
d'un  second  E,  d'un  second  O  quadrangulaire;  et  enfin  un  S  rétro- 
grade couché  ;  soit  pour  l'ensemble 

OENEOS 

Une  circonstance  à  noter  et  qui  est  de  nature  à  confirmer  cette 
leçon,  c'est  qu'on  l'obtient  en  commençant  indifféremment  par 
l'un  ou  l'autre  des  deux  O  de  l'inscription. 

Nous  n'avons  pas  encore  rencontré,  dans  les  listes  du  moyen  âge, 
le  nom  d'Oeneos;  mais,  comme  il  fut  porté  par  un  personnage  cé- 
lèbre de  l'antiquité1,  il  a  bien  pu  être  porté,  à  l'époque gallo-tïanqiie, 
par  le  propriétaire  d :  noire  anneau. 

Remarquons,  pour  terminer,  que  nous  avons  ici  un  second 
exemple  de  la  terminaison  en  OS  du  nominatif  de  la  deuxième 
déclinaison,  qui  devint  assez  fréquente,  aux  temps  mérovingiens, 
dans  les  inscriptions  et  les  monnaies3. 

t.  Lettres  de  M.  Mignon,  des  29  mai,  17  juillet,  20  septembre  et 6  octobre  1889. 

2.  Oineos,  roi  de  Calydon,  fut  le  père  de  Tydée  et  l'aïeul  de  Uiomède,  roi 
d'Élolie,  un  des  héros  grecs  au  siège  de  Troie. 

3.  Voir  ci-dessus  le  n°  LI  et  la  note  2  de  la  page  62. 


64  ÉTUDE  SUR  J,ES  ANNEAUX 

DIOCÈSE  DE  COIïSEUL 
LUI 

DAGUE  TROUVÉE  A  BRÉHAN   (cÔTES-DU-NORd) 4 


Cette  bague,  qui  esl  en  argent,  appartient  à  M.  du  Châtelier,  sa- 
vant archéologue  résidant  au  château  de  Kernuz,  près  Pont-FAbbé, 
qui  l'a  achetée  à  un  horloger  de  Moncontour,  lequel  ne  savait  rien 
des  circonstances  de  la  trouvaille.  La  pierre  qui  était  probable- 
ment enchâssée  dans  le  chaton  n'a  pas  été  retrouvée5. 

L'anneau  a  une  ouverture  de  20  millimètres. 

Le  chaton,  de  forme  circulaire  et  denteié,  a  5  millimètres  de 
relief  au-dessus  de  la  tige.  Celle-ci  est  ornée,  des  deux  côtés,  de 
figurines  grossièrement  gravées,  dont  la  tète  se  détache  sur  le  profil 
de  la  bague. 

Elle  a  20  millimètres  d'ouverture;  la  baguette  a  3  millimètres 
d'épaisseur,  et  est  ornée  de  fleurons  au  point  de  réunion  avec  le 
chaton. 

Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  a  i  millimètres  de  hauteur.  11  est 
de  forme  ovale,  avec  24  millimètres  dans  le  sens  longitudinal,  et 
15  dans  la  hauteur. 

Sur  le  plat  du  chaton,  l'on  voit  gravé  un  cartouche,  au-dessus  et 
au  dessous  duquel  des  traits  insignifiants  sont  tracés.  Dans  le  car- 
touche, deux  lettres  I  et  S,  qu'il  faut  lire  SI,  et  qui  sont  les  deux 
initiales  de  Signum. 

1.  Canton  de  Moncontour,  arrondissement  de  Sainl-Brieuc. 

2.  Letlre  de  M.  du  Châtelier,  du  5  juin  1890.  C'est  à  cetértidit  que  je  suis  re- 
devable des  dessins  de  noire  bague  et  des  trois  numéros  suivants. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


65 


LIV 


ANNEAU  TROUVÉ  A  M  A  ROUÉ  (cÔTES-DU-NORd) 1 


Cet  anneau  d'or  a  20  millimètres  d'ouverture.  Le  chaton,  de 
forme  ronde,  a  un-  relief  de  3  millimètres  1/2  au-dessus  de  la 
tige,  sur  laquelle  on  remarque  des  ornements.  Dans  chacune 
des  petites  perles  qui  l'entourent,  est  enchâssée  une  petite  pierre 
rouge. 

Sur  le  plat  du  chaton,  on  voit  une  profonde  excavation  circu- 
laire, au  centre  de  laquelle  il  y  a  un  vide,  qui  devait  être  garni 
d'une  pierre  ou,  plus  vraisemblablement,  d'un  émail,  car  il  n'y  a 
pas  de  dentelure  qu'on  pût  rabattre  sur  la  pierre  qui  y  aurait  été 
enchâssée. 

M.  du  Châtelier  l'a  acheté  à  un  bijoutier  de  Lamballe,  qui  lui- 
même  le  tenait  d'un  cultivateur  de  Maroué. 


BAGUE  AVEC  LES  LETTRES  SI,  TROUVÉE  A  KERITV  (FINISTÈRE)5 

L'inventeur  de  cette  bague,  en  la  portant  à  son  possesseur  actuel, 
M.  du  Châtelier,  lui  a  dit  l'avoir  recueillie  parmi  des  cendres  et  des 
pierres,  en  faisant  un  défrichement.  M.  du  Châtelier  ajoute  qu'elle 

1.  Canton  de  Lamballe,  arrondissement  de  Saint-Hrieuc. 

2.  Commune  de  Penmarcb,  canton  de  Pont-l'Abbé,  arrondissement  de  Quim- 


DIOCÈSE  DE  CORNOUAILLES 


LV 


per. 


5 


66  ÉTUDE   SUR   LES  ANNEAUX 

était  toute  noire  quand  elle  lui  a  été  remise,  et  qu'elle  avait  cer- 
tainement passé  au  feu1. 

Elle  est  en  argent;  elle  a  20  millimètres  d'ouverture;  la  baguette 
a  3  millimètres  d'épaisseur,  et  est  ornée  de  fleurons  au  point  de 
réunion  avec  le  chaton. 

Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  a  4  millimètres  de  hauteur.  11  est 


de  forme  ovale,  avec  24  millimètres  dans  le  sens  longitudinal,  et 
15  dans  la  hauteur. 

Sur  le  plat  du  chaton,  l'on  voit  gravé  un  cartouche,  au-dessus 
et  au-dessous  duquel  des  traits  insignifiants  sont  tracés.  Dans  le 
cartouche,  deux  lettres  i  et  S,  qu'il  faut  lire  SI,  et  qui  sont  les  deux 
initiales  de  Signum,  ou  bien  l'initiale  de  Signum  accompagnée  de 
celle  du  possesseur  de  l'anneau. 


LV1 

ANNEAU  TROUVÉ  A  KERLAND  (FINISTÈRE^  1 


Voici  un  autre  anneau  d'argent,  trouvé,  en  1879,  dans  un  champ, 
au  nord  du  village  de  Kerland.  La  femme  qui  l'a  porté  à  M.  du 
Châtelier,  son  possesseur  actuel,  l'avait  trouvé  au  cours  d'un  tra- 
vail de  culture  maraîchère.  La  commune  de  Penmarc'h  est  très 

1.  Lettre  du  5  juin  1S90. 

2.  Kerland  est  une  dépendance  de  la  commune  de  Penmarc'li,  canton  de 
Pont-l'Abbé,  arrondissement  de  Quimper. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


07 


riche  en  monumeni  s  de  Ions  les  temps,  depuis  l'époque  néolithique  '. 

L'ouverture  de  notre  bague  est  de  24  millimètres  ;  la  tige  a,  près 
du  chaton,  9  à  10  millimètres  de  largeur. 

Le  chaton,  de  l'orme  ronde,  a  15  millimètres  de  diamètre. 

On  y  voit,  gravée  en  creux  et  entourée  d'un  grènetis,  une  croix 
fichée  dans  une  couronne,  et  dont  les  bras  sont  doubles  et  le  som- 
met muni  d'une  croisette  :  deux  traits,  partant  du  grènetis  circu- 
laire, sont  dirigés  vers  le  deuxième  canton  de  la  croix. 

11  y  a,  à  la  hauteur  du  bras  gauche  (pour  le  lecteur),  un  R,  et  à 
droite,  un  D  oncial  ;  ces  deux  lettres  sont  assurément  les  deux  con- 
sonnes ou  les  deux  premières  consonnes  du  nom  de  la  personne 
pour  laquelle  notre  anneau-cachet  a  été  confectionné*. 

LVII 

ANNEAU  DE  SABUNUS,  AVEC  DEUX  FIGURES  ET  L'ACCLAMATION  Vivas, 
TROUVÉ  A  CARHA1X  (FINISTÈRE)  * 


Cet  anneau,  trouvé,  en  1890,  dans  le  jardin  du  couvent  des  Ur- 
sulines  de  Carhaix,  appartient  à  M.  L'abbé  Téphany,  chanoine  du 
diocèse  de  Quimper.  Il  a  été  décrit  par  M.  le  commandant  Faty, 
dans  une  notice,  insérée  au  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de 
Quimper  lé  '. 

Il  est  en  or  pur,  sans  soudure  ;  le  chaton  que,  grâce  à  une  excel- 
lente empreinte  qui  m'a  été  procurée  par  mon  savant  confrère  et 
ami  Anal,  de  Barthélémy,  j'ai  pu  faire  reproduire  exactement,  est 
pris  dans  la  masse,  et  a  la  forme  d'un  carré  long,  mesurant  7  mil- 
limètres de  haut  sur  9  de  large.  Un  buste  d'homme  et  un  buste  de 

1.  Lettre  du  M.  du  Châtelicr,  du  5  juin  1890. 

2.  Peut-être  aussi  devrait-on  donner  la  valeur  d'un  0  au  globe  sur  lequel  est 
fichée  la  croix 

3.  Carhaix  est  un  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement,  de  Chàteaulin. 

4.  Année  1892,  p.  338-34  4. 


(38  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX  DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 

femme  affrontés,  inhabilement  gravés  sur  le  plat  du  chaton,  sont 
accostés  des  deux  mots 

SABINE  —  VIVAS 

C'est  probablement  une  bague  que  la  fiancée  de  Sabinus  a  fait 
confectionner,  et  a  donnée  à  celui-ci  au  moment  des  fiançailles  ou 
du  mariage. 

Nous  avons  d'autres  exemples  de  la  formule  acclamatoire  Vivas  ; 
mais  elle  y  est  toujours  suivie  des  mots  in  Deo  ou  mecam  in  Deo, 
mihi  ou  mil  à  diu. 

Quant  au  nom  de  Sabinus,  il  a  été,  dans  le  haut  moyen  âge,  d'un 
emploi  t  rès  fréquent,  et  porté  par  de  saints  personnages,  que  l'Eglise 
honore  '. 

La  forme  de  l'anneau  et  la  décoration  du  chaton  ont  le  caractère 
romain  ;  mais,  d'autre  part,  le  travail  fort  grossier  des  deux  figures 
et  les  caractères  de  l'inscription  dénotent  une  très  basse  époque. 

1.  Nous  trouvons,  dans  les  Acla  SS.  des  Bollandistes,  les  Vies  de  cinq  évêques 
et  d'un  confesseur  (celui-ci  du  Poitou),  nommés  saints  Sabin,  aux  \»,  vie,  vne  et 
vme  siècles  (mens,  jan.,  t.  II,  p.  163;  l'ebr.,  II,  310  et  336;  jul.,  III,  189:  oct., 
VII,  65). 


QUATRIÈME  LYONNAISE 


DIOCÈSE  DE  CHARTRES 


LVIII 


IÎAGUE  AVEC  TËTli  d'aNIMAL,  TROUVÉE  A  SAIXT-BRICG  (E(JRE-Er-L01R}  1 


Cette  bàgue,  trouvée  à  Saint -Brice,  village  voisin  de  Chartres, 
est  conservée  au  Musée  de  cette  ville,  où  elle  est  cataloguée  sous 
le  n"  752. 

Elle  est  en  bronze  :  elle  a  20  millimètres  d'ouverture  mesurée 
entre  le  chaton  et  la  partie  opposée,  19  entre  les  deux  côtés.  Le 
chaton,  pris  dans  la  masse  et  de  forme  ronde,  a  13  millimètres  de 
diamètre  ;  à  droite  et  à  gauche,  sont  burinées  dans  le  métal  deux 
saillies  qui  rappellent  les  deux  globules  ou  cabochons,  qu'on  voit 
fréquemment  sur  les  anneaux  de  cette  époque. 

Sur  le  chaton  est  gravée  grossièrement  la  tête  d'un  animal  (peu!  - 
être  un  lion)  dont  l'inhabile  artisan  a  voulu  représenter  les  larges 
mâchoires  garnies  de  dents  à  découvert. 


ANNEAU  DE  RAGNETHR AMNUS ,  PROVENANT  DE  BLOIS  (lOIR-ET-CHKr) 

Cet  anneau,  conservé  au  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
nationale2,  est  d'or  pur;  il  a  été  trouvé  à  Blois,  dans  les  sables 

1.  Saint-Biice  est  dans  la  commune  de  Chartres. 

2.  Il  est  catalogué  au  Cabinet  des  médailles  sous  le  n°  7593. 


LIX 


70 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


de  la  Loire.  11  a  18  millimètres  d'ouverture  entre  le  chaton  et  le 
côté  opposé,  et  23  millimètres  dans  l'autre  sens  :  il  est  pourvu  d'un 
chaton  rond,  de  15  millimètres  de  diamètre,  avec  bordure  de  perles 
ou  globules  d'or,  lequel  est  accosté,  aux  points  de  soudure  sur  la 
baguette,  d'un  gros  cabochon.  Des  fils  d'or  sont  enroulés  autour 
de  la  tige,  dont  ils  couvrent  une  grande  partie. 


Au  centre  du  chaton  est  grossièrement  gravée  en  creux  une  tête 
barbare  de  profil,  tournée  à  gauche,  et  dont  la  chevelure  se  confond 
avec  une  barbe  longue  et  épaisse.  Autour,  une  légende,  où  les  pré- 
cédents éditeurs  ont  vu  à  tort. 


et  qui  est  en  réalité 

RAÇNETHRAMNVS  {Rdgnethramnus) 
précédé  d'une  petite  croix,  fourchue  aux  quatre  extrémités. 


BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  A  VERDES  (LOIR-ET-CHER) ~ 

La  bague  en  bronze  ici  reproduite  a  été  trouvée  à  Verdes,  dans 
un  sarcophage  en  maçonnerie,  qui  renfermai^  avec  une  boucle  et 
des  clous  en  1er,  des  débris  d'ossements  qu'on  a  jugés  être  ceux 
d'un  homme3.  Elle  appartient  à  M.  J.  Vallée,  secrétaire  de  la 

1.  Voir  Cbabouillet,  Catalog.  raisonné  des  camées  et  pierres  gravées  de  la  Biblioth. 
imp.,  p.  389.  —  L'abbé  Cochet,  Tombeau  de  Childéric  p.  378.  —  E.  LeBlanl, 
Inscrip.chrét.  de  la  Gaule,  t.  I,  p.  225,  n«  164,  pl.  XXII,  tig.  137.  —  L'abbé  Mar- 
tigny,  Des  Anneaux  chez  les  premiers  chrétiens,  p.  38. 

2.  Verdes  est  dans  le  canton  d'Ouzouer,  arrondissement  de  Mois. 

3.  Lettre  de  M.  Vallée  fils,  professeur  de  mathématiques  au  collège  de  Chàteau- 
dun  (Eure-et-Loir),  du  20  octobre  1890. 


RACNETHRAMNVS 


LX 


DBS  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


71 


mairie  de  Mont-l'Héry  (Seine-et-Oise),  qui  me  l'a  très  obligeamment 
communiquée. 

Cet  anneau  a  22  millimètres  d'ouverture  entre  le  chaton  et  le 
coté  opposé  de  la  tige,  20  seulement  dans  l'autre  sens.  La  tige  a, 
près  du  chaton,  5  millimètres  de  hauteur,  3  1/2  du  côté  opposé. 
Le  chaton,  soudé  sur  la  tige,  etde  forme  presque  ronde,  a  14  mil- 
limètres 1/2  de  hauteur  sur  13  de  large  entre  les  globules  ou  cabo- 
chons géminés  dont  il  est  accosté. 


Au  centre  du  chaton,  entre  divers  ornements  rudimentaires, 
sont  gravés  des  caractères  difficiles  à  définir,  dans  lesquels  on  peut 
distinguer  avec  quelque  probabilité  :  1°  un  E,  dont  la  barre  hori- 
zontale, partant  du  centre  de  la  haste  verticale,  se  termine  par  un 
crochet  qui  en  ferait  peut-être  L;  2°  au-dessous  de  cette  lettre  (E) 
un  C  couché,  dont  les  crochets  enserrent  la  partie  inférieure  de  la 
haste;  3°  au-dessous  du  C,  des  traits  qui  semblent  former  un  X  et 
un  I;  4°  enfin,  au-dessus  de  la  lettre  E,  un  ou  deux  caractères  mal 
tracés,  au  sujet  desquels  nous  omettrons  de  faire  aucune  suppo- 
sition. 

A  plus  forte  raison  devons-nous  nous  abstenir  de  toute  conjec- 
ture relativement  au  nom  propre  que  l'on  a  voulu  assurément 
inscrire  sur  le  chaton  de  notre  anneau. 

DIOCÈSE  D'A UXERRE 

LXI 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  SAINT-MORÉ  (YONNE)  1 

M.  l'abbé  Poulaine  a  récemment  découvert  six  sarcophages  en 

\.  La  commune  de  Saint-Moré  dépend  du  canton  de  Vézelay,  arrondissement 
d'Avallon. 


7-2 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


pierre  monolithe,  dans  le  cimetière  actuel  de  la  paroisse  de  Saint- 
Moré,  qu'il  dessert  en  môme  temps  que  celle  de  Voutenay. 

L'un  de  ces  sarcophages  que,  d'après  les  ossements  du  person- 
nage qui  y  était  inhumé,  on  suppose  èire  celui  d'une  femme,  con- 
tenait l'anneau  d'or  reproduit  ci-dessus,  ainsi  qu'une  fibule  cir- 
culaire, décorée  de  grenats  et  de  filigrane  en  or'. 

Cette  bague,  dont  la  tige  est  très  mince,  a  18  millimètres  seule- 
ment d'ouverture,  ce  qui  indique  bien  qu'elle  était  à  l'usage  d'une 
femme,  et  confirme  l'idée  suggérée  par  l'examen  des  restes  du 
squelette  \ 


Le  chaton  de  notre  anneau  et  les  trois  globules  qui  l'accostent 
à  droile  et  à  gauche  «  sont,  dit  M.  l'abbé  Poulaine,  d'un  seul  jet, 
d'un  seul  et  même  morceau;  par  conséquent  il  n'y  a  point  de  sou- 
dure5. »  Le  fait  est  d'autant  plus  important  à  noter  qu'il  est  assez 
rare;  les  globules  ou  cabochons  qui  accompagnent  le  chaton  sont 
le  plus  souvent  soudés  à  part. 

Sur  le  chaton,  de  forme  ronde,  dont  le  diamètre  est  de  19  mil- 
limètres, il  y  a,  gravé  en  creux,  un  monogramme  surmonté  d'une 
croisette,  et  qu'on  peut  déchiffrer  aisément.  On  y  voit,  tout  d'abord, 
un  m,  à  la  partie  supérieure  un  A.  puis  au  centre  un  N  et  un  D 

1.  C'est  M.  Salomon  Reinach,  le  conservateur  adjoint  du  Musée  de  Saint-Ger- 
main, qui,  a\ec  son  obligeance  ordinaire,  m'a  signalé  cet  intéressant  bijou  et 
m'en  a  adressé  un  fac-similé  d'après  le  moulage  que  possède  le  Musée.  Grâce  à 
son  intervention,  M.  l'abbé  Poulaine  m'a  autorisé  à  publier  ce  pelit  monument 
et  m'a  adressé  des  renseignements  qui  m'ont  servi  pour  la  préparation  de  mon 
travail. 

2.  Les  dents  qu'on  a  recueillies  dans  la  sépulture  sont  toutes  petites  et  du 
plus  bel  émail;  d'où  il  y  a  lieu  d'inférer  en  outre  que  le  sujet  était  jeune. 

Ajoutons  que,  dans  les  autres  sarcophages  (ils  se  touchaient),  on  a  trouvé  une 
plaque  de  ceinturon  en  fer  forgé,  plaquée  d'argent,  une  belle  intaille  sur  agate 
et  des  débris  d'épées,  tandis  que,  dans  la  tombe  qui  contenait  l'anneau,  on  n'a 
recueilli  qu'une  élégante  fibule.  (Lettre  de  M.  l'abbé  Poulaine,  du  16  février 
1894.) 

3.  Lettre  précitée. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  73 

triangulaire  {<)',  attaché  à  la  haste  du  E  final,  ensemble  le  mot  : 

MANDE 

génitif  d'un  vocable  féminin  germanique,  usité  dans  le  haut 
moyen  âge;  il  est,  notamment,  entré  dans  la  composition  du  nom  de 
Leudo-manda,([\\e  Fôrstcmann  cite  comme  mentionné  au  vie siècle  '. 
Il  est  à  peine  besoin  d'ajouter  que  le  génitif  de  Manda  implique 
ici  le  sous-entendu  de  sigmim. 

DIOCÈSE  DE  TROYES 


LXII 

ANNEAU  AVEC  C  CARRÉS  LIÉS  (?),  PROVENANT  DE  VERRIÈRES  (AUGE)  ' 


Nous  avons  là  une  bague  en  bronze,  trouvée  dans  le  cimetière 
de  Verrières  et  appartenant  au  Musée  archéologique  de  Troyes*. 

Bien  que  nous  n'ayons  que  la  moitié  de  la  tige,  on  peut  aisé- 
ment constater  qu'elle  n'avait  qu'une  faible  ouverture  (17  milli- 
mètres), laquelle  indique  que  le  bijou  était  à  l'usage  d'une  femme 
ou  même  d'une  jeune  fille.  Cette  tige,  fort  mince,  avait  2  milli- 
mètres 1/2  près  du  chaton. 

1.  Les  deux  côtés  de  gauche  du  triangle  ont  été  visiblement  gravés  de  manière 
à  servir  au  double  emploi  qu'ils  ont  dans  le  monogramme. 

2.  Personennamen,  col.  906.  Le  radical  mand  se  retrouve  dans  un  grand  nom- 
b  e  de  noms  propres  germaniques,  tels  que  Austrc-mandus,  Gari  mandus,  Wer- 
mandus,  etc.,  etc.  Ibid.,  col.  915. 

3.  Verrières  est  un  chef-lieu  de  commune,  dans  le  canton  de  Lusigny,  arron- 
dissement de  Troyes.  Les  détails  relatifs  à  cette  découverte  sont  consignés  dans 
les  Mémoires  de  la  Société  académique  de  l'Aube,  année  1853,  p.  556. 

4.  Nous  la  reproduisons,  ainsi  que  les  huit  suivantes,  d'après  les  dessins  de 
M.  L.  Leclert,  conservateur  du  Musée  archéologique  de  Troyes. 

5  * 


'4  ÉTUDE  SUR  LES  ANMEAUX 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  a  la  forme  d'un  carré  long, 
de  7  millimètres  1/2  sur  6  de  haut. 

11  porte,  gravés  en  creux,  des  ornements  en  forme  de  grecques, 
ou  peut-être  deux  C  carrés  entrelacés,  qui  seraient,  dans  ce  der- 
nier cas,  les  initiales  de  la  personne  pour  laquelle  l'anneau  avait 
été  fabriqué  :  nous  aurions  ainsi  un  exemple  de  l'emploi  de  l'ini- 
tiale du  nom  pour  la  souscription  des  actes. 

LX111 

AUTRE  ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  VERRIÈRES  (AUBE) 


Ce  bijou  en  bronze  provient  également  du  cimetière  de  Verrières. 
11  renfermait  encore,  lorsqu'il  a  été  découvert,  l'os  du  doigt  de  la 
personne  qui  le  portait.  On  y  voit  des  traces  de  dorure. 

La  tige  est  tellement  déformée,  qu'il  est  impossible  d'en  déter- 
miner exactement  l'ouverture  :  on  peut  néanmoins  constater 
qu'elle  ne  devait  guère  dépasser  18  millimètres  :  sa  hauteur  est  de 
10  millimètres  près  du  chaton,  où  elle  présente  des  ornements  en 
zigzags  grossièrement  gravés,  avec  un  trait  en  bordure. 

Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  un  carré  irrégulier,  de  10  mil- 
limètres de  haut  sur  9  de  large,  sur  lequel  on  voit,  tracés  d'une 
main  inhabile,  des  caractères  indéchiffrables,  qui  peut-être  n'ont 
aucune  signification  et  étaient  simplement  destinés  à  assurer  le 
secret  de  la  correspondance. 

LXIV 

AUTRE  ANNEAU  AVEC  CROIX  FOURCHUE,  TROUVE  A  VERRIÈRES  (AUBE) 

Voici  un  autre  anneau  en  bronze,  qui,  d'après  la  conjecture  de 
M.  L.  Leclert,  provient  peut-être,  de  même  que  les  deux  précé- 
dents, du  cimetière  de  Verrières  (Aube)  '. 

1.  Lettre  du  7  mai  1883. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  75 

La  tige  a  été  dessoudée,  et  l'on  ne  saurait  en  déterminer  l'ouver- 
ture avec  une  entière  précision;  mais  on  peut,  sans  s'écarter  beau- 
coup de  la  réalité,  lui  attribuer  18  à  19  millimètres.  Elle  a  7  milli- 
mètres de  hauteur  près  du  chaton. 


Celui-ci,  ménagé  à  même  le  métal,  et  distingué  de  la  tige  par 
des  échancrures  sur  quatre  côtés,  est  de  forme  irrégulière,  et  pré- 
sente 9  millimètres  dans  sa  plus  grande  hauteur. 

Sur  le  chaton,  est  gravée  en  creux  une  croix  fourchue  aux  quatre 
bras. 

LXV 

ANNEAU  SIGILMIRE  d'hÉVA,  TROUVÉ  A  POUAN  (AUBE)  ' 


Cette  bague,  découverte  en  1842  à  Pouan,  est  en  or  pur  et  a 
20  millimètres  d'ouverture.  Le  chaton,  de  forme  ovale,  ménagé  à 
même  le  métal,  a,  dans  sa  plus  grande  hauteur,  10  millimètres  sur 
une  longueur  de  14  millimètres,  il  porte,  gravé  en  creux,  le  nom 
de 

HE  VA 

M.  l'abbé  Corblet.  qui,  en  4849,  a  publié  ce  bijou  dans  l'Art 
chrétien'  a  pensé  que  le  vocable  qui  y  est  inscrit  pouvait  bien, 
malgré  sa  terminaison  féminine,  être  celui  d'un  chef  barbare  con- 
temporain de  Chilpéric,  car,  dit-il,  les  Saxons  affectionnaient  cette 
terminaison. 

1.  La  commune  de  Pouan  dépend  des  canton  et  arrondissement  d'Arcis-sur» 
Aube. 

2.  T.  m,  p.  479,  fi-.  13. 


76 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


II  nous  parait  très  probable  que  c'est  là  uue  bague  de  femme 
e  nom  d  Hev.  ou  Eva  est  inconnu  comme  nom  d'homme,  tând  s 
quon  le  voit,  au  moyen  âge,  assez  fréquemment  porté  par  des 
femmes.  L'Eglise  honore  deux  saintes  ainsi  appelées'.  Le  „„„ 
vof  b,:;  0;"r;S*SerVi  J^™P°^a  composition  de  plusien" 
«  S  m°yea  *"  Em-m'>  1  » 


LXVI 


BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  A  RAMERUPT  (AUBE)6 


Nous  reproduisons  ici  une  bague  en  bronze'. 

Quoique  l'on  ne  possède  qu'une  partie  de  la  tige,  qui  est  très 
mince,  elle  suffit  pour  apprécier  le  diamètre  de  l'ouverture,  qui 
est  de  19  millimètres  1/2. 

Le  chaton,  qui  a  été  pris  dans  la  masse,  est  de  forme  ovale  avec 


1.  L'une  est  vierge  et  martyre,  patronne  de  la  ville  de  Dreux,  l'autre  recluse 
de  Saint-Martin  de  Liège.  (Vivier,  Notice  sur  Eva,  patronne  de  Dreux;  Henriquez, 
Liiia  Cisterc,  t.  I,  p.  145.) 

2.  «  Bahalot,  filius  Evane.  »  Aur.  de  Courson,  Cartulaire  de  Redon,  charte 
CGGXX1V,  ann.  1091,  p.  276.  Peut-être  même  Evanc  est-il  le  génitif  d'Eva, 
comme,  dans  une  charte  du  Cartulaire  de  Beaulieu,  de  860,  Agine  (pro  Aigane) 
est  le  génitif  d'Aiga,  mentionnée  dans  d'autres  chartes  de  S23  et  856.  Voir 
notre  édition  de  ce  cartulaire,  p.  7,  37  et  257.  On  trouve  aussi  fréquemment 
dans  ce  cartulaire  le  nom  d'Evenus,  qui  provient  sans  doute  aussi  d'Eva. 

3.  «  Hujus  tempore  et  Evarix  rex  Gothorum,  etc  ».  Greg.  Tur.,  Hist.  Fr.,  II, 
25. 

4.  Évéque  de  Tours,  mentionné  dans  un  diplôme  de  Childéric  III,  de  697 
(I).  Bon*].,  Hist.  de  Fr.,  t.  IV,  p.  670,  not.). 

5.  Saint  Evariste,  pape,  mort  en  109.  Bolland.,  Acta  SS.,  mens,  oct.,  t.  XI, 
p.  7^9.  Il  y  a  aussi  un  saint  Evareslus,  abbé  à  Constantinoplc,  mort  vers  825. 

6.  liamerupt  est  un  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Bar-sur-Aube. 

7.  Près  du  village,  il  y  a  une  ancienne  voie  appelée  le  chemin  des  Romains;  l'on 
a  découvert,  dans  le  voisinage,  des  sarcophages  en  pierre,  et  un  cimetière,  où 
ont  été  recueillis  des  poignards,  des  fragments  de  lances  et  'les  monnaies  ro- 
maines 


DES  PREMIERS   SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


77 


12  millimètres  de  haut  sur  13  i/2  de  large  :  il  est  accosté  de  deux 
renforts.  Il  est  orné  d'une  monogramme,  gravé  en  creux,  encadré 
dans  un  cercle  de  grènetis,  et  comprenant  un  D  initial,  un  A  non 
barré,  un  N,  dont  le  trait  oblique  intérieur  relie  les  deux  parties 
du  monogramme  ;  et  un  E  final,  ce  qui  nous  donne  DÀNE,  génitif 
de  DANA;  le  S  posé  sur  la  barre  oblique  du  N,  a  ici,  comme  dans 
beaucoup  de  nos  anneaux  sigillaires,  la  valeur  du  S  barré  (g),  abré- 
viation de  S\(gnxcm).  Nous  avons  ainsi  pour  l'ensemble 

S\{gnum)  DANE- 

Il  est  fait  mention,  à  la  date  de  817,  dans  le  recueil  des  Tradi- 
tiones  et  possessiones  du  monastère  de  Wissembourg,  d'un  person- 
nage féminin  appelé  Danna1  c'est-à-dire,  avec  le  redoublement 
du  n,  le  nom  même  que  nous  fournit  notre  monogramme. 

LXYII 

AUTRE  ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DE  RAMERUPT  (AUBE) 


Cette  bague  en  bronze  a  été  trouvée  avec  l'os  du  doigt  qui  l'a- 
vait portée  et  qui  y  est  encore  enfermé. 

Elle  n'a  que  17  millimètres  d'ouverture,  ce  qui  indique  qu'elle 
était  à  l'usage  d'une  femme.  La  tige  a  7  millimètres  de  hauteur, 
et  présente  des  ornements  près  du  chaton  ;  elle  a  2  millimètres 
J /2  du  côté  opposé  : 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  a  la  forme  d'un  carré 
long,  de  7  millimètres  de  haut  sur  11  1/2  de  large. 

Sur  le  chaton,  il  y  a  un  monogramme,  où  l'on  voit,  en  allant 
de  gauche  à  droite  du  lecteur,  un  E,  un  L,  dont  la  haste  penchée 
coupe  obliquement  le  S  du  centre,  un  I,  ce  qui,  avec  le  redouble- 

1.  N°  127  de  ce  recueil,  dans  l'édition  de  Zeuss  (Spire,  ISi?,  p.  4),  citée  par 
Forslemann,  Personcnnamen,  col.  331. 


78 


ÉTUDE   SUR  LES  ANNEAUX 


ment  du  E,  nous  donne  les  éléments  du  nom  de  ELISE,  génitif  de 
ELI  SA;  cette  déclinaison  impliquant  la  présence  de  Signum;  le  S, 
coupé  par  la  haste  du  L,  de  même  qu'il  est  entré  dans  la  for- 
mation du  vocable,  a  ici  la  valeur  du  S  barré,  il  faut  donc  lire  : 

S\{gnum)  ELISE- 

Ce  vocable  a  été  d'un  usage  assez  fréquent  au  moyen  âge.  Il  fut 
porté,  au  xme  siècle,  par  une  religieuse  d'un  monastère  de  la 
Grande-Bretagne,  mentionnée  par  les  historiens  anglais',  et  au 
xive  siècle,  par  une  noble  dame  qui  épousa  successivement  un 
comte  de  la  Marck  et  le  prince  électeur  Kupert  Pipan8. 

LXVIIt 

BAGUE  AVEC  FIGURE  CASQUEE  (?),  PROVENANT  DE  DIENVILLE  (AUBE)  » 


La  bague  en  bronze  reproduite  ci-dessus  a  été  trouvée  par 
M.  Lépreux,  qui  en  a  fait  don  au  Musée. 

Notre  anneau  a  de  20  à  21  millimètres  d'ouverture;  sa  tige  est 
ronde  et  a  une  épaisseur  de  2  millimètres  1/2.  Le  chaton,  de  forme 
ronde,  qui  est  pris  dans  la  masse,  a  11  millimètres  de  diamètre, 
et  est  accosté  de  trois  cabochons,  soudés  à  droite  et  à  gauche,  et 
disposés  en  feuilles  de  trèfle,  comme  nous  les  avons  souvent  ob- 
servés dans  les  bagues  de  l'époque  mérovingienne. 

Sur  le  chaton  est  gravée  une  figure,  où  l'on  peut  voir,  grossière- 
ment indiquée,  une  tête  de  profil,  coilïée  d'un  casque  surmonté 

1.  Voir  dans  Tanner,  Bibl.  BrU-Hib.,  p.  368. 

2.  Voir,  pour  les  noms  germaniques  Ella,  Elso,  Eisa,  Fôrstemann,  Personen- 
namen,  col.  173. 

3.  Dienville  est  un  chef-lieu  de  commune,  dans  le  canton  de  Brienne,  arron- 
dissement de  Bar-sur-Aube.  On  ne  possède  aucun  renseignement  sur  l'époque 
et  les  circonstances  de  la  découverte  de  cette  bague. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


79 


d'un  haut  et  long  cimier.  C'est  peut-être  l'essai  d'une  représenta- 
tion personnelle  du  propriétaire  primitif  du  bijou,  (elle  que  nous 
l'avons  observée  sur  plusieurs  de  nos  bagues. 

LX1X 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DU  LIEU  DIT  SOMME -FONTAINE  OU 

SAINT-LUPIEN  (aURE)' 


Ce  bijou  en  bronze  a  été  recueilli  par  le  service  des  ponts  et 
chaussées,  qui  l'a  déposé  au  Musée  archéologique  de  Troyes. 

Notre  bague  a  15  millimètres  seulement  d'ouverture,  ce  qui 
indique  qu'elle  était  à  l'usage  d'une  femme.  La  tige  a  7  millimètres 
de  hauteur  près  du  chaton,  et  est  ornée,  au  môme  endroit,  de 
chaque  côté  du  chaton,  de  trois  petits  cercles  renfermant  chacun 
un  point  ou  globule  et  disposés  en  feuilles  de  trèfle,  qui  remplacent 
les  trois  cabochons  signalés  par  nous  comme  un  des  traits  les 
plus  caractéristiques  de  la  fabrique  mérovingienne. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  est  un  carré  long,  bordé, 
sur  les  quatre  faces,  d'un  trait  gravé,  qui  encadre  un  monogramme. 

Ce  monogramme  comprend  un  E  ;  un  V,  qui  est  à  l'angle  formé 
par  le  premier  trait  perpendiculaire  et  la  ligne  oblique  intérieure  : 
un  A  non  barré,  formé  par  cette  même  ligne  et  la  deuxième  per- 
pendiculaire; le  N  intérieur,  et  par  redoublement  de  la  première 
1  ettre,  un  E  final  :  ce  qui  donne  le  nom  d'EVANE,  génitif  d'EVA, 
génitif  formé  par  l'addition  du  groupe  ne,  comme  on  le  voit  dans 
un  grand  nombre  d'actes  de  la  période  gallo-franque'.  Le  S,  posé 

1.  Somme-Fontaine  ou  Saint-Lupien  est  un  chef-lieu  de  commune,  dans  le 
canton  de  Marcilly-le-Hayer,  arr.  de  Nogent-sur-Seine. 

2.  Notamment  dans  le  célèbre  testament  d'Erminetrudis,  de  l'an  700  (Par- 
dessus, Ch.  et  diplôm.,  t.  II,  p.  257);  dans  le  Cartulaire  de  Beauiieu,  où  une 
noble  matrone  esl  nommée,  au  début  d'une  charte  de  823,  Aiga,  et  souscrit 
dans  ces  termes  :  «  S.  Aigane.  »  (Ch.  CLXXXV,  p.  257  et 259  de  notre  édition); 


80 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


en  travers  de  la  barre  oblique  intérieure,  a  ici  la  signification  du 
S  barré  (S),  abréviation  de  S\(gnu?n).  Nous  avons  ainsi,  pour 
l'ensemble  du  monogramme. 

S\{gnum)  EVANE. 

Le  nom  d'Eva,  fort  usité  au  moyen  âge,  est  celui  de  deux  saintes  : 
l'une,  vierge  et  martyre,  est  la  patronne  de  la  ville  de  Dreux1, 
l'autre  fut  une  religieuse  du  monastère  de  Saint-Martin  de  Liège2. 
Le  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Redon  contient,  à  la  date  de  1091, 
la  mention  d'un  personnage  appelé  «  Babalot  films  Evane  »  3,  où 
l'on  constate  l'emploi  du  nom  d'Eva  avec  sa  déclinaison  au  géni- 
tif, dans  la  forme  même  que  nous  offre  notre  monogramme. 


DIOCÈSE  DE  PARIS 


LXX 

BAGUE  TROUVÉF-  A  ERMONT  (SEINE-ET-OISE)  4 


Cette  bague  en  or  provient  d'une  des  sépultures  mérovingiennes 
explorées,  il  y  a  sept  ou  huil  ans,  à  Ermont  :  elle  a  été  recueillie  dans 
le  cercueil  en  pierre  d'une  femme,  et  a  été  décrite  par  M.  Albert 
Meignan  dans  la  Revue  archéologique  5. 

L'anneau  a  H  millimètres  seulement  d'ouverture,  ce  qui  indique 

iine  autre  matrone  y  est  nommée  Ava  au  début  d'une  charte  de  868,  et  souscrit 
ainsi  :  «  S.  Avana.  »  (Ch.  LI,  p.  93  et  94). 

1.  Vivier,  Notice  sur  Eva,  de  Dreux. 

2.  Ilenriquez,  Lilia  Cisfrrcensia,  t.  I,  p.  145. 

3.  Ch.  CCCXXIV,  édit.  d'Aurélien  de  Courson,  p.  276. 

4.  Ermont  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Montmorency,  arron- 
dissernent  de  Pontoise. 

5.  Année  1890,  t.  II,  p.  354. 


Ces  premiers  siècles  du  moyen  âge 


si 


qu'il  appartenait  à  une  toute  jeune  fille,  ou  à  une  femme  dont  la 
main  était  extraordinairement  petite.  La  tige  en  est  forte,  et  a  été 
soigneusement  forgée,  puis  retouchée  à  la  lime  de  façon  à  recevoir 
à  l'extérieur  la  forme  d'un  hexagone. 

Le  chaton,  soudé  sur  la  tige,  se  compose  d'une  verroterie  ronde, 
imitant  le  grenat,  et  sertie  dans  une  cuvette  en  or;  une  deuxième 
enveloppe,  ornée,  sur  ses  bords,  de  petites  dents,  est  rabattue  sur 
la  première,  qui  la  dépasse  de  quelques  millimètres. 


LXX1 

bague  avec  figures  en  partie  indéfinissables  et  deux  groupes  de 
lettres,  trouvée  dans  le  département  de  seiine-et-olse 


Cette  bague,  que  nous  reproduisons  ici  d'après  les  dessins  que  M  I 
Mayor  en  a  donnés  «,  a  été  découverte  dans  le  département  de  Seinc- 
ct-Oise,  et  appartient,  depuis  Tannée  1889,  au  Musée  archéologique 
de  Genève'  Elle  est  en  bronze  et  parait  présenter,  en  certains  en- 
droits, des  traces  de  dorure  ■.  Elle  a  18  millimètres  d'ouverture  (ce 
qui  dénote  qu'elle  était  à  l'usage  d'une  femme)  et  une  hauteur  par- 
tout égale  de  5  millimètres.  Elle  est,  à  l'extérieur,  de  forme  octo- 
gonale et  chacune  des  huit  faces  porte,  des  caractères  ou  des  figures 
grossièrement  gravées  dans  des  encadrements  rectangulaires 

Sur  la  première  face,  en  partant  de  la  gauche  (du  lecteur),  il  v  a 
un  personnage  masculin  tracé  en  graffitti,dont  une  jambe  relevée  en 
arrière,  indique  un  mouvement  de  marche  ou  de  dansé.  Dans  les 

1.  Rev.  archéol.,  année  1893,  t.  II,  p.  96. 

2.  Où  elle  est  cotée  E,  338,  sur  le  catalogue  ms. 

3.  Lettre  de  M.  J.  Gosse,  du  30  octobre  1892. 


6 


82 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


quatre  pans  suivants,  des  signes  indéfinissables;  dans  le  sixième,  les 
lettres  IN;  dans  le  septième,  un  oiseau,  probablement  la  colombe 
symbolique  ;  enfin  au  huitième,  des  caractères  où  M.  Mayor  pense 
qu'on  «  peut,  à  la  rigueur,  reconnaître  un  G  mérovingien  ou  un  Q, 
un  T  lié  par  la  base  avec  un  U,  et  un  I  incline  formé  par  le  second 
jambage  del'U  1  ».  Rien  ne  prouve  d'ailleurs,  suivant  l'observation 
de  M.  Mayor,  que  Tordre  dans  lequel  sont  décrites  les  huit  faces  de 
l'anneau  soit  le  vrai,  et  il  est  impossible  de  proposer  une  explica- 
tion des  figures  (l'oiseau  excepté)  ni  des  deux  groupes  de  lettres, 
dont  l'un  est  môme,  en  partie,  d'une  lecture  incertaine. 

Lorsque  j'ai  publié  pour  la  première  fois  la  bague  qui  nous 
occupe  %  c'est  à  l'aide  de  dessins  moins  exacts  que  ceux  de  M.  Mayor, 
et  j'avais  été  conduità  liresur  la  huitième  face  le  vocable  germani- 
que d'Ato;  mais  j'ai  dû  renoncer,  depuis,  à  cette  leçon,  que  n'auto- 
rise point  l'état  réel  du  bijou,  et  me  borner  à  reproduire,  comme 
je  viens  de  le  faire,  la  description  et  les  observations  du  savant  ar- 
chéologue de  Genève. 


ANNEAU  AVEC  UNE  C10IX  ACCOSTÉE  DES  CARACTÈRES  V  ET  A  >'ON  BARRÉ  OU  A 
NON  BARRÉ  ET  Y,  TROUVÉ  DANS  LE  DÉPARTEMENT  DE  SE1NE-ET-OISE 


Cet  anneau  de  bronze,  découvert,  comme  le  précédent,  dans  le 
département  de  Seine-et-Oise,  appartient,  depuis  l'année  1889,  au 
Musée  archéologique  de  Genève3. 

Nous  le  faisons  figurer  en  tète  de  la  présente  notice,  d'après  les 
dessins  que  M.  J.  Mayor  en  a  donnés' et  par  lesquels  nous  rem- 

ï.  Loc.  cit.,  p.  97. 

2.  Rcv.  archéol.,  année  1893,  t.  I,  p.  275-276. 

3.  Coté  E,  339,  sur  les  catalogues  ms.  du  Musée. 

4.  Rcv.  archéol.,  année  1893,  t.  II,  p.  94. 


LXXH 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


83 


plaçons  ceux,  moins  exacts,  à  l'aide  desquels  nous  l'avons  décrit 
pour  la  première  fois  en  1893  '. 

Il  a  20  millimètres  d'ouverture.  La  tige,  plate  à  l'intérieur  et 
ronde  à  l'extérieur,  a  5  millimètres  de  largeur  à  la  naissance  du 
chaton,  indiquée  de  chaque  côté,  par  deux  fortes  entailles.  Le  cha- 
ton ainsi  délimité  a  29  à  30  millimètres  de  largeur  sur  10  de  hauteur. 
On  y  voit  gravée  une  croisette,  dont  la  branche  de  droite  (pour  le 
lecteur)  est  accostée  de  deux  traits  formant  angle  et  représentant 
un  A  non  barré.  La  branche  de  gauche  se  termine  par  un  trait  for- 
mant avec  elle  un  V. 

Les  lettres  V  A  ou  A  V  sont  peut-être  et  même  assez  vraisembla- 
blement les  initiales  du  nom  du  propriétaire  de  notre  anneau. 

DIOCÈSE  DE  ME  A  UX 

LXXil  bis 

ANNEAU  d'aGILDEBTUS,  TROUVÉ  A  JOUAItUE  (SEINE-ET-MARNE)  2 

Cet  anneau  a  depuis  longtemps  disparu,  et  malheureusement  il 
n'en  reste  aucun  dessin,  mais  seulement  une  description  qu'André 
du  Saussay  a  insérée  dans  sa  Panoplia  episcopàUs  Ml  a  été  trouvé, 
en  1636,  dans  un  des  sarcophages  de  la  crypte  de  l'ancienne  abbaye 
de  Jouarre,  celui  d'Agiibertits,  évèque  de  Paris  vers  670.  C'est  là 
que  Du  Saussay  déclare  l'avoir  vu  et  étudié;  on  peut  donc  avoir 
pleine  confiance  en  la  notice  qu'il  a  consacrée  à  ce  précieux  monu- 
ment, et  que  je  reproduis  ici  en  la  traduisant  : 

«  Il  y  a  dix  ans  à  peine,  dans  l'antique  monastère  de  religieuses 
de  l'ordre  de  Saint-Benoît,  existant  à  Jouarre,  au  diocèse  de  Meaux, 
on  découvrit,  dans  une  crypte  sur  laquelle  a  été  construite  une  châ- 
pelle  consacrée  à  saint  Paul  ermite,  le  corps  de  saint  Agilbert,  évè- 
que de  Paris  vers  670,  il  était  encore  revêtu  des  ornements  ponti- 
ficaux, parmi  lesquels  son  anneau  épiscopal,  en  or,  muni  d'une  pierre 

1.  Rev.  archéol,  année  1893,  t.  I,  p.  276-277. 

2.  Jouarre  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  La  Ferté-sous-Jouarre, 
arrondissement  de  Meaux. 

3.  II,  2,  p.  183,  in-fol.,  Paris,  1 0 16. 


84        ÉTUDE   SUR    LES  ANNEAUX  DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  ACE 


précieuse,  non  transparente,  mais  opaque,  qu'on  appelle  agate. 
Sur  cette  gemme  est  gravée  la  figure  de  saint  Jérôme  se  frappant  la 
poitrine  avec  une  pierre  devant  l'image  du  Christ  suspendu  à  la 
croix.  L'anneau  est  décoré  de  peintures  en  émail  à  la  partie  supé- 
rieure1 de  la  tige,  du  milieu  de  laquelle  se  détache  une  cuvette, 
élevée  sur  des  griffes  rocourhées,  entre  lesquelles  la  gemme  est 
enchâssée.  Cet  anneau  est  d'un  travail  si  exquis,  qu'on  a  peine  à 
croire  qu'un  autre  bijou  semblable  pût  être  fabriqué  avec  plus  d'art 
et  d'élégance.  Je  l'ai  tenu  dans  mes  mains,  car  j'étais  présent  sur  les 
lieux  mômes  peu  de  temps  après  cette  découverte,  ayant  été  appelé 
par  l'illustrissime  princesse,  révércndissime  dame  Jeanne  de  Lor- 
raine, abbessedu  célèbre  monastère,  à  la  prière  de  laquelle  j'ai  ré- 
digé l'office  particulier  de  saint  Agilbert...  *.  » 

1.  <<  In  superiori  parte  circuli  ».  L'auteur  a  sans  doute  voulu  désigner  «  !a 
partie  extérieure  de  la  tige. 

2.  «  Vix  effluxit  decennium,  cum  in  anliquissimo  monasterio  Iotrensi  sancti- 
moniali.um  Ordinis  Sancti  Uenedicti  in  dioecesi  Meldensi,  in  crypta  cui  vetus- 
tissima  superstructa  est  aedicula  sancti  Pauli  Eremitae,  corpus  sancti  Agi Iberli 
episcopi  Parisiensis,  qui  circa  annum  670  sedebat,  reperluin  est,  pontificalibus 
adhuc  ornamentis  insignilum,  inter  quae  anulus  ejus  pontificalis  erat,  aureus, 
pretioso  ot  non  diaphano  sed  opaco  lapide  (quem  Achaten  vocitant)  in-lructus, 
cui  S.  Hieronymi,  pecttis  silice  percutientis,  ante  imaginem  Christi  penduli  in 
cruce,  imago  paret  insculpta.  Encausto  anulus  in  superiori  parte  circuli  deco- 
ratur,  eminetque  e  medio  ejus  vasculum  falcalis  quasi  unguiculis  evectum,  quibus 
ipsa  gemma  stringitur.  Adeoque  exquisito  artilicio  fabrefactuiii  opus  est,  ut  vix 
elegantiori  forma  confeelum  aliud  proferri  possit. 

Contrectavi  illum  ipsum  anulurn  manibus  meis,num  hic  aderam  paulopost  accon- 
tigerat  Ma  inventio,  evocatus  ab  illustrissima  principe  reverendissima  D.  Joanna 
a  Lotharingia,  inclyti  hujus  monasterii  abbatissa  :  cujus  rogatu,  etiam  proprium 
officium  ejusdem  sancti  Agilberti  contexui,  ac  typis  paulo  post  edidi,  a  primoris 
notae  doctoribus  Facultatis  Theologicae  Parisiensis,  priusquam  inlucem  prodiret. 
examinatum  ac  probatum  »  (Panoplia  episcopalis,  in-fol.,  Paris,  1646,  p.  183.) 


PREMIÈRE  BELGIQUE 


DIOCÈSE  DE  TREVES 
LXXII 

BAGUE  d'oPTATA,  AVEC  L*  ACCLAMATION   VivdS  mihi,    DE  PROVENANCE 

INCONNUE 

Le  Musée  provincial  de  Trêves  possède  une  bague  en  or',  sur 
laquelle  sont  gravés  un  griffon  et  un  lion,  et  qui  porte  cette  ins- 
cription :  VIVAS  Ml  PIA  OPPTATA ( Vivas  mi(hi)  pia  Opptata)*. 

Cet  exemple  et  celui  que  je  reproduis  plus  basa,  m'ont  servi 
à  expliquer  l'inscription  d'un  autre  anneau,  où  le  mot  mihi  est 
réprésenté  parla  seule  initiale  m". 

DIOCÈSE  DE  METZ 
LXXIII 

BAGUE  AU  SYMBOLE  DU  POISSON,  ATTRIBUÉE  A  SAINT  ARNOUL, 
ÉVÉQUE  DE  METZ 

Il  existe  dans  le  trésor  de  la  catbédrale  de  Metz  suivant  les  uns3, 

1.  N°  1261  du  catalogue. 

2.  Kraus,  Die  Christlichen  Inschriften  der  Rheinlande,  t  I,  p.  121,  n°  253. 

3.  LXXIII  bis. 

4.  XXXIX  ter. 

5.  E.  Le  Blant,  Inscrip.  chrét.  de  la  Gaule,  t.  I,  p.  420,  n°  321  A.  Ce  bijou  avait 
été  déjà  décrit  et  figuré  dans  VHist.  de  Metz,  par  les  Bénédictins;  Bégin,  Metz 
depuis  dix-huit  siècles,  t.  II,  p.  205:  le  Spicileg.  Solesm.,  t.  III,  tab.  nr,  n°  4,  et 
p.  578;  et  l'abbé  Chaussier,  De  l'origine  apostolique  de  l'Église  de  Metz,  p.  57.  Il 
est  aussi  reproduit  dans  R,  Garrucci,  Hist,  de  l'art,  chrétien,  t.  VI,  planche  478, 
fig.  2- 


86 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


au  Musée  de  la  ville  de  Metz  suivant  d'autres1,  une  bague  qui, 
d'après  une  légende  rapportée  par  Paul  Diacre2,  aurait  appartenu 
à  saint  Arnoul  (Arnulphus),  évêque  de  la  cilé  messine  de  614  à 
6263. 

Voici  cette  légende  telle  qu'elle  nous  a  été  transmise  :  Arnoul, 
alors  déjà  évêque,  passant  sur  un  pont,  jota  sa  bague  dans  la  Mo- 
selle et  dit  :  «  Je  croirai  mes  péchés  ellacés  lorsque  cette  bague  me 
sera  rendue.  »  Un  de  ses  serviteurs  la  trouva  quelques  années 
après  dans  les  entrailles  d'un  poisson.  Le  bijou  fut  conservé  pré- 
cieusement, et,  ayant  échappé  en  1793  à  la  destruction,  il  devint 
plus  tard  la  propriété  de  l'abbé  Simon,  grand  archidiacre  de  la  ca- 
thédrale, qui  la  réintégra  dans  le  trésor. 

E.  Le  Blant,  à  qui  nous  empruntons  ces  détails,  a  publié  le 

chaton  de  notre  anneau,  dans  le  tome  Ier  de  son  ouvrage  paru  en 
1 856,  au  moyen  d'une  empreinte  qui  lui  avait  été  fournie  par  M. 
Victor  Simon,  en  ce  temps  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de  Paris. 

On  y  voit  un  poisson  engagé  dans  une  nasse  formée  d'un  filet; 
à  droite  et  à  gauche,  deux  petits  poissons,  paraissant  se  diriger 
vers  fouverture  de  la  nasse.  On  a  reconnu  là,  avec  raison,  une  al- 
lusion à  l'initiation  chrétienne,  qui  a  donné  lieu  aux  poètes  de 
nommer  le  Christ  «  Rete,  filet  S>;  appellation  que  l'un  d'eux  a  net- 
tement expliquée  dans  ce  vers  : 

«  Relia  eur?  Sparsas  quoi)  eolligat  ûndique  genle>8.  » 

1.  De  Marsy,  Bulletin  de  la  Soc.  hist.  de  Compicgne,  t.  V,  année  1883. 

2.  Dons  D.  Calmet,  Hist.  de  Lorraine,  t.  I,  preuves,  col.  58.  Cf.  ibid.,  p.  378. 

3.  Saint  Arnoul,  ("lové  au  siège  épiscopal  de  Metz  en  61  i,  résigna  cette  dignité 
en  625,  et  mourut  en  640. 

4.  Saint  Damase  (C«rm.,  VI)  :  «  Vcrbum,  Homo,  Rete,  Lapis,  Dormis,  omnia 
Christ  us  Jésus.  » 

Knnodius  (Carm.,  lib.  I,  eap.  ix)  ;  «  Hastia,  Virgullum,  Pastor,  Mons,  Re(e} 
Columba.  » 

Orientais  (dans  Martène  et  Durand,  Thesaur.  anecdod.,  t.  V,  col.  40)  :  «  Retia, 
Sol,  Sponsas,  Scmcn,  Mons,  Stella,  Magister.  » 

5.  Orientius,  dans  Martène,  loc.  cil.,  col.  43. 


DES    PREMIERS    SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


87 


Lo  sujet  symbolique  représenté  sur  le  bijou  qui  nous  occupe,  a 
été  exécuté  assez  grossièrement  pour  qu'on  doive  le  faire  descen- 
dre à  une  époque  fort  basse,  où  les  notions  et  les  traditions  de  l'art 
romain  étaient  à  peu  près  perdues.  Néanmoins,  E.  Le  Blant  l'a 
jugé  antériemr  à  la  fin  du  rv°  siècle,  sans  doute  parce  qu'au  mo- 
ment où  il  composait  et  publiait  la  première  partie  de  son  livre,  il 
était  enrorc  sous  l'empire  de  colle  idée  que  l'emploi  de  l'emblème 
du  poisson  ne  s'était  pas  continué  au  delà  de  cette  époque.  Notre 
savant  confrère  a  reconnu  depuis  qtiè  si  cet  usage  avait,  en  effet, 
disparu  de  Rome,  il  avait  persisté  bien  plus  longtemps  dans  les 
provinces,  et  il  eu  a  môme  constaté  un  exemple  dans  la  bague  mé- 
rovingienne qui  a  fait  l'objet  de  notre  précédente  notice;  il  n'y  a 
plus,  îles  lors,  à  ce  point  de  vue,  aucune  difficulté  à  admettre  l'at- 
tribution de  notre  anneau  à  un  personnage  de  ce  temps. 


DIOCÈSE  DE  TOUL 


LXXIII »'» 

BAGUE    AVEC    t/aCOHMATION    VÏVCIS    mi(fli)    (fia,    PROVENANT    DE  NAIX 

(meuse)  ' 


Cette  bague  en  or,  trouvée  à  Naix,  appartient  à  la  collection 
de  M.  Marnod,  habitant  de  Bar-le-Duc.  J'en  fais  figurer  ici  le  chaton, 
d'après  les  dessins  que  mon  savant  confrère  à  la  Société  des  Anti- 
quaires de  France,  M.  Maxe-Wcrly,  en  a  publiés  en  1883 3,  et  je  ne 

1.  Naix,  l'ancien  castrum  Nashua,  est  dans  le  canton  de  Ligny,  arrondissement 
de  Bar-le-Duc. 

2.  Collect.  des  monum.  épigraph.  du  Barrois,  in-8,  Paris,  Champion,  lilir.  édit., 
p.  54,  1S83. 


88 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


puis  mieux  faire  que  de  reproduire  la  description  et  les  commen- 
taires qu'il  a  donnés  de  cet  intéressant  bijou  : 

«  Cette  bague  porte  dans  son  cbaton  un  grenat  à  deux  couches, 
de  forme  hexagonale,  présentant  sur  la  surface  des  traits  effacés 
par  le  temps;  sur  les  facettes  latérales  figurant  chacune  un  trapèze, 
on  lit  une  inscription,  composée  de  dix  lettres  en  relief  dans  un 
petit  carré  creusé  jusqu'à  la  seconde  couche,  et  tracée  ainsi  : 

VI-V-AS-MI-D-IV  (Vivas  mi[hi]  diu). 

«  J'ai  rencontré,  au  Musée  d'Épinal,  une  pierre  gravée  qui  me 
paraît  sortir  du  môme  atelier  que  celle  de  Naix.  Sur  la  face  princi- 
pale, j'ai  cru  reconnaître  l'image  d'un  personnage  debout  s'ap- 
puyant  sur  une  hache;  par  suite  d'une  inversion,  l'inscription  avait 
été  lue  : 

MI-D-IV-Vl-VA1- 

De  son  côté,  E.  LeBlant,  après  avoir  reproduit  ces  formules  accla- 
matoires,  en  cite  un  troisième  exemple. 

LXXI1I  <«■ 

ANNEAU  DE  COMODUS  (POUR  COMMODUS)  PROVENANT  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA 

MEUSE 

M.  Maxe-Werly,  le  savant  archéologue  du  Barrois,  a  décrit  ce 
bijou  de  la  manière  suivante  :  «  Dans  le  trésor  découvert  en  1809 
par  Maulan,  l'inventeur  des  colliers  d'or  qui  occupent  aujourd  hui 
une  place  d'honneur  dans  les  vitrines  de  la  Bibliothèque  Nationale, 
se  trouvaient  plusieurs  bagues  en  or  eten  argent2.  Sur  l'une  de  ces 
dernières,  dont  la  pierre  était  d'un  gris  perle,  se  lisait  en  trois  lignes, 
l'inscription  suivante  gravée  en  creux  : 

C  O 
M  O 
D 

«  Je  n'ai,  ajoutait  M.  Maxe-Werly,  aucune  explication  à  propo- 
ser pour  ce  groupe  de. lettres \  » 

1.  Annuaire  île  la  Suc.  d'Émulation  des  Vosges,  1865,  p.  712. 

2.  Voir  lo  Narrateur  de  la  Meuse,  n°  363,  du  26  février  1809. 

3.  Collect.  des  monuments  épigraphiques  du  Barrois,  in-8,  Paris,  1»83,  p.  55. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


80 


E.  Le  Blant  a  lu,  avec  raison  je  crois,  dans  cette  inscription, 
qu'il  a  rangée  parmi  les  inscriptions  chrétiennes,  le  nom  de 

COMODO- 

Et  il  ajoute  :  «  pour  Commodus,  avec  changement  de  l  v  en  Q  et 
suppression  de  l'S  final1  ».  Cette  dernière  observation  me  paraît 
manquer  d'exactitude.  Le  nom  gravé  sur  le  chaton  de  la  bague,  la- 
quelle sans  aucun  doute  a  servi  de  sceau,  est  ici  à  l'ablatif,  comme 
dans  plusieurs  de  nos  anneaux  et  au  bas  d'un  grand  nombre  de 
chartes  et  de  diplômes  2. 

DIOCÈSE  DE  MAY  EN  CE 
LXX1Y 

bague  avec  personnage  a  cheval,  trouvée  a  oberolm  (grand-ducné  de 

hesse-darmstadt) 


Cette-  bague,  qui  est  conservée  au  Musée  des  antiquités  de 
Mayence,  a  été  recueillie  avec  un  peigne,  des  boucles  d'oreilles, 
une  petite  boucle  de  ceinturon  en  bronze,  un  peson  en  verre  cl 
deux  tasses  en  verre.  Elle  a  été  publiée  par  M.  Lindenschmit,  dans 
son  savant  ouvrage  sur  les  antiquités  germaniques5. 

Elle  est  en  bronze  et  se  compose  d'une  tige  assez  mince  et  d'un 
chaton  ménagé  à  même  le  métal;  ce  chaton,  qui  est  de  torme 
ronde,  mais  assez  irrégulière  dans  sa  partie  principale,  a  22  milli- 
mètres de  large  sur  16  de  hauteur.  On  y  voit  gravé  un  personnage 
à  cheval,  du  dessin  le  plus  barbare  et  du  travail  le  plus  grossier. 

1.  750  inscriptions  de  pierres  gravées  inédites  ou  peu  connues.  n°  386,  p.  141. 

2.  Voir  LXXXVIII,  CCXLV,  GGLXV,  CGXGVIII;  et  deux  cachets  reproduits  à 
l'Appendice,  n06  III  et  VII. 

3.  Hnndbuchder  deulschen  Aller  thumskunde,  première  partie  (Antiquités  mé- 
roving.),  pl.  XIV,  fig.  11.  Les  renseignements  que  nous  donnons  en  lôle  decette 
notice,  nous  ont  été  obligeamment  fournis  par  M.  Lindenschmit  dans  une  lettre 
du  18  avril  1838. 


no 


ÉTUDE    SUR   LES  ANNEAUX 


LXXV 

AÏTRE  ANNEAU  THOUVÉ  A  OBÉROLM  (GRAND-DUCHÉ  DE  HESSE-DARMSTADT) 


Cet  anneau,  conservé  ainsi  que  le  précédent  au  Musée  de 
Mayence,  a  été  recueilli  dans  une  sépulture  franque,  où  l'on  a 
trouvé  en  même  temps  divers  objets  qui  ne  permettent  pas  de 
douter  que  ce  ne  fût  celle  d'une  femme,  savoir  :  deux  bracelets  en 
perles,  un  collier  de  perles,  une  fibule  ronde,  des  boucles  d'oreilles 
et  un  étui  en  bronze'. 

Le  bijou  dont  il  s'agit  et  qui  a  été  publié  par  M.  Lindenschmit2 
se  compose  d'une  mince  tige  et  d'un  cbaton  ménagé  à  même  le  mé- 
tal, de  forme  ronde  quelque  peu  irrégulière,  ayant  un  diamètre  de 
18  millimètres.  Au  centre  sont  gravés  des  groupes  de  lignes  en 
divers  sens,  danslesquels  on  peut  distinguer  la  figure  d'une  pioche 
ou  d'un  marteau,  et  qui  sont  encadrés  dans  un  double  cercle  for- 
mant bordure. 

Les  traits  gravés  sur  cette  bague  n'ont  aucune  signification  et 
servaient  seulement  à  assurer  le  secret  de  la  correspondance. 

LXXVI 

ANNE \U   D'itUNTLA,  TROUVÉ  A  LAUBENHEIM  (ilR AND  DCCHÉ  DE 

hesse-darmstadt) 

Nous  reproduisons  ici  une  belle  bague  en  or,  trouvée  à  Lauben- 
beim,  près  de  Bingen,  ancienne  ville  forte  du  duché  de  ITesse- 
Darmstadt.  La  sépulture  franque  où  elle  a  été  recueillie  contenait, 
en  outre,  deux  boucles  d'oreilles  en  or,  ornées  de  verres  colorés, 
une  fibule  ronde  en  or,  une  chaîne  de  perles  d'améthyste  et  d'am- 
bre jaune. 

1.  Lettre  précitée  de  M.  Lindenschmit. 

2.  Oper.  cit.,  pl.  XIV,  fig.  14. 


DES   PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


91 


Ce  bijou,  qui  est  conservé  au  Musée  de  Mayence,  a  été  publié 
par  M.  Lihdenschmit,  dans  son  ouvrage  déjà  cité  sur  les  Anti- 
quités germaniques  '. 

11  est  composé  d'une  mince  tige  ronde  et  d'une  lame  plate  en 
or,  sur  laquelle  viennent  se  poser  les  deux  extrémités  de  la  lige,  et 
qui  est  accostée,  à  ses  deux  bouts,  de  deux  pattes  en  forme  de  S, 
sur  lesquelles  est  appliqué  et  soudé  un  large  chaton  de  forme  ronde 
de  14  millimètres  de  diamètre.  Au  centre  de  ce  chaton  est  gravé  le 
buste  d'un  personnage  féminin;  la  tète,  de  profil,  tournée  à  droite, 
est  ceinte  d'un  bandeau  terminé,  au  sommet,  p  a  r  u  il  nœud  de 
perles,  et,  sur  la  nuque,  par  deux  bandelettes.  Autour  du  buste,  une 


légende  dont  nous  nous  occuperons  bientôt.  Le  tout  est  entouré 
d'un  cercle  et  de  trois  rangées  concentriques  de  grènetis.  Au  re- 
vers, le  chaton  est  également  bordé  d'un  triple  rang  de  grènetis, 
et  porte,  à  gancho,  entre  deux  pattes  en  volutes,  les  caractères  sui- 
vants, surmontés  du  signe  de  l'abréviation  : 

Tv 

Enfin,  aux  deux  points  de  réunion  de  la  baguette  et  du  chaton, 
l'on  remarque  trois  globules  ou  cabochons  en  or,  déjà  signalés 
comme  un  des  traits  caractéristiques  de  la  fabrique  mérovingienne. 

Voici  maintenant  la  légende  inscrite  autour  du  buste  : 

HVNILA  I2TOI 

Le  nom  d'Hunilaest  bien  connu  :  c'est  celui  d'une  femme  gothe 
d'origine  et  de  sang  royal,  que  l'empereur  Aurélien,  dans  un 
intérêt  politique,  fit  épouser  à  Q.  Bonosus  ou  Bonosius,  l'un  des 
trois  tyrans  qui  s'élevèrent  sous  le  règne  de  Probus  (280-281)*. 

1.  Pl.  XIV,  n°»  I  et  2. 

2.  Vopiscus  sur  Bonosus  :  «  Fuisse  enim  dicilur  (ut  et  avns  meus  dicebaf) 
foemina  (uxor  Donnai)  singularis  exempli,  et  familiae  nobilis  gentis  GoUhicac  : 


92 


ÉTUDE    SUft   LES  ANNEAUX 


La  femme  qui,  à  la  fin  du  vi*  siècle  ou  au  commencement  duvn0, 
possédait  le  riche  et  élégant  bijou  figuré  ci-dessus,  était  évidem- 
ment l'épouse  d'un  souverain  ou  tout  au  moins  de  lignée  royale, 
et  très  probablement  de  race  gothique.  Mais  il  esl  à  peine  besoin 
d'ajouter  que  je  n'entends  établir  ni  même  conjecturer  de  lien  de 
patenté  entre  elle  et  YHunila  du  me  siècle. 

J'ignore  la  signification  de  la  deuxième  partie  de  l'inscription, 
comme  absides  caractères  gravés  au  revers  du  chaton. 

LXXYII 

BAGUE  TROUVÉS  A  DIETERSHEIU  (GRAND-DUCHÉ  DE  IIESSE-DARMSTADt) 


Voici  une  bague  en  bronze,  conservée  au  Musée  de  Mayence\ 
auprès  de  laquelle  on  a  trouvé  un  peigne,  un  étui  également  en 
bronze,  deux  colliers  de  perles  et  une  boucle  d'oreille',  tous  objets 
qui  sont  la  marque  d'une  sépulture  féminine. 

Le  chaton  de  cette  bague,  pris  dans  la  masse  du  métal,  est  rond 
et  a  (la  bordure  comprise)  16  millimètres  î/2  de  diamètre.  En  de- 
dans de  la  bordure  en  forme  de  torsade,  il  y  a  un  cercle  tracé  au 
burin  ;  à  l'intérieur,  des  traits  et  des  signes  dont  le  sens  nous 
échappe,  et  dans  lesquels  on  distingue  seulement  un  T. 

À  droite  et  à  gauche  du  chaton,  au  point  où  commence  la  ba- 
guette, on  a  ménagé  le  relief  d'un  cabochon,  comme  nous  l'avons 
observé  sur  plusieurs  anneaux  de  la  période  mérovingienne. 

qunm  illi  Aurelianus  uxorem  ideirco  dederat  ulpor  eum  a  Gotthis  cuncta  cog- 
nosceret.  Erat  enim  virgo  regalis.  Extant  literae  ad  legatum  Thraciarum  scrip- 
lae,  de  iis  nuptiis  et  donis  quae  Aurelianus  lîonoso  dari  nuptiarum  causa  jussit  : 
«  ....  Nunc  tamen  quon'iain  plaçait  Bonoso  IIunilam  dari,  datas  eijuxta  brève  infra 

scriptum  omnia  quae  praecipimus        »  (Historiae  Auyustae  seviptores,  edit. 

Hackiana,  t.  II,  p.  770-771.) 

1.  Lindenschmit,  Handbuch  der  dcuUchen  Alterthumskunde,  pl.  XIV,  fîg,  17. 

2.  Lettre  de  M.  Lindensclimit,  du  18  avril  1888. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  93 

LXXVIII 

BAGUE  TROUVÉE  PRÈS  DE  WORRSTADT  (GRAND-DUCHÉ  DE  HESSE-DARMSTADT) 


Cette  bague  en  bronze,  qui  appartient  au  Musée  de  Mayence, 
a  été  publiée  par  M.  Lindenschmit  '.  Elle  se  compose  d'une  forte 
tige  et  de  deux  chatons  de  dimensions  très  inégales  et  pris  tous 
les  deux  dans  la  masse  du  métal.  La  tige  est  ornée,  à  droite  et  à 
gauche,  de  bourrelets. 

Le  plus  grand  des  chatons  est  un  carré  irrégulier  aux  angles  lé- 
gèrement arrondis,  de  12  millimètres  de  large  sur  9  de  hauteur. 
Dans  un  cadre  tracé  ui  burin,  on  voit  des  lignes  gravées  en  di- 
vers sens  et  qui  paraissent  être,  non  des  caractères  significatifs, 
mais  de  pure  fantaisie.  Notre  bague  était  probablement  néanmoins 
destinée  à  servir  de  cachet. 

A  côté  de  ce  bijou,  on  a  trouvé  deux  boucles  d'oreilles  en  bronze, 
une  chaîne  de  perles,  un  bracelet  en  bronze  et  deux  étroites 
languettes  de  courroie  2,  qui  ont  du  être  à  l'usage  d'une  femme. 

LXX1X 

BAGUE  TROUVÉE  A  UDENHEIM  (GRAND -DUCHÉ  DE  nESSE-DARMSTADT) 


Nous  reproduisons  ici  une  bague  en  bronze,  qui  appartient 
"™  'eS  P-«entes,  ■»  Musée  de  Mayenee,  et  auprès  de^utué 

1.  Oper.  cit.,  pl.  XIV,  flg.  12. 

2.  Lettre  précitée  de  M.  Lindenschmit. 


94 


ÉTUDE  SUK  LES  ANNEAUX 


on  a  recueilli  deux  boucles  d'oreilles  et  un  ornement  en  forme  de 
disque,  également  en  bronze,  qui  dénotent  la  provenance  d'une 
sépulture  de  femme,  et  de  femme  franque  suivant  l'observation  de 
M.  Lindenschmit 1 . 

Cet  anneau  a  19  à  20  millimètres  d'ouverture;  la  tige  en  est 
assez  forte  ;  il  est  décoré  de  deux  chatons  ménagés  à  même  le  mé- 
tal, dont  un  seul,  le  plus  grand,  nous  est  connu  :  c'est  un  carré 
long  de  14  millimètres  de  large  sur  10  de  hauteur.  On  y  voit  un  X 
ou  bien  une  croix  de  Saint-André,  gravée  entre  deux  traits  perpen- 
diculaires, avec  deux  demi-cercles  aux  points  d'intersection  des 
1eux  barres  obliques  ;  des  deux  angles  latéraux  du  X  se  détachent 
deux  pointes,  qui  se  relient  aux  traits  perpendiculaires. 

Ces  dessins  n'ont  sans  doute  aucun  sens;  le  bijou  semble  néan- 
moins avoir  eu  la  destination  et  l'emploi  d'un  cachet. 

LXXX 

BAGL'E  AVEC  CROIX  GRECQUE,  TROUVÉE  A  RUDESHEIM, 
PROVINCE  DE  NASSAU  (ALLEMAGNE) 


Nous  faisons  figurer  ici  une  bague  en  bronze,  sur  le  chaton  de 
laquelle  est  gravée  une  croix  grecque.  Ce  bijou,  qui  appartient  au 
musée  de  Mayence.aété  publié  par  M.  Lindenschmit2,  d'après  le 
témoignage  de  qui  il  provient  d'une  sépulture  franque.  Il  se  com  - 
pose d'une  tige  assez  forte  et  d'un  chaton  [tris  dans  la  masse,  le- 
quel a  15  millimètres  dans  sa  plus  grande  hauteur. 

1.  Op.  cit.,  p.  401,  pl.  XIV,  fîg.  18.  —  Lettre  du  18  avril  1883. 

2.  Op.  cit.,  p.  404',  pl.  XIV,  ir  15. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


95 


DIOCÈSE  DE  MAYENCE  OU  DIOCÈSE  DE  WORMS 

LXXXI 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DU  DUCHÉ  DE  HESSE-DARMSTADT 


Cette  bague  en  bronze  a  été  trouvée  dans  uue  sépulture  qui  con- 
tenait, en  outre,  un  p  son  et  une  chaîne  de  perles.  Elle  appartient 
au  Musée  de  Darmsladt  et  a  été  reproduite  par  M.  LimlenschmitJ 
dans  son  ouvrage  déjà  cité1. 

Notre  anneau  a  10  millimètres  d'ouverture  ;  la  tige  a  5  milLimè- 
ires  de  hauteur  près  du  chaton,  qui  est.  un  carré  long,  ménagé  à 
même  le  métal,  et  mesure  8  millimètres  de  large  sur  7  de  haut. 

Sur  ce  chaton  est  gravé  en  creux  un  monogramme,  dont  l'aspect 
suggère  tout  d'abord  l'idée  d'une  croix  gammée,  et  dans  lequel, 
après  un  examen  plus  attentif,  on  découvre  au  sommet  un  F  couché 
et  renversé;  en  bas,  à  gauche,  un  A  ;  à  droite  le  caractère  \,  que 
je  crois  être  une  des  nombreuses  formes  du  G  à  l'époque  mérovin- 
gienne; enfin  plus  bas,  à  droite,  un  Li  ce  qui,  pour  l'ensemble 
donnerait,  en  répétant  la  lettre  A,  la  leçon  : 

FAGALA 

Ce  nom  féminin,  mentionné  dans  les  Gesta  eptscoporum  Came- 
racensium1 ,  convient  bien  à  un  bijou  provenant  d'une  tombe  qui, 
d'après  la  nature  des  autres  objets  qui  y  ont  été  découverts,  devait 
être  celle  d'une  femme  fianquc'. 

1.  Uandbuch  der  deulschen  Aller ■Ihumskunde,  l'°  partie  (Époque  mérovingienne), 
pl.  XIV,  n°  13 

2.  Dans  Perlz,  Mon.  Germ.  hist.  SS.,  t.  IX,  p.  484.  Ce  vocable  se  lit,  chez  les 
Bollandisles,  sous  la  forme  Phagala  (Acta  SS.,  mens,  januar.,  t.  II.) 

3.  Lettre  précitée  de,  M.  Lindenschmit. 


96 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


DIOCÈSE  DE  WORMS 


LXXXII 

ANNEAU  TROUVÉ  A  WORMS  (GRAND-DUCHÉ  DE  IlESSE-DAUMSTADT) 


Cet  anneau  en  bronze,  conservé  an  Musée  de  Mayence,  figure 
dans  l'ouvrage  déjà  cité  de  M.  Lindenschmit1.  Il  se  compose  d'une 
mince  tige  et  d'un  chaton,  au  point  de  réunion  desquels  on  remar- 
que un  cabochon  ou  globule.  Lo  chaton,  qui  est  de  forme  ronde 
assez  irrégulière,  a  1G  ou  17  millimètres  de  diamètre  :  au  centre 
sont  gravés  cinq  boutons,  entourés  chacun  d'un  petit  cercle,  et  sé- 
parés d'un  cercle  servant  de  bordure  au  chaton  par  des  courbes 
reliées  les  unes  aux  autres  et  dessinant  des  sortes  de  compartiments. 

A  côté  de  cette  bague,  on  a  recueilli  deux  boucles  d'oreilles  avec 
ornements  en  verre  bleu,  et  une  chaîne  de  perles,  qui  faisait  sans 
doute  partie  d'un  collier2;  ces  bijoux  dénotent  la  provenance  d'une 
sépulture  féminine. 

Les  dessins  tracés  sur  le  chaton,  dépourvus  d'ailleurs  de  toute 
signification,  avai  nt  sans  doute  pour  but  de  constituer  un  cachet 
destiné  à  assurer  le  secret  de  la  correspondance,  peut-être  aussi 
l'authenticité  de  la  souscription  de  la  personne  qui  en  était  pro- 
priétaire aux  actes  où  elle  figurait. 

Il  en  était  probablement  de  môme  pour  les  anneaux  que  nous 
décrivons  dans  les  deux  notices  suivantes. 


1.  Hundbuch  der  deulschen  Altt  rhumskunde,  pl.  XIV,  fig.  15. 

2.  Lettre  de  M.  Lindenschmit,  du  18  avril  18 33. 


DES  PREMIERS    SIÈCLES    DU    MOYEN  AGE 


97 


DIOCÈSE  DE  COLOGNE 
LXXXill 

ANNEAU  AVKC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DES  ENVIRONS  DE  RONN 
(PRUSSE  RHÉNANE) 


Ce  bijou,  qui  est  en  or,  appartient  au  Musée  de  la  ville  de  Bonn 
et  provient  assurément  de  la  Prusse  Rhénane.  Il  a  été  publié  par 
M.  Lindenschmil',  d'après  les  dessins  duquel  nous  le  reproduisons 
ici. 

Il  se  compose  d'une  tige  et  d'un  chaton  de  forme  ronde,  qui  est 
soudé  sur  la  tige  et  a  24  millimètres  de  diamètre,  y  compris  la  bor- 
dure. Le  monogramme  dont  il  est  orné  est  surmonté  d'une  petite 
croix,  et  en  présente  une  deuxième  à  la  partie  inférieure.  En  par- 
tant de  la  droite  (pour  le  lecteur),  on  y  voit,  gravé  à  part,  un  C 
rétrograde  ;  puis,  dans  le  corps  du  monogramme,  un  O  attaché  à 
la  première  des  deux  barres  perpendiculaires;  le  N  figuré  par  les 
deux  barres  et  le  trait  oblique  qui  les  relie  ;  le  A  non  barré  du  som- 
met, et  le  E  rétrograde,  ce  qui  donne  le  nom  de  CONAE,  et,  avec  le 
redoublement  du  N,  CONANE.  Le  S  rétrograde  posé  sur  le  trait 
oblique  intérieur,  qui  est  si  souvent  le  siglc  de  Signum,  a  ici, 
croyons-nous,  cette  valeur,  et  nous  lisons  conséquemment  : 

S{ignum)  CONANE- 

De  Cona,  vocable  d'origine  germanique  mentionné  au  x°  siècle2, 
est  dérivé  le  nom  de  Covanus,  duc  des  Bretons,  qui  figure  si  souvent 

1.  Op.  cit..  pl.  XIV,  n»  10. 

2.  C'est  le  nom  du  (ils  de  Bérenger  II,  roi  d'Italie,  mentionné  dans  la  [relation 
de  l'ambassade  de  l'évèque  Luidprand  à  Gonstanlinople,  en  968  (Pertz,  Monum. 
germm.  historié.  SS.,  t.  III,  p.  253). 

7 


98  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

dans  la  Chronique  de  Richer  et  implique  naturellement  l'existence 
du  féminin  correspondant,  dont  nous  avons  sur  notre  anneau  l'em- 
ploi au  génitif. 

LXXX1V 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  d'aNDERNACH 
(PRUSSE  RHÉNANE) 


Nous  reproduisons  ici  la  plateforme  du  chaton  d'une  bague  prove- 
nant d'un  tombeau  découvert  près  d'Andernach  (Prusse  Rhénane), 
Y Antunnacum  des  itinéraires  romains2  et  d'Ammien  Marcellin 3. 

En  1886,  M.  Schaaffhausen,  conservateur  du  Musée  de  Bonn,  a 
adressé  à  mon  savant  confrère  M.  Alex.  Bertrand,  pour  m'ètre 
communiqué,  un  dessin  du  monogramme  dont  11'  chaton  du  dit 
anneau  est  décoré. 

Ce  monogramme  est  des  plus  compliqués.  Nous  y  avons  reconnu 
la  présence  des  lettres  suivantes,  en  allant  de  gauche  à  droite  :  E, 
T,  A,  V,  N,  I,  7,  C,  et  un  second  E,  auquel  il  faut  peut-être  joindre 
un  L  rétrograde.  Il  nous  a  été  impossible  de  grouper  ces  caractères 
d'une  façon  rationnelle  et  d'obtenir  une  explication  même  conjec- 
turale. 

Nous  devons  noter,  à  ce  propos,  que  les  monogrammes  inscrits 
sur  les  bagues  des  régions  du  nord,  du  nord -est,  et  particulière- 
ment de  celles  qui  bordent  le  Rhin,  sont  assez  souvent  compliqués 
et  d'un  déchiffrement  très  ardu.  Ajoutons  toutefois  que  nous  n'en 
avons  pas  encore  rencontré  dont  l'étude  présentât  autant  de  diffi- 
culté que  eclui  de  l'anneau  d'Andernach. 

1.  III,  80,  91  (Pertz,  Ibid.,  p.  650-652). 

2.  Voir  E.  Desjardins,  La  Géographie  de  la  Gaule  d'après  la  Table  de  Peutln- 
ger,  p.  54. 

3.  XVIII,  ii,  5;  collecl.  Teubner,  p.  122. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


DU 


DIOCÈSE  DE  TONGRES 


LXXXV 


BAGUE  DE  WABLEGYSUS,  PROVENANT  d'aULCHIN,  PROVINCE  DE  BELGIQUE 


Cette  bague,  trouvée  en  1850,  dans  le  cimetière  franc  de  Ilaulchin, 
fut  déposée  au  Musée  royal  d'armures  et  d'antiquités  de  Bruxelles. 
D'après  des  renseignements  que  j'ai  reçus  de  M.  Destrée,  conserva- 
teur-adjoint de  ce  Musée,  l'anneau  ou  plus  exactement  les  frag- 
ments d'anneau  qui  y  avaient  été  recueillis,  sont  perdus  depuis 
déjà  longtemps  :«  Cet  objet,  m'écrivait-il  récemment1,  est  décrit 
dans  le  catalogue  de  1854,  mais,  lors  du  recolement  fait  eu  18.V.I, 
il  ne  fut  pas  retrouvé  ;  aussi  ne  figure-t-il  plus  dans  le  catalogue 
imprimé  en  186i.  » 

Notre  anneau  a  été  publié  pour  la  première  fois,  peu  après  sa 
découverte,  par  M.  Scbayes,  alors  conservateur  de  la  précieuse 
collection  belge2,  et  depuis  par  plusieurs  archéologues,  notamment 
par  notre  regretté  confrère,  E.  Le  Blant,  qui  avait  eu  des  em- 
preintes, d'après  lesquelles  le  bijou  a  été  reproduit  dans  son  Recueil 
des  inscriptions  chrétiennnes  de  la  Gaule  s. 

Il  est  en  argent  et  se  compose  d'un  chaton  de  forme  ronde,  de 
1S  millimètres  de  diamètre  (y  compris  la  bordure  de  grènetis), 
soudé  sur  une  mince  tige,  qui  se  prolonge  sous  le  chaton  en  une 
double  patte.  A  droite  et  à  gauche  du  chaton,  il  y  a  trois  globules 
ou  cabochons  en  argent,  soudés  au  point  où  il  se  réunit  à  la  ba- 
guette. 

Il  porte,  en  légende  circulaire,  et  très  légèrement  gravé  à  la 
i   Lettre  de  M.  Destrée,  du  29  mars  1887. 

2.  Notice  sur  la  découverte  d'un  cimetière  franc  à  Haulchin,  p.  4,  pl.  II,  fig.  4  ; 
Bulletin  de  l'Acad.  de  Belgique,  t.  XXI,  lre  partie,  p.  120,  et  pl.  II,  fîg.  1G. 

3.  T.  I",  p.  425,  n°  321,  pl.  XXXV,  n°  219.  Ou  le  trouve  encore  dans  Cochet, 
Normandie  souterraine,  2°  édit.,  p.  252,  et  Le  tombeau  de  Childéric  l",  p.  377. 


100 


ÉTUDE   SUR   LES  ANNEAUX 


pointe,  un  nom,  où  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  cet  objet  ont 
lu  +  WABVETVSVS. 

Cette  leçon  ne  nous  paraît  pas  exacte.  Telle  était  aussi  l'opinion 
d'un  habile  paléographe,  le  regretté  Julien  Havet. 

Le  premier  groupe  WAB  est  suivi  d'un  L  et  d'un  E,  puis  d'une 
lettre  qu'on  a  prise  à  tort  pour  un  T  et  oîi  j'ai  vu,  avec  J.  Havet, 
une  des  nombreuses  formes  du  G  à  l'époque  mérovingienne  ;  vien- 
nent ensuite  un  Y  (qu'on  a  pris  pour  un  V)  et  le  groupe  final  SVS. 

L'ensemble  de  l'inscription  nous  donne 

WABLEGYSVS- 

Si  le  S  du  centre  a,  à  raison  de  la  place  qu'il  occupe,  uue  deuxième 
signification,  il  représente  l'initiale  de  Signavi  ou  Subscripsi,  et, 
dans  ce  cas,  il  faudrait  lire  : 

+  WABLEGYSVS  S(ignavi)  ou  S(ubscripsi). 

Les  deux  dernières  syllabes  de  ce  nom  sont  bien  en  rapport  avec 
l'onomastique  gallo  franque  ',  et  le  Y  remplace  assez  souvent  le  | 
dans  les  chartes  et  diplômes  de  cette  période  3. 

LXXXVI  à  CXIV 

VfNGT-NEUF  ANNEAUX  PROVENANT  DE  LA  PROVINCE  DE  NAMUR  (BELGIQUE) 

M.  Alfred  Bêquet5,  vice-président  de  la  Société  archéologique  de 
Namur  et  conservateur  du  Musée  de  cette  ville,  m'a  fort  obligeam- 
ment envoyé  les  dessins  d'une  nombreuse  série  d'anneaux  francs 
appartenant  audit  Musée  et  provenant  des  fouilles  exécutées  parles 
soins  de  la  Société  de  Namur,  sur  la  rive  droite  de  la  Meuse  et  de 
la  Scarpc,  dans  les  limites  de  la  province.  Mais  il  me  parait  utile  de 

1.  Nous  voyons  en  effet,  dans  les  actes  de  celte  période,  des  noms  comme 
ceux  d'Adalgisus,  Adregisus,  Alagisus,  Amalgisus,  Andegisus,  Ansigisus,  Bere- 
gisus,  Bcrdegisus,  Bretegisus,  Carothgisus,  etc.,  etc.  (Pardessus,  Dipl  et  ch.,  1. 1, 
p.  213;  t.  II,  p.  37,  83,  89,  149,  202,203,  213,  221,  437,  440,  447,  461  et  passim.) 

2.  Ainsi  l'on  trouve  Aigulfus  et  Aygulfus,  Ghislemarus  et  Ghyslemarus,  Hidul- 
fus  et  Hydulfus,  Hippolytus  et  Yppolitus,  etc.  (Pardessus,  Diplom.  et  ch.,  t.  II, 
p.  33,  35,  35,  43,  47,  49,  53,  81,  118,  note  3,  199,  218  etpassim. 

3.  Lettre  de  M.  A.  Bé^uet,  du  8  avril  1889. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


101 


faire  précéder  cette  description,  do  notions  générales  que,  sur  ma 
demande,  le  savant  archéologue  a  bien  voulu  formuler  touchant 
l'âge  probable  et  les  procédés  de  fabrication  de  ces  petits  monu- 
ments. 

Point  n'est  besoin  de  signaler  à  nos  lecteurs  la  haute  valeur  d'ob- 
servations émanées  d'un  érudit  aussi  profondément  versé  dans 
la  connaissance  des  antiquités  de  la  province  de  Namur. 

«  Age  probable  des  anneaux. 

«  Les  Francs  ensevelis  dans  les  cimetières  de  Samson  et  de 
Spontin  portaient  la  grande  épée,  la  francisque,  la  framée,  le  bou- 
clier et  de  belles  boucles  en  bronze.  Leurs  compagnes  portaient 
des  colliers  en  or,  en  ambre  ou  en  verroterie,  des  bracelets  en 
argent  et  en  verre,  des  pendants  d'oreilles,  des  épingles  à  cheveux 
en  or  et  en  argent.  Leurs  coiïrets  à  bijoux  ont  des  ornements  de 
style  romain  ;  presque  tous  les  vases  sont  en  terre  rouge,  et 
imités  des  vases  dits  samiens  ;  les  vases  en  verre  sont  nombreux. 

«  Bien  que  le  "mobilier  de  ces  sépultures  ait  un  caractère  germa- 
nique parfaitement  prononcé,  on  constate,  dans  la  plupart  des 
objets  d'équipement  et  de  toilette,  une  influence  romaine  évidente. 

u  Ces  hommes  libres  s'étaient  assurément  trouvés  en  contact 
avec  la  civilisation  romaine,  soit  clans  les  grandes  villes  riveraines 
de  l'Escaut,  de  la  Meuse,  de  la  Moselle  et  du  Rhin,  ou  bien  dans 
les  armées  impériales,  où  ils  avaient  servi  comme  auxiliaires. 

<(  Bien  dillérent  est  le  mobilier  sépulcral  des  nécropoles  de  date 
postérieure;  il  a  un  caractère  plus  rude,  plus  franchement  ger- 
manique; on  n'y  voit  aucune  trace  de  contact  avec  une  civilisation 
plus  avancée.  Les  bijoux  en  métal  sont  rares  et  consistent  princi- 
palement en  bractéates  analogues  à  celles  qu'on  trouve  en  Scandi- 
navie. Les  objets  de  parure  sont  de  facture  bien  barbare  ;  les  signes 
du  christianisme  sont  mêlés  aux  amulettes  païennes;  les  anneaux 
ont  des  signes  et  des  monogrammes. 

«  Deux  ou  trois  tombes  seulement  renfermaient  la  francisque, 
la  framée  et  même  la  grande  épée  :  ce  sont  les  restes  d'hommes 
libres,  propriétaires  du  sol  sur  lequel  ils  se  sont  définitivement 
fixés  après  la  conquête. 

«  Les  sépultures  qui  les  entourent  appartiennent  à  leurs  serfs. 
On  n'y  rencontre  que  dos  scramasaxes,  des  couteaux,  des  boucles 


102 


ÉTUDE    SUU    LES  ANNEAUX 


de  ceinturon  en  fer,  des  objets  de  toilette  d'un  style  très  barbare 
et  de  petites  urnes  noires  couvertes  d'ornements  bizarres. 

«  Au  mois  de  nui  1890,  il  a  été  découvert,  à  Suarlée  près  Namur, 
une  sépulture  précieuse  au  point  de  vue  de  l'épo  jue  à  assigner  à 
l'usage  des  anneaux  qui  nous  occupent  parmi  les  populations  fran- 
ques.  A  côté  des  objets  formant  l'équipement  habituel  du  guerrier 
germain,  se  trouvaient  deux  bagues  en  or. 

«  Ce  qui  donne  à  cette  trouvaille  une  valeur  particulière,  c'est 
que  la  sépulture  renfermait  en  outre  sept  monnaies  impériales  en 
or,  savoir  :  1  de  Valens  (364-378),  1  de  Gralicn  (367-383),  2  de 
Valentinien  II  (375-392),  1  de  Théodose  (379-395),  1  d'Arcadius 
(383-408),  et  1  d'Honorius  (395-423).  Une  aussi  remarquable  série 
d'empereurs,  dont  tous  les  règnes  se  suivent,  permet  sans  doute  de 
considérer  comme  très  probable  que  la  date  de  l'enfouissement  de 
ces  médailles  avec  le  corps  du  guerrier  remonte  à  Honorius  ou  à 
un  de  ses  successeurs  immédiats. 

«  Procédés  de  fabrication. 

«  L'or  employé  par  les  orfèvres  francs  pour  l'exécution  de  ces 
bijoux  avait  été  laminé  par  le  martelage. 

«  Toutes  les  soudures  étaient  faites  à  l'or  avec  beaucoup  d'ha- 
bileté. 

«  La  tige  de  ces  bagues  consiste,  soit  en  une  corde  unie,  ou  gra- 
nulée ou  striée,  soit  et  plus  souvent  en  un  cercle  d'or,  sur  lequel 
on  gravait  quelques  dessins  ou  l'on  appliquait  par  la  soudure  des 
ornements  consistant  en  globules,  grènetis,  fils  tordus,  lamettcs, 
etc.,  etc. 

«  Le  chaton  a  généralement  la  forme  d'une  capsule  carrée,  rondo 
ou  ovale,  faite  de  lames  d'or  assez  minces  et  soudées.  Il  enchâsse 
une  améthyste,  un  cristal  de  roche,  rarement  une  intaille  ou  un 
camée.  Mais  les  orfèvres  barbares,  qui  n'avaient  pas  toujours  ni 
même  fréquemment  à  leur  disposition  des  pierres  dures,  les  rem- 
plaçaient bien  souvent  par  des  imitations  en  verre. 

«  On  ne  trouve  pas  sur  ces  genres  d'anneaux  les  trois  globules 
ou  cabochons  en  métal,  disposés  en  feuilles  de  trèfle,  qui,  ainsi 
que  le  dit  très  justement  M.  Deloche,  sont  un  des  ornements  ca- 
ractéristiques des  anneaux  mérovingiens'. 

1.  Il  convient  toutefois  de  noter  à  cet  endroit  que,  d:ins  plusieurs  de  nos  an- 


DES    PREMIERS  SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE 


103 


«  A  côté  des  bagues  en  or,  celles  que  l'on  rencontre  le  plus  com- 
munément chez  les  Francs  des  premiers  temps  de  l'occupa! ion, 
sont  do  simples  anneaux  d'argent  ou  de  bronze,  semblables  aux 
alliances  que  portent  encore  aujourd'hui  les  gens  mariés.  Le  seul 
cimetière  franc  de  Samson  en  a  donné  une  vingtaine. 

«  Un  large  anneau  d'argent,  trouvé  tout  récemment  dans  une 
sépulture  franque,  à  Ilans-snr-Lesee,  province  de  Namur,est  décoré 
d'un  chaton,  dans  lequel  est  sertie  nne  intaille  romaine  sur  corna- 
line, d'un  excellent  effet. 

«  Pour  me  résumer,  je  pense  que  les  anneaux,  chez  les  Francs 
du  vc  siècle  et  peut-être  du  commencement  du  vie,  étaient  encore 
dépourvus  de  signes  et  de  monogrammes.  Ces  peuples  avaient 
emprunté  aux  Romains  l'usage  des  pierres  précieuses  pour  orner 
leurs  bagues,  et,  à  défaut  de  gemmes,  les  ont  imitées  avec  des 
verroteries.  Je  crois  que  l'usage  du  monogramme  et  des  figures 
n'est  venu  que  plus  tard,  lorsque  le  christianisme  fut  répandu 
parmi  les  Mérovingiens.  » 

1°  LXXXVI.  —  ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DE  JUMELLE, 
PROVINCE  DE  NAMUR  (BELGIQUE) 


Cet  anneau  en  argent  a  été  trouvé,  en  1882,  dans  la  sépulture 
d'une  femme.  On  recueillit  dans  la  même  tombe  des  grains  de  col- 
lier en  ambre  et  en  verroterie;  sur  la  poitrine  de  la  défunte,  il  y 
avait  une  fibule  semblable  aux  broches  que  les  femmes  portent  de 
nos  jours;  à  ses  pieds,  une  petite  urne  de  terre  noire,  ornée  de  des- 
sins faits  à  la  roulette. 

Notre  anneau  a  été  déjà  publié  par  M.  Béquet,  dans  les  Annales 
de  la  Société  archéologique  de  Namw-'. 

neaux,  on  voit  deux  petits  globules  ou  cabochons  de  métal  disposés  à  droite  et 
à  gauche  des  points  de  jonction  de  la  tige  et  du  chaton.  M.  D. 

1.  T.  XVI,  p.  30;  l'article  est  intitulé  :  Nos  fouilles  en  1882. 


104 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


Il  a  18  millimètres  d'ouverture  et  se  compose  d'une  tige  de  2  mil- 
lim.  d'épaisseur  et  d'un  chaton  rond,  de  20  millim.  de  diamètre, 
soudé  sur  la  tige,  laquelle  se  prolonge  sous  le  chaton  dans  la  forme 
de  deux  pattes,  divisées  chacune  en  deux  volutes  divergentes.  Aux 
deux  points  de  réunion  de  la  tige  et  du  chaton,  on  a  soudé  trois 
cabochons  ou  globules,  disposés  en  feuilles  de  trèfle. 

Le  chaton,  bordé  d'un  cordon  perlé,  a  conservé  quelque  traces 
de  dorure  :  il  est  orné  d'un  monogramme,  gravé  légèrement  a  la 
pointe  à  la  façon  des  graffiti  et  parsemé  de  points. 

Etudions  maintenant  ce  monogramme,  dans  lequel  nous  devons 
nécessairement  trouver  un  nom  de  femme. 

En  parlant  de  la  droite  (du  lecteur),  nous  y  voyons  un  B,  un  A 
non  barré  et  surmonté  d'une  petite  croix;  un  S,  traversé  oblique- 
ment par  un  I  ;  un  N  formé  par  ce  trait  oblique  et  les  deux  barres 
perpendiculaires;  enfin,  un  E  rétrograde:  ce  qui  nous  donne,  pour 
l'ensemble,  le  nom  de 

BASINE 

La  déclinaison  de  ce  vocable  au  génitif  implique  la  présence  du 
mot  Signvm,  et  telle  est  assurément  la  signification  du  S  barré, 
qui  a  conséquemment  ici,  comme  dans  plusieurs  autres  bagues 
contemporaines,  un  double  emploi,  puisqu'il  enlre  aussi  dans  la 
composition  du  nom  de  la  personne  propriétaire  du  bijou. 

Nous  lisons  donc  : 

SI(,9num)BASINE. 

Le  nom  de  Basina  est  célèbre  dans  les  annales  des  Francs  méro- 
vingiens, car  il  fut  porlé  :  1°  par  la  femme  du  roi  de  Thuringe,  qui 
abandonna  ce  prince  pour  venir  s'offrir  au  roi  Childéric  IeJ,  dont 
elle  eut  Clovis  Ier';  2°  par  une  fille  de  Gbilpéric,  qui  fut  religieuse 
dans  le  monastère  de  Sainte-Croix  de  Poitiers,  où  elle  causa  des 
troubles  et  des  scandales  rapportés  par  Grégoire  de  Tours2. 

Il  existe  un  autre  anneau  sigillaire  portant  le  môme  mono- 
gramme de  Basina,  qui  fait  l'objet  de  la  notice  suivante. 

1.  Greg.  Tur.,  Hist.  eccles.  Fiancor.,  Il,  12  ;  Epilom.,  12,  édit.  Guadet  et  Taranne, 
t.  Ict,  p.  80  et  t.  II,  p.  29. 

2.  Hist.  eccles.  Franco-.,  IX,  39;  et  X,  16;  edit.  laud.,  t.  II.  p.  187  et  243.  Le 
masculin  Basinus,  correspondant  au  féminin  Basina,  se  renconlre  assez  fréquem- 
ment dans  la  période  mérovingienne.  Voir  dans  Pardessus,  t.  II,  p.  83,  88,  (J3, 
221,  250-253,  2G4  et  358. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


105 


2°  LXXXVIL  —  AUTRE  ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A 
FRANCHTMONT,  PROVINCE  DE  NAMUR 


Voici  un  deuxième  anneau,  en  bronze,  portant  le  monogramme 
de .Basina,  provenant,  comme  le  premier,  d'une  sépulture  franque, 
et  publié  par  M.  Alf.  Béquet,  dans  les  Annales  de  la  Société  archéo- 
logique de  cette  ville'.  Il  en  diffère  toutefois  sous  plusieurs  rap- 
ports. 

Il  a  20  millimètres  d'ouverture,  cl  la  tige  en  a  4  de  largeur.  Le 
chaton,  de  forme  ronde,  a  12  millim.  de  diamètre;  il  n'est  pas 
accosté  des  trois  cabochons  en  Heur  de  trèfle  qu'on  observe  sur  le 
numéro  précédent. 

Le  monogramme  dont  il  est  orné,  presque  identique  à  celui  du 
premier  anneau,  est  gravé  plus  habilement  au  burin  el  en  traits 
plus  profonds  et  plus  pleins.  C'est,  nous  l'avons  dit,  le  même  nom 
de  Basina  au  génitif,  avec  le  S  barré  (%),  abréviation  de  Signum, 
comme  au  numéro  précité  : 

+  S{ignum)  BASINE. 

Une  circonstance  à  signaler,  c'est  que  ce  bijou  a  été  recueilli, 
à  Franchimont,  dans  une  tombe  dont  le  mobilier  dénonce  la  sé- 
pulture d'un  guerrier:  il  comprend,  en  ellet,  une  francisque,  une 
framée,  une  boucle  en  fer  avec  plaque  et  contre-plaque  garnies 
d'argent,  des  flèches  pour  la  chasse  et  divers  menus  objets  \ 

Il  est  fort  difficile  d'expliquer  comment  deux  bagues  portant  le 
môme  nom  féminin  en  un  monogramme  de  composition  presque 
identique,  se  sont  trouvées  en  deux  endroits  et  dans  des  sépultures 
différentes  :  l'une  dans  une  tombe  de  femme,  l'autre  dans  la  tombe 
d'un  guerrier.  On  ne  pourrait  imaginer,  à  cet  égard,  que  des  con- 

1.  T.  XV,  p.  289;  l'article  est  intitulé  :  Nos  fouilles  de  4880. 

2.  Tels  que  briquet,  pince  à  épiler,  perçoir.  Il  y  avait  aussi  deux  vases  en  po- 
terie et  un  vase  en  verre. 


106 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


jectures  sans  base  sérieuse  et  qu'il  est  conséquemment  inutile 
d'exposer.  Nous  nous  bornerons  à  faire  observer  que,  des  deux 
bagues,  l'une  a  18  millimètres  et  l'autre  20  millim.  d'ouverture, 
ce  qui  donnerait  à  penser  qu'elles  avaient  été  fabriqués  pour  deux 
personnes  ditférentes. 

Il  est  inléressant  de  les  rapprocher  d'un  autre  anneau  des 
contrées  rhénanes,  décrit  plus  haut  sous  le  n°  LXXXIII. 

3°  LXXXV1II.  —  BAGUÉ  DE  ISOLUS  OU  BOBOLUS,  TROUVÉE    AU  TOMBOIS, 

PROVINCE  DE  NAMUR 


La  bague  en  bronze  que  nous  repro  luisons  ici,  a  été  recueillie 
dans  un  cimetière  franc,  découvert  au  lieu  dit  le  Tombais,  dépen- 
dance du  hameau  d'Esclayc,  commune  de  Pondrôme,  canton  de 
Beauraing;  elle  était  au  doigt  d'un  personnage  qui  avait  été  ense- 
veli tout  éperonné. 

L'ouverture  de  l'anneau  est  de  22  millimètres;  la  tige,  qui  est 
massive,  a  7  millim.  et  dé  ni  près  du  chaton.  Ce  chaton,  ménagé 
à  même  le  métal,  est  de  forme  ronde  et  a  12  millim.  de  diamètre; 
il  présente,  gravées  en  creux,  deux  petites  croix,  avec  trois  lettres 
dont  nous  nous  occuperons  bientôt. 

En  publiant  ce  bijou,  en  1887,  la  Société  archéologique  de 
Namur  a  fait  connaître  que  les  sépultures  du  Tombois,  dans  l'une 
desquelles  il  a  été  recueilli,  contenaient  divers  objets  à  l'usage  des 
Francs,  tels  que  boucles  en  bronze,  coutelas,  éperons  en  fer,  peignes, 
bracelets,  broches  ornées  de  verroleries,  etc.1.  Quant  à  l'inscrip- 
tions  du  chaton,  l'auteur  de  l'article  descriptif  de  notre  anneau 
déclarait  ne  pouvoir  en  indiquer  le  sens2. 

La  lettre  gravée  à  la  droite  du  chaton  (gauche  du  lecteur)  est 
certainement  un  B  cursif  (b),  dont  la  base,  au  lieu  d'être  arrondie, 

1.  Annales  de  la  Soc.  archéol.  de  Namur,  l.  XVII,  p.  242-243.  Sur  un  grand 
coutelas  contenu  dans  une  de  ces  sépultures,  on  lit  l'inscription  VICSVS  FICIT. 

2.  Il  a  cru  voir,  mais  à  tort,  dans  une  de  ces  lettres,  un  «  I  avec  un  crochet, 
qui  lui  donnerait  l'apparence  d'un  J  »  ;  c'est  assurément  un  15  cursif. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


107 


présente  un  angle  aigu;  les  deux  lettres  de  gauche  sont  O  et  L.  En 
redoublant  le  O,  on  trouve  le  vocable  bOLO,  an  nominatif,  men- 
tionné, au  viue  siècle,  dans  une  charte  de  l'abbaye  de  Lorsch  '.  En 
redoublant  les  deux  premières  lettres,  nous  avons  le  nom  de 
bObOLO.  qui  est  celui  d'un  monnayer  inscrit  sur  un  tiers  de  sou 
d'or  fabriqué  au  milieu  du  vn°  siècle5.  Il  est  même  à  remarquer 
que  le  B  y  est,  comme  sur  la  bague  du  Tombois,  en  la  forme  cur- 
sive  \  Dobolus  est  le  diminutif  au  'Ier  degré  de  Bobo,  d'où  est  dérivé 
le  diminutif  au  2e  degré  Bobolenus,  dont  l'emploi  fut  fréquent  dans 
le  haut  moyen  âge'. 

En  résumé,  les  caractères  inscrits  sur  le  chaton  de  notre  bijou 
nous  paraissent  devoir  être  lus  ainsi  : 

+  bOLO  H-  ou  +  bOfbO)LO  + 

On  pourrait  admettre  aussi  l'hypothèse  d'un  nom  de  la  deuxième 
déclinaison,  décliné  ici  au  datif  ou  plutôt  à  l'ablatif,  ce  qui  n'au- 
rait rien  de  surprenant,  car  ou  en  rencontre  de  nombreux 
exemples  dans  les  souscriptions  des  chartes  et  des  diplômes  de  la 
période  mérovingienne,  el  nous  en  avons  d'autres  exemples  sur 
nos  anneaux. 

1.  Bolo,  gén.  Bolonis,  dans  Cod.  Laureshamens .  diplomat.,  t.  111,  p.  77. 

2.  Celle  pièce  a  été,  suivant  nous  (Descript.  des  monn.  méroving.  du  Limousin, 
n°  80,  p.  183),  frappée  h  Ajain  (Creuse);  Adr.  de  Longpérier  (Collect.  Rousseau, 
p.  87,  pl.  II,  n°  197)  l'a  attribué  à  Agen  (Lot-et-Garonne).  En  voici  les  légendes  : 

AGENNO  FIT  —  +  BOBBOLO  MONI(tow). 

3  Voir  notamment  Revue  numismatigne,  lr°  série,  t  XF,  p  100  et  227;  I  ong- 
périer,  Collect.  Rousseau,  n°  154,  p  62.  De  nombreux  personnages  sont  ainsi 
appelés  dans  Grégoire  de  Tour-,  llist.  Franc.,  V,  40,  cl  VI,  45;  édil.  Guadet  et 
Taranne,  t.  I,  p.  438  et  453;  et  dans  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p.  82,  83.  89, 
100,  264,  346  et  45  4. 

4.  On  connaît  des  monnayers  mérovingiens  de  ce  nom  qui  ont  signé  des 
pièces  sorties  de  trois  ateliers.  Voir  An.  de  Barthélémy,  Liste  des  noms  d'hommes 
graves  sur  l's  monnaies  d:  l'époque  mérovingienne,  p.  9.  Mentionnons  aussi  un 
abbé  de  Saint-Bénigne  de  Dijon  (an.  814)  et  un  fonctionnaire  du  Palais,  qui 
assista,  en  719,  à  un  plaid  tenu  parle  maire  du  Palais  Charles  Martel  (Pardes- 
sus, Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p.  209,  300  et  316).  Grégoire  de  Tours  fait  mention  d'un 
Bobolenus,  référendaire  de  la  reine  l'rédégonde  (llist.  Franc.,  VIII,  32;  t.  II, 
p.  112).  Les  Bollandistes  ont  donné  la  Vie  de  deux  saints  du  même  nom,  qui 
lurent  évêques  de  Vienne,  l'un  au  vu0  siècle,  l'aulre  au  vuic  (Ai  ta  SS  ,  mens, 
maii,  t.  VI,  p.  446). 


ÉTUDE  SU»  LES  ANNEAUX 
ANNEAU  D'AIRINSUStlS,  TROUVÉ  AU  TOMBOIS 


Voici  un  anneau  sigillaire  en  bronze,  qui  provient,  comme  celui 
dont  nous  nous  sommes  occupé  ci-dessus,  du  cimetière  franc  du 
ïombois,  dans  le  hameau  d'Esclaye,  commune  de  Pondrôme.  Il  a  été 
également  publié,  en  1887,  par  la  Société  archéologique  de  Namur1. 
Il  a  20  millimètres  d'ouverture,  et  se  compose  d'une  tige  assez 
mince  et  d'un  chaton,  qui  paraît  y  être  soudé;  il  existe,  aux  deux 
points  de  réunion  de  la  tige  et  du  chaton,  trois  cabochons  ou  glo- 
bules, disposés  en  feuilles  de  trètlc,  comme  on  les  rencontre  si  fré- 
quemment sur  les  anneaux  de  fabrique  mérovingienne.  Au  centre 
du  chaton,  qui  est  de  forme  ronde  et  a  1G  millimètres  de  diamètre, 
on  remarque  un  gros  bouton  pris  dans  le  métal  et  isolé  par  un  trait 
circulaire  profondément  creusé  au  burin;  autour  de  ce  bouton, 
sont  gravées  une  croisette  et  une  légende  en  lettres  bouletécs  très 
lisibles  : 

-f  AIRINSVc/)| 

Signum  étant  sous-entendu5. 

Peut-être  aussi  faudrait-il,  à  raison  de  la  forme  étrange  du  mot 
Airinsusi,  admettre  que  la  dernière  syllabe  doit  être  ici  détacebé 
du  vocable,  comme  cela  a  lieu  pour  deux  autres  noms  inscrits  sur 
nos  anneaux  (ABBONE  SO  et  ROCCOLANE  SV),  dont  les  terminales 
SV  et  SO  ont,  suivant  nous,  la  signification  de  SV{àscripsi) 
Dans  l'espèce  présente,  la  syllabe  SI  aurait  le  sens  de  S\{f/navi)  ou 

1.  Annales  de  la  Soc.  archèol  de  Namur,  t.  XVII,  p.  243. 

2.  Quand  j'ai  publié  pour  la  première  fois  cet  anneau  [l\ev.  archcolog.,  année 
1888,  t.  II,  p.  180),  j'ai  pensé  que  le  nom  qui  y  est  gravé  était  Airinsus  et  que 
le  deuxièmes  de  ce  nom  avait,  avec  le  I  final,  la  valeur  de  silgnavi).  Mais,  après 
mûre  réflexion,  je  crois  qu'il  est  préférable  de  voir  là  le  génitif  d'Airinsusw. 

3.  Voir  plus  loin  les  nos  CCLXV  et  CCbXVIII  et  les  notes. 


108 

4°  LXXXIX  — 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


109 


5°  XG.  —  BAGUE  A  DEUX  CHATONS  ORNÉS  DE  CROIX,  TROUVÉE  A  RESTEIGNÉ, 

PROVINCE  DE  NAMUR 


Autre  bague  en  bronze.  Elle  provient  du  cimetière  franc  de  Res- 
teigné,  et  d'une  tombe  où  l'on  a  recueilli  en  même  temps  divers 
objets  qui  nous  semblent  dénoter  une  sépulture  masculine1. 

Cet  anneau  a  22  millimètres  d'ouverture  ;  la  tige,  qui  est  ondulée, 
relie  deux  cbalons  de  dimensions  inégales;  le  plus  grand  de  ces 
ebatons  est  un  carré  de  1  1  millimètres  de  côté,  et  porte  une  croix 
pattée,  dont  les  deux  bras  sont  accostés  chacun  de  deux  en/ailles 
faites  au  burin. 

Le  deuxième  chaton,  déforme  ronde,  à  8  millim.  1/2  de  diamè- 
tre, et  présente  une  petite  croix  à  branches  égales,  pattées  et  four- 
chues. 

6°  XGI.  —  BAGUE  d'aILLA,  TROUVÉE  DANS  LA  PROVINCE  DE  NAMUR 


Nous  faisons  figurer,  à  cette  place,  une  bague  en  bronze,  prove- 
nant, comme  les  précédentes,  d'une  sépulture  franque  de  La  pro- 
vince de  Naraur. 

Elle  a  18  millimètres  d'ouverture;  la  tige  est  ronde  et  a  2  millim. 
d'épaisseur.  Elle  est  munie  d'un  chaton  déforme  ronde,  de  11  mil- 

i.  Ce  sont  :  la  plaque  en  os  d'une  boucle  de  ceinturon,  garnie  de  trois  grosses 
tètes  de  clous  en  bronze;  une  grande  fibule  ansée  en  bronze  à  deux  pattes,  et 
une  petite  balance  également  en  bronze.  (Lettre  de  M.  Alf.  Béquet,  du  l  i  mars 
1889). 


110 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


lim.  de  diamètre,  sur  lequel  est  gravée  une  croix  à  branches  égales, 
fortement  potencée  et  cantonnée  de  quatre  lettres. 

Dans  quel  ordre  doivent  être  lues  ces  quatre  lettres,  où  nous 
devons  trouver  le  nom  de  la  personne  propriétaire  du  bijou,  et  qui, 
d'après  la  faible  ouverture  de  l'anneau,  était  sans  doute  une  femme? 

En  matière  de  numismatique  mérovingienne,  lorsqu'une  croix 
gravée  sur  une  des  faces  de  la  monnaie,  présente  ainsi  des  carac- 
tères alphabétiques  à  ses  quatre  angles  ou  cantons,  ces  caracètres 
sont  lus  dans  l'ordre  même  de  ces  cantons,  c'est-à-dire  en  par- 
tant de  la  gauche  (du  lecteur)  des  deux  angles  supérieurs,  et 
puis,  en  partant  encore  de  la  gauche  des  deux  angles  inférieurs. 
On  en  trouve  des  exemples  nombreux1. 

Il  est  conforme  à  la  logique  de  procéder  pareillement  pour  la 
lecture  des  inscriptions  des  anneaux  de  la  même  époque. 

D'après  cela,  les  quatre  lettres  de  notre  bague  doivent  être  lues 
ainsi  :  AILL-  et  avec  le  redoublement  de  A. 

AILLA- 

Le  Polyptique  de  Saint- Pcmi  de  Reims  contient  la  mention  des 
noms  masculins  Ai/as  et  Ailo°,  et  du  vocable  féminin  Aila3,  qui 
permet  d'admettre  à  priori  l'emploi,  chez  les  Francs  mérovingiens, 
de  la  forme  Ail/a,  qui  n'en  diffère  que  par  le  redoublement  du  /'. 
Nous  trouvons  enfin  dans  une  notice  de  plaid  de  750,  le  nom  fémi- 
nin d'Aillerta* ,  dont  le  thème  principal  paraît  être  Ailla. 

7°  XC1I.  —  ANNEAU  A  CROIX  ÉGALE  CANTONNÉE  DE  POINTS,  PROVENANT  DE 

LA  PROVINCE  DE  NAMUR 

Voici  un  aulrc  anneau  en  bronze,  trouvé  dans  la  province  de  i\a- 
mur. 

Cet  anneau,  qui  est  visiblement  de  la  même  fabrique  que  le  pré- 

1.  Voir  notamment  Deloche,  Descript.  des  monnaies  mérov.  du  Limousin, 
n'"  LXVIII,  LXIX,  LXX,  LXXV,  LXXX'III  et  GXXIV  des  planches. 

2.  Polyptique  de  Saint-Remi  de  Reims,  édit.  de  R.  Guérard,  p.  54,  64  et  10G. 

3.  Ibid.,  p.  87.  On  trouve  aussi  le  nom  d'Ailitia,  p.  104. 

4.  Le  Polyptique  de  Sainl-Germain-des  l're's,  édit.  d'Aug.  Longnon,  n°  21, 
p.  242,  nous  l'ait  connaître  le  nom  A' Alla,  où  se  produit  le  redoublement  du  /. 

5.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p  415. 


DES    PREMIERS    SIECLES   DU    MOYEN  AGE 


111 


cèdent,  a  20  millim.  1/2  d'ouverture,  et  se  compose  d'une  tige  de 
2  millini.de  hauteur,  sur  laquelle  est  soudé  un  chaton  de  forme 
ronde,  de  11  millim.  de  diamètre.  Sur  ce  chaton  est  gravée  une 


croix  égale,  fortement  potencée  aux  quatre  branches,  et  cantonnée 
de  quatre  points  ou  globules,  au  lieu  des  quatre  lettres  qu'on  lit 
dans  le?  angles  de  la  croix  de  la  bague  à' Ailla. 

8°  XCIII. —  BAGUE  AVEC  INSCRIPTION,  TROUVÉE  AU  LIEU  DIT  ((  LE  BOIS  DES 
SORCIÈRES  »,  PROVINCE  DE  NAMUR  ' 


Nous  publions  ici  une  autre  bague  en  bronze,  trouvée  dans  une 
sépulture  franque.  où  l'on  a  recueilli  en  même  temps  une  framée, 
une  grande  boucle  en  bronze  avec  plaque  el  contre  plaque,  sur  les- 
quelles sont  tracés  au  burin  des  serpents  enlacés. 

Cette  bague  a  20  millim.  d'ouverture;  la  largeur  de  la  tige  est 
de  3  millim.  ;  le  chaton  qui  y  est  soudé  est  accosté  de  trois  cabo- 
chons ou  globules,  disposés  en  feuilles  de  trèfle,  qui  sont,  comme 
nous  l'avons  souvent  remarqué,  une  des  particularités  distinctives 
de  la  fabrique  mérovingienne.  Ce  chaton  est  de  forme  ronde  et  a 
19  millim.  de  diamètre.  La  croix  à  branches  égales  qui  en  occupe 
le  centre,  est  cantonnée  des  quatres  lettres  A  E  C-E  ou  C'E  A  E,  ou 
en  lisant  à  la  place  des  deux  E,  deux  M  cursifs,  A-M  C  M  ;  ou  bien 
enfin,  en  prenant  l'un  de  ces  deux  caractères  pour  un  M  cursif  et 
l'autre  pour  un  E,  AMCE,  ou  E  C-M  A- 

Incertain  à  la  fois  sur  la  valeur  des  lettres  de  l'inscription  et  sur 


1.  Celte  localité  est  située  dans  la  commune  de  Florennes. 


112  ÉTUDE    SUR  LES  ANNEAUX 

Tordre  dans  lequel  elles  doivent  être  lues,  nous  sommes  dans  l'im- 
possibilité d'en  proposer  une  interprétation  plausible. 

9°XCIV.  —  ANN EAU-CACHET  AVEC  LE  S  BARRÉ,  PROVENANT  DE  LA  PROVINCE 

DE  NAMUR 


Voici  une  bague  en  bronze,  qui  a  18  1/2  millimètres  d'ouverture  ; 
la  tige  a  2  1/2  millimètres  de  hauteur.  Le  chaton,  de  forme  ronde, 
qui  y  est  soudé,  a  9  millim.  de  diamètre  et  porte,  gravé  en  creux, 
un  S,  que  coupe  obliquement  une  barre,  terminée,  à  ses  deux  extré- 
mités, par  un  trait,  où  il  ne  nous  paraît  pas  qu'on  doive  voir  un 
caractère  alphabétique. 

C'est  un  nouvel  exemple  d'anneau,  décoré  seulement,  au  chaton, 
du  siglc  abréviatif  de  Signum. 

10°  XCV.  —  BAGUE  AVEC  LA  LETTRE  A  RÉPÉTÉE,  PROVENANT  DE  LA 
PROVINCE  DE  NAMUR 


Cette  bague  en  bronze  a  20  millimètres  d'ouverture;  la  tige,  qui 
est  renforcée  près  du  chaton,  a  en  cet  endroit  7  millim.  de  hauteur. 
Ce  bijou  est  décoré  de  deux  chatons  de  dimensions  inégales,  dont 
le  moins  important,  de  forme  ovale,  a  7  millim.  dans  sa  largeur, 
et  4  1/2  dans  sa  hauteur;  il  est  orné  d'une  croix  grecque  pattée.  Le 
plus  important  des  deux  chatons  est  un  carré  long,  de  10  millim. 
de  hauteur  sur  19  de  largeur,  avec  un  double  encadrement,  où 
sont  figurés  deux  A- 

Ces  deux  lettres  sont  indubitablcmeni  l'initiale  répétée  du  nom 
du  propriétaire  de  l'anneau. 


DES   PREMIERS  SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE 


113 


11°  XGVI.  —  AUTRE  ANNEAU  AVEC  L'iNITlALE  N  RÉPÉTÉE  (?),  TROUVÉ 
DANS  LA  PROVINCE  DE  NAMUR 


C'est  un  anneau  en  argent,  provenant  de  la  tombe  d'une  femme 
franque. 

Il  a  19  millimètres  d'ouverture  et  une  hauteur  de  4  millimètres, 
la  môme  dans  tout  le  pourtour.  11  est  dépourvu  de  chaton  et  présente 
des  ornements,  qui  sont  séparés  par  des  traits  perpendiculaires, 
où  l'on  peut  voir  la  lettre  N  répétée,  laquelle  serait,  comme  sur  le 
n°  XC111  ci-dessus,  l'initialede  la  personne  propriétaire  de  ce  bijou. 

12°  XCVII.  —  ANNEAU  AVEC  UN  SIGLe'dE  SIGNIFICATION  DOUTEUSE, 
PROVENANT  DE  LA  PROVINCE  DE  NAMUR 


Cet  anneau,  trouvé  dans  une  sépulture franque,  a  17  millimétrés 
seulement  d'ouverture.  La  lige  en  est  mince  et  ronde;  aux  deux 
points  où  elle  se  relie  au  chaton,  elle  est  ornée  de  deux  globules  ou 
cabochons. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  est  de  forme  ronde  et  a 
12  millimètres  de  diamètre;  il  est  décoré  de  deux  cercles  concen- 
triques tracés  au  burin,  au  centre  desquels  on  a  gravé  trois  traits 
pareils  à  des  clous  qui  seraient  réunis  à  leurs  pointes.  Quand  j'ai 
publié  pour  l'a  première  l'ois  ce  bijou1,  j'ai  exprimé  la  pensée  que 
les  traits  qui  y  sont  figurés,  pourraient  être  une  allusion  aux  clous 
du  crucifiement  de  Jésus-Christ. 

Mon  savant  confrère  M.  R.  de  Lasteyric  m'ayant  fait  part  de 
ses  doutes  sur  le  point  de  savoir  si  la  figure  dont  il  s'agit  ne  serait 
pas  plutôt  un  shin  hébreu;  j'ai  consulté  sur  ce  sujet  un  autre  de 
mes  confrères,  dont  la  compétence  et  l'autorité  en  cette  matière  sont 

1.  Rev.  archéolog.,  année  1889,  t.  II,  p.  321. 

8 


114 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


reconnues,  M.  Philippe  Berger,  professeur  de  langue  hébraïque  au 
Collège  de  France,  et  sa  très  intéressante  réponse,  dont  on  trou- 
vera le  texte  à  l'Appendice1  se  résume  ainsi  : 

L'aspect  général  du  siglc  qui  nous  occupe  est  celui  d'un  shin 
hébreu,  et  M.  Berger  serait  d'autant  plus  disposé  à  l'y  reconnaître 
que  l'usage  des  abréviations  était  commun  chez  les  Juifs  au  moyen 
âge.  On  en  trouve  sur  leurs  cachets  et  sur  leurs  alliances.  On  voit 
dans  les  inscriptions  juives  des  catacombes  la  lettre  W  comme  abré- 
viation de  pax,  mais  elle  ne  se  rencontre  que  sur  les  monuments 
funéraires.  Ces  graffites,  tracés  par  des  pèlerins  nabatéens  sur  les 
rochers  du  ïSinuï,  commencent  par  la  formule  «  paix  à  un  tel  »,  qui 
se  termine  par  cette  lettre,  et  dont  le  sens  pourrait  convenir  ici; 
mais  il  serait  bien  étrange  de  trouver  cette  légende  juive  dans  une 
sépulture  franque. 

M.  Berger  estime  donc  que,  dans  l'état  de  nos  connaissances, 
l'idée  qui  lui  était  venue  à  l'esprit  est  trop  douteuse  pour  qu'on  la 
substitue  à  celle  que  j'ai  émise  en  1889. 

De  ce  qui  précède  il  résulte  que  la  question  d'interprétation  de 
la  figure  gravée  sur  notre  anneau  reste  ouverte. 

Je  me  bornerai  à  faire  remarquer  :  1°  que  le  mot  Pax  dont  le 
shin  hébreu  est  l'abréviation  fréquente  dans  les  inscriptions  juives 
des  Catacombes,  a  été  aussi  une  formule  usuelle  dans  les  épitaphes 
chrétiennes3;  2°  qu'il  est  aussi  dans  les  formules  liturgiques  des 
offices  catholiques3. 

13°  XCV111.  —  BAGUE  AVEC  ANIMAL  FANTASTIQUE  AU  CHATON,  PROVENANT 
DE  LA  PROVINCE  DE  NAMUR  ' 

Cette  bague  en  bronze  a  20  millimètres  d'ouverture;  sa  tige, 
ronde,  a  partout  2  à  3  millimètres  d'épaisseur.  Le  chaton,  soudé 
sur  la  tige,  est  accosté,  aux  deux  points  de  jonction  avec  celle-ci, 

1.  Append.  n°  IX. 

2.  Voir  la  formule  Pax  tecum  dans  E.  Le  Blant,  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule, 
t.  II,  n°s  495,  497,  499,519,  520,  522,  533,  541  et  suiv.  Voir  aussi  la  formule  In 
pace,  dans  le  même  tome  dudit  recueil. 

3.  A  l'office  de  la  Messe,  à  la  suite  de  l'Oraison  Dominicale  dite  à  haute  voix, 
et  à  la  fin  de  l'oraison  dite  à  voix  basse,  le  prêtre  ajoute  :  «  Pax  Domini  sït  sem- 
per  vobiscum  ». 

i.  Daprès  un  dessin  de  M.  AU',  béquet. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


115 


de  trois  cabochons  ou  globules,  également  soudés  et  disposés  en 
feuilles  de  trèfle. 


Sur  le  chaton,  de  forme  ronde  et  de  18  millimètres  de  diamètre, 
est  gravé  un  animal  fantastique  enroulé  sur  lui-même,  dont  la 
gravure  ci-dessus  ne  donne  qu'une  idée  imparfaite. 

14°  XCIX.  —  ANNEAU  AVEC  REPTILE  AU  CHATON,  TROUVÉ  DANS  LA 
PROVINCE  DE  NAMUR 


Cette  bague  en  bronze  a  une  ouverture  de  18  millimètres  ;  la 
tige  a  2  millim.  d'épaisseur;  le  chaton,  de  forme  ovale,  a  10  millim  . 
de  hauteur  sur  7  de  largeur,  et  présente  un  reptile,  grossièrement 
figuré  par  un  trait  surmonté  d'un  petit  globule  représentant  la 
tête  de  l'animal,  et  accosté,  à  droite  et  à  gauche,  de  quatre  traits 
obliques. 

15°  C.  —  AUTRE  ANNEAU  AVEC  REPTILE  AU  CHATON,  PROVENANT  DE  LA 
PROVINCE  DE  NAMUR 


Cet  anneau  en  bronze  a  17  1/2  millimètres  d'ouverture,  et  se 
compose  d'une  mince  tige  de  2  millim.  et  d'un  chaton,  pris  dans 
la  masse,  lequel  a  la  forme  d'un  losange  et  a  17  1  [2  millim.  de  lar- 
geur sur  8  1/2  de  hauteur. 


11*»  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

On  y  voit  un  reptile  (?),  grossièrement  figuré  par  un  trait  hori- 
zontal coupé  par  trois  traits  perpendiculaires. 

16°  CI.  —  ANNEAU  AVEC  CROIX  ÉGALE,  TROUVÉ  DANS  LA  PROVINCE 

DE  NAMUR 


Cet.  anneau  en  bronze  a  9  millimètres  d'ouverture;  la  tige  a 
2  millimètres  de  hauteur.  Le  chaton,  de  forme  irrégulière,  qui  est 
pris  dans  la  masse,  a  H  millim.  de  haut  sur  13  millim.  de  large. 
Il  présente  une  croix  à  branches  égales,  fortement  potencées. 

Ce  bijou  sort  évidemment  de  la  même  officine  que  ceux  qui  ont 
fait  l'objet  des  notices  XCVIII  et  XCIX  ci-dessus.  Il  diffère  seule- 
ment de  ces  derniers  en  ce  qu'il  n'a,  dans  les  angles  de  la  croix, 
ni  les  quatre  lettres  du  premier,  ni  les  quatre  points  du  second. 

17°  CH.  —  BAGUE  AVEC  SIGNES  NON  DÉFINIS,  PROVENANT  DE  LA 
PROVINCE  DE  NAMUR 


Voici  une  bague  en  bronze,  qui  a  18  millim.  1/2  d'ouverture;  sa 
tige  a  2  millim.  de  hauteur;  elle  est  ornée  d'un  chaton  ovale  de 
14  millim.  de  large  sur  12  1/2  de  hauteur.  Sur  ce  chaton,  qui  est 
ménagé  à  même  le  métal,  et  dans  un  cercle  tracé  au  burin,  on  a 
gravé,  au  centre,  une  feuille  ou  un  fruit  à  trois  lobes,  entouré  de 
trois  palmettes. 

Ces  dessins,  qui  présentent  une  grande  analogie  avec  ceux  d'un 
anneau  en  bronze  du  Musée  de  Mayence,  trouvé  près  de  Woerstadt 
(grand-duché  de  Ilesse-Darmstadt)  l,  ne  paraissent  avoir  aucune  si- 

1.  Voir  ci-dessus  le  n°  LXXVIII. 


DES   PREMIERS   SIECLES   DU  MOYEN  AGE 


117 


gnification;  et  néanmoins  ils  constituaient  probablement  un  ca- 
chet. 


18°  CI  II .  —  ANNEAU  ORNÉ  DE  POINTS  OU  GLOBULES  DANS  DES  CERCLES 
PROVENANT  DE  LA  PROVINCE  DE  NAMUR 


Cet  auneau  en  bron/e,  formé  tout  d'une  pièce,  a  9  millim.  de 
hauteur  près  du  chaton,  2  seulement  du  côté  opposé.  Le  chaton, 
ménagé  à  même  le  métal,  est  un  carré  long  de  12  millim.  sur  9  de 
hauteur.  On  y  a  tracé,  au  burin,  un  encadrement  à  pans  coupés, 
au  centre  duquel  il  y  a  un  point  ou  globule  dans  un  cercle.  A 
droite  et  à  gauche  du  chaton,  il  y  a  deux  ornements  semblables, 
mais  de  moindres  dimensions. 

Ce  mode  de  décoration  de  notre  bijou  se  remarque  sur  un  an- 
neau provenant  de  la  Suisse  romande,  que  nous  avons  décrit  plus 
haut'. 


19°  CIV.  —  BAGUE  PROVENANT  DU  CIMETIÈRE  FRANC  DE  SPONTIN, 
PROVINCE  DE  NAMUR  2 


Cette  bague,  qui  est  en  or,  a  21  millimètres  d'ouverture  ;  sa  tige 
est  une  bande  plate  de  métal,  large  de  8  millimètres,  recouverte, 
à  l'extérieur,  de  deux  torsades,  bordées  et  séparées,  l'une  de  l'autre, 
par  des  cordons  de  grènetis. 

Le  chaton,  soudé  sur  la  tige,  a  25  millimètres  de  saillie,  y 

1.  Voir  n°  XXXIII. 

2.  Décrite  dans  les  Annales  de  ta  Société  archéologigue  de  Namur,  t.  V1H, 
p.  327  et  suiv.,  article  de  M.  Aug.  Limelctte. 


118 


ÉTUDE   SUR    LES  ANNEAUX 


compris  la  torsade  dont  il  est  bordé  sur  ses  quatres  côtés;  c'est  un 
carré  de  12  millimètres  de  hauteur  sur  10  millimètres  do  large, 
formé  de  plaques  d'or  battu,  et  sertissant  une  pâte  de  verre  en 
table,  imitant  l'émerande.  Aux  points  de  jonction  avec  la  tige,  il  est 
accosté  de  deux  globules  ou  petits  cabochons  en  or. 

Ce  remarquable  spécimen  de  l'orfèvrerie  franque  a  été  trouvé 
dans  une  sépulture  féminine,  avec  l'anneau  décrit  dans  la  notice. 
suivante1. 

20°  CY.           AUTRE  ANNEAU  PROVENANT  DE  SPONTIN,  PROVINCE  DE  NAMUR* 


Ce  bijou,  également  en  or,  bien  qu'il  provienne  de  la  tombe 
féminine  où  a  été  trouvé  celui  que  nous  avons  précédemment 
décrit,  diffère  beaucoup  de  celui-ci.  Il  a  en  etfel  14  millimètres 
seulement  d'ouverture,  ce  qui  ne  convient  guère  qu'aune  main 
d'enfant  ou  de  jeune  fille. 

La  largeur  de  la  tige  est  de  3  millimètres.  Le  chaton  de  forme 
ronfle  qui  y  esl  soudé,  et  qui  a  9  millimètres  de  diamètre,  sertit  un 
quartz  hyalin,  reposant  sur  une  feuille  d'or  enduite  d'une  couleur 
violette,  probablement  afin  de  donner  au  quartz  l'aspect  de  l'amé- 
thyste. 

Aux  deux  points  de  jonction  du  chaton  et  de  la  tige,  il  y  a  deux 
globules  ou  cabochons  en  or. 

1.  Celle  tombe  renfermait  en  oulre  les  objets  suivants  :  un  peigne  en  os; 
;in  cou,  des  grains  de  collier  et  sept  jolis  boutons  en  jais,  cerclés  d'or;  les  débris 
d'un  coffret  à  bijoux  en  bois  revêtu  de  plaques  de  bronze  décorées  d'une  tète 
de  Méduse  de  facture  romaine,  et  de  divers  ornements,  une  cruche  et  un  pla- 
leau  en  terre  rouge. 

2.  Ce  bijou  a  été  décrit  et  reproduit  dans  l'article  précité  des  Annales  de  la 
Soc.  archëol.  de  Namur,  t.  VIII,  p.  327  et  suiv. 


21°  CVI.  — 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  119 
AUTRE  BAGUE  PROVENANT  DE  SPONTIN,   PROVINCE  DE  NAMUR  ' 


Colle  bague  en  or  a  18  millimètres  d'ouverture  ;  la  tige,  plate  et 
large  de  6  millimètres,  présente  deux  fortes  bandes  d'or  en  zig-zags, 
encadrées  entre  trois  filets  saillants. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  a  15  millimètres  de  diamètre,  est 
bordé  d'un  cordon  de  perles  ou  petits  cabochons,  et  sertit  une  ver- 
roterie noire. 

On  remarque  deux  globules  ou  cabochons  en  or  aux  deux  points 
de  réunion  du  chaton  et  de  la  tige. 

Ce  bijou  a  été  recueilli  dans  la  tombe  d'une  femme,  avec  deux 
bagues  très  simples  en  argent  et  divers  autres  objets2. 

22°  CVII.  —  BAGUE  PROVENANT  DU  CIMETIÈRE  FRANC  DE  SAMSON, 
PROVINCE  DE  NAMI'R  3 

Celle  bague,  en  argent,  trouvée  dans  une  sépulture  de  femme  ',  a 
19 millimètres  d'ouverture;  la  tige,  large  de  9  millimètres  près  du 
(  bâton  et  de  4  à  la  partie  opposée,  présente  divers  ornements  el  en 

1.  Ce  bijou  a  été  décrit  et  reproduit  dans  l'article  précité  des  Annales  de  la 
Soc.  archéol.  de  Hfamur,  t.  VIII.  p.  327  et  suiv. 

2.  Savoir  :  trois  bracelets  dont  un  en  bronze,  un  en  verre  noir  elle  troisième 
en  verre  d'un  vert  clair;  une  boucle  ronde  en  métal  blanc,  et  84  monnaies, 
petits  bronzes  postérieurs  à  Constantin.  Il  y  avait,  à  la  ceinture,  un  coutelas  et 
des  ciseaux,  et,  aux  pieds,  un  vase  à  fossettes  de  poterie  rouge  et  un  grand 
bassin  en  bronze  à  bordure  perlée. 

3.  Ce  bijou  a  été  décrit  el  reproduit  dans  les  Annales  de  la  Soc.  archéol.  de 
JSamur,  t.  VI,  p.  345,  article  de  M.  Eug.  del  Marmol,  intitulé  ;  Fouilles  dans  un 
cimetière  de  l'époque  franque  à  Samson  (Namur). 

4.  Cette  tombe  renfermait  en  outre  deux  bracelets  de  bronze,  trois  vases  en 
verre  et  deux  vases  en  terre. 


120 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


particulier,  de  chaque  côté,  six  petits  cercles  avec  un  puint  ou  glo- 
bule au  centre  '. 


Le  chaton,  pris  dans  la  masse  et  de  forme  ronde,  a  12  millimètres 
de  diamètre,  et  se  compose  d'une  grosse  perle  cabochon  en  véri- 
ahle  améthyste,  bordée  d'un  cordon  perlé  ou  strié. 

23°  CVIII.          BAGUE  PROVENANT  DE  SAMSON,  PROVINCE  DE  NAJ1UR2 


Ce  bijou  en  or,  trouvé,  comme  le  précédent,  dans  une  tombe  fémi- 
nine3, a  20  millimètres  d'ouverture  ;  la  tige  est  ronde  et  formée 
d'un  filet  granulé. 

Le  chaton,  qui  est  rond  et  soudé  sur  la  tige,  a  14  millimètres  de 
diamètre,  y  compris  une  collerette  en  fil  tordu;  il  est  formé  de 
plaques  d'or  battu,  soudées,  sertissant  un  disque  en  pâte  de  verre 
bleu  et  noir,  imitant  une  agate. 

Au  deux  points  de  réunion  avec  la  tige,  le  chaton  est  accosté  de 
deux  globules  ou  petits  cabochons. 

1.  Ce  genre  d'ornements,  que  nous  avons  déjà  noté  sur  un  autre  anneau  du 
Musée  de  Namur  (voir  ci-dessus,  n°  Clll),  se  voit  aussi  sur  une  bague  de  la 
Suisse  romande  (n°  XXXIII),  et  sur  beaucoup  d'objets  d'équipement  et  de  toi- 
lette du  pays  habité  par  les  Burgundions. 

2.  Décrite  et  reproduite  dans  l'article  précité  des  Annales  de  la  Soc.  archéol. 
(k  Namur,  t.  VI,  p.  345  et  suiv. 

3.  Avec  une  quantité  de  petites  perles  en  verroterie,  une  épingle-style  en 
argent,  trois  écuelles  en  terre  rouge  commune  et  un  grand  bassin  en  bronze  à 
bordure  perlée. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  12  I 

24e  CIX.  —  AUTRE  BAGUE  PROVENANT  DE  SAMSON,  PROVINCE  DE  NAMUR  1 


Cette  bague  en  or,  recueillie  dans  une  sépulture  de  femme,  a 
20  millimèlres d'ouverture;  la  tige,  qui  est  plate  et  a  partout5  mil- 
limètres de  large,  est  ornée  de  trois  filets  ou  cordons  de  grènetis 

Le  chaton,  de  forme  ronde  et  composé  de  plaques  d'or  battu,  sou- 
dées, a  12  millimètres  de  diamètre,  y  compris  une  petite  collerette 
plissée.  Une  perle  en  verre,  imitant  l'émeraude,  est  sertie  dans  la 
partie  supérieure. 

Aux  deux  points  de  jonction  de  la  tige  et  du  chaton,  celui-ci  est 
accosté  de  deux  globules  ou  cabochons  de  métal. 

Ce  bijou  était  au  fond  d'un  vase  en  bronze,  à  côté  d'une  petite 
bague  en  argent,  de  trois  bracelets  du  même  métal,  d'un  quatrième 
en  verre  noir,  et  de  vingt  gros  grains  de  collier  en  ambre2. 

25°  CX.  —  BAGUE  PROVENANT  DE  SAMSON,  PROVINCE  DE  NAMUR  * 


Cette  bague  d'argent,  recueillie  dans  la  tombe  d'une  femme  *,  a 

t.  Décrite  et  reproduite  dans  l'article  précité  des  Annales  de  la  Soc.  archéol. 
de  Namur,  t.  VI,  p.  345  et  suiv. 

2.  Près  de  la  têle,  il  y  avait  une  épingle  à  cheveux  en  argent,  trois  perles  de 
collier  en  or,  et  une  monnaie  en  argent  de  Faustina  sen. 

3.  Décrite  et  reproduite  dans  l'article  précité  des  Annales  de  la  Soc.  archéol. 
de  Namur,  t.  VI,  p.  345  et  suiv. 

4.  On  a  recueilli  en  même  temps  de  nombreux  grains  de  verroterie  et  d'am- 
bre, des  boucles  d'oreilles  en  argent,  une  grosse  perle  amulette  en  verre  noir, 
les  restes  de  la  garniture  en  fer  d'une  grande  bourse  ou  sacoche,  un  vase  en 
verre  et  deux  vases  en  poterie  rouge. 


122  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

18  millimètres  d'ouverture.  La  tige,  plate  e!  unie,  a  7  millimètres 
près  du  chaton,  4  seulement  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  soudé  sur  la  tige  et  de  forme  ronde,  a  9  millimètres 
de  diamètre  et  sertit  un  disque  en  verre  rouge  taillé  en  table. 


26°  CXI.  —  BAGUE  DORÉE,  PROVENANT  DE  SAMSON,  PROVINCE  DE  NAMUR  ' 


Cet  anneau  d'argent  a  été  trouvé  dans  une  sépulture  féminine, 
à  la  main  gauche  du  squelette,  à  côté  d'une  autre  bague  très  simple2; 
il  a  17  millimètres  d'ouverture;  la  tige,  qui  est  plate,  et  a  partout 
4  millimètres  de  largeur,  est  ornée  de  (  rois  filets  ou  cordons. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  soudé  sur  celte  tige  et  doré,  a  15  mil- 
limètres de  diamètre  à  sa  base.  Il  présente  sur  la  face  six  raies 
d'argent,  sertissant,  sans  rabattu,  un  nombre  égal  de  verroteries 
rouges  taillées  en  table  et  posées  sur  feuilles  d'or  hachées;  le  centre 
du  chaton  est  occupé  par  une  perle  en  pâte  vitreuse  d'un  blanc 
laiteux3. 

27°  CXII.  —  BAC.UE  TROUVÉE  A  SUARLÉE,  PROVINCE  DE  NAMUR 

Cette  bague  en  or,  qui  a  été  recueillie  dans  une  sépulture  fran- 

1.  Ce  bijou  a  été  décrit  et  reproduit  dans  l'article,  précité  des  Annales  de  la 
Soc.  arehi'ol.  de  Namur,  t.  VI,  p.  345. 

2.  Le  même  bras  possédait  deux  bracelets  en  argent  :  il  y  avait,  à  la  main 
droite,  une  bague  en  argent  ordinaire,  et,  au  bras,  un  bracelet  en  bronze;  au 
cou,  de  nombreux  grains  de  collier  en  ambre  et  en  verre  :  plusieurs  de  ces  der- 
niers sont  dorés  ;  la  tombe  renfermait  encore  une  épingle  à  cbeveux  en  argent, 
dont  la  tète  était  un  oiseau  à  gros  bec,  doré  et  orné  de  trois  verroteries  rouges  ; 
deux  boucles  d'oreilles  en  argent,  formées  d'un  anneau  traversant  un  cube  à 
angles  rabattus  et  sertissant  des  verrres  rouges  embattés  ;  deux  écuelles  en 
poterie  rouge,  une  coupe  en  verre  et  un  petit  couteau. 

3.  Il  convient  de  rapprocher  de  ce  bijou  une  bague  trouvée  à  Artres  (Nord). 
Voir  le  n°  CLXXVI. 


DES   PREMIERS   SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE  123 

que,  à  Suarlée,  près  de  la  ville  de  Namur1,  a  20  millimètres  d'ou- 
verture; sa  tige,  légèrement  bombée  à  l'extérieur  et  plate  à  l'inté- 
rieur, a  3  millimètres  d'épaisseur2. 

Le  chaton  est  accosté,  à  ses  deux  points  de  réunion  avec  la  tige, 
de  deux  globules  ou  cabochons  en  or,  comme  dans  plusieurs  des 
bagues  ci-dessus  décrites. 


La  capsule  de  métal  de  ce  chaton,  qui  a  3  millimètres  de  saillie 
sur  la  tige,  renferme  un  disque  «le  verre  rouge  en  table,  imitant  le 
grenat,  qu'on  a  posé  sur  un  paillon  en  métal  doré  et  quadrillé  afin 
d'en  augmenter  l'éclat3. 


28°  GXI1I.  —  AUTRE  BAGUE  TROUVÉE  A  SUARLÉE,  PROVINCE  DE  NAMUR 


Cette  bague  en  or,  recueillie  dans  la  même  tombe  que  la  précé- 
dente', a  20  millimètres  d'ouverture.  La  tige,  qui  a  6  millimètres 
de  largeur  y  compris  deux  bordures  perlées,  est  ornée  entre  les 
bordures  de  deux  blets  ou  cordons  de  métal. 

Le  chaton,  de  forme  irrégulière,  presque  ovale,  el  soudé  sur  la 
tige,  a  10  millimètres  de  haut  sur  14  de  large,  non  compris  une  large 

1.  Leltre  de  M.  Alfred  Béquet,  du  4  juillet  1890. 

2.  On  a  trouvé  dans  la  même  sépulture  :  1°  les  armes  et  objets  divers  formant 
l'équipement  ordinaire  des  guerriers  francs  ;  2°  l'anneau  que  nous  décrivons 
plus  bas;  3°  de  nombreuses  monnaies  en  or  de  Gratien,  Valentinien  II,  Théo- 
dose, Arcadius  et  Honorius.  (Lettre  précilée  de  M.  A.  Béquet.) 

3.  Lettre  précitée  de  M.  A.  Béquet.  Nous  avons  signalé  l'emploi  d'un  procédé 
semblable  sur  un  autre  de  nos  anneaux.  (Voir  le  n°  CXI.) 

4.  Voir  ci-dessus,  n°  CXI,  la  note  contenant  l'énumération  des  autres  objets 
trouvés  dans  la  même  sépulture. 


124        ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX  DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


collerette  de  4  millimètres  en  fil  tordu.  Il  est  formé  de  plaques  d'or 
battu,  sertissant  un  disque  en  verre  bleu  et  noir  imitant  une  agate, 
et  sur  lequel  on  a  imprimé  ou  tenté  d'imprimer,  avant  le  refroi- 
dissement de  la  pâte,  un  camée  ou  plus  probablement  le  surmou- 
lage d'une  intaille  antique,  car  la  figure  est  mal  venue  et  se  dis- 
tingue à  peine. 

29°  CXIV.  —  ANNEAU  AVEC  INTAILLE  ANTIQUE,  TROUVÉ  A  ÉPRAVE, 
PROVINCE  DE  NAMUR 


Cet  anneau  d'argent  provient  d'une  des  sépultures  d'un  cime- 
tière franc,  situé  à  Eprave.  Sa  tige,  ornée,  à  l'extérieur,  de  trois 
moulures,  a  6  millimètres  de  largeur. 

Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige,  est  un  ovale  de  10  millimètres 
dans  sa  plus  grande  hauteur  sur  15  millimètres  de  large;  il  est 
formé  d'une  capsule,  striée  sur  ses  bords  et  contenant  une  intaille 
antique  sur  cornaline,  représentant  un  guerrier  casqué,  qui  tient 
de  la  main  droite  le  sommet  d'un  bouclier  posé  à  terre,  et  de  la 
gauche  une  lance,  dont  la  haste  est  également  posée  sur  le  sol.  Der- 
rière ce  personnage,  sont  gravées  les  trois  lettres  IVL  [Julius). 


DEUXIÈME  BELGIQUE 


DIOCÈSE  DE  REIMS 


CXV 


ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,    PROVENANT  DE  MUtZON  PRÈS  REIMS  (MARNE) 


Voici  un  anneau  on  bronze,  qui  a  été  trouvé  en  1882,  à  Muizon, 
village  situé  près  de  Reims,  et  qui  appartient  à  M.  E.  Payard,  ré- 
sidant à  Baccarat  (Meurthe-et-Moselle),  correspondant  de  la  Société 
des  Antiquaires  de  France. 

Il  a  19  millimètres  d'ouverture,  mesurés  du  chaton  à  la  partie 
opposée,  et  20  dans  l'autre  sens. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal  et  de  forme  ronde,  a  17  mil- 
limètres de  diamètre.  Au  point  où  commence  le  chaton,  on  a  pra- 
tiqué, au  burin,  trois  entailles,  qui  rappellent  les  trois  globules  ou 
cabochons  fréquemment  signalés  sur  nos  bagues. 

Sur  le  plat  du  chaton,  daus  un  cadre  tracé  au  burin,  il  y  a  un 
monogramme,  dont  une  partie  est  difficile  à  définir  et  qui  parait  être 
composé  des  lettres  suivantes  :  un  E  rétrograde,  au  bas  de  la 
haste  duquel  est  attachée  la  barre  inférieure  semi  horizontale  d'un 
|_;  un  A  au  sommet  du  monogramme;  un  N  au  centre;  un  V  formé 
par  l'angle  supérieur  du  N  ;  le  S  posé  sur  le  trait  oblique  de  cette 
dernière  lettre;  enfin  un  caractère  placé  à  la  suite  du  S  et  qui  fst 


126 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


peut-être  un  |.  Ces  lettres  donneraient,  pour  l'ensemble,  le  nom  de 

ELANVS  ou  ELANIVS- 

Le  vocable  Elanus  est  celui  d'un  des  témoins  d'une  charte  attri- 
buée à  Théodechilde,  fille  de  Clovis  1er,  pour  le  monastère  de  Saint- 
Pierre-le-Vif  de  Sens,  et  datée  d'environ  570;  charte  reconnue 
fausse  mais  ancienne'.  La  lettre  |,  qui  accompagne  le  S,  a  peut-être 
ici,  comme  nous  l'avons  souvent  conslaté,  dans  d'autres  mono- 
grammes, la  signification  de  S\(gnavi)  ;  et,  dans  ce  cas,  il  faudrait 
lire  : 

ELANVS  S\(gnavi). 
CXVI 

ANNEAU  DE  CUNDOBERTUS,  TROUVÉ  PRÈS  d'aVENAY  (MARNE) 2 


Voici  une  bague  en  or,  découverte  par  un  cultivateur,  qui  re- 
cueillit en  même  temps  des  poteries  gallo-romaines.  Après  avoir 
passé  entre  plusieurs  mains,  elle  a  été  finalement  recueillie  dans 
la  collection  de  feu  le  baron  Pichon. 

Elle  est  octogonale,  même  à  l'intérieur,  ce  qui  en  rend  l'ouver- 
ture inégale  :  entre  le  chaton  et  le  côté  opposé,  cette  ouverture 
est  de  21  1/2  millimètres. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  a  16  millimètres  de  diamètre  à  sa 
surface,  et  S  millimètres  de  hauteur  au-dessus  de  la  tige  sur  la- 

1.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  I,  p.  133.  Forslmann  mentionne  Ella,  dans  son 
livre  des  Pcrsonennamen,  col.  373. 

2.  Avenay  est  une  commune  du  canton  d'Ay,  arrondissement  de  Reims. 


DES  PREMIERS    SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


127 


quelle  il  est  soudé  ;  il  est  orné,  dans  tout  le  pourtour  de  cette  sail- 
lie, de  zigzags  perlés  entre  deux  rangs  de  grènetis,  formant  un  ban- 
deau qui  n'est  pas  sans  élégance. 

La  tige,  décorée,  dans  les  parties  les  plus  rapprochées  du  cha- 
ton, d'ornements  un  peu  confus,  a,  dans  ces  parties,  une  largeur 
qui  va  s'amoindrissant,  et  n'est  plus,  du  côte  opposé,  que  de  5  mil- 
limètres. 

Sur  la  bande  de  métal,  au  centre  de  laquelle  était  sertie  une 
gemme,  est  gravée  une  inscription,  où  feu  le  baron  Pichon  a  lu  ces 
caractères  : 

GVNDOBTIVS  SVAVIS  C  <EO  (Gundobertus  suavis  cum  Deo). 

M.  Louis  Paris,  qui,  le  premier,  a  publié  ce  curieux  bijou  dans 
son  Histoire  de  l'abbaye  cïAvenay,  a  considéré  cette  leçon  comme 
certaine  et  définitive  :  il  a,  en  outre,  identifié  le  nom  inscrit  sur  la 
bague  avec  celui  de  saint  Gomberl,  qui,  d'après  des  légendes  his- 
toriques, aurait  subi  le  martyre  suus  le  règne  de  l'un  des  descen- 
dants de  Clovis,  et  dont  les  reliques  auraient  été  transférées  dans 
l'abbaye  d'Avenay,  qui  avait  reçu  de  lui  de  grandes  libéralités1. 

E.  Le  Blant,  en  reproduisant  le  bijou  qui  nous  occupe  dans 
son  Nouveau  recueil  des  inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule*, 
rectifie,  en  ces  termes,  la  leçon  proposée  par  le  baron  Pichon  : 
«  L'examen  de  l'objet  même  m'a  permis  de  constater  qu'à  la  suite 
du  nom,  dont  la  fin  est  assez  trouble,  il  faut  lire  la  formule  cou- 
rante VIVAT  DEO.  Après  les  lettres  VIV,  très  apparentes,  vient  un 
A  non  barré,  puis  un  T  cursif,  que  l'on  avait  pris  pour  un  C  sur- 
monté d'une  barre  d'abrévation  et  représentant  le  mot  cum.  Le  T, 
fait  de  cette  manière,  se  rencontre  souvent  dans  les  inscriptions.  » 

Cette  lecture  et  cette  explication  nous  paraissent  exactes,  sauf 
en  ce  qui  touche  la  première  lettre  du  nom,  qui  n'est  point  un  G, 
comme  l'on  cru  notre  savant  confrère  et  M.  Louis  Paris,  mais  un  C 
mérovingien,  qui  se  rencontre  sur  les  monnaies  de  la  première  race, 
tandis  qu'il  n'y  existe  pas,  à  notre  connaissance,  d'exemple  de  la 
lettre  G  ainsi  écrite 3.  La  véritable  légende  de  notre  bague  est  donc  : 

1.  Hist.  de  l'abbaye  d'Avenay,  in-8»,  1879,  p.  64-67. 

2.  P.  82,  n°  59. 

3.  Voir  :  1°  Combrouse,  Monétaires  des  rois  mérovingiens,  in-4°,  1843,  pl.  62. 
Alphabet  des  monétaires;  2<>  dans  A.  Engel  et  R.  Serrure,  Traité  de  numisma- 
tique du  moyen  âge,  p.  99-101,  l'alphabet  plus  complet,  dressé  par  ces  auteurs. 


128 


ÉTUDE   SUR    LES  ANNEAUX 


+  < VNDOBERTVS  VIVAT  ŒO  {Cundobertus  vivat  Deo). 
Cund  et  Gund  sont,  avec  la  variante  de  l'initiale,  un  seul  et 
même  radical  germanique  employé,  sous  ces  deux  formes,  dans  la 
composition  de  nombreux  vocables  et  spécialement  de  celui  qui 
nous  occupe  '. 

DIOCÈSE  DE  SOISSONS 


CX  VII 

ANNEAU  DE  RUSTICUS,  TROUVÉ  A  ARCY-SAINTE-BESTII UTE  (aISNe) 


!  + 

(H" 

V 

IC 

V6 

ne 

1T 

Parmi  les  objets  provenant  de  fouilles  opérées,  en  1880,  dans 
une  sépulture  mérovingienne  d'Arcy-Sainte-Restilute*,  sous  la  di- 
rection de  feu  Frédéric  Moreau  et  qui  font  partie  de  sa  collection, 
se  trouve  le  bijou  représenté  en  tête  de  la  présente  notice. 

C'est  une  bague  en  argent,  qui  a  21  millimètres  d'ouverture, 
avec  une  hauteur  de  3  à  i  millimètres,  égale  sur  tout  le  pourtour. 
Elle  a  huit  facettes,  dans  l'une  desquelles  (la  deuxième)  on  voit 
une  petite  croix  latine  avec  la  lettre  grecque  p  qui  forme,  avec  la 
croix  représentant  le  X  des  Grecs,  les  initiales  du  nom  du  Christ. 
Dans  les  six  facettes  suivantes,  sont  gravées  des  lettres  formant  en- 
semble les  deux  mois  :  VSTICVS  FICIT. 

Le  nom  de  Usticus  élant  inconnu,  on  s'est  demandé  s'il  ne  fallait 
pas  voir  dans  le  sommet  de  la  croix  chrismée  la  lettre  initiale  de 

1.  Ainsi,  on  trouve  notamment  la  mention  :  1°  d'un  Cundobcrt,  en  l'an  700, 
dans  Zcuss,  Traditiones  possessionesque  Wizenburgcnses,  n°  243;  2°  de  Cundbcr 
et  de  Cundpert,  dans  Neugart,  Cod.  diplomat.  Alamanniae,  années  778,  797 
et  813.  La  forme  Gundobert  se  rencontre  aussi  fréquemment  dans  les  docu- 
ments des  mêmes  époques  (  Korstemann,  Personennamen,  col.  559-560). 

2.  Arcy  est  un  chef-lieu  de  commune,  situé  dans  le  canton  d'Oulehy,  arron- 
dissement de  Soissons. 


DES  PREMIERS  SIECLES  UU  MOYEN  ACE 


dans  le  haut  moyeu  âge1.  Rusticus,  vocable  d'un  usage  si  fréquent 
Après  avoir  indiqué  cette  hypothèse,  E.  Le  Blant,  qui  avait  été 
consulté  à  ce  sujet,  a  fait  remarquer2  que  le  premier  V  n'occupe 
pas  le  milieu,  mais  la  droite  de  la  facette,  et  qu'il  y  a,  à  gauche, 
assez  de  place  pour  un  caractère  disparu,  lequel  serait  le  R  initial, 
et  qu'en  cet  endroit  précisément,  le  frottement  a  usé  profondément 
le  métal.  «  Toutefois,  ajoutait  notre  regretté  confrère,  il  n'est  pas 
impossible  que  cette  première  lettre  soit  contenue  dans  le  mono- 
gramme, car  Bobletti  a  trouvé  aux  catacombes  le  sceau  suivant  : 


dans  la  légende  duquel  le  P  de  SPES  DEI  est  formé  par  la  tête  du 
monogramme  ".  » 

Nous  considérons,  quant  à  nous,  cette  deuxième  hypothèse 
comme  dénuée  de  vraisemblance 

On  comprend,  en  effet,  que,  sur  le  cachet  provenant  des  cala- 
combes,  on  ait  utilisé,  pour  la  composition  de  la  légende  latine, 
le  P  du  chrisme,  parce  que  ce  caractère,  qui  est  là  un  piï>  (R  des 
Grecs),  avait  la  forme  du  p  latin  et  se  combinait  avec  les  autres 
lettres  latines  de  la  légende.  Mais  il  est  difficile  d'admettre  que  le 
fabricant  de  la  bague  de  Rusticits  eût  employé  comme  iniliale  de 
ce  vocable  latin,  une  lettre  grecque,  qui  avait,  en  latin,  la  valeur 
d'un  Pet  non  d'un  R;  en  un  mol,  qu'il  ait  mis  une  initiale  grecque, 
avec  sa  valeur  grecque,  en  tète  d'un  nom  latin. 

En  outre,  le  P  du  chrisme  étant  gravé  horizontalement,  il  se 


1.  Ou  trouve,  dans  Pardessus,  des  chartes  ou  des  souscriptions  d'évêques  de 
Narbonne,  Lyon,  Cahors  et  Viviers,  qui  portaient  ce  nom,  aux  années  442,  494, 
533,630,683;  et  d'un  personnage  qualifié  vir  clarissimus,  à  l'année  739  (Dipl. 
et  ch.,  t.  I,  p.  11,  28,  92,  et  t.  II,  p.  7,  195,  196,  378).  Grégoire  de  Tours  men- 
tionne deux  Rusticus  évêques  (Rist.  Fr.,  II,  13  et  16;  VII,  31).  Enfin,  l'Église 
honore  plusieurs  saints  de  ce  nom.  (Cf.  Bolland.,  Acta  SS.,  mens,  april  ,  sept, 
et  oct.) 

2.  Dans  une  note  insérée  par  l'eu  F.  Moreau  à  V Album  Caranda,  fouilles  de 
Brény,  année  1880;  nouvelle  série,  planche  8,  fig.  11,  et  texte  correspondant. 

3.  Bobletti,  Osservazioni  sopra  i  cimiteri  de  SS.  martiri  dei  Roma,  p.  336. 

9 


130 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


trouverait  que  l'initiale  du  nom  aurait  été  disposée  autrement  que 
toutes  les  autres  lettres. 

Comment  d'ailleurs,  dans  l'hypothèse  dont  il  s'agit,  expliquerait- 
on  l'isolement  du  premier  V  sur  la  facette  où  il  est  inscrit,  alors 
que  tontes  les  autres  facettes  contiennent  deux  ou  trois  lettres? 

Comment  enfin  expliquerait-on  le  vide  laissé  à  gauche  de  ce 
même  caractère? 

La  deuxième  conjecture  est  donc,  sous  tous  les  rapports,  inac- 
ceptable. 

La  première,  c'est-à-dire  celle  de  la  disparition  par  l'usure  du 
R  initial  à  la  place  vide  en  avant  du  premier  V,  est  au  contraire 
entièrement  satisfaisante,  et  il  convient  de  s'y  fixer. 

Nous  proposons,  en  conséquence,  de  lire  ainsi  l'inscription  : 

°HR]VSTICVS  FICIT  + 

11  reste  maintenant  à  en  rechercher  la  signification. 

Quand  j'ai  publié  pour  la  première  fois  ce  bijou1,  j'ai  émis  la 
pensée  que  Rusticus  était  un  médecin  pbarmacopole,  qui  l'em- 
ployait comme  cachet  pour  certifier  de  son  nom  une  composition 
sortie  de  son  officine. 

Je  renonce  à  cette  opinion  par  le  motif  que  la  légende  gravée 
autour  de  l'anneau,  n'aurait  pu  que  très  difficilement  se  prêtera 
cet  usage. 

Je  crois  donc  que  le  personnage  nommé  était  un  orfèvre,  à  la 
fois  l'artisan  et  le  possesseur  de  ce  petit  monumenl,  affirmant  que 
c'était  son  œuvre2. 

1.  Rev.  archcolog.,  année  1886,  l.  I,  p.  341  et  suiv. 

1.  On  a  trouvé,  près  de  Savigliauo,  une  épitaphe  portant  ce  qui  suit  : 

EGO  GENNA 
RIVS  FICI 
QVI  IN  EO  TEMPORE 
FVI  MAGESTER 
MARMORARIV  S 

(Le  Blant,  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  l.  II,  p.  190.)  On  comprend  la  fantaisie 
d'un  maître  marbrier,  qui  a  gravé  à  l'avance  sa  propre  épitaphe:  mais  il  n'y  a 
aucune  analogie  à  établir  entre  ce  l'ait  et  celui  qui  nous  occupe.  . 


DES    PREMIERS    SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


131 


CXV11I 

ANNEAU  DE  DIANA  ET  AVIUS,  TROUVÉ  A  BRÉNY  (AISNE)  ' 


Au  cours  des  fouilles  opérées  à  Brény,  sous  la  direction  de 
l'eu  Frédéric  Moreau,  on  découvrit,  le  21  octobre  1880,  dans  une 
sépulture  franque  et  à  l'un  des  doigts  de  la  main  droite  du  sque- 
lette, la  bague  eu  bronze  que  nous  reproduisons  d'après  les  dessins 
publiés  par  cet  archéologue  distingué*.  Cetle  lingue  a  20  millimè- 
tres d'ouverture;  elle  est  ornée  de  deux  chatons,  placés  aux  deux 
côtés  opposés  de  l'anneau.  Le  plus  petit,  de  forme  ovale  et  ménagé 
à  môme  le  métal,  a  S  millimètres  dans  sa  plus  grande  hauteur;  le 
plus  grand,  qui  est  de  forme  ronde  el  a  15  millimètres  de  diamè- 
tre, est  soudé  sur  la  tige,  avec  deux  petits  cabochons  aux  points 
de  rencontre.  On  y  a  grossièrement  gravé  en  creux  une  tète,  au- 
tour de  laquelle  ?e  lit  cette  inscription  : 

DIANA  + AVIVS- 

Diana  est  un  nom  assez  fréquemment  employé  au  moyen  âge; 
l'Église  honore  une  sainte  ainsi  appelée,  qui  fonda,  à  Bologne,  un 
monastère  de  dominicaines  et  mourut  en  1236  \  Avius  est  un  vo- 
cable qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Avitus.  Nous  n'eu  avons  pas 
encore  rencontré  d'exemple  dans  les  documents  du  moyeu  âge, 
mais  on  connaît  celui  à'Av/a,  qui  est  dans  une  inscription  chré- 
tienne de  Marseille  v,  et  qui  implique,  comme  nous  l'avons  déjà 
dit,  l'usage  du  nom  masculin  correspondant. 

Nous  avons  donc  là  un  anneau  de  fiançailles  ou  de  mariage;  el 
ce  bijou  était  porté  par  le  fiancé  ou  l'époux  Àvius,  la  sépulture 

1.  Bréuy  dépend  du  canton  d'OuIchy-Ie-Châleau,  arrondissement  de  Soissons. 

2.  Album  Caranda,  fouilles  de  Brény,  nouvelle  série,  planche  VI II,  fit?.  10. 

3.  Kolland.,  Anta  SS.,  mens,  jun.,  t.  II,  p.  363. 

4.  E.  Le  Blant,  Inscript,  ehrét.  de  la  Gaule,  t.  II,  p.  30P,  n°  551  A,  et  lig.  442 
des  planches. 


132  ÉTUDE  SUR   LES  ANNEAUX 

étant,  d'après  un  des  autres  objets  qui  ont  été  trouvés  l,  celle  d'un 
personnage  du  sexe  masculin. 

CXIX 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  ARMENTIÈRES  (AISNE) 2 


Ce  curieux  anneau,  provenant  des  fouilles  opérées  en  1881,  dans 
le  cimetière  mérovingien  d'Armentières,  sous  la  direction  de 
M.  Frédéric  Moreau,  est  en  argent,  fabriqué  tout  d'une  pièce,  avec 
un  chaton  carré,  ménagé  à  même  le  métal.  Sur  cechaton  est  gravé 
en  creux  un  monogramme,  accompagné  d'une  croisette.  Adroite 
et  à  gauche,  se  déroule  une  guirlande,  dont  le  dessin  ne  manque 
pas  d'élégance. 

La  bague,  dans  sa  plus  grande  hauteur  au  milieu  du  chaton,  a 
8  millim.;  dans  sa  plus  faible  hauteur,  du  côté  opposé,  elle  a 
4  millim.;  son  diamètre,  d'un  bord  intérieur  à  l'autre,  est  de 
17  millim.,  l'épaisseur  du  métal  est  partout  de  1  millim.  et  demi. 

A  défaut  de  la  preuve  qui  résulte  de  sa  provenance  certaine 
d'une  sépulture  gallo-franque  do  la  première  race,  les  caractères 
du  monogramme  et  le  style  des  ornements  de  notre  bijou  atteste- 
raient suffisamment  l'époque  de  sa  fabrication. 

En  le  décrivant  et  en  le  reproduisant  dans  l'album  dit  Caranda*, 

1.  Ces  objets  sont  :  une  boucle  en  bronze,  des  ornements  de  ceinturon  el  un 
vase  en  terre. 

2.  Armenlières  est  une  commune  du  canton  de  Neuilly-Sainl-Front,  arron- 
dissement de  Cbâteau-TIrierry. 

3.  Album  Caranda  (Les  Touilles  d'Armentières),  in-fol.  Saint-Quentin,  1882. 
Cette  importante  el  luxueuse  publication  a  emprunté  son  nom  à  la  localité  où 
M.  Moreau  avait  exploré  un  cimetière  mérovingien  avant  de  fouiller  celui 
d'Armentières. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


133 


M.  F.  Moreau  s'est  borné  à  dire  que  «  l'on  croyait  lire  dans  le  mo- 
nogramme BENE  ESTE  (pour  ESTOTE  )'.  » 

De  son  côté,  mon  savant  confrère,  M.  Héron  de  Villefosse,  en 
présentant  à  la  Société  des  Antiquaires  le  fascicule  du  dit  album 
où  la  bague  d'Armentières  est  reproduite,  a  fait  observer  que  l'in- 
terprétation indiquée  était"  très  discutable.  »  «  Il  paraît  beaucoup 
plus  probable,  ajoutait-il,  qu'il  faut  y  lire  un  nom  d'homme,  quel- 
que chose  comme  BEN  ESI,  génitif  de  Bcnesas  ou  Benenus2.  » 

L'explication  par  BENE  ESTE  n'est  pas  seulement'disculable  ; 
elle  est  absolument  inadmissible,  parce  qu'il  n'y  a  point  de  T 
parmi  les  caractères  dont  se  compose  le  monogramme;  parce  que 
l'I  couché,  qui  se  remarque  dans  le  monogramme,  resterait  sans 
emploi,  et  sa  présence  injustifiée;  et  qu'enfin  les  monogrammes 
inscrits  sur  des  anneaux-cachets  ne  sauraient  guère  être  autre 
chose  que  les  noms  des  propriétaires  de  ces  bijoux,  et  non  pas  des 
formules  de  salutation,  de  souhait  ou  d'invocation,  qui,  lorsqu'elles 
se  rencontrent  (le  fait  est  assez  rare)  sur  ces  petits  monuments, 
sont  inscrils  en  toutes  lettres. 

La  leçon  que  M.  Héron  de  Villefosse  a  proposée,  en  termes  d'ail- 
leurs dubitatifs,  n'est  pas  non  plus  acceptable,  par  cette  raison 
péremptoire  que  la  bague  qui  nous  occupe  appartenait  à  une 
femme  et  ne  devait  point  conséquemment  porter  un  nom  d'homme. 

Nous  trouvons,  en  effet,  dans  la  notice  relative  à  la  planche  XVI 
de  Y  Album  Caranda,  les  détails  suivant  touchant  la  sépulture 
fouillée  le  12  octobre  1881  : 

«  A  0m,30  du  sol,  reposait  une  Mérovingienne,  portant  au  cou 
un  remarquable  collier  

«  En  descendant  vers  les  bras,  on  retirait  de  l'un  des  doigts  de  la 
main  droite  un  élégant  anneau  en  argent  avec  monogramme.  Pl.  XIX, 
nouvelle  série,  fig.  7.  <> 

C'est  de  cet  anneau  qu'il  s'agit  ici  :  il  ne  faut  donc  pas  y  cher- 
cher un  nom  d'homme,  mais  un  nom  de  femme. 

1.  Ce  bijou  est  figuré  sur  la  planche  XIX  de  la  nouvelle  série,  n°  7.  La  notice 
descriptive  est  dans  la  partie  du  texte  intitulée  :  Planche  seizième,  nouv.  série. 
Sépultures  mérovingiennes .  L'essai  d'explication  du  monogramme  est  dans  la 
partie  de  ce  texte  concernant  la  planche  dix-neuvième. 

2.  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  année  1882,  4°  trimestre, 
p.  314.  Voir  aussi  H.  de  Villefosse,  Mélanges  archéologiques,  2e  série,  p.  5. 


134 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Ce  nom  n'était  point  malaisé  à  découvrir,  et  MM.  Moreau  et  de 
Villefosse  l'auraient  sans  doute  découvert  si,  au  lieu  d'étudier 
exclusivement,  comme  ils  l'ont  fait,  la  bague  d'Armentières,  dans 
un  sens  où  le  monogramme  commençait  par  un  B  rétrograde,  avec 
la  petite  croix  en  bas  et  l'I  couché  en  haut,  ils  l'avaient  étudiée 
dans  le  sens  opposé,  qui  est  celui  où  nous  l'avons  reproduite  en 
tête  de  cette  notice. 

Peut-être  ont-ils  cru  que  la  position  de  la  croisette  devait  être 
obligatoirement  fixée  à  la  partie  inférieure  du  chaton  et  faisait 
obstacle  à  ce  mode  de  lecture.  S'il  en  était  ainsi  ils  auraient  obéi 
à  un  scrupule  mal  fondé. 

Ce  signe  religieux  se  plaçait  indifféremment  au-dessus  ou  au- 
dessous  du  monogramme1. 

Et  même,  lorsque  les  différentes  parties  du  monogramme  sont, 
dans  un  cachet  ou  dans  une  monnaie,  appuyées  sur  une  sorte  d'ar- 
cature  ou  cadre  cintré,  la  croisette  est  généralement  gravée  au 
sommet  du  cintre5. 

Puisque,  d'ailleurs,  les  cachets  avaient  pour  destination  les 
souscriptions  aux  actes  dans  lesquels  leurs  propriétaires  figuraient 
en  qualité  de  parties  ou  de  témoins,  il  était  naturel,  il  était  logique 
que  la  petite  croix  y  précédât  le  nom  du  signataire,  comme  elle 
le  précédait  dans  les  actes  écrits. 

Rien  ne  s'oppose  donc,  en  principe,  à  ce  que  notre  monogramme 
soit  envisagé  de  cette  façon. 

Mais  il  y  a,  dans  le  cas  actuel,  plusieurs  raisons  topiques  pour 
procéder  ainsi. 

Tout  d'abord,  l'aspect  général  du  monogramme  paraît  plus  nor- 
mal et  plus  satisfaisant  que  dans  l'autre  système. 

En  second  lieu,  des  deux  courbures  du  S  posé  à  cheval  sur  la 
transversale,  celle  qui  est  la  plus  courte  et  à  plus  petits  rayons  se 
trouve  en  haut,  c'est-à-dire  à  sa  véritable  place. 

Enfin  l'un  des  deux  E  du  monogramme  a  sa  plus  longue  barre 

1.  Nous  citerons  un  exemple  delà  croisette  mise  en  haut,  dans  E.  Le  Blanl, 
Rec.  des  inscript,  ehrêt.  de  la  Gaule,  t.  I,  planche  XL1I,  n°  247.  11  y  a  un  exemple 
de  la  position  de  ce  signe  au  bas  du  monogramme.  Ibid.,  planche  LVII,  n°  450. 

2.  Voir  notamment  :  1°  dans  l'Album  Caranda,  pl.  XXXVI  de  la  nouvelle 
série,  fig.  2,  une  bague  en  argent;  2°  dans  la  Revue  numismatique,  l'e  série, 
t.  XIX,  pl.  XII,  nos  12  et  18;  3°  dans  Gombrouse,  Ree.  de  d00  monétaires  mérov., 
pl.  XXIX,  n»  1  ;  XXX,  3;XXXIV,  18;  Xl.T,  2. 


DFS  PnmiTEBS 


siècles 


DU  MOYEN  AGE 


135 


horizontale  attachée  à  la  base  de  la  haste,  comme  cela  doit  être, 
tandis  que,  clans  le  sens  opposé,  elle  serait  attachée  au  sommet 
contrairement  à  la  règle  et  à  l'usage. 

IVotre  monogramme,  ainsi  envisagé,  commence  par  un  E  rétro- 
grade et  on  y  lit  facilement,  EVSE  BIA  avec  un  A  non  barré,  ou  bien 
EVSEBIE1. 

Dans  cette  dernière  hypothèse,  qui  vaut  la  première,  la  décli- 
naison du  nom  au  génitif  impliquerait  la  présence  d'un  substantif 
tel  que  sigillum  ou  signiim,  et  nous  avons  précisément,  très  appa- 
rentes au  centre  du  monogramme,  les  deux  lettres  SI,  initiales  de 
ces  mots.  D'où  résulterait,  pour  l'ensemble  du  monogramme,  la 
leçon  suivante  : 

+  EVSEBIE  S\{gW-um)  ou  S\{gnum). 
Dans  l'autre  hypothèse,  les  lettres  SI  seraient  les  initiales  des 
termes  S\{gnavi)  ou  S\(gnavit),  qui  étaient,  comme  on  le  sait,  fré- 
quemment employés  dans  les  souscriptions  d'actes  mérovingiens. 
On  lirait,  dans  ce  cas  : 

+  EVSEBIA  S\{gnavi)  ou  Sl(gnavit). 

Ce  nom,  très  usité  dans  la  première  période  du  moyen  âge  »,  fut 
porté  par  des  femmes  célèbres  à  divers  titres.  Nous  citerons  : 

1°  L'impératrice  Eusébie  360) ,  épouse  de  l'empereur  Cons- 
tance II,  renommée  pour  sa  beauté  et  son  espril  brillant  et  cultivé'; 

2°  Sainte  Eusébie,  abbesse  d'ïïamay  (f  vers  673); 

3°  Une  sainte  abbesse  du  monastère  de  Saint-Cyr  à  Marseille,  qui 
vivait  au  vni°  siècle.  Lors  d'une  incursion  de  pirates  sarrasins, 
elle  se  mutila  le  visage  pour  échapper  à  leurs  outrages,  et  son 
exemple  fut  imité  par  les  quarante  religieuses  soumises  à  sa  di- 
rection4; 

1.  On  voit,  en  effet,  le  premier  E  rétrograde  adossé  à  un  V,  suivi  d'un  S, 
d'un  deuxième  E  rétrograde  et  d'un  B  ;  puis,  en  retour  vers  le  centre,  l'I  couché  ; 
etenûn,  dans  l'hypothèse  EVSEBIA,  la  transversale  formant  avec  la  deuxième 
barre  perpendiculaire  un  A  non  barré.  Dans  l'hypothèse  EVSEBIE,  le  mot  se 
terminerait  par  un  des  deux  E  du  monogramme. 

2.  Ce  nom  était  porté  à  la  fois  par  des  matrones  nobles  ou  riches,  et  par  des 
personnes  de  condition  inférieure,  affranchies  ou  esclaves,  comme  celle  dont  il 
est  fait  mention  dans  le  testament  d'Erminétrudis  (vers  l'an  700).  Pardessus, 
Diplorn.  et  chart.,  t.  II,  p.  257. 

3.  Mabillon,  Acta  SS.  ord.  S.  Bened.,  édit.  1669,  t.  II,  p.  984. 

4.  Inscription  du  musée  de  Marseille;  dans  E.  Le  Blant,  Rec.  des  inscriptions 


136 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


4°  La  mère  de  saint  Germain,  évèque  de  Paris,  laquelle  vivail  à 
la  fin  du  v'  siècle  et  au  commencement  du  vie  siècle 1 . 

La  matrone  gallo-franque,  ensevelie  à  Armentières  et  au  doigt 
de  laquelle  a  été  trouvé  notre  anneau-cachet,  élait  assurément 
d'une  condition  élevée;  car,  outre  ce  bijou,  sa  tombe  renfermait 
notamment  un  charmant  collier,  composé  de  trente-sept  perles  de 
fortes  dimensions,  en  ambre,  en  pâte  de  verre,  et  en  terre  cuite 
rehaussée  d'un  émail  de  couleurs  variées;  et  une  fibule  qui  est  une 
des  plus  belles  de  la  riche  collection  de  feu  F.  Moreau2. 

cxx 

ANNEAU  AVEC.  MONOGRAMME,  TROUVÉ  A  CARANDA  (AISNE)3 


Cette  bague,  qui  est  en  argent,  a  été  trouvée  dans  une  des  tombes 
mérovingiennes  de  Caranda,  explorées  par  feu  Frédéric  Moreau,  et 
appartient  à  sa  collection. 

Fort  mince  dans  son  pourtour,  qui  n'a  que  2  millimètres  d'épais- 
seur, elle  est  munie  d'un  chaton  de  forme  circulaire,  dont  le  dia- 
mètre est  de  17  millimètres,  y  compris  une  bordure  de  grènetis  de 
3  millimètres  de  largeur. 

Le  chaton  est  soudé  sur  l'anneau  et  accompagné,  de  chaque 

chrétiennes  de  la  Gaule,  t.  II,  p.  380,  n°  545.  Il  y  a  aussi,  dans  l'église  d'Aoste, 
une  inscription  funéraire  en  l'honneur  d'une  autre  religieuse  appelée  Emebia. 
Ibid.,  t.  II,  p.  32,  n°  392.  On  connaît  enfin  l'épitaphe  que  Fortunat  nous  a  con- 
servée d'une  jeune  femme  du  même  nom,  et  où  l'on  glorifie  sa  beauté  et  ses 
talents.  Ibid,  p.  516,  n°  642. 

1.  «  Dies  dépositions  patris  ejus  (sancti  Germant),  nomine  Eleutherii,  ka- 
lendœ  novembris,  matris  vero  nomine  Eusebiae.  »  Polyptyque  d'Irminon  (vers 
810),  X,  3  ;  édit.  de  Guérard,  p.  118  ;  édil.  de  Longnon,  p.  157.  Saint  Germain  est 
né  à  Autun,  en  496,  et  mort  en  576. 

2.  Voir,  dans  l'Album  Caranda,  la  partie  du  texte  qui  se  rapporte  à  la  planche 
XVI  de  la  nouvelle  série. 

3.  Caranda  est  situé  dans  la  commune  de  Cierges,  canton  de  Fère-e.n-Tar- 
denois,  arrondissement  de  Château-Thierry. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  PU  MOYEN  AGE 


côté,  de  trois  globules  ou  cabochons  en  argent,  groupés  en  feuilles 
de  trèllc.  Il  présente  un  monogramme  gravé  en  creux,  dont  les 
diverses  parties  sont  appuyées  sur  un  cadre  cintré,  surmonté  d  une 
petite  croix. 

L'origine  de  cet  anneau  sigillaire  est  certaine,  attestée  qu'elle  est, 
non  seulement  par  sa  provenance  d'un  cimetière  gallo-franc  de  la 
première  race,  mais  encore  par  les  caractères  et  la  forme  du  mono- 
gramme, puis  encore  par  les  trois  globules  posés  en  trèfle  à  droite 
et  à  gauche  du  chaton,  et  qui  sont,  comme  je  l'ai  déjà  fait  observer, 
un  des  signes  distinctifs  de  la  fabrique  de  ces  sortes  de  bijoux  du- 
rant la  période  gallo-franque. 

Enfin  l'arcature  qui  sert  de  support  au  monogramme,  dénote  le 
vie  ou  le  viic  siècle. 

M.  Frédéric  Moreau,  en  faisant  figurer  notre  anneau-cachet  sur 
une  des  planches  de  Y  Album  Caranda1,  s'est  abstenu  de  proposer 
aucune  explication  pour  le  monogramme. 

Nous  y  lisons  EVTIKVS2  ou  EVTiKIVS;  EVTICHVS  ou  EVTI- 
CHIVS3,  vocables  qui  se  rencontrent  fréquemment  dans  les  annales 
de  l'Église. 

Un  compte,  en  effet,  dix  saints  appelés  Euticus  ou  Eutichis  *  et 
seize  saints  du  nom  d'Eutychius*,  parmi  lesquels  un  évêque  de 
Côme,  un  abbé  de  Norcia  ou  Norsia,  en  Ombrie  et  un  patriarche 
de  Gonstantinnple,  morts,  le  premier  en  539,  le  second  versoiO,  le 
troisième  en  565. 

Dans  l'hypothèse  que  nous  venons  d'envisager,  la  première  let- 

1.  Album  Caranda,  planche  XXXVI,  figure  17. 

2.  Le  monogramme,  lu  ainsi,  commence  par  un  E  rétrograde;  au  sommet  du 
cadre  cintré,  est  appendu  un  V;  vient  ensuite  le  T  qui  est  au  bas  du  premier 
jambage  de  l'arcature,  suivi  de  l'I  qui  est  au-dessus  en  travers  du  même  jam- 
bage, du  K,  dont  les  deux  écartements  parlent  de  la  barre  horizontale  médiane 
qui  sert  de  haste  à  cette  lettre,  puis  du  deuxième  V  accroché  au  pied  du 
deuxième  jambage  de  l'arcature,  et  enfin  du  S  couché. 

3.  On  obtient  EVTICHVS  en  considérant  la  barre  médiane  (qui  est  sans  au- 
cun doute  la  haste  du  K)  comme  formant  en  outre  un  H,  et  EVTICHIVS  en  em- 
ployant deux  fois  la  lettre  I. 

4.  Voir  notamment  Acta  SS.  Bolland.,  mens,  jan.,  t.  I,  p.  823;  maii,  II,  299, 
et  III,  458;  julii,  I,  20  et  306;  aug.,  IV,  149;  sept.  VIII,  125. 

5.  Voir  notamment  Acta  SS.  Bolland.,  mens,  febr.,  t.  I,  p.  458;  mart.,  III, 
620;  april.,  I,  548  et  II,  378;  maii,  VI,  734;  jun.,  1,  451;  jul..  III,  187. 

6.  Cette  petite  ville  fut,  au  moyen  âge,  le  siège  d'un  évèché. 


138 


ÉTUDE   SUR    LES  ANNEAUX 


tre  du  monogramme  serait  un  E  rétrograde,  donl  los  trois  barres 
horizontales  sont  représentées  par  les  trois  saillies  qui  se  voient  à 
droite  de  l'arcature  (à  la  gauche  du  lecteur). 

CXX1 

AUTRE  ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DE  CARANDA  (aISNe)1 


Cet  anneau,  trouvé,  comme  le  précédent,  dans  le  cimetière  franc 
.  de  Caranda,  appartient  à  la  collection  de  M.  J.  Pilloy,  à  Saint-Quen- 
tin. 

Il  est  en  laiton  ou  cuivre  jaune  :  son  diamètre  intérieur  est  de 
19  millimètres;  sa  tige,  qui  est  ronde,  a  3  millimètres  d'épaisseur. 
Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige  et  de  forme  ronde,  a  17  millimètres 
de  diamètre  et  est  accosté,  à  droite,  et  à  gauche,  de  trois  globules 
disposés  en  feuille  de  trèfle,  mais  taillés  en  relief  dans  le  métal, 
au  lieu  d'être  soudés  sur  la  tige,  comme  cela  se  voit  dans  un  grand 
nombre  d'anneaux  par  nous  décrits. 

Le,  chaton  est  décoré  d'un  monogramme,  composé  :  1°  d'un  H, 
sur  la  barre  centrale  duquel  est  posée  une  croisette;  2°  d'un  E  ré- 
trograde; 3°  d'un  D;  4°  d'un  L,  dont  la  haste  se  détache  oblique- 
ment du  premier  jambage  du  H,  et  dont  le  trait  horizontal  infé- 
rieur rejoint  le  deuxième  jambage  de  cette  lettre';  5°  d'un  A  non 
barré,  formé  par  la  haste  du  L  et  le  premier  jambage  du  H.  L'en- 
semble nous  donne  le  mot  HEDLA,  et  avec  le  redoublement  de  E, 
HEDELA 

1.  Reproduit  d'après  un  dessin  de  M.  J.  Pilloy. 

2.  On  pourrait,  tout  d'abord,  voir  à  cet  endroit  un  N;  mais  on  ne  s'explique- 
rait pas  que  la  barre  oblique  de  celle  lettre  se  détachât  du  bas  de  la  lettre  H,  et 
surtout  qu'au  lieu  de  rejoindre  directement  l'extrémité  inférieure  du  deuxième 
jambage  du  H,  elle  prît  auparavant  une  direction  horizontale  :  celle-ci  est,  en 
réalité,  le  Irait  inférieur  d'un  L. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  139 

Nous  avons  ainsi  pour  le  tout  : 

+  HEDELA 

nom  de  femme,  mentionné  dans  la  première  moitié  du  xT  siècle1. 

CXXII 

TROIS  BAGUES,  DONT  UNE  AVEC  CROIX  ÉGALE  ET  LES  CLOUS  DE  LA  PASSION  (?) , 
TROUVÉES  A  A1GUISY  (AISNE)2 


Ces  trois  bagues,  qui  appartiennent  à  la  collection  de  feu  Frédé- 
ric Moreau,  sont  ici  figurées  telles  qu'elles  ont  été  trouvées,  au 
mois  d'août  1885,  dans  une  des  tombes  mérovingiennes  du  cime- 
tière d'Aiguisy.  Elles  étaient  au  doigt  d'une  femme,  qui  avait,  en 
outre,  une  épingle  en  bronze  sur  la  poitrine  s. 

Les  deux  anneaux  placés  à  droite  et  à  gauche  de  celui  qui  fait 
l'objet  de  la  présente  notice,  sont  en  argent  ;  celui  de  gauche  est 
un  cercle  uni,  celui  de  droite  est  octogone.  L'anneau  du  centre, 
qui  est  en  bronze,  a  17  millimètres  d'ouverture;  son  chaton,  de 
forme  ovale  et  presque  ronde,  ménagé  à  même  le  métal,  a  14  mil- 
limètres de  longueur  sur  H  de  hauteur,  et  présente,  gravée  en 
creux,  une  croix  à  branches  égales,  fortement  potencée,  et  super- 
posée à  l'initiale  grecque  du  chrisme. 

CXXIIl 

bague  a  crorx  égale,  suspendue  a  une  chaînette,  trouvée  a  aiguisy 

(aisne) 

Voici  un  second  exemple  du  type  décrit  dans  notre  précédente 

1.  Lacomblet,  Niederrheinisches  Urkunderbuch,  n°  181,  ann.  1045;  cité  par 
Forstemann,  Personennttmem,  col.  642. 

2.  Aiguisy  est  un  village  dépendant  de  la  commune  de  Villers-Agron,  cant. 
de  Fère-en-Tardenois,  arr.  de  Château-Thierry. 

3.  Album  Caranda,  sépultures  mérovingiennes  d'Aiguisy  ;  planche  LVI,  nou- 
velle série,  n°  7.  Voir  aussi  le  texte  explicatif  de  ladite  planche. 


140 


ÉTUDE  SUR  DES  ANNEAUX 


notice  :  comme  le  premier,  il  appartient  à  la  collection  de  feu  Fré- 
déric Moreau,  et  provient  des  fouilles  d'Aiguisy.  Il  a  été  trouvé, 
au  mois  d'août  1885,  dans  la  sépulture  d'une  personne  dont  on  n'a 
pas  déterminé  le  sexe  '. 

Cette  bague  est  en  bronze  et  a  21  millimètres  d'ouverture:  sa 
tige  est  ronde.  Le  chaton,  pris  dans  la  masse  ou  ménagé  à  même 
le  métal,  est  rond  ou  légèrement  ovale,  el  a  10  millimètres  de  lar- 


geur sur  9  de  hauteur;  il  est  coupé  en  quatre  parties  à  peu  près 
égales  par  une  croix  gravée  en  creux.  Il  est  accosté  de  trois  glo- 
bules ou  cabochons  également  en  bronze,  disposés  en  feuilles  de 
trèfle8. 

1.  Album  Caranda,  sépultures  mérovingiennes  d'Aiguisy;  planche  LVI,  nou- 
velle série,  fig.  2.  Voir  le  texte  explicatif  de  ladite  planche.  Aux  pieds  du  cada- 
vre, il  y  avait  un  vase  en  terre  et  une  petite  amulette  eu  silex,  d'un  poli  remar- 
quable. 

2.  M.  Fréd.  Moreau,  dans  le  texte  explicatif  précité,  dit  que  ce  dispositif  lui  à 
élé  signalé  «  comme  constituant  une  fabrication  de  bijouterie  spéciale,  diffé- 
rent essentiellement  de  celles  qu'on  rencontre  dans  les  sépultures  mérovin- 
giennes ».  Nous  avons  souvent  appelé  l'attention  de  nos  lecteurs  sur  la  fré- 
quence, dans  les  bijoux  mérovingiens,  de  ce  dispositif,  qu'il  faut,  à  l'inverse  de 
l'observation  ci-dessus,  considérer  comme  un  des  traits  caractéristiques  de  la 
fabrique  de  celte  époque. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


Ui 


Ce  bijou  est  suspendu  au  milieu  d'une  chaînette  de  30  centimè- 
de  long,  formée  de  petits  anneaux  doubles,  tordus  en  forme  de  8, 
et  dont  les  extrémités  sont  liées  à  deux  li billes  en  bronze  de  la  forme 
appelée  canon,  qui  servaient  à  l'attacher  à  deux  parties  du  vête- 
ment. 

Nous  avons  donc  là  un  spécimen  curieux  d'un  anneau-cachet, 
que  son  possesseur  tenait,  non  à  son  doigt,  mais  suspendu,  de 
façon  à  pouvoir  l'employer  à  sceller  sa  correspondance  ou  les  acles 
dans  lesquels  il  figurait. 

GXXIII  bis 

anneau  portant  la  formule  acclamatoire  vlvds,  provenant  de  chouy 

(aisne)  ' 


Cet  anneau,  trouvé  en  4  883,  dans  l'ancien  cimetière  de  Chouy 
(Aisne),  à  l'annulaire  de  la  main  droite  d'un  squelette  d'homme, 
a  été  publié  dans  l'Album  Caranda''. 

Il  est  en  argent;  il  a  20  millim.  d'ouverture  et  6  millim.  de  hau- 
teur sur  toute  sa  circonférence.  Uni  à  l'intérieur,  il  présente,  à  l'ex- 
térieur, huit  facettes  ou  compartiments  dont  six  portent,  dans  des 
cadres  de  grènetis,  diverses  figures  symboliques  :  une  colombe  te- 
nant un  rameau,  un  agneau  dont  le  dos  est  surmonté  d'une  étoile, 

1.  Cliouy  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  INeuilly-Saint-Fronl, 
anond.  de  Château-Thierry. 

2.  Pl.  XXXIX,  fig.  7,  page  .  Les  autres  objets  recueillis  dans  la  même  sé- 
pulture sont  les  suivants  :  deux  petits  vases  à  droite  et  à  gauche  de  la  tète;  un 
poignard;  un  grand  plat  de  terre  rouge;  des  boucles  de  bronze;  une  bague  en 
fer;  et  une  monnaie  en  argent  de  Valentinien  le  Jeune,  placée  dans  la  bouche 
du  défunt  :  ces  objets,  comme  le  squelette,  étaient  dans  un  cercueil  en  bois. 


142 


ÉTUDE  SUR  DES  ANNEAUX 


une  palme  debout,  un  cerf,  un  animal  fantastique  et  un  lièvre'  ; 
sur  les  deux  autres  facettes,  est  gravé  le  mot 

VIV-AS. 

Mon  savant  confrère,  E.  Le  Blant,  tout  en  reconnaissant  les  ca- 
ractères chrétiens  de  la  plupart  de  ces  figures,  trouvait  des  raisons 
de  douter,  au  sujet  de  la  foi  du  défunt,  dans  les  deux  circonstances 
suivantes  :  l'orientation  d<>  la  tombe  vers  le  nord,  et  la  présence 
dans  la  bouche  du  défunt,  de  l'obole  à  Caron  sous  la  forme  d'un 
sou  d'or  de  Valentinien  II  (.375-392).  Il  ajoutait  toutefois  que  ce 
deuxième  fait  ne  serait  pas  décisif,  puisque  la  pratique  païenne 
dont  il  témoigne  se  maintint  longtemps  après  le  triomphe  définitif 
du  christianisme". 

A  l'appui  de  cette  dernière  observation,  je  dirai  que  nous  avons 
deux  exemples  du  fait  dans  deux  de  nos  anneaux,  provenant  du  ci- 
metière de  Vermand  (Aisne),  c'est-à-dire  de  la  même  région.  Dans 
l'un  l'obole  était  un  sou  d'or  de  Valentinien  1er  (364-37S);  dans 
l'autre  c'était  un  petit  bronze  de  Magnence  (349-353). 

Il  ne  me  parait  donc  pas  que  cette  particularité  soif  un  motif  de 
mettre  en  doute  le  caractère  chrétien  de  la  sépulture  de  Chouy. 

Mais,  à  mon  tour,  j'en  verrai  un  plus  sérieux  dans  la  légende 
Vivas  inscrite  sur  notre  anneau. 

Dans  les  exemples  que  j'ai  recueillis  jusqu  à  présent  de  cette  for- 
mule acclamato ire  Vivas  ou  Vivat3,  elle  est  accompagnée  des  mots 
caractéristiques  in  Deo  qui  lui  donnent  cette  signification  :  «  Vis 
pieusement,  saintement,  en  conformité  des  commandements  de 
Dieu,  de  façon  agréable  à  Dieu  ».  Le  sens  de  Vivas,  comme  nous  le 
lisons  sur  la  bague  de  Chouy,  n'est  qu'un  souhait  dévie  longue  et 
heureuse,  avec  abstraction  complète  de  toute  idée  religieuse. 

1.  Nouveau  recueil  des  inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule,  p.  79,  n°  56. 

2.  A  l'appui  de  son  observation,  E.  Le  Blant  a  cité  un  intéressant  passage  de 
Lebeuf  :  «  J'ai  connu,  dit  le  savant  abbé,  des  gens  qui  ont  persuadé  aux  pay- 
sans d'un  village  proche  d'Auxerre,  de  ne  plus  pratiquer  cet  usage  qui  parais- 
sait tenir  du  paganisme,  d'autant  plus  que  quelques-uns  assuraient  que  c'était 
pour  payer  le  passage  de.  la  barque  à  Caron,  qu'on  munissait  ainsi  le  mort  d'un 
liard  ou  d'une  autre  pièce  d'aussi  petite  conséquence.  »  Dissertation  sur  l'his- 
toire ecclésiastique  et  civile  de  Paris,  1789,  p.  287  {Traité  sur  les  anciennes  sépul- 
tures). 

3.  Voir  les  nos  CXXX  et  CXXXV. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


143 


Celte  différence  remarquable  est  de  nature  à  inspirer  quelque 
hésitation. 

Néanmoins,  si  l'on  considère  que,  sauf  l'animal  fantastique,  les 
figures  gravées  au  pourtour  de  notre  anneau  sont  des  symboles 
chrétiens  \  et  que,  leur  réunion  ne  pouvant  être  ici  l'effet  du  ha- 
sard et  étant  au  contraire  manifestement  intentionnelle,  il  faut 
admettre  le  caractère  chrétien  du  bijou  avec  lequel  le  défunt  fut 
enseveli. 

CX  XIV 


ANNEAU  DE  LÉODENUS,  TROUVÉ  PRÈS  DE  COJIIMÈGNE  (oiSEJ 


Voici  une  belle  bague  en  or  pur,  trouvée  eu  1880  dans  le  lit  de 
l'Oise,  en  amont  de  Compiègne,  et  près  du  confluent  de  l'Aisne. 
Acquise,  peu  après  la  découverte,  par  M.  le  Dr  Lesguillons,  elle  a 
passé  plus  tard  dans  la  collection  de  feu  le  baron  Pichon. 

Elle  a  19  millimètres  d'ouverture^  et  la  tige  a  près  de  4  millim. 
d'épaisseur.  Elle  est  ornée  d'un  chaton,  soudé  sur  les  branches  de 
l'anneau,  et  accosté,  aux  deux  points  de  réunion,  de  trois  cabo- 
chons en  or,  disposés  en  feuilles  de  trèfle.  Ce  chaton  est  composé 
d'une  cuvette  ovale,  qui,  à  sa  partie  supérieure,  a  17  millimètres 
sur  14.  Dans  cette  cuvette  est  enchâssé  un  grenat  ovale,  traité  en 
cabochon,  de  18  millimètres  dans  son  plus  grand  axe  à  sa  base,  et 
serti  lui-même  dans  un  cercle  d'or.  On  y  voit  un  oiseau  grossière- 
mont  gravé  en  creux. 

Sur  la  bande  de  la  cuvette,  restée  libre  autour  du  grenat,  et  qui 

1.  Voir  Abbé  Martiyny,  Diciiona.  des  antiquit.  chrétiennes  au  mot  Anneau. 


144 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


a  3  millim.  de  large,  est  également  gravée  en  creux  la  légende 
suivante  : 

+  LEODENVc/>  VIVâ  DO 

Leodenus  x)ioat  Deo  (pour  in  Deo). 

M.  le  comte  de  Marsy,  qui,  en  1883,  a  publié  une  savante  élude 
sur  ce  bijou  l,  l'ait  observer  qu'il  a  dû  appartenir  à  un  personnage 
important,  de  la  seconde  moitié  du  vne  siècle,  et  que  ce  personnage, 
par  la  formule  acclamatoire  qui  accompagne  son  nom  et  par  le 
choix  de  l'intaille,  paraît  avoir  tenu  à  manifester  ses  sentiments 
religieux.  M.  de  Marsy  indique,  à  litre  d'hypothèse,  comme  pou- 
vant être  identifié  avec  le  Léodenus,  propriétaire  de  notre  bague, 
un  Leudinus  ou  Leuduinus,  plus  connu  sous  le  surnom  de  Bodo, 
qui  fut  moine  et  puis  évêque  de  Toul,  depuis  l'an  G60  jusqu'à  sa 
mort,  dont  la  date  ne  peut  être  postérieure  à  680 s. 

Nous  reconnaissons  qu'à  raison  de  la  richesse  de  la  matière  et 
de  l'élégance  de  la  mise  en  œuvre,  le  monument  qui  nous  occupe 
a  dû  appartenir  à  un  homme  de  condition  élevée. 

Mais  1  identification  du  Léodenus  de  notre  bijou  avec  l'évêque 
de  Toul,  saint  Leudin,  ne  semble  justifiée,  même  à  titre  d'hypo- 
thèse, par  aucune  raison  sérieuse. 

11  y  a  même,  au  contraire,  des  motifs  de  la  considérer  comme 
peu  admissible  a  priori. 

L'anneau  sigillaire  de  Léodenus  est  de  bonne  et  belle  fabrication; 
les  caractères  de  la  légende  en  sont  nettement  et  correctement 
gravés  et  il  se  place  avec  vraisemblance  dans  le  premier  tiers  du 
vue  siècle,  ce  qui  ne  concorderait  point  avec  le  gouvernement  épis- 
copal  de  Leudinus,  dont  le  commencement  se  place  en  660  et  la 
fin  vers  680. 

Nous  savons  en  outre  que,  d'après  une  décision  synodale  de 
Milan,  il  ne  devait  y  avoir  sur  l'anneau  épiscopal  ni  inscription,  ni 
représentation  quelconque  3 ,  et  la  bague  de  Léodenus,  décorée  d'une 
légende,  ne  satisfait  pas  à  cette  condition. 

1.  Ri'v.  de  la  Société  historique  de  Compiègne,  l.  V. 

2.  De  Marsy,  loc.  cit.,  p.  13  et  14. 

3.  Voir,  à  ce  sujet,  mon  mémoire  sur  le  Port  des  anneaux  dans  l'antiquité  ro- 
maine et  les  premiers  siècles  du  moyen  âge,  dans  Mèm.  de  l'Acad.  des  inscript,  et 
bell.-letlr.,  t.  XXXV,  2e  partie,  p.  235,  el  tiré  à  part,  p.  G7.  Toutefois,  il  a  été 
dérogé  à  cette  règle  :  nous  en  avons  un  exemple  dans  le  n°  LXX1I  bis  décrit 
(dus  haul. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


145 


DIOCÈSE  DE  CHALONS-SUR-MARNE 

cxxv 

ANNEAU  A  CHATON  TOURNANT,  TROUVÉ  A  CHALONS-SUR-MARNE 


L'anneau  d'or  qui  est  reproduit  ici  d'après  les  dessins,  que  M.  le 
baron  de  Mély  a  bien  voulu  me  remettre  \  a  été  recueilli  dans  une 
tombe,  à  Chàlons-sur-Marnc,  et  a  été  acheté  par  M.  de  Saint- Ange- 
Darde  chez  un  orfèvre  de  cette  ville. 

Il  a  19  millimètres  d'ouverture;  l'épaisseur  de  la  tige  est  de 
5  millimètres,  et  le  poids  total  du  bijou,  de  12  grammes.  Il  est 
muni  d'un  chaton  mobile,  formé  d'un  petit  cube  en  or,  qui  a 

millimètres  à  chacune  de  ses  faces,  et  6  de  côté.  Sur  l'une  des 
faces,  on  voit,  gravées  à  rebours,  les  lettres  ÛPP,  dont  nous  n'a- 
vons aucun  moyen  de  déterminer  la  signification.  L'autre  côté  est 
dépourvu  d'inscription. 


CXXVI 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  PRÈS  DE  CHALONS-SUR-MARNE 


Cette  bague  m'a  été  communiquée, en  1885,  par  feu  A.  Dahicourt, 
qui  la  possédait  depuis  peu  de  temps".  Elle  est  en  bronze;  elle  a 

1.  Quand  j'ai  publié  ce  bijou  pour  la  première  fois,  en  1895,  dans  la  Revue 
archéologique,  (année  1395,  t.  II,  p.  2),  on  a  l'ail  ligurer,  par  erreur,  des  dessins 
qui  n'avaient  nul  rapport  avec  lui  et  ne  répondaient  aucunement  à  la  description 
que  j'en  donnais. 

2.  Ce  bijou  a  sans  doute  été  légué  avec  les  autres  parties  de  la  collection  de 
M.  Danicourt,  au  Musée  de  la  ville  de  Péronne  (Sommé). 

lu 


146 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


18  millimètres  d'ouverture  ;  le  pourtour  a  2  millimètres  d'épais- 
seur, et  6  millimètres  de  hauteur  du  côté  opposé  au  chaton.  Ce 
chaton,  de  forme  quadrangulaire,  a  de  11  à  12  millimètres  de  large 
sur  7  à  8  de  hauteur. 

Nous  voyons,  en  partant  de  l'angle  inférieur  de  gauche  (pour 
le  lecteur),  un  L,  de  la  haste  duquel  se  détachent  (rois  barres  ho- 
rizontales formant  un  E;à  côté  de  la  barre  horizontale  du  L,  un  V 
renversé  avec  un  petit  point  ;  à  droite  un  L  renversé,  et  à  côté  de 
sa  barre  horizontale,  un  A  renversé  et  accosté  de  deux  points  ;  au 
centre  un  grand  I,  dirigé  de  l'angle  gauche  supérieur  vers  l'angle 
droit  inférieur;  enfin  un  S,  posé  en  travers  de  cette  dernière 
lettre. 

Nous  avons  là  les  composantes  du  nom  d'EVLALIVS  en  redou- 
blant l'emploi  de  V,  ou  d'EVLALIE  en  redoublant  l'emploi  de  E,  le 
S  étant,  dans  ce  dernier  cas  comme  dans  d'autres  précédemment 
signalés,  l'initiale  de  Signum  ou  Sigillum. 

Les  deux  noms  d'Etilalùts  et  d'Eulalia  étaient  très  usités  dans  la 
période  gallo  franqne. 

Grégoire  de  Tours  mentionne  un  personnage  appelé  Eulalim,  qui 
déposséda  violemment  Nicétius  du  comté  d'Auvergne 1  ;  et  plus  bas, 
après  l'avoir  qualifié  comle,  il  donne  le  récit  de  ses  méfaits2.  Un 
saint  du  même  nom  était  évêque  de  Syracuse,  au  commencement 
du  vie  siècle3,  et  l'on  trouve  en  670  un  Eulalius,  évèquc  de  Cyno- 
polis*. 

Les  annales  de  l'Église  nous  font  connaître  deux  saintes  du  nom 
d'Eulalia,  mortes,  l'une  à  Barcelonneen  30i5,  l'autre  à  Mérida  en 
404e. 

Au  point  de  vue  historique  aussi  bien  qu'au  point  de  vue  de 
la  composition  du  monogramme,  l'une etrautre  leçon  seraient  donc 
également  admissibles.  Mais  une  circonstance  dont  il  faut  tenir 
grand  compte  est  la  petite  dimension  et  le  faible  diamèlre  de  la 
bagiu  dont  il  s'agit  :  elle  n'a  que  18  millimètres  d'ouverture,  et  a 
vraisemblablement  appartenu  à  une  femme,  c'est  pourquoi  nous 

1.  tlistor.  Francor.,  VIII,  18;  édit.  GuadcL  el  Taraune,  l.  II,  p.  91. 

2.  lbid.,  X,  p.  221-223. 

3.  Bolland.,  Acta  SS.,  mens,  febr.,  t.  Il,  p.  888. 

4.  Lelong,  Biblioth.  sucra,  t.  II,  p.  717. 

5.  Bolland.,  Acta  SS.,  meus,  febr.,  I.  II, p.  575-58'). 

6.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  5e  série,  1861,  t.  II,  p.  237-255. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  147 

pensons  qu'il  convient  d'adopter  de  préférence  la  leçon  S(ignunC) 
ou  S{igillum)  EVLALIE. 

CXXV1I 

BAGUE  AVEC  LES  .NOMS  DE  UAUBULEUS  ET  d'hAKICUBA  OU  HAR1CUFA, 
PROVENANT  DE  VITRY-LE-FKANÇOIS  (MAR>e) 


^Tous  reproduisons  ici  une  bague  en  or  fin,  trouvée  en  1849, 
aux  environs  de  Vitry-lc-François,  et  conservée  au  Cabinet  des  mé- 
dailles de  la  Bibliothèque  nationale,  dans  le  catalogue  duquel  elle 
est  inscrite  sous  le  n°  7596.  Elle  a  subi  un  aplatissement  qui  ne 
permet  pas  ti  en  mesurer  exactement  l'ouverture. 

Du  côté  opposé  au  chaton,  les  deux  branches  de  la  tige  oui  été 
soudées  l'une  sur  l'autre.  Le  chaton  se  compose  de  deux  ovales, 
ménagés  à  même  le  métal,  et  qui  ont  chacun  14  à  15  millimètres 
de  large  sur  5  à  6  de  hauteur.  Ils  portent,  gravés  en  creux  et  en 
deux  lignes,  l'un,  le  nom  de 

BA/  bVL  —  FVS 

l'autre,  celui  de 

HARICV^-.-  A 

A  la  suite  du  V  de  cette  dernière  légende,  il  y  avait  une  leltre 
qui  est  presque  entièrement  ellacée,  mais  dont  on  peut  distinguer  à 
l'aide  d'une  loupe,  un  fragment  initial  qui  paraît  être  la  baste  per- 
pendiculaire d'un  F,  d'un  I,  d'un  |_,  d'un  B  <>u  d'un  D,  plus  vrai- 
semblablement d'un  F.  S'il  en  élait  ainsi,  le  vocable  féminin  serait 
Haricufa.  Des  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  ce  bijou,  les  uns, 
comme  MM.  Chabouillct,  Eug.  Hucher  et  l'abbé  Cochet,  ont  lu  Ha- 
riculfa\  Mais  cette  leçon  n'est  pas  admissible,  par  le  motif  que, 


1.  M.  Chabouillet,  Rev.  archéol.,  année  1849, p.  350, et  Catalog .  général  et  rai- 
sonné des  camées,  etc.,  de  la  Biblioth.  impér.,  n"  3641,  p.  389;  M.  Eug.  Hucher, 
Bullet.  monument.,  t.  XVIII,  p.30y,  et  Sigillographie- du  Maine,  1855,  p.  9;  l'abbé 


148 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


dans  la  partie  dégradée  de  l'inscription,  il  n'y  a  place  que  pour  une 
seule  lettre  et  non  pas  pour  les  deux  lettres  L  et  F  qu'elle  suppose. 
E.  Le  Blant,  tout  en  déclarant  que  la  tin  du  mot  lui  paraissait  in- 
certaine, a  proposé  la  leçon  Haricuba1 ,  ce  qui  serait  plus  accepta- 
ble :  nous  préférons,  toutefois,  celle  de  Haricufa. 

Quant  au  nom  d'homme,  les  auteurs  précités,  à  l'exception  de 
E.  Le  Blant,  l'ont  traduit  par  Baudulfus,  en  attribuant  à  la  qua- 
trième lettre  de  l'inscription  la  valeur  d'un  D;  E.  Le  Blant  l'a  tra- 
duit par  Baubulfus*,  en  laissant,  comme  il  le  faut,  à  la  lettre  en 
question,  la  valeur  d'un  b  cursif 3. 

Nous  sommes  donc  d'avis  de  restituer  ainsi  les  deux  vocables  : 

BAVBVLFVS  -  HARICVFA  ou  HARICVBA- 

Par  sa  fabrique,  par  la  forme  des  caractères  de  la  double  ins- 
cription et  par  la  composition  des  noms  qui  y  sont  gravés,  notre 
anneau  appartient  à  l'époque  mérovingienne  et  à  la  fin  de  cette 
période. 

C'est  évidemment  un  anneau  de  mariage  ou  de  fiançailles.  Les 
circonstances  de  la  découverte  de  ce  bijou  nous  étant  inconnues  et 
sa  déformation  ne  permettant  pas  d'en  déterminer  l'ouverture,  il 
est  impossible  île  dire  quelle  est  celle  des  deux  personnes  dont  il 
porte  les  noms,  à  l'usage  de  laquelle  il  était  affecté. 

CXXV11I 

ANNEAU  AVEC  S  BARRÉ,  TROUVÉ,  A  VILLEVENARD  (MARNE)4 

Cet  anneau  en  bronze  a  été  trouvé  au  cours  de  fouilles  opérées 
par  M.  le  baron  J.  de  Baye,  notre  confrère  à  la  Société  des  Anti- 
quaires de  Fiance,  dans  le  cimetière  mérovingien  de  Villevenard. 

Cochet,  Le  tombeau  de  Chilpêric  Ier,  in-8,  1859,  p.  360  et.382;  voir  aussi  l'Art 
chrétien,  t.  III,  ann.  1859,  p.  479,  0g.  20. 

1.  Inscr.  chrét.  de  la  Gaule,  t.  Ier,  p.  451,  n°  337,  pl.  XXXVI,  fig.  221. 

2.  lbid.,  t.  II,  p.  618. 

3.  A  la  vérité,  la  forme  liaudulfus  est  très  normale  dans  l'onomastique  gallo- 
franque.  (Voir  Forstemann,  Personennamen,  p.  216-218.)  Il  y  en  a  des  exemples 
notamment  dans  le  testament  d'Erminetrudis,  de  l'an  700  (Pardessus,  Dipl.  et 
ch.,  t.  II,  p.  257  et  258).  Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  forme  Baubulfus,  dont 
ou  ne  connaît  pas  d'exemple. 

4.  Villevenard  est  situé  dans  Je  canton  de  Monlmort,  arrond.  de  tteims. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


149 


En  m'adressant  les  dessins  de  ce  bijou,  qui  appartient  à  sa  col- 
lection, M.  de  Raye  m'a  fait  connaître  que  la  tombe  où  il  a  été  re- 
cueilli ne  contenait,  avec  des  ossements,  que  ce  petit  monument 
et  des  grains  de  collier. 

La  bague  qui  nous  occupe  est  très  mince;  elle  a  4  millimètres 


de  hauteur,  17  millimètres  d'ouverture,  particularité  qui,  rappro- 
chée du  fait  de  l'existence  de  grains  de  collier  dans  la  sépulture, 
atteste  que  nous  avons  là  une  bague  de  femme. 

Rappelons  ici  que  nous  avons  déjà  décrit  des  anneaux  pourvus 
du  S  barré,  que  l'on  sait  être  l'abréviation  de  §ignum  ou  Signavi. 

DIOCÈSE  DE  NOYON,  PLUS  TARD  DE  SAINT-QUENTIN 
CXXIX  à  CXXXVII  bis 

ANNEAUX  PROVENANT  DES  ANCIENS  CIMETIÈRES  DE  VERMAND  (AISNE)  1 

Avant  de  décrire  ces  anneaux,  je  dois  dire  quelques  mots  de  la 
date  des  sépultures  d'où  ils  proviennent. 

Les  anciens  cimetières  de  Vcrmand  appartiennent,  pour  une 
partie,  à  la  dernière  moitié  du  me  sièele,  mais  principalement  au 

I.  Veimand  est  un  chef-lieu  du  canton  dépendant  de  l'arr.  de  Saint-Quentin. 
Ces  bijoux  ont  été  publiés  par  M.  J.  Pilloy  dans  ses  Études  sur  d'anciens  lieux 
de  sépulture  du  département  de  l'Aisne,  t.  II,  p.  265  et  suiv.  et  pl.  19;  et  par 
M.  Th.  Eck,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  académique  de  Saint-Quentin,  année 
1889;  et  dans  un  livre  intitulé  :  Les  deux  cimetières  de  Vermand  et  de  Saint- 
Quentin. 


150 


ÉTUDE  SUR  DES  ANNEAUX 


iv°  siècle,  et  ne  paraissent  avoir  été  abandonnés  qu'après  la 
deuxième  destruction  de  l'oppidum  des  Veromandui,  laquelle  eut 
lieu  au  commencement  du  v"  siècle,  lors  des  grandes  invasions 
germaniques. 

M.  J.  Pilloy  affirme,  sans  hésitation,  que  toutes  les  sépultures 
dans  lesquelles  nos  anneaux  ont  été  trouvés  sont  du  ive  siècle,  du 
commencement  à  la  fin  :  «  11  n'y  a  pas,  dit-il,  à  cet  égard  le  moin- 
dre doute  '.  »  Nous  verrons,  dans  les  notices  descriptives  qui  vont 
suivre,  que  la  bouche  de  plusieurs  des  possesseurs  de  ces  bijoux 
avait  reçu,  comme  obole  à  Caron,  des  monnaies  d'empereurs  ayant 
régné  dans  le  dernier  tiers  du  ive  siècle2.  D'après  M.  Pilloy,  les  an- 
neaux eux-mêmes  sont  du  môme  lemps. 


1°  CXXIX.  —  Bague  avec  le  chrisme. 


Cette  bague,  qui  provient  d'une  sépulture  féminine,  a  18  milli- 
mètres d'ouverture  ;  elle  est  en  or;  sa  tige,  ronde,  est  formée  d'une 
série  de  petites  perles  d'or  soudées  ensemble3. 

Le  chaton,  de  forme  ovale,  taillé  en  biseaux,  a,  dans  sa  plus 
grande  hauteur,  15  à  16  millimètres  à  la  base,  13  à  la  surface; 
dans  sa  plus  grande  largeur,  15  millimètres  à  la  base,  9  à  la  sur- 
face. 

Dans  ce  chaton,  soudé  sur  la  tige,  est  sertie  une  pierre  d'un  vert 
noirâ  I  re,  sur  laquelle  on  voit,  formées  de  fils  d'argent  incrustés  dans 
de  petits  sillons  entaillés  ad  hoc,  la  lettre  grecque  X,  première  lettre 
du  nom  du  Christ,  et  une  croix  égale,  à  la  haste  de  laquelle  est  ap- 
pendue  la  deuxième  lettre  du  même  nom.  Les  barres  des  deux  figu- 
res se  terminent  par  un  fer  de  flèche  ou  de  lance. 

1.  Lettre  du  0  lévrier  1896.  Cl.  dans  le  t.  II  des  Études  précitées  de  M.  Pilloy, 
le  chapitre  intitulé  :  Les  cimetières  de  Vermand,  du  ive  siècle,  p.  76  et  suiv. 

2.  Magnence  (349-353)  et  Valentinien  I"  (364-375). 

3.  Ce  bijou,  quand  il  a  été  dessiné  par  M.  Pilloy,  appartenait  à  M.  Jumelle, 
avocat  à  Amiens  (lettres  de  M.  Pilloy,  des  6  et  14  t'évrier  1896). 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  151 

Dans  la  main  gauche  de  la  femme  qui  portait  cette  bague  à  l'an- 
nulaire de  la  même  main,  il  y  avait  un  sou  d'or  frappé  à  Trêves,  au 
nom  de  l'empereur  Valentinien  1er  (364-375)  '. 

2°  CXXX.  ■ —  Anneau  avec  calcédoine. 


Ce  bel  anneau  d'or,  qui  appartient  à  la  collection  de  M.  Th.  Eck, 
a  été  trouvé  dans  une  sépulture  féminine;  il  a  17  à  18  millimètres 
d'ouverture;  sa  tige  a,  près  du  chaton,  12  millimètres  de  hauteur, 
2  à  3  du  côté  opposé.  Le  chalon  ovale,  qui  a,  dans  sa  plus  grande 
largeur,  13  millimètres,  sur  10  dans  sa  plus  grande  hauteur,  est 
formé  d'une  cuvette  de  métal,  soudée  sur  la  tige,  contenant  une 
fausse  calcédoine  et  décorée  d'une  large  bordure  de  feuilles  d'acan- 
the ciselées,  laquelle  est  elle-même  entourée  d'un  cordon  de  grè- 
netis.  Le  chaton  est  relié  à  la  lige  par  un  réseau  de  filigranes,  dont 
les  points  d'attache  sont  munis  de  perles  d'or,  qui  simulent  les 
nœuds  du  réseau. 

La  femme  au  doigt  de  laquelle  on  a  recueilli  ce  magnifique  bijou, 
avait,  dans  la  bouche,  pour  obole  à  Caron,  un  sou  d'or  de  Valenti- 
nien Ier  (364-375)  \ 

1.  On  a  recueilli  dans  cette  même  tombe  un  collier  formé  d'une  chaînette  en 
or,  ornée  d'émeraudes,  des  bracelets  en  argent  aux  deux  poignets;  et,  aux 
pieds  de  la  défunte,  les  débris  d'un  coffret  à  bijoux,  une  aiguière  de  bronze  à 
bords  godronnés,  etc.  Quand  je  publiai  pour  la  première  fois  cet  anneau  (ftev. 
archéol.,  année  1896,  t.  I,  p.  274),  je  me  bornai  à  mentionner  la  présence  du 
chrisme  :  une  étude  nouvelle  m'a  déterminé  à  donner  ici  une  description  plus 
précise. 

2.  La  même  tombe  contenait  en  outre  six  fibules,  dont  quatre  en  argent  doré, 
ciselé  et  niellé,  et  deux  en  argent,  ornées  chacune  d'une  perle  d'ambre,  deux 
petites  agrafes  en  argent  et  un  collier  de  grosses  perles  d'or, 


152 

3°  CXXXI 


Cette  bague1,  trouvée  dans  une  tombe  masculine,  a  21  millimè- 
tres d'ouverture;  sa  tige,  arrondie  à  l'extérieur,'  a  partout  une 
hauteur  de  12  millimètres.  M.  Pilloy  croit  qu'elle  a  été  fondue;  le 
chaton  n'est  donc  pas  soudé.  Ce  chaton,  de  forme  ronde,  a  13  mil- 
limètres de  diamètre  :  «  Il  porte,  dit  M.  Pilloy,  gravée  grossière- 
ment en  creux,  à  la  façon  des  intailles,  la  représentation  d'une  di- 
vinité, assise  sur  une  cathedra,  tenant  de  la  main  droite  une  hastc, 
et  de  la  main  gauche  une  patère.  Dans  l'objet  informe  placé  der- 
rière le  siège,  on  a  cru  voir2  un  aigle,  et,  comme  conséquence,  le 
personnage  serait  Jupiter.  J'en  doute,  car  il  n'a  pas  les  attributs 
dont  il  est  ordinairement  accompagné  sur  les  médailles,  le  fou- 
dre 3.  » 

L'objection  opposée  par  M.  Pilloy  à  l'idée  d'une  représentation 
de  Jupiter  n'est  point  fondée.  A  la  vérité,  le  Père  des  Dieux  est 
figuré  le  plus  souvent,  sur  les  monnaies,  avec  la  foudre  dans  la  main  ; 
mais,  sur  les  pierres  gravées,  qui  sont  ici  d'une  autorité  topique, 
Jupiter  tient  fréquemment  dans  sa  main  gauche  une  patère,  tandis 
que  la  droite  lient  le  sceptre.  L'aigle  est  tantôt  à  côté,  tantôt  en 
face  du  dieu. 

Je  citerai,  parmi  les  intaillcs  de  notre  Cabinet  de  médailles,  les 
nos  1423,  1424  et  1425  *,  qui,  par  leur  dispositif  comme  par  leurs 

1.  Ce  bijou  est  conservé  dans  le  Musée  archéologique,  de  Saint-Quentin.  Il  y 
avait  en  outre,  dans  cette  tombe,  une  tablette  en  schiste  ardoisé,  des  clous  de 
chaussures,  de  petites  amphores,  un  poculum  avec  sa  soucoupe,  et  une  ampulla 
en  verre  blanc. 

2.  Cette  explication  a  été  proposée  par  M.  Th.  Eck,  dans  son  livre  précité  Les 
deux  cimetières  de  Vermand  et  de.  Saint-Quentin,  p.  249  et  340. 

3.  J.  Pilloy,  Études  précitées,  t.  II,  p.  264. 

4.  Catalogue  général  et  raisonné  des  camées  et  pierres  gravées  de  la  Bibliothèque 
nationale  (Cabinet  des  médailles),  par  Chabouillet,  p.  204. 


étude  sur  les  anneaux 
.  —  Bague  en  bronziî,  avec  figure  de  divinité  au  chaton. 


DES  PREMIERS   SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


153 


dimensions,  doivent  être  évidemment  rapprochées  de  notre  anneau, 
dont  le  travail  en  est  une  visible  dégénérescence.  Telle  est  aussi 
l'opinion  très  nette,  très  décidée  de  MM.  Rabelon  et  Maurice  Prou, 
les  savants  conservateur  et  conservateur  adjoint  au  Cabinet  des 
médailles. 

Un  exemple  également  déterminant  nous  est  fourni  par  un  des 
anneaux  par  nous  décrits  :  on  y  voit,  en  effet,  une  intaille,  où 
Jupiter  est  représenté  assis,  avec  le  sceptre,  la  patère  et,  en  face  de 
lui,  l'aigle,  qui  le  regarde'. 

A  la  vérité,  dans  l'espèce  qui  nous  occupe,  l'aigle,  qui  est  très 
sommairement  indiqué,  serait  derrière  la  cathedra.  Mais,  si  Ton 
se  reporte  à  l'Atlas  du  grand  ouvrage  de  J.  Overbeck  sur  l'art 
dans  la  mythologie  hellénique,  on  y  remarque  deux  figurations  de 
Jupiter  assis  sur  son  trône,  tenant  d'unemain  le  sceptre,  de  l'autre 
une  patère,  avec  un  aigle  à  côté  du  trône,  en  retrait  et  hors  de  la 
vite  du  dieu',  et  l'on  s'explique  aisément  qu'à  une  basse  époque 
comme  celle  de  notre  anneau,  et  sur  une  grossière  imitation  de 
ces  types,  un  graveur  ignorant  et  inhabile  ait  pu  placer  l'aigle  tout 
contre  et  en  arrière  de  la  cathedra. 

Quant  à  l'objet  qui  se  détache  du  sceptre  en  arrière  et  à  la  hau- 
teur de  l'épaule  du  dieu,  il  faut  y  voir  un  bout  flottant  de  la  chla- 
mydedu  divin  personnage. 

4°  CXXXII.  —  Anneau  avec  fausse  calcédoine  gravée 


Voici  un  anneau  d'argent"'  trouvé  dans  la  tombe  d'une  femme, 
au  médius  de  sa  main  droite  4 ;  il  a 21  à  22  millimètres  d'ouverture; 

1.  Voir  plus  loin,  n°  CCLXXXVI. 

2.  Griechischen  kunttmylhologie,  1872;  Atlas,  Gemmentafel  II,  n°  2  et  n°  48; 
la  notice  descriptive  est  p.  167  du  texte. 

3.  Cet  anneau  appartient  à  la  collection  de  M.  Th.  Eck. 

4.  On  y  a  recueilli,  en  même  temps  que  ce  bijou,  un  petit  coffret  en  bois  et 
bronze  avec  clef  bague,  contenant  un  grand  bronze  de  Postume  (257-267),  une 


ÉTUDE    SUR   LES  ANNEAUX 


sa  tige,  légèrement  bombée  à  l'extérieur,  a  8  millimètres  de  bail- 
leur près  du  chaton,  3  seulement  du  côté  opposé. 

Le  chaton  est  formé  d'une  fausse  calcédoine  de  forme  ovale, 
taillée  en  biseaux,  de  15  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur 
à  la  base  et  de  13  à  la  surface;  de  10  millimètres  dans  sa  plus 
grande  hauteur  à  la  base,  et  de  8  à  la  surface.  Sur  cette  pierre  est 
gravé  un  animal  au  galop.  «  Le  travail  est  tellement  sommaire, 
dit  avec  raison  M.  Pilloy,  qu'on  ne  saurait  déterminer  à  quelle 
espèce  cet  animal  appartient1.  » 

5°  CXXX1II.  —  Autre  anneau  d'argent 


Cet  anneau  trouvé  dans  une  sépulture  féminine,  à  l'annulaire 
de  la  main  droite  de  la  défunte  3,  a  une  ouverture  de  18  millimètres  ; 
sa  tige,  plate,  a  7  millimètres  de  hauteur  près  du  chaton,  et  3  du 
côté  opposé. 

Le  chaton,  formé  d'une  pâle  ou  fausse  pierre  verdâtre,  est  un 
carré  long  de  9  millimètres  de  haut  sur  10  de  large. 

6°  GXXXIV.  —  Bague  en  argent 


Cette  bague,  fort  simple,  a  16  millimètres  d'ouverture;  sa  tige, 
bombée  à  l'extérieur,  a  12  millimètres  de  hauteur  près  du  chaton, 
2  à  3  du  côté  opposé  ;  le  chaton,  qui  était  probablement  une  intaille, 
a  disparu  :  le  renflement  du  métal  qui  en  marque  la  place,  a  la 

autre  bague  en  bronze,  un  gros  bracelet  en  jais,  une  paire  de  boucles  d'oreilles 
en  or,  avec  pierres  fines,  un  petit  couteau,  etc. 

1.  llbi  supra,  p.  265. 

2.  Il  appartient  à  la  collection  de  M.  Th.  Eck. 

3.  Au  chevet  de  la  défunte  on  a  recueilli  une  épingle  en  argent,  à  tète  plate. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  lOO 

forme  d'un  carré  allongé,  de  10  millimètres  de  large  sur  6  de  hau- 
teur. 

Les  objets  recueillis  dans  la  tombe  féminine  où  ce  bijou  a  été 
trouvé,  atlestent  qu'il  appartenait  à  une  riche  matrone1. 

7°  CXXXV.  —  Bague  en  bronze,  ornée  de  filets  parallèles 


Cette  bague  est  un  simple  cercle  sans  inscription  ni  figure,  avec 
une  hauteur,  égale  en  tous  sens,  de  3  millimètres,  et  une  ouver- 
ture de  15  à  16  millimètres. 

Elle  était  portée  par  une  femme,  qui  en  avait  une  autre  sem- 
blable, et  dans  la  bouche,  comme  obole  à  Caron,  un  petit  bronze 
de  Magnence  (349-353)'. 

8°  et  9°  CXXXVI  et  CXXXV1I.  —  Deux  bagues  en  argent  d'une 

fillette 


Ces  deux  bagues,  trouvées  dsns  la  tombe  d'une  fillette,  sont 
deux  simples  cercles  d'argent,  travaillés  à  plat  et  n'ayant  pour  dé- 
coration qu'un  cordon  de,  zigzags  gravés  en  creux. 

Le  n"  1 ,  qui  est  le  plus  grand,  ail  millimètres  de  diamètre  inté- 
rieur et  une  hauteur  partout  égale  de  1  à  2  millimètres. 

1.  Elle  avait,  au  cou,  un  collier  de  trente-huit  perles  d'or  avec  pâtes  de  verre 
imitant  une  pierre  verte  opaque;  aux  bras,  des  bracelets  de  bronze;  aux  pieds, 
une  petite  urne  et  une  coupe  en  verre  blanc;  et  deux  autres  vases  en  verre. 

2.  Cette  femme  avait,  au  bras  gauche,  trois  bracelets  en  verre  noir  et  un  qua- 
trième en  bronze;  au  bras  droit,  un  bracelet  en  argent;  sur  les  jambes,  une 
urne  en  verre  blanc  et  une  coupe  également  en  verre;  sous  les  pieds,  une  urne 
en  terre  grise. 


156  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

Le  n°  2  a  8  à  9  millimètres  d'ouverture  et  1  à  2  millimètres  de 
hauteur. 

Dans  la  même  sépulture,  on  a  recueilli  deux  autres  petits  an- 
neaux du  même  genre1. 

10"  CXXXVII  bis.  —  BAGUE  EN  ARGENT,  AVEC  PLAQUES  d'ÉMAIL 


Cette  bague 5  sur  laquelle  M.  Pilloy  n'a  pas  pu  nous  donner  de 
renseignements  précis,  mais  qui  paraît  provenir,  comme  les  pré- 
cédentes, d'un  des  cimetières  de  Vcrmand3,  a  de  18  à  19  millimètres 
d'ouverture.  La  tige,  plate,  a  5  millimètres  de  haut  près  du  chaton, 
1  1/2  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  formé  de  trois  compartiments,  a  16  millim.  dans  son 
entière  largeur  :  le  compartiment  central  est  de  forme  rectangu- 
laire, les  deux  autres  qui  l'accostent,  ont  une  forme  légèrement 
trapézoïdale.  Tous  les  trois  sont  des  plaques  d'émail  noir,  établies 
dans  des  cassolettes  soudées  sur  la  tige. 

Le  compartiment  central  est  orné,  en  haut  et  en  bas,  de  3  globules 
reliés  ensemble  par  des  cordons  de  métal;  les  compartiments  laté- 
raux sont  accostés  par  trois  globules  ou  cabochons. 

M.  Pilloy  croit  qu'à  la  différence  de  ceux  que  nous  avons  repro- 
duits ci-dessus,  cet  anneau  a  été  confectionné  à  une  époque  anté- 
rieure au  ive  siècle,  et  appartiendrait  au  ru9,  peut-être  même  au  n°. 
«  Au  ive  siècle,  dit-il,  l'émaillerie  avait  cessé  d'être  à  la  mode.  On 
n'en  faisait  plus.  Les  bagues  et  les  fibules  émaillées  que  l'on  trouve 
dans  les  sépultures  du  iv°  siècle,  étaient  possédées  par  héritage  ou 


1.  Qui  appartiennent  également  à  M.  Th.  Eck.  La  petite  défunte  avait  en  ou- 
tre, au  bras  gauche,  un  bracelet  en  argent;  contre  le  bras  droit,  une  coupe  en 
verre  blanc;  et,  aux  pieds,  deux  petits  pots  en  terre  noire. 

2.  C'est  le  n°  9  de  la  planche  19  des  Études  précitées  de  M.  Pilloy. 

3.  Le  savant  archéologue  croit,  en  effet,  se  rappeler  que  ce  bijou,  provenant 
d'un  des  cimetières  de  Vermand,  appartient,  ou  du  moins,  a  appartenu  à  M.  Bè- 
gue,  principal  clerc  de  notaire  à  Vermand  (lettre  du  14  février  1896);  ce  qui 
permet  de  supposer  qu'il  provient  d'un  des  cimetières  de  Vermand. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


157 


provenaient  du  pillage  fait  par  les  barbares  au  milieu  du  mc  siècle1.  » 

Cette  opinion  me  paraît  n'être  pas  suffisamment  motivée,  au 
moins,  dans  la  forme  absolue  où  elle  est  exprimée.  Il  me  semble 
difficile  d'admettre  que  l'art  de  l'émaillerie,  dont  le  Ve  siècle  et  les 
suivants  nous  fournissent  tant  de  spécimens,  eût  entièrement  dis- 
paru au  ive.  Je  serais  plutôt  porté  à  penser  que,  s'il  y  a  eu  ralentis- 
sement dans  la  production,  il  y  a  eu  continuité  dans  la  pratique  de 
cet  art. 

CXXXVIII 

ANNEAU  AVEC  INSCRIPTION,  TROUVÉ  A  VILLERET  (AISNE)5 


Celte  bague  appartient,  comme  la  précédente,  à  M.  J.  Pilloy,  qui 
nous  en  a  fourni  le  dessin. 

Elle  a  été  trouvée  dans  un  ancien  cimetière  gallo-franc,  et  dans 
une  sépulture  féminine. 

Elle  est  en  or;  son  diamètre  intérieur  est  de  19  millimètres  d'ou- 
verture; sa  tige,  formée  d'une  mince  bande  de  métal,  dont  les  ex- 
trémités ont  été  soudées  l'une  sur  l'autre,  a  9  millimètres  dans  sa 
plus  grande  largeur,  près  du  chaton,  5  seulement  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  ménagé  dans  la  masse,  est  un  carré  long,  de  8  milli- 
mètres de  haut  sur  12  de  large  ;  il  est  orné  d'un  entrelacs  en  forme 
de  8  dans  un  cadre  tracé  au  burin;  de  chaque  côté,  sur  la  tige,  trois 
caractères  :  adroite  (pour  le  lecteur)  A,  E  rétrograde  et  S  retourné  ; 
à  gauche,  A,  S  retourné  et  C  couché.  Nous  n'avons  aucune  opinion, 
aucune  conjecture  à  proposer  touchant  le  groupement  de  ces  carac- 
tères, dont  se  composait  le  nom  de  la  femme  possesseur  de  notre 
anneau. 

1.  Lettre  du  6  février  1896.  Cl'.  Pilloy,  Éludes  sur  d'anciens  lieux  de  sépulture 
de  l'Aisne,  t.  II,  p.  270. 

2.  Villeret  est  une  commune  du  canton  du  Gatelut,  arrondissement  de  Sainl- 
Uuenlin. 


158 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Quant  à  l'époque  où  ce  bijou  fut  fabriqué,  bien  qu'il  ait  été  re- 
cueilli dans  un  cimetière  que  l'on  croit  carolingien,  il  peut  dater 
d'une  période  antérieure.  Les  ornements  et  les  caractères  qui  y 
sont  gravés  se  rapportent  aussi  bien  et  même  mieux  aux  temps  de 
la  première  dynastie  qu'à  ceux  de  la  deuxième;  et  ce  qui  nous  fait 
incliner  vers  cette  attribution,  c'est  la  similitude  des  ornements 
de  notre  anneau,  avec  ceux  d'une  autre  bague  dont  l'origine  méro- 
vingienne ne  paraît  point  douteuse. 


CXXXIX 

BAGUE  AVEC  CROIX  ÉGALE,  PROVENANT  DE  SÉRALCOURT-LE-GRAND  (AISNE)' 


Voici  encore  un  anneau  de  la  collection  de  M.  .1.  Pilloy,  qui  a 
été  recueilli  dans  une  des  tombes  du  cimetière  de  Séraucourt-le- 
Grand. 

Il  est  en  laiton  ou  en  cuivre  jaune,  et  n'a  que  18  millimètres 
d'ouverture,  ce  qui  indique  bien  un  bijou  de  femme.  La  tige  a 
6  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur  près  du  chaton,  3  du 
côté  opposé. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  est  de  forme  ronde  avec 
12  millimètres  do  diamètre;,  et,  dans  un  double  cercle  tracé  au  bu- 
rin, on  a  gravé  une  croix  à  branches  égales  et  potencéc. 

Ce  bijou  a  été  recueilli  dans  un  cimetière  qu'on  croit  carolin- 
gien ;  mais  il  peut  fort  bien  néanmoins  avoir  été  fabriqué  à  une 
époque  antérieure;  et  nous  avons,  dans  nos  anneaux  d'origine 
mérovingienne  certaine,  de  nombreux  exemples  de  la  croix  égale, 
et  de  la  croix  polencée  ou  fourchue. 

1.  Séraucourt-le-Grand  est  un  chef-lieu  de  commune,  du  canton  de  Saint-Si- 
mon, arrondissement  de  Saint-Quentin. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  159 

CXL 

ANNEAU  AVEC  CALCÉDOINE,  PROVENANT  d'aBBEVILLE  (aISNe)  1 


Cet  anneau  d'or,  qui  appartient,  comme  les  quatre  suivants  à  la 
collection  de  M.  J.  l'illoy1,  a  été  recueilli  dans  la  tombe  d'une 
femme  de  cinquante  à  soixante  ans,  avec  divers  autres  bijoux  et 
objets  de  toilette3;  il  était  encore  à  l'annulaire  de  la  main  gauche. 

Il  a  21  millimètres  d'ouverture.  La  tige,  qui  a  7  millimètres  de 
largeur  près  du  cbaton,  est  simplement  ornée  de  traits  au  burin, 
figurant  un  rameau.  Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige,  est  formé 
d'une  cassolette  ovale,  presque  ronde,  de  23  millimètres  de  lar- 
geur sur  21  de  hauteur  au  centre,  y  compris  une  large  bordure 
ciselée  en  zigzags,  et  dans  laquelle  est  sertie  une  magnifique  cal- 
cédoine, d'un  ton  laiteux,  dont  le  fond  est  noirâtre'*. 

CXLI 

BAGUE  AVEC  FAUSSE  ÉMERAUDE,  PROVENANT  d'aRBEVILLE  (aISNe) 3 

Cette  bague  en  or,  trouvée  dans  la  tombe  [d'une  femme,  était 

1.  Abbeville  est  une  commune  dépendante  des  canton  et  arrondissement  de 
Saint-Quentin. 

2.  Le  dessin  de  ce  bijou  et  ceux  des  quatre  numéros  suivants  sont  empruntés 
à  l'ouvrage  déjà  cité  de  M.  J.  Piltoy  :  Études  sur  d'anciens  lieux  de  sépulture  du 
département  de  l'Aisne,  t.  II,  pl.  V.  Celui  dont  il  s'agit  ici  est  gravé  sur  cette 
planche,  fig.  3;  le  texte  est  p.  186  et  262. 

3.  Sur  la  tête  de  la  défunte,  une  épingle  slyliforme  en  argent;  au  cou,  un 
collier  de  perles  rouges  ou  vertes,  avec  un  petit  croissant  d'argent  muni  d'une 
bélière;  une  petite  agrafe  d'argent  à  quatre  pointes  recourbées  au-dessous;  à 
l'avant-bras  droit,  un  bracelet  en  bronze. 

4.  M.  Pilloy  a  fait,  à  ce  propos,  l'observation  qu'aujourd'hui,  dans  les  bagues 
à  chaton  ou  médaillon  ovale,  on  place  toujours  le  grand  axe  dans  le  sens  du 
doigt,  tandis  qu'ici  on  a  procédé  en  sens  contraire,  et  le  médaillon  devait  cou- 
vrir une  partie  des  autres  doigts  (Études,  etc.,  p.  263). 

5.  Pilloy,  Études,  etc.,  p.  178,  n°  1  et  p.  263;  pl.  V,  fig.  5. 


"160  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

encore  à  l'annulaire  de  la  main  gauche.  On  y  a  recueilli  en  même 
temps  divers  objets,  notamment  une  épingle  d'argent,  qui  était  sur 
la  tète  de  la  défunte1. 

Cette  bague  a  17  1/2  à  18  millimètres  d'ouverture  ;  sa  tige,  plate 


et  mince,  a  10  millimètres  près  du  chaton,  4  1/2  du  côté  opposé; 
elle  est  ornée  de  six  cercles  concentriques  en  filigrane,  entre  les- 
quels on  a  soudé  de  petites  perles  d'or,  qui  rappellent  un  bel  anneau 
épiscopal  par  nous  décrit2. 

Le  chaton  est  formé  d'une  cassolette  rectangulaire,  bordée  d'une 
torsade  d'or  sur  ses  quatre  côtés  et  sertissant  une  fausse  éme- 
raude. 

cmi 

autre  anneau  avec  lion  gravé  sur  fausse  calcédoine,  provenant 
d'abbeville  (aisne)3 


Cet  anneau,  recueilli  dans  la  tombe  d'une  femme,  était  encore 
à  l'annulaire  de  sa  main  gauche  :  on  y  a  trouvé,  en  outre,  divers 
objets  de  toilette  et  autres''. 

1.  Voici  le  détail  de  ces  objets  :  sur  les  fémurs,  un  bassin  de  bronze,  au-des- 
sous duquel  une  coupe  en  verre,  décorée  de  fossettes  et  de  filets  de  verre  au 
pourtour;  sur  les  jambes,  un  plateau  d'étain,  contenant  des  ossements  de  poule 
et  une  cuiller  en  argent;  vers  les  pieds,  une  grande  coupe  de  verre  en  forme 
de  bol;  dans  celte  coupe,  un  petit  vase  ventru,  où  M.  Pilloy  a  vu  un  poculum. 

2.  Voir  plus  loin,  n°  CGLXXXIV. 

3.  Pilloy,  Éludes,  etc.,  p.  194,  n°  83  et  p.  263;  pl.  V,  lig.  7. 

4.  Dans  laboucbe,  un  denier  d'argent  de  Graticn;  au  cou,  un  collier  de  perles 


DES    PREMIERS   SIECLES    DU   MOYEN  AGE 


161 


Il  a  16  à  17  millimètres  d'ouverture;  sa  tige,  de  dimensions 
égales  sur  tout  son  pourtour,  est  d'une  faible  hauteur  (1  et  1/2  ou  2 
millimètres). 

Le  chaton,  qui  est  soudé  sur  la  tige  et  de  forme  ovale,  a  12  mil- 
limètres de  large  sur  8  de  hauteur  au  centre.  On  y  a  serti  une 
fausse  calcédoine,  sur  laquelle  est  gravé  en  creux  un  lion  passant. 

CXLI1I 

AUTRE  BAGUE  AVEC  FIGURE  d'un  PETIT  GÉNIE,  PROVENANT  d'aBBEVILLE 

(aisne)  1 


Cette  bague  en  argent  a  été  trouvée  dans  la  tombe  d'un  homme, 
à  l'annulaire  de  sa  main  gauche,  avec  divers  objets,  parmi  lesquels 
une  hache  en  fer  et  deux  couteaux5. 

Elle  a  23  millimètres  d'ouverture;  la  tige,  ronde,  a 4  millimètres 
de  grosseur  près  du  chaton,  Celui-ci,  soudé  sur  la  tige,  est,  comme 
le  chaton  de  la  précédente  bague,  formé  d'une  cassolette  octogo- 
nale, de  16  millimètres  1/2  de  large  sur  12  millimètres  1/2  de  hau- 
teur au  centre.  Cette  cassolette  constitue  intérieurement  un  cadre 

creuses  fusiformes,  en  or  ou  en  pâte  noire  et  brillante;  le  long  de  la  jambe 
gauche,  une  ampulla  de  verre  blanc  ;  un  débris  de  peigne  en  os  ;  sur  les  genoux, 
un  bassin  de  bronze  et  une  cuiller  d'argent;  tout  auprès,  une  petite  urne 
d'étain;  aux  pieds,  une  coupe  en  verre  et  un  poculum  en  terre  grise;  la  garni- 
ture d'un  coflret  en  bois,  avec  sa  clef,  sur  les  débris  duquel  on  a  cru  trouver 
représentés,  en  bas-relief,  au  repoussé,  Jupiter,  Mars  et  Hercule. 

1.  Id.,  ibid.,  p.  189,  n°  59  et  p.  262;  pl.  V,  fig.  4. 

2.  Dans  la  main  droite  du  défunt,  il  y  avait  un  petit  bronze  fruste  de  Gralien; 
sur  les  genoux,  un  plateau  di;  bronze  étamé,  avec  des  os  de  poule  et  des  co- 
quilles de  noix;  une  petite  coupe  en  verre;  près  de  la  jambe  gauche,  une  hache 
en  fer,  un  poculum  en  terre  grise  et  une  petite  urne  en  terre  rouge,  remplie  de 
cendres;  aux  pieds,  un  couteau  en  fer,  une  plaque  de  ceinturon  en  bronze;  des 
anneaux  de  bronze  et  de  fer;  une  gouge  coudée  en  fer;  un  grand  couteau;  un 
ferret  en  bronze  et  une  fibule  discoïde  émaillée  de  rouge. 

11 


162 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


ovale,  sertissant  une  fausse  calcédoine  sur  laquelle  est  gravé  en 
creux  un  petit  génie.  Ele  est  accostée,  aux  deux  points  de  jonction 
avec  la  tige,  de  trois  globules  ou  cabochons  disposés  en  feuilles  de 
1  relie ,  dont  nous  ayons  souvent  déjà  signalé  la  présence  sur  nos 
anneaux. 

CXLIV 

AUTRE  BAGUE  AVEC  VERRE  IRISÉ,  PROVENANT  d'aBBEVILLE  (AISNE)  ' 


Cette  bague,  en  argent,  a  été  trouvée  dans  la  sépulture  d'un 
homme,  à  la  main  gauche  duquel  elle  était  encore;  il  y  avait,  outre 
ce  bijou,  une  monnaie,  et  divers  objets  et  ustensiles  *. 

Elle  a  20  millimètres  d'ouverture;  sa  tige,  plate,  a  près  du  chaton 
(j  millimètres,  2  seulement  du  côté  opposé.  Le  chaton,  soudé  sur 
la  tige,  est  une  cassolette  ronde,  de  10  millimètres  de  diamètre, 
sertissant  un  verre  blanc  irisé. 

CXLV 

BAGUE  AVEC  INSCRIPTION,  PROVENANT  DE  PRÉMONT  (AISNE)  3 

Cette  bague,  qui  est  inédite,  a  été  trouvée,  en  1894,  dans  une  sé- 

1.  Pilloy,  Études,  etc.,  p.  179,  n°  4,  et  p.  263;  pl.  V,  fîg.  6. 

2.  Sur  la  poitrine,  une  grosse  fibule  cruciforme;  sur  les  jambes,  un  plat  d'é- 
tain,  contenant  les  ossements  d'une  poule;  un  poculum  en  terre  grise;  une 
coupe  en  verre;  aux  pieds,  une  boucle  de  ceinturon  en  bronze;  un  petit  cylin- 
dre creux  ayant  dù  servir  à  fixer  les  pendeloques  de  cuir  qui,  chez  les  soldats, 
couvraient  te  bas  ventre;  des  boulons  doubles  et  une  aiguillette  en  bronze; 
deux  couteaux  en  fer;  dans  la  main  droite,  un  bronze  très  fruste  de  Constance 
ou  Magnence. 

3.  Prémont  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Boherin,  arrondisse- 
ment de  Saint-Quentin. 


DLS  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


pulture  féminine  du  cimetière  mérovingien  de  Prémont  »,  et  appar- 
tient à  la  collection  de  M.  Th.  Eck,  à  Saint-Quentin s.  Elle  est  en 
potin.  La  tige  ayant  été  déformée,  je  ne  puis  en  constater  que  l'ou- 
verture moyenne,  qui  est  de  18  millim.  Le  chaton,  en  forme  de  carré 
allongé  et  un  peu  irrégulier,  a  9  millim.  de  haut  sur  10  de  large.  11 


contient,  dans  un  cadre  tracé  au  burin,  trois  caractères  :  au  centre, 
une  lettre  quialfecte  la  forme  d'un  Z,  mais  qui  est  là  probablement 
pour  un  S  rétrograde  (3),  initiale  de  Signum,  accostée,  à  droite  et 
à  gaucbede  la  lettre  F,  sans  doute  l'initiale  du  nom  du  possesseur 
de  l'anneau. 

La  tige,  qui  a  8  millim.  de  large  près  "du  cbaton,  va  en  diminuant 
de  façon  à  n'avoir  que  2  millim.  du  côté  oposé. 


CXLVI 

AUTRE    RAGUE  AVEC  CROIX  ÉGALE,   TROUVÉE  A  PRÉMONT  (AISNE) 


Voici  une  bague  en  bronze,  également  inédite,  qui  a  été  trouvée 
en  1892,  dans  une  tombe  de  femme  du  cimetière  mérovingien  de 
Prémont,  et  qui  appartient  à  la  collection  de  M.  Th.  Eck  3. 

1.  Dans  la  même  sépulture  ont  été  recueillis,  à  la  ceinture,  une  boucle  en 
fer  commune,  et  aux  pieds  un  vase  en  terre  noire. 

2.  C'est  d'après  les  dessins  de  M.  Eck  et  les  renseignements  fournis  par  lui, 
qu'ont  été  reproduits  et  décrits  l'anneau  qui  nous  occupe  et  dix  autres  bijoux 
de  la  même  espèce.  J'exprime  ma  gratitude  au  savant  conservateur  des  musées 
de  Saint- Quentin  pour  ce  nouvel  acte  d'obligeance. 

3.  On  a  recueilli  dans  la  même  tombe  :  sur  la  poitrine  de  la  défunte, 
quelques  grains  de  collier,  et,  aux  pieds,  un  vase  de  terre  noire  de  fabrication 
commune. 


164 


ÉTUDE    SU  H   LES  ANNEAUX 


Elle  a  20  millim.  d'ouverture.  La  tige  est  large  de9millim.  près 
du  chaton,  de  3  1/2  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  dans  le  métal  est,  en  forme  de  carré 
long  de  13  millim.  sur  8  de  haut.  :  il  présente,  dans  un  cadre  tracé 
au  burin,  une  croix  égale,  accostée  d'angles  à  ses  deux  bras,  ou  peut- 
être  de  deux  V. 


BAGUE  DE  GELOSIMUS,  TROUVÉE  ENTRE  TRAVECY  ET  VENDEUIL  (AISNE) 


Voici  une  bague  en  bronze,  trouvée  dans  une  cimetière  franc 
découvert  entre  Travecy,  canton  de  La  Fère,  arrondissement  de 
Laon,  et  Vendeuil,  canton  de  Moy,  arrondissement  de  Saint-Quen- 
tin. D'après  une  note  adressée,  en  1888,  par  M.  Pilloy  au  Comité 
des  travaux  historiques1,  les  sépultures  d'hommes  ont  fourni  de 
très  grandes  francisques  et  des  scramasaxes;  d'une  sépulture  de 
femme  on  a  retiré  une  boucle  en  bronze,  les  débris  d'une  trousse 
composée  de  couteaux,  efforce,  grande  clef  en  fer,  un  collier  de 
verroterie,  la  partie  inférieure  d'une  fibule  en  argent  doré  et  niellé, 
et  un  anneau  en  bronze,  avec  un  chaton  ovale,  décoré  d'une  croix 
entourée  d'un  fil  zig-zagué. 

Le  bijou  figuré  en  tête  de  la  présente  notice  se  compose  :  1°  d'une 
lige  de  23  millimètres  d'ouverture  et  de  S  millimètres  d'épaisseur 
près  du  chaton;  2° de  ce  chaton,  qui  est  de  forme  ronde,  de  18  mil- 
limètres de  diamètre,  et  soudé  sur  la  tige. 

M.  Pilloy,  à  qui  appartient  notre  bague,  déclare  dans  la  note 
précitée,  n'avoir  pu  savoir  si  elle  a  été  trouvée  sur  un  homme  ou 

1.  Bulletin  aréhéologique  du  Comité  des  travaux  historiques,  année  1888,  2e  l'as- 
cicule. 


CXLVII 


DES   PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


165 


sur  une  femme;  mais,  malgré  ses  dimensions,  il  présume  qu'elle 
était  à  l'usage  d'une  femme,  par  le  motif  qu'il  n'en  a  jamais  re- 
cueilli sur  les  hommes. 

L'ouvert  ure  considérable  que  présente  cet  anneau  ne  nous  semble 
pas  permettre  d'y  voir  un  bijou  de  femme.  Et  puisque  les  objets 
ci-dessus  mentionnés  ont  été  recueillis  dans  des  sépultures  mascu- 
lines, que  d'ailleurs  les  francisques  et  scramasaxes  ne  peuvent 
avoir  une  provenance  féminine,  rien  n'empêche  de  regarder  notre 
bague  comme  ayant  appartenu  à  un  homme,  dont  les  doigts  avaient 
même  des  proportions  supérieures  à  la  moyenne.  Deux  autres  cir- 
constances viennent  à  l'appui  de  noire  opinion. 

A  la  base  de  l'inscription  circulaire  gravée  en  creux  sur  le  cha- 
ton et  que  nous  allons  bientôt  étudier,  on  remarque  une  lettre, 
dont  les  dimensions  dépassent  celles  des  autres  lettres,  et  qui,  par 
ce  fait  et  aussi  à  raison  de  la  place  qu'elle  occupe,  paraît  devoir 
être  l'initiale  du  nom  du  propriétaire  de  l'anneau  :  c'est  un  G  mé- 
rovingien rétrograde  (9).  D'après  cela,  la  dernière  lettre  de  la 
légende  serait  un  |,  qui  ne  peut  être  la  terminale  d'un  vocable 
féminin. 

La  leçon  des  quatre  premières  lettres  de  l'inscription  ne  soulève 
aucun  doute  :  elles  forment  le  groupe  GELOSI;  la  septième,  si  on 
la  compare  à  l'E  qui  suit  le  G,  ne  peut  être  un  E  couché,  c'est  un 
M  cursif  (CO);  la  huitième  et  dernière  lettre  est  un  I.  Au  centre,  il 
y  a  une  petite  croix,  fourchue  à  la  base  et  au  sommet,  de  même  au 
reste  que  les  I  et  les  extrémités  d'autres  lettres. 

Nous  avons  donc,  pour  l'ensemble,  la  leçon  suivante  : 

+  GELOSIMI- 

Je  n'ai  point  d'exemple  que  je  puisse  produire  de  ce  vocable.  Je 
me  bornerai  à  dire  que  Gel  et  Gelo  sont  entrés  dans  la  composition 
d'un  certain  nombre  de  noms  propres  germaniques  du  haut  moyen 
âge  ' . 

CXLVIII 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  A  TEMPLEUX-IA-FOSSE  (SOMME)  * 

Au  mois  de  février  1885,  on  a  découvert,  dans  le  village  de  Tem- 

1.  Voir  Forstmann,  Personennamen,  col.  510. 

2.  Templeux-la-Fosse  est  une  commune  située  dans  le  canton  de  Roisel,  ar- 
rondissement de  Péronne. 


i6fî  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

pleux-la-Fosse,  la  bague  en  bronze  que  nous  faisons  figurer  ici. 
Acquise  d'abord  par  feu  Alfred  Danicourt,  elle  a  été,  comme  celle 
d'Argœuves,  donnée  par  cet  archéologue  au  musée  de  la  ville  de 
Péronne. 

Elle  a  18  millimètres  d'ouverture;  le  pourtour,  de  forme  arron- 
die, a  près  de  2  millimètres  d'épaisseur.  Le  chaton  ovale,  presque 
rond,  dont  elle  est  ornée,  a  été  ménagé  unième  le  métal,  mais  d'un 
côté  seulement,  car  il  est,  de  l'autre  côté,  soudé  sur  une  des  bran- 
ches de  l'anneau;  il  présente  un  monogramme  qu'il  faut  envisager 
dans  le  sens  de  la  tige,  du  côté  gauche  (pour  le  lecteur),  et  oii  nous 
trouvons  les  caractères  suivants  : 


Un  M,  dont  les  jambages  extrêmes  sont  très  écartés  et  qui  esl 
posé  sur  une  longue  haste,  avec  laquelle  il  forme  un  T;  à  gauche 
(pour  le  lecteur),  un  E  et  un  I.  ces  deux  lettres  arc-boutées  formant 
un  A;  adroite,  un  L  Les  deux  petits  cercles  concentriques  posés 
au  sommet  du  monogramme  ne  semblent  pas  en  être  une  partie 
intégrante. 

Les  lellres  ci-dessus  indiquées  sont  les  eomposanles  du  nom  de 

MELITA  ou  MELLITA 

qui  était  usité  dans  la  période  gallo-franque.  Une  femme  ainsi  ap- 
pelée est  mentionnée,  on  l'an  700,  dans  le  testament  d'Erminélru- 
«lis,  comme  affranchie  par  celle  riche  matrone  '.  Le  vocable  de  Mel- 
litits  est  porté,  au  vif  siècle,  par  un  saint  personnage,  qui  tut ,  en 
604,  évèque  de,  Londres,  en  61 9  archevêque  de  Cantorbéry,  et  mou- 
rut en  624  2.  On  connaît  enfin  un  trions  trappé  à  Rouen,  dans  la 
période  mérovingienne,  par  un  monnayer  également  appelé  Mel- 
litus1,  et  le  fréquent  emploi  de  ce  nom  implique  l'usage  du  fémi- 
nin correspondant  Mellita. 

1.  Pardessus,  Diplom.  et  chart.,  t.  II,  p.  257. 

2.  Pardessus,  Diplom.  et  chart.;  t.  Ier,  p.  165;  et  Acta  SS.  Bolland.,  mens, 
april.,  t.  III,  p.  280. 

3.  Anat.  de  Barthélémy,  Liste  des  noms  d'hommes  inscrits  sur  les  monn.  méro- 
ving.  iBiblioth.  de  l'École  des  chartes,  6e  série,  t.  pr.) 


DES    PREMIERS    SIÈCLES  DU   MOYEN  AGE 


167 


CXLIX 


AUTRE  ANNEAU  PROVENANT  DE  TEMPLEUX  -LA-FOSSE  (SOMME) 


Cette  bague  en  laiton  ou  cuivre  jaune,  découverte  au  cours  des 
fouilles  opérées  dans  le  cimetière  gallo-frauc  do  Templeux-la  Fosse, 
appartient  à  M.  J.  Pilloy.  Elle  est  de  petite  dimension  (18  milli- 
mètres d'ouverture),  et  dut  être  portée  par  une  femme  ou  un  enfant. 
La  tige  a,  près  du  chaton,  c'est  à-dire  dans  sa  plus  grande  largeur, 
6  millimètres,  3  seulement  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  est  un  carré  long  de  7  à 
8  millimètres  de  hauteur  sur  15  de  large  :  on  y  voit  des  traits  dé- 
pourvus de  toute  signification  (trois  intailles  et  un  demi-cercle  en 
haut,  autant  en  bas),  mais  qui  n'en  servaient  pas  moins,  comme 
cachet  de  fantaisie,  à  sceller  la  correspondance  :  nous  avons  vu 
déjà  des  exemples  de  marques  de  ce  genre  '. 


AUTRE  ANNEAU  AVEC  ENTRELACS  FORMANT  UNE  CROIX,  TROUVÉ  A  TEMPLEIIX- 


Cette  bague  a  été  recueillie  dans  le  cimetière  de  Templeux-la- 
Fosse,  au  cours  des  fouilles  qui  y  ont  été  récemment  opérées  %  et 


CL 


LA-FOSSE  (SOMME) 


^.  Voir  les  nos  LXIII,  LXV,  LXXIX,  LXXXII,  CH. 

2.  Par  M.  Joly,  fils  du  receveur  des  postes  de  Marché-le-Pot. 


168 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


appartient  à  la  collection  de  M.  J.  Pilloy,  qui  nous  en  a  fourni  le 
desssin. 

Elle  est  en  laiton  ou  cuivre  jaune  :  elle  a  18  millimètres  seule- 
ment d'ouverture,  ce  qui  fait  supposer  qu'elle  était  à  l'usage  d'une 
femme  ou  d'un  enfant  ;  sa  tige,  légèrement  bombée  à  l'extérieur  et 
unie  à  l'intérieur,  a  3  millimètres  de  largeur  près  du  ebaton,  2  seu- 
lement du  côté  opposé. 

Sur  le  chaton  hexagone  dont  elle  est  ornée,  et  qui  est  pris  dans 
la  masse,  est  gravé  un  entrelacs,  formant  une  croix  à  grosses  bran- 
ches et  entouré  de  simples  traits  :  le  tout  dans  un  cadre  tracé  au 
burin. 

Enfin,  le  chaton  est  accosté  de  trois  globules  disposés  en  feuille 
de  trèfle,  et  taillés  en  relief  dans  le  métal. 

CLI 

AUTRE  BAGUE  PROVENANT  DE  TEMPLEUX-LA-FOSSE  (SOMME) 


Voici  une  bague  en  argent,  qui  appartient  à  la  collection  de 
M.  Eck,etqui  a  été  recueillie  dans  une  sépulture  féminine  du  cime- 
tière deTempleux-la-Fosse,avec  divers  objets  de  toilette  et  autres1. 

Elle  a  20  millimètres  d'ouverture  ;  sa  tige  a  partout  2  millimè- 
tres de  largeur.  Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige,  a  3  millimètres 
1/2  d'épaisseur;  il  est  de  forme  polygonale,  bordé  d'un  mince  filet 
d'émail  blanc;  le  champ  est  une  tablette  en  prisme  d'émeraude 
d'un  beau  vert,  au  centre  de  laquelle  est  sertie,  dans  un  filet  d'émail 
blanc,  une  verroterie  blanche  posée  sur  un  paillon  quadrillé2. 

1.  De  chaque  côté  de  la  tête  de  la  défunte,  il  y  avait  une  paire  de  grandes 
boucles  d'oreilles  en  argent,  à  tètes  facettées  et  verroteries  blanches;  «à  l'un  des 
doigts  de  la  main  droite,  l'anneau  ici  décrit;  sur  la  poitrine,  deux  fibules  en 
bronze,  avec  verroteries  blanches;  aux  pieds,  un  vase  de  terre  noire.  (Lellre  de 
M.  Eck,  du  6  avril  1892.) 

2.  Nous  avons  déjà  signalé  ce  procédé  d'orfèvrerie  artistique  sur  deux  anneaux 
précédemment  décrits  (nos  CXt  et  GXÏI). 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


169 


CLII 

ANNEAU  AVEC  INSCRIPTION,   PROVENANT  DE  TEMPLEUX-LA-FOSSE  (SOMME) . 


Voici  encore  une  bague  trouvée  à  Templeux-la-Fosse  et  dont  le 
possesseur  actuel  est  inconnu. 

Ce  bijou,  qui  est  en  bronze,  a  17  à  18  millimètres  d'ouverture. 
Sa  tige  a  6  millimètres  près  du  chaton,  et  2  seulement  du  côté 
opposé. 

Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  un  carré  long  de  12  à  13  mil- 
limètres sur  9  de  haut.  Sont  gravés  en  creux  dans  le  champ,  la 
lettre  D  avec'  panse  polygonale  ;  un  L  ou  un  C  et  un  I  liés  ;  et,  à 
droite  et  à  gauche,  sur  la  tige,  quelques  ornements. 

Je  n'ai  aucune  explication  à  proposer  en  ce  qui  concerne  ces 
caractères. 

CLIII 

AUTRE  ANNEAU  PROVENANT  DE  TEMPLEUX-LA-FOSSE 


Cet  anneau  en  bronze,  dontle  possesseur  est  également  inconnu, 
a  21  millimètres  d'ouverture;  sa  tige,  plate,  a  4  millimètres  près 
du  chaton,  1  1/2  du  côté  opposé.  Le  chaton,  de  forme  ovale  et 
soudé  sur  la  tige,  a  13  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur  el 
9  dans  sa  plus  grande  hauteur;  il  est  orné,  dans  un  cadre,  de  des- 
sins géométriques. 


170 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


CLIV 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  A  MESNIL-BRUNTEL  (SOMME)1 


Voici  une  bague  en  bronze,  découverte,  le  21  août  1885,  au  doigt 
d'un  squelette  de  femme,  dans  une  tombe  mérovingienne,  où  se 
trouvaient  aussi  des  pendants  d'oreilles  en  argent,  des  boucles  de 
bronze  et  un  vase. 

L'anneau  que  nous  reproduisons  fut  acquis,  sur  l'heure,  par  feu 
A.  Danicourt,  qui  en  a  fait  don  au  Musée  de  Péronne. 

11  aune  très  faible  ouverture  (17  millimètres  1/2)  et  2  milli- 
mètres d'épaisseur  du  côté  opposé  au  chaton.  Ce  chaton,  soudé  sur 
la  tige,  est  de  forme  ronde  et  a  10  millimètres  de  diamètre;  il  est 
accosté  de  trois  globules  ou  cabochons  en  bronze,  disposés  en  feuil- 
les de  trèfle. 

Le  chaton  est  orné  d'un  chiffre,  où  doit  nécessairement  se  lire 
un  nom  féminin.  Nous  y  voyons  d'abord  (à  droite  du  lecteur)  un  F, 
dont  la  haste,  prolongée  par  en  haut,  forme  peut-être,  avec  la  petit»1 
barre  horizontale  supérieure,  un  L;  à  gauche,  un  E  rétrograde,  au 
sommet  duquel  est  appendu  un  |,  dont  l'extrémité  inférieure  re- 
lient un  C.  Un  S  est  posé  en  travers  du  I.  En  redoublant  les  lettres 
E  et  I,  nous  aurions  là  les  éléments  du  nom  de 

FELICIE 

Le  S  du  centre  représente,  avec  le  I  qui  le  coupe  obliquement, 
l'abréviation  si  connue  de  Sl(gnum)  ou  S\{ffilhim)  ;  ee  qui  nous 
donne,  pour  l'ensemble  : 

S\{gnurti)  ou  SKtf'M"»)  FELICIE- 
Nous  n'avons  pas  d'exemple  du  vocable  Felicia,  à  citer  d'après 
les  monuments  du  moyen  âge,  mais  celui  de  Felicius  était  d'un 

1.  Mesnil-Rruntel  est  une  commune  dépendante  de?  canton  et  arrondissement 

de  Péronne. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


171 


usage  assez  fréquent;  nous  en  trouvons  la  mention  dans  une 
charte  de  l'an  739 1  et  dans  un  acte  du  cartulaire  d'Ainay,  de  la  lin 
du  Xe  siècle5.  Or,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  observer,  l'emploi 
d'un  nom  masculin  tel  que  Felicius,  implique  celui  d'un  nom  fémi- 
nin correspondant  à  la  même  époque. 


BAGUE  AVEC  EFFIGtE  ET  LES  INITIALES  S  L-,  TROUVÉE  A  BARLEUX  (SOMME)  3 


Cette  bague,  trouvée  dans  le  village  de  Barleux,  a  appartenu, 
d'abord,  à  feu  Alfred  Danicourt,  et  a  passé,  depuis,  grâce  à  la  libé- 
ralité de  cet  antiquaire,  dans  les  vitrines  de  l'important  Musée  de 
Péronne. 

C'est  un  anneau  d'argent,  qui  a  18  millimètres  d'ouverture  ei 
donl  la  tige  a  2  millimètres  d'épaisseur. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  soudé  sur  la  tige,  est  accosté,  à 
droite  et  à  gauche,  de  trois  cabochons  en  argent,  également  sou- 
dés sur  la  baguette,  el  disposés  en  feuilles  de  trèfle,  comme  on  les 
voit  dans  un  si  grand  nombre  d'anneaux  mérovingiens,  dont  ils 
sont  le  trait  distinctif. 

Le  chaton,  bordé  d'un  cordon  de  perles,  a  12  millimètres  de  dia- 
mètre, y  compris  cette  bordure.  Il  porte,  grossièrement  gravée, 
une  figure  de  profil,  avec  la  chevelure  rejetée  en  arrière,  et  accos- 
tée des  lettres  S  et  L4,  dont  chacune  est  précédée  ou  suivie  d'une 
croisette. 

t.  Pardessus,  Biplom.  et  chart.,  t.  IT,  p.  282. 

2.  Aug.  Bernard,  Cai'tul.  de  Savigny  et  d'Ainay,  t.  IF,  p.  688,  charte  181,  da- 
tée circa  980. 

3.  Barleux  est  un  clief-lieu  de  commune,  dépendant  des  canton  et  arrondis- 
sement de  Péronne. 

4.  Il  y  a,  au-dessous  de  cette  grossière  effigie,  des  marques  où  l'on  pourrait, 


CLV 


172 


ÉTUDE    SUR   LES  ANNEAUX 


S  a  ici  sans  doute  la  signification  de  Signum,  et  le  L  est  l'initiale 
du  nom  du  personnage  pour  lequel  le  bijou  a  été  fabriqué  et  dont 
on  a  tenté  fort  inhabilement  d'ailleurs  de  reproduire  les  traits. 
Nous  produirons  plus  loin  un  exemple  analogue,  où  le  chaton  porte 
les  lettres  S  R,  séparées  par  une  effigie1. 

CL  VI 

AUTRE  BAGUE  PROVENANT  DE  BARLEUX  (SOMME) 


Voici  une  bague  en  bronze,  recueillie,  en  1885,  dans  les  fouilles 
du  cimetière  mérovingien  de  Barleux,  et  acquise,  peu  après  sa  dé- 
couverte, par  M.  Th.  Eck. 

Elle  a  19  millimètres  d'ouverture;  sa  tige,  dont  l'épaisseur  est 
de  3  millimètres,  a  4  millimètres  1/2  de  hauteur  près  du  chaton, 
2  seulement  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  ovale  irrégulier,  pris  dans  la  masse,  a  10  millimètres 
de  haut  sur  15  de  large  ;  l'artisan  y  a  gravé  des  traits,  dont  la  si- 
gnification nous  échappe,  et  qui  probablement  n'en  ont  aucune. 

GLVII 

BAGUE  AVEC  DES  CARACTÈRES  INEXPLIQUÉS,  PROVENANT  d'eNNEMAIN  (SOMME)2 

Cette  bague,  en  bronze,  qui  appartient  à  la  collection  de  M.  Vin- 
chon,  avocat  à  Paris,  a  23  millimètres  d'ouverture;  sa  tige,  plate, 
a  4  millimètres  de  hauteur  près  du  chaton,  et  2  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  et  de  forme  irrégulière, 
ail  millimètres  dans  sa  plus  grande  hauteur,  et  10  dans  sa  plus 

à  la  Joupe,  lire  en  petits  caractères  INI;  mais  nous  croyons  qu'il  faut  y  voir 
plutôt  les  lignes  maladroitement  tracées  d'une  sorte  de  buste  quadrillé. 

1.  Voir  plus  bas  le  n°  CCI/V. 

2.  Canton  de  Ham,  arrondissement  de  Péronne  (Somme)  (Lettres  de  M.  J. 
Piltoy,  des  6  et  14  février  1896). 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


173 


grande  largeur,  y  compris  les  parties  latérales,  où  l'artisan  a  bu- 
riné, dans  le  métal,  trois  saillies  qui  rappellent  les  trois  globules 
ou  cabochons  usités  dans  la  fabrique  mérovingienne.  Le  champ 


nous  offre  des  signes  gravés  en  creux,  où  l'on  peut  distinguer  un 
C  carré,  un  S  et  un  L  liés,  et  au  sujet  desquels  je  n'ai  aucune  ex- 
plication à  proposer. 

CL  VIII 

BAGUE  AVEC  LES  INITIALES  FE,  PROVENANT  DE  MARCHÉLEPOT  (SOMME)  1 


Ce  bijou  trouvé,  en  1886,  dans  une  tombe  de  femme  du  cimetière 
mérovingien  de  Marchélepot,  appartient  à  la  collection  de  M.  E.  de 
Chauvenet,  de  Saint-Quentin. 

Il  est  formé  d'une  bande  de  bronze,  plate  et  d'égale  épaisseur 
(1  millimètre)  dans  tout  son  pourtour.  Il  a  6  millimètres  de  haut 
à  l'endroit  du  chaton,  qui  est  pris  dans  la  masse,  4  millim.  1/2  du 
côté  opposé,  et  17  millimètres  d'ouverture. 

Au  centre  du  chaton,  sont  gravés  quatre  traits  anguleux,  destinés 
peut-être  à  figurer  une  croix  égale,  et  à  droite  desquels  (pour  le 
lecteur)  on  voit  inscrit  un  F,  tandis  qu'à  gauche,  il  y  a  un  E  rétro- 
grade. Ces  lettres  sont  probablement  les  initiales  du  nom  de  la 
femme  ou  de  la  jeune  fille  propriétaire  de  l'anneau. 

1.  Marchélepot  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Nesles,  arrondis- 
sement de  Péronne. 


174  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

Les  autres  parties  de  la  bague  sont  ornées  d'une  sorte  de  grecque 
qu'on  remarque  sur  un  grand  nombre  d'objets  trouvés  dans  les  ci- 
metières gallo-francs  de  la  contrée1. 

CLIX 

ANNEAU  AVEC  LE  S  BARRÉ,  PROVENANT  DE  MARCHÉLEPOT  (SOMME) 


Voici  un  autre  anneau  en  bronze,  trouvé,  en  1884,  dans  une  sé- 
pulture féminine  de  Marchélepot,  et  qui  appartient  à  la  collection 
de  M.  Eck. 

Il  n'a  que  6  millim.  1/2  d'ouverture;  la  tige  a,  près  du  chaton, 
8  millimètres  de  hauteur,  3  seulement  du  côté  opposé. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  a  la  forme  d'un  carré  long, 
et  mesure  7  millimètres  de  haut  sur  11  millimètres  de  large;  il 
présente,  profondémenl  gravé  en  creux,  un  S  barré,  dont  la  barre 
est  boulelée  à  ses  deux  extrémités,  et  qui  est  l'abréviation  bien 
connue  de  %\{anum),  dont  nous  avons  signalé  la  présence  sur 
plusieurs  de  nos  anneaux.  A  droite  et  à  gauche  du  S  barré,  re- 
marquons deux  points,  destinés  sans  doute  à  différencier  ce  sifjil- 
lum  d'avec  ceux  de  même  forme  qui  étaient  alors  en  grand  usage. 

CLX 

BAGUE  AVEC  CROIX  CANTONNÉE  DES  CLOUS  DE  LA  PASSION  (?),  TROUVÉE  A 
MARCHÉLEPOT  (SOMME) 

Cette  bague,  recueillie  à  Marchélepot,  appartient  à  la  collection 
particulière  de  M.  Eck. 

Elle  est  en  bronze;  elle  a  22  millimètres  d'ouverture;  sa  tige  a 
3  millimètres  d'épaisseur. 

1.  «  Ce  genre  d'ornements  est  répandu  à  profusion  sur  les  plaques  de  ceintu- 
ron en  bronze  que  l'on  recueille  communément  dans  certains  champs  de  sépul- 
ture des  viic,  vmc  et  ix°  siècles.  »  Lettre  de  M.  Eck. 


DES  PREMIERS   SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


175 


Le  chaton,  de  l'orme  ronde,  ménagé  à  même  le  métal,  a  15  mil- 
limètres de  diamètre.  Dans  un  cercle  strié,  est  gravée  une  croix 
égale,  potencée  et  cantonnée  de  pointes,  comme  nous  le  voyons 


sur  l'anneau  ci-dessous  et  sur  un  autre  anneau  précédemment  dé- 
crit1 ;  ces  pointes  représentant  peut-être  les  clous  de  la  Passion  ou 
bien  le  X  de  la  croix  chrismée. 

CLX1 

AUTRE  BAGUE  AVEC  LES  CLOUS  DE  LA  PASSION,  TROUVÉE  A 
MARCHÉLEPOT  (SOMME) 


Ce  bijou,  recueilli  dans  une  tombe  de  femme  de  Marcliélepot,  ap- 
partient, comme  le  précédent,  à  la  collection  de  M.  Eck. 

11  est  en  bronze;  il  a  17  millim.  4/2  d'ouverture;  sa  tige  a  S  mil- 
limètres de  hauteur  près  du  chaton,  2  1/2  du  côté  opposé,  et  pré- 
sente, sur  tout  le  pourtour,  deux  traits  gravés  au  burin. 

Le  chaton,  ménagé  a  même  le  métal,  est  de  l'orme  ovale,  et 
mesure  10  millimètres  de  haut  sur  8  de  large  :  il  y  a,  au  centre,  une 
croix  égale  potencée,  cantonnée  de  quatre  pointes,  comme  dans  le 
n°  précédent,  où  j'en  indique  la  signifieatioir. 

1.  Voir  le  n°  CXXII. 

2.  M.  Eck  me  lait  savoir  qu'il  possède  un  troisième  anneau  provenant  du  ci- 
metière de  Marcliélepot,  où  la  croix  du  chaton  est  également  cantonnée  de 


176  ÉTUDE    SUR  LES  ANNEAUX 

CLXII 

AUTRE  ANNEAU  AVEC  CROIX,  TROUVÉ  A  MARCFiÉLEPOT  (sOMMk). 


Voici  encore  un  anneau  provenant  aussi  de  Marchélepot  et  ap- 
partenant à  M.  Eck. 

Il  est  en  bronze;  il  a  20  millimètres  d'ouverture;  sa  tige  ornée, 
près  du  chaton,  d'un  triangle,  a,  en  cet  endroit,  8  millimètres  de 
hauteur,  9  du  côté  opposé. 

Sur  le  chaton,  qui  est  ménagé  à  même  le  métal,  est  gravée  une 
croix  égale  fortement  potencée  au  sommet  et  à  la  base,  et  encas- 
trée, aux  deux  bras,  dans  deux  demi-cercles. 

CLXIII 

ANNEAU  AVEC  CROIX  AU  CHATON,  PROVENANT  DE  MARCHÉLEPOT  (?) 


Ce  bijou,  qui  appartient  à  la  collection  de  M.  Eck,  provient  d'un 
cimetière  mérovingien  du  département  de  la  Somme'. 

quatre  pointes  semblables.  Je  dois  faire  remarquer  que,  dans  l'exemple  repro- 
duit sous  le  n°  CLXI,  les  pointes  paraissent  avoir  été  bien  intentionnellement 
isolées  de  chaque  canton,  ce  qui  porterait  à  les  considérer  comme  destinées  à 
rappeler  les  clous  de  la  Passion.  Voir  aussi  le  n°  CLXIII  ci-dessous. 

1.  Lettres  de  M.  Th.  Eck,  qui  déclare  ne  pouvoir  préciser  davantage  la  pro- 
venance de  cet  anneau. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  A 1 1  E 


177 


11  a  22  millimètres  d'ouverture;  sa  tige  a  partout  une  épaisseur 
de  2  millimètres  1/2. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  ménagé  a  même  le  métal,  a  12  mil- 
limètres de  diamètre;  il  présente,  gravée  en  creux,  une  croix 
égale,  accostée,  aux  quatre  branches,  d'unforl  tampon  ou  bourrelet; 
du  cercle  qui  l'environne,  m'  détachent  quatre  pointes  dirigées  sur 
chaque  canton  et  représentant  peut-être  les  clous  de  la  Passion.  Ce 
dispositif  et  le  travail  du  bijou  autorisent  à  le  rapprocher  de  deux 
anneaux  trouvés  dans  I,'  cimetière  mérovingien  de  Marchélcpot1, 
et  il  y  a  lieu,  dès  lors,  de  présumer  qu'il  enprovient  également. 

CLX1V 


liAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  A  M0ISLA1NS  (SOMME) 


Voici  une  bague  en  bronze,  qui  appartient  à  M.  Eck,et  qui  lui  a 
été  donnée  par  l'auteur  même  de  la  découverte,  laquelle  a  eu  lieu 
dans  le  printemps  de  l'année  1890.  Elle  a  été  recueillie  dans  une 
sépulture  de  femme  du  cimetière  mérovingien  de  Moislains. 

Elle  a  20 millimètres  d'ouverture  :  la  tige  a  2  millimètres  d'épais- 
seur. Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  de  forme  ronde,  et,  mesuré 
dans  le  sens  de  sa  hauteur,  il  a  12  millimètres  de  diamètre.  Dans 
la  partie  du  métal  qui  est  à  droite  et  à  gauche,  l'artisan  a  buriné 
trois  sailiies  qui  rappellent  les  trois  globules  ou  cabochons  si  fré- 
quemment signalés  sur  nos  anneaux. 

Sur  le  plat  du  chaton  est  inscrit  un  monogramme,  où  se  déchilfre 
facilement  le  mot  BASINE,  avec,  au  centre,  le  S  barré  (g),  ce  qui 
donne  la  leçon. 

S\{gnym)  BASINE- 
Nous  avons  déjà  rencontré  deux  fois  ce  nom  de  femme    qui  fut 

1.  Voir  ci-dessus  les  nos  CLXI  et  GLXII. 

2.  Moislains  est  une  coin  aune  dépendante  des  canton  et  arrondissement  de 
Péronne. 

3.  Voir,  ci-dessus,  les  n»3  LXXXVIet  LXXXVU.  M.  Eck,  qui  a  publié  la  bague 


178 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


célèbre  dans  le  liaul  moyen  âge  :  il  convient  surtout  de  remarquer 
la  frappante  ressemblance  du  travail  du  bijou  et  du  mode  de  for- 
mation de  son  monogramme  avec  deux  bagues  provenant  de  sé- 
pultures franquesde  la  province  de  Namur,  citées  en  note  au  bas 
de  la  page  précédente. 

CLXV 

BAGUE  AVEC  CERCLES  CONCENTRIQUES,  PROVENANT  DE  MOISLA1NS  (SOMME) 


Cette  bague  a  été  trouvée,  comme  la  précédente,  en  1890,  dans 
une  sépulture  féminine  de  Moislains,  et  appartient  aussi  à  M.  Th. 
Eck. 

Elle  est  en  bronze;  elle  a  18  millimètres  d'ouverture  ;  la  tige 
a  3  millimètres  d'épaisseur.  Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal, 
est  de  forme  ronde,  avec  un  diamètre  de  14  millimètres;  il  est  orné 
de  six  cercles  concentriques,  avec  un  septième  au  centre.  .Nous 
avons  noté  la  présence  fréquente  de  cette  sorte  d'ornements  sur  les 
anneaux,  plaques  de  ceinturon  et  autres  objets  recueillis  dans  les 
sépultures  barbares  de  la  Bourgogne  cisjurane  et  transjurane  et  de 
la  province  de  Namur  (Belgique) l. 

Notons  enfin  que  l'artisan  a  t'ait  saillir  le  métal  à  droite  el  à 
gauche  du  chaton,  de  manière  à  rappeler  les  deux  globules  ou  ca- 
bochons qu'on  voit  souvent  sur  les  bagues  de  ce  pays  et  des  con- 
trées riveraines  de  la  Meuse  et  de  l'Escaut. 

ici  décrite, dans  le  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques  (année 
1892) , induit,  avec  raison,  de  ce  fait  que  le  vocable  de  Basine  a  été  trouvé  dans 
trois  sépultures  différentes,  qu'il  était  commun  chez  les  envahisseurs  d'outre-Rhin 
ou  leurs  descendants.  Tiré  à  part,  p.  3  et  pl.  II. 
1.  Voir  ci-dessus,  les  n°s  XX,  XXXIII  et  GUI. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


17'J 


CLXVI 

AUTRE  BAGL'E  PROVENANT  DE  MOISLAINS  (SOMME) 


Voici  encore  une  bague  en  bronze,  recueillie,  en  1890,  dans  une 
tombe  de  femme  du  cimetière  de  Mo  islains,  el  appartenant  à  M.  Eck. 

Elle  a  1!)  millimètres  d'ouverture;  la  tige  a  3  millimètres  d'é- 
paisseur. Le  chaton,  de  forme  ronde,  pris  dans  la  masse,  a  8  mil- 
limètres 1/2  de  diamètre;  au  centre,  une  cavité  ronde,  où  l'on  a 
ménagé  un  relief  de  métal  arrondi,  sur  la  surface  duquel  un  cercle 
est  tracé  au  burin. 

Le  chaton  se  prolonge  adroite  et  à  gauche  sur  la  tige,  eu  forme 
de  pâlies  de  boulons;  à  son  extrémité,  il  y  a  un  cercle,  avec  un 
point  an  centre,  semblable  aux  ornements  de  l'anneau  précédem- 
menl  décrit  el  provenant  du  même  cimetière. 

CLXV1I 

autre  bague  avec  chaton  façonné  en  spirale,  provenant  de  moislains 

(somme) 


Cette  bague  en  bronze,  inédile,  qui  a  été  trouvée,  comme  la  pré- 
cédente, en  1890,  à  Moislains,  appartient  également  à  la  collection 
de  M.  Eck. 

Elle  a  24  millimètres  d'ouverture,  ce  qui  indique  qu'elle  était  à 
l'usage  d'un  homme. 


180 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Elle  est  faite  entièrement  d'un  seul  fil  de  bronze,  contourné  et 
enroulé  de  manière  àformer  un  chaton  arrondi,  accosté  d'enroule- 
ments du  même  fil  de  métal  '. 

CLXV111 

ANNEAU  AVEC  INSCRIPTION,  PROVENANT  DE  MOISLA1NS  (SOMME)  2 


Cet  anneau  en  bronze,  inédit,  qui  a  été  trouvé,  en  1890,  dans  l'an- 
cien cimetière  de  Moiskuns,  appartient  à  la  collection  de  M.  C.  Bou- 
langer, ancien  notaire,  à  Péronne. 

Il  a  18  à  19  millimètres  d'ouverture.  La  tige,  en  demi  jonc,  a 
3  millimètres  1/2  de  large.  Le  cbalon,  pris  dans  la  masse  du  métal, 
est  plat,  de  forme  ronde,  avec  un  diamètre  de  13  millimètres.  Il  est 
divisé  en  deux  compartiments,  où  sont  gravés  des  signes  et  des  ca- 
ractères, dont  trois  seulement  peuvent  être  définis  :  dans  le  com- 
partiment supérieur  un  M  et  un  V  de  forme  onciale  (q)  retourné', 
dans  le  compartiment  inférieur  un  F  mérovingien  (H)  rétrograde  '. 
Les  autres  traits  n'ont  ou  du  moins  ne  me  paraissent  pas  avoir  de 
signification. 

CLX1X 

ANNEAU  DE  HRÛNZE,  TROUVÉ  A  VOYENNES  (SOMME)  3 

Cet  anneau  appartient  à  M.  de  Vienne,  maire  d'Ollezy  (Aisne), 
qui  l'a  acheté  à  un  particulier. 

1.  Un  mode  analogue  de  fabrication  se  renlarque  sur  une  bague  de  Noyel- 
lelte  (Pas-de-Calais),  n°  CLXXIV. 

2.  D'après  un  dessin  et  des  notes  de  M.  Th.  Eck. 

3.  Voir  dans  Maurice  Prou,  Cataloij.  des  monn.  méroving.  de  la  Bibliolh.  nat., 
la  paléographie  de  ces  monnaies,  p.  cwin  de  l'introduction. 

4.  Ubi  supra,  p.  cxvn. 

5.  Voycnnes  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Nesles,  arrondisse- 
ment de  Péronne. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


181 


Il  a  19  millimètres  d'ouverture.  Sa  tige,  qui  est  arrondie,  a 
3  millimètres  d'épaisseur;  le  chaton  qui  y  est  soudé  est  rond  ;  il 
mesure  H  millimètres  de  diamètre,  et,  aux  deux  points  de  réunion 


avee  la  tige,  il  est  accosté  de  trois  globules  ou  cabochons  de  mê- 
lai, disposés  en  feuilles  de  trèfle. 

Sur  la  surface  du  chalon,  sont  gravés  en  creux  des  traits  où 
M.  Pilloy  a  cru  pouvoir  distinguer  une  tête  grossièrement  repré- 
sentée '. 


CLXX 

ANNEAU  AVEC  INSCRIPTION,  PROVENANT  d'eRC.HEIT  (SOMME) 


Cette  bague  a  été  trouvée  dans  une  sépulture  féminine  du  cime- 
tière mérovingien  d  Ercheu,  au  cours  de  fouilles  opérées  en  1890, 
et  appartient  à  la  collection  de  M.  E.  de  Ghauvenet,  de  Saint- 
Quentin. 

Elle  a  17  millimètres  seulement  d'ouverture  ;  elle  est  formée 
d'une  bande  de  métal,  épaisse  de  2  millimètres  1/2,  haute  de  9  mil- 
limètres près  du  chaton,  et  do  6  du  côté  opposé,  où  les  deux  bouts 
de  la  tige  sont  soudés  l'un  sur  l'autre. 

Sur  le  chaton,  qui  est  pris  dans  la  masse,  et  qui  est  un  carré  de 

1.  Lettre  de  M.  Pilloy,  du  10  novembre  1891. 

2.  Ercheu  estime  commune  dépendante  du  canton  de  Roye,  arrondissement 
de  Montdidier. 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


9  millimètres  de  côté,  sont  gravés  deux  F,  séparés  par  une  barre 
oblique,  dont  l'extrémité  supérieure  esl  coupée  par  un  demi-cercle  : 
le  F  placé  à  gauche  de  la  barre  (pour  le  lecteur),  est  accosté  d'un 
trait  en  forme  de  virgule.  A  droite  du  chaton,  deux  F,  séparés  par 
une  croix  de  Saint-André  avec  deux  V  dans  deux  angles.  A  gauche, 
deux  V  ou  deux  A  non  barrés,  entrelacés  ei  séparant  deux  carac- 
tères où  l'on  peut  voir  deux  E. 

Je  n'ai  aucune  conjecture  à  proposer  au  sujet  des  caractères  gra- 
vés sur  ce  singulier  bijou  :  il  est  à  remarquer  toutefois  que  le  cha- 
ton était  seul  destiné  à  sceller  la  correspondance  ou  à  accompa- 
gner le  nom  de  la  femme  ou  jeune  fille  sur  les  actes  où  elle  figurait 
eu  qualité  de  partie  ou  de  témoin,  et  qu'il  ne  porte  que  deux  F,  qui 
étaient  vraisemblablement  les  initiales  de  son  nom. 

CLXXXI 

ANNEAU  STGILLA1I1E  DE   ROSA,  PROVENANT  DU  DÉPARTEMENT  DE   LA  SOMME 


Nous  reproduisons  ici  le  chatûn  en  argent  d'un  anneau  dont  la 
lige  a  entièrement  disparu,  soit  qu'elle  ait  é!é  brisée  par  l'ouvrier 
au  moment  de  la  découverte,  soit  par  toute  autre  cause.  On  ignore 
le  lieu  précis  où  a  été  recueilli  le  fragment  qui  nous  occupe  et  qui 
appartient  à  la  collection  de  M.  Eck.  Toutefois,  d'après  ce  dernier  ', 
il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'il  provient  du  département  de  la 
Somme. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  a  12  millimètres  de  diamètre  ;  dans 
le  monogramme  dont  il  est  décoré',  ou  lit  aisément  le  nom  de 

ROSA 

qui  fui  lrè>  commundans  le  liant  moyen  âge  et  qui  figure  sur  une 
autre  de  nos  bagues-'. 

1.  Lettre  précitée  <lr>  m.  Eck, 

2.  Voir  le  n°  CCL.XIY. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


183 


DIOCÈSE  VARRAS 
(XXX  II 

BAGUE   AVEC   DÉCORATION  GÉOMÉTRIQUE,    PROVENANT  DE  NOYELLETTE 
(PAS-DE-CALAIS)  1 


Cette  bague,  en  bronze,  inédite,  a  été  trouvée,  en  1895,  dans 
une  tombe  féminine  du  cimetière  mérovingien  de  Noyellelte.  Elle 
appartient  à  la  collection  de  M.  C.  Boulanger,  ancien  notaire  à 
Péronne  (Somme). 

Elle  a  21  millimètres  d'ouverture  :  la  tige,  de  largeur  inégale, 
el  le  chaton,  de  forme  carrée,  mesurant  13  millimètres  de  large 
sur  10  de  hauteur,  sonl  décorés  de  dessins  géométriques  assez  com- 
pliqués dont  le  lecteur  peut  se  rendre  compte  d'après  le  dessin 
exécuté  par  M.  Th.  Eck  pour  ce  bijou,  comme  pour  les  deux  sui- 
van I s . 

(XXXIII 

AUTRE  BAGUE  AVEC   VERROTERIE  AU   CHATON ,    PROVENANT    DE  NOYELLETTE 

(PAS-DE-CALUS 


Celle  liague,  en  bronze,  inédile,  qui  a  élé  trouvée,  en  189;5, 
comme  la  précédente,  dans  une  sépulture  féminine  de  Noyellelte, 
appartient  aussi  à  M.  C.  Boulanger. 

Elle  a  19  millimètres  d'ouverture;  la  lige,  plate, a  partout  4  mil- 
limètres de  largeur.  Le  chaton  est  une  cuvette  eu  forme  de  lo- 
sange, mesurant  5  millimètres  entre  les  côtés,  el  contenant  une 
verroterie  jaune  et  plate  de  même  forme. 

1.  Noyellelte  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Saint-Pol-de-Ternoi?e; 
arrondissement  d'Avesnes-le-Comte. 


184 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

(XXXIV 


AUTRE  ANNEAU  AVEC  CHATON  FAÇONNÉ  EN  SPIRALE,  PROVENANT  DE 
NOYELLETTE  (PAS-DE-CALAIS) 

Ce  bijou,  en  bronze,  inédit,  a  été  trouvé  en  1895,  comme  les  deux 
précédents,  dans  une  tombe  de  femme  du  cimetière  de  Noyellette, 
et  appartient,  comme  les  deux  précédents,  à  M.  G.  Boulanger.  Il 
a  22  millimètres  d'ouverture;  la  tige,  plate,  a  partout  7  milli- 
mètres de  large.  Le  chaton  est  formé  de  deux  gros  fils  de  bronze 
tournés  en  spirale  et  ligaturés  par  desssous  avec  la  tige  '. 

CLXXV 

BAGUE  AVEC 'MONOGRAMME,  TROUVÉE  A  YV  ALLER  S  (NORD)2 


La  bague  en  or,  qui  figure  en  lèle  de  cette  notice,  a  été  trouvée 
sur  le  territoire  de  la  commune  de  Wallers, par  un  cultivateur  qui 
labourait  un  champ;  elle  était  en  dehors  de  toute  sépulture,  et 
nul  autre  objet  n'a  été  recueilli  au  même  endroit  3.  Mm0  Veuve  Au- 
ger,  qui  était  propriétaire  de  ce  bijou,  en  a  fait  don  au  Musée  de 
Valenciennes ;  M.  Caffiaux,  archiviste  honoraire  du  département, 
membre  correspondant  de  la  Société  des  Antiquaires  rie  France, 

1.  Un  mode  analogue  do  fabrication  se  remarque  pur  une  bague  de  Mnis- 
lains  (Somme),  n°  CLXVII. 

2.  La  commune  de  Wallers  dépend  des  canton  et  arrondissement  de  Valen- 
ciennes. 

3.  Lettre  deMn1'  V°  Auger,  datée  de  Valenciennes,  le  13  août  1888. 


DES  PREMIERS   SIÈCLES   DU  MOYEN  AGE 


185 


l'a  commmuniqué,  on  1888,  ù  cette  Société,  et  je  suis  redevable  à 
l'obligeance  de  ce  savant  des  dessins  qui  m'onl  permis  de  le  repro- 
duire ici. 

Notre  bague  a  I!)  à  20  millimètres  d'ouverLure ;  la  tige  mesure 
près  du  chaton  une  hauteur  de  7  millimèi  ces,  etlechaton  lui-même, 
pris  dans  la  masse,  est  un  carré  aux  angles  légèrement  arrondis, 
de  9  millimètres  de  côté,  il  est  orné  d'un  monogramme  composé 
des  lettres  suivantes  :  un  F  rétrograde;  un  A  ;  un  L  qui,  partanl 
de  l'extrémité  supérieure  de  droite  prolonge  su  barre  horizontale 
sous  le  F  ;  un  C  cai'ré  à  droite,  el  pins  bas  un  O  :  c'est  le  nom  de  : 

FALCO  {P'alt-o), 

fort  usité  dans  le  hautmoyen  âge  comme  dans  la  période  féodale. 
On  connaîl  une  lettre  adressée  par  saint  Remi.  en  512,  à  un  évêque 
ainsi  appelé*.  Il  va  aussi  un  saint  personnage  de  ce  nom,  qui  fut 
évêque  de  Maëstricht  vers  l'an  500a. 

DIOCESE  DE  CAMBRAI 
CLXXVI 

BAGUE  AVEC  GRENAT,  TROUVÉE  A  AUTRES  (NORD) 3 


La  bague  en  or  que  nous  reproduisons  ici,aété  découverte,  dans 

1.  Pardessus,  Ch.  et  dipl.,  t.  I,  p.  62.  Celte  lettre  a  été  reproduite  par  Du 
Chesne,  Hist.  Francor.  scriptores,  t.  r,  p.  850,  et  D.  Bouquet,  Histor.  de  France, 
t.  IV,  p.  53,  d'après  l'édition  qu'en  a  donnée  Fréher,  Corpus  Franc,  histor., 
p.  186. 

2.  Rolland.,  Acta  SS.,  mens,  febr.,  t.  III,  p.  177.  On  trouve  des  mentions  de 
personnes  du  même  nom  dans  la  plupart  des  cartulaires,  notamment  dans  ceux 
de  Savigny  (o«8  633, '753,  769,  etc.),  de  Grenoble  (n°  XXXI  et  passim),  de  Sauxil- 
langes  (n°  809),  etc. 

3.  Canton  et  arrondissement  de  Valenciennes. 


186 


ÉTUDE  SUR  Llîfi  ANNEAUX 


une  tombe  isolée. Elle  a  été  publiéepar  feu  M. Dancoisne, dans  une 
brochure  intitulée  :  Objets  mérovingiens  trouvés  à  Arlres,  et  nous 
l'avons  nous-même  reproduite.,  en  1892,  clans  une  note  au  bas  d'une 
notice  relative  à  unanneau  provenant  delà  province  de  Namur*. 

Elira  20  millimètres  d'ouverture  ;  la  tige,  plate, a3  ^millimé- 
trés de  large.  Le  chaton,  soudé  sur  celle  tige,  est  dé  l'orme  ronde 
avec  17  millimètres  de  diamètre  ;  il  présente  sur  sa  face,  quatre  raies 
de  métal  sertissant  un  nombre  égal  de  grenats;  le  centre,  formant 
une  cuvette  ronde,  était  occupé  par  une  gemme  ou  une  perle  en 
pâte  qui  a  disparu. 

Ce  bijou  est  le  produit  d'un  procédé  de  fabrication,  dont  nous 
avons  d'autres  exemples,  notamment  dans  une  bague  provenant 
du  cimetière  de  Samson,  province  de  Namur5. 

GLXXYII 

ANNEAU  AVEC  GRENATS,  TROUVÉ  A  CIPLV,  PROVINCE  DU  HAINAUT  (  BELGIQUE  ) 


Go  magnifique  anneau  d'or  a  été  recueilli  dans  une  des  nom- 
breuses sépultures  du  cimetière  franc  de  Ciply,  près  Mon-  .  11  était 
à  la  main  gauche  du  squelette.  Il  pèse  7°'',.'>77,  el  a  19  millimètres 
d'ouverture;  le  jonc,  plat,  large  de  S"™, 75,  épais  de  1  millimètre, 
esl  orné  d'un  cordon  de  grènetis  entre  deux  doubles  torsades. 

1.  Rev.  archéol.,  année  1S92,  t.  II,  p.  11,  note  1;  celle  notice  est  le  n° 
CLXXVII  ci-dessous. 

2.  Voir  le  n°  CXI. 

3.  Ce  cimetière,  découvert  en  1879,  a  été  exploré  avec  autant  de  soin  que 
d'intelligence  par  deux  archéologues  distingués,  MM.  de  Pauw  et  È.  Hublard 

Le  bijou  ici  décrit  et  l'anneau  qui  fait  l'objet  de  la  notice  suivante  sont  con- 
servés, ainsi  que  les  nombreux  objets  trouvés  au  cours  des  fouilles  dudit  cime- 
tière,  dans  le  musée  archéologique  de  M.  Léopold  Bernard,  en  la  propriété 
el  aux  frais  duquel  ces  fouilles  onl  été  opérées. 


DES    PREMIERS  SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


1X7 


D'après  la  notice  publiée  par  MM.  L.-F.  de  Pauw  et  Em.  Hu- 
blard  sur  le  cimetière  de  Ciply,  à  laquelle  nous  empruntons  ces 
renseignements,  le  chaton  carré,  bordé  d'une  rangée  de  grènetis, 
a,  à  sa  base,  K3  millim.  I  2  de  côté.  Il  affecte  la  forme  d'un  édi- 
cule,  supporté  à  chacun  des  côlés,  par  deux  arcades  ornées  de  grè- 
netis :  au  somme!  du  toit,  qui  en  esl  le  couronnement,  esl  un  gros 
verre  grenat,  serti  dans  un  cercle  de  grènetis.  Les  quatre  versants 
sont  également  décorés  d'une  verroterie  grenat.  Aux  quatre  angles, 
il  y  a  un  ornement  en  forme  de  V  renversé1. 

CLXXVI1I 

AUTRE  BAGUE  AVEC  INSCRIPTION,  PROVENANT  DE  CIPLY  ( BELGIQUE) 


Celle  bague  on  bronze,  trouvée,  comme  la  précédente,  dans  le 
cimetière  franc  de  Ciply,  provient  de  la  sépulture  d'une  femme,  au 
médius  de  la  main  gauche  de  laquelle  le  bijou  était  placé". 

Cet  anneau  a  18  millimètres  d'ouverture  :  la  tigea  3  millimètres 
de  largeur.  Le,  chaton,  pris  dans  la  masse  el  de  forme  ronde,  esl 
accosté  de  deux  globules  ou  cabochons,  également  ménagés  dans 
le  métal.  Dans  une  bordure  en  relief,  une  figure  grossie remenl 
gravée,  qui  occupe  le  centre  du  chaton,  rappelle  la  Victoire  de 
profil,  passant,  indiquée  par  des  traits  semblables  sur  des  monnaies 
des  temps  les  plus  bas  de  l'Empire.  On  y  distingue  en  outre,  en 
étudiant  ce  petit  monument  dans  un  sens  inverse,  quatre  carac- 
tères :  à  gauche  (du  lecteur)  un  D  cursif  (ô)  ;  au  sommet,  un  V  ou 
un  A  non  barré,  et  à  droite  |  et  L  Je  n'ai  à  proposer  aucune  expli- 
cation  touchant  ces  caractères. 

1.  Notice  préliminaire  sur  In  cimetière  franc  de,  Ciply,  in-8",  Mous,  18  >5,  p.  22- 
23. 

l'.  Lettre  de  M.  E.  Hublard,  du  4  décembre  1894.  Dans  cette  tombe,  à  la  hau- 
teur de  la  ceinture,  il  y  avait  une  rouelle  en  bronze,  ajourée  et  ornée  de  gra- 
vures. 


188 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


DIOCÈSE  DE  TOURNAI 
CLXXIXel  CLXXX 

LES  DEUX  ANNEAUX  TROUVÉS  DANS  LE  TOMREAU  DE  CRTLDÉRIC  Ier,  A 
TOURNAT,  PROVINCE  DU  HAINAUT  (BELGIQUE) 

Notions  historiques  sur  le  trésor  sépulcral  de  Tournai,  où  ces 
anneaux  ont  été  recueillis. 

La  tombe  du  roi  franc  Childéric  Ier ,  où  ces  deux  bijoux  ont  été 
recueillis  avec  beaucoup  d'autres  objets  précieux1,  fui  comme  on 
sait,  fortuitement  découverte  en  1653,  à  Tournai,  dans  un  ancien 
cimetière  aliénant  à  l'église  paroissiale  de  Saint-Brice.  Deux  ans 
après,  les  magistrats  de  la  ville,  qui  avaient  été,  avec  le  curé  et  les 
ma  ru  Milliers  de  la  paroisse,  les  premiers  détenteurs  du  trésor,  le 
remirent  presque  intégralement  à  l'archiduc  Léopold-Guillaume, 
alors  gouverneur  des  Pays-Bas,  qui,  à  la  cessation  de  ses  fonctions 
(1G5G),  l'emporta  à  Vienne.  Après  la  mort  de  ce  prince  (1662),  les 
précieuses  reliques  entrèrent  dans  le  Cabinet  impérial.  En  1665, 
l'archevêque  de  Mayence,  .1.  Ph.  de  Schônborn  en  obtint  de  l'Em- 
pereur la  concession,  avec  l'intention  (agréée  par  ce  souverain)  de 
les  offrir  à  Louis  XIV2;  et,  au  mois  de  juillet  de  la  même  année, 
elles  furent  remises  au  roi  de  France,  par  l'ordre  de  qui  elles  furent 
transporté 's  du  château  de  Saint-Germain  à  Paris,  et  déposées  au 
Cabinet  des  médailles,  récemment  créé  au  palais  du  Louvre.  A 
quelque  temps  de  là,  on  les  transféra  à  la  Bibliothèque  du  roi,  où 
elles  étaient,  du  moins  eu  grande  partie,  à  la  lin  du  xvin8  siècle. 
Après  avoir  traversé  sans  accident  la  période  révolutionnaire  et 
celles  du  premier  Empire  et  de  la  Restauration,  elles  figuraient 
encore,  en  1831,  dans  les  vitrines  du  Cabinet  des  médailles  de 
notre  grand  dépôt  littéraire,  lorsque,  dans  la  nuit  du  ô'  au  6  no- 
vembre de  celle  année,  des  malfaiteurs  tirent  main  basse  sur  une 

1.  Notamment  100  pièces  d'or  ;i  l'effigie  impériale,  200  monnaies  d'argent, 
environ  300  abeilles  en  or,  une  épée  en  fer  avec  sa  poignée,  sa  garde  et  les 
garnitures  du  fourreau  montées  en  or,  des  fibules  et  un  globe  île  cristal. 

2.  L'Empereur  retint,  quelques  oli  jet  s,  notamment  des  alicillos  d'or. 


DES   PREMIERS  SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


189 


quantité  considérable  d'objets  en  or,  parmi  lesquels  se  trouvaient 
ceux  qui  provenaient  de  la  découverte  de  Tournai  et  en  particulier 
nus  deux  bagues,  qui  n'ont  pu  être  retrouvées  et  sont  probablement 
perdues  pour  toujours1. 

Heureusement,  elles  avaient  été,  ainsi  que  les  autres  parties  du 
trésor,  décrites  presque  au  lendemain  de  la  trouvaille,  avec  un  soin 
minutieux  et  avec  l'aide  de  témoins  oculaires  intelligents,  par  Jean- 
Jacques  Chiflet,  premier  médecin  de  l'archiduc  gouverneur,  qui  les 
avait  l'ail  dessiner  et  graver  sur  les  planches  dont  son  important 
ouvrage  est  orné*.  Ce  consciencieux  et  savant  travail,  publié  en 
1655'  à  Anvers,  a,  depuis  plus  de  deux  siècles,  servi  de  base  aux 
nombreuses  dissertations  dont  le  tombeau  de  Childéric  et  son  mo- 
bilier ont  été  le  sujet,  et  où  l'on  a  généralement  reproduit  les  des- 
sins de  Chiflet'.  C'est  encore  notre  seule  ressource  pour  la  figura- 
tion de  nos  deux  anneaux,  envisagés  dans  leur  ensemble. 

Ici  s'arrêtent  les  notions  historiques  sur  le  trésor  de  Tournai, 
que  nous  aurions  voulu  abréger,  mais  qu'il  nous  a  paru  indispen- 
sable de  placer  en  tête  de  celte  étude. 

1°  CLXX1X.  —  L'ANNEAU  SIG1LLAIRE  DE  CHILDÉRIC  1er 


Ce  magnifique  bijou  était  en  or  massif,  1res  pur  ;  d'après  le  dessin 

1.  Quelques-uns  des  objets  dérobés,  jetés  dans  la  Seine  par  les  voleurs  en 
fuite,  furent  repêchés  près  du  pontde  laTournelle  :  ceux  qui  étaient  d'un  métal 
moins  précieux  avaient  aussi  échappé  au  pillage. 

2.  Anastasis  Childeriei  l  F-ancorum  régis,  sive  Thésaurus  sepulchralis  Tornaci 
Kerviorum  effossus  et  commentarïo  illustratus,  auctore  Joanne  Jacobo  Cliil'fletto, 
équité,  regio  archiatrorum  comité  et  archidunali  medico,  primario,  Lntverpis, 
ex  ofiieina  Plantiniana  Balthazaris  Moreti,  MDGLV;  in  -  i  '  de  367  p.  avec 
27  plancb.es  et  gravures  sur  cuivre. 

3.  Il  faut  toutefois  signaler  le  beau  livre  du  savant  et  regrettable  abbé  Cochet 
(Le  tombeau  de  Childéric  I"),  où  les  quelques  objets  qui  nous  sont  restés  du 
trésor  de  Tournai  ont  été  dessinés  d'après  nature  et  bien  gravés. 


100 


ÉTUDE  SUlt  LES  ANNEAUX 


de  Chiflet,  don!  l'exactitude  esl  confirmée  par  certaines  circons- 
tances exposées  plus  bas,  etqui  est  reproduit  en  tête  de  la  présente 
Notice  (fig.  I)1,  la  tige  en  élail  de  forme  arrondie  à  l'extérieur  et 
plate  à  l'intérieur;  elle  avait  13  millimètres  de  hauteur  sur  tout  sou 
pourtour,  et  26  millim.  1/2  à  27  millimètres  d'ouverture,  ce  qui 
suppose  une  main  très  forte. 

Quant  an  chaton  donl  la  bague  royale  était  ornée,  nous  serions, 
par  suite  de  l'événement  désastreux  de  1831,  dans  l'impossibilité 
d'en  donner  une  représentation  fidèle  et  de  première  main,  si,  en 
!N.'J7,  Dauban,  alors  employé  au  Cabine!  des  médailles,  n'en  a  va  il 
découvert  une  excellente  empreinte  sur  cire".  Celle  empreinte  est 
intercalée  dans  une  histoire  manuscrite  de  sainte  Geneviève3,  com- 
po  ée,  entre  les  années  1670  et  1687,,  par  le  P.  du  Molinel  ou  du 
Moulinet,  chanoine  régulier  en  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève-du- 
Mont*.  Le  dessin  que  nous  avons  mis  en  tête  de  la  présente  notice 
(fig.  2)  a  élé  exécuté,  sous  nos  yeux,  sur  l'empreinte  même.  Il  per- 
met de  conslaler,  en  ce  gui  concerne  les  dimensions  du  chaton,  la 
parfaile  exactitude  du  dessin  de  Chiflet,  et  confirme  ainsi  l'opinion 
déjà  unanime  des  érudits,  touchant  le  soin  religieux  qui  a  présidé 
à  la  confection  des  planches  du  premier  el  savanl  éditeur  du  trésor 
de  Tournai. 

1.  Le  Cabinet  des  médailles  possède,  une  représentation  galvanoplastique 
de  cet  anneau  similaire,  donnée  par  M.  Peigné-Delacour,  mais  elle  a  été  exé- 
cutée d'après  le  dessin  de  Chiflet,  combiné  avec  une  empreinte  en  cire  du  chaton 
donl  nous  parlerons  plus  loin,  el  elle  n'a  conséquemmenl  aucune  valeur  sérieuse. 

2.  A  la  vérité,  il  existait,  au  Cabinet  des  médailles,  une  empreinte  sur  plâtre, 
Hiii  avait  élé  prise  par  M.  Muret,  entre  l'année  18^9  où  il  avait  été  attaché  à 
notre  grand  dépôt  national,  cl  le  mois  de  novembre  1831  où  le  bijou  avail  dis- 
paru. Mais  cette  empreinte,  ébréchée  sur  un  côté,  el  truste  à  l'effigie,  ne  pré- 
sente plus  qu'une  partie  de  la  légende  circulaire,  et  ne  peut  servir,  comme 
l'empreinte  sur  cire  de  la  Bibliothè  que  Sainte-Geneviève,  à  restituer  l'état  pri- 
mitif du  chalon. 

3.  Ce  ms.  est  à  la  Bihliotlïèque  Sainte- Geneviève,  dan-;  le  fonds  français,  II, 
f.  21.  L'empreinte,  parfaitement  conservée,  est  en  marge  de  la  page  118. 

4.  Au  ms.  est  jointe  une  longue  lettre  adressée  par  «  M.  du  Boismourand  »  à 
I  auteur,  en  réponse  à  la  communication  que,  celui-ci  lui  avait  donnée  du  pro- 
jet ou  canevas  de  son  travail  historique.  Celle  lellre  est  datée  du  mois  de 
février  1G70:  c'est  donc  entre  cetle  date  el  celle  de  la  mort  de  l'auteur  (1687) 
que  l'ouvrage  a  été  écrit.  La  suscription  de  la  lettre  de  Boismourand  porte  le 
nom  de  du  Moulinet  ;  des  noies  récentes,  inscrites  en  tête  du  ms.,  portent  du 
Molinet. 


DES   PREMlliRS    SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE  191 

Le  chaton,  «  I »  *  forme  ovale,  a  23  millimètres  1/2  de  haut  sur 
17  millimètres  1/2  de  large.  Au  centre,  est  représenté  le  buste 
royal,  avec  tête  de  lace,  uue,  imberbe  et  une  longue  chevelure, 
partagée  au  milieu  du  front  et  retombant  en  deux  grosses  boucles 
sur  les  épaules.  Le  buste  esl  vêtu,  à  la  romaine,  d'une  tunique  sur 
laquelle  on  voit  une  plaque  carrée  qui  décore  la  poitrine1.  La 
main  droite  tient  une  lance  appuyée  sur  l'épaule,  comme  on  l'ob- 
serve sur  les  médailles  impériales  de  Constantin  II,  Théodose  II, 
Majorien,  Justin  l' 1  el  de  leurs  successeurs  '-. 

Autour  de  l'effigie  esl  gravée  celle  légende,  qui  donnait  une  in- 
comparable valeur  historique  à  l'anneau  sigillaire  si  déplora  ble 
menl  perdu  : 

CHILDIRICI  RETIS 

le  substantif  signum  ou  sigillum,  étanl  sous-entendu,  car  le  chaton 
devail  évidemment  servir  à  sceller  les  actes  émanés  du  souverain. 

Rappelons,  en  peu  de  mois,  quelques  dates  historiques  concer- 
nant Childéric.  Après  avoir  succédé,  en  458,  h  Mérovée  comme  roi 
des  Francs,  établis  alors  sur  le  territoirè  don1  se  formé renl  plus 
tard  les  provinces  de  Flandre  el  de  Picardie,  il  fui  forcé,  l'année 
suivante,  de  s'exiler,  el  se  rendit  auprès  du  roi  de  Thuringe 
(Haute-Saxe).  11  fut  rappelé  par  les  Francs  en  163  ou  i643,  et,  peu 
après  son  retour,  la  reine  de  Thuringe  Basine,  quittanl  son  époux 
el  sa  pairie,  vint  s'offrir  ù  Childéric,  qui  l'épousa  et  eut  d'elle,  en 
465,  Clovis  Ier*. 

1.  M.  Vallet  de  Viriville,  le  savant  cl  regretté  professeur  à  l'École  des  Chartes, 
a  établi  unutile  rapprochement  entre  cette  pièce  pectorale  et  un  bijou  cloisonné, 
conservé  au  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  nationale.  (Rev.  archéol., 
2°  série,  année  1857,  t.  II,  p.  288  et  pl.  313,  fig.  2.) 

2.  L'abbé  Cochet  (Tombeau  de  Childéric  I^,p.  368)  parle  d'un  objet  qui  serait 
figuré  à  côté  de  la  lance,  et  sur  lequel,  ajoute-t-il,  on  croit  distinguer  une  de 
ces  abeilles  qui  ont  été  trouvées  au  nombre  de  plus  de  trois  cents  dans  le  tom- 
beau de  Tournai.  Un  examen  minutieux  et  répété  nous  autorise  à  dire  qu'il  n'y 
a,  sur  l'empreinte  du  P.  du  Moulinet,  rien  de  semblable  à  ce  que  le  docte 
archéologue  normand  y  a  vu.  Nous  serions  porté  à  considérer  ce  qui  l'a  frappé, 
soit  comme  un  prolongement  de  la  boucle  de  cheveux,  soit  comme  une  deuxième 
boucle  de  cheveux  de  l'effigie  royale. 

3.  Greg.  Tur.,  Hist.  écoles.  Francor.,  II,  xii;  édit.  Guadet  et  Taranne,  t.  I, 
note  n  sur  le  livre  II,  p.  i78. 

4.  Greg.  Tur.,  Hist.  Francor.  epitom.,  chap.  xi  etxu.  C'està  tort  que  beaucoup 
d'écrivains  ont  d'il  que  Hasine  avait  suivi  Childéric  lorsqu'il  quitta  la  résidence 


192 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


C'est  au  moment  et  à  l'occasion  de  son  mariage  que  furent  très 
probablement  fabriqués  et  l'anneau  sigillaire,  dont  il  vient  d'être 
question,  et  la  deuxième  bague  dont  nous  allons  nous  occuper1. 

2°  CLXXX.  —  LA  DEUXIÈME  BAGUE  TROUVÉE  DANS  LA  SÉPULTURE  ROYALE. 
  NE  SERAIT-CE  PAS  l'aïSNEAU  DE  MARIAGE  DE  LA.  REINE  BASINE  ? 


Tout  uni,  dépourvu  de  chaton,  d'ornement  et  d'inscription,  ce 
bijou  n'avait,  on  le  comprend,  aux  yeux  des  érudits,  qu'une  im- 
portance bien  secondaire  auprès  île  l'anneau  sigillaire  de  Childé- 
ric.  Aussi  n'a-t  il  été  l'objet  qued'une  médiocre  attention  jt  d'une 
hypothèse  assez  légèrement  conçue,  qui,  nous  le  montrerons  bien- 
tôt, est  peu  justifiée. 

Dans  une  courte  phrase,  Chiflet  rapporte  que  le  deuxième  an- 
neau fut  trouvé,  comme  l'autre,  dans  la  sépulture  royale*.  Plus 
bas,  il  émet  la  conjecture  que  c'est  l'anneau  de  mariage  de  Chil- 
déric,  et  il  cite  des  écrivains  de  l'antiquité  et  une  loi  des  Visi- 

du  roi  de  Tburinge.  Elle  vint  le  trouver  en  Gaule,  après  que  les  Francs  l'eurent 
reconnu  de  nouveau  pour  chef. 

1.  Mabillon  a  fait  mention  d'un  autre  anneau  de  Childéric  Ier,  qui  présentait, 
sur  un  saphir,  l'image  de  ce  prince,  mais  sans  aucune  inscription.  «  Primœ 
slirpis  reges  in  sigillis  imprimendis  plurimum  usi  sunl  anulis.in  quibus  nomen 
suum  in  circulo  cum  imagine  descriptum  exhibebant.  Ejusrei  illustre  habemus 
exeflnplum  Childerici  régis,  Chlodovei  Magni  patris  :  cujus  anuli  duo,  unus 
aureus  lotus,  aller  ex  sapphiro,  prœferunl  ejus  effigiem;  et  quidem  aureus  in>- 
criplionem  Childerici  régis.  »  (De  re  diplomat.,  p.  135,  n°  2).  Ce  deuxième 
anneau,  dont  Mabillon  nous  a  laissé  ignorer  la  provenance  et  le  possesseur,  est 
resté  inconnu,  et  nous  n'avons  a  son  égard  aucun  renseignement. 

2.  «  Sed  et  aller  Childerici  régis  fuit  annulus  aureus  in  ejus  conditorio  reper- 
tus,  forma  et  inagnitudine  qua  in  ima  tabelhc  parte  représentait'.  »  [Anastasis, 
etc.,  p.  115.)  Le  chapitre  vu,  d'où  ce  passage  est  extrait,  a  pour  litre  :  «  Annuli 
aurei  duo  Childerici.  »  Ibid.,  p.  97. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


193 


goths,  d'après  lesquels  les  fiancés,  qui  avaient  échangé  des  an- 
neaux, étaient  liés  par  ce  seul  fait 

Les  auteurs  qui  ont  reproduit  cette  hypothèse,  y  ont  adhéré,  et, 
en  dernier  lieu,  l'abbé  Cochet  l'a  admise  comme  «  fort  vraisem- 
blable »s;  en  tous  cas,  il  ne  parait  p;is  douter  que  ce  fût  un 
deuxième  anneau  de  Childéric  \ 

Avant  d'exprimer  notre  sentiment  personnel  sur  la  question, 
nous  devons  donner  du  petit  monument  dont  il  s'agit  une  descrip- 
tion détaillée. 

C'est  un  simple  cercle  d'or  massif,  bombé  à  l'extérieur  et  plat  à 
l'intérieur  comme  l'anneau  sigillaire.  Sa  hauteur,  égale  sur  tout  le 
pourtour,  est  de  10  millimètres  1/2,  et  son  ouverture  ou  diamètre 
intérieur,  de  20  millimètres  1/2. 

Si  nous  comparons  ces  dimensions  à  celles  de  l'anneau  sigillaire, 
nous  voyons  que  son  diamètre  est  moindre  de  6  à.  7  millimètres  et 
sa  hauteur  de  2  millimètres  1/2  k  3  millimètres1.  Or,  ces  diffé- 
rences, auxquelles  il  estasse/  extraordinaire  qu'on  n'ait  pas  encore 
pris  garde,  sont  trop  considérables,  ce  nous  semble,  pour  qu'on 
puisse  admettre  aisément  que  les  deux  bagues  aient  été  faites  pour 
la  même  main5.  C'est  pourquoi  il  convient,  croyons-nous,  détenir 
pour  fort  sujette  au  doute  l'idée  que  noire  bague  soit,  ainsi  qu'on 
l'a  supposé  jusqu'à  présent,  un  deuxième  anneau  de  Childéric. 

1 .  Anastasis,  etc.,  p.  116. 

2.  Le  Tombeau  de  Childéric  Ier,  p.  364. 

3.  En  reproduisant  le  dessin  de  Chiflet,  l'abbé  Cochet  lui  a  donné  ce  tilre  : 
«  Bague  en  or  de  Childéric.  »  (Ibid.,  p.  350).  A  la  page  347,  il  dit  :  «Tout  porte 
à  croire  que  les  deux  anneaux  d'or  de  Childéric  furent  recueillis  le  jour  de  la 
découverte.  » 

4.  On  pourrait  chercher  à  expliquer  ces  grandes  différences  de  dimensions 
en  supposant  que  la  deuxième  bague  était  faite  pour  le  petit  doigt,  tandis  que 
l'anneau  sigillaire  était  porté  à  l'un  des  autres  doigts  de  la  forte  main  de  Chil- 
déric. Mais  cette  explication  serait  peu  plausible.  D'une  part,  en  effet,  si  la 
deuxième  bague  était,  comme  nous  le  pensons  avec  tous  nos  devanciers,  une 
bague  de  mariage,  elle  devait  être  placée  à  l'annulaire  et  non  au  pelit  doigt. 
Or,  l'annulaire  est,  pareil  ou  de  dimensions  à  peu  près  pareilles  à  celles  de 
l'index  ou  au  médius  de  la  main.  D'autre  part,  un  écart  de  7  millimètres  de 
grosseur  entre  le  petit  doigt  et  les  autres  doigts  d'une  même  main  serait  bien 
extraordinaire  et  difficile  à  accepter  a  priori. 

5.  Tel  était  l'usage  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains  (Aul.  Gell. ,Attic  noct., 
X,  10) et  suivant  toute  probabilité  chez  les  Francs  (Cochet,  Tombeau  de  Chil- 
déric J",  p.  357-358). 

13 


104  [ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 

D'un  autre  côté,  entre  les  deux  bijoux,  la  parente  est  manifeste  : 
fabriqués  dans  une  forme  et  par  des  procédés  semblables,  ils  sont, 
non  seulement  contemporains,  mais  assurément  sortis  de  la  même 
officine,  et  peut-être  l'œuvre  du  même  ouvrier. 

Que  faut-il  donc  penser  de  la  deuxième  bague  et  de  sa  présence 
dans  le  cercueil  de  Childéric? 

Nous  sommes  très  porté  à  croire,  comme  tous  les  auteurs  qui 
nous  ont  précédé,  que  c'est  bien  là  un  anneau  de  mariage;  et  à 
ce  point  de  vue,  il  n'est  pas  sans  utilité  de  rapprocher  notre  bijou 
d  une  bague  trouvée  dans  une  des  sépultures  de  Salzen,  au  doigt 
annulaire  d'une  femme,  et  identique  de  forme  à  celle  qui  nous  oc- 
cupe'. 

Mais  celle-ci  ne  devait  pas,  suivant  nous,  être  portée  par  Chil- 
déric. C'était  plus  vraisemblablement  l'anneau  que  la  reine  Basinc 
reçut  de  lui  quand  il  la  prit  pour  épouse  en  463  ou  464,  et  qui 
aurait  été  confectionné,  avec  cette  destination,  en  même  temps  et 
dans  le  même  atelier  que  l'anneau  sigillaire. 

Dans  cette  hypothèse,  Basine  aurait  précédé  le  roi  franc  dans  la 
tombe,  et,  au  moment  de  l'ensevelissement  de  ce  prince,  on  aurait 
mis  dans  son  cercueil,  avec  les  armes  et  les  autres  bijoux  qui  lui 
appartenaient,  l'anneau  nuptial  de  la  reine. 

INous  avons  déjà  enregistré  un  fait  semblable  dans  notre  précé- 
dente Notice,  relative  à  l'anneau  sigillaire  de  Gulfétrud2,  recueilli 
dans  la  tombe  d'un  guerrier,  très  probablement  son  époux,  comme 
la  bague  qui  nousoccupe  a  été  recueillie  dans  la  tombe  du  roifrane. 

La  date  de  la  mort  de  la  reine  Basine  est  inconnue,  et  il  n'y  ;» 
rien,  à  cet  égard,  dans  l'histoire,  qui  soit  de  nature  à  contredire 
notre  hypothèse.  Il  n'y  en  a  pas  davantage  sous  le  rapport  des  di- 
mensions de  la  bague.  Son  diamètre  intérieur,  qui  est  de  20  mil- 
limètres et  1  /2,  se  rencontre  dans  plusieurs  des  bagues  de  femme 
que  nous  avons  étudiées.  Nous  nous  bornerons  à  en  citer  deux 
exemples  indiscutables,  parce  que  les  noms  de  leurs  propriétaires 
ysontinscritsen  entier.  Ce  sont  celles  d'Heva  et  d'Aster,  qui  ont  res- 
pectivement 20  et  19  1/2  à  20  millimètres  d'ouverture3. 

1.  Lindenschcnit,  Der  germanisake  Todtenlager,  pl.  X  et  p.  20.  Cette  bague  est 
en  effet,  comme  la  nôtre,  un  simple  cercle  massif,  bombé  en  debors  et  plat  en 
dedans. 

2.  Voir  ci-dessous  le  n°  CCXVI. 

3.  N«»  LXU  et  CCXIV. 


DES    PREMIERS    SIÈCLES  DU    MOYEN  AGE 


195 


En  résumé,  au  lieu  de  deux  anneaux  de  Childéric,  le  trésor  sé- 
pulcral de  Tournai  aurait  compris,  avec  l'anneau  sigillaire  du  roi, 
l'anneau  de  mariage  de  la  reine  Basine,  de  la  mère  de  Clovis  Ier,  le 
glorieux  fondateur  de  l'empire  des  Francs. 

A  la  vérité,  ce  n'est  là  qu'une  conjecture  ;  mais  elle  est,  nous 
paraît-il,  très  plausible,  et  méritait,  en  tout  cas,  d'être  signalée  à 
l'attention  des  archéologues. 

DIOCÈSE  DE  BEAU  VAIS 
CLXXXI 

ANNEAU    AVEC   MONOGRAMME  ET  LA  FORMULE    VlVaS  ÎH  DeO , 
TROUVÉ  AU  MONT-DE-HERMI',S    (OISE)  ' 


Au  cours  de  touilles  opérées  au  Mont-de-Hermes,  M.  l'abbé 
Hamard,  curé  de  la  paroisse  de  Hermès,  a  découvert,  dans  une 
tombe  qu'il  croit  être  celle  d'une  femme  !,  la  bague  qui  figure  en 
tète  de  la  présente  notice. 

Elle  a  été  acquise  par  un  ancien  bibliothécaire  de  l'Université 
de  Cambridge,  M.  Samuel  Savage  Lewis,  décédé  depuis.  Par  bon- 

1.  Hermès  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Noailles,  arrondisse- 
ment de  Beauvais. 

2.  «  Il  m'est  absolument  impossible,  m'écrit  le  savant  ecclésiastique,  d'alïirmer 
le  sexe  du  personnage  qui  a  été  le  possesseur  de  ce  bijou,  attendu  que  la  sé- 
pulture où  il  a  été  trouvé  était  complètement  bouleversée.  Cependant,  je  pense 
qu'il  a  dû  être  porté  par  une  femme.  »  (Lettre  du  26  avril  1893.) 


196 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


heur,  M.  l'abbé  Hamard  avait  conservé,  de  ce  curieux  bijou, d'excel- 
lents dessins  qu'il  m'a  obligeamment  envoyés,  et  qui  m'ont  per- 
mis de  le  reproduire  ici. 

11  est  en  argent;  il  a  19  millimètres  d'ouverture;  sa  tiye,  haute 
de  9  millimètres  sur  tout  son  pourtour,  est  unie  à  l'intérieur,  et 
présente,  à  l'extérieur,  cinq  facettes  ou  compartiments,  séparés 
les  uns  des  autres  par  une  saillie  arrondie  en  boudin.  Quatre  de 
ces  facettes  nous  offrent  une  formule  acclamatoire  dont  nous  avons 
vu  plusieurs  exemples  sur  nos  anneaux  ;  elle  est  ainsi  gravée  : 
VI— VAS— IN— DEO- 

La  cinquième  facette,  formant  chaton,  est  un  carré  irrégulier 
de  12  millimètres  de  haut  sur  11  de  large,  acosté  de  deux  globules 
ou  cabochons.  On  y  voit,  encadré  dans  un  grènetis,  un  mono- 
gramme comprenant:  un  M,  dont  les  deux  montants  supportent 
un  arc  et  à  l'intérieur  duquel  il  y  a  un  A  ;  un  V,  figuré  par  les 
deux  barres  obliques  du  M,  et  surmonté  d'un  R  ;  ce  qui,  avec  le 
redoublement  du  A,  donne  le  nom  féminin  de  MAVRA  très  usité 
dans  le  haut  moyen  âge1  ;  et,  pour  l'ensemble  des  inscriptions  de 
notre  anneau, 

MAVRA 
VIVAS  IN  DEO- 

Il  y  a  plusieurs  saintes  de  ce  nom,  parmi  lesquelles,  pour  n'en 
citer  que  deux  appartenant  à  la  Gaule  et  au  moyen  âge,  celles 
qui  ont  vécu  à  Beauvais  (vc  siècle)  et  à  Troyes  (milieu  du 
ixe  siècle)  8. 

1.  Mon  regretté  confrère,  E.  Le  Blant,  qui  a  publié  le  chaton  do  notre 
anneau  dans  son  Nouveau  recueil  des  inscriptions  chrétiennes  de  la  Houle,  n°  421, 
p.  426,  s'est  borné  à  dire,  relativement  au  monogramme,  qu'on  peut  y  lire  un 
nom  tel  que  celui  de  Maria.  Cetle  indication  nous  semble  difficile  à  admettre; 
d'une  part,  elle  suppose  la  présence,  dans  le  monogramme,  de  la  lettre  I  qui 
n'y  parait  point;  et,  d'autre  part,  elle  ne  lient  pas  compte  de  la  lettre  V, 
formée  par  les  deux  traits  obliques  du  M,  que  l'artiste  a  intentionnellement  pr  o- 
longés hors  du  cadre  du  monogramme,  pour  en  marquer  la  valeur  propre. 

2.  Iîolland.,  Aela  SS.,  mens,  januar.,  t.  I,  p.  1018;  et  mens,  seplembr  ,  t.  VI, 
p.  271. 


DES  PREMIERS    SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


197 


DIOCÈSE  D'AMIENS 


CLXXX1I 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉ  DANS  LES  ENVIRONS  D'AMIENS 


Voici  une  bague  qui  a  fait  partie  de  la  collection  de  feu  le  baron 
Pichon,  et  qui  a  été  découverte  dans  le  territoire  d'Amiens.  Elle 
est  en  or  pur  et  a  28  millimètres  d'ouverture;  sur  sa  tige,  qui  est 
ronde,  est  soudé  un  cbaton  également  en  or,  sous  lequel  elle  se 
prolonge  en  formant  deux  larges  pattes,  terminées  chacune  par 
deux  volutes  affrontées.  Aux  points  de  réunion  de  la  tige  et  du  cha- 
ton, il  y  a  les  trois  globules  ou  cabochons  disposés  en  feuilles  de 
trèfle. 

Le  chaton,  qui  est  octogone  et  a  12  millimètres  de  large  sur  une 
hauteur  de  10  1/2  millimètres,  est  décoré  d'un  monogramme  où  on 
lit  sans  difficulté,  en  redoublant  le  S  : 

3SPANV2  (ESPANVS). 

Espamts  a  formé,  en  vieux  français,  Espain,  et,  en  dernier  lieu, 
Epain,  qui  est  le  nom  d'un  saint  martyrisé,  en  Touraine,  au  iv°  ou 
v°  siècle,  et  dont  l'Église  célèbre  l'anniversaire  le  25  octobre,  con- 
jointement avec  celui  de  plusieurs  martyrs  du  môme  pays  et  du 
Berry 

Le  vocable  primitif  du  saint  était  Spanus;  mais  la  forme  Espain 
implique  la  transition  par  celle  de  Espanus,  où  figure  déjà  la  pros- 
thétique  du  nom  moderne.  C'est  ainsi  d'ailleurs  que,  dans  la 
langue  géographique,  le  nom  du  bourg  d'Espagnac,  en  Limousin, 

1.  Rolland.,  Acta  SS.,  mens   octobr.,  t.  XI,  p.  578. 


108 


ÉTUDE   SUR    LES  ANNEAUX 


qui  était  originairement  Spaniacus,  était  déjà,  au  vrr°  siècle,  ins- 
crit par  les  graveurs  de  coins  monétaires  dans  la  forme  Espaniaco 1 

CLXXXIII 

ANNEAU  TROUVÉ  A  ARGŒUVES  (SOMME)* 


Cet  anneau,  qui  est  en  argent,  a  été  trouvé  à  Argœuves,  près 
d'Amiens,  et  appartient  également  au  Musé  s  de  Péronne,  grâce  à 
la  libéralité  de  feu  Alfred  Danicourt,  ancien  maire  de  cette  ville. 

Cet  intéressant  bijou  a  18  millimètres  d'ouverture  et  est  orné 
d'un  chaton,  ménagé  à  même  le  métal.  Le  pourtour  a  à  peine  1  mil- 
limètre d'épaisseur  et  5  millimètres  de  hauteur  du  côté  opposé  au 
chaton;  et  à  cet  endroit,  les  deux  branches  ont  été  soudées  l'une 
sur  l'autre,  dans  l'intention  probable  d'en  rétrécir  le  diamètre.  Le 
chaton,  de  forme  quadrangulaire,  a  12  millimètres  de  large  sur 
7  millimètres  de  hauteur,  et  présente  des  caractères  gravés  en 
creux  dans  un  cadre  formé  de  deux  lignes  tracées  au  burin;  à 
droite  et  à  gauche,  il  y  a  divers  ornements  et  une  croisette  dans  un 
triangle  :  le  tout  également  gravé  en  creux. 

Les  caractères  sont  disposés  d'une  manière  assez  bizarre,  en 
trois  groupes  de  deux  lettres  chacun. 

Le  premier  de  ces  groupes,  en  partant  de  l'angle  gauche  infé- 
rieur (pour  le  lecteur),  contient  une  haste,  à  laquelle  sont  attachées 
quatre  barres  horizontales,  représentant  un  E  et  peut-être  un  (J  à 
base  carrée  liés. 

Le  deuxième,  qui  est  au  centre,  se  compose  d'un  S  posé  en  tra- 
vers d'un  grand  I,  qui  s'étend  de  l'angle  supérieur  de  gauche  à 
l'angle  inférieur  de  droite. 

Le  troisième  groupe,  inscrit  à  l'angle  supérieur  de  gauche,  est 
formé  de  deux  C  adossés,  DC. 

L'ensemble  nous  donnerait  EVSICC. 

1.  Deloche,  Bescript.  des  monn  méroving.  du  Limousin,  in-8,  1863,  p.  169, 
et  planches,  fig.  70.  Cf.  Longpérier,  Notice  sur  les  monn.  de  la  collêet.  Rousseau, 
p.  81. 

2.  Argœuves  est  une  commune  du  canton  d'Amiens. 


DES   PREMIERS  SIÈCLES   THJ   MOYEN  AGE  VJV 

Le  nom  du  propriétaire  de  (  «'Ile  bague  pourrait,  dans  ce  cas,  se 
compléter  de  deux  tarons  différentes. 

Suivant  l'une,  il  suffirait  de  revenir  au  I  du  groupe  central,  ce 
qui  ferait;  en  l'employant  deux  fois,  EVSICCII,  génitif  d'EVSICClVS, 
nom  presque  identique  à  celui  qui  fut  porté  par  un  saint  originaire 
du  Périgord,  lequel  fonda,  au  milieu  du  vic  siècle,  le  monastère  de 
Celles-sur-Cher,  en  Berry1,  et  qu'on  appelle,  dans  les  listes  mo- 
dernes, Eusice  ou  Ysis2.  Le  S  du  centre  remplirait  ici,  comme 
dans  d'autres  exemples  déjà  notés  par  nous,  le  rôle  d'initiale  de 
Sigmim  ou  SigiHum. 

Le  deuxième  mode  consisterait  à  redoubler  l'emploi  du  |  el  du 
E,  ce  qui  fournit  la  leçon  EVSICC1E,  génitif  d'EVSICCIA.  Le  S  se- 
rait encore  ici  l'initiale  de  Sigmim  ou  Sigillvm. 

Cette  seconde  hypotbèse  est  préférable  à  la  précédente,  par  le 
motif  que,  d'après  les  petites  dimensions  et  la  faible  ouverture  de 
la  bague  (à  peine  18  millimètres),  il  est  à  croire  que  ce  bijou  fut 
porté  par  une  femme. 

A  la  vérité,  nous  n'avons  pas  de  mention  historique  d'une  per- 
sonne qui  aurait  porté  le  nom  à'Eusicia  ou  Eusiccia]  niais  l'exis- 
tence du  vocable  Eusicius  rend  plus  que  vraisemblable  l'existence 
et  l'emploi  du  vocable  féminin  qui  lui  correspondait 


DIOCÈSE  DE  BOULOGNE-SUR-MER 


CLXXXIV 

BAGUE  DONT  LE  CHATON  EST  UN  TIERS  DE  SOU  d'ûR,  TROUVÉE  AU  LIEU  DIT 
LES  YEULLI  S  OU  HARDENTHAN  (PAS-bE-CALAls)  3 

Cel  anneau  d'or,  qui  appartient  au  Musée  communal  de  Bou- 
logne-sur-Mer,  a  été  trouvé  dans  un  cimetière,  et  il  était  à  la  main 

\.  «  Eusicius  ergo  mandatum  régale  suscipiens...  »  André  Du  Clicsne,  Hi&tar. 
Franco?,  scriptores  coœtanei,  t.  Ier,  p.  534  et  535.  —  Ph.  Labt»e, Biblioth.  nov,  mss., 
t.  II,  p.  371  cl  463. 

2.  Annuaire  historique.  Année  1858,  p.  192. 

3.  Ce  village  est  situé  dans  le  canton  de  Marquise,  arrond.  de  Houlc-gne-sur- 
Mer. 


200 


ÉTUDE   SUR    LKS  ANNEAUX 


droite  d'un  squelette  de  femme,  dont  la  sépulture  contenait  d'autres 
bijoux  et  objets  de  toilette1. 

Cet  anneau,  dont  le  poids  total  est  de  3'r,82,  se  compose  : 
1°  D'une  tige  en  or,  primitivement  octogone  et  légèrement  dé- 
formée, qui  a  15  millimètres  d'ouverture  et  une  hauteur  de  6  mil- 
limètres dans  tout  son  pourtour  ; 

2°  D'un  chaton  soudé  sur  la  tige,  lequel  n'est  autre  qu'un  tiers 
de  sou  d'or,  dont  le  diamètre  est  de  10  millimètres.  Le  droit  de 
cette  pièce,  sur  lequel  doivent  être  sans  doute  gravés,  suivant 
l'usage,  l'effigie  royale  et  le  nom  de  l'atelier,  est  appliqué  sur  la 
baguette  et  n'en  laisse  presque  rien  voir.  Le  revers,  qui  forme  la 
face  extérieure  du  chaton,  porte  une  croix  ancrée,  posée  sur  une 
base  et  cantonnée,  au  1er,  d'un  point  ou  globule,  aux  3e  et  4°,  de 


deux  étoiles  à  huit  pointes.  En  légende  circulaire,  est  inscrit  le 
nom  du  monnayer,  précédé  d'une  croisette.  On  y  déchiffre  les  trois 
premières  lettres  CHA  et  les  quatre  dernières  ONDVS  ou  VNDVS  ; 
celles  du  milieu  ont  disparu. 

Cette  pièce  paraît,  d'après  sa  fabrique,  avoir  été  frappée  vers  le 
milieu  du  vnc  siècle. 

On  connaît  un  monnayer  mérovingien,  CHARIMVNDVSi  qui  a 
signé  un  triens  portant  le  nom  d'une  bourgade  de  l'ancien  diocèse 
de  Tours,  appelée  Geniliaco,  de  nos  jours  Cenillé2;  mais  celle 

1.  Savoir  :  des  boucles  d'oreilles,  une  fibule,  un  style  à  boule  d'or,  une  épin- 
gle en  or,  une  plaque  de  ceinture  en  bronze,  et  un  collier  de  verroterie  et 
d'ambre.  Ces  détails  nous  ont  été  communiques  par  M.  le  docteur  Sauvage, 
conservateur  des  musées  communaux  de  Boulogne-sur-Mer.  Voir  aussi  les 
Mémoires  de  la  Société  académique  de  l'arrondissement  de  Boulogne-sur-Mer, 
année  1865,  où  ce  petit  monument  a  été  publié,  p.  61-62  et  pl.  XI,  fig.  5. 

2.  Au  droit,  GENILIACO  VICO  FITV.  —  Au  revers, CHARi M VN DVS  MO. 
D'Amécourt,  Recherches  sut  les  monnaies  mérovingiennes  de  Touraine,  p.  6,  n°  6. 
Genillé  est  un  chef-lieu  de  commune  du  département  d'Indre-et-Loire,  arron- 
dissement de  Loches,  canton  de  Montrésor. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  201 

pièce  no  présente  point  le  type  observé  sur  le  chaton  de  notre 
bague  '.  Néanmoins,  comme  le  type  de  la  croix  ancrée  et  de  la  croix 
cantonnée  d'un  ou  plusieurs  points  et  d'étoiles,  se  rencontre  très 
fréquemment  dans  le  monnayage  tourangeau2,  il  n'y  a  rien  d'im- 
probable à  ce  que  le  triens  qui  a  servi  à  la  fabrication  de  notre 
anneau,  ne  provienne  de  ce  pays. 

Nous  ferons  remarquer,  en  terminant,  que  ce  bijou  est  particu- 
lièrement intéressant  en  ce  que  c'est,  jusqu'à  présent,  l'unique 
exemple  d'une  bague  ayant  pour  chaton  un  tiers  de  sou,  tandis 
qu'on  en  connaît  plusieurs  sur  lesquelles  ont  été  montés  des  sous 
d'or». 

CLXXXV 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMMES,  TROUVÉ  A  NESLES-LES-VERLINGTII UM 
(PAS-DE-CALAIS)  4 


Cet  anneau  a  été  trouvé  au  cours  de  fouilles  opérées  dans  une 
des  tombes  masculines  du  cimetière  franc  de  Nesles-les- Verling- 
thum.  Il  a  été  publié  par  M.  J.-V.  Vaillant,  dans  un  mémoire  daté 
de  juillet  1884%  où  ce  savant  a  décrit  avec  grand  soin  les  sépul- 

1 .  Croix  légèrement  potencée,  avec  deux  delta  A  (pour  deux  alpha)  sous  les 
bras. 

2.  Voir  dans  d'Amécourt,  op.  laud.  :  1°  la  croix  ancrée,  n03  2,  4,  7,  9,  10  11 
16,  17,  18,  19,  20,  21,  25,  34,  49,  50,  53,  63.  64,  65,  73,  74,  78,  85,  89,  90; 
2»  des  étoiles  accostant  la  croix,  n°s  31  et  66;  3»  un  ou  deux  points  et  des  croi- 
settes  cantonnant  la  croix,  n0*  47,  55  et  56.  Il  convient  d'ajouter  que  ces  mar- 
ques se  trouvent  aussi  dans  les  monnaies  du  Maine.  Cf.  d'Amécourt,  Recherche 
des  monnaies  mérovingiennes  du  Cenomannicum,  p.  54,  55,  86,  99,  104,  134  et 
passim. 

3.  Voir  plus  bas  les  nos  GLXXXIX,CCLVI  et  CCLVII. 

4.  La  commune  de  Nesles-les-Verlingthum  dépend  du  canton  de  Samer,  ar- 
rondissement de  Boulogne-sur-Mer. 

5.  Lecimetière  franco-mérovingien  de  Nesles-les-Verlingthum,  in-8°,  Arras,  1886, 
et  planche  I,  n°s  7  et  8.  C'est  mon  savant  confrère,  M.  le  docteur  Kamy,  qui  a 
bien  voulu  me  signaler  cetle  intéressante  publication. 


202 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


tures  explorées*,  et  los  divers  objets  qu'elles  renfermaient  :  ceux 
qui  ont  été  recueillis  en  même  temps  que  notre  anneau  permettent 
de  déterminer  l'origine  du  personnage  auquel  ils  ont  appartenu 
et  très  approximativement  l'époque  de  l'inhumation;  ce  sont:  une 
large  et  longue  épée,  à  fourreau  terminé  par  un  bout  en  argent; 
une  fibule  en  bronze,  à  cinq  rayons,  guillocbée,  damasquinée  en 
or,  et  décorée  de  morceaux  de  verre  grenat;  un  collier  de  belles 
pierres  bleues;  enfin  un  tiers  de  sou  d'or  au  nom  de  l'empereur 
Justin  Ier,  dit  le  Thrace,  qui  régna  de  518  à  527'. 

Il  ne  peut  y  avoir  aucune  hésitation  sur  le  caractère  et  l'origine 
des  divers  objets  découverts  dans  l'ancienne  nécropole;  ils  appar- 
tiennent incontestablement  à  l'une  des  races  germaniques  qui  oc- 
cupèrent la  Gaule  et  très  probablement  aux  Francs'.  On  verra  plus 
bas  l'importance  de  cette  constatation. 

La  bague  qui  nous  occupe  est  en  or  d'un  jaune  verdàtre;  elle  a 
23  millimètres  d'ouverture  ;  sa  tige,  arrondie  à  l'exiérieur,  a  4  mil- 
limètres de  largeur.  Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  un  ovale  de 
5  millimètres  dans  sa  plus  grande  hauteur,  sur  12  1/2  de  large. 

Sur  ce  chaton,  est  gravé  en  creux  un  monogramme,  fort  bien 
composé,  pour  l'explication  duquel  il  convient  de  i appeler  que  le 
bijou  appartenait  à  un  homme,  et  que  cet  homme  était  un  Germain. 

La  lettre  principale  du  monogramme,  celle  qui  tout  d'abord 
frappe  l'attention,  est  un  M    au  centre  et  au  bas  duquel  il  y  a  un 

1.  M.  Vaillant  a  constaté  que  les  ensevelissements  n'avaient  été  t'ails  ni  dans 
un  cercueil  de  bois,  ni  dans  une  auge  de  pierre,  mais  à  même  dans  la  terre, 
sans  suaire,  linceul  ou  peau.  Les  tètes  sont  à  l'ouest,  les  pieds  à  l'est.  Quelques 
corps  sont  ramassés  sur  eux-mêmes,  cuisses  et  coudes  rapprochés,  mais  géné- 
ralement ils  sont  étendus  tout  du  long.  Op.  cit.,  p.  3. 

2.  Op.  cit.,  p.  13.  Voici  la  description  du  triens  :  Au  droit  :  buste  impérial 
avec  la  légende  D.  N.  IVSTINVS  PP  A  VG.  —  Au  revers  :  Victoire  offrant,  une 
couronne;  le  différent  de  Rome,  formé  des  lettre  RM  A  réunies  en  monogramme, 
avec  une  étoile  dans  le  champ;  en  légende  circulaire  VICTORIA  AAVGG. 
Cette  légende  indique  la  date  de  527,  où  Justin  avait  associé  Justinien  à  rem- 
pire.  (Ubi  supra,  p.  14.) 

3.  M.  Vaillant  n'en  fait  aucun  doute  (ibid.,  p.  5).  En  tous  cas,  il  ne  peut  être 
ici  question  des  Goths,  qui  ne  dépassèrent  guère  les  rives  de  la  Loire;  et  s' 
quelques-uns  étaient  montés  jusqu'au  Boulonnais,  il  n'en  serait  pas  resté  d'ag- 
glomération après  la  défaite  de  Vouillé  (507}.  Or,  nous  sommes  à  une  époque 
postérieure  à  518  et  même  à  527. 

4.  M.  Vaillant  n'a  vu  dans  le  monogramme  qu'un  M  et  un  Q,  qu'il  a  renoncé 
à  interpréter.  Loc  cit.,  p.  8. 


DES  PREMIERS   SIÈCLES   DU  MOYEN  AGE 


203 


A;  puis  doux  R,  l'un  à  droite  du  lecteur  dans  le  sens  normal,  l'au- 
tre à  gauche  dans  le  sous  rétrograde;  enfin  le  O  du  milieu,  ensem- 
ble le  nom  germanique  de  : 

MARRO 

qui  est  celui  d'au  personnage  mentionné  dans  une  charte  de  865  '. 
On  trouve  aussi,  dans  une  chronique  du  ixe  siècle,  le  vocable  ger- 
manique Maro*,  mais  celui-ci  ne  remplit  pas,  comme  Marro,  la 
condition  essentielle  d'utiliser  les  deux  R  de  notre  monogramme. 

DIOCÈSE  DE  LA  ON 


CLXXXVI 

anneau  sigillaire  de  la  reine  lierteildis  (628-638),  trouvé  a  laon 

(aisne) 


L'anneau  figuré  à  cette  place,  après  avoir  appartenu  successi- 
vement à  M.  J.  Charvet  et  à  M.  le  vicomte  de  Ponton  d'Amécourt, 

1.  Dans  Mabillon,  Du  re  diplomatica,  cité  par  Fôrstemann,  Penonmnamcn 
col.  908. 

2.  Hugon.  Chrome,  dans  Pertz,  Mnnum.  Gcrman.  histor.,  t.  X,  p.  319.  Le  ra- 
dical mur  est  entré  dans  la  composition  d'un  très  grand  nombre  de  noms  pro- 
pres masculins,  tels  que  Ago-mar,  Dallo-mar,  Drut-mar,  Sigo-mar,  etc.  Voir  dans 
Fôrstemann,  op.  cit.,  col.  907-908. 


204 


ÉTUDE   SUR  LES  ANNEAUX 


a  passé  dans  la  collection  de  feu  le  baron  Pichon.  Il  est  d'or  pur, 
et  a  19  millimètres  d'ouverture;  son  chaton,  de  forme  ronde  un 
peu  irrégulière  et  de  14  millimètres  de  diamètre,  est  appliqué  sur 
la  tige,  et,  suivant  une  coutume  très  répandue  à  l'époque  mérovin- 
gienne, l'orfèvre  avait  soudé  aux  points  de  jonction,  des  globules 
ou  cabochons  en  or,  dont  un  seul  est  resté  en  place. 

Le  chaton  est  orné  d'un  monogramme,  autour  duquel  est  ins- 
crit, avec  une  croisette  et  en  lettres  rétrogrades  : 

+  BERTEILDI^  '• 

Quant  au  monogramme,  notre  éminent  et  regretté  confrère,  A. 
de  Longpérier,  en  a  donné  l'explication  suivante  :  «  La  légende 
circulaire  consistant  en  un  nom  propre,  le  monogramme,  dit-il 
dans  une  communication  faite,  en  1870,  à  l'Académie  des  inscrip- 
tions2, doit  représenter,  non  plus  un  nom,  mais  un  titre,  et  l'on 
doit  d'autant  mieux  s'arrêter  à  cette  idée,  que  l'on  connaît  diverses 
monnaies  sur  lesquelles  les  titres  REX,  DVX,  MARCHIO,  COMES, 
EPS  (episcopus),  en  toutes  lettres  ou  en  monogrammes,  occupent 
la  place  centrale,  et  sont  entourés  par  des  caractères  disposés  en 
cercle  et  formant,  les  noms  des  personnages  qui  portaient  ces  ti- 
tres. »  A.  de  Longpérier  ayant  lu,  dans  le  monogramme  de  la  ba- 
gue dont  il  s'agit,  le  mot  RETiNA,  en  conclut  que  c'était  là  un  ca- 
chet de  Berlilde,  l'une  des  femmes  de  Dagobcrt  Ier  (628-G38) 3. 

On  aurait  donc  pour  l'ensemble  des  caractères  inscrits  sur  notre 
bague  : 

+  BERTEILDIS  RESINA- 

Cette  interprétation  et  cette  attribution  nous  paraissent  d'autant 

1.  J'avais  lu  d'abord,  comme  A.  de  Longpérier,  Bertildis  (Rev.  archéol., 
ann.  1886,  t.  II,  p.  141);  mais,  à  la  suite  d'une  observation  de  mon  savant  con- 
frère, E.  Le  Riant,  j'ai  reconnu  que  la  leçon  Berteildis  était  préférable  (Ibid., 
ann.  1893,  t.  I,  p.  269). 

2.  Comptes  rendus  de  VAcad.  des  inscr.  et  belles-lett.,  nouvelle  série,  t.  VI 
(année  1870),  p.  316-318;  Œuvres  complètes  rf'  Ad.  de  Longpérier,  réunies  et  mises 
en  ordre  par  G.  Schlumberger,  t.  VI,  p.  45-48. 

3.  Elle  est  mentionnée  dans  la  Chronique  de  Frédégaire,  cap.  lx  :  «  Luxu- 
piae  supra  modum  deditus  (Dagobertns)  1res  babebat,  ad  instar  Salomonis,  re- 
ginas,  maxime  et  plurimas  concubinas.  Reginœ  vero  erant  Nantechddis  (var. 
Nanthildis).  Vulfegundis  (var.  Vulûgundis)  et  Berchildis  (var.  Berthildis.  »  lïou - 
quel,  Hislor.  de  France,  t.  II,  p.  437. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  RU  MOYEN  AGE 


205 


mieux  fondées  que,  avant  de  connaître  le  travail  de  Longpéricr  et 
la  solution  qu'il  avait  trouvée,  nous  étions  nous-raème  arrivé  à  un 
résultat  identique. 

Au  sujet  de  la  forme  du  nom  qui  est  ici  privé  du  H  à  la  suite  du 
T,  Longpéricr  fait  les  réflexions  suivantes  :  «  La  bague,  que  son 
style,  que  sa  forme  ne  permettent  pas  de  faire  descendre  au  delà 
du  vnc  siècle,  prouve  qu'au  temps  des  mérovingiens,  le  caractère 
H  pouvait  être  omis.  L'irrégularité  orthographique  était  alors  ex- 
trême ;  c'est  ainsi,  pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  que  les  monnaies 
d'or  de  Clotairc  II  (584-628)  portent  tantôt  CHLOTARIVS  et  tantôt 
CLOTARIVS,  et  qu'un  tiers  de  sou  du  même  prince,  frappé  à  Em- 
brun, présente  la  légende  CHLOTHACHARI VS  RIXavee  trois  H  '.  » 

CLXXXVI  bis 


BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  THOUVÉE  l'KÈS  DE  LA  ON  (aISNe) 


Cette  bague  en  bronze,  inédile,  qui  provient  des  environs  de  la 
ville  de  Laon,  appartient  à  M.  J.  Pilloy,  qui  l'a  acquise  en  1895*. 

Elle  a  22  millimètres  d'ouverture,  mesurés  entre  le  chaton  et  la 
partie  opposée,  20  seulement  entre  les  deux  côtés. 

La  tige,  bombée  à  l'extérieur  avec  une  arête  aiguë,  a  8  millimè- 
tres 1/2  de  grosseur  près  du  chaton,  et  va  en  diminuant  jusqu'à 
n'avoir  que  2  1/2  millimètres  dans  le  sens  opposé. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  mais  coupée  à  droite  et  à  gauche,  a 
15  millimètres  de  haut  sur  14  de  large;  il  est  accosté  des  trois  ca- 
bochons si  usités  dans  l'orfèvrerie  mérovingienne,  entaillés  dans 
le  métal  et  groupés  en  feuille  de  trèfle. 

Le  chaton  est  décoré  d'un  monogramme,  où  l'on  distingue  aisé- 

1.  Ubi  supra. 

2.  Lettre  de  M.  Pilloy,  du  13  janvier  1896. 


206 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


ment  un  h  dont  les  deux  hastes  sont  reliées  par  un  trait  horizontal 
plus  marqué  que  les  autres  et  qui  montre  bien  sa  destination;  au 
bas  un  Y  très  apparent,  coupé  par  la  barre  horizontale  inférieure 
d'un  L,  et  le  N,  ce  qui  donne,  pour  l'ensemble,  HYLN  et  avec  le  re- 
doublement du  Y, 

HYLYN- 

On  lit,  dans  Lacomblet,  à  l'année  1045,  la  mention  d'un  per- 
sonnage nommé  Hylin1. 

M.  Pilloy  serait  porté  à  croire  que  le  petit  monument  qui  nous 
occupe  est  de  l'époque  carolingienne  :  il  a  vu  dans  les  deux  grou- 
pes de  cabochons  notés  plus  haut,  une  transformation  des  trois  ca- 
bochons mérovingiens  en  tête  d'animal  ressemblant  à  celles  qui 
sont  sculptées  dans  des  églises  des  x°  et  xie  siècles  sur  les  corbeaux 
pendants  servant  d'entablements;  il  a  signalé  en  outre  l'analogie 
du  monogramme  avec  ceux  des  diplômes  carolingiens. 

J'avais  moi-même  remarqué  la  forme  et  le  mode  de  combinaison 
des  caractères  du  monogramme  qui  pouvaient  être  des  raisons 
de  douter  de  l'origine  mérovingienne  de  notre  anneau.  Mais  je  ne 
partage  pas  l'opinion  du  savant  archéologue  de  Saint-Quentin  re- 
lativement aux  trois  cabochons  qui  accostent  le  chaton.  J'ai  ren- 
contré dans  la  longue  série  des  anneaux  incontestablement  méro- 
vingiens des  vie  et  vne  siècles,  de  si  nombreux  exemples  d'entailles 
absolument  semblables  à  celles  de  notre  bague,  que  je  n'hésile  pas 
a  assigner  à  celle  ci  la  même  dalc.  et  je  ne  doute  pas  que  M.  Pil- 
loy, s'il  avait  connu  ces  exemples,  partagerait  mon  sentiment  à 
cet  égard.  Il  est  d'ailleurs  assez  naturel  de  concilier  ce  jugement 
avec  ce  qui  est  dit  plus  haut  touchant  la  Corme  du  monogramme, 
en  admettant  que  le  bijou  en  question  a  été  confectionné  au 
vine  siècle,  aux  derniers  temps  de  la  première  dynastie,  aux  appro- 
ches de  l'avènement  de  Pépin  de- Bref. 

i.  Niederrheinisdies  urhunderbuch,n<>  180;  cité  par  Fdrstemann,  Pcrsonenna- 
men, col.  (583.  Fôrslcmann  rapporte,  au  même  endroit,  la  mention  d'un  person- 
nage appelé  Rillin  dans  la  chronique  de  Milan  au  ix°  siècle  (Perte.  SS.,  t.  VI, 
p.  89,  et  Wigand,  Tradition.  Carbeiens.,  306).  Il  y  a.  dans  Pardessus,  une  charte 
de  l'an  704  écrite  et  souscrite  par  le  prêtre  Elduynus  (Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p.  266) 
en  sorte  que  nous  avons  ainsi  des  exemples  de  l'emploi  du  Y  dans  la  première 
et  dans  la  dernière  syllabe  du  mot. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


207 


CLXXXVII 

BAGUE  DONT  LE  CHATON  MOBILE  EST  UN  SOU  d'or,  TROUVÉE  DANS  LE  CANTON 
DE  NEUFCHATEL   (AISNE)  1 


La  bague  que  je  reproduis  ici  a  été  découverte,  il  y  a  trente-sept 
ans.  M.  Pilloy  ne  sait  ce  qu'elle  est  devenue  ;  mais  il  avait  conservé 
et  m'a  remis  un  excellent  moulage  en  plomb  de  Vaureus  (sou  d'or), 
qui  servait  de  chaton.  Cet  aureas  était  enchâssé  entre  les  deux 
branches  de  l'anneau,  auxquelles  il  restait  fixé  par  deux  tenons  ou 
pivots,  sur  lesquels  il  tournait,  formant  ainsi  un  double  chaton. 

Cette  médaille,  entourée  d'un  cercle  perlé,  porte,  au  droit,  l'ef- 
figie et  le  nom  de  Lucius  Vérus,  qui  fut  associé  à  l'empire  et  fait 
Auguste  par  Marc-Aurèle  en  l'an  161  2.  Au  revers,  sont  repré- 
sentés les  deux  princes,  debout  ,  se  donnant  la  main  :  et  en  légende 
circulaire  Concordia  Augustorum. 

Cette  sorte  de  chaton  tournant  est  accostée,  sur  ses  deux  faces, 
aux  deux  points  de  soudure  avec  les  tenons,  de  deux  globules 
ou  cabochons  de  métal,  de  manière  que,  quel  que  fût  le  côté  rendu 
visible  par  le  pivotement,  elle  se  présentait  avec  les  mêmes  orne- 
ments. 

CLXXXVlil 

BAGUE  AVEC  CROIX  DE  SAINT-ANDRÉ,  PROVENANT  d'aNGUILCOUKT-LE-SAUT 

(aisne) 3 

Cette  bague,  en  potin,  inédite,  trouvée  en  1896, dans  une  sépul- 

1.  Le  canton  de  Neufchâtel  dépend  de  l'arrondissement  de  Laon. 
2„  L.  Vérus  mourut  à  la  fin  de  169. 

3.  Anguilcourt  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  La  Fère,  arroud. 
de  Laon. 


2U8 


ÉTUDE  SUK  LES  ANNEAUX 


turc  féminine  du  cimetière  d'Anguilcourt-le-Sart,  appartient  à  la 
collection  de  M.  Th.  Eck  '. 

Elle  a  près  de  i8  millimètres  d'ouverture  :  la  largeur  de  la  tige 
est  de  7  millimètres  près  du  chaton,  de  5  du  côté  opposé. 


*£3Z  

^-s^  _ 

Ce  chaton,  de  17  à  18  millimètres  de  long  sur  7  à  8  de  haut,  offre 
au  centre  une  croix  de  Saint-André,  en  pointillé,  cantonnée  de  traits 
également  en  pointillé  ;  à  droite  et  à  gauche  des  demi-cercles  op- 
posés au  sommet  et  formés  de  la  même  manière. 

CLXXXIX 

ANNEAU  AVEC  CROIX,  PROVENANT  d'aCHERY-MAYOT  (aISNë)  5 


Cet  anneau  en  argent,  inédit,  a  été  trouvé,  en  1896,  dans  une 
tomhc  de  femme  du  cimetière  mérovingien  d'Achery-Mayot 3  ;  il  ap- 
partient à  M.  C.  Boulanger, ancien  notaire  à  Péronne  (Somme).  11 
a  18  à  19  millimètres  d'ouverture:  la  lige  large  de  3  millim.  1/2  est 
un  demi-jonc, aplati  sur  une  longueur  de  10  millimètres  pour  for- 
mer chaton.  Sur  ce  chaton  une  croix  à  larges  bras,  gravée  en  graffi  I  i . 

1.  M.  Eck,  d'après  les  dessins  et  les  notes  de  qui  nous  reproduisons  et  décri- 
vons ce  bijou,  nous  fait  connaître  que  la  pluparl  des  sépultures  féminines  de 
ce  cimetière  renfermaient  un  anneau  simple  ou  une  bague  plus  ou  moins  riclie. 

2.  Achery-Mayot  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  La  Fère,  arrond. 
de  Laon. 

3.  La  même  tombe  contenait  :  sur  la  poitrine  de  la  défunte  deux  petites  fibules 
rondes  en  argent,  ornées  de  verroteries  rouges;  au  cou  quelques  perles  de  col- 
lier; aux  pieds  une  coupe  de  verre  blanc. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


209 


autre  bague  avec  cabochon  de  vekke  jaune,  trouvée  a  aciiery'-m  a  yot 

(aisne) 


Voici  une  bague  en  argent,  inédite,  trouvée  comme  la  précé- 
dente, en  1896,  dans  une  sépulture  féminine  d'Achery-Mayot  :  elle 
appartient  à  la  collection  de  M.  Th.  Eck 

Elle  a  20  millimètres  d'ouverture.  La  tige  a  o  millimètres  près  du 
chaton,  4  du  côté  opposé.  Le  chaton  est  une  petite  cuvette  ronde, 
ménagée  à  même  le  métal  dans  laquelle  est  serti  un  morceau  de 
verre  jaune  taillé  en  cabochon  \ 

GXCI 

BAGUE  PROVENANT  DE  LUCY-RIBEMONT  (AISNE)  3 


Cette  bague  en  bronze, inédite,  a  été  trouvée  en  1888,  à  l'index 
de  la  main  gauche  d'une  femme,  dans  le  cimetière  franc  de  Lucy- 
Ribemont  *.  Elle  appartient  au  Musée  de  Saint-Quentin. 

1.  M.  Eck,  dans  une  note  qu'il  m'a  adressée  en  même  temps  que  le  dessin  du 
bijou,  dit  que  la  majeure  partie  des  tombes  du  cimetière  d'Achery  sont  assuré- 
ment du  ve  et  du  vie  siècle. 

2.  M.  Eck  croit  que  ce  cabochon,  si  usité  au  vne  et  au  vmc  siècle,  indiquerait 
que  l'inhumation  du  sujet  qui  nous  occupe  serait  postérieure  à  l'époque  t'ranque 
qui  ne  produisait,  dit-il,  que  des  pierres  façonnées  à  plat  ou  en  table. 

3.  Lucy  est  un  hameau  dépendant  de  la  commune  et  du  canton  de  Hibemont, 
arrondissement  de  Saint-Quentin. 

4.  Le  même  doigt  de  la  défunte  portait  un  anneau  demi-jonc  en  argent  fin; 

14 


210 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Elle  a  17  millimètres  d'ouverture  ;  la  tige  large  de  7  millimètres 
près  du  chaton,  n'a  que  2  millimètres  1/2  du  côté  opposé- 

Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  formé  de  deux  degrés  super- 
posés (le  degré  supérieur  en  retrait),  avec  un  relief  de  4  millimètres 
et,  à  sa  surface,  une  verroterie  blanche  façonnée  en  table. 

CXGII 

BAGUE  AVEC  INSCRIPTION,  PROVENANT  DE  BEAURA1N  (AISNE) 


.  Cette  bague  a  été  trouvée,  au  cours  de  fouilles  opérées  durant 
les  mois  de  mars  et  d'avril  1892,  dans  le  cimetière  mérovingien  de 
Beaurain  1  et  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Ernest  de  Chauvenet, 
de  Saint-Quentin 2. 

Elle  est  en  argent.  Elle  a  18  millimètres  d'ouverture;  la  hau- 
teur de  la  tige  près  du  chaton  est  de  7  millimètres,  de  5  du  côté 
opposé. 

Ce  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  et  de  forme  irrégulière,  a 
6  1/2  millimètres  de  haut  sur  12  1/2  de  large.  Il  porte,  gravées  en 
creux,  les  quatre  lettres  suivantes  : 

DERI 

qui  nous  donnent  le  nom  ou  peut  être  une  partie  seulement  du  nom 
de  la  personne  propriétaire  de  l'anneau. 

Nous  ne  connaissons  pas  d'exemple  du  vocable  Denis  ou  Derius. 

à  côté  de  cette  main  il  y  avait  un  anneau  en  bronze  d'assez  grand  diamètre,  et 
une  perle  d'ambre  suspendue  à  un  petit  anneau  de  bronze,  faisant  office  de 
bélière.  Aux  pieds  un  vase  noir  et  un  silex  roulé,  parfaitement  rond  (Note  de 
M.  Th.  Eck). 

1.  Beaurain  est  un  hameau  dépendant  de  la  commune  de  Flavigny-Ie-Grand, 
canton  de  Guise,  arrondissement  de  Vcrvins. 

2.  Nous  la  reproduisons,  ainsi  que  les  deux  suivantes,  d'après  les  dessins  de 
M.  Th.  Eck. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


211 


D'un  autre  côté,  le  faible  diamètre  de  la  bague  qui  nous  occupe 
(18  millimètres)  indique  qu'elle  était  à  l'usage  d'une  femme  ou 
d'une  jeune  fille,  ce  qui  donnerait  a  penser  que  la  légende  ne  re- 
présente que  les  premières  syllabes  du  nom. 

Parmi  les  témoins  d  une  charte,  passée  eu  .">72,  dans  le  dio- 
cèse du  Mans  »,  nous  voyons  figurer  un  abbé  appelé  Derriceus, 
mot  composé  sur  un  thème  semblable  à  notre  légende,  et  qui  a  pu 
servir  aussi  à  la  formation  d'un  vocable  féminin  Derricea  ou  De- 
ricea,  ou  tout  autre  analogue. 

CXCI11 

AUTRE  BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DE  UEAUliAIN  (aISNe) 


Cette  bague  en  argent,  recueillie,  comme  la  précé  lente,  dans 
une  des  tombes  féminines  du  cimetière  mérovingien  de  Bcaurain, 
appartient  à  M.  E.  de  Chauvenet. 

Elle  a  20  millimètres  d'ouverture  :  elle  est  formée  d'une  bande 
de  métal,  haute  de  i  l  millimètres,  près  du  chaton,  et  de  7  milli- 
mètres du  côté  opposé,  où  les  deux  bouts  de  la  lige  ont  été  soudés 
l'un  sur  l'autre. 

A  droite  et  à  gauche  du  chaton,  qui  est  pris  dans  la  masse,  sont 
grossièrement  gravés  les  traits  de  tètes  barbares  cl  des  croisettes 
à  brandies  égales  :  il  y  a  aussi  une  petite  croix  dans  un  cercle,  au 
point  de  soudure  de  la  lige. 

1 .  C'est  une  charte  par  laquelle  une  religieuse,  nommée  Hellia,  fait  un  par- 
tage de  biens  situés  dans  le  pagus  Cenomannicus .  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  I, 
p.  135-136. 


212 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Sur  le  plat  du  chaton  qui  est  un  carré  irrégulier,  de  H  millimè- 
tres 1/2  de  haut  sur  15  de  large,  ou  voit  un  monogramme  com- 
posé d'un  E,  de  deux  L,  dont  l'un  est  renversé,  et  d'un  |  en  travers 
duquel  est  posé  un  S,  ce  qui  nous  donne  le  nom  de  ELLIS,  qui  fut 
porté,  au  xuc  siècle,  par  un  archidiacre  de  la  basilique  de  Saint- 
Pierre  '. 

En  outre,  le  S,  par  sa  position  sur  le  |,  au  centre,  du  mono- 
gramme, représente,  comme  nous  l'avons  remarqué  bien  des  fois, 
les  initiales  de  Signavi-  Nous  avons  ainsi,  pour  l'ensemble  de  l'in- 
scription : 

ELLIS  S\{gnavi). 
CXCIV 

AUTRE  BAGUE  PROVENANT  DE  REAURAIN  (aISNe) 


Ce  bijou,  trouvé,  comme  les  deux  précédents,  dans  une  sépul- 
ture féminine  à  Beaurain,  fait  partie  de  la  collection  de  M.  E.  de 
Ghauvenet. 

Il  a  18  millimètres  d'ouverture;  la  tige  à  2  millimètres  1/2  d'é- 
paisseur. 

Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige,  et  de  forme  ronde,  à  18  milli- 
mètres de  diamètre.  11  porte,  gravées  en  creux,  des  lignes  bizarres 
et  des  globules  qui  n'ont  aucune  signification  et  n'avaient  appa- 
remment d'autre  but  que  de  former  le  sigillum  de  la  personne  pro- 
priétaire de  l'anneau. 

1.  Voir  dans  Tanner,  Biblioth.  Brit.-Hib.,  p.  260.  Il  y  a  aussi  une  forme  de 
nom  germanique  Elli  (Forstemann,  Personennamen,  col.  373). 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 

PROVINCE  VIENNOISE 

DIOCÈSE  DE  GENÈVE 


213 


cxcv 

ANNEAU  AVEC  LE  S  BARRÉ  (?)  ET  t'iNITIALE  E,  TROUVÉ  A  GENÈVE 


Voici  une  bague  en  étain,  qui  a  été  trouvée,  en  1884,  dans  le  lit 
du  Rhône,  à  Genève,  au  cours  de  travaux  exécutés  en  vue  d'utiliser 
les  eaux  du  fleuve  comme  force  motrice.  Elle  appartient  au  Musée 
archéologique  de  Genève'  et  a  été  publiée  successivement  par 
M.  J.  Gosse  en  1890',  par  moi-même  en  1893",  et  en  dernier  lieu  par 
M.  J.  Mayor4. 

La  tige  élant  très  déformée,  l'ouverture  de  l'anneau  ne  peut  être 
mesurée  exactement;  elle  a,  entre  le  chaton  et  le  côté  opposé,  13  mil- 
limètres seulement  et  23  millimètres  dans  l'autre  sens.  Au  point 
où  commence  le  chaton,  qui  est  pris  dans  la  masse,  il  y  a,  à  droite 
et  à  gauche,  trois  globules  ou  cabochons  peu  distincts  et  disposés 
en  feuille  de  trèfle. 

Le  chaton,  creusé  en  forme  de  cuvette  ronde,  a  18  millimètres 
de  diamètre  ;  on  y  voit  gravés  au  centre,  deux  traits  posés  en  travers 
l'un  de  l'autre  et  qu'il  est  difficile  de  définir5,  mais  que,  si  l'on  tient 
compte  de  la  barbarie  du  travail  et  conséquemment  de  l'ignorance 
de  l'artisan,  on  doit,  je  crois,  regarder  comme  une  grossière  imi- 

1.  Elle  est  cotée  E,  276  sur  le  catalogue  mss.  de  ce  Musée. 

2.  Rapport  sur  divers  objets  trouvés  dans  le  Ht  du  Rhône,  in— fol. ,  p.  6,  pl.  III, 
fig.  31. 

3.  Rev.  archéol.,  année  1893,  t.  I,  p.  271. 

4.  Rev.  archéol,,  année  1893,  t.  II,  p.  102.  Nous  reproduisons  ici  les  dessins 
que  M.  Mayor  en  a  donnés,  de  même  que  ceux  des  cinq  anneaux  suivants. 

5.  M.  Mayor  reste  indécis  entre  la  signification  d'un  C  et  d'un  !,  d'un  X  ou 
deux  C.  Ubi  supra. 


214 


ÉTUDE  SUR  DES  ANNEAUX 


tation  du  S  barré.  Aux  quatre  côtés  il  y  à  un  E,  dont  les  barres  ho- 
rizontales son!  tournées  vers  le  centre1.  Le  toul  est  encadré  dans 
un  filet,  doublé  d'un  cordon  de  grènetis.  La  lettre  E,  tracée  quatre 
lois,  esl  sans  aucun  doute  à  mes  yeux  (et  quel  que  soit  le  sens  des 
caractères  du  centre)  l'initiale  de  la  personne  propriétaire  de  ce 
bijou,  lequel  servait  a  sceller  sa  correspondance  ou  les  actes  dans 
lesquels  elle  figurait. 

C'est  un  exemple  à  ajouter  à  ceux  que  nous  avons  signalés,  de 
l'emploi  de  l'initiale  redoublée  sur  le  chaton  des  anneaux  sigillaires". 


CXCVI 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVÉE  PRÈS  DE  GENÈVE 


Voici  une  bague  en  bronze,  trouvée  près  de  Genève  et  apparte- 
nant au  Musée  archéologique  de  cette  ville1. 

La  tige  étant  déformée  il  est  difficile  d'en  mesurer  exactement 
l'ouverture,  qui  est  de  19  à  20  millimètres';  elle  fait  une  légère 
saillie  sur  le  chaton. 

Le  chaton,  ménagé  dans  le  métal,  a  19  millimètres  de  large  sur 
7  dans  sa  plus  grande  hauteur.  Il  présente  un  monogramme  où 
l'on  voit,  au  centre  un  S  posé  en  travers  de  la  barre  intérieure  d'un 
N  ;  un  A  non  barré  formé  par  l'angle  inférieur  du  N  ;  un  V  formé 
par  l'angle  supérieur;  enfin  un  E;  ce  qui  nous  donne  SAVINE3,  gé- 

1.  M.  Mayor  a  vu  là  quatre  M  ou  deux  M  et  deux  T.  Mais  il  ne  me  paraît  pas 
douteux  que  les  quatre  caractères  sont  la  même  lettre  quatre  fois  répétée,  et 
que  cette  lettre  est  un  E. 

2.  Voir  ci-dessus  les  nos  XCVH,  GXXI,  CXXXV. 

3.  Cotée  E,  332  sur  le  catalogue  ms.  de  ce  Musée. 

4.  D'après  M.  J.  Mayor  (Rev.  archéol.,  ann.  1893,  t.  II,  p.  99),  dont  nous  re- 
produisons les  dessins,  préférables  à  ceux  que  nous  avons  donnés  (Rev.  arch., 
ann.  1893,  t.  I,  p.  272. 

5.  Il  est  mentionné  dans  le  testament  de  saint  Yrieix,  de  572  (Pardessus, 
Bipl.  et  ch.,  t,  I,  p.  139). 


DES    PREMIERS    SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE 


215 


ni! if  d'un  nom  usité  durant  le  haut  moyen  Age,  et  qui  fut  porto, 
dans  la  deuxième  moitié  du  rnp  siècle,  par  une  vierge  de  Troyes  que 
l'Église  honore'. 

Comme  sur  d'autres  anneaux,  le  S  du  centre  a  la  valeur  du  S 
barré,  abréviation  de  Signum.  Il  faut  donc  lire  : 


Voici  une  bague  en  argent  publiée  par  M.  R.  Forrer  dans  une 
brochure  où  il  a  été  décrit  divers  objets  recueillis  au  cours  de  fouil- 
les pratiquées  dans  l'ancienne  Panopolis3. 

1.  Voir  Surius,  Vitac  Sanctorum,  t.  VIII,  p.  327. 

2.  M.  J.  Mayor  (loc.  cit.)  considère  cette  leçon  comme  peu  vraisemblable, 
parce  que  «  SAVlNE  exige  la  présence  d'un  A,  qui  est,  dit-il,  au  moins  pro- 
blématique. »  Mais  cette  présence  n'a  rien  de  problématique,  car  le  A  non  barré, 
qui  est  d'un  emploi  usuel,  est  horizontalement  formé  par  l'angle  inférieur  de  N  ; 
en  tout  cas,  elle  n'est  pas  plus  problématique  que  le  V  que  le  savant  archéo- 
logue lit  dans  dans  l'angle  supérieur  de  la  même  lettre  pour  faire  le  nom  de 
VNE,  qui  parait  avoir  sa  préférence.  J'ai  cru  devoir  écarter  cette  dernière  in- 
terprétation à  cause  de  la  place  du  I,  qui  didère  ici  de  celle  qu'il  accepte  sur 
les  deux  anneaux  où  j'ai  lu  VNE  (nos  LX.XXVIII  et  CLXIV)  et  qui  implique,  à 
mon  sens,  un  emploi  autre  que  celui  de  la  première  voyelle  de  signum.  Quant 
aux  leçons  S\(gnum)  SENNll  ou  SENNIVS.  que  M.  Mayor  indique  subsi- 
diairement,  je  me  bornerai  à  faire  remarquer  qu'elles  exigeraient,  la  première 
le  redoublement  du  S,  celui  de  N  et  le  triple  emploi  de  I  ;  la  seconde  le  redou- 
blement de  S  et  de  N,  sans  parler  du  V,  qui,  dans  la  pensée  de  M.  Mayor,  doit 
être  problématique.  Cette  multiplicité  extraordinaire  d'emploi  de  plusieurs  let- 
tres n'est  guère  admissible  qu'en  cas  de  nécessité  absolue  et  à  défaut  d'expli- 
cation plus  simple,  ce  qui  n'est  pas  le  cas  présent  ;  il  convient  donc  de  s'en  tenir 
à  notre  leçon,  qui  laisse  à  chaque  caractère  sa  valeur. 

3.  Die  frùkchristichen  Alterthùmer  nus  dem  Grdbenf'eld  von  Achmin  Panopolis, 
in-8°,  Strasburg,  pl.  13,  fig.  7.  Cette  publication  m'a  été  obligeamment  signalée 
par  M.  J.  Gosse. 


Signum)  SAVlNE8. 


CXGVI  bis 


ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVE  A  MILAN  (ITALIE). 


216 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Elle  est  munie  d'un  chaton  de  forme  ronde,  qui  a  13  millimè- 
tres de  diamètre  et  qui  est  soudé  sur  une  tige  large  de  3  millimè- 
tres près  du  chalon. 

Dans  le  monogramme,  très  bien  forme,  qui  est  gravé  sur  la  sur- 
face, M.Forrer  a  lu  IRENE,  le  nom  féminin  au  génitif, qui  fut  porté 
par  tant  de  célèbres  personnages  de  l'antiquité  et  du  moyen  âge. 

Cette  interprétation  ne  me  paraît  pas  exacte.  Bien  qu'à  la  rigueur, 
on  puisse  attribuer,  à  la  haste  du  R  initial,  comme  l'a  fait  le  savant 
allemand,  la  valeur  d'uni,  il  ne  convient  de  le  faire  qu'à  défaut 
d'une  explication  plus  simple  et  qui  n'exige  point  l'emploi  de  ce 
procédé. 

Or,  cette  explication  plus  simple  est  facile  à  fournir.  En  laissant 
au  R  initial  la  valeur  que  l'artiste  paraît  avoir  voulu  lui  donner, 
on  voit,  au-dessous  de  la  boucle,  un  A  non  barré,  et  puis  les  deux 
lettre  |sj  E  pour  lesquelles  je  suis  d'accord  avec  M.  Forrcr  et  qui  ne 
sont  d'ailleurs  pas  douteuses;  et  l'on  a,  pour  l'ensemble,  le  mot 

RANE, 

génitif  de  Rana,  qui  fut  notamment  le  surnom  d'une  matrone  ro- 
maine, Callonia  Rana',  ou  bien  peut-être  un  vocable  germanique, 
formé,  sur  le  radical  Ran2,  par  addition  de  la  première  déclinaison 
latine3 . 

GXGVII 

ANNEAU  AVKC  INSCRIPTION  (T  ICI  A?),  TROUVÉ  A  LA  RALME  (nAIITE-SA  VOIE)  4 


Cet  anneau  de  bronze  et  les  quatre  suivants,  provenant  du  cime- 

1.  Corpus  Inscriptionum  lut  inarum,  t.  VIII,  n<>  5742. 

2.  Fôrstemann,  Personrnnamun,  col.  1031. 

3.  Un  capitulaire  de  Charlemagne  du  mois  de  février  802,  contient  la  mention 
d'un  personnage  appelé  Rano.  Pertz,  Monutn.  German.  histor.,  Leges,  t.  III, 
p.  90. 

4.  La  Balme  est  située  près  de  la  La  Hoche  en  Faucigny,  dépendant  de  l'ar- 
rondissement de  Ronneville. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


217 


tière  de  La  Balme,  appartiennent  au  Musée  archéologique  de  Ge- 
nève Ils  ont  été  décrits  en  1859  par  feu  H.  J.  Gosse  2  ;  par  moi- 
même  en  1892 5  et  par  M-  J.  Mayor  en  1893  \ 

Celui  qui  figure  en  tète  de  la  présente  notice  a  19  millimètres 
d'ouverture  entre  le  chaton  et  le  côté  opposé,  18  seulement  dans 
l'autre  sens. 

Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  un  carré  long  de  12  millimètres 
sur  7  de  haut.  La  tige,  qui  a  7  millimètres  près  du  chaton,  va  en  di- 
minuant à  mesure  qu'elle  s'en  éloigne  ;  elle  est  ornée  d'intaillcs 
assez  grossièrement  exécutées. 

Sur  le  chaton,  on  voit,  précédés  d'une  croisette,  un  C,  un  grand 
I  posé  obliquement,  puis  un  A,  à  l'intérieur  duquel  il  y  a  peut-être 
un  V;  au-dessus  de  ces  caractères,  un  trait;  au-dessous  une  hase 
munie  de  quatre  supports. 

Quand  j'ai  publié,  pour  la  première  fois  ce  bijou3,  j'ai  déclaré 
n'avoir  aucune  explication  à  proposer  pour  cette  inscription,  «  dont 
plusieurs  lettres,  ajoutais-je,  sont  douteuses  ». 

M.  J.  Major,  le  savant  conservateur  du  Musée  Fol  à  Genève,  après 
avoir  mentionné  les  trois  ou  quatre  lettres  que  j'avais  relevées  sur 
le  chaton,  a  cru  y  trouver  le  nom  de  TICIA  ou  de  TISIA. 

«  La  syllabe  Tl  est,  dit-il",  formée  par  le  sigle  très  usité  +,  qui 
remplit  en  même  temps  le  rôle  de  croisette  initiale  ;  viennent  en- 
suite les  lettres  CIA.  On  peut  lire  aussi  TISIA,  le  deuxième  carac- 
tère se  rapprochant  aussi  bien  d'un  S  cursif  que  d'un  C-  Le  fameux 
autel  de  Minerve  (Hérault)  dédié  par  saint  Rustique  en  4o6,  porte 
parmi  la  multitude  fie  noms  qu'y  ont  gravés  les  pèlerins,  celui 
de  Tisia 7.  » 

Bien  que  l'emploi  de  la  croisette  avec  la  valeur  de  Tl  ne  soit  pas 
très  fréquent,  comme  le  dit  M.  Mayor,  je  ne  me  refuserai  pas  à  l'ad- 
mettre ici,  au  moins  conjecturalement,  pour  la  formation  de  la 
première  syllabe  de  TICIA. 

1.  L'anneau  décrit  ici  est  coté  E,  433  sur  le  catalogue  ms.  du  Musée. 

2.  Mém.  de  la  Soc.  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève,  t.  XI,  p.  89. 

3.  Rev.  arch.,  ann.  1892,  t.  I,  p.  182. 

4.  Ibid.,  ann.  1893,  t.  II,  p.  90. 

5.  Eev.  arch.,  loc.  cit. 

6.  Rev.  arch.,  année  1893,  t.  II,  p.  9t. 

7.  Le  Blant,  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  t.  II,  n°  609,  pl.  LXXXIII,  fi»  85. 


218  ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 

Mais,  quant  à  la  leçon  TISIA,  elle  me  semble  d'autant  moins  ac- 
ceptable que  le  caractère  qui  suit  la  croisette  (=  Tl)  no  peut  guère 
être  qu'un  C  et  non  un  S. 


GXGVIII 

autre  baoue  avec  verroterie  au  chaton,  provenant  de  la  balme 
(haute-Savoie)' 


Cette  bague  en  bronze,  recueillie  dans  la  sépulture  d'un  enfant, 
a  18  millimètres  d'ouverture. 

Le  chaton,  soude  sur  la  tige,  est  une  plaque  ronde  avec  bordure 
de  cabochons  taillés  dans  le  métal,  où  l'on  a  serti  un  morceau  de 
verroterie  bleue.  M.  Gosse  a  signalé  une  particularité  qui  ne  paraît 
pas,  dit-il,  avoir  été  encore  notée.  «  La  plaque  en  bronze  du  eba- 
ton,  au  lieu  d'être  simplement  polie,  était  argentée  et  jouait  le  rôle 
du  paillon  que  l'on  met,  de  nos  jours,  sous  les  imitations  de  pierres 
précieuses,  afin  de  leur  donner  plus  d'éclat ?.  » 

CXC1X 

AUTRE  BAflUE  AVEC  VERROTERIE,  PROVENANT  DE  LA  BALME  (iIAUTE-SAVOÎE  3) 

Cette  bague  a  été  recueillie,  avec  la  précédente,  dans  la  tombe 
d'un  enfant.  Elle  a  également  18  millimètres  d'ouverture.  Le  cha- 
ton, soudé  sur  la  tige,  est  composé  d'une  plaque  de  bronze  striée 

1.  Cet  anneau  est  coté  E,  431  sur  le  catalogue  ms.  du  Musée  de  Genève. 

2.  Ubi  supra,  p  91.  —  Nous  avons  noté  plus  haut(n°  CXI),  à  propos  d'un  an- 
neau provenant  des  environs  de  Namur,  l'emploi  d'un  paillon  de  mêlai  doré  et 
quadrillé  sous  une  verroterie  imitant  une  pierre  précieuse.  Ce  procédé  était  donc 
assez  usité  à  l'époque  gallo-l'ranque. 

3.  Ce  bijou  est  coté  E,  432  sur  le  catalogue  précité. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  219 

de  façon  à  imiter  un  cordon  de  cabochons,  et  au-dessus  de  laquelle 
est  fixé  un  cercle  du  même  métal,  où  l'on  a  serti  un  morceau  de  • 
verroterie  verte. 


Le  chaton,  de  forme  irrégulière,  presque  rond,  a  19  millimètres 
de  large  sur  12  de  hauteur  ;  son  relief  total  au-dessus  de  la  baguette 
est  de  7  millimètres. 

GG 

AUTRE  ANNEAU  PROVENANT  DE  LA  BALME  (nAUTE-SA VOIE)  1 


Voici  un  anneau  en  bronze,  de  petite  dimension  (16  à  17  milli- 
mètres seulement  d'ouverture). 

La  tige  est  plate,  et  le  chaton,  ménagé  à  môme  le  mêlai,  qui  a 
été  simplement  élargi  et  légèrement  renflé  à  cet  endroit,  est  un 
ovale  irrégulier  de  S  à  6  millimètres  dans  sa  plus  grande  hauteur. 

Dans  un  cadre,  qui  a  la  forme  d'un  D  dont  la  panse  serait  très 
allongée,  on  voit  un  trait  courbe  assez  fortement  buriné,  mais  qui 
ne  parait  pus  avoir  la  valeur  d'un  caractère  alphabétique,  et  auquel 
nous  ne  pouvons,  dans  tous  les  cas,  attacher  aucune  signification. 

GGI 

anneau  décoré  de  cercles  concentriques,  provenant  de  la  balme 
(haute-savoie)* 

C'est  un  simple  cercle  de  bronze,  formé  d'une  tige  ronde,  et  qui 

1.  Cet  anneau  est  coté  E,  426  sur  le  susdit  catalogue. 

2.  Cet  anneau  est  coté  E,  430  sur  le  susdit  catalogue. 


220  ÉTUDE  SUR  DES  ANNEAUX 

n'a.  comme  les  bagues  ci-dessus  décrites,  qu'une  très  faible  ouver- 


ture (16  1/2  millimètres;,  ce  qui  indique  qu'il  était  fait  pour  une 
jeune  fille  ou  un  enfant. 


CCII 

anneau  avec  monogramme,  trouvé  près  de  pérh'.mkrou  de  bons 
(haute-Savoie)1 


Voici  un  anneau  d'or,  qui  appartient,  comme  le  précédent,  au 
Musée  archéologique  de  Genève2.  11  a  20  millimètres  d'ouverture 
mesurés  entre  le  chaton  et  la  partie  opposée,  19  millimètres  dans 
l'autre  sens.  La  lige  est  un  simple  fil  d'or  rond,  qui  s'aplatit  pour 
se  prolonger  sous  le  chaton  en  deux  pattes  à  deux  volutes  sur 
lesquelles  le  chaton  est  soudé. 

Il  y  avait  primitivement  à  droite  el  à  gauche  du  chaton,  deux 
cabochons  également  soudés  sur  la  tige  et  dont  un  a  disparu  de 
chaque  côté. 

Le  chaton  esl  une  plaque  de  métal  de  forme  assez  irrégulière, 
mais  à  peu  près  ronde,  dont  le  diamètre  est  de  13  millimètresentre 
ses  côtés,  de  15  dans  sa  plus  grande  bailleur;  il  est  décoré  d'un  mo- 

1.  D'après  M.  Mayor,  on  ignore  quel  est  celui  de  ces  deux  villages  où  le  bijou 
a  été  trouvé  (Rev.  urchcol.,  ann.  1893,  t.  II,  p.  101).  L'un  et  l'autre  dépendent 
de  l'arrondissement  de  Tlionon. 

2.  Il  est  coté  E,  316  sur  le  catalogue  ms.  de  ce  Musée. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


221 


nogramme  dans  lequel  j'ai  distingué,  à  droite  (du  lecteur),  quand 
je  l'ai  publié  pour  la  première  fois',  un  F  mérovingien  (h),  au 
sommet,  un  A  avec  un  V  à  l'intérieur,  un  S,  un  T  surmontant 
le  A,  un  |  et  un  N  au  centre,  et  enfin  le  E  terminal  de  gauche. 
Ces  lettres  forment  le  génitif  du  nom  de  FAVSTINA,  qui  fut 
usité  dans  le  haut  moyen  âge,  de  même  que  dans  l'antiquité,  et 
porté  par  plusieurs  saintes  femmes  que  l'Église  honore2,  notam- 
ment par  sainte  Faustine,  vierge,  morte  vers  580 \  J'ajoute  que 
le  S  barré  du  centre  du  monogramme  a  ici,  comme  dans  beaucoup 
d'autres  anneaux,  la  valeur  de  l'abréviation  de  Signum;  c'est 
pourquoi  nous  lisons  : 

S\{gnum)  FAVSTINE4. 

cein 

BAGUE  DE  VANDEREMARVS,  TROUVÉE  A  ALBENS,  DÉPARTEMENT  DE  LA  SAVOIE 

Cette  intéressante  bague,  qui  appartient  au  Musée  de  Chambéry, 
est  ici  reproduite  d'après  les  dessins  que  nous  a  très  obligeamment 
adressés  M.  J.  Daisoy,  conservateur-adjoint  du  dit  Musée. 

1.  Rev.  archol.,  année  1893,  t.  I,  p.  273. 

2.  Bolland.  Acta  SS.,  mens,  febr.,  t.  II,  p.  824  et  mens,  jul.,  t.  II,  p.  680. 

3.  Ibid.,  mens,  jan,  t.  II,  p.  196.  Le  testament  de  saint  Yrieix  de  572  contient 
le  nom  d'un  affranchi  du  saint  abbé  appelé  Faustinus  (Pardessus,  Dipl.  et  ch., 
t.  I,  p.  138). 

4.  M.  J.  Mayor  (Rev.  archeul.,  loc.  cit.,  p.  100)  a  contesté  l'exactitude  de  cette 
interprétation  :  «  11  n'y  a  pas  de  F,  dit-il,  ce  qu'on  a  pris  pour  un  F  paraît  être 
un  L  et  un  I  réunis;  il  n'y  a  pas  de  T  au-dessus  du  A.  »  Tout  d'abord  je  ferai 
remarquer  que  les  observations  du  savant  antiquaire  semblent  avoir  en  vue  les 
dessins  dont  j'ai  fait  précéder  la  description  de  notre  bague  dans  la  Revue 
archéologique  (ann.  18'J3,  t.  I,  p.  273),  dessins  que  j'ai  remplacés  ici  par  ceux 
que  M.  Mayor  a  donnés  (ubi  supra).  Or,  il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  ces  der- 
niers pour  constater,  à  la  droite  du  monogramme  (pour  le  lecteur)  :  1°  la  pré- 
sence d'un  F  mérovingien,  dont  le  membre  transversal  supérieur  est  tombé  (h) 
(voir  M.  Prou,  Catalog.  des  monn.  méroving .  de  la  Biblioth.  nat.,  introd., 
p.  cxvn;  Engel  et  Serrure,  Traité  de  numism.  du  moy.  âge,  t.  I,  p.  100); 
2°  l'absence  du  membre  inférieur  du  L,  à  défaut  duquel  cette  lettre  n'existe  pas; 
conséquemment  l'inadmissibilité  absolue  de  la  leçon  IVLIANE,  proposée  par 
M.  Mayor.  Quant  au  T  qui  surmonte  le  A,  je  m'explique  d'autant  moins  l'ob- 
servation de  M.  Mayor  qu'il  est  aussi  d'un  usage  fréquent  sur  les  monnaies  mé- 
rovingiennes (voir  Prou,  loc.  cit.,  et  Engel  et  Serrure,  ubi  supra,  p.  99),  et  que 
le  savant  archéologue  lui-même  a  donné  à  la  croiselte  du  monogramme  du 
n°  CLXXIV  ci-dessus  la  valeur  de  Tl  pour  former  le  nom  de  TICIA. 


222  ÉTUDE    SL'U    Ll£S  ANNEAUX 

Elle  est  en  or  massif  pesant  12  grammes.  Elle  a  une  très  faible 
ouverture,  16  millimètres  1/2  dans  son  plus  grand  diamètre,  mesu- 


rés entre  le  chaton  et  la  partie  opposée  de  la  tige,  ce  qui  indique 
que  le  bijou  était  fait  pour  une  main  de  femme  ou  d'enfant.  La  tige, 
qui  va  s'amincissant  à  mesure  qu'elle  est  distante  du  chaton,  a, 
près  de  celui-ci,  9  millimètres  de  hauteur. 

Le  chaton,  ménage  à  même  le  métal,  est  divisé  en  deux  com- 
partiments de  forme  ovale,  ayant  chacun  12  millimètres  de  large 
sur  6  de  haut,  mesurés  dans  la  plus  grande  hauteur;  ces  compar- 
timents sont  séparés  l'un  de  l'autre  par  un  large  trait,  qui  relie 
deux  groupes  de  six  globules  ou  cabochons  disposés  3,2  et  1, 
et  bordés  l'un  et  l'autre  par  une  double  rangée  de  plus  petits  glo- 
bules. 

La  largeur  totale  du  chaton,  y  compris  les  bordures,  est  de 
17  millimètres  sur  14  de  hauteur.  On  y  lit  une  inscription,  en 
deux  parties,  contenue  dans  les  deux  compartiments;  la  première 
se  compose  des  lettres  suivantes  :  V,  A  surmonté  d'un  trait  hori- 
zontal, signe  abréviatif  de  N  ;  puis  D,  E  et  R  liés.  Dans  la  deuxième 
ligne  il  y  a  E,  M,  A  et  R  liés,  V  également  lié  à  R,  et  eufin  un  S. 

Nous  avons  ainsi  pour  l'ensemble, 

VANDEREM AftVS 

Ce  vocable  a  été  d'un  usage  assez  fréquent  dans  le  haut  moyen 
âge,  car  on  le  trouve  dans  un  diplôme  de  089 s.  La  mention  d'un 

1.  Quand  je  publiai  pour  ta  première  fois  cet  anneau  [Rev.  archcol.,a.nn.  1892, 
t.  Ier,  p.  169),  je  proposai  de  lire  VAIDEREM  ARIS  en  attribuant  la  valeur  d'un 
I  au  trait  horizontal  qui  surmonte  la  lettre  A, et  au  caractère  qui  suit  le  R.  Mon 
savant  confrvre  et  ami  M.  d'Arbois  de  Jubainville  m'a  suggéré  la  leçon  VAN- 
DREMARVS,  que  j'ai  acceptée,  mais  en  y  ajoutant  entre  D  et  R,un  E,  qui  est 
incontestablement  lié  à  la  haste  du  R. 

2.  Tardif,  Monum.  hisloriq.,  addit.,  p.  637,  col.  1.  Pardessus,  Dipl.  et  ch., 
t.  II,  p.  209,  où  ce  diplôme  est  fautivement  daté  de  l'an  xvu  du  règne  de 
Thierry  III  (an  690). 


DES    PREMIERS   SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


223 


abbé,  dont  le  nom  de  Vandremarus,  n'offrant  qu'une  légère  con- 
traction de  Vanderemarus,  est  le  même  mot,  ainsi  que  son  simi- 
laire Wandremarus  du  Polyptyque  de  Saint- G érmain-des- Prés 

DIOCÈSE  DE  GENÈVE,  OU  DIOCÈSE  DE  MA  U RIEN  NE 
OU  DIOCÈSE  DE  TARENT  AISE 

CCIV 

ANNEAU  AVEC  LE  S  RARRÉ, TROUVÉ  DANS  l'aNCIENNE  PROVINCE  DE  SAVOIE 1 


L'anneau  de  bronze  que  nous  reproduisons  à  cette  place  d'après 
des  dessins  de  M.  Mayor*,a  été  trouvé  par  M.  Blavignac, architecte 
et  antiquaire  distingué  du  canton  de  Genève  qui  l'a  cédé,  en  1876, 
au  Musée  archéologique  de  cetle  ville  \ 

Il  a  une  ouverture  moyenne  de  16  à  18  millimètres,  ce  qui 
dénote  a  prioriun  bijou  à  l'usage  d'une  femme;  il  se  compose  d'une 
bande  de  métal,  qui  a,  près  du  chaton,  une  bailleur  de  10  milli- 
mètres et  va  en  diminuant  de  façon  à  n'avoir  plus,  du  côté  opposé, 
que  5  millimètres. 

Le  chaton,  ménagé  dans  la  masse,  est  un  carré  long  de  14  mil- 
limètres sur  11  à  12  ;  il  porte,  gravé  grossièrement  dans  un  cadre 

1.  XX,  42;  III,  6;  IX,  17,  194,  300;  XV,  13,  ûdit  de  Guérard,  p.  212,  25,  79, 
103,  115,  166;  édit.  d'Aug.  Longnon,  p.  277,  30,  103,  135,  151,  220.  Cette  or- 
thographe semblerait  autoriser  la  leçon  proposée  par  M.  d'Arbois  de  Jubain- 
\ille;  mais  il  n'est  pas  possible  denier  l 'existence,  dans  notre  inscription,  d'un 
E,  entre  D  et  R. 

2.  On  ignore  dans  quelle  partie  de  l'ancienne  province  de  Savoie. 

3.  Rev.  archëol.,  ann.  1893,  t.  II,  p.  95. 

4.  Il  est  coté  E,  43  sur  le  catalogue  ms.  du  Musée. 


224 


ÉTUDE   SUR    LES  AXNEAUX 


tracé  au  burin,  la  lettre  S  posée  sur  une  longue  barre  oblique,  et 
des  traits  indistincts,  au-dessus  et  au-dessous. 

Lorsque  j'ai  publié  ce  bijou  pour  la  première  fois1,  je  l'ai  décrit  et 
t'ait  figurer  d'après  des  dissins  dans  lesquels  j'ai  cru  qu'il  fallait 
distinguer  les  éléments  du  mot  SAVINI,  génitif  d'un  nom  usité 
dans  le  haut  moyen  âge. 

J'ai  reconnu,  depuis,  àla vue  des  dessins  plus  exacts  que  M.  Mayor 
en  a  donnés  et  qui  sont  reproduits  en  tête  de  la  présente  notice, 
qu'on  ne  peut  lire  d'une  manière  certaine  sur  noire  anneau,  que 
le  S  barré,  et  peut-être  un  N,  qui,  dans  ce  cas,  serait  l'initiale  du 
nom  de  la  femme  propriétaire  de  ce  bijou. 

DIOCÈSE  DE  MAUMENNE 


CCV,  CC\I  et  CGVII 

TKOIS  BAGUES  TROUVÉES  AU  COL  DE  LA  MAGDELA1NE,  EN  MAUR1ENNE  (SAVOIE) 

Ces  bagues  ont  été  recueillies  dans  les  tombes  barbares  du  col 
delà  Magdelaine,  près  de  Lans-le-Villars,  en  Maurienne,  départe- 
ment de  la  Savoie.  Elles  ont  été  reproduites  par  feu  H.-J.  Gosse,  à 
la  suile  d'une  intéressante  notice  publiée  en  1853 a. 

D'après  les  indications  contenues  dans  cette  notice  de  l'archéo- 
logue genevois5,  nous  avons  d'abord  supposé  que  ces  petits  monu- 
ments étaient  conservés  dans  le  Musée  de  Ghambéry,  et,  pour  en 
obtenir  des  empreintes  nous  nous  sommes  adressé  à  M.  Daisoy, 
conservateur  dudit  Musée.  Celui-ci  ayant  fait  connaître4  que  les 
anneaux  en  question  n'y  existaient  point,  nous  avons  dû  nous 
borner  à  les  reproduire  ici  tels  qu'ils  ont  été  représentés  dans  les 
Mémoires  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève. 

1.  Rev.  archèol.,  année  1893,  t.  I,  p.  274. 

2.  Notice  sur  d'anciens  cimetières  trouvés  soit  en  Savoie,  soit  dans  le  canton  de 
Genève  et  principalement  sur  celui  de  La  Balme,  prés  La  Roche  en  Faucigny  (ex- 
trait du  t.  IX  des  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève), 
in-8°,  Genève,  1853;  planche  VI. 

3.  Ibid.,  pages  12  et  13,  notes  1,  2  et  7. 

4.  Lettre  du  10  novembre  1891. 


DES    PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


225 


1°  CCV.          BAGUE  DE  DISA  1 


Cette  bague,  qui  est  en  bronze,  n'a  qu'une  faible  ouverture,  et 
était  assurément  faite  pour  une  main  de  femme.  Elle  est  formée 
d'une  tige  ronde,  ayant  la  même  grosseur  dans  tout  son  pourtour, 
et  d'un  chaton  ovale,  pris  dans  la  masse,  et  ayant  14  millimètres  de 
large  sur  8  de  hauteur  mesurés  au  centre. 

Il  porte  une  inscription  composée  des  quatre  lettres  D.  h  S.  E, 
génitif  du  nom  féminin  Disa,  mentionné,  au  vin*  siècle,  dans  le  Car- 
tulaire  de  la  célèbre  abbaye  de  Lorsch  (principauté  de  tlesse-Darms- 
tadt)2.  Le  S,  traversé  obliquement  par  le  I,  a,  en  outre,  ici  la  va- 
leur du  S  barré,  abréviation  bien  connue  de  Signum,  qui  a  déter- 
miné la  déclinaison  au  génitif  du  vocable  de  la  personne  ii 
laquelle  appartenait  notre  anneau  sigillaire.  Nous  avons  ainsi  la 
leçon  : 

SK.9»m»')DISE. 


2°  CCVI.  —  BAGUE  A  FERMOIR  3 


Voici  un  bijou  en  bronze  très  curieux  et  important  au  point  de 
vue  de  l'histoire  de  la  technique  chez  les  barbares  et  spécialement 
chez  les  Rurgundions,  dont  les  sépultures  du  col  de  la  Magdelainc 
contenaient  les  restes.  C'est  un  spécimen,  que  je  crois  unique, 

1.  Notice  précitée  de  M.  Gosse,  planche  VI,  fig.  14. 

2.  Codex  Laureshamensis  diplomaticus ,  n0s  1526  et  2758,  cités  par  Forstemann 
(Personennamcn,  col.  337),  qui  cite  en  même  temps  les  noms  de  Disia,  Tisa  et 
Disa,  mentionnés  dans  le  Cartulaire  de  Saint-Pierre  de  Salzbourg. 

3.  Notice  précitée,  planche  VI,  fig.  9  et  9  bis.  • 

15 


226 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


de  bague  avec  un  fermoir  de  cette  sorte.  La  tige,  qui  est  ouverte, 
est  munie,  à  l'extrémité  d'une  de  ses  branches,  d'une  forte  aiguille 
dirigée  vers  l'autre  branche,  dans  laquelle  elle  pénètre  et  s'ajuste 
de  manière  à  fermer  l'anneau. 

Le  diamètre  intérieur  du  bijou  est  de  18  millimètres  :  la  branche 
qui  reçoit  l'aiguille  ou  fermoir,  a,  à  l'endroit  où  celle-ci  la  pénètre, 
9  millimètres  de  largeur  :  du  côté  opposé,  la  tige  n'a  que  5  milli- 
mètres :  la  longueur  de  l'aiguille  est  de  12  millimètres. 

3°  CGVII.  —  ANNEAU  LIE  BRONZE  AVEC  POINTE  SAILLANTE  ' 


Cette  particularité  d'une  pointe  saillante  est,  comme  le  fermoir 
de  la  bague  ci-dessus  décrite,  un  fait  unique,  du  moins  à  ma  con- 
naissance, et  intéressant  à  constater.  Je  ne  puis  en  proposer  au- 
cune explication. 

Une  autre  particularité  à  signaler,  c'est  celle  de  la  décoration 
rudimen taire  que  l'artisan  a  faite,  en  gravant,  de  distance  en  dis- 
tance, deux  petits  cercles  concentriques,  qui  se  remarquent  dans 
la  fabrique  burgunde.  Nous  les  retrouvons,  en  effet,  non  seule- 
ment sur  les  autres  objets  provenant  des  tombeaux  du  col  de  la 
Magdeleine  s,  mais  sur  ceux  qui  ont  été  recueillis  dans  le  cime- 
tière de  La  Balme,  près  La  Roche,  en  Faucigny  3  et  dans  les  nom- 
breuses sépultures  de  Burgundions,  explorées  et  décrites  par  Bau- 
dot*. 

1.  Notice  précitée,  planche  VI,  fig.  10  et  10  bis. 

2.  Notice  précitée,  planche  VI,  fig'.  5  et  6. 

3.  Ibid.,  pl.  I,  fig.  4,  9  et  14;  pl.  II,  fig.  1  et  3.  —  Voir  aussi  Suite  à  la  Notice 
précitée,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève, 
t.  XI,  année  1889,  pl.  III,  lig.  4  et  5. 

4.  Sépultures  des  Barbares  de  l'époque  mèrovingkane,  découvertes  en  Bourgogne, 


DES    PREMIERS    SIÈCLES    DU    MOYEN  AGE 


227 


Notre  bague  a,  de  même  que  les  deux  précédentes,  une  faible 
ouverture  (18  millimètres),  et  sa  tige,  qui  est  ronde,  a  4  millimè- 
tres d'épaisseur. 

PROVINCE  D'ARLES 


DIOCÈSE  D'ARLES 


CCVIII 

ANNEAU  AVEC  CROIX,  TROUVÉ  A  ARLES  (bOUCUES-DU-RHÔNe) 


Cet  anneau  de  bronze,  trouvé  à  Arles  dans  un  tombeau  de  la 
colline  de  Saint-Pierre-de-Moleyrès,  a  été  donné  en  1882,  au  Mu- 
sée archéologique  de  Genève,  par  le  conservateur,  M.  H.-J.  Gosse; 
il  a  été  publié  pour  la  première  fois  en  1 803,  par  M.  J.  May  or  ',  et 
c'est  d'après  les  dessins  que  le  savant  archéologue  en  a  donnés  que 
nous  le  reproduisons  ici. 

II  a  18  millimètres  d'ouverture,  ce  qui  dénote  un  bijou  féminin. 

Sur  la  mince  tige  de  bronze,  taillée  en  biseaux  à  l'extérieur,  on 
a  soudé  un  chaton  découpé  en  forme  de  croix  égale  et  pattée. 

CCIX 

ANNEAU  DE  31 A  H I A  G  E  DETÉCLA,  TROUVÉ  SUR  LE  TERRITOIRE  d'ARLI.S  (?) 

Cet  anneau,  qui  est  perdu  et  dont  on  ne  possède  malheureuse- 
sement  ni  empreinte,  ni  dessin,  a  appartenu  à  Fabri  de  Peiresc, 
et  a  été  décrit  par  le  célèbre  magistrat  érudit  de  Provence,  dans 

pl.  VIII.  fig.  5;  IX,  6;  X,  1,  13,  18,  XII  entière;  XIII,  3,  5,  11,  12,  13;  XIV,  7, 
8.  13  ;  XXXII,  3,  9. 

1.  Rev.  archévl.,  année  1893,  t.  II,  p.  103-104. 


228 


ÉTDDE  SUR  LES  ANNEAUX 


deux  lettres  adressées  d'Aix,  le  6  août  1619,  l'une  à  J.  Spou,  l'au- 
tre à  Holstenius,  bibliothécaire  du  Vatican.  Nous  allons  analyser 
et  reproduire  en  partie  la  première  de  ces  lettres,  d'après  le  texte 
que  Spon  en  a  donné  dans  ses  Recherches  curieuses  d'antiquité1  : 

«  Monsieur, 

«  En  revenant  de  la  Cour  d'Aix  et  passant  par  Arles,  j'achetai 
une  grosse  bague  d'or  antique,  nouvellement  déterrée,  sur  laquelle 
est  représenté  un  visage  d'une  manière  assez  grossière,  avec  cette 
inscription  tout  autour  :  +  TECLA  SEGELLA;  le  tout  dans  une 
plaque  d'or,  environnée  de  quelques  enrichissimens  de  feuillages 
et  godrons  dans  le  vide  desquels  est  écrit  :  +  TECLA  •  VIVAT  DEO 
CVM  MARITO  SEO;  et  à  l'opposite  du  cercle  de  cette  bague,  on  y 
voit  un  petit  ovale  avec  ces  lettres  dedans  :  RATE  dont  je  serois 
bien  aise  d'avoir  vôtre  avis. 


«  Il  me  semble  que  celte  grosse  bague  d'or,  qui  pèse  environ  une 
once,  estoit  un  anneau  marital  qu'ils  appeloient  annulus  pronubus 
ou  annulus  genialis  :  les  lettres  faisant  connoîtreque  c'est  un  vœu, 
TECLA  VIVAT,  etc.,  etc.  ;  Que  Técla  vive  en  Dieu  avec  son  mary,  où 
vous  remarquerez  le  mot  de  SEO  pour  SVO  :  dépravation  assez  or- 
dinaire d'orthographe  dans  les  ivc  et  v''  siècles.  » 

Ici  Peiresc  cite  d'autres  anneaux  portant  vivas  ou  vivat  in  Deo, 
et  il  ajoute  celte  observation,  que  nous  avons  faite  nous-mème  au 
cours  des  présentes  Etudes,  à  savoir  que  ces  acclamations  «  se  rap- 
portent plutost  à  la  vie  présente  qu'à  la  future,  puisque  ce  sont  des 
bagues  d'épousailles,  qui  dévoient  estre  des  gages  de  la  vie  et  so- 
ciété conjugale,  pour  lier  ensemble  le  mary  et  la  femme...  » 

S'occupant  ensuite  de  la  troisième  inscription  gravée  sur  le 
deuxième  chaton,  Peiresc,  qui  avait  vu  dans  le  troisième  caractère 
une  lettre  grecque,  un  gamma  ([")  surmonté  d'un  signe  abréviatif, 
propose,  timidement  d'ailleurs,  de  l'interpréter  par  arra  genialis, 
anneau  ou  gage  de  mariage.  Nous  verrons  plus  bas  comment  il  es- 
saye de  justifier  sa  conjecture. 

La  deuxième  lettre,  adressée  à  Holstenius  et  qui  est  conservée 
dans  la  Bibliothèque  Barbérine,  à  Rome,  est  apparemment  conçue 


1.  In-i°,  Lyon,  1863,  p.  170-174. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


220 


dans  les  mêmes  termes  que  la  précédente,  si  l'on  en  juge  par  le 
fragment  que  notre  regretté  confrère,  E.  Le  Blant,  a  inséré  dans 
son  Nouveau  recueil  d'inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule  \ 

Il  est  à  croire  que  la  question  soumise  à  la  fois  à  Holstenius  et  à 
J.  Spon  resta  sans  réponse,  car,  dix  ans  après,  le  28  juillet  162!), 
Peiresc  la  posait  encore  à  un  autre  érudit  de  Paris,  ainsi  que  l'at- 
teste une  lettre  adressée,  ce  jour  môme,  à  l'un  des  frères  Dupuy  : 
«  Je  lui  escripls  (à  M.  Rigaud)',  y  est-il  dit,  concernant  l'inscrip- 
tion d'une  bague  antique  trouvée  en  Arles  depuis  peu,  laquelle  j'y 
acheptai  en  revenant  de  la  Cour,  et  laquelle  inscription  semble  as- 
sez curieuse,  eslant  conçeue  en  cez  termes  :  +  TECLA  VIVAT  DEO 
CVM  MARITO  SEO,  et  peut  avoir  esté  autres  foys  Yannulus  pronu- 
bus,  et  avoir  passé  pour  orra  genialis.  Il  ne  faut  pas  que  vous  le 
laissiez  en  repos  qu'il  ne  m'ait  faicl  responce  et  dict  son  avis  sur  ce 
sujet.  Je  seray  bien  aise  que  vous  preniez  la  patience  de  voir  ce 
que  je  lui  en  escripts,  encores  qu'il  y  ait  bien  des  extravagances 
et  possible  des  l  esveries  3.  » 

Nous  ignorons  l'opinion  que  Rigaud  et  Dupuy  ont  pu  exprimer, 
s'ils  en  ont  exprimé  une*. 

De  son  côté,  E.  Le  Blant,  qui  avait  fait  un  examen  attentif  de 
l'inscription  du  deuxième  chaton  de  noire  anneau,  déclarait  qu'il 
ne  pouvait  en  proposer  aucune  explication  satisfaisante3. 

Avant  de  l'étudier  à  notre  tour,  nous  jugeons  utile  de  revenir  sur 
la  forme  de  ce  curieux  bijou,  dont  les  termes  de  la  correspondance 
du  savant  provençal  ne  sauraient  donner  une  idée  suffisante. 

En  les  combinant  avec  les  monuments  analogues,  figurés  dans 

1.  Page  10  i,  n»  187. 

2  Un  érudit  de  ce  temps  avec  lequel  Peiresc  était  en  rapport. 

3.  Phil.  Tamisey  de  Laroque,  Lettresde  Peiresc  aux  frères  Dupuy,  in-4°,  18G0, 
t.  Il,  p.  139.  L'éditeur  a  mis  en  note,  au  bas  de  celte  lettre,  que  Gassendi  semble 
avoir  eu  sous  les  yeux  le  récit  de  Peiresc,  tant  son  récit  ressemble  à  celui  de 
son  héros,  et  il  cite  le  passage  de  la  Vie  de  ce  personnage,  écrite  en  latin  par 
Gassendi,  p.  335. 

4.  Au  siècle  suivant,  l'auteur  d'une  Vie  de  Peiresc  raconte  à  son  tour  l'acqui- 
sition, par  le  savant  magistrat,  de  la  bague  qui  nous  occupe;  il  reproduit,  en 
l'altérant  singulièrement,  une  des  trois  inscriptions  qu'elle  porte  :  TECLA 
HT  AT  DEO  CVM  MARITO  SEO;  ce  qu'il  traduit  ainsi  :  «  Téclat  fait,  avec 
son  mari,  un  sacrifice  agréable  à  Dieu  »  (Requier,  Vie  de  Nicolas-Cluude Peiresc, 
in-12,  Paris,  1770,  p.  241). 

5.  Ubi  supra. 


230 


ÉTUDE    SUR   LES  ANNEAUX 


nos  précédentes  notices,  il  nous  semble  possible  de  préciser  davan- 
tage la  desci'iption  de  la  bague  arlésienne. 

Klle  avait  deux  chatons  de  dimensions  inégales  :  le  principal,  qui 
était  de  forme  ronde  et  en  saillie  sur  le  jonc,  présentait,  à  sa  super- 
ficie, une  figure  grossièrement  gravée  (sans  doute  celle  de  Técla, 
propriétaire  de  l'anneau)  avec  la  légende  circulaire  TECLA  SEGELLA  ; 
au  pourtour  de  la  saillie  du  môme  chaton,  deux  rangées  ou  cordons 
parallèles  d'ornements,  entre  lesquels  cette  autre  légende  :  TECLA 
VIVAT  DEO  CVM  MARITO  SEO.  Le  deuxième  chaton,  beaucoup 
plus  petit  que  le  premier  et  de  forme  ovale,  était  ménagé  à  même 
le  métal  dans  la  partie  de  la  tige  opposée  au  chaton  principal,  et 
c'est  là  que  se  trouvaient  les  caractères  ainsi  décrits  par  Peiresc  : 

ratT 

Occupons-nous  d'abord  de  la  deuxième  inscription  du  premier 
chaton,  qui  ne  présente  aucune  difficulté,  mais  où  l'on  remarque 
cette  particularité  intéressante  et  dont  on  ne  connaît  pas  d'autre 
exemple,  de  E  substitué  a  V  dans  le  pronom  possessif  SVO,  et  qui 
correspond  à  une.  des  formes  de  la  langue  vulgaire  en  Provence1. 

Passons  à  la  légende  gravée  à  la  surface  du  premier  chaton  : 
TECLA  SEGELLA.  Peiresc  et  E.  Le  Blant  y  ont  vu  un  double 
vocable  du  même  personnage*.  Mais  cette  manière  de  voir  ne  nous 
paraît  pas  exacte. 

Segella  n'est  point,  suivant  nous,  un  deuxième  nom  de  Tecla. 
D'une  part,  nous  n'avons  pas  d'exemple,  sur  nos  anneaux,  d'un 
double  vocable;  d'autre  part,  le  nom  de  Tecla  figure  seul  dans  l'ins- 
cription du  pourtour  du  chaton.  Il  y  a  donc  tout  lieu  de  croire  que 
segella  représente  simplement  les  trois  premières  syllabes  de  sigil- 

1.  Peiresc,  dans  sa  lettre  à  J.  Spon,  dont  extrait  est  ci-dessus,  a  fait,  à  ce 
sujet,  la  remarque  suivante  :  «  Nous  disons  encore,  en  vieux  roman  provençal, 
sieve  pour  sienne  ou  sua,  duquel  mot  nous  avons  retenu  l'intervention  del'E  ». 
F.  Mistral,  dans  son  Dictionnaire  'provençal  (t.  II,  p.  893),  a  signalé  des  formes 
provençales,  non  seulement  plus  approchantes  de  seo,  telles  que  séu  ou  seu, 
mais  même  identiques  à  séo.  En  patois  bas-limousin,  on  dit  lou  sèou,  pour  le 
le  sien. 

2.  C'est  à  ce  titre  que  E.  Le  Blant  a  inséré  les  deux  mots  Tecla  Segella  dans 
la  Table  des  noms  propres  placée  à  la  fin  de  son  nouveau  et  excellent  ouvrage 
(p.  472)  ;  ni  le  savant  épigraphiste,  ni  Peiresc  n'ont,  d'ailleurs,  produit  aucune 
observation  sur  le  terme  segella  ,  ce  qu'ils  n'auraient  pas  manqué  de  faire  s'ils 
l'avaient  entendu  autrement. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


231 


lavi  ou  sigillavit,  dans  lesquelles  le  graveur  a  substitué  deux  fois  e 
à  la  lettre  ?,  comme,  dans  seo  de  l'inscription  du  pourtour,  il  l'a 
substitué  à  la  lettre  ?/.  Ajoutons  que  l'emploi  de  e  pour  i  est  un  des 
phénomènes  les  plus  fréquents  en  linguistique.  11  n'est  pas  non  plus 
sans  intérêt  de  rappeler,  à  ce  propos,  les  mots  du  vieux  français 
séel  etséeler,  d'où  sont  venus  scelet  sceller,  et  qui,  si  l'on  y  rétablit 
le  g  médian,  reproduisent  exactement  la  locution  dont  il  s'agit1. 
Les  mots  TECLA  SEGELLA(w)  ou  mieux  SEGELLA(r*7),  par  lesquels 
la  propriétaire  de  notre  anneau  souscrivait  les  actes  où  elle  figurait, 
étaient  pareils  à  ceux  qui  se  trouvent  si  fréquemment  dans  les 
chartes  :  N.  signavi  ou  signavit  ou  seulement  sign.  ;  N.  subscripsi 
ou  subscripsit,  ou  seulement  subs.,  et  môme  su  ou  so  (pour  su), 
comme  nous  le  voyons  sur  les  anneaux  sigillaires  de  Roccolane  et 
d'Abbon,  décrits  plus  haut2. 

J'arrive  à  la  partie  la  plus  difficile  de  ma  tâche  :  l'inscription 
gravée  sur  le  même  chaton.  Le  texte,  tel  qu'il  a  été  déchiffré  et  re- 
produit par  Peiresc,  est  celui  ci:  RATE,  c'est-à-dire  lescleux  lettres 
RA  suivies  d'une  apostrophe,  puis  d'une  lettre  grecque,  un  gamma 
majuscule  (r);  d'un  E,  et  enfin  d'un  signe  d'abréviation,  posé  ho- 
rizontalement sur  les  deux  derniers  caractères. 

Voici  en  quels  termes  le  savant  magistrat  a  exposé  son  interpré- 
tation conjecturale  de  cette  inscription  :  «  Je  soupçonne  que  ces 
lettres  pourroient  signifier  arra  genialis,  l'anneau  ou  gage  des  épou- 
sailles. Le  changement  de  l'V  en  E,  SEO  pour  SVO,  montre  que 
cette  inscription  estoit  d'un  latin  corrompu  et  comme,  si  l'on  peut 
ainsi  parler,  selon  l'usage  du  pais...  Je  ne  sçay  donc  si,  par  une 
semblable  corruption,  usitée  dans  ce  siècle  gothique,  dans  le  com- 
mencement de  la  première  race  de  nos  roys,  pendant  lequel  temps 
je  crois  que  cette  bague  a  été  faite,  on  auroit  abusivement  retranché 

1.  Voici  un  exemple  de  1  emploi  du  mot  seul  au  xive  siècle,  que  nous  emprun- 
tons au  Glossaire  latin  de  Du  Cange,  éd.  Didot,  t.  VI,  p.  241,  col.  3  :  «  Icellui 
maistre  des  foires  dit  avoir  trouvé  ledit  brevet  faulz  en  escripture  et  en  séel  ; 
c'est  assavoir  que  il  estoit  escript  d'autre  lettre  et  signé  d'autre  seing  que 
de  celui  du  notaire,  qui  estoit  dit  escripz.....  et  que  le  sért  dont  ledit  brevet 
estoit  scellé,  estoit  plaqué  et  non  pas  miz  bien,  ne  deument  ».  Litt.  remiss.  ann. 
1375  ;  in  Reg.  103,  Chartoph.  reg.  ch.  37.  —  Pour  le  mot  séeler,  Henschel  cite 
Agolant,  vers  941,  p.  1641,  et  G.  Guiart,  t.  II,  pp.  75  et  148,  vers  19u5,  3600 
(10881,  12582).  Du  Cange,  Glossaire  français,  éd.  Didot,  p.  295,  col.  1. 

2.  Voir  les  n0'  I  et  XXV. 


23-2 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


la  première  syllabe  du  nom  arra,  comme  on  dit  populairement  au- 
jourd'huy  Toni  pour  Antoni...  J'en  voudrois  inférer  que  ce  seroit 
l'usage  ancien  d'Espagne  qui  peut  tenir  du  gothique,  aussi  bien 
que  ma  bague  d'or,  et  qui  supprima  la  première  syllabe  du  mot 
arra  ouarrabo,  et  que  même  il  ne  seroit  pas  incompatible  que  cette 
syllabe  RA',  gravée  en  cette  bague,  fust  mise  pour  arra.  et  par  ce 
même  moyen,  la  suivante  TE  pour  genialis,  comme  on  disoit  ledits 
ou  thorus  genialis,  le  lit  nuptial.  » 

Cette  conjecture,  à  laquelle  Peirsec  déclarait  ne  pas  attacher  une 
importance  sérieuse,  et  que  pourtant  il  proposait  à  des  savants  de 
premier  ordre,  et  sur  laquelle  il  insistait  encore  dix  ans  après,  pour 
avoir  leur  avis,  cette  conjecture  nous  semble  à  tous  égards  inad- 
missible. 

Et  d'abord  la  présence,  au  milieu  de  caractères  latins,  d'une 
lettre  grecque  isolée,  d'un  prétendu  gamma,  est  des  plus  invrai- 
semblables :  on  ne  connaît,  en  eiïet,  d'autre  exemple  d'un  fait  sem- 
blable que  celui  que  Boldetti  a  trouvé  dans  les  catacombes  de  Rome 
et  consigné  dans  son  livre  sur  les  cimetière  des  saints  martyrs  de 
la  Ville  éternelle'. 

En  l'espèce,  on  chercherait  vainement  le  motif  de  l'emploi  de 
cette  lettre,  qui  serait  d'autant  moins  concevable,  que,  dans  la  lé- 
gende du  chaton  principal,  le  G  de  SEGELLA  est  de  forme  latine. 

Quant  à  l'apostrophe  qui  serait  à  la  suite  de  A,  Peiresc  n'en  donne 
aucune  explication,  et  l'on  ne  voit  guère  quelle  pourrait  être  ici 
la  raison  de  sa  présence. 

Ne  serait-il  pas  aussi  bien  extraordinaire  que  l'on  eut  formé  une 
telle  légende,  composée  de  deux  mots,  pour  l'expression  desquels 
on  se  serait  borné  à  graver  la  dernière  syllabe  de  l'un  et  les  deux 
premières  de  l'autre? 

Notons  enfin  que  ce  serait  la  première  fois  qu'on  lirait,  sur  une 
bague  de  mariage,  une  inscription  ayant  pour  objet  d'en  affirmer 
la  destination. 

L'hypothèse  tirée  de  si  loin  par  Peiresc  présente  donc  une  telle 
accumulation  d'invraisemblance*,  qu'elle  doit  être  regardée  comme 
inacceptable. 

1.  Voir  ci-dessus,  n°  XXII,  la  cilalion  et  la  reproriiiclioii  de  l'inscription  SPES 
DEI,  dont  le  P  est  en  même  temps  la  lettre  grecque  P  (rô  majuscule)  du 
chrisme  entouré  par  cette  inscription. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


233 


Mais  une  deuxième  conclusion  découle  des  observations  ci-dessus, 
à  savoir  que  le  texte,  tel  que  Peirescl'a  déchiffré  et  nous  l'a  transmis, 
ne  peut  être  exact. 

IL  est,  dès  lors,  nécessaire  de  rechercher,  avant  tout,  quelle  de- 
vait en  être  la  leçon  véritable  ou  du  moins  la  plus  probable. 

La  bague  dont  il  s'agit  était  sans  doute  dégradée  en  cet  endroit, 
et  il  est  à  présumer  qu'elle  ne  portait,  après  la  lettre  a.  ni  une 
apostrophe  ou  quelque  signe  d'abréviation,  ni  un  gamma  majus- 
cule. Vraisemblablement,  il  y  avait  primitivement,  dans  cette  par- 
tie de  l'inscription,  un  T,  dont  la  barre  horizontale  de  gauche  (pour 
le  lecteur)  avait  été  effacée  ou  accidentellement  détruite,  ne  lais- 
sant subsister  que  le  crochet  pendentif  de  son  extrémité. 

Sur  la  planche  77  de  la  nouvelle  série  de  Y  Album  Caranda, 
publié  par  M.  F.  Moreau,  est  figurée  une  urne  cinéraire  recueillie 
au  cours  des  fouilles  de  la  villa  gallo-romaine  d'Ancy  (Aisne)  '. 
Sur  cette  urne  est  gravée  une  inscription  circulaire,  où  l'on  voit 
un  T2,  dont  la  barre  horizontale  supérieure  a  disparu,  ne  laissant 
intacts  que  les  deux  crochets  pendent  ifs  de  ses  deux  extrémités.  Si 
l'on  restitue  par  la  pensée  la  branche  de  droite  (pour  le  lecteur)  de 
cette  barre,  on  retrouve  exactement  :  fl'image  du  prétendu  gamma 
que  Peiresc  a  lu  sur  son  anneau  ;  2°  le  crochet  de  gauche,  qu'il  a 
pris  pour  un  signe  d'abréviation  placé  en  avant  du  prétendu  ca- 
ractère grec. 

C'est  probablement,  un  fait  analogue,  la  disparition  partielle  de  la 
barre  horizontale  du  T,  qui  s'est  produit  pour  la  bague  artésienne. 

Dans  ce  cas,  le  deuxième  chaton  de  notre  bijou  devait,  à  l'ori- 
gine, porter  le  mot  RATE  iivcc  le  signe  abréviatif  sur  les  deux  der- 
nières lettres  ;  et  en  interprétant  ce  signe  (comme  cela  est  très 
normal)  par  |N,  nous  avons  le  mot  RATINE.  Or,  c'est  là  un  nom 
d'homme  en  usage  à  l'époque  gallo-franque,  car  on  le  trouve  dans 

1.  Au  lieu  dit  Bois  des  Sables,  commune,  de  Limé,  canton  do  Braisne,  arron- 
dissement de  Soissons. 

2.  E.  Le  HIant,  à  qui  cette  inscription  avait  été  communiquée,  a  pensé  qu'on 
pourraity  lire  IBETIVS  CVM  AN  DEC  ARI  BIEETE.  Maisilaeu  soin  d'ajouter 
que  «  cette  leçon  ne  le  satisfaisait  aucunement  »  (voir  le  texte  explicatif  de 
ladite  planche  dans  Y  Album  Caranda),  et  cette  réserve  est  d'autant  mieux  fondée 
que  :  1°  l'S  du  premier  mot  est  avant  le  V  et  donne  le  mot  (BETISV;  2°  l'M 
de  CVM  est  absent  et  doit  être  remplacé  par  un  I,  en  sorte  que  ce  groupe  se 
lit  C  VI  ou  CIV;  3°,  il  y  a  BU  ET  E  et  non  BIBETE. 


234 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


un  catalogue  dos  noms  propres  d'Alamans,  publié  par  Goldast 
d'après  un  vieux  manuscrit  de  l'abbaye  de  Saint-Gall 

Cet  ancien  vocable  s"est  réduit,  au  x  11e  siècle,  par  la  chute  (si 
fréquente,  comme  on  sait)  du  /  médian,  à  la  forme  Raina,  que  nous 
relevons  dans  la  pièce  de  Peire  Vidal,  intitulée  :  Drmjoman  seiner 
s'agnes  bon  destrier*,  et  qui,  d'après  une  correction  de  notre 
savant  confrère  M.  P.  Meyer,  doit  être  lu  Ramiers  3  et  traduit  par 
Rainier  4. 

Nous  aurions  donc  là  le  nom  de  l'époux  de  Técla,  faisant  suite 
à  la  deuxième  inscription  Tecla  vivat  Deo  cum  marito  seo,  dont  il 
est  le  complément  naturel. 

En  résumé,  si  la  restitution  proposée  par  nous  pour  le  texte  de 
la  troisième  légende  est  admise,  les  inscriptions  de  notre  anneau 
devront  se  lire  ainsi  : 

+  TECLA  SEGELLA(w^)  pour  sigillavit. 
+  VIVAT  DEO  CVM  MARITO  SEO  (pour  suo)  RATINE- 

DIOCÈSE  D'A PT  ET  PUIS  DE  VIVIERS 


ccx 

ANNEAU  S1GILLA1RE  DE  NOUX,  PROVENANT  DE  SAINT-PIERRE  (aRDÈCHe)  11 


C'est  à  l'obligeance  de  feu  Ed.  Flouest,  ancien  magistral,  mon 
confrère  à  la  Société  des  antiquaires  de  France,  que  j'ai  dû  la  com- 

1.  Goldast,  Rerum  Alamannicarum  Scripto**es,  t.  II,  p.  106,  col.  2 

2.  Strophe  VIII,  vers  kk;  dans  Romania,  t.  II,  année  1873,  p.  426. 

3.  lbid.,  noies,  in  fine. 

4.  lbid.,  p.  428. 

5.  Communede  Sainl-Montan, canton  de  Bourg-Saint-Andéol,  arrondissement 
de  Privas. 


DES   PREMIERS   SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE 


235 


munication  de  cette  belle  bague  et  des  renseignements  qui  suivent 
touchant  sa  provenance.  Elle  a  été  trouvée  dans  les  substructions 
d'une  localité  dite  de  Saint-Pierre,  que  la  tradition  signale  comme 
ayant  été  détruite  lors  de  la  chute  de  l'empire  d'Occident  (476)  ou 
peu  de  temps  après.  Ce  précieux  bijou  gisait  au  milieu  d'ossements 
qui  sont  tombés  en  poussière  au  contact  de  l'air.  Il  est  actuelle- 
ment la  propriété  de  M.  Corroyer,  inspecteur  général  des  monu- 
ments diocésains,,  membre  de  l'Académie  des  Beaux-Arts. 

11  est  d'or  fin  et  pèse  11  grammes;  sa  tige  est  ornée  de  dessins 
gravés  en  creux  dans  lesquels  M.  Corroyer  a  reconnu  et  m'a  si- 
gnalé, de  chaque  côté  du  chaton,  deux  crocodiles  affrontas  \  L'ou- 
verture de  notre  bague,  qui  est  de  16  millimètres  seulement,  in- 
dique que  nous  avons  là  un  anneau  de  femme  ou  de  jeune  lille. 

Sur  la  tige,  a  été  soudé  fort  habilement  un  chaton  d'une  hauteur 
totale  de  17  millimètres.  Sur  la  base  de  ce  chaton,  qui  est  ronde  et 
a  15  millimètres  de  diamètre,  s'élève  un  édicule  octogonal,  dont 
les  angles  ont  alternativement  3  millimètres  et  1  millimètre  1/2  de 
hauteur,  et  supportent,  les  uns  et  les  autres,  des  groupes  de  six 
globules  ou  petits  cabochons  en  or. 

A  la  partie  supérieure  du  chaton,  une  rondelle,  également  en 
or,  a  été  adroitement  sertie,  et  porte,  gravée  en  creux  l'effigie 
d'un  personnage,  dont  le  buste  est  habillé  et  la  tête  ceinte  d'un 
double  bandeau  perlé,  terminé  par  deux  bandelettes  également 
formées  de  perles.  Derrière  la  nuque,  une  croisette  ;  devant  la  face, 
une  inscription  dont  les  caractères  doivent  être  lus  de  bas  en  haut, 
et  dans  laquelle,  à  première  vue,  on  ne  voit  que  le  groupe  NON  ; 
mais  la  barre  intérieure  du  troisième  caractère  a  été  gravée  de  ma- 
nière à  former  un  N  et  un  A  non  barré  liés,  et  nous  avons  ainsi  la 
légende  suivante  : 

+  NONA 

Le  nom  de  femme  Hona  ou  Honna  a  été  fort  usité  dans  le  haut 
moyen  âge  :  c'est  celui  de  plusieurs  saintes  des  iv\  v°,  vie  et  vue  siè- 
cles2. Il  en  est  de  même  du  vocable  Nonnita,  diminutif  de  Nonna, 

1.  Cette  partie  de  l'anneau  n'est  perceptible  qu'à  l'aide  d'un  fort  grossisse- 
ment, et  ne  se  voit  pas  sur  notre  dessin. 

2.  Il  y  a  :  1"  une  sainte  appelée  Nona,  morte  vers  l'an  700  (Rolland.,  Acta 
SS'.,  mens,  febr.,  t.  I,  p.  337;  —  2"  une  sainte  appelée  Nonna,  qui  vivait  au 


236 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX  DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


que  nous  offrent  trois  inscriptions  chrétiennes,  dont  deux,  conser- 
vées à  Trêves,  remontent  à  la  période  gallo-franque  '. 

La  forme  de  notre  bague,  les  cabochons  groupés  par  six,  qui 
rappellent  les  trois  globules  accostant  le  chaton  sur  des  anneaux 
assurément  mérovingiens,  enfin  l'effigie  avec  le  bandeau  perlé,  si 
usitée  au  droit  des  monnaies  de  la  première  race,  sont  autant  de 
certificats  d'origine  du  bijou  qui  nous  occupe. 

La  présence  d'une  effigie  masculine,  d'une  effigie  royale,  sur  un 
cachet  à  l'usage  d'une  femme  a  besoin  d'être  expliquée.  Il  me 
semble  difficile  de  l'expliquer  autrement  que  par  des  liens  étroits 
qui  auraient  uni  la  propriétaire  de  ce  bijou  au  per  onnage  repré- 
senté sur  le  chaton.  Dans  ce  cas,  nous  aurions  ici  l'anneau  sigil- 
laire  d'une  épouse,  ou  peut-être,  mais  moins  vraisemblablement, 
d'une  fille  ou  sœur  de  roi  des  temps  mérovingiens,  et  dont  le  nom 
serait  resté  jusqu'ici  inconnu  des  historiens. 

vie  siècle  :  c'est  la  mère  de  saint  David  ou  Devy,  archevêque  de  Menevie  (pays 
de  Galles,  Angleterre).  Voir  Lobineau,  Les  Saints  Bretons,  t.  I,  p.  53;  —  3°  sainte 
Nonne,  Nonna,  mère  de  saint  Grégoire  de  Nazianze,  morte  en  374  (Bolland  , 
Acta  SS  ,  mens,  aug.,  t.  II,  p.  78)  ;  —  4°  sainte  Nonne,  martyre  de  Nicomédie 
avec  Gyriaca,  Viclorina  et  autres  (Ibi<l.,  mens,  mart  ,  t.  II,  p.  511).  —  Le  nom 
d'homme  A'onus  ou  Nonnus  a  été  porté  par  un  grand  nombre  de  personnages, 
notamment  :  par  saint  Nonnus,  mort  évèque  d'Héliopolis  en  451  (Baronius, 
Annal.,  ad  ann.  451,  n°  126;  par  un  abbé  du  Ve  siècle,  commentateur  de  saint 
Grégoire  de  Nazianze  (Patrolog.  grseca,  t.  XXXVI,  p.  985);  par  un  poète  grec  de 
Panopolis  (Egypte),  qui  florissait  vers  500  (Ibid.,  t.  XLIII,  p.  665),  et  par  des 
monnayers  qui  ont  frappe,  au  vu0  siècle,  à  Chalon-sur-Saône,  à  Melle  et  à 
Thouars  (Deux-Sèvres).  —  Voir  An.  de  Barthélémy,  Liste  des  noms  d'hommes 
gravés  sur  les  monn.  de  V époque  mérov.  Lettre  à  M.  d'Arbois  de  Jubainville, 
p.  18. 

1.  Ces  deux  inscriptions  sont  dans  le  recueil  d'E.  Le  Blant,  t.  1,  p.  379  et 
385,  nos  273  et  278.  La  troisième,  qui  a  été  découverte  à  Saint-Acheul,  est  re- 
produite dans  le  même  ouvrage,  1. 1,  p.  430,  n°  326.  On  trouve  aussi,  au  moyen 
âge,  le  nom  de  Nonnia.  Voir  dans  le  Cartulaire  d"Ainay,  des  chartes  de  980  et 
de  l'an  1000.  (Aug.  Bernard,  Cartulaires  de  Savignij  et  d'Ainay,  t.  II,  p.  590 
.  et  601.) 


PREMIÈRE  AQUITAINE 


DIOCÈSE  DE  BOURGES 


CCXI 

ANNEAU  DE  DULCIS,  TROUVÉ  A  NÉR1S  (ALLIER)  1 


Cette  bague,  en  cuivre,  a  été  découverte  à  Nôris,  le  Neriomagus 
ou  Aquis  Neri  des  anciens  itinéraires  et  des  inscriptions  romaines, 
station  thermale,  qui  fut,  on  le  sait,  très  fréquentée  dans  l'anti- 
quité et  au  moyen  âge,  comme  elle  l'est  de  nos  jours. 

Ce  bijou,  qui  fait  partie  de  la  collection  de  M.  A.  Bertrand,  à 
Moulins,  a  été  recueilli  dans  un  puits,  avec  quelques  autres  objets 
dépourvus  d'intérêt2.  Il  a  15  millimètres  seulement  d'ouverture, 
ce  qui  indique  qu'il  était  fait  pour  la  main  d'un  enfant.  Sa  tige 
est  très  faible  (1  millimètre  d'épaisseur).  Le  chaton  est  un  parallé- 
logramme de  11  millimètres  de  large  avec  3  de  hauteur,  sur  lequel 
a  été  tracé,  au  burin,  un  encadrement  renfermant  la  légende  sui- 
vante : 

DALCI3  {Dulcis) 
avec  un  V  renversé  et  un  S  rétrograde. 

Les  lettres  de  ce  nom,  au  lieu  d'être  gravées,  ont  été  poinçon- 
nées une  à  une 3. 

1.  Néris  dépend  des  canton  et  arrondissement  de  Montlucon. 

2.  Un  peigne  en  bois,  un  Fragment  de  fuseau,  des  chaussures,  etc.  (Lettre  de 
M.  de  Mély,  du  1er  novembre  1891.) 

3.  Une  épitaphe  trouvée  dans  la  même  région,  à  Vichy,  et  datée  de  la  19°  an- 
née du  règne  de  Thierry  I"  (530),  porte  le  nom  de  Dulcetia(E.  Le  Blant,  Nouv. 
rec.  des  inscr.  chrét.  de  la  Gaule,  n°  226,  p.  224). 


238  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

Les  éléments  font  défaut  pour  déterminer  l'époque  à  laquelle 
notre  anneau  a  été  confectionné.  On  peut  l'attribuer  au  ive  siècle 
aussi  bien  qu'au  m0. 


DIOCÈSE  DE  RODEZ 


CCXII 

RAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  PROVENANT  DU  MAS-MARCOU  (AVEYRON)  1 


La  bague  en  or,  figurée  en  tête  de  la  présente  notice,  a  été  trou- 
vée au  cours  de  fouilles  opérées  par  la  Société  des  lettres,  sciences 
et  arts  du  département.  Elle  a  été  décrite  en  1872,  dans  le  Bulletin 
de  la  dite  Société,  par  M.  le  vicomte  de  Saint-Rcmy,  qui  avait  di- 
rigé les  fouilles. 

Notre  anneau  se  compose  :  1°  d'une  tige,  dont  l'ouverture  est  de 
18  millimètres;  2°  d'un  chaton  ovale,  ménagé,  à  même  le  métal, 
qui  a  4  millimètres  de  hauteur  sur  7  de  longueur;  il  est  orné  d'un 
monogramme,  dont  la  forme,  à  raison  de  l'insuffisance  de  hauteur 
du  chaton,  a  été  renversée,  de  manière  que  le  sommet  est  à  la  droite 
du  lecteur,  et  la  base  à  sa  gauche. 

M.  de  Saint-Remy,  considérant  le  bijou  qui  nous  occupe  comme 
étant  d'origine  gallo-romaine,  a  cru  trouver  dans  le  monogramme 
le  nom  du  consul  Caninius  Gallus.  Depuis,  un  des  membres  de  la 
Société  française  de  numismatique  et  d'archéologie,  a,  dans  le 
Compte  rendu  des  travaux  de  cette  Société  ",  montré  l'inadmissibi- 
lité de  cette  interprétation  d'un  monument  qu'on  ne  pouvait  hési- 
ter à  attribuer  à  la  période  mérovingienne. 

Cete  dernière  attribution  est  en  effet  incontestable,  et  il  suffit, 

t.  Le  Mas-Marco u  est  situé  dans  la  commune  de  Flavin,  canton  de  Pont-de- 
Salars,  arrondissement  de  Rodez. 
2.  T.  IV,  année  1873,  p.  88. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


239 


pour  s'en  convaincre,  de  rapprocher  notre  monogramme  de  ceux 
qui  se  voient  sur  des  monnaies  des  vie  et  vue  siècles,  et  qui  sont 
composés  et  exécutés  de  la  même  façon. 

Il  est  d'ailleurs  très  simple  et  d'une  explication  facile  :  il  com- 
prend un  A,  un  V,  un  D  placé  à  uue  des  extrémités  du  mono- 
gramme, et  un  O  gravé  à  l'extrémité  opposée;  ensemble,  un  des 
noms  les  plus  usités  dans  le  haut  moyen  âge  : 

AVDO- 

Le  recueil  des  Charles  et  diplômes  de  Pardessus  nous  offre,  à  lui 
seul,,  la  mention  de  cinq  personnages,  dont  deux  évêques,  ainsi 
appelés  et  figurant  dans  des  actes  de  640,  662,  666,  735  et  744  '. 
C'est  de  ce  vocable  que  se  sont  composés  les  suivants  :  Audo-aldus, 
Audo-bertus,  Audo-enus,  Audo-inus,  Audo-fredus,  Audo-maras, 
Audo-veus,  tous  d'un  emploi  fréquent  à  l'époque  gallo-franque. 

DIOCÈSE  DE  LIMOGES 
CCXIII 

ANNEAU-CACHET  DU  MÉDECIN  PHARMACOPOLE  DONOBKRTUS,  TROUVÉ  A  SAINT- 

CHAMANT  (CORRÈZE) 2 


Un  cultivateur  de  la  commune  de  Saint- Chaînant  découvrit,  en 
1867,  près  des  ruines  du  château  féodal  de  Saint  diamant,  un  an- 
neau ou,  plus  exactement,  les  fragments  d'un  anneau  d'or  jaune 
et  une  cornaline  gravée  qui  devait  en  orner  le  chaton.  Ce  cultiva- 
teur porta  sa  trouvaille  à  un  bijoutier  de  Tulle,  qui  la  lui  acheta  et 

1.  Pardessus,  Ghart  etdiplom.,  t.  II,  p.  63,  126,141,  368  et  394. 

2.  Saint-Chamant  est  une  commune  dépendante  du  canton  d'Argental,  arron- 
dissement de  Tulle.  Cette  bague  a  été  publiée  par  moi,  pour  la  première  fois,  en 
1880  (Rev.arcliéolog.,  2<=  série,  ann.  1880,  t.  II,  p.  1  et  suiv.). 


240 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


la  céda  ensuite  à  feu  Mathieu  Borie,  pharmacien,  et  je  dois  à  l'obli- 
geance de  ce  dernier  d  être  le  possesseur  de  cet  intéressant  monu- 
ment. 

Les  deux  fragments  du  métal  de  la  bague  permettent  de  la  resti- 
tuer aisément  avec  certitude.  Elle  se  composait  d'un  chaton  ovale, 
formé  d'un  cercle  de  4  millimètres  de  hauteur,  sur  lequel  est  sou- 
dée une  bande  d'or  assez  inégalement  taillée,  ayant  une  largeur  de 
1  cent.  50  millimètres  :  cette  bande,  posée  à  plat,  porte  une  ins- 
cription dont  nous  nous  occuperons  bientôt. 

Dans  le  vide  compris  entre  les  bords  intérieurs  de  cette  bande  de 
métal,  était  encastrée,  suivant  toutes  les  vraisemblances,  la  cor- 
naline ovale  gravée  qu'on  a  trouvée  avec  les  fragments  de  la  ba- 
gue et  qui  a  1  cent.  4  millimètres  de  longueur  sur  1  centimètre 
de  largeur. 

La  partie  de  l'anneau  sur  laquelle  sont  soudées  les  diverses  par- 
ties du  chaton  servait  de  support  à  la  cornaline;  toutefois  celle-ci, 
dont  nous  pouvons,  malgré  les  cassures  qu'elle  a  subies,  reconnaî- 
tre facilement  les  contours  primitifs,  était  loin  de  remplir  le  centre 
du  chaton  où  elle  devait  figursr;  elle  y  était  apparemment  assujet- 
tie d'une  façon  et  au  moyen  d'un  corps  dont  nous  n'avons  aucune 
trace  et  que  nous  ne  saurions  déterminer. 

Enfin,  la  tige  et  la  partie  supérieure  du  chaton  sont  bordées  d'un 
fil  d'or  qui  y  est  soudé,  et,  de  chaque  côlô  du  chaton,  il  y  a  trois 
cabochons  ou  globules  d'or,  qui  sont,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  noté,  un 
des  ornements  caractéristiques  du  travail  mérovingien. 

J'arrive  à  l'étude  de  la  légende  circulaire  qui  occupe  tout  le 
pourtour  du  chaton. 

A  la  suite  d'une  croisette,  il  y  a  une  lettre  difficile  à  déchiffrer, 
l'initiale  d'un  nom  dont  les  autres  lettres,  fort  lisibles,  ONOBERTVS, 
sont  suivies  du  mot  FEET  (fecit),  après  lequel  vient  un  M,  suivi 
d'une  lettre  incertaine  et  des  lettres  ICMT  '• 

Cette  lettre  incertaine  semble,  à  première  vue,  être  un  0;  mais, 
outre  que  la  dernière  partie  de  la  légende  serait,  dans  ce  cas,  dé- 
pourvue de  sens,  je  ferai  observer  que  l'initiale  du  nom  de  person- 

1.  Dans  l'article  que  j'ai  consacré  à  ce  monument,  dans  la  Revue  archéologique 
(2e  série,  année  1880,  t.  II,  p...),  j'avais  indiqué  la  leçon  MOICMI,  que  j'avais 
interprétée  par  medicamen  illud.  Un  examen  plus  attentif  a  fait  constater  la  pré- 
sence d'un  T,  au  lieu  de  de  I,  à  la  fin  de  l'inscription. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


241 


nage,  qui  a  été  fortement  altérée  par  un  accident,  laisse  voir  néan- 
moins, quand  on  L'étudié  avec  le  secours  de  la  loupe,  une  forme 
qui  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  la  lettre  qui  nous  occupe; 
or,  si  c'était  un  O,  nous  aurions  la  leçon  OONOBERTVS,  laquelle 
est  inadmissible.  Nous  croyons  remarquer  dans  la  partie  supé- 
rieure de  ladite  lettre,  arrondie  dans  le  bas,  une  sorte  de  barre  ho- 
rizontale qui  nous  donne  l  idée  d'un  D  renversé  (o);  et  si  cette  ex- 
plication était  adoptée  et  qu'elle  fût  également  appliquée,  comme 
cela  serait  rationnel,  à  l'initiale  du  nom  inscrit  sur  le  chaton,  nous 
aurions,  pour  nom  de  personnage,  le  vocable  DONOBERTVS,  assez 
usité  au  moyen  âge,  particulièrement  dans  le  midi  de  ta  Gaule1, 
et,  pour  La  légende  entière,  la  leçon  suivante  : 

*  DONOBERTVS  FEET  MDICMT- 

Quelle  signification  convient-il  d'attribuer  aux  deux  derniers 
mots? 

FEET,  qui  est  là  pour  FECIT,  et  qu'on  rencontre  assez  fréquent 
ment  dans  l'épigraphie  numismatique  de  la  première  race,  suppose 
la  présence  d'un  régime  qui  le  suit,  et  je  proposerais  d'interpréter 
MDICMT  par  M«DlC«M^Tw»  2-  (',<«  mol  aurait  été  ainsi  contracté  à 
cause  de  l'insuffisance  de  l'espace  que  présentait  le  chaton  pour  le 
contenir  en  entier. 

1.  La  Uescriptiu  mancipiorum  ecclesix  Massiliensis,  publiée  à  la  suite  du  Cartu- 
laire  de  Saint-Victor,  contient,  en  effet,  la  mention  de  deux  Donobertus.  Voir  ce 
Carlulaire  dans  la  Collcct.  des  documents  inédits  de  l'Histoire  de  France,  t.  II, 
p.  634  et  63.J. 

2.  M.  le  comte  de  Marsy  (Bulletin  de  la  Soc.  histor.  de  Compiègne,  t.  V;  tiré  à 
part,  p.  9)  a  cru  trouver  dans  les  mots  feet  mdiemt  «  une  variante  de  l'invoca- 
tion floréal  in  Deo,  ou  quelque  forme  analogue.  »  Mais  la  formule  floréal  in  Dco 
ou  une  forme  analogue  sont  bien  trop  éloignées  de  feet  mdiemt  qui  ne  prêle 
pas  au  doute,  et  je  ne  vois  même  pas  comment  on  pourrait  faire  de  celle-ci  une 
corruption  de  celles-là.  Le  verbe  feet  est  d'ailleurs  la  forme,  bien  connue  et 
usitée  sous  les  mérovingiens,  de/rctY,  et  il  paraît  impossible  d'y  voir  une  dégra- 
dation de  floreat.  Or,  ce  verbe,  précédé  du  sujet  Donobertus,  suppose  un  régime 
qui  le  suit  et  qui  ne  peut  que  désigner  l'objet  quVt  fait  Donobertus.  Cet  objet, 
exprimé  par  mdiemt,  forme  contractée  d'un  subslantif,  est  très  probablement 
m(e)dic(a)m(en)t(um),  c'est-à-dire  le  remède  que  le  pliarmacien  ou  plutôt  le 
médecin  pharuiacopole  venait  de  fabriquer.  Je  n'aperçois  même  pas  à  quel 
autre  produit  ce  terme  aurait  pu  s'appliquer.  Je  maintiens  donc  sans  hésitation 
l'explication  que  j'ai  proposée  en  1880. 

16 


2^2 


ÉTUDE   SU!;    LES  ANNEAUX 


D'après  cela,  nous  aurions  ici  L'exemple  d'un  personnage,  qui,  à 
l'époque  mérovingienne,  signait  de  son  nom  de  Donobcrlus  les  mé- 
dicaments qu'il  livrait  au  public. 

Etait-ce  un  simple  pharmacopole  ou  bien  un  médecin  préparant 
lui-même  les  breuvages  et  les  diverses  substances  qu'il  ordonnait, 
comme  le  faisaient,  à  l'époque  romaine,  presque  tous  les  oculisles  (?)' 
Cette  seconde  hypothèse  paraît  de  beaucoup  la  plus  probable.  Les 
officines  de  pbarmacopoles  non  médecins,  dont  il  est  fort  peu  ques- 
I  ion  dans  les  documents  écrits,  étaient  sans  don  le  liés  rares  à  l'épo- 
que des  royautés  barbares. 

La  législation  romaine  nous  fait  voir,  en  effet,  que  généralement 
les  médecins  préparaient  eux-mêmes  les  médicaments  qu'ils  ordon- 
naient. Je  citerai,  pour  le  prouver,  un  passage  des  sentences  du 
jurisconsulte  Paul,  qui  florissait  sous  Septimc  Sévère  (193-211); 
cet  ouvrage,  accompagné  des  inlerpretaliones  d'Anianus,  référen- 
daire du  roi  visigoth  Alaric  II,  faisait  partie  de  la  Lexromana  Wi- 
sigothorum,  qui  fut,  comme  on  sait,  édictée,  en  506,  pour  l'usage 
des  populations  romaines  d'outre-Loire,  chez  lesquelles  elle  resta 
en  vigueur  durant  une  grande  partie  du  moyen  âge.  On  y  lit,  au 
titre  De  legatis,  sentence  62,  que  le  legs  d'un  matériel  (instrumen- 
tum)  de  médecin  entraîne  celui  des  collyres  et  emplâtres,  de  tous 
les  appareils  nécessaires  pour  La  confection  des  médicaments,  el 
enfin  des  instruments  de  chirurgie  :  «  Instrumente)  medici  legalo, 
collyria  el  emplastra,  et  apparatus  omnis  conficiendorum  medica- 
menîomm,  itemque  ferramenta  legato  cedunt1.  » 

Il  résulte  de  là  que,  dans  la  période  romaine  et  aussi  clans  les 
premiers  siècles  du  moyen  âge,  c'était  le  médecin  lui-même  qui 
faisait  le  plus  souvent  et  même  presque  toujours  office  de  pharma- 
cien :  il  en  était  certainement  ainsi  en  dehors  des  centres  considé- 
rables de  population. 

1.  Relativement  à  ces  cachets  d'oculistes  romains,  je  renvoie  le  lecteur  à  la 
Description  générale  que  le  capitaine  Espérandieu  en  a  publiée  dans  la  Revue  ar- 
chéologique (années  1893  et  1894). 

2.  Jurisprudcntiae  antejuslinianae  quae  supersunt,  par  Ed.  Huschke,  1867,  dans 
la  collecl.  Teubner,  p.  409.  —  Jurisprudentia  velus  antejuslinianea,  édition  de 
Schuiting,  in- 4°,  1737,  p.  370.  Dans  une  note  rapportée  par  Schulting,  Cujas 
définit  ainsi  les  médecins  :  «  Medici  sunt  ni  qui  medicamenta  confîciunt,  vulnera 
curant,  cucurbitas  admovenl,  item  qui  circumcidunl  aul  castrant.»  Ibid., 
note  40. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


243 


CCXIV 

ANNEAU  d'aLDUNUS,  AVEC  DOUBLE  CHATON    ET  MONOGRAMME,  TROUVÉ 
A  TURENNE  (cORRÈZE) 


Voici  un  anneau  sigillaire  d'or  pâle,  découvert  en  1878,  près  dos 
ruines  de  l'antique  château  de  Turenne  (Corrèze)  le  castrum  To- 
rinna,  mentionné  aux  années  767  et  769,  dans  les  Annales  des 
Francs,  comme  ayant  été  pris  par  le  roi  Pépin,  au  cours  d'une  de  ses 
expéditions  en  Aquitaine  contre  le  duc  Waïfer  2. 

Ce  bijou,  qui  est  d'une  parfaite  conservation,  après  avoir  été 
possédé  par  M.  Massé na,  alors  maire  de  Malemort  (Corrèze),  a 
passé  dans  la  collection  de  feu  le  baron  Pichon.  11  a  24  millimètres 
d'ouverture;  sa  tige  haute  de  6  millimètres,  près  du  chaton  prin- 
cipal, n'en  a  que  3  auprès  du  deuxième  chaton. 


Le  premier  de  ces  chatons,  ménagé  à  même  le  métal  est  de  forme 
irrégulière  ;  il  a  11  millimètres  de  large  sur  9  dans  sa  plus  grande 
hauteur;  il  perte,  gravé  en  deux  lignes,  le  nom  au  génitif,  de 

ALD 

V  N  I  [Alduni)  Signum  étant  sous  entendu. 

1.  Turenne  est  un  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Brive.  Cet  anneau 
a.  étépublié  par  moi  pour  la  première  fois  en  1880  (Rev.  archêolog.,  année  1880, 
t.  H,  p.  5.) 

2.  «  Mullas  roccas  et  speluncas  conqutesivit  (rex  Pippinus)  :  castrum  Scora- 
liam,  Torinnam  et  Petrociam.  »  (Annales  Laurissenses  ;  Annal.  Einhardi  ;  dans 
Pertz,  Monum.  German.  historica,  Scriplor,  t.  I,  p.  1  44,  146  et  147;  Annal.  Met- 
tens.,  ibid.,  335;  Annal.  Tuld.,  ibid.,  p.  430.) 


244 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Le  deuxième  chaton,  également  pris  dans  la  masse  à  l'oppositc 
du  premier,  est  d'une  forme  ronde  irrégulière,  dont  le  diamètre  est 
de  8  millimètres  1/2.  On  y  voit  un  monogramme  que  feu  Adrien  de 
Longpérier  proposait  d'interpréter  par  AVNVLFVS  ou  ANVLFVSct 
sur  lequel  je  reviendrai  plus  bas. 

Lorsque  j'ai  publié  cet  anneau  pour  la  première  fois  en  1880  \j  ai 
hésité,  pour  la  légende  du  chaton  principal,  entre  la  leçon  ALDVNI 
et  la  leçon  ALDINA,  mais  je  faisais  remarquer  qu'il  faudrait  dans 
celle  dernière  hypothèse,  considérer  la  lettre  V  comme  un  second  A 
renversé  et  non  barré,  ce  qui  est  invraisemblable  en  présence  du 
premier  A,  qui  est  à  la  fois  dans  sa  position  normale  et  pourvu  de 
la  barre  horizontale  intérieure5. 

Je  renonce  aujourd'hui  à  cette  supposition  par  les  raisons  sui- 
vantes. 

En  premier  lieu,  notre  anneau  a  24  millimètres  de  diamètre  in- 
térieur, c'est-à-dire  une  ouverture  très  supérieure  à  l'ouverture  or- 
dinaire des  bagues  de  femmes,  et  qui  fait  penser  a  priori  que 
c'était  l'anneau  d'un  personnage  du  sexe  masculin,  ce  qui  s'ac- 
corde bien  avec  la  leçon  ALDVNI,  et  exclut  la  leçon  ALDINA. 

En  second  lieu,  le  monogramme  du  deuxième  chaton  me  parait 
contenir  un  vocable  féminin. 

Tout  d'abord  je  signalerai  l'absence  de  la  lettre  L,  et,  par  suite, 
l'inadmisibilité  de  la  leçon  Anulfus.  En  second  lieu,  le  S  posé  en 
travers  de  la  ligne  oblique  intérieure  de  N,  prend  ici,  comme  cela 
se  voit  dans  plusieurs  de  nos  anneaux,  la  valeur  du  S  barré,  c'est- 
à-dire  de  S\{gnnm).  Les  autres  sont  le  A  du  sommet  du  mono- 
gramme, le  |  de  droite  (pour  le  lecteur),  le  N  el  la  loti re  E,  ce  qui 
donne  le  nom  de  AINE,  et,  pour  l'ensemble  de  l'inscription, 

S\(gnum)  AINE- 

Ain  —  Agin  est  un  radical  germanique  qui  es!  entré  dans  la 
composition  d'un  grand  nombre  de  vocables  du  haut  moyen  âge, 
tels  que  Ain-hcrga,  Ain-Burgis,  Aui-ti/dis,  Ain-ildis. 

Le  nom  d'Agvia  =  Aina  est  mentionné  deux  fois  dans  le  Polyp- 

1.  Rev.  archêoloy.,  année  1880,  t.  II,  p.  25. 

2.  lbfl.,  note  3. 


DES    PREMIERS    SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


245 


tyquc  de  Saint-Germain-des-Prés  ',  et  nous  trouvons  celui  d'Ainis 
dans  le  Polyptyque  de  Saint-Uemy  \ 

Quant  au  nom  à'Aldumis,  nous  n'en  avons  pas  trouvé  d'exemple 
dans  les  recueils  des  monuments  mérovingiens;  mais,  nous  avons 
un  certain  nombre  de  mentions  du  nom  à'Alduinvs',  qui  en  est 
fort  approchant. 

Le  nom  A'Alduni,  gravé  sur  le  chaton  principal  et  l'inscription 
S(ignam)  Aine ,  inscrite  surleplus  petit,  nous  montrent  que  l'anneau, 
qui  était  essentiellement  et  d'une  manière  permanente  à  l'usage 
du  mari,  servait  aux  deux  époux  (sans  doute  accidentellement)  quand 
la  femme  figurait,  en  même  temps  que  son  mari,  dans  un  acte 
qu'elle  souscrivait,  comme  lui,  en  qualité  de  partie  ou  de  témoin. 

1.  III,  33  ;  IX,  48,  édit.  de  Guérard,  p.  28  et  84;  édit.  d'Aug.  Long-non,  p.  34 
et  110. 

2.  Édit.  de  Guérard,  p.  72. 

3.  Pardessus,  Diplom.  et  ch.,  t.  II,  p.  180,  ad  ann.  709.  Polyptyque  de  Saint- 
Germain-des-Prés,  IX,  184,  XXIV,  183,  édit.  de  Guérard,  p.  102  el  270;  édit. 
d'Aug.  Longnon,  p.  133  el  351 . 


DEUXIÈME  AQUITAINE 


DIOCÈSE  DE  BORDEAUX 
(XXV 

BAGUE  SIG1LLA1RE  DE  LA  JUIVE  ASTER ,  TROUVÉE  A  BORDEAUX 


Ce  magnifique  bijou,  qui  appartient  à  la  collection  de  M.  de 
Chasteigner,  savant  antiquaire  de  Bordeaux,  a  été  découvert,  en 
1851,  dans  une  nie  de  cette  ville5,  au  cours  de  travaux  de  pose  de 
conduites  d'eau  ou  de  gaz,  et  acquis  sur  place  par  son  possesseur 
actuel.  Au  même  endroit,  furent  trouvées  quelques  monnaies  ro- 
maines. 

C'est  un  anneau  en  or  jaune,  massif,  pesant  26  grammes.  La 
tige  en  a  été  déformée  par  un  accident,  mais  on  peut  néanmoins  en 
déterminer  très  approximativement  l'ouverture  à  19  ou  20  milli- 
mètres; la  largeur  en  est  de  10  millimètres  près  du  chaton,  de  i 
seulement  du  côté  opposé.  On  y  voit,  gravé  en  relief  à  droite  et  à 
gauche  du  chaton,  un  chandelier  à  sept  branches,  sur  un  trépied. 

Le  chaton,  qui  a  une  saillie  de  G  millimètres  au  dessus  de  la 
lige,  est  de  forme  ronde;  le  diamètre  en  est  de  11  millimètres.  Au 
pourtour,  sont  gravés  en  relief  six  arceaux,  portés  par  des  colon- 

1.  Rue  dite  (tes  Trois- Conils. 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAU  DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  ACE 


247 


nettes,  et  renfermant,  le  premier  une  troisième  figuration  du  chan- 
delier à  sept  branches,  et  les  cinq  autres,  1rs  lettres  A,  S,  T,  E,  R. 

Sur  le  plat  du  chaton,  il  y  a  un  monogramme,  dans  lequel  se 
retrouvent  les  mêmes  lettres,  c'est-à-dire  la  répétition  du  mot 
ASTER,  et  qui  était  destiné  sans  doute  à  l'usage  de  cachet. 

Ce  très  intéressant  monument  ;i  été  d'abord  sommairement  si- 
gnalé, en  1858,  au  Congrès  archéologique  de  Périgueux,  par  M.  de 
Chasteigner, qui  a  proposé  de  lire  dans  le  monogramme  le  nom  de 
ASTERIVS  '. 

En  1865.  notre  savant  confrère  Edmond  Le  Blant  a  fait  men- 
tion, d'après  une  communication  de  feu  M.  Muret,  le  regrettable 
employé  du  Cabinet  des  médailles,  de  la  même  bague,  «  où  dit-il, 
le  nom  A' Aster  est  gravé  au-dessous  du  monogramme  »  2. 

Depuis,  M.  de  Chasteigner,  dans  une  lettre  adressée  à  M.  Ca- 
mille Jullian  3,  chargé  de  la  publication  des  inscriptions  romaines 
de  Bordeaux,  a  maintenu  et  cherché  à  justifier  en  ces  termes  la  le- 
çon Asterius  :  «  En  décomposant  les  lettres  groupées  dans  le  mo- 
nogramme, nous  avons,  pour  tous  ceux  habitués  à  ces  lectures, 
incontestablement  le  mot  ASTERIVS  :  l'A  au  sommet;  l'S  en  bas, 
croisant  la  base  de  R;  T,  E  réunis;  l'I,  formé  par  le  prolongement, 
en  haut,  du  jambage  de  R;  V,  formé  par  le  jambage  oblique  de  R 
et  celui  de  E;  enfin,  le  S  final,  fourni  par  La  répétition  du  premier, 
coupant  le  jambage  de  V  »  '. 

En  dernier  lieu,  M.  Jullian,  dans  l'important  article  qu'il  a  con- 
sacré à  notre  anneau,  l'a  fait  figurer  sous  toutes  ses  faces,  el  il 
comhat  la  thèse  de  M.  de  Chasteigner.  Il  fait  remarquer  que  le  pro- 
longement do  la  partie  supérieure  de  R,  où  ce  savant  a  vu  un  I, 
n'est  qu'un  trait  parasite,  comme  il  y  en  a  beaucoup  dans  les  ins- 
criptions de  cette  époque;  qu'il  en  est  de  même  de  la  barre  qui 
flanque  le  bas  de  cette  haste  et,  où,  dans  le  cas  contraire,  il  fau- 
drait reconnaître  un  L  M.  Jullian  cite,  comme  exemple  de  ce  pro- 
cède, le  monogramme  RVTE,  gravé  sur  les  I riens  mérovingiens  du 
Rouergue.  Si  d'ailleurs  le  nom  d'ASTER  a  été  écrit  en  toutes 

1.  Comptes  rendus  du  Congrès  archéol,  de  Périgueux,  p.  55. 

2.  Inscrip.  chrét.de  lu  Gaule  t.  II,  p..r>0. 

3.  Le  10  mars  1887. 

4.  Lettre  du  10  mars  1887,  reproduite  par  M.  Camille  Jullian  (Inscript,  rom. 
de  Bordeaux,  t.  II,  Bordeaux,  1890,  p.  103-105).  • 


i24S 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


lettres  au  poni'lour  du  chaton,  c'est  évidemment,  ajoute  M.  Jullian, 
pour  qu'il  n'y  eût  aucun  doute  sur  la  signification  du  monogramme. 
Le  docte  professeur  termine  sa  discussion  par  une  observation 
judicieuse  au  sujet  du  chandelier  à  sept  branches  représenté  sur  la 
bague  en  trois  endroits;  ce  n'est  donc  point  là,  dit-il,  un  simple 
ornement,  mais,  indubitablement  un  symbole,  le  symbole  cher 
entre  tous,  et  la  marque  distinctive  de  la  foi  juive'.  —  Le  vocable 
d'Aster,  qui  est  au  pourtour  du  chaton,  est  celui  d  une  femme 
juive2,  et,  rapproché  de  l'emblème  du  chandelier,  il  est  aussi,  d'une 
façon  irrécusable,  celui  du  monogramme. 

La  démonstration  de  M.  Jullian  me  parait  complète  et  irréfu- 
table. 

Le  monogramme  qui  est  sur  le  plat  du  chaton,  ne  peut  être  sé- 
paré de  la  légende  du  pourtour,  et  celle-ci  est  l'interprétation  fidèle 
de  celui-là.  La  lettre  célèbre  de  l'évèque  Avitus  à  l'évèque  de  Va- 
lence Apollinaire,  concernant  les  inscriptions  quedevail  porter  la 
bague  offerte  par  celui-ci  à  l'illustre  prélat  de  Vienne,  atteste  qu'à 
la  lin  du  ve  siècle  et  au  vic  siècle11  (c'est  à  cette  époque  que  remonte 
la  fabrication  de  notre  anneau),  on  était  d'accord  pour  voir  une 
étroite  corrélation  entre  ces  deux  parties  graphiques  du  bijou.  Mais 
le  simple  bon  sens  suffirait  à  l'imposer.  Le  nom  en  toutes  lettres 
m'  peut  être  que  la  traduction  exacte,  rigoureusement  exacte,  du 
monogramme,  et  il  n'est  permis  d'y  rien  ajouter,  non  plus  que 
d'en  rien  retrancher,  puisqu'elle  est,  sinon  l'œuvre,  du  moins  l'ex- 
pression de  la  volonté  de  celui-là  même  dont  le  nom  est  en  ques- 
ti  m. 

1.  A  la  vérité,  les  Pères  de  l'Eglise  ont  songé  à  détourner  vers  un  sens  chré- 
tien l'emblème  du  chandelier,  comme  d'ailleurs  les  autres  symboles  juifs,  et 
M.  Jullian  cite,  à  ce  propos,  Grégoire  le  Grand  (Hom.  in  Ezrch.,  I,  6,  8).  et 
Clément  d'Alexandrie  (Strorn.,  5,  G),  qui  ont  dit  que  le  chandelier  était  une 
image  du  Uédempleur.  Mais  jamais  un  chrétien  n'eût  voulu  employer  comme 
signe  de  sa  foi,  ce  qui,  aux  yeux  de  tous,  caractérisait  le  Juif.  (Jullian,  ubi 
supra,  p.  106-107.) 

2.  11  y  a  eu  des  païens  appelés  Aster;  il  y  en  a  eu  aussi  de  chrétiens, 
comme  le  prouve  l'anneau  de  Sassari,  où  l'on  voit  ce  nom  enlre  une  croix  et 
une  étoile.  Mais  alors  c'est  un  vocable  masculin,  qui  vient  du  grec  à<ix»ip  et  dont 
le  féminin  est  asleris  (ld.,  ibid.,  p.  108). 

3.  Saint  Avit  fut  sacré  en  470  et  mourut  en  525;  saint  Apollinaire  fut  sacré 
vers  486  et  mourut  vers  520. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


249 


Concluons  donc  que  c'est  le  vocable  féminin  hébraïque  A' Aster 
qu'on  doit  lire  à  la  fois  r.u  pourtour  et  à  la  surface  du  chaton  de 
notre  anneau-cachet.  La  matrone,  pour  laquelle  ce  bijou  avait  été 
confectionne,  appartenait  à  une  des  colonies  israélites,  assez  nom- 
breuses alors  dans  le  sud  ouest  de  La  G-aule  et  particulièrement 
dans  la  vieille  cité  bordelaise1. 


CCXVI 

A.NiNfcAIJ  DE  DOMOLIJNA,  TROUVÉ  A  BORDEAUX. 


Mou  regretté  confrère,  E.  Le  Blant,  dans  son  Nouveau  Recueil 
des  inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule* ,  publia  ira  croquis  du  cha- 
ton de  l'anneau  qui  fait  l'objet  de  la  présente  notice,  et  qui  a  ap- 
partenu à  feu  M.  Abbadie,  architecte,  membre  de  l'Académie  des 
beaux-arts.  Le  tils  de  ce  dernier,  qui  résille  ù  Paris,  a  bien  voulu 
me  communiquer  cet  intéressant  bijo'.i,  et  j'en  ai  fait  exécuter  les 
dessins  reproduits  ci -dessus. 

Cette  bague  a  été  trouvée,  vers  1836,  à  Bordeaux,  près  des 
ruines  du  cirque  romain  vulgairement  appelé  «  Palais  Gallien  », 
au  cours  des  travaux  de  déblai  opérés  sur  l'emplacement  de  la 
voie  qui,  probablement,  bordait  la  façade  extérieure  de  l'édifice3. 

Elle  est  en  or  jaune,  un  peu  pale;  elle  a  21  millimètres  d'ouver- 
ture, mesurés  à  partir  du  chaton,  et  20  dans  le  sens  opposé.  Le 
jonc,  qui  a  3  1/2  millimètres  près  du  chaton,  présente,  a  cet  en- 
droit, et  sur  ses  deux  côtés,  deux  petits  cabochons,  ménagés  à 
même  le  métal. 

Le  chaton,  également  pris  dans  la  masse,  est  de  forme  ronde  et 

1.  Voir  les  ouvrages  historiques  sur  les  Ju  l's  de  Bordeaux,  cités  par  M.  Jul- 
Jian,  ubi  supra,  p.  108. 

2.  Page  303,  n°  283. 

3.  Idem,  /oc.  cit. 


250  ÉTUDE   SUIt    LÈS  ANNEAUX 

a  14  millimètres  de  diamètre  :  on  y  voit,  gravé  en  légende  cir- 
culaire, avec  un  D  cursif  9  comme  initiale,  et  précodé  d'une  croi- 
sette,  le  nom  de 

+  90M0LINA- 

Le  Polyptyque  de  Saint-Remi  de  Reims  (ix°  siècle)  contient  la 
mention  d'une  femme  dont  le  vocable,  Dornmelina,  diffère  bien  peu 
de  celui  de  notre  anneau1. 


DIOCÈSE  DE  SAINTES 
CCXVII  à  CCXLII 

VINGT-SIX  ANNEAUX  PROVENANT  DE  l' ANCIEN  CIMETIÈRE  DE  HEUPES 

(chakente)  1 

Notions  générales  sur  le  cimetière  de  Herpès  et  les  anneaux  qui  y  ont 

été  recueillis. 

Les  26  anneaux  que  je  vais  décrire  et  qui  appartiennent  à  la  col- 
lection de  M.  Ph.  Delamain,  ont  été  recueillis  par  cet  archéologue' 
distingué,  au  cours  de  fouilles  opérées,  sous  sa  direction  et  à  ses 
fiais,  dans  le  cimetière  barbare  qu'il  à  découvert  à  Herpès. 

Avant  d'entreprendre  cette  description,  je  crois  utile  d'exposer 
ici,  louchant  l'âge  de  celle  ancienne  nécropole*  le  mode  de  sépul- 

1.  V.  (iiiérard,  Polyptyque  de  Saint-Remi,  p.  9.  On  trouve  aussi  les  formes 
Domlin  au  vu0  siècle,  dans  Pertz,  Mon.  Germ.  hist.,  II,  186;  et  Domnolenus,  en 
670  et  721,  dans  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  11,  154  et  330. 

2.  Le  village  de  Herpès  est  silué  dans  la  commune  de  Courbillac,  canton  de 
Hou it lac,  arrondissement  d'Angoulème. 

3.  Sauf  deux  (nos  CCXLI  et  CCxLII)  qui  avaient  été  précédemment  trouvés  à 
Herpès;  ils  provenaient  très  probablement  de  l'ancienne  nécropole  et  ont  été 
acquis  par  M.  Delamain. 

4.  Le  nom  de  Herpès  est  exceptionnel  dans  celte  région,  où  presque  tous  les 
centres  de  population  ont  des  vocables  terminés  par  le  suffixe  ac  ou  par  le  mot 
ville.  Mon  savant  confrère  M.  Salomon  Reinach,  à  qui  M.  Delamain  a  fait  part 
de  cette  observation,  lui  a  répondu  en  ces  termes  :  «  Je  suis  porté  à  voir 
dans  Herpès  un  nom  germanique.  On  trouve,  en  effet,  en  Allemagne,  en  Ba- 
vière, des  villes  anciennes  appelées  Herpa,  Herpley,  Herpel,  Herper,  Her- 
pesdorf,  Herpf.  Vous  auriez  donc  en,  à  Herpès,  une  population  franque  assez 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


251 


ture  qui  y  était  pratiqué,  et  quelques-unes  des  notions  consignées 
dans  la  belle  publication  que  M.  Delamain  a  faite,  sur ee  sujet,  au 
nom  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  la  Charente1. 

De  loge  du  cimetière  de  Herpès. 

Tous  ceux  qui  se  sont  occupés  dos  anciennes  sépultures  de  Herpès 
sont  d'accord  pour  reconnaître  qu'elles  sont  postérieures  aux  grandes 
invasions  du  vc  siècle.  Mais  ils  sont  divisés  sur  la  question  de  sa- 
voir à  quelle  époque  de  la  période  barbare  elles  remontent. 

Les  uns  les  ont  placées  dans  l'année  732,  où  à  la  snile  de  la  vic- 
toire remportée,  à  Poitiers,  sur  les  Sarrazins,  par  le  roi  Charles 
Martel,  des  bandes  de  guerriers  francs  pénétrèrent  jusqu'au  fond 
de  l'Aquitaine8. 

M.  Ph.  Delamain,  d'accord  avec  MM.  Alex.  Bertrand  et  Salomon 
Reinach,  a  combattu  celle  opinion  et  adopté  la  date  de  la  bataille 
de  Youillé  (an  507),  où  les  Francs,  sous  la  conduite  de  Clovis, 
délirent  les  Visigoths,  détruisirent  leur  royaume,  et  s'emparèrent 
du  centre  et  du  sud-ouest  de  la  Gaule3. 

De  son  côté,  M.  Maurice  Prou,  qui  a  fait  une  étude  attentive  des 
monnaies  recueillies  dans  les  tombeaux  de  Herpès,  croit  que  l'émis- 
sion en  remonte  au  milieu  du  vic  siècle4. 

Enfin,  M.  le  baron  J.  de  Baye  considère  la  nécropole  de  Herpès 
comme  visigotbique  ;  il  rappelle  que,  durant  près  d'un  siècle,  les 
Visigolhs  occupèrent  le  territoire  gaulois,  des  Pyrénées  à  la  Loir*1, 
et  que  la  deuxième  Aquitain»1,  où  est  situé  le  village  de  Herpès, 
leur  fut  soumise  dès  410;  il  estime  que  la  majeure  partie  des  sépul- 
tures qui  ont  été  découvertes  est  d'une  époque  antérieure  aux 
premiers  temps  de  la  conquête  franque5. 

importante.  »  (Lettre  de  M .  Pli.  Delamain,  du  16  juin  1890.)  Les  rapproche- 
ments ci-dessus  sont  concluants  :  aussi  sommes-nous  surpris  de  ne  pas  re- 
trouver dans  le  livre  de  Forstcmann,  Ovdnamcn,  le  radical  Herp,  ou  l'un  quel- 
conque de  ses  dérivés  dans  la  toponymie  germanique. 

t.  Le  cimetière  de  Herpès  (Fouilles  et  collection  Ph.  Delamain),  grand  in-4, 
avec  26  planches  chromolilhograpliiques,  d'une  remarquable  exécution,  Angou- 
leme,  clic/.  M.  Coquemard,  1892. 

2.  Op.  cit.,  p.  19. 

3.  Ibid.,  p.  19-20. 

4.  Ibid.,  p.  34. 

5.  Ibid.,  p.  38-4'».  Il  convient  de  noter  une  circonstance  importante,  c'est  que 


252 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Sans  entrer  ici  dans  la  discussion  de  la  question,  nous  pensons 
qu'en  présence  des  données  archéologiques  et  numismatiques  qui 
résultent  des  découvertes  de  M.  Delamain,  la  date  de  732  doit  être 
écartée  sans  hésita  lion. 

Quant  au  choix  à  faire  entre  la  période  visigothique  (410-507) 
et  la  période  franque  qui  la  suivit,  il  convient,  croyons-nous,  d'at- 
tendre, pour  se  prononcer,  que  des  éléments  plus  décisifs  se  soient 
produits  :  il  nous  parait  toutefois  vraisemblable,  d'après  ceux  qui 
nous  sont  connus,  que,  dans  le  cimetière  de  Herpès,  il  dut  se  faire 
d'abord  des  inhumations  de  populations  visigothes,  et  plus  tard 
(vers  le  milieu  du  vic  siècle)  de  populations  mélangées  de  Goths  et 
de  Francs. 

Mode  de  sépulture.  —  Orientation  des  corps.  -  -  Distinction  des 

sexes. 

L'inhumation  se  faisait  eu  des  auges  creusées  dans  une  marne 
crayeuse  très  dure. 

Les  corps,  enveloppés  dans  une  étoffe  grossière,  étaient  déposés, 
sans  cercueil,  dans  ces  auges  et  recouverts  de  terre'. 

Invariablement  les  pieds  sont  à  l'est,  et  la  tète  à  l'ouest. 

Les  sexes  se  reconnaissent  avec  certitude  par  l'absence  de  bijoux 
et  d'ornements  chez  les  hommes  et  les  enfants,  et  par  la  présence 
de  bijoux  chez  les  femmes2. 

l'on  n'a  retrouvé  à  Herpès,  ni  boucliers,  ni  angons.ni  les  longues  épées  (ibid., 
p.  10),  qui  se  rencontrent  si  souvent  dans  les  sépultures  sûrement  franques,  el 
notamment  dans  celles  du  Boulonnais  (voir  p.  6  du  rapport  de  M.  Vaillant, 
cité  plus  haut  dans  la  notice  CLXXXV). 

1.  Op.  cil.,  p.  G. 

2.  Ibid.,  p.  7.  M.  Delamain  signale,  en  outre,  pour  ce  qui  concerne  les  sépul- 
tures féminines,  une  particularité  qu'il  est  utile  de  noter  :  «  M.  t..  Marrot  (un 
habitant  de  Herpès,  qui  m'a  assisté  dans  l'exécution  des  fouilles)  m'a  aflirmé 
qu'il  ne  s'y  trompait  jamais,  et  que  l'arête  du  tibia  des  femmes  était  beau- 
coup plus  vive  et  coupante  que  celle  du  tibia  des  hommes.  J'ai  maintes  fois 
étudié  le  fait,  et  je  dois  dire  que  jamais  il  ne  s'est  trompé.  Ses  prévisions,  ba- 
sées sur  la  forme  des  tibias,  ont  toujours  été  justes.  »  Ibid.,  p.  1 . 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


253 


De  la  main  à  laquelle  on  a  trouvé  les  bagues. 

M.  Delamain  n'a  relevé  aucune  observation  sur  ce  point,  relati- 
vement aux  anneaux  provenant  des  tombes  masculines  de  Herpès, 
et  qui  sont  d'ailleurs  en  très  petitnombre  comparativement  à  ceux 
qui  proviennent  de  sépultures  féminines. 

Quant  à  ceux-ci,  il  dit  que,  presque  toujours,  ils  étaient  à  la  main 
droite:  «  Le  contraire,  ajoute-t-il,  est  l'exception;  parfois,  mais 
rarement,  il  y  avait  deux  ou  trois  bagues  à  la  même  main  et  de 
plus  au  même  doigt1.  » 

1°  CCXVII.  —  ANNEAU  DE  FIANÇAILLES  OU  DE  MARIAGE  DE  NENN1US  ET  DE 
VADINEHNA  OU  VADINA 


Cet  anneau  se  compose  d'un  cercle  d'argent  très  mince,  de 
i  millimètres  1/2,  uni  h  l'intérieur,  et  nonogonal  à  l'extérieur;  il 
a  17  millimètres  seulement  d'ouverture,  ce  qui  indique  qu'il  était 
à  l'usage  d'une  femme. 

C'est  un  anneau  de  fiançailles  ou  de  mariage. 

Il  porte,  en  effet,  avec  un  vocable  féminin,  un  nom  d'homme  : 
l'un  et  l'autre  se  lisent  assez  aisément,  en  prenant  pour  point  de 

i.  Op.  cit.,  p.  11.  M.  Delamain  signale  aussi  ce  fail  qu'on  a  recueilli,  dans  le 
cimetière  «le  Herpès,  des  bagues  formées  d"un  simple  ruban  de  bronze,  auquel 
est  quelquefois  soudé  un  petit  bronze  impérial  romain  des  Tétricus,  Postumus, 
Galliénus  et  Constantin  :  «  C'étaient,  dit-il,  les  bagues  des  femmes  pauvres  ». 


254 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


dépar  t  la  croisette  accostée  de  deux  traits  perpendiculaires  (laquelle 
occupe  un  des  pans  du  bijou),  et  en  allant  de  droite  à  gauche,  con- 
séquemment  dans  le  sens  rétrograde. 

Nous  y  trouvons  d'abord  un  V  et  un  A  liés,  un  D  triangulaire 
(A),  un  |,  puis  NEHN,  et  enfin  un  E  terminal  rétrograde  ;  soit,  pour 
cette  partie  de  la  légende,  VADINEHNE,  génitif  de  VADINEHNA  ou 
mieux  de  VADINA,  dont  le  génitif  est  ici  redoublé,  comme  dans 
nombre  de  documents  de  la  période  gallo-franque. 

Ce  nom  de  femme  est  suivi  d'un  vocable  masculin,  qui  se  dis- 
tingue du  premier  par  un  N  initial,  de  dimensions  qui  dépassent 
de  beaucoup  celle  des  autres  caractères.  Ce  vocable,  bienconnu,  est 
celui  de  NENNI,  génitif  de  NENNiVS. 

Nous  avons  ainsi,  pour  l'ensemble  de  l'inscription  : 

l  +  i  VADINEHNE  NENNI  • 

On  peut  aussi  commencer  la  leçon  par  NENNI,  dont  le  premier  N 
a  des  dimensions  exceptionnelles  qui  conviennent  bien  à  une  ma- 
juscule initiale;  dans  ce  cas,  il  faudrait  lire  : 

NENNI  l-H  VADINEHNE- 

Nous  serions  même  d'autant  plus  disposé  à  préférer  ce  dernier 
déchiffrement,  que,  d'une  part,  quand  deux  noms  sont  réunis  sur 
un  anneau  de  notre  époque,  c'est  le  plus  souvent  le  nom  masculin 
qui  précède  le  nom  de  femme1;  que,  d'autre  part,  nous  avons 
déjà  un  exemple  des  deux  vocables  séparés  par  la  croisette2. 

Le  nom  de  Nennius  a  été  porté  par  deux  personnages  histo- 
riques :  1°  l'auteur  de  l'ancienne  Chronique  intitulée  Historia  Bri- 
tonum,  qui  vivait  dans  la  première  moitié  du  ix°  siècle,  et  fut  abbé 
du  monastère  de  Bangor  (principauté  de  dalles)  3  ;  2°  saint  Nennie, 
qui  lut  abbé  du  monastère  d'hiis-Owen,  dans  le  comté  de  London- 
derry  (Irlande) v. 

Le  mot  Vadinehna,  ou  mieux  Vadinu,  est  régulièrement  formé 
sur  le  radical  Vad  ou  Wad,  d'où  sont  dérivés  plusieurs  vocables 

1.  Voir  les  nos  CWVII,  et  XLV,  des  présentes  Eludes  :  nous  n'avons  qu'un 
exemple  de  l'inscription  des  deux  noms  dans  le  sens  opposé  :  celui  de  l'anneau 
de  DIANA  +  AVIVS,  n»  CXVIH. 

2.  Voir  le  n°  CXVIH,  cité  plus  haut. 

3.  Mémoire  de  P.  Paris,  sur  la  Chronique  de  Nennius  {Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  inscript,  et  belles-lettres,  année  18G4,  B.  I,  p.  46). 

4.  Colgan,  Acfa  SS.  Scot.s.  Hibern.',  t.  I,  p.  1  il. 


DES   PREMIERS   SIÈCLES  DU   MOYEN  AGE  255 

germaniques,  savoir  :  Wada  (xie  siècle)  Wadinrj  *  et  Vatin  z=z  Va- 
din  (ix°  siècle) 3.  Notre  Vadina  n'est  autro  que  ce  dernier  mot  fémi- 
nisé. 

2°  GCXVIII.  — BAGUE  AVEC  CHATON  EN  FORME  D  ËDICULE  OlINÉ  DE  GRENATS 


Cette  magnifique  bague,  un  des  plus  beaux  spécimens  que  nous 
connaissions,  en  ce  genre,  de  l'orfèvrerie  mérovingienne,  a  été  dé- 
couverte dans  la  tombe  d'une  femme,  au  doigt  de  laquelle  elle  était 
encore,  ainsi  que  l'anneau  décrit  ci-dessous. 

Elle  est  en  or  jaune,  très  pur,  et  pèse  exactement  2  grammes. 
Elle  a  19  millimètres  d'ouverture,  et  se  compose  d'une  forte  tige  et 
d'un  chaton,  qui  y  est  soudé. 

La  tige,  qui  a,  près  du  chaton,  10  millimètres  de  large,  est 
ornée  de  torsades  sur  tout  son  pourtour  ;  de  chaque  côté,  aux  points 
de  jonction  de  la  tige  et  du  chaton,  il  y  a  deux  perles  ou  cabochons 
assez  gros  en  or,  au-dessous  de  chacun  desquels  quatre  globules. 

Sur  cette  tige,  est  soudé  le  chaton,  dont  la  partie  inférieure,  de 
forme  quadrangulaire,  mesure  14  millimètres  du  côté  le  plus  large, 
correspondant  à  l'ouverture  de  l'anneau,  et  12  millimètres  de 
l'autre  côté  ;  elle  est  ajourée  sur  ses  quatre  faces,  et  a  10  milli- 
mètres de  la  base  à  la  naissance  de  la  partie  cintrée,  qui  mesure 
7  millimètres  de  chacun  des  angles  au  sommet,  lequel  était  orné 
d'un  grenat,  qui,  de  même  que  ceux  des  quatre  angles,  était  sorti 
de  son  alvéole. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  de  plus  amples  détails  touchant  la 
composition  de  ce  remarquable  bijou,  sur  lequel  l'artiste  a  prodi- 

1.  Lacomblet,  Niederseinischcs  Urkundenbuch,  ad  ann.  1015. 

2.  Goldast,  Rer.  Alaman.  scriptor.,  t.  II,  p.  109. 

3.  Neugart,  Cod.  diplomat.  Alaman.,  ad  ann.  811. 


256 


ÉTUDE   SUR   LES  ANNEAUX 


gué  les  ornements,  et  qui  a  dû  être  assurément  porté  par  une 
femme  de  haut  rang. 

Notons,  en  terminant,  qu'il  était  au  même  doigt  que  celui  qui  fait 
l'objet  de  la  notice  suivante. 

3°  CCXIX.  —  ANNEAU  AVEC  l'iNIÏTALE  C  REDOUBLEE 

Cet  anneau  a  été  trouvé  dans  la  mémo  sépulture  féminine  et  au 
même  doigt  que  le  précédent1.  Il  est  en  argent  massif  et  pèse 
S  grammes.  Il  a  19  millimètres  d'ouverture  entre  le  chaton  et  la 
partie  opposée,  et  20  dans  l'autre  sens.  La  tige  a,  près  de  la  nais- 
sance du  chaton,  une  largeur  de  S  millimètres. 


Le  chaton,  pris  dans  la  musse,  est  formé  par  un  simple  aplatis- 
sement, sur  14  millimètres,  de  la  tige,  qui,  dans  cette  partie,  a  une 
largeur  variant  de  5  à  7  millimètres.  Il  présente,  gravée  en  creux, 
une  croix  à  branches  égales,  accostée  de  deux  C,  qui  sont  apparem- 
ment l'initiale  redoublée  du  nom  de  la  personne  pour  l'usage  de  la- 
quelle le  bijou  avait  été  fabriqué. 

4°  CCXX.  —  ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME 

Cet  anneau,  recueilli  dans  la  tombe  d'une  femme,  est  en  bronze 
et  pèse  4  grammes  1/2;  il  a  18  à  19  millimètres  d'ouverture;  la 
tige  a,  près  du  chaton,  6  millimètres  de  largeur.  Sur  le  chaton,  pris 
dans  la  masse,  est  tracé  légèrement,  par  un  double  trait  au  bu- 
rin, un  cadre  ovale  irrégulier  de  12  millimètres  de  large  sur  7  à 
8  de  haut.  On  y  lit,  en  partant  de  la  gauche  (pour  le  lecteur),  un  G 
mérovingien,  un  I,  un  E  rétograde  et  un  S  :  ces  caractères  forment 
le  nom  de 

TISE 

1.  Lettre  de  M.  l'I).  Delamain,  du  16  juin  1890. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  257 

génitif  du  vocable  féminin  G  Isa,  fort  usité  dans  le  haut  moyen  âge1. 
Le  mot  Sirjnum  est  ici  sous-entendu,  ou  peut-êlre  et  même  proba- 


blement le  S  placé  à  la  fin  de  l'inscription,  a,  ainsi  <|iie  nous  l'avons 
remarqué  déjà,  un  double  emploi,  comme  élément  composant  du 
vocable,  et  comme  initiale  du  subslantif  Signum. 


5°  CGXXI.  —  AUTRE  BAGUE  S1GILLAIRE  û'iNTNUS 


Cette  bague  aété  recueillie  au  doigt  d'un  corps  de  femme,  auprès 
duquel  on  a  trouvé,  en  outre,  des  agrafes,  de  petites  fibules,  un  bra- 
celet de  perles  incrustées  d'émail,  bleues,  jaunes  et  noires  à  incrus- 
tations blanches*. 

Cet  anneau  est  en  argent  très  mince;  il  pesé  1  gramme  1/2  et  a 
18  millimètres  d'ouverture.  La  lige  a,  à  la  partie  antérieure  la 
plus  haute,  formant  chaton,  5  millimètres.  On  y  lit,  gravées  en 
creux,  les  leltres  : 

INTNI. 

1.  Nous  le  trouvons  notamment  :  1°  aux  vu*  et  vin0  siècles,  dans  Ja  mention 
d'une  fdle  du  roi  des  Rugit,  Feltbeus  ou  Feva,  et  d'une  fille  du  roi  des  Lombards 
(Paul  Diacre,  Hist.  Langobardor.,  lib.  I.  cap  xix,  et  V,  viu;  apud  Monum.  Ger- 
man.histor.,  édit.  in-4,  p.  19,  141  et  148);  2°au  ix°  siècle,  dans  le  Polyptyque  de 
Saint-Germain-des-Prés,  édit.  A  Longnon,  p.  2;  édit.  Guérard,  p.  1  ;  3°  au 
vmc  siècle,  dans  les  Tradition.  Wizenburg.,  n°  67:  4°  au  xic  siècle  dans  le  Re- 
cueil des  chartes  de  Lorch(Coti.  Laareshan,  diplomatie.,  n°  597). 

2.  lettre  de  M.  Ph.  Delamain,  du  16  juin  1890. 

n 


258 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX; 


Le  radical  de  ce  nom,  inl  ou  ind,  se  trouve  dans  un  certain  nombre 
de  vocables  germaniques,  notamment  dans  le  nom  masculin  d'Jn- 
duni\  et  le  nom  féminin  d'Intanini*  qu'il  convient  de  rapprocher 
de  notre  anneau,  puisque  celui-ci  a  été  trouvé  au  doigt  d'une 
femme. 


6°  CCXX1I.  —  ANNEAU  S1GILLA1RE  AVEC  LIN1T1ALE  M. 


Voici  un  anneau  en  argent,  trouvé  au  doigt  d'une  femme, 
dont  la  tombe  renfermait,  en  outre,  deux  agrafes  en  argent  d'un 
travail  soigné,  et  une  deuxième  bague  en  argent,  mais  privée  de 
toute  inscription,  à  la  différence  do  celle  qui  fait  l'objet  de  la  pré- 
sente notice3. 

Celle-ci  a  47  millimètres  d'ouverture;  la  tige  a  3  millimètres  et 
demi  dans  sa  plus  grande  hauteur,  à  la  partie  antérieure  formanl 
chaton,  et  sur  laquelle  est  gravée  la  lettre  M,  initiale  du  nom  de  la 
femme  pour  laquelle  le  bijou  avait  été  fabriqué  et  à  laquelle  il  ser- 
vait sans  doute  de  cachet. 

11  est  à  remarquer  que,  sur  la  queue  des  deux  agrafes  mention- 
nées plus  haut,  la  même  lettre  M  est  reproduite  deux  fois  de  cha- 
que côté*. 

7°  CCXXIII.  —  BAGUE  AVEC  INSCRIPTION 

Voici  une  bague  en  bronze,  recueillie  sur  un  squelette  de  femme; 
aucun  autre  bijou  ne  l'accompagnait5. 

Elle  a  19  milljmètres  d'ouverture;  la  tige,  simplement  ornée, 

1.  Goldast,  Rerum  Alamannicarum  Scriplores,  t.  II,  a.  102. 

2.  Dronke,  Cod.  Diplomatie.  Fuldens.  ann.  841,  n°  531. 

3.  Lettre  de  M.  Ph.  Delarnain,  du  16  juin  1890. 

4.  Ibid. 

5.  Lettre  de  M.  Ph.  Delarnain,  du  25  septembre  1890. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  259 

a,  près  du  chaton,  o  millimètres  de  large.  A  droite  et  à  gauche, 
sous  le  chaton,  une  figurine  en  saillie,  (l'un  travail  rudimentaire. 
Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  de  l'orme  ronde  et  a  10  millimè- 
tres de  diamètre.  On  y  a  gravé  en  creux  des  caractères,  où  nous  dis- 


tinguons, en  considérant  l'inscription  dans  le  sens  de  la  tige  de 
droite  et  en  partant  de  la  gauche  (du  lecteur),  un  K  et  peut-être  un 
I,  placé  obliquement  sur  la  haste  de  cette  lettre,  un  A  et  un  F.  Nous 
ne  pouvons  proposer  aucune  explication  de  ces  caractères,  où  il 
faut  chercher  le  nom  de  la  femme  pour  laquelle  ce  bijou  avait  été 
fabriqué. 

8°  CCXXIV.  —  BAGUE  AVKC  CROIX  GRECQUE 

Cette  bague  a  élè  trouvée  à  la  main  droite  d'une  femme,  dont  la 
sépulture  contenait,  en  outre,  un  verre  et  deux  agrafes  '. 

Elle  est  en  argent  et  pèse  8  grammes.  Elle  a  19  millimètres 


d'ouverture.  La  lige  a  12  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur 
sous  le  chaton,  5  du  côté  opposé.  Le  chaton,  soudé  sur  la  tige,  est 
de  forme  ovale,  avec  7  millimètres  de  haut  sur  10  de  large.  La 
croix  qui  y  figure  est  un  trait  profond,  fait  au  burin  et  rempli 
d'émail  noir;  les  quatre  branches  en  sont  fortement  renflées  aux 
extrémités. 

1.  Lettre  de  M.  Ph.  Delamain,  du  1G  juin  1890. 


l2()0  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


9"  GCXXV.           ANNEAU  AVEC  VERRE  BLEU  AU  CHATON 


Cet  anneau  a  été  trouve,  à  la  main  droite  d'une  femme,  auprès 
de  laquelle  on  a  recueilli,  en  outre,  deux  agrafes,  et  une  quantité 
considérable  de  perles  d'ambre  '. 

Il  pèse  5sr,90;  il  est  composé  d'un  ruban  d'argent,  qui  a  été  lé- 
gèrement déformé,  et  mesure  21  millimètres  d'ouverture  entre  le 
chaton  et  la  partie  opposée,  19  millimètres  1/2  dans  l'autre  sens. 
La  tige  a  1 1  millimètres  de  large  près  du  cbaton,  3  du  côté  opposé; 
elle  est  ornée,  à  droite  cl  à  gauche,  d'enroulements  en  relief,  qui 
y  ont  été  soudés.  Le  chaton,  de  forme  presque  ronde,  irrégulière, 
a  9  millimètres  dans  sa  plus  grande  hauteur,  et  11  dans  sa  plus 
grande  largeur  :  c'est  un  morceau  de  verre  bleu,  serti  dans  du 
bronze,  lequel  est  serti  lui-même  dans  de  l'argent;  il  est  accom- 
pagné, en  bas  et  en  haut,  de  trois  globules  ou  cabochons  en  ar- 
gent. On  y  remarque  des  trous  résultant  d'un  accident  ou  d  une 
dégradation  causée  par  l'humidité. 


10°  CCXX.VI.  —  BAGUE  AVEC  RONDELLE  DE  GRENAT 


Celte  bague  a  élé  recueillie,  dans  une  des  tombes  de  Herpès,  en 
1.  Lettre  de  M.  Ph.  Delamain,  du  16  juin  1890. 


DES  PHKM1ERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


26i 


môme  temps  que  deux  boucles  d'oreilles  en  os  avec  cabochons  de 
grenat,  des  perles  et  des  agrafes  à  tètes  d'oiseaux  aux  yeux  de  grenat'. 

Elle  est  en  or  et  pèse  is',30.  La  tige  est  creuse,  et  le  vide  est 
rempli  par  une  pâte  d'argile  fine.  Elle  a  18  millimètres  1/2  d'ou- 
verture; 8  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur  sous  le  chaton. 
Dans  celui-ci,  qui  est  déforme  ronde,  et  a  7  millimètres  de  diamè- 
tre, on  a  serti  une  rondelle  de  grenat  de  b"  millimètres;  il  est  en- 
touré d'un  cordon  de  grènetis  et  accosté  de  groupes  de  globules  en 
or,  qui  se  prolongent,  à  droite  et  à  gauche,  sur  la  tige. 


11°  CCXXYII.  —  ANNEAU  AVEC  PLAQUES  DE  GRENAT 


Voici  un  bel  anneau  d'or  massif,  trouvé  dans  une  des  sépultures 
féminines  de  Herpès,  avec  deux  superbes  agrafes  en  argent  doré 
et  des  perles  de  verre  \ 

Il  pèse  6  grammes.  La  tige  est  un  ruban  d'or,  orné,  de  7  milli- 
mètres de  large  près  du  chaton  ;  elle  a  18  millimètres  1/2  d'ouver- 
ture. Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige,  est  une  rondelle  en  or  de 
21  millimètres  de  diamètre,  au  centre  de  laquelle  il  y  a  une  petite 
plaque  ronde,  d'où  partent  douze  rayons  où  sont  serties  des  pla- 
ques de  grenat.  Trois  de  ces  plaques  sont  formées  de  deux  pierres 
séparées  par  une  cloison  en  or,  sans  doute  à  défaut  de  pierres  as- 
sez grandes  pour  remplir  chacun  de  ces  trois  rayons.  Sous  la  ro- 
sace, il  y  a,  de  chaque  côté,  quatre  globules  ou  cabochons.  Nous 
avons  d'autres  exemples  de  ce  mode  de  décoration. 

12°  GCXXV1II.  —  BAGUE  AVEC  INTAILLE  ANTIQUE 

La  sépulture  féminine  où  cette  bague  a  été  recueillie,  renfermait 
une  plaque  en  argent,  ornée  de  plaques  de  grenat  et  d'un  gros  ca- 
bochon de  grenat3. 

1.  Lettre  de  M.  Ph.  DeJamain,  du  16  juin  1890. 

2.  Lettre  précitée  de  M.  Ph.  Delamain. 

3.  Lettre  précitée  de  M.  Pli,  Delamain. 


262 


ÉTUDE  SUR  DES  ANNEAUX 


Elle  est  en  or  massif,  d'un  poids  de  G  grammes.  Légèrement 
comprimée,  elle  a  17  millimètres  d'ouverture  du  chaton  à  l'extré- 
mité opposée,  taudis  qu'elle  n'en  a  que  1G  de  l'autre  côté. 

Le  chaton,  soudé  sur  la  lige,  est  de  forme  légèrement  ovoïde, 
avec  15  millimètres  1/2  de  hauteur  sur  une  largeur  de  14  milli- 
mètres. C'est  une  intaille  sur  pierre  dure  noire,  où  Jupiter  est  re- 
présenté assis,  posant  une  couronne  sur  la  tète  de  son  aigle.  Cette 


intaille  est  évidemment  un  ouvrage  de  facture  antique,  dont  on 
s'est  servi  pour  décorer  la  bague  gallo-franque  qui  nous  occupe  A 
un  doigt  de  la  main  gauche  de  la  femme  qui  portait  cette  bague,  et 
au-dessus  de  ce  bijou,  il  y  avait  un  anneau,  simple  cercle  d'argent, 
orné,  à  sa  partie  antérieure,  de  croix  de  Saint-André,  et  dont  l'ou- 
verture, exactement  égale  à  celle  do  notre  bague,  indique  que  les 
ilcux  objets  avaient  été  fabriqués  pour  la  même  personne. 

Nous  avons  là  un  nouvel  exemple  de  l'emploi,  bien  connu  d'ail- 
leurs, d'œuvres  d'art  païennes  pour  orner  des  anneaux  beaucoup 
[dus  récents  et  de  caractère  chrétien  '. 

13°  GCXXIX.          ANNEAU  AVEC  DU  CIUSÏAL  TAILLÉ  AU  CHATON 


La  tombe  oïi  cet  anneau  a  été  recueilli,  contenait,  en  outre,  un 
1.  N09  XXIV,  XXXIX,  CXXXI,  CXI, III,  GCXIH,  CCLXXXVl. 


DES    PREMIERS    SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


263 


vase  en  terre  noire  et  quelques  perles,  qui  indiquent  une  sépulture 
féminine1. 

Le  bijou  ici  figuré  est  an  cercle  d'or  jaune  cliiir,  qui  a  17  milli- 
mètres d'ouverture  entre  le  chaton  et  la  partie  opposée  de  la  lige, 
18  clans  l'autre  sens.  Le  chaton  parait  avoir  été  ménagé  à  même  le 
métal,  car  il  n'y  a  nulle  trace  de  soudure  ;  il  est  de  forme  carrée, 
mesurant  8  millimètres  de  côté;  on  y  a  serti  un  morceau  de  cristal 
de  roche,  taillé  à  facettes.  La  hauteur  totale  du  chaton,  y  compris 
cet  ornement,  est  de  6  millimètres,  et  le  poids  total  de  la  bague  est 
de  4sr,50. 

lis  CCXXX.           ANNEAU  FORMÉ  d'un  RIIRAN  DE  MÉTAL  ROULÉ  EN  SPIRALE 


Parmi  les  nombreux  bijoux  recueillis  par  M.  Delamain  au  cours 
des  fouilles  de  ÏFerpes,  il  y  a  un  type  d'anneaux  dont  nous  faisons 
figurer  ici  un  spécimen.  Il  est  toujours  en  argent  :  il  consiste  en 
un  simple  ruban  de  ce  métal,  roulé  en  une  spirale,  qui  est  quelque- 
lois  de  deux  tours  seulement,  quelquefois  de  quatre,  mais  géné- 
ralement de  trois.  La  largeur  et  l'épaisseur  de  ce  ruban  varient 
beaucoup  2. 

La  bague  représentée  en  tète  de  cette  notice  a  19  millimètres  1/2 
d'ouverture  et  une  hauteur  totale  de  10  millimètres.  Le  ruban  dont 
(die  est  formée  a  4  millimètres  1/2  de  largeur. 

15°  CCXXXI.           RAGUE  AVEC  ÉMERAUDE  AU  CHATON 

Voici  encore  une  belle  bague,  trouvée,  avec  divers  objets  de 
toilette,  dans  une  sépulture  féminine  de  la  nécropole  de  Herpès3. 

1.  Lettre  de  M.  Pli.  Delamain,  du  13  novembre  1890.  La  faible  ouverture  de 
la  bague  vient  à  l'appui  de  cette  opinion. 

2.  Lettre  de  M.  Ph.  Delamain,  du  16  juin  1890. 

3.  Celte  tombe  contenait  une  grande  agrafe  à  rayons;  deux  boucles  d'oreilles 
à  grenats  cloisonnés;  deux  fibules  perroquet,  en  argent  doré  ;  un  globe  de  cris- 
tal de  roche,  serti  dans  de  l'argent  et  suspendu  au  cou  ;  beaucoup  de  perles 
d'ambre  et  de  verre  émaillé;  et  un  beau  verre  en  forme  de  cornet.  (Lettre  de 
M.  Ph.  Delamain,  du  10  mars  I8">3.) 


264  ÉTUDE  SUK  LES  AMNEAL'V. 

Cotte  bague,  qui  est  dans  un  état  partait  de  conservation,  est  en 
or  jaune  pur  et  pèse  8  grammes;  elle  a  19  millimètres  d'ouverture; 
sa  tige,  qui  a  12  millimètres  1/2  près  du  chaton  et  17  du  côté 
opposé,  est  bordée  d'un  cordon  degrènetis,  et  ornée  de  dessins  au 
pointillé. 


Le  chaton  est  formé  d'une  émcraude,  sertie  dans  une  cuvette  à 
côtes,  faisant  une  saillie  de  6  millimètres  sur  la  tige  où  elle  est 
soudée,  et  décorée,  à  sa  partie  supérieure,  d'une  double  rangée  do 
grènotis;  au  dessus  et  au  dessous  de  cette  cuvette,  une  barre  de 
grènetis;  à  droite  et  à  gauche,  trois  globules. 

16°  CCXXX1I.  —  BAGUE  ORNÉE  DE  PALMES  OU  d'aRÊTES  DE  POISSON 


Cette  bague  a  été  trouvée  dans  une  sépulture  féminine,  où  l'on  a 
recueilli,  on  même  temps,  des  objets  de  diverse  nature  '. 

t.  lîu  voici  le  délai!  :  au  pied  du  squelette,  une  cuvette  en  bronze;  aux  cuis- 


DES    PREMIERS    SIÈCLES    DU  MOYEN  AGE 


2(35 


T'jst  un  ruban  de  bronze  non  fermé  ni  soudé,  dont  l'ouverture 
esl  le  21  à  22  millimètres,  et  dont  la  largeur,  près  du  chaton,  est  de 
8  millimètres  1/2. 

Le  chaton,  ménagéà  même  le  métal,  est  un  parallélogramme  de 
12  millimètres  de  large  sur  8  1/2  de  hauteur,  accosté  d'un  orne- 
ment en  forme  do  longues  palmes  ou  d'arètesde  poisson,  en  poin- 
tillé, avec  bordure  pareille. 

Sur  le  chaton,  l'on  voit,  dans  un  cadre  pointillé,  la  reproduction 
d'une  partie  des  ornements  de  la  tige.  Au  centre  du  chaton,  il  y  a 
une  petite  barre.  Le  tout  est  gravé  en  pointillé. 

17°  CCXXX1II.  —  BAGUE  AVEC  GRENAT  AU  CHATON 


Ce  bijou  a  été  recueilli  dans  une  tombe  féminine,  qui  contenait, 
en  outre,  divers  objets  de  toilet  te  '. 

L'anneau,  composé  d'une  simple  bande  de  bronze,  large  de  3  mil- 
limètres 1/2,  a  19  millimètres  d'ouverture.  Le  chaton,  de  forme 
ronde,  soudé  sur  la  tige,  avec  un  relief  de  7  millimètres,  a  9  milli- 
mètres de  diamètre.  Il  contient,  dans  un  cercle  de  métal,  un  grenat 
lapidé  à  plat. 

ses,  une  fibule  ronde  en  bronze  doré;  au  buste,  deux  fibules  cruciformes  en 
argent  doré  ;  à  la  tête,  une  fiole  en  verre,  pleine  des  traces  d'un  liquide  rouge  > 
à  droite  de  la  tète,  un  très  beau  sceau  en  bois,  cerclé  de  bronze  doré  et  re- 
poussé, et  renfermant  un  verre  à  cornet. 

1.  Deux  fibules  d'argent  en  forme  de  perroquet,  des  perles  en  pâte  de  verre, 
une  boucle  en  fer,  un  cercle  de  bronze  orné  et  une  soucoupe,  placée  près  de  la 
lètc  de  la  défunte. 


266  ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 

18°  (XX XXIV.  —  ANNEAU  AVEC  COULEUVRE  SOUDÉE  AU  CHATON 


Cet  anneau,  trouvé  dans  une  sépulture  de  femme',  est  formé 
(i'un  mince  ruban  d'argent,  dont  la  largeur,  près  du  chaton,  est  de 
.*)  millimètres.  Il  a  20  millimètres  d'ouverture. 

Le  chaton  est  une  mince  plaque  d'argent,  ovale,  de  19  milli- 
mètres de  hauteur  sur  15  de  large.  Sur  cette  plaque,  soudée  à  la 
tige,  est  soudée  en  relief  une  petite  couleuvre  enroulée,  d'argent 
massif.  Le  tout  porte  des  traces  visibles  de  dorure. 

19°  CCXXXV.  —  ANNEAU  AVKC  Cil  A  TON  EN  FORME  DE  CROIX,  COMPOSÉ  DE 

VERROTERIE 


Ce  bijou  en  bronze,  qui  porte  des  traces  de  dorure,  ;i  été  recueilli 

1.  Cette  sépulture  renfermait,  en  outre,  une  autre  baglie  en  spirale;  un  bassin 
en  bronze,  renversé  sur  les  tibias  ;  un  anneau  en  bronze  à  la  hauteur  des  ge- 
noux ;  une  boucle  en  bronze;  une  clef  en  fer,  suspendue  à  la  ceinture;  trois 
fibules  en  argent  doré,  l'une  carrée,  une  autre  cruciforme,  et  la  troisième  en 
forme  de  têtard;  enfin,  des  perles  en  verre  bleu  foncé.  (Lettre  de  M.  Delamain, 
du  18  janvier  1894.) 


DES    PREMIERS  SIÈCLES    DU    MOYEN  AGE 


207 


dans  la  tombe  d'une  femme,  avec  divers  objets  de  toilette'  et  un 
autre  anneau  quenous  décrivons  ci-dessous".  Il  a  18  millimètres  \ /2 
d'ouverture;  sa  tige  en  a  4  de  large.  Le  chaton,  qui  y  est  soudé, 
est  formé  de  quatre  grenats,  qui  entourent  un  carré  de  verre  vert, 
et  sont  sertis  dans  h1  bronze,  formant  une  croix  égale;  il  a,  en  son 
ensemble,  18  millimètres  mesurés  dans  les  deux  sens.  Ce  disposi- 
tif se  retrouve  exactement  sur  une  autre  bague  décrite  plus  bas'1. 

20°  CCXXXVI.  —  BAGUE  AVEC  FIGURE  d'aNIMAL 


Dans  la  sépulture  féminine  où  le  bijou  ci  dessus  décrit  a  été  trouvé, 
on  a  recueilli  celui  dont  il  s'agit  ici.  C'est  aussi  une  bague  en 
bronze,  qui  présente  des  traces  de  dorure.  Elle  a  20  millimètres 
d'ouverture.  Le  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  est  un  bourrelel 
ovale,  de  11  millimètres  de  large,  sur  7  de  haut.  On  y  voit,  gravée 
en  creux,  la  figure  d'un  animal  quadrupède,  dont  il  est  difficile  de 
définir  l'espèce. 

21°  CCXXXVII.  —  BAGUE  AVEC  CHATON  EN  FORME  DE  CROIX,  COMPOSÉ  DE 

VERROTERIE 

Voici  une  bague  recueillie,  comme  les  deux  précédentes,  dans 
une  tombe  de  femme.  Elle  est  formée  d'un  mince  ruban  d'argent. 
Elle  a  18  millimètres  d'ouverture;  la  lige,  qui  a  5  millimètres  dé 
large,  est  ornée  de  qualre  filets,  dont  deux  en  bordure. 

Le  chaton,  soudé  sur  cette  tige,  se  compose,  comme  dans  le 

1.  Une  tibule  en  argent,  en  forme  de  perroquet,  ornée  de  grenats;  une  paire 
de  boucles  d'oreilles;  une  boucle  en  bronze  commune  et  des  perles  en  verre. 
(Lettre  précitée  de  M.  Delamain.) 

2.  N°  CCXXXVI. 

3.  No  GGXXXVII. 


268 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


n°CGXXXV  ci-dessus  (mais  avec  un  travail  plus  soigné),  de  quatre 
grenats  semi-circulaires,  lapidés  a  plat,  et  au  centré  desquels  il  y 


a  un  carré  de  verre,  vert.  Mesuré  en  son  ensemble,  il  a  dans  les 
deux  sens  14  à  15  millimètres'. 

22°  GCXXXV1II.  —  BAGUE  OCTOGONE,  AVEC  DESSINS  A  LA  ROULETTE 


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Voici  une  bague  octogone,  en  argent  massif,  trouvée  dans  une 
sépulture  féminine.  Elle  a  19  millimètres  d'ouverture,  2  millimè- 
tres d'épaisseur  et  6  millimètres  de  liauteur  dans  tout  son  pour- 
tour. 

Les  dessins  qui  y  ont  été  imprimés  à  la  roulette,  sont,  d'après 
une  observation  de  M.  Pli.  Delamain,  la  reproduction  des  orne- 
ments les  plus  usités  pour  la  décoration  des  vases  en  terre  recueil- 
lis dans  la  nécropole  de  Herpès \ 

\.  Celte  sépulture  contenait,  avec  le  bijou  que  nous  venons  de  décrire,  deux 
fibules  en  argent,  forme  perroquet,  d'un  bon  travail  ;  une  fibule  ronde  en  ar- 
gent, ornée  de  quinze  grenats,  au  centre  desquels  une  rondelle  d'ivoire;  une 
paire  de  boucles  d'oreilles,  avec  pendeloques  cloisonnées;  enfin  des  perles  com- 
munes. (Lettre  précitée  de  M.  Delamain,  du  18  janvier  1<S94.) 

2.  Lettre  précitée  de  M.  Delamain. Les  autres  objets  trouvés  dans  relie  tombe 


DES  PHEMIERS    SIÈCLES   DU  MOYEN  AGE 


23°  CCXXXIX.  —  BAGUE  AVEC  GRENAT  AU  CHATON 


Cette  bague  en  bronze  a  été  trouvée  clans  une  sépulture  féminine 
avec  divers  objets  de  toilette';  elle  a  20  millimètres  d'ouverture; 
la  tige,  dont  la  largeur  près  du  cbaton  est  de  6  à  7  millimètres, 
est  décorée  d'ornements  en  zigzags,  formés  de  tresses  en  filigrane, 
comme  les  tresses  du  milieu,  soudées  sur  le  cercle  et  très  usées. 

Le  cbaton,  également  soudé  sur  la  tige,  est  composé  de  deux 
tresses  concentriques  de  filigrane,  au  centre  desquelles  est  serti  un 
grenal  lapidé  à  plat. 


2i°  GCXL.  —  BAGUE  EN  ARGENT  A  L'ÉTAT  BRUT 


O  bijou,  trouvé  dans  une  sépulture  masculine,  est  à  l'état  brul  : 

sont  les  suivants  :  une  autre  bague  en  argent,  formée  d'un  simple  cercle  uni  ; 
un  boulon  en  bronze;  une  fibule  cruciforme  en  argent;  une  paire  de  boucles 
d'oreilles  avec  deux  perles  d'ambre  pour  pendanls  ;  un  anneau  en  fer;  une 
forte  aiguille  en  fer  ;  un  vase  en  terre  grossière  ;  et  un  petit  bronze  de  Fausta, 
percé. 

1.  Voici  le  détail  de  ces  objets  :  une  pince  à  épiler,  très  ornée;  deux  agrafes 


270 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


il  n'a  pas  été  retouché  et  porte  encore  des  bavures  de  tonte1;  il  a 
22  millimètres  d'ouverture  La  tige,  un  peu  au-dessousdu  chaton, 
a  2  millimètres  d'épaisseur.  Le  chaton,  pris  dans  la  masse  et  de 
forme  ovale,  a  21  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur,  sur  12 
de  hauteur;  il  est  uni  et  était  sans  doute  destiné  à  recevoir  la  gra- 
vure d'ornements  ou  d'une  inscription. 

25°  CCX.LI.  —  liAGUE  AVEC  CORNALINE  AU  CHATON 


(letlc  bague,  de  même  que  celle  qui  sera  décrite  ci-après,  n'a 
pas  été  recueillie  au  cours  des  fouilles  opérées  par  M.  Delamain 
dans  le  cimetière  barbare  de  Herpès;  mais  elle  a  été  trouvée,  il  y 
a  vingt  ans  environ,  dans  ce  village;  et  le  savant  et  zélé  archéolo- 
gue, qui  l'a  récemment  acquise,  estime  avec  raison  qu'elle  doit 
provenir  de  la  riche  nécropole,  dont  il  a  pratiqué  l'exploration 
d'une  façon  si  intelligente  et  si  fructueuse  pour  la  science. 

La  forme  du  bijou,  et  celle  du  numéro  suivant,  sa  fabrique  et 
son  mode  d'ornementation  semblent  d'ailleurs  exclure  tout  doute 
à  cet  égard. 

L'anneau  qui  nous  occupe  est  en  argent,  creux  dans  la  masse; 

en  l'orme  de  hameçon  double;  une  coupe  élégante  en  terre  noire  ;  et  des  perle* 
en  pâte  de  verre  émaillé.  (Lettre  précitée  de  M.  Delamain,  du  18  janvier  1804.) 

1.  Lettre  précitée  de  M.  Delamain  La  tombe  renfermait,  en  outre,  les  objets 
suivanls  :  à  la  hauteur  de  la  hanche  droite,  une  francisque  ou  hache  en  fer;  h  la 
ceinture,  une  boucle  de  ceinturon  en  bronze,  un  couteau  à  un  seul  tranchant 
et  trois  clous  en  bronze  qui  tenaient  sans  doute  à  la  boucle  de  ceinturon  :  à  la 
hauteur  du  coude  gauche,  une  petite  boucle  ;  enfin,  près  de  la  tête,  une  burclte 
en  verre. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


'271 


il  a  19  millimètres  d'ouverture  seulement.  Sa  tige,  qui  a  7  milli- 
mètres 1/2  de  largo  près  du  chaton,  se  rétrécit  à  mesure  qu'elle 
s'en  éloigne,  et  n'a  plus  que  i  millimètres  du  côté  opposé;  elle  est 
couverte  de  filigranes  et  de  globules,  qui  la  décorent  très  élégam- 
ment. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  et  soudé  sur  la  tige,  au-dessus  de 
laquelle  il  est  en  relief  de  9  millimètres,  a  15  millimètres  de  dia- 
mètre à  sa  base.  La  cuvette  de  métal  dont  il  est  composé  est  ornée, 
au  pourtour,  d'une  rangée  d'angles  formant  un  dessin  gracieux, 
et  d'un  cordon  de  grènetis;  et,  à  la  surface,  de  deux  cercles  concen- 
triques, dont  l'un,  celui  du  bord  extérieur,  est  un  grènetis,  et  dans 
lesquels  est  enchâssée  une  cornaline. 

26°  CCXLH.  —  BAGUE  AVEC  GRENAT  AU  CHATON 


Cette  bague,  de  même  que  la  précédente,  a  été  trouvée  au  village 
de  Herpès,  et  provient,  suivant  toutes  les  probabilités,  d'une  sé- 
pulture du  cimetière  barbare  de  cette  localité'. 

Elle  est  entièrement  en  filigrane  d'argent  :  elle  a  22  millimètres 
d'ouverture,  ce  qui  permet  de  supposer  qu'elle  était  à  l'usage  d'un 
homme.  Sa  tige,  large  de  10  millimètres  dans  tout  son  pourtour, 
se  compose  de  huit  tresses  de  métal,  soudées  ensemble  par  la  tran- 
che. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  a  18  millimètres  de  diamètre;  il  est 
soudé  sur  la  tige,  et  comme  celle  ci  en  filigrane.  Des  huit  grenats 
qui  y  sont  sertis,  sept  sont  lapides  à  plat;  le  huitième  est  placé,  au 
centre,  en  cabochon. 

1.  Voir  ce  qui  est  dit,  à  ce  sujet,  dans  le  n°  CCXIJ  ci-dessus. 


272 


ÉTUDE  SUR  LliS  ANNEAUX 


Ce  dispositif,  semblable  à  celui  de  deux  anneaux  du  cimetière 
de  Herpès  précédemment  décrits1,  indique  bien  leur  communauté 
d'origine. 

GCXL1II 

ANNEAU  AVEC  i/lNITlALE  G  ET  DEUX  S  AU  CHATON,  TROUVÉ  A  RIRON 
(CHARENTE-INFÉRIEURE) 1 


Voici  un  anneau  recueilli  par  M.  Ph.  Delamain  dans  une  né- 
cropole barbare,  par  lui  découverte  en  1891.  La  tombe  où  il  a  été 
trouvé  renfermait,  en  outre,  deux  agrafes  en  argent  à  cinq  rayons, 
ornées  de  plaques  de  grenats  lapidés  à  plat,  et  des  perles  de  verre 
émaillé3. 

11  est  en  argent  :  il  a  16  millimètres  seulement  d'ouverture,  ce 
qui  indique  qu'il  était  porté  par  une  jeune  fille  ou  un  enfant.  La 
lige  en  est  aplatie,  à  la  partie  antérieure,  pour  former  un  chaton 
ovale  de  5  à  6  millimètres  dans  sa  plus  grande  bauteur,  sur  9  1/2 
millimètres  de  large.  On  y  voit,  gravées  en  pointillé,  trois  lettres, 
disposées  horizontalement  (à  la  suite  des  unes  des  autres,  un  G  mé- 
rovingien (g)  entre  deux  S.  J'incline  à  penser  que  ce  G  est  l'ini- 
tiale du  nom  de  la  personne  pour  laquelle  le  bijou  était  fait,  cl  les 
deux  S  qui  l'accompagnent,  l'initiale  redoublée  de  Sigmim. 

Nous  avons  un  assez  grand  nombre  de  bagues  portant,  comme 
celle-ci,  l'initiale  d'un  vocable  avec  la  lettre  S,  ou  bien  seulement 
l'initiale  du  nom  propre  répétée  ou  isolée. 

CCXL1V 

BAGUE  AVEC  CHOIX,  TROUVÉE  A  IilRON  (cil AHENTE-INFÉRIEURe) 

Cette  bague  provient,  de  même  que  la  précédente,  d'un  cimetière 
\.  Voir,  plus  haut,  les  n°s  CCXXXVII  el  CCXXXIX. 

2.  Biron  est  une  commune  dépendante  du  canton  de  Pons,  arrondissement 
de  Saintes. 

3.  Lettre  de  M.  Ph.  Delamain,  du  8  septembre  1891. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE  273 

barbare  de  Biron.  Elle  a  été  recueillie  dans  une  sépulture  qui  con- 
tenait, en  outre,  deux  agrafes  en  cuivre  doré  et  des  perles  émaillée s1. 

Elle  est  en  argent  ;  elle  a  19  millimètres  d'ouverture.  Le  chaton, 
qui  est  pris  dans  la  niasse  du  mêlai,  légèrement  aplati  à  cet  endroit, 


est  un  ovale  de  9  millimètres  1/2  de  large  sur  5  à  6  de  hauteur  au 
centre.  On  y  voit,  encadrée  dans  un  grènetis,  une  croix  à  branches 
égales  potencées,  et  accostée,  aux  deux  bras,  de  quatre  points  dis- 
posés en  carré. 

Le  travail  de  ce  bijou  est  tellement  semblable  à  celui  du  numéro 
précédent  qu'on  doit  présumer  qu'ils  sont  sortis  l'un  et  l'autre  de 
la  même  officine. 


GCXLV 

anneau  de  crodolenus,  trouvé  dans  le  canton  de  surgères  (charente- 

inférieure)  ' 

Le  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  nationale  a  récem- 
ment acquis,  par  l'entremise  de  mon  savant  confrère  et  ami, 
M.  Anal,  de  Barthélémy,  le  magnifique  anneau  qui  figure  en  tèle 
de  la  présente  notice.  Le  précédent  propriétaire  de  cet  anneau, 
M.  T.  Gury,  bijoutier  à  Saintes,  interrogé  sur  sa  provenance,  a  ré- 
pondu qu'il  l'avait  acheté  à  une  dame  qui  fait  également,  dans  la 
même  ville,  le  commerce  des  bijoux,  et  à  laquelle  l'objet  de  cette 
étude  avait  été  vendu,  peu  de  jours  auparavant,  «  par  un  homme  et 
une  femme  delà  campagne,  qui  ont  dit  être  du  canton  de  Surgères, 
et  l'avoir  trouvé  isolément  dans  la  terre3.  » 

La  précieuse  bague  qui  nous  occupe  et  qui  est  dans  un  état  par- 
fait de  conservation,  est  en  or  jaune  massif,  d'un  poids  relativement 
considérable  (23sr,95).  Elle  a  22  millimètres  d'ouverture.  Sa  tige  a, 


1.  Lettre  de  M.  Ph.  Delamain,  du  8  septembre  1891. 

2.  Le  canton  de  Surgères  dépend  de  l'arrondissement  de  Hochoforl-sur-Mer. 

3.  Lettre  de  M.  Gury,  du  14  mars  1894. 

18 


'274 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


près  du  chaton,  8  millimètres  de  large  et  3  1/2  d'épaisseur;  dans 
la  partie  opposée,  5  millimètres  de  large  et  2  1/2  d'épaisseur  ;  de 
chaque  côté,  sont  gravés  deux  groupes  d'ornements  comprenant 
chacun,  deux  8,  et  séparés  par  un  troisième  groupe,  où  sont  repré- 
sentés quatre  Fers  à  cheval  se  touchant  par  leurs  convexités. 

A  droite  et  à  gauche  du  chaton,  il  y  a  trois  globules  ou  cabo- 
chons en  or,  disposés  en  feuilles  de  trètle,  comme  nous  en  avons 
rencontré  si  souvent  sur  nos  anneaux. 


Le  chaton,  pris  dans  la  masse,  à  7  millimètres  de  relief  au-des- 
sus de  la  tige  :  c'est  un  ovale  de  13  millimètres  dans  sa  plus  grande 
hauteur,  sur  17  de  large  :  il  se  compose  d'une  cuvette  de  métal  ser- 
tissant une  sardoine  gravée,  représentant  deux  chevaux  devant  un 
abreuvoir;  l'un,  la  tête  baissée,  se  désaltère;  l'autre  a  la  tête  relevée. 
Le*tout,  d'un  travail  médiocre,  marque  une  basse  époque,  mais 
néanmoins  antérieure  à  la  confection  de  la  bague. 

Au  pourtour  de  la  cuvette,  est  inscrit  un  nom,  dont  la  quatrième 
lettre  a  disparu  par  suite  d'usure  ;  on  y  lit,  commençant  par  un  C 
carré,  CROssOLENO.  La  lettre  effacée  était  indubitablement  un  D- 
Crod  ou  Chrod  ■=.  Hrod  est  un  radical  germanique,  qui  est  entré 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


275 


dans  la  composition  d'un  grand  nombre  de  vocables1.  Plus  spécia- 
lement Crodo ou Chro do  a /servi  à  former  beaucoupde  nomsen  usage 
à  l'époque  mérovingienne,  te ls  que  Crodowinus,  Chrodo-berlus, 
Chrudo-boldm,  Chrodo-vertus,  Chrodo-bardtiï,  etc.  2.  Enfin,  nous 
trouvons,  dans  un  diplôme  de  Dagobert  Ier  de  628,  la  mention  d'un 
liant  personnage  appelé  Gkroiolenus3,  et,  dans  une  charte  de  711, 
celle  de  C/irudulinus,  abbé  de  Saint-Pierre  de  Lens  \ 

11  faut  donc,  sans  hési'ation,  lire,  au  pourtour  du  chaton  de  notre 
anneau,  le  nom  de  ; 

CRO  D  OLENO- 

CGXLVI 

BAGUE   D'iWlCQORDA,    TROUVÉE  A  CIERZAC  (CHARENTE-INFÉRIEURE)  ' 


La  bagne  que  nous  reproduisons  ici  a  été  trouvée  par  M.  Vallet, 
conseiller  municipal  de  Gierzac,  clans  sa  propriété,  sise  en  celte 
commune,  etappanit.nl  à  M.  André  Dumontet,  propriétaire  à  Ar- 
chiac  (Charente-Inférieure).  Elle  a  été  recueillie  dans  un  sarco- 
phage en  pierre,  avec  deux  fibules  en  argent  doré,  à  cinq  rayons 
ornés  chacun  de  plaques  de  grenat,  et  avec  des  perles  d'émail  ou  de 
verre,  provenant  sans  aucun  doute  d'un  collier  \ 

La  seule  remarque  qui  ail  été  laite  suc  le  squelette,  c'est  celle  de 

1.  Voir  dans  Forstemann,  Pcrsoncnnamen,  col.  310,  322  cl  727-745. 

2.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  I,  p.  212;  t.  II,  p.  4,  88,  111,  112,  114,  128,  150 
et  pasiim. 

3  Ibid.,  I.  II,  p.  2. 

4.  Ibid.,  t.  II,  p.  228. 

5.  La  commune  de  Cier/ac  dépend  du  canton  d'Archiac,  arrondissement  de 
Jonzac. 

G  Lettre  de  M.  Dumontet,  du  7  avril  1894. 


270 


ÉTUDE    SUR   LES  ANNEAUX 


la  blanc  heur  des  dents  détail  qui  a  été  déjà  signalé  par  les  explo- 
rateurs des  sépultures  visigothcs  ou  mérovingiennes  de  cette  ré- 
gion. 

L'anneau  est  formé  d'un  ruban  d'argent,  présentant  des  traces 
de  dorure;  il  n'a  que  17  1/2  millimètres  d'ouverture,  et  ces  faibles 
dimensions,  ainsi  que  la  présence  d'objets  de  toilette  dans  le  sarco- 
phage, font  bien  voir  que  nous  avons  là  un  bijou  de  femme. 

Uni  à  l'intérieur,  il  est  octogone  au  dehors;  le  huitième  pan  est 
dépourvu  de  toute  inscription  et  d'ornement  quelconque;  il  ne  se 
distingue  du  reste  de  l'anneau  que  par  des  dimensions  plus  grandes 
(10  millim.  de  large  au  lieu  de  7,  et  6  millim.  de  hauteur  au  lieu  de 
5).  Sur  les  sept  autres  pans  ou  compartiments,  sont  très  inhabile- 
ment  gravés  en  creux  des  caractères,  dont  la  lecture  diffère  essen- 
tiellement  suivant  le  sens  dans  lequel  on  tourne  le  bijou. 

Envisagé  dans  le  sens  où  il  est  reproduil  ci-dessus,  il  présente 
les  lettres  suivantes  :  à  droite  du  chaton  (pour  le  lecteur),  il  y  a  un 
I  et  deux  V  ;  nu  E  ;  Q 2  ;  O,  R,  D  el  A  non  barré  ;  enfin  un  S  barré  ; 
ensemble 

IWEQORDA  S(ignavi). 

Si  l'on  tourne  la  bague,  dans  le  sens  opposé,  on  y  lit,  en  partant 
de  la  droite  du  chaton  (pour  le  lecteur)  :  d'abord  le  S  barré  ;  dans 
le  compartiment  suivant,  un  A  non  barré  et  un  D  ;  puis  R,  O,  Q, 
E,  deux  A  non  barrés  ou  peut-être  un  M,  et  enfin  un  I  ;  ce  qui  don- 
nerait, pour  l'ensemble,  §[ignum)  ADROQEAAI  ou  peut-être  ADRO 
QEMI. 

Cette  seconde  hypothèse  est  inadmissible  sous  plusieurs  rap- 
ports et  surtout,  par  cette  raison  péremptoire  qu'il  s'agit  ici  d'un 
anneau  de  femme,  ce  qui  exclut  la  possibilité  d'un  nom  d'homme 
au  génitif  de  la  deuxième  déclinaison  3. 

1.  Lettre  de  M.  Dumontet,  du  7  avril  1894. 

2.  Quand  j'ai  publié  pour  la  première  fois  cet  anneau  (Hev.  archéol.,  année 
1894,  t.  II,  p.  lj.j'ai  admis  comme possibie  la  valeur  d'unG  aussi  bienque  d'un  Q 
pour  le  caractère  auquel  j'attribue  nettement  aujourd'hui  celte  dernière  valeur, 
qui  est,  je  crois,  la  vraie. 

3.  Il  faudrait,  en  outre,  faire  du  petil  A  non  barré,  ^ravé  dans  un  angle  du 
deuxième  compartiment,  ta  première  lettre  du  nom,  ce  qui  serait  fort  singulier 
et  invraisemblable;  les  deûx  premières  lettres  des  derniers  compartiments 
seraient  bien  plutôt  deux  A  non  barrés  qu'un  M  ;  or,  ces  deux  voyelles,  pla- 


DES    PREMIERS  SIÈCLES   Dl-   MOYEN  AGE 


277 


La  première  leçon  n'est  pas  seulement  de  beaucoup  préférable  à 
la  deuxième  ;  elle  est  tout  à  fait  satisfaisante,  car  elle  nous  fournit, 
comme  il  le  faut  dans  l'espèce,  un  vocable  féminin  ;  et  de  plus,  ce 
vocable  est  composé  normalement 1  des  deux  éléments  suivants  : 
Iweou  Iva,  nom  de  femme  usité  dans  l'onomastique  germanique2, 
et  un  autre  nom  de  femme,  Cota,  sensiblement  approchant  du  Corda 
—  Qorda  de  notre  anneau  \ 

DIOCÈSE  DE  POITIERS 


ccxLvn 

BAGUE  A  MONOGRAMME,   TROUVÉE  A  ATRVAULT  (DEUX-SÈVRES)  * 

Cette  bague,  célèbre  par  les  discussions  auxquelles  elle  a  donné 
lieu,  a  été  découverte  près  d'Airvault.  Après  avoir  longtemps  ap- 
partenu à  feu  15.  Fillon,  dont  les  travaux  de  numismatique  et  d'ar- 
chéologie sont  justement  réputés,  elle  est  devenue  la  propriété  de 
sa  nièce  et  unique  héritière.  Elle  est  en  or  pur,  et  ornée  d'un  cha- 
ton de  forme  ronde,  ayant  23  millimètres  de  diamètre,  et  aceompa- 

cées  à  la  suite  l'une  de  l'autre,  feraient  un  mot  de  formation  peu  acceptable  a 
priori. 

1.  Le  A  terminal  a  ici  la  place  et  la  valeur  qui  lui  conviennent,  et  l'on  ne  se 
trouve  pas  en  présence  de  ces  deux  A  consécutifs  que  donne  l'autre  leçon. 

2.  Forstemann  a  noté  :  le  nom  de  hoc  (Personennamen,  table,  p.  1385,  col.  2); 
et  le  nom  de  Iva  se  rencontre  dans  le  polyptyque  de  Saint-Germain-des-Prés 
(édit.  de  Guérard,  p.  94;  édit.  de  Longnon,  p.  123).  On  trouve  enfin  dans  le 
polypLyque  de  Saint-Rémi  le  nom  composé  de  lve-Somu$  (édit.  de  Guérard, 
p.  49). 

3.  Je  signale  dans  Goldast  (Rer.  Alamannicar.  Scriptores,  II,  a.  121),  le  nom 
de  Cotta.  Voir  aussi  Fùrstemann,  op.  cit.,  col.  530  et  suiv. 

4.  Airvaull  est  un  chef-lieu  de  canton,  dépendant  de  l'arrondissement  de 
Parthenay. 


278 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


gné,  tlo  chaque  coté,  de  trois  cabochons  ou  globules  en  or,  disposés 
on  fouilles  de  trèfle,  qui  sont,  comme  nous  avons  eu  plusieurs  fois 
l'occasion  de  le  faire  remarquer,  un  des  traits  dislinctifs  de  la  fabri- 
que mérovingienne. 

Sur  le  chaton,  on  voil  un  monogramme,  dont  les  diverses  par- 
lies  sont  appuyées  sur  une  arcalure,  et  au  bas  duquel  il  y  a  une  pe- 
tite croix.  Le  tout  esl  gravé  onéreux. 

M.  l'abbé  Auber,  qui  a  le  premier  publié  cet  anneau1,  a  cru 
trouver,  dans  le  monogramme  dont  il  est  orné,  le  nom  de  sainte 
lîadegondc,  qui  devint  on  538  la  femme  de  Clôt  ure  IEr,  et  mourut, 
en  567,  dans  le  monastère  de  Sainte  Croix,  qu'elle  avait  fondé  à 
Poitiers.  Le  docte  ecclésiastique :  suppose  que  le  bijou,  qui  avait  été 
enlevé  en  1562  par  les  protestants,  a  pu  être  porté  par  l'un  d'eux 
et  rester  avec  lui,  quelques  années  après,  sur  le  champ  de  bataille 
do  Monconlour,  voisin  d'Airvault  où  il  a  été  retrouvé. 

Celle  conjecture  a  élé  combattue  par  .Iules  Quicherat 2  et  par 
Edmond  Le  Blant*.  Le  savant  auteur  du  recueil  des  Inscriptions  chré- 
tiennes de  la  Gaule,  sans  formuler  d'ailleurs  aucune  proposition  à 
la  place  de  celle  du  premier  éditeur,  a  montré  qu'elle  repose  sur 
une  erreur  ou  plutôt  sur  deserreurs  de  paléographie.  «  Trois  lettres 
essentielles  me  semblenl,  dit-il,  au  moins  douteuses.  Le  Irait  où 
l'on  a  vu  le  d  esl  une  courbure  soudée  à  l'intérieur  de  la  ligne  qui 
terme  à  droite  le  monogramme;  or,  il  existe,  sous  celte  boucle, 
une  barre  qui  n'a  point  son  emploi  dans  l'hypothèse  avancée. 
M.  l'abbé  Auber  lui -mémo  a  proposé,  dans  ses  notices  successives, 
devoir  en  deux  endroits  le  s,  qu'il  esl  en  effet  difficile  de  montrer 
avec  certitude.  Le  n  qu'il  reconnaît  dans  l'arcade  extérieure  du 
chiffre  ne  me  paraît  guère  acceptable.  J'ai  toujours  considéré  cet 
arc  comme  un  simple  radie,  dont  la  mode;  vies  temps  mérovingiens 
cerclait  les  monogrammes,  afin  de  leur  donner  un  aspect  moins 
diffus  et,  pour  ainsi  dire,  plus  de  solidité.  » 

Ces  réflexions  sont  justes  \  L'arealure  ne  saurait  avoir  la  valeur 

1.  Bévue  de  l'art  chrétien,  année  1863,  p.  117,  583,631;  année  1864,  p.  420. 

2.  Mémoires  de  la  Soc.  des  Antiquaires  de  France,  t.  XX VU,  et.  Bulletin  de  la 
même  Société,  année  1864. 

3.  Inscript,  ehrél.  de  la  Gaule,  t.  II,  p.  351,  pl.  LXXV,  n°  4V2. 

4.  Sauf  pour  ce  qui  concerne  la  barre  placée  sous  la  boucle  du  prétendu  </, 
qui,  dans  l'hypothèse  de  M.  Auber,  représentait  un  i,  et  à  laquelle  nous  don- 
nons nous-même  cette  valeur.  Il  n'est  pas  non  plus  exact  de  dire  que  l'arca- 


DES  PREMIERS  SiÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


119 


d'un  y?,  puisque  nous  on  connaissons  dans  lesquelles  cette  lettre  a 
été  tracée'.  J'affirme  que  la  lettre  s  n'existe  point  dans  le  mono- 
gramme3 ;  et  ce  que  M.  l'abbé  Auber  a  pris  pour  un  d,  est  un  Ç  ré- 
trograde. 

La  leçon  Uadegondis  esl  donc  absolument  inadmissible,  ainsi  que 
louto  interprétation  qui  impliquerait  la  présence  dos  lettres  d,  n, 
et  s,  ou  de  l'une  d'elles. 

Voici  comment  s'explique,  suivant  moi,  lè  monogramme  : 
En  partant,  comme  cela  doit  se  faire  normalement,  de  la  partie 
inférieure  de  gaucbe,  je  vois  un  G  mérovingien  rétrograde  (9),  at- 
taché par  son  extrémité  supérieure  à  l'intérieur  de  l'arcature  ;  au- 
dessus,  se  détache  le  R;  viennent  ensuite  :  le  E  adossé  k  la  droite 
de  l'arcature,  le  second  7,  le  O  suspendu,  une  deuxième  fois  le  R, 
suivi  'le  la  barre  ou  trait  droit  du  premier  7,  et  enfin  le  A  final,  ce 
qui  nous  donne  pour  l'ensemble  : 

f  GREGORIA 

Ce  nom  était  d'un  usage  assez  fréquent  au  moyen  âge.  Il  fut  no- 
tamment porté  par  une  aïeule  de  l'évoque  de  Yaison,  Aredius  ou  Pe- 
trmnus,  lequel  confirmait,  en  683 ,  les  dons  faits  par  celte  matrone 
au  monastère  de  Groselle3,  et  la  qualifiait  episcopia'' . 

Le  titre  d'episcopa,  episcopia  ou  episcopissa  paraît  avoir  été  quel- 
quefois attribué,  soit  à  des  femmes  qui  avaient  élé  les  épouses 
d'évoqués  avant  leur  ordination,  et  qui,  à  la  suite  de  cette  ordina- 

ture  n'est  toujours  qu'un  cadre,  car  il  y  a  des  exemples  d'un  demi-cercle  gravé 
au  sommet  d'un  monogramme  et  dont  les  deu\  extrémités  sont  reliées  par  un 
Irait  horizontal,  qui  est  la  boucle  d'un  D  couché.  Voir  le  n"  C.CXII. 

1.  R.  Fillon,  Considérât,  sur  les  monn.  de  France,  pl.  II,  Rev,  Num.,  lre  série, 
année  1844,  pl,  I,  n°  3;  année  1854,  pl.  XII,  n°  12.  Annuaire  de  la  Sor.  franc,  de 
numismat.  et  d'nvchéol.,  année  1866,  p.  117. 

2.  C'est  pourquoi  je  ne  m'explique  pas  que  E.  Le  Riant  ait  dit,  dans  une  pu- 
blication plus  récente,  que  le  monogramme  dont  il  s'agit  «peut  donner  également 
Radegondis,  Aregondis,  Andregondis,  Gondegardis  »  (Instructions  sur  l'épigra- 
phie  chrét.  de  la  Gaule  et  de  l'Afrique  rom.,  1890,  p.  38).  Mon  savant  confrère 
avait  lui-même,  dans  le  passage  cité  de  son  Recueil  des  inscriptions  chrétiennes, 
reconnu  l'absence  du  S  et  même  du  N. 

3.  Silué  dans  un  faubourg  de  la  petite  cité  de  Vaison. 

4.  «  Ut  quidquid...  domnus  Aredius  sive  Petruinus, pontifex  urbis  Vasensium, 
vel  avia  sua  domna  Gregoria,  epicopia,  ad  ipsum  locum  proficiat  in  augmen- 
|um.  »  Pardessus,  Dipl.  et  chart.,  t.  II,  p.  192. 


280  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

tion,  s'enfermaient  dans  des  monastères  pour  le  reste  de  leurs 
jours1,  soit  aussi,  suivant  nous,  à  des  matrones,  dont  les  fils  ou 
petits-fils  avaient  été  élevés  au  pontificat  suprême  ou  à  l'épisco- 
pats. 

CGXLYII] 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  TROUVE  A  LA  TOUR  (»EUX-SÈVRES)  ' 


L'anneau  de  bronze,  que  nous  reproduisons  ici,  a  20  millimètres 
d'ouverture,  3  millimètres  de  hauteur  du  côté  opposé  au  chaton. 
Ce  chaton,  ménagé  à  même  le  métal,  de  forme  légèrement  ovale, 
presque  ronde,  a  -15  millimètres  de  large  sur  14  de  hauteur;  il  est 
accompagné,  à  droite  et  à  gauche,  de  trois  points,  séparés  les  uns 
des  autres  par  des  entailles  grossièrement  exécutées,  et  imitant  les 
cabochons  disposés  en  feuilles  de  trèfle,  qu'on  remarque  sur  un  si 
grand  nombre  de  nos  bagues. 

Le  chaton  est  orné  d'un  monogramme,  gravé  en  creux  par  une 
main  inhabile,  et  composé  d'un  B  rétrograde,  d'un  E,  qui  est  à 
l'autre  extrémité  du  monogramme;  d'un  grand  N.  qui  est  au 
centre;  d'un  I,  qui  se  détache  horizontalement  de  la  haste  du  B 
entre  ses  deux  boucles.  Revenant  au  ('entre,  nous  trouvons  un  G, 
de  forme  onciale  (6);  un  second  N,  plus  petit  que  le  premier;  un  S, 
posé  en  travers  de  la  barre  médiane  du  grand  N  cl  ayani  la  valeur 
d'un  S  barré,  c'est-à-dire  de  Signum  ou  Sigillum;  enfin,  une  toute 
petite1  croix,  à  peine  visible,  dans  le  second  angle  du  grand  N. 

Le  tout  nous  donne,  avec  le  redoublement  de  |  : 

S\(gnnm)  BENIGNI- 
(le  nom  de  Benignus  fut,  comme  on  sait,  très  usité  au  moyen  âge, 

1.  Pardessus,  ibid.,  note  1. 

2.  Voir,  dans  le  Glossaire  de  Du  Cange,  l'exemple  d*une  matrone  nommée 
Theodora,  mère  du  pape  saint  Pascal,  mort  en  S24,  et  qui  est  qualifiée  episcopa 
{Glossar.,  édit.  Didot,  t.  III,  p.  58,  col.  3). 

3.  La  Tour  esl  un  village  situé  près  de  Melle,  chef-lieu  d'arrondissement. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


281 


particulièrement  dans  les  périodes  romaine  et  gallo-franque,  et 
illustre  dans  les  iinnales  do  l'Eglise.  On  compte  en  effet  quinze 
saints  personnages  qui  l'ont  porté,  et  dont  l'un  fut,  au  11e  siècle, 
l'apôtre  de  Dijon,  sous  le  vocable  duquel  fut  fondée  la  célèbre 
abbaye  de  Saint-Bénigne1.  Quatre  d'entre  eux  ont  vécu  du  ve  au 
vni°  siècle,  savoir  :  un  évèque  d'Armagh  (province  de  TUlster,  Ir- 
lande),mort  en  468s;  un  évèque d'Héracléei  Macédoine), qui  siégeait 
en  553  un  moine  de  Movenmoutier  (Vosges),  mort  en  707*  et  un 
abbé  de  Fontenelle,  mort  en  723*. 

GCXL1X 

anneau  avec  la  lettre  s  et  trois  points,  trouvé  a  la  tour 
(deux-sevres) 


La  bague  en  bronze,  qui  figure  en  tète  de  cette  notice,  a  22  milli- 
mètres d'ouverture  et  5  millimètres  de  hauteur,  du  côté  opposé  au 
chaton  ;  à  cinq  endroits  de  la  circonférence,  des  groupes  de  trois  traits 
chacun  ont  été  tracés  au  burin.  Le  chaton,  ménagé  à  même  le  mé- 
tal, est  de  forme  ovale  avec  8  millimètres  de  large  sur  10  de  hau- 
teur. Il  est  accompagné,  à  droite  et  à  gauche,  comme  celui  du  n°  pré- 
cédent, de  trois  gros  points,  séparés  les  uns  des  autres  par  de  pro- 
fondes entailles  et  imitant  les  cabochons  disposés  en  feuilles  de 
trèfle,  qui,  suivant  une  remarque  déjà  faite,  se  rencontrent  fré- 
quemment sur  les  anneaux  mérovingiens. 

Le  chaton  présente  un  S,  accosté  de  trois  points,  placés,  l'un  en 
;tvant,  l'autre  en  arrière,  le  troisième  au-dessous;  je  n'hésite  pas  à 
voir  dans  le  S  pointé  l'équivalent  du  S  barré,  avec  le  sens  de  Si- 
</num  ou  Sigillum;  et  comme  notre  bague  n°  2  a  été  recueillie  dans 
la  même  sépulture  que  le  n°  précédent,  ft  qu'elle  présente  également 

1.  Saint  Bénigne  mourut  vers  l'an  179.  (Hit.  littér.  de  l"  Franc?,  t.  VI, 
p.  179.) 

2.  Hardy,  Descript.  calai.,  t.  I,  p.  89. 

3.  Baronius,  Annal.,  an.  553,  28. 

4.  Bolland.,  Aeta  SS.,  mens.  jul.,t.  III.  p.  205. 

5.  Pardessus,  Dipl.et  ch.,  t.  Il,  p.  307;  Acta  SS.  ord.  S.  Bcned.,Ul,  I,  p.  348. 


232 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


les  trois  cabochons  accostant  le  chaton,  je  ne  doute  pas  que  les 
deux  objets  ne  soient  l'œuvre  rlu  même  orfèvre  et  n'aient  appar- 
tenu au  même  personnage. 

Il  est  naturel  de  penser  que  le  propriétaire  de  ces  bijoux  se  bor- 
nait, pour  signer  sa  correspondance,  à  y  apposer  celui  qui  portait 
son  nom  en  monogramme  (le  n°  I)  et  que  pour  souscrire  les  acles 
où  il  figurait  en  qualité  de  partie  ou  de  témoin,  ii  faisait  précéder 
ou  suivre  son  nom  de  l'empreinte  du  deuxième  cachet,  c'est-à-dire 
du  sigle  usité  de  Signum  ou  Sigillum. 

Je  ne  dois  pas  négliger  de  rappeler,  en  terminant  sur  ce  point, 
que  la  ville  de  Melle  [Metalum  ou  Metulum,  du  moyen  âge),  près 
de  laquelle  nos  deux  anneaux  ont  été  découverts,  eut.  sous  les  rois 
de  la  première  race,  un  atelier  monétaire,  dont  quelques  produits 
sont  arrivés  jusqu'à  nous'. 

CCL 

ANNEAU  DE  VIRIA,  TROUVÉ  A  ROUILLÉ  (DEUX-SÈVRES)  2 


Cet  anneau  a  élé  trouvé,  le  10  septembre  1863,  dans  une  sépul- 
ture mérovingienne,  en  un  champ  dépendant  du  domaine  de 
Rouillé  et  dit  du  Chiron-l Ardoise,  commune  de  Villemain. 

Feu  M.  Beauchet-Filleau,  propriétaire  à  Chef-Boutonne,  qui  était 
le  possesseur  de  ce  bijou,  en  a  donné  la  description  dans  une  in- 
téressante notice  insérée  au  tome  XXIV  des  Mémoires  de  la  Société' 
des  Antiquaires  de  l'Ouest*.  Le  savant  archéologue  ayant  bien 
voulu  nous  le  communiquer,  nous  avons  pu  le  faire  dessiner  sous 
nos  yeux. 

1  Rev.  numism.  lre  sût ie,  t.  IX,  p,  390  el  t.  XVI,  p.  25. 

2.  Rouillé  est  situé  dans  la  commune  de  Villemain,  canton  de  Clief-Boulonne, 
arrondissement  de  Melle 

3.  Pages  273  et  suiv.  ;  planche  XIII,  fig.  13. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


283 


La  bague  de  Rouillé,  parfaitement  conservée,  est  en  argent  : 
elle  a  0  millimètres  de  hauteur,  18  millimètres  seulement  d'ouver- 
ture,ce  qui  indique  qu'elle  était  à  l'usage  d'une  femme.  Le  chaton, 
ménagé  à  même  le  métal,  est  un  ovale,  simplement  formé  dedeux 
traits  au  burin,  points  de  départ  d'enroulements  qui  se  dévelop- 
pent à  droite  et  à  gauche.  Dans  cet  ovale  sont  gravés  des  caractères, 
où  nous  lisons,  comme  l'a  fait  M.  Beauchet-Filleau,  le  nom  de 

VIRIA- 

Les  quatre  dernières  lettres  sont  à  peu  près  certaines,  et  quant 
à  la  première,  le  seul  trait  qui  reste  ne  peut  être  que  la  deuxième 
barre  oblique  d'un  V. 

Nous  n'avons  pas  d'exemple  à  citer  du  nom  de  Viria  :  le  seul 
vocable  connu  du  moyen  âge  que  nous  puissions  en  rapprocher, 
est  celui  de  sainte  Viridiana  (sainte  Vcrdienne),  qui  vécut  dans  la 
première  moitié  du  xur3  siècle1.  Notre  regretté  confrère,  Ed.  Le 
Blanl,  ayant  rencontré,  dans  une  épitaphe  de  Maguelonne,  le 
nom  de  VIRA,  va  vu  une  altération  de  VERA2  qui  a  été,  en  eiïet, 
usité  (de  même  que  le  masculin  VERVS  qui  y  correspond;  dans 
l'antiquité  et  le  haut  moyen  âge*.  La  légende  de  l'anneau  de  Viria 
disposerait  à  penser  qu'il  convient  peut-être  de  maintenir,  là  où 
(die  se  trouve,  la  forme  Vira. 

CCLI 

AUTRE  RAG11E  TROUVÉE  A  ROUILLÉ  (dEUX-SÈVREs) 

La  sépulture  où  a  élé  trouvé  l'anneau  sagillaire  de  Viria,  ci-des- 
sus décrit,  renfermait  une  deuxième  bague  en  argent,  dépourvue 
d'inscription.  Elle  appartient,  comme  la  première,  à  la  collection 
de  M.  Beauchet-Filleau,  qui  l'a  également  éditée  dans  le  recueil 
précité.  Voici  ce  qu'il  en  dit  :  «  Elle  est  formée  d'une  simple  feuille 
d'argent,  assez  mince;  le  chaton,  qui  était  soudé  au  point  où  se  joi- 

1.  Rolland.,  Acta  SS.,  mens,  febr.,  I.  I,  p.  255. 

2.  Nouveau  recueil  des  inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule,  n°  324,  p.  372. 
E.  Le  Blant  n'a  même  mentionné,  dans  sa  table  de  noms  propres,  que  celui  de 
Vera. 

3.  Il  y  a  une  sainte  Vere,  honorée  à  Clermout-Ferrand.  Rolland.,  Acta  SS., 
mens,  jan.,  t.  II,  p.  593. 


284 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


gnaient  les  deux  extrémités,  a  été  brisé,  sans  doute  par  le  coup  de 
pioche  qui  a  faussé  d'une  manière  sensible  la  bague  elle-même  » 
Ajoutons  à  ces  renseignements  que  l'anneau  dont  il  s'agit  a 


7  millimètres  de  hauteur  et  22  à  23  millimèt  res  d'ouverture,  ce  qui 
semble  dénoter  qu'à  la  différence  du  précédent,  il  était  porté  par  un 
personnage  du  sexe  masculin. 

CCLI  bis 

anneau  décoré  de  dessins  géométriques,  trouvé  a  chef-boutonne 

(deux-sèvres)  * 


Voici  un  anneau  de  bronze  inédit,  qui  appartient  à  M.  de  Saint- 
Marc,  juge  de  paix  à  Niort,  et  dont  les  dessins  m'ont  été  adressés 
par  M.  P.  van  der  Cruyssen,  trésorier  de  la  commission  du  Musée 
do  cette  ville. 

Il  a  20  millimètres  d'ouverture  :  sa  tige  a,  près  du  chaton,  4  mil- 
limètres de  large.  Le  chaton,  déforme  irrégulière,  a  de  16  à  i 7  mil- 
mètres  dans  sa  [dus  grande  hauteur,  sur  20  dans  sa  plus  grande 
largeur  :  il  esl  orné  de  dessins  géométriques  tracés  au  burin. 

1.  Mémoire*  de  ta  Suc.  des  Anti<inaires  île  COuest,  I.  p.  273;  planche 
XIII,  fig.  15. 

2.  Chef-Boutonne  esl  un  chef-lieu  de  canton,  dépendant  de  l'arrondissement 
de  Melle. 


DES    PREMIERS    SIECLES    DU    MOYEN  AGE 


285 


DIOCESE  DE  PÉItlGUEUX 


CCLÏI 

anneau  de  jants,  avec  le  symbole  de  la  colombe,  trouvé  près 
d'issigbac  (dordogne)1 


Voici  une  bague  en  argent,  qui  a  été  achetée  en  1888,  pour  le 
Musée  archéologique  du  département  de  la  Dordogne,  par  M.  Mi- 
chel Hardy,  conservateur  de  ce  dépôt,  chez  une  marchande  d'anti- 
quités de  Bergerac,  qui  l'avait  elle-même  acquise,  peu  de  jours  au- 
paravant, d'un  paysan  d'Issigeae. 

Elle  a  été  déformée  accidentellement,  et  a  une  ouverture  ou 
diamètre  intérieur  qui  varie  de  19  à  21  millimètres.  La  tige  a 
2  millimètres  d'épaisseur.  Le  chaton,  de  forme  ronde,  soudé  sur  la 
lige,  a  11  millimètres  de  diamètre,  et  est  accosté  de  trois  cabochons 
ou  globules  disposés  en  feuilles  de  trèfle. 

Avant  de  décrire  et  d'expliquer  les  caractères  et  les  ligures  gra- 
vés en  creux  sur  le  chaton,  il  nous  paraît  utile  de  reproduire  ici 
les  observations  que  le  savant  conservateur  du  Musée  de  Péri- 
gueux  nous  a  communiquées  touchant  les  procédés  suivant  les- 
quels notre  anneau  a  été  confectionné  :  «  La  baguette  cylindrique 
et  striée  transversalement  étant  préparée,  l'artiste,  dit-il,  en  a 
aminci  au  marteau  les  deux  extrémités,  les  a  fendues  par  la  moitié 
avec  des  cisailles,  puis  en  a  façonné  les  languettes  terminales  en 
forme  de  fleurons  ou  volutes,  les  a  aplaties  fortement  et  puis  sou- 
dées sur  la  face  inférieure  du  chaton;  il  a  enfin  soudé  trois  glo- 

1.  Issigeac  est  un  chef-lieu  de  canton,  dépendant  de  l'arrondissement  de 
Bergerac 


286 


ÉTUDE   SUR    LES  ANNEAUX 


bules  d'argent  sur  la  baguette,  à  droite  et  à  gauche  du  chaton1  ». 

Le  graveur  a  représenté  sur  le  chaton  :  1°  deux  oiseaux,  d'iné- 
gales dimensions,  le  plus  petit  placé  au-dessus  du  plus  grand; 
2°  derrière  ces  oiseaux,  trois  points;  3°  au  devant  d'eux,  les  trois 
lettres  IAN. 

Le  plus  gros  des  oiseaux  est,  à  nos  yeux,  le  symbole  du  Christ, 
comme  il  se  trouve  sur  plusieurs  des  bagues  ci-dessus  décrites. 

Le  deuxième  oiseau  (c'est  le  seul  exemple  que  j  en  aie  rencontré 
jusqu'ici)  a  peut-être  la  même  signification  symbolique  que  le  pre- 
mier. 

Huant  à  l'inscription,  où  nous  devons  naturellement  chercher 
le  nom  du  possesseur  de  la  bague  sigillaire,  nous  pensons  qu'il 
faut  voir  dans  le  groupe  IAN,  IANI  avec  le  redoublement  de  l'ini- 
tiale, le  génitif  du  vocable  [IANVS],  qui,  au  moyen  âge,  fut  em- 
ployé comme  l'équivalent  de  Joliannes,  ainsi  que  cela  a  eu  lieu  no- 
tamment pour  Jean  II,  roi  de  Chypre  et  de  Jérusalem  en  1398,  et 
connu  dans  l'histoire  sous  le  nom  de  Janus  '. 

DIOCÈSE  DE  8 AXAS 


CCL1II 

ANNEAU  SIGILLAIRE  DE  GULFÉTKUD,  TROUVÉ  A  SAINTE-PETRONILLE  (GIRONDE) 

Cet  anneau  a  été  trouvé,  en  1862,  dans  le  cimetière  de  Sainte- 
Pétronille  (Gironde) 3.  L'une  des  trois  tombes  que  l'on  découvrit 
alors  en  cet  endroit,  se  composait  d'une  auge  en  pierre  de  plus  de 
2  mètres  de  long  sur  1  mètre  de- large,  recouverte  d'une  pierre  eu 
forme  de  toit.  On  y  recueillit,  avec  le  bijou  qui  nous  occupe,  un 
style,  vine  épée  de  bronze  et  des  scramasax  en  fer,  une  boucle  de 
ceinturon,  une  plaque  en  ivoire  ornée  de  dessins  et  deux  plaques 
d'argent,  reliées  par  des  clous  du  même  métal. 

M.  Grellet-Balguerie,  auteur  de  celte  importante  découverte,  la 

1.  Lettre  du  3  mars  1890.  C'est  à  l'aide  de  dessins  cl  d'empreintes  envoyés 
par  M.  Hardy  que  nous  avons  fait  figurer  l'anneau  d'Issigeac. 

2.  Art  de  vérifier  les  dates,  édit.  in-8°,  t.  V,  p.  15 î. 

3.  Commune  de  Gironde,  canton  et  arrondissement  de  La  Kéole. 


DES    PREMIERS    SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE 


287 


signala,  le  2  décembre  1862,  à  la  Société  des  Antiquaires  de  France, 
dont  il  est  associé  correspondant  ',  et  en  fit  le  sujet  d'une  descrip- 
tion, publiée  sous  le  titre  àWntiquilés  réolaises*. 

Notre  bague,  qui  a  passé,  depuis,  dans  la  collection  de  feu  le  ba- 
ron Pichon,  est  en  or  lin,  et  pèse  10  grammes;  la  tige  a  16  milli- 
mètres seulement  d'ouverture  entre  le  chaton  et  le  côté  opposé.  Le 
chaton,  soudé  sur  la  tige,  a  la  forme  d'une  couronne  ou  d'un  ban- 
deau circulaire,  composé  de  quatre  rangées  de  perles  ou  cabochons 
superposés,  et  dont  le  relief  au-dessus  de  la  lige  est  de  3  millimè- 
tres 1/2.  La  surface  ronde  du  chaton,  encadrée  dans  la  rangée  su- 


périeure des  perles  ou  cabochons,  a  11  millimètres  de  diamètre. 
On  y  lit.  gravé  en  creux,  le  nom  de 

7VLFETRVD 

Gulf—vidf',  trud-z=.drud\  Gulfêtrud  est  donc  égal  à  Vulfedrud. 
Or,  nous  trouvons,  au  ixu  siècle,  la  mention  assez  fréquente  de  Vul- 
fedrudis 3. 

Une  première  particularité  à  noter,  c'est  que  le  nom  de  la 
femme  pour  laquelle  l'anneau  sigillaire  avait  été  fabriqué,  se  pré- 
sente ici  dans  sa  pure  forme  germanique,  dégagé  de  la  désinence 
latine*. 

La  deuxième  observation  à  faire  est  que  le  sarcophage  qui  ren- 

L.  Le  Bulletin  de  cette  Société  contient  (année  1862,  p.  193)  une  note,  ac- 
compagnée d'une  reproduction  du  chaton  de  notre  anneau,  dont  M.  Grellet- 
Balguerie  était  alors  propriétaire,  et  qui  a  passé,  depuis,  en  la  possession  de 
l'eu  le  baron  Pichon. 

2.  C'est  grâce  à  une  obligeante  communication  de  cet  antiquaire  distingué 
que  nous  avons  pu  reproduire  l'anneau  de  Gull'étrud. 

3.  lo  Dans  le  Polyptyque  de  Suinl-Gennain-des-Prés,  p.  4  et  95  de  l'édition 
Longnon,  3  et  73  de  l'édition  Guérard;  %'  dans  le  Polyptyque  de  Saint-Rëmi, 
édit.  Guérard,  p.  86. 

4.  Nous  reproduisons  plus  bas  (no  CCLXVII)  l'exemple  d'un  radical  germa- 
nique,  qui  a  servi  à  composer  de  nombreux  vocables. 


288       ETUDE  SUR  LES  ANNEAUX  DES  PREMIERE  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 

fermait  ce  bijou  de  femme  était  assurément  celui  d'un  homme, 
d'un  guerrier.  Ses  grandes  dimensions,  les  armes  et  la  boucle  de 
ceinturon  qu'il  contenait,  ne  permettent  aucun  don  le  à  cet  égard. 
Il  faut  donc  penser  (et  nous  ne  voyons  pas  d'autre  explication 
plausible)  que  le  guerrier  dont  Gulfétrud  était  l'épouse  ayant  sur- 
vécu à  cette  dernière  et  ayant  gardé  l'anneau  de  la  défunte,  ce  bi- 
jou fut  placé  près  de  lui  dans  son  cercueil.  Nous  avons  enregistré 
plus  haut  un  fait  pareil  '. 


1.  Voir  le  n°  CLXXX. 


PROVINCE  NARBONNAISE 


DIOCÈSE  DE  MAGUELONNE,  PLUS  TARD 
DE  MONTPELLIER 


CCLIV 

ANNEAU  AU  SYMBOLE  DU  POISSON,  TROUVÉ  A  MONTBAZIN  (HÉRAULT) 


Le  Musée  de  Montpellier  possède  un  anneau  d'or  fin,  trouvé,  en 
1851,  près  du  village  de  Montbazin.  Cet  anneau,  qui  a  21  millimè- 
tres d'ouverture,  est  orné  d'un  chaton  carré,  formé  de  trois  assises 
en  retrait  l'une  sur  l'autre,  et  d'une  hauteur  totale  de  o  millimè- 
tres au-dessus  de  la  tige.  Ce  chaton  a  1  1  millimètres  de  côté  à  sa 
hase,  et  8  seulement  à  son  sommet  :  il  présente,  gravé  en  creux, 
un  poisson  nageant  de  droite  à  gauche  (pour  le  lecteur),  et  il  est 
accosté  de  deux  reptiles,  difficiles  à  mieux  définir,  qui  couvrent 
une  partie  de  la  tige.  Nous  ne  pouvons  dire  si  le  chaton  et  les  rep- 
tiles figurés  à  droite  et  à  gauche  ont  été  soudés  sur  la  tige  ou  mé- 
nagés à  môme  le  métal1. 


1.  Notre  regretté  confrère,  Al.  Germain,  à  qui  j'avais  demandé  de  vérifier  le 

19 


290 


ÉTUDE   SUK  LES  ANNEAUX 


Feu  Al  Germain,  le  regretté  doyen  de  la  Faculté  des  lettres  de 
Montpellier  et  membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres,  sur  la  proposition  duquel  la  Société  archéologique  de 
Montpellier  avail  l'ail  l'acquisition  de  ce  précieux  bijou,  le  publia 
en  1855,  et  en  donna  un  intéressant  commentaire1.  Il  rappelait,  au 
sujet  du  poisson,  le  rôle  important  qu'il  avail  eu  dans  la  symboli- 
que chrétienne;  Clément  d'Alexandrie,  à  la  fin  du  ne  siode,  le  ran- 
geait parmi  les  emblèmes  qu'il  recommandait  aux  chrétiens  de 
son  temps  de  faire  graver  sur  les  cachets  de  leurs  anneaux2. 

Quant  aux  deux  reptiles  qui  accostent  le  chaton  de  notre  bague, 
Al.  Germain  se  demandait  s'il  fallait  y  voir  des  chenilles  ou  des  ser- 
pents, symboles  de  régénération  par  le  baptême  ou  la  pénitence. 

Relativement  à  la  dale  de  la  fabrication,  notre  savant  confrère 
estimait  que,  par  son  style  et  les  emblèmes  dont  il  était  orné,  ce 
petit  monument  appartenait  au  V  siècle. 

De  son  côté,  Edmond  Le  Riant  a  pensé,  et  avec  raison  suivant 
nous,  que  la  forme  de  noire  anneau  le  reporte  aux  temps  mérovin- 
giens, et  qu'il  fournit  une  preuve  nouvelle  de  l'emploi  persistant, 
dans  les  provinces  de  l'empire,  du  poisson  symbolique,  alors  que 
les  chrétiens  de  Rome  avaient  depuis  longtemps  cessé  d'en  faire 
usage  a.  La  preuve  de  cette  persistance  se  trouve  dans  une  inscrip- 
tion lapidaire  de  Trêves,  de  la  fin  du  vi°  siècle  ou  du  commence- 
rai!, m'écrivait  le  9, janvier  18d6  :  «  Voici,  l'anneau  au  poisson  sous  les  yeux, 
la  réponse  à  voire  questionnaire.  Je  n'oserais  affirmer  que  le  chaton  ne  soit  pas 
soudé  à  l'anneau;  mais  la  soudure  aurait  été,  dans  ce  cas,  tellement  déguisée, 
qu'elle  serait  à  peine  perceptible.  Il  ne  serait  pas  impossible  qu'il  en  eut  été  de 
même  des  deux  reptiles  affrontés  qui  encadrent  le  poisson.  » 

t.  Mémoires  de  la  Soc .' 'archéologique  de  Montpellier,  année  1855,  p.  137  cl 
suiv. 

2.  Pœilagoyus,  lib.  III,  cap.  tl.  Voici  le  texte  de  ce  passage,  particulièrement 
intéressant  pour  l'histoire  de  la  sphragistique  : 

"  Tov  8out'j).iov  oùx  ÉV  ap8p<o  cpopr.TÉov  toi;  àvSscxo-t,  yuvatxEîov  yàp  toOto  ■  e'i;  Se 
tov  |j.ixpbv  8âxrj),ov;  xai  toOto  eiç  tovo--/octov  xaûiévxi  •  èVrai  yip  o'jtwç  sOspyr);  f]  ye\p, 
èv  oî;  aurr,;  8Éo|AE0a  •  xai  où  pâaTa  ô  o-Y]ixavTT)p  àiroTrEo-EÎTat  tîj  [xeiÇovi  toO  ap9po\j  o-jvos- 
TEt  tpO).).axo|j.£vo;.  Al  8s  o-çpayïôs;  rjpïv  k'ortov  TteXstàç,  îr\  tyOuç,  r{  vxO;  oùpavoôpo|xoOoa,  r, 
A'jpa  [xo'jo-ix-fi,  »j  xéxpYjTat  IloXuxparoC:  î)  Syxupa  vcoitcxy);  rçv  Sé),s'jxoç  svsxapdtTTSTO  t9) 
y).uçï)  •  xav  â),(E'Jtov  Tlî  t\  'AiroorôXou  |.i.Ep.v?]asTai,  xoù  T<î>v  eÇ-j'oaro;  àvaT7ia>|jisvo>v  Traioitov. 
00  yip  eîSoS).(jùv  7tpôo"<o7ta  Èv^uotutkotÉov,  oiç  xoù  Tipoai/siv  a7tsîpr)Tou,  ovSs  |j.Èv  £éço;,  y} 
tôSov,  toi;  E!pr(vr)v  Sttoxoua'tv,  î)  xOo-s>,),oc  toîç  fftof  povoûo-iv.  » 

:ï.  Inscript,  ehrét.  delà  Gaule,  t.  II,  p.  427,  n°  608. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


291 


ment  du  vntf,  autour  de  laquelle  sont  gravés  deux  poissons  et  deux 
colombes  ';  la  colombe  élait  aussi  un  des  nombreux  emblèmes  du 
Christ ?,  et  l'un  de  ceux  que  les  fidèles  faisaient  fréquemment  gra- 
ver sur  leurs  anneaux. 

1.  Ibid.,  t.  I,  p.  370-371,  n°  26t. 

2.  Voir  notamment  R.  Garrucci,  Eist.  de  l'art  chrétien,  t.  VI,  planche  410, 
llg.  1  et  2,  où  l'on  trouve  représentée  une  série  d'emblèmes  du  Christ. 


I! 


ANNEAUX  DE  PROVENANCES  INCONNUES 

CLASSÉS  PAR  LOCALITÉS 
ET  COLLECTIONS  FRANÇAISES  OU  ILS  SONT  CONSERVÉS 


PARIS 

1°  Itililiothèquc  Nationale  (Cabinet  des  Médailles)  '. 

CCLV 

ANNEAU  PORTANT,  AVhC  UNE  EFFIGIE,  LES  INITIALES  S-R-,  DE  PROVENANCE 

INCONNUE 

Ce  bijou,  après  avoir  appartenu  à  la  collection  de  M.  Jean  Rous- 
seau, passa,  en  1848,  dans  les  cartons  du  Cabinet  des  médailles, 
de  la  Bibliothèque  nationale. 

C'est  une  bague  en  or  pur,  qui  a  19  millimètres  d'ouverture.  Son 
chaton,  de  forme  ronde,  est  soudé  sur  les  branches  de  l'anneau, 
qui  se  prolongent,  au-dessous,  en  forme  de  doubles  patte  ,  recour- 
bées on  volutes  :  il  a  14  millim.  de  diamètre,  et,  aux  points  où  il 
se  réunit  à  la  tige,  il  y  a  deux  globules  ou  cabochons,  également 
en  or. 

Sur  le  chaton,  est  gravée  en  creux  une  ligure  de  profil,  avec  une 
partie  du  buste  vêtue  ;  les  cheveux  sont  rejetés  en  arrière. 

Devant  la  face,  est  inscrite  la  lettre  S  ;  du  côté  opposé,  un  R  ré- 
trograde. 

1.  A  la  série  d'anneaux  conservés  au  Cabinet  des  médailles  et  dont  suit  la 
description,  il  faut  joindre  le  n°  CCLXVII,  dont  il  a  l'ait  récemment  l'acquisition. 


294 


ÉTUDE    SCB    LES  ANNEAUX 


Adrien  de  Longpérier,  en  publiant  celle  bague,  dans  sa  notice 
sur  les  monnaies  françaises  de  la  collection  Rousseau,  s'est  ainsi 
exprimé  à  son  sujet1  :  «  Elle  a  été  attribuée  à  Sigebert ;  mais 
quelques  antiquaires  se  sont  refusés  à  voir  dans  les  deux  lettres  S- 
R,  Sigibertus  Rex,  par  la  raison  qu'un  sceau  royal  devrait  avoir 
plus  d'importance,' affirmant  de  plus  que,  la  lettre  S  ne  pouvant 
signifier  que  Sigillum,  il  fallait  compléter  le  mot  qui  commence 
par  R  au  moyen  d'un  nom  de  particulier.  On  peut  répondre  à  cela 
que  M.  de  Barthélémy  a  retrouvé  et  publié  dans  la  Revue  numisma- 
tique' un  sceau  de  Dagobert,  de  très  petit  module,  et  fait  d'une  ma- 
tière beaucoup  plus  vulgaire,  puisqu'il  est  de  cuivre,  et  que,  sur 


ce  sceau,  comme  c'est  la  coutume  pour  les  sceaux  mérovingiens, 
le  nom  du  roi  n'est  pas  précédé  de  Sigillum.  On  doit  encore  ajouter 
que  le  sceau  d'or  de  Childéric,  trouvé  dans  le  tombeau  de  Tournay, 
se  rapproche  beaucoup  de  celui-ci  pour  les  dimensions.  » 

Malgré  la  grande  autorité  qui  s'attache  aux  opinions  de  notre 
éminent  et  regretté  confrère  et  ami,  nous  ne  croyons  pas  pouvoir 
adopter  son  interprétation. 

Les  cachets  apposés  au  bas  des  actes  par  les  personnes  qui  y 
figuraient  comme  parties  ou  comme  témoins,  ayant  le  caractère 
de  véritables  souscriptions,  les  caractères  gravés  sur  ces  cachets 
devaient  évidemment  se  rapprocher  le  plus  possible  do  celles  que 
présentent  les  actes  écrits. 

Or,  nous  ne  connaissons  pas  un  soûl  exemple  de  diplôme  ou  ju- 

t.  Colle'it.  Il')u*s.,  p.  35,  cl  pl.  I,  ftg.  lOi.  Cf.  Hordier  el  Charlon,  Histoire  de 
France  par  les  ^monuments,  t.  t,  p.  150. 
2.  T.  VI,  1841,  p.  177. 


DES  PREMIERS   SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


295 


gement  émané  de  l'autorité  royale,  que  le  prince  ait  souscrit  avec 
la  seule  initiale  de  son  nom.  11  est  d'ailleurs  difficile  d'admettre  a 
priori  que  la  volonté  du  souverain,  dont  l'importance  el  les  consé- 
quences étaient  toujours  si  grandes,  se  manifestai  sous  cette  forme, 
et  se  manifestât  ainsi  habituellement,  comme  l'impliquerait  l'exis- 
tence d'un  cachet  portant  simplement  une  initiale  ? 

Par  contre,  et  si  l'on  ne  trouve  aucun  exemple  de  ce  genre  dans 
les  actes  royaux,  il  en  existe  dans  ceux  de  particuliers,  et  nous 
pouvons  en  citer  un  d  authencité  certaine.  On  voit,  en  effet,  au  bas 
de  la  charte  de  fondation  d'un  monastère  de  femmes  à  Bruyères- 
le-Châtel,  par  une  matrone  appelée  Chrotilde,  charte  datée  de 
r>70-G72,  des  souscriptions  de  témoins,  parmi  lesquelles  celle-ci  : 
«  Signum  E,  vir  inluster  Ermenrigo'.  »  Ce  personnage,  nommé  Er- 
menric,  se  servait  d'un  cachet  portant  son  initiale  précédée  du  siglé 
de  Signum,  soit  S.  E.,  comme  celui  qui  nous  occupe  porte  S.  R. 
En  tous  cas,  il  employait  habituellement  ce  mode  de  souscription. 

Il  est  donc  rationnel  de  voir  dans  les  lettres  S.R.  les  initiales  de 
Signum  et  d'un  vocable  commençant  par  R,  et  non  pas,  comme  l'a 
pensé  A.  de  Lôngpérier,  celles  de  Sigibertus  Rex. 

cclvi 

BAGUE  AVEC  SOU  d'oR  POUR  CHATON,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

Voilà  une  bague  en  or,  qui,  après  avoir,  comme  la  précédente, 
fait  partie  de  la  collection  de  M.  Jean  Rousseau,  a  également 
passé,  en  1848,  au  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale. 

Elle  a  22  millimètres  d'ouverture  ;  son  chaton  est  un  si  m  d'or, 
soudé  sur  les  branches  de  la  tige,  qui  se  prolongent,  au-dessous,  en 
forme  de  doubles  pattes  recourbées  en  volutes.  Aux  points  de  réu- 
nion de  la  tige  et  du  chaton,  ont  été  soudes  trois  globules  ou  cabo- 
chons en  or,  disposés  en  feuilles  de  trèfle. 

Le  sou  d'or  qui  forme  le  chaton,  porte  le  buste  royal,  vêtu  du 
paludamentum  ;  la  tète,  tournée  à  droite,  est  ceinte  d'un  bandeau, 
terminé,  sur  la  nuque,  par  trois  bandelettes  ;  autour  de  l'effigie  : 

CHLOTÀRIVS  R6X- 

1.  Cette  charte  a  été  reproduite,  d'après  l'original,  par  J.  Tardif,  Monum. 
fcistor.,  Cartons  des  rois,  p.  16;  et  Pardessus,  Diplom.et  ohart,,  l.  Il,  p.  148. 


296 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Au  revers,  c'est-à-dire  du  côté  du  sou  d'or,  appliqué  aux  branches 
pattées  de  l'anneau,  est  gravée  une  croix  fourchue  au  sommet  et 
aux  bras,  fichée  sur  une  base,  également  fourchue  aux  deux  bouts 


et  posée  sur  un  petit  globe.  Sous  les  bras  de  la  croix,  les  lettres 
A.R.  Entre  deux  cercles  de  perles,  on  lil  : 

•  •  HLOTAR  •  •  VS  RÇX- 

Les  points  marquent  les  parties  de  la  légende  cachées  sous  les 
supports  du  chaton.  Ce  bijou  pèse  7s1',  3o. 

Adrien  de  Longpérier  qui  a  considéré,  avec  raison,  celle  bague 
comme  un  objet  évidemment  contemporain  des  .Mérovingiens,  a 
attribué  le  sou  d'or  qui  en  est  le  chaton  au  roi  Clotaire  II. 

GCLV11 

AUTRE  BAGUE  DONT  LE  CHATON  EST  UN  SOU  d'0R,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Voici  une  bague  en  or  pur,  qui  est  conservée  au  Cabinet  des  mé- 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


297 


daiHes  de  la  Bibliothèque  nationale  '.  Elle  est  formée  :  1°  d'une 
mince  tige  d'égale  dimension  dans  tout  son  pourtour,  et  qui  a 
22  millimètres  d'ouverture;  2°  du  revers  d'un  sou  d'or,  imité  des 
monnaies  byzantines  et  qui  lui  sert  de  chaton.  On  y  représenta, 
suivant  l'usage,  une  Victoire  ailée,  de  face,  tenant  de  la  main  droite 
une  couronne  et  de  la  gauche  un  globe  crucigère.  On  voil  au-des- 
sous, une  petite  croix;  en  légende  circulaire, 

VICTVRIA  AC-  ...  TORVN 

formule  corrompue  de 

VICTORIA  AVGVSTORVM 

En  exergue, 

CONOB 

Cette  monnaie,  dont  les  marques  du  droit  ont  été  effacées,  a  été 
soudée  sur  la  tige  à  l'aide  de  deux  pattes  terminées  en  volutes  : 
elle  est  accostée,  à  chacun  des  deux  points  de  réunion  avec  la  tige, 
de  trois  globules  ou  cabochons  disposés  en  forme  de  trèfle. 

GCLYHI 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Voici  une  bague  en  cuivre,  sur  laquelle  on  observe  de  nombreu- 
ses traces  de  dorure.  Elle  est  conservée  dans  les  vitrines  du  Cabi- 
net des  médailles  de  la  Bibliothèque  nationale,  mais  sans  numéro 
d'ordre  sur  le  catalogue. 

Elle  a  If)  millimètres  d'ouverture;  la  tige,  qui  a  9  millimètres 
de  largeur  sur  loul  son  pourtour,  es[  décorée  d'ornements  gravés 
en  creux. 

Le  chaton,  ménagé  à  même  le  mêlai,  est  de  forme  carrée  avec 

1.  Cet  objet  porte  sur  le  catalogue  du  Cabinet  des  médailles  les  nos  2929  et 
P  2755. 


298 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


11  millimètres  de  côté,  cl  porte,  également  gravé  en  creux,  un  mo- 
nogramme, qui  se  déchiffre  assez  aisément,  On  y  voit,  très  appa- 
rentes, les  deux  lettres  initiales  FO;  un  V  et  un  A  non  barré,  for- 
més par  les  hasles  du  F  et  du  E  final  et  le  Irait  oblique  intérieur; 
un  N,  puis  le  E  final,  ce  qui  donne  : 

FOVANE 

génitif  de  Fovana,  Le  nom  de  Fova  fut  assez  usité  pendant  le  haut 
moyen  âge  :  car  nous  le  voyons  porté  par  un  évèquc  de  Chalon-sur- 
Saône,  qui  gouverna  ce  diocèse  de  817  à  837  1  ;  et  il  est  permis, 
comme  nous  l'avons  fait  observer  déjà,  d'admettre  le  nom  féminin 
qui  y  correspond.  La  déclinaison  de  ce  vocable  au  génitif  implique 
que  l'on  a  sous-entendu  Sifjnum  ou  Sigillum. 

CCLIX 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

Ce  bijou  en  or  pur  est  conservé  au  Cabinet  des  médailles  de  la 
Bibliothèque  nationale1.  11  a  18  à  19  millimètres  d'ouverture;  il 


est  formé  d'une  tige  massive,  ronde  et  unie,  de  4  millimètres  d'é- 
paisseur, et  d'un  chaton  qui  y  a  été  soudé  et  présente  un  reliet  de 
4  millimètres  au-dessus  de  la  tige.  Sur  ce  chaton,  qui  est  de  forme 
ronde,  et  a  13  millimètres  de  diamètre,  est  gravé  en  creux,  dans 
un  cercle  de  grènetis,  un  monogramme,  où  l'on  trouve  les  lettres 
S,  O,  L,  A,  un  T  qui  domine  et  relie  toutes  les  parties  de  l'inscrip- 
tion, et  la  lettre  |  ligurée  par  un  des  traits  droits  du  monogramme  ; 
nous  avons  tous  les  éléments  du  nom  de 

SOLATII 

1.  Patrolog.  latin.,  t.  CIV,  p.  77. 

2.  Il  est  inscrit  au  catalogue  sous  le  n°  2962. 


DES   PREMIERS    SIÈCLES   DU    MOYEN  AC.E 


'200 


génitif  de  Solatius,  qui  se  rencontre  dans  des  actes  du  haut  moyen 
âge1.  Le  mot  Signum  est  sous  entendu. 


CCLX 

bague  d'abto,  de  pkovenaïsce  inconnue 


Nous  reproduisons  ici  une  bague  en  or  un  peu  pâle,  apparte- 
nant au  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  nationale,  clans 
le  catalogue  duquel  elle  est  inscrite  sous  le  n°  2921. 

Cette  bague  se  compose  d'une  mince  tige,  qui  a  20  millimètres 
d'ouverture,  et  d'un  chaton  de  forme  ronde,  qui  y  est  soudé. 

Sur  ce  chaton,  dont  le  diamètre  est  de  13  millimètres,  on  voit 
grossièrement  figuré  un  oiseau,  sans  doute  la  colombe,  qui  est  un 
des  emblèmes  du  Christ.  Au-dessus  du  dos  de  cet  oiseau,  on  lit  les 
trois  lettres  ABT  auxquelles  vient  se  joindre  un  O  gravé  entre  les 
pattes  de  l'animal,  ce  qui  donne  le  nom  de 

ABTO 

L'Eglise  honore  un  saint  nommé  Apto,  qui  fut  évêque  d'Angou- 
lème  au  vie  siècle  \ 

D'un  autre  côté,  il  y  a  un  saint  nommé  Abdon,  qui  mourut  à 
Rome  au  iue  siècle  3. 

Dans  le  premier  de  ces  vocables,  un  P  remplace  le  B  de  notre 
inscription  sigillaire.  Dans  le  second,  un  D  remplace  le  T.  Mais 
l  emploi  de  ces  lettres  les  unes  pour  les  autres  n'a  rien  que  de  très 
normal,  et  ne  saurait  faire  obstacle  au  rapprochément  que  nous 
indiquons. 

1.  Le  Cartulaire  de  Saint-Victor  de  Marseille  contient  plusieurs  chartes  où 
figurent  des  témoins  de  ce  nom.  Voir  des  chartes  de  1182,  t  .  Ie1',  p.  250;  de  1185, 
t.  II,  p.  587;  de  1193,  ibid.,  p.  445;  et  de  1227,  ibid.,  p.  376. 

2.  Holland.,  Acta  SS.,  mens,  octobr.,  t.  XI,  p.  SS5. 

3.  M.,  ibid.,  mens,  jul.,  I.  VII,  p.  130. 


300 


ÉTUDE  SUR  DES  ANNEAUX 


CCLXI 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Voici  une  autre  bague  inédile  en  or,  qui  est  conservée  au  Cabinet 
des  médailles  de  la  Bibliothèque  nationale1. 

La  tige  a  une  ouverture  de  20  millimètres;  sa  largeur  est  de  9  a 

10  millimètres  près  du  chaton,  de  4  millimètres  seulement  du  côté 
opposé. 

Le  chaton,  soudé  sur  la  baguette,  est  un  carré  irrégulier  de 

11  millimètres  de  largeur  sur  9  de  hauteur.  Dans  un  cadre  tracé 
par  des  lignes  de  perles  ou  de  grènetis,  il  y  a  un  monogramme 
compliqué,  dans  lequel  on  distingue  les  lettres  suivantes  :  en  par- 
tant de  la  base  du  côté  droit  (à  gauche  du  lecteur),  un  G  mérovin- 
gien (<7),  appendu  au  sommet  extérieur  de  la  première  perpendicu- 
laire; un  L  au  bas;  à  l'intérieur,  un  A  et  un  N  liés;  un  I  au  dessous; 
un  C  au-dessus;  à  droite  (pour  le  lecteur)  un  E;  et  dans  l'angle,  un 
S,  séparé  du  monogramme. 

Cette  dernière  lettre  paraît  être  ici  l'initiale  de  Signum. 

Les  autres  caractères,  groupés  dans  l'ordre  ci-dessus,  donnent 
le  nom  de  GLANICE,  génitif  de  GLANICA;  el  l'inscription  de  notre 
anneau  se  lirait  : 

GLANICE  S[ignum)\ 
1.  Elle  est  inscrite  au  catalogue  sous  te  n°  2935. 

?.  Nous  n'avons  pas  encore  rencontré  d'exemple  de  l'emploi  de  ce  vocable  au 
moyen  âge. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


301 


PARIS 

2°  Musée  du  Louvre. 

CCLXII 

ANNEAU  SIGILLAIRE  DE  TRASILDUS,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Parmi  les  bijoux  compris  clans  la  belle  collection  léguée  à  l'État 
par  M.  le  baron  Davilliers,  et  conservés  au  Musée  du  Louvre,  se 
trouve  la  bague  reproduite  en  tête  de' cette  notice.  La  provenance 
en  est  inconnue. 

Elle  est  en  or  fin  et  d'une  conservation  parfaite;  elle  a  16  milli- 
mètres d'ouverture,  et,  au  pourtour,  une  épaisseur  de  3  millimè- 
tres. Elle  est  ornée  d'un  chaton  carré,  de  9  millimètres  de  côté, 
dans  lequel  pénètrent  les  branches  de  la  tige;  aux  deux  points  de 
jonction,  trois  globules  ou  cabochons  également  en  or,  disposés 
en  feuilles  de  trèfle. 

Au  centre  du  chaton,  est  inliabilement  gravé  en  creux  un  oiseau, 
vu  de  trois  quarts  et  tourné  à  droite1.  En  deux  lignes,  accostant 
cet  oiseau,  se  lit  le  nom  du  propriétaire  du  bijou,  précédé  d'une 
petite  croix  grecque  : 

+  TRA  -  col  LAI 

TRASILDI,  avec  un  A  non  barré,  un  S  couché,  et  un  D  triangulaire 
en  forme  de  delta  renversé. 

D'après  le  génitif  Trasildi,  on  a  sous-entendu  le  mot  de  signum 
ou  sigillum. 

1.  La  queue  en  éventail  de  cet  oiseau  donnerait  à  penser  que  c'est  un  paon, 
si  l'absence  d'aigrette  ne  devait  faire  écarter  cette  idée.  Il  est  très  vraisem- 
blable qu'on  a  voulu  figurer  ici  la  colombe,  qui  est,  ainsi  que  nous  l'avons  dit 
plus  haut,  un  des  emblèmes  du  Christ. 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Nous  n'avons  pas  d'exemple  du  nom  de  Trasildus,  que  nous  puis- 
sions citer  ici;  mais  nous  connaissons  un  certain  nombre  de  voca- 
bles, comme  Trasilane,  affranchie1  par  le  testament  d'Erminelrudis 1  ; 
Trasibrictus,  témoin  au  testament  d'Irmina,  abbessc  d'Oereen 
(province  de  Trêves)2;  et  Trasîmirus,  personnage  laïque,  quai i lit'1 
procer,  et  assistant  au  xine  concile  de  Tolède,  tenu  en  l'an  681 3.  Ces 
vocables  sont  formés  sur  un  thème  qui  leur  est  commun  avec  Tra- 
sildus1'. 

CCLXIll 

ANNEAU  AVEC  INSCRIPTION,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Ce  bijou  lait  partie,  comme  le  précédent,  de  la  collection  léguée 
par  M.  le  baron  Davilliers  au  Musée  du  Louvre. 

11  est  en  or  pur,  1res  bien  conservé;  il  a  18  millimètres  d'ouver- 
ture; le  pourtour  a  3  millimètres  de  hauteur  du  côté  opposé  au 
chaton.  Ce  chaton,  de  forme  ovale  et  ménagé  à  même  le  métal,  a 
17  millimètres  dans  sa  longueur,  sur  10  millimètres  de  hauteur  au 
centre,  et  présente,  gravés  en  creux  sur  deux  lignes,  les  carac- 
tères suivants  : 

SF3 

SIX- 

La  3e  lettre  de  la  première  ligne  est,  je  crois,  inscrite  dans  le 
sens  rétrograde,  et  celte  ligne  doit  être  lue  SFE  :  au  commence- 
ment delà  deuxième  ligne,  il  ya  un  caractère  dont  la  signification 

1.  Ann.  700,  dans  Pardessus,  Diplômes  et  Chartes,  t.  II,  p.  258. 

2.  Ann.  698;  ibid.,  p.  252.  Les  chartes  attribuées  à  Irmina  sont  générale- 
ment regardées  comme  fausses  ou  gravement  interpolées  ;  mais  elles  sont  an- 
ciennes et  conservent  une  certaine  valeur. 

3.  Dans  Ph.  Labbe,  Collect.  maxim.  conciliai'.,  t.  VI,  p.  1270. 

4.  On  peut  encore  rapprocher  de  ce  mot  les  suivants  :  Trasamundus  ou  Tra- 
semundus,  roi  des  Vandales  (  Ï96-523),  et  les  noms  de  trois  monnayers  de  la 
période  gallo-l'rauque  :  Trasemundus,  Trasoaldus  et  Tradulfus.  Cf.  Anal,  de 
Barthélémy,  Liste  des  Monnayers,  elc.  ;  in  Biblioth,  de  l'Êc.  des  chartes,  année 
1881. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


303 


est  difficile  à  déterminer,  mais  où  il  est  assez  rationnel  de  voir  un 
X.  .Te  ne  suis  pas  en  mesure  de  donner  de  l'inscription  une  expli- 
cation satisfaisante'. 

CCLXIV 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Voilà  une  troisième  bague  de  la  période  gallo-franque,  comprise 
dans  la  collection  léguée  par  M.  le  baron  Davillicrs  au  Musée  du 
Louvre. 

Elle  est  en  or,  comme  les  deux  précédentes,  et  d'une  conserva- 
lion  parfaite.  Elle  n'a  que  16  à  17  millimètres  d'ouverture,  ce  qui 
donne  lieu  de  présumer  qu'elle  a  dû  appartenir  à  une  femme.  Le 
pourtour  a  2  millimétrés  de  hauteur  du  côté  opposé  au  chaton.  Ce 
chaton,  de  forme  ronde,  et  de  11  millimètres  de  diamètre,  est  soudé 
aux  deux  branches  de  l'anneau;  il  est  orné,  au  centre,  d'un  pelil 
cercle,  renfermant  un  point,  et  de  la  circonférence  duquel  se  déta- 
chent, à  distances  égales,  quatre  traits  droits,  portant  chacun  une 
lettre  à  son  extrémité. 

Ces  lettres,  gravées  tout  au  bord  du  chaton,  sont,  en  allant  de 
droite  à  gauche  : 

S  R  S  E  . 

Au  centre,  il  y  a  un  o>  et  nous  avons,  pour  l'inscription  entière, 
la  leçon  suivante  : 

S  [Signum  ou  Sigillum)  ROSE- 

Ce  nom  était,  comme  on  sait,  fort  usité  dans  le  monde  romain  ; 
plusieurs  saintes  l'ont  porté,  notamment  une  femme  qui  fut  mar- 
tyrisée, avec  son  fils  Platanus,  sous  le  règne  de  l'empereur  Trajan  V 

1.  Quand  j'ai  publié  pour  la  première  fois  cet  anneau  (Rev.  ardhéol.,  année 
1885,  t.  Ier,  p.  306-307),  j'avais  proposé,  d'une  façon  dubitative,  d'y  lire  FELI- 
CIS;  mais  cette  conjecture  me  semble  décidément  n'avoir  pas  de  base  suffi- 
sante, et  je  crois  devoir  y  renoncer. 

2.  Bolland.,  Acta  SS.,  mens,  septemb.  t.  I,  p.  107. 


304  ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 

PARIS 

3°  Feu  le  baron  Pichon  (collée! ion  de) 

GCLXV 

ANNEAU  SIGILLA1RE  d'aBBON,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Cet  anneau  d'or,  qui  a  appartenu  à  M.  Charvet,  puis  à  feu  Jien- 
jamin  Fillon,  a  passé  dans  la  collection  de  feu  le  baron  Pichon.  lia 
23  millimètres  d'ouverture,  et  il  est  orné  d'un  chaton  de  forme  ar- 
rondie, mais  irrégulière,  qui  a  de  13  à  1 4  millimètres  de  diamètre, 
et  porte,  autour  d'une  tète  nue,  grossièrement  gravée,  cette  ins- 
cription : 

+  ABBONESO. 

On  a  jusqu'ici  considéré  cette  inscription  comme  représentant  le 
nom  d'un  personnage  appelé  Abbotiesi/s1.  Mais  ce  nom  est  entière- 
ment inconnu,  tandis  que  celui  d'Abbo  fut  non  seulement  très  usité, 
mais  même  célèbre  dans  le  haut  moyen  âge  :  c'est  celui  de  plusieurs 
saints  évèques,  abbés  et  prêtres*,  de  personnages  laïques 3 ,  de  moii- 

1.  E.  Le  Blant,  Inscript.  chrét.  de  la  Gaule,  t.  II,  p.  351 ,  n°  575  A; 
planche  LXXIX,  fig.  476. 

2.  Bolland.,  Acta  SS.,  mens,  april.,  t.  II,  p.  388;  Mabillon,  Acta  SS.  Ord. 
S.Bened.,  IV,  n,  p.  573;  VI,  i,  p.  30;  Pardessus,  Diplom.  et  chart.,  t.  I,  p.  74. 
98,  127,  224;  t.  II,  p.  18,  39,  141,  370. 

3.  Pardessus,  loc.  cit.,  I.  II,  p.  479,  et  I .  I,  Prolég.,  p.  272;  t.  II,  p.  131,143, 
334. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


305 


nayers  des  temps  mérovingiens1,  parmi  lesquels  il  faut  mentionner 
le  directeur  de  l'atelier  royal  de  Limoges  au  commencement  du 
vne  siècle,  le  premier  patron  de  saint  Eloi2. 

Nous  sommes  très  porté  à  penser  que  c'est  un  personnage  de  ce 
nom  qui,  vers  le  même  temps,  fut  le  possesseur  de  notre  anneau. 
Si  l'on  adopte  ce  point  de  vue,  il  faut  détacher  d'ABBONE  la  syllabe 
SO,  comme  nous  le  ferons  plus  bas  pour  la  syllabe  SV  du  cachet  de 
ROCCOLANE,  où  nous  montrerons  qu'il  faut  voir  les  premières 
lettres  de  SW{bscripsi)3. 

Quant  à  la  forme  SO  pour  SV,  il  y  a  dans  l'épigraphie  de  cette 
époque,  tant  d'exemples  de  la  substitution  de  la  lettre  0  à  la  lettre 
V,  qu'elle  n'a  rien  d'insolite,  et  peut  être  admise  sans  difficulté1. 

A  l'égard  de  la  déclinaison  à'Abbo  à  l'ablatif  (Abbone),  nous  la 
trouvons  aussi  dans  les  chartes  de  la  première  race,  où  les  parties 
et  les  témoins  souscrivaient  souvent  avec  leur  nom  à  l'ablatif3. 

Il  nous  paraît  donc  que  la  légende  de  notre  bague  doit  être  ainsi 
entendue  : 

+  ABBON     (j{bscriplsi)  pour  SV[bscripsi). 

1.  Voir  notamment  d'Amécourt,  Descript.  des  monn.  mérov.  de  Chalon-sur^ 
S'iône,  p.  37  et  n°  40. 

2.  VitaS.  Eligii,  auctorc  Audoe'no;  dans  d'Achery,  Spicileg.,  édit.  in-i,  t.  V, 
p.  157. 

3.  Voir  plus  bas  le  n°  CCLXV1II. 

4.  Cf.  E.  Le  Blant,  lnscrip.  chrét.  de  la  Gaule  :  Tomolo,  Tomulo  et  tumolo,  pour 
Tumulo,  planches  IV,  fjg.  13;  VI,  24,  25;  VIII,  34;  XI,  42;  XII,  57;  E.  Le  Blant 
(iSouv.  rec.  des  inscript.  chrét.  de  la  Gaule,  Paris,  1892,  p.  145)  admet,  comme  je 
l'ai  fait  quand  j'ai  décrit  noire  anneau  pour  la  première  fois  en  1886  {Rev. 
arch.,  ann.  1886,  l.  II,  p.  41),  que  la  syllabe  SO  doit  être  détachée  du  nom, 
mais  il  propose  d'y  voir  le  verbe  sum,  c'est-à-dire  la  déclaration  pour  l'anneau 
lui-même  qu'il  appartient  à  Abbon.  Celte  interprétation  me  paraît  inadmissible 
par  plusieur  raisons  dont  le  lecteur  trouvera  l'exposé  dans  une  autre  partie  du 
présent  ouvrage  (  Voir  l'Introduction,  §  5,  n.  III). 

5.  Voir  J.  Tardif,  Monuments  historiques,  carions  des  rois,  p.  11,  12,  17,20. 
23,  32.  Au  bas  du  testament  d'Erminelhrude  (vers  l'an  700),  on  lit  :  «  Ermene- 
thrude  banc  testamentum  subscripsi  ».  Ibid  ,  p.  3i. 


20 


306 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


CCLXVI 

ANNEAU  DE  WICAEL,  DE  PROVENANCE  INCONNUE,  AVEC  L'ACCLAMATION  McCUVl 

vivas  in  Deo 


Ce  bijou  fait  partie,  comme  le  précédent,  de  la  collection  do  feu 
le  baron  Pichon,  qui  l'avait  acquis  de  M.  Castellani.  Il  est  en  or 
pur,  a  22  millimètres  d'ouverture,  et  se  compose  d'une  tige  massive, 
sur  laquelle  est  soudé  un  chaton  également  en  or.  Au  point  de- 
réunion  du  chaton  et  de  la  tige,  celle-ci  a  une  largeur  de  10  mil- 
limètres, et  est  ornée  de  guirlandes  sur  deux  de  ses  faces  exté- 
rieures. 

Le  chaton  présente  deux  assises,  dont  l'une,  l'intérieure,  a 
1S  millimètres  de  longueur  sur  10  de  largeur;  l'assise  supérieure, 
en  retrait  sur  la  première,  a  12  millim.  1/2  de  longueur  sur  8  1/2 
de  largeur. 

Sur  la  surface  de  ces  chatons,  sont  incrustées  trois  pierres  :  un 
rubis  de  forme  rectangulaire,  accosté  de  deux  petites  émeraudes  de 
forme  circulaire. 

Sur  une  face  de  l'assise  inférieure  du  chaton  sont  gravés  en  creux 
ces  deux  mots  : 

MICAEL  MECV  (mecum) 
et  sur  la  face  opposée  : 

VIVAS  IN  DEO 

C'est  assurément  une  bague  donnée  par  une  jeune  fille  à  son  fiancé 
ou  par  une  femme  à  son  mari. 

Mon  regretté  confrère  E.  Le  Blant  a  publié  1  deux  exemples  de 
l'acclamation  Vivas  mecum  :  l'une,  en  grec,  relevée  sur  une  agate 

1.  760  inscriptions  sur  pierres  gravées  inédites,  p.  126,  n°  328,  et  p.  127, 
n°  329. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


307 


du  cabinet  de  Bascas  de  Bagaris,  l'autre  en  latin,  relevée  sur  un 
anneau  de  bronze  qu'il  avait  vu  à  Rome,  dans  la  collection  de 
M.  Gastellani.  Celle-ci,  gravée  en  rétrograde  et  portant  le  chrisme 
au  milieu,  est  ainsi  conçue  : 

COI  I 
M  *  E  V 
I  VAS 

Con  (pour  cwri)  me  vivas 
CCLXVII 

BAGUE  SIG1LLAI  RE  DE  GUND1S,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


La  bague  en  or,  que  nous  reproduisons  ici,  a  fait  partie  de  la  col- 
lection de  feu  le  baron  Pichon  *. 

Le  chaton,  de  l'orme  presque  ronde,  a  19  millimètres  de  haut  (y 
compris  une  bordure  en  relief  striée),  et  21  millimètres  de  large  (y 
compris  deux  triangles  gravés  à  droite  et  à  gauche,  où  l'on  voit  des 
globules  ou  cabochons  en  or). 

Dans  le  champ,  divisé  en  deux  compartiments  superposés  et  sé- 
parés par  un  trait  horizontal  qui  relie  les  deux  triangles  latéraux, 
on  lit,  gravé  en  deux  lignes,  et  précédé  d'une  croisette,  le  nom  de 

(  (lundis), 

forme  latinisée  du  radical  germanique  Gund. 

Ce  nom,  qui  est  entré  comme  ('dément  composant  dans  de  nom- 
breux vocables  germaniques3,  a  été,  isolément,  d'un  usage  peu 


t.  E.  Le  lilant  a  l'ait  observer  que  le  mot  cum,  dans  les  épitaphes,  est  souvent 
écrit  CVN,  KOYN  et  CON,  et  que  les  exemples  de  la  substitution  de  l'N  à  M 
sont  d'ailleurs  des  plus  fréquents  sur  les  marbres  (Ibid.,  p.  126,  note  2}. 

2.  Elle  appartient  actuellement  au  Cabinet  des  Médailles  de  la  Bibliothèque 
nationale. 

3.  Gundi-bergn,  Gtmdi-hild,  Xdsi-gundis,  Fvide-gundis,  Sene-gundis ,  Rade- 


308 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


commun.  La  seule  mention  que  nous  fournissent  les  monuments 
historiques,  se  trouve  au  viue  siècle,  dans  le  recueil  des  chartes  de 
la  célèbre  abbaye  de  Lorsch',  et  l'intéressante  bague  de  la  collec- 
tion du  baron  Pichon  est  le  seul  exemple  archéologique  que  nous 
en  connaissions. 


ANNEAU  DE  ROCCOLA  OU  ROCCOLANE,  AVEC  CHATON  TOURNANT  ET  DOURLE 


Le  bijou  ou,  plus  exactement,  le  fragment  de  bijou  que  nous  re- 
produisons ici,  est  une  rondelle  en  or  (in  et  pourtant  un  peu  pâle, 
ayant  11  millimètres  de  diamètre,  3  millimètres  d'épaisseur  à  la 
tranche,  et  pesant  2  grammes.  Elle  se  compose  de  deux  plaquettes 
soudées  l'une  sur  l'autre;  chacune  de  ces  plaquettes  porte  une  lé- 
gende gravée  avant  la  soudure,  et  l'une  d'elles  a  un  chrisme  dans 
le  champ. 

Cette  rondelle  a  évidemment  formé  le  chaton  d'un  anneau  aujour- 
d'hui perdu,  car,  sur  deux  côtés  opposés  de  la  tranche,  on  voit  très 
apparentes  les  cassures  des  deux  pivots  en  fer  qui  y  étaient  primi- 
tivement fixés  et  pénétraient  dans  les  deux  branches  de  cet  anneau, 
et  sur  lesquels  tournait  le  double  chaton. 

J'ajoute  que  cette  portion  du  bijou  y  était  ainsi  enchâssée  de  ma- 
nière à  présenler,  en  tournant,  l'inscription  de  chaque  face  dans  le 
sens  où  elle  devait  être  lue. 

Le  symbole  religieux  et  les  caractères  qui  y  figurent  sont  d'une 
bonne  exécution  pour  l'époque;  de  même  style  que  ceux  qu'on  voit 
sur  les  meilleures  monnaies  de  la  fin  du  vie  siècle  et  du  premier 
tiers  du  vu0,  ils  font  remonter  la  confection  de  notre  petit  monu- 
ment aux  temps  de  la  première  dynastie  franque. 

gundis,  et  beaucoup  d'autres,  dont  Forslemann  a  réuni  74  exemples  (Personeii' 
namen,  col.  555-556). 

1.  God.  Lauvesham.  diplomatie,  n°  2101,  cite  par  Fôrstemann,  ubi  supra. 
Lorsch  est  dans  le  grand-duché  de  Hesse-Darmstadt. 


CCLXV111 


INSCRIPTION,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


DES   PREMIERS  SIÈCLES   DU   MOYEN  AGE 


309 


Il  appartenait  à  l'intéressante  collection  de  feu  Benjamin  Fillon, 
et  il  est  devenu  la  propriété  de  la  nièce  et  héritière  de  ce  savant. 
M.  Feuardent,  qui  en  a  été  momentanément  détenteur,  a  bien  voulu 
me  le  confier,  et  c'est  à  son  obligeance  que  j'ai  du  de  pouvoir  en 
faire  la  publication.  On  ne  possède  d'ailleurs  aucun  renseignement 
sur  la  localité,  l'époque  et  les  circonstances  dans  lesquelles  il  a  été 
trouvé. 

Des  deux  faces  du  chaton,  l'une  porte  le  chrisme  dans  un  cercle, 
et,  autour  de  ce  cercle,  la  légende  suivante,  précédée  d'une  croi- 
sette  : 

*  ROCCOLAI^ESV 

(Roccolane  su). 

Sur  la  deuxième  face,  sont  gravées  trois  lignes  superposées,  dont 
chacune  est  surmontée  d'une  barre  qui  la  couvre  : 

WAR 
ENBERTV 
SDEDI 

[Warenbertus  dedi). 

Le  nom  de  Warenbertus  se  retrouve,  avec  une  très  légère  diffé- 
rence, dans  le  Warembertus  d'une  charte  de  l'archevêque  de  Trêves 
Léodanus,  de  l'an  706',  et  dans  le  Warimbertus  du  polyptyque 
d'Irminon  2. 

Le  testament  d'Erminétrudis,  dressé  vers  l'an  700,  nous  offre  le 
nom  de  femme  Roccidane,  presque  identique  au  Roccolane  de  notre 
bijou.  Cette  même  terminaison,  qui  servait  indifféremment  pour 
tous  les  cas  de  la  déclinaison3,  se  rencontre  fréquemment  dans 

1.  Pardessus,  Uiplom.  et  chart.,  t.  II,  p.  269.  Ce  personnage  est  qualifié  près- 
biter,  et  il  est  dit,  dans  la  charte,  que  c'est  lui  qui  l'a  écrite  sur  l'ordre  de  l'ar- 
chevêque et  avec  la  permission  de  sou  seigneur  Huncio,  qualifié  presbiter  et 
admanuensis. 

2.  IX,  4,  édit.  de  Guérard,  p.  85;  édit.  de  Longnon,  p.  112. 

3.  Exemples  :  au  nominatif  singulier  :  «  In  nostram  venienles  presentiam, 
démentie  regni  nostri  intulerunt  eo  quod  ipse  Amalfridus  et  matrona  sua  Ch'd- 

debertane        monasterium  visi  fuerunt  edificasse.  »  Diplôme  de  Thierry  III, 

de  l'année  687,  dans  Pardessus,  Uipl.  et  chart.,  t.  II,  p.  203.  On  voit  la  même 
terminaison  employée  pour  le  génitif  singulier  :  «  Per  consensum  et  volunta- 
tem...  Amalfridi  vel  matrone  ipsius  Childebertane  seu  et  filie  eorum  Auriane  ab- 
batissa.  »  Jbid.,  p.  202.  De  même  dans  un  acte  de  712,  ibid.,  p.  434.  A  l'ac- 


310 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


les  actes  du  moyen  âge  et  particulièrement  du  vi°  au  ixe  siècle. 

Nous  avons  donc,  dans  ROCCOLANE,  un  nom  de  femme  complet 
en  soi,  et,  à  quelque  cas  qu'on  suppose  qu'il  est  décliné,  n'y  a  dès 
lors  aucune  raison  d'y  rattacher  le  groupe  SV,  qui  vient  après  lui, 
él  qui  donnerait,  dans  l'hypothèse  contraire,  une  forme  aussi  irré- 
gulière qu'inusitée,  conséquemment  invraisemblable. 

Cela  posé,  j'ai  recherché  la  signification  de  nos  deux  légendes. 

La  face  du  double  chaton  qui  porte  lechrisme  dans  le  champ  et 
autour  du  chrisme  le  nom  de  Roccolane;  qui,  en  outre,  est  d'un 
travail  plus  soigné  que  celui  de  l'autre  côté,  paraît  avoir  plus 
d'importance  que  ce  dernier.  Nous  y  reconnaissons  toutes  les  parties 
d'une  souscription  complète,  telles  qu'on  les  voit  à  la  fin  d'un  grand 
nombre  de  chartes  de  cette  époque,  et  qui  sont  les  suivantes  : 
1°  une  petite  croix  ;  2°  à  la  suite  de  cette  croix,  le  nom  du  ou  de  la  si- 
gnataire; 3°  le  mol  subscripsi  ou  une  de  ces  abréviations,  subsc, 
sttbs.  et  même  sub.  '.  ou  bien  encore  le  mot  (moins  usité  toutefois) 
subsignavi  ou  l'une  de  ses  abréviations2.  Les  dimensions  du  chaton, 
à  peine  suffisantes  pour  contenir  ce  que  nous  y  voyons,  puisque  le 
graveur  a  dû  lier  ensemble  les  lettres  N  et  E,  ne  permettaient  point 
l'inscription  de  la  formule  subscripsi  on  subsignavi,  et  se  prêtaient 
difficilement  à  l'inscription  d'une  des  abréviations  usitées,  et  l'on 
s'est  borné  à  en  graver  les  deux  premières  lettres,  SV.  C'était  le  sceau 
ou  cachet  que  Roccolane  apposait  au  bas  de  ses  lettres  ou  des  actes 
danslesquel  elle  figurait  soit  comme  partie,  soit  comme  témoin3. 

cusatif,  nous  trouvons,  en  maint  endroit  du  testament  d'Erminétrudis  déjà  cité, 
cette  terminaison,  et  notamment  dans  le  passage  suivant  :  Mummolane  cum 
omni  peculiare  suo  ingenuam  esse  volo.  »  Ibid.,  p.  257.  A  l'ablatif  :  «  Dodone 
una  eu  m  conjuge  sua  Tordilane,  neenon  et  Bertholandane.  »  Charte  de  l'an  572  ; 
ibid.,  t.  I,  p.  133-146. 

1.  Pour  celte  dernière  abréviation,  voir  dans  Pardessus,  t.  IF,  p.  33,  Vlndicu- 
lusAu.  Roi  Sigebert  II,  adressé  à  Didier,  évèque  de  Cahors,  l'an  664. 

2.  Voir  notamment  une  charte  de  663,  à  la  (in  de  laquelle  on  lit  :  «  Farull'us 
subsignavit.  Abbo  subg.  Ermenbertus  subg.  »,  etc.  Pardessus,  t.  II,  p.  131.  On 
pourrait  voir  aussi  dans  le  groupe  SV  les  premières  lettres  de  SW(bscriptio)  ; 
Roccolane  serait  alors  décliné  au  génitif  d'une  manière  régulière.  Mais  celte  in- 
terprétation, est  moins  vraisemblable  que  les  précédentes,  parce  que  le  substan- 
tif subscriptio  n'est  pas  aussi  usité  dans  les  actes  mérovingiens  que  subscripsi 
et  subsignavi. 

3.  E.  Le  Blant  (Souv.  rec.  des  inscript,  chrët.  de  la  Gaule,  p.  145)  admet, 
comme  je  l'avais  fait  quand  j'ai  publié  notre  anneau  pour  la  première  fois  (Rei. 
arch.,  ann.  188  i,  t.  1.  p.  144),  que  la  syllabe  su  doit  être  détaché  du  nom  propre; 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


311 


Quant  à  la  légende  de  L'autre  face  du  chalon,  Warenbertus  dedi, 
«  Moi,  Warenbert,  j'ai  donné  »,  qui  constate  que  cette  anneau-ca- 
chetavait  été  donné  à  Roccolane  par  lui,  son  fiancé,  elle  avait  pour 
but  unique  d'y  perpétuer  le  souvenir  de  ce  témoignage  d'affection  : 
elle  restait  donc  tout  à  fait  indépendante  du  cachet  ou  du  sceau 
proprement  dit,  qui,  lui,  était  destiné,  à  un  usage  courant,  tandis 
que  le  côté  opposé  ne  pouvait  guère  servir  (si  toutefois  il  servait) 
que  dans  une  correspondance  intims. 

En  un  mot,  notre  bijou  est  le  débris  d'un  anneau  sigillaire,  au 
dos  duquel  le  donateur  a  voulu  rappeler  sa  libéralité. 

Telle  est  l'explication,  fort  simple  comme  on  le  voit,  que  m'a 
suggérée  l'étude  de  ce  curieux  monument. 

Il  me  paraît  utile  de  placer  ici  quelques  observations  générales 
à  propos  du  chaton  tournant  qui  était  enchâssé  dans  l'anneau  si- 
gillaire de  Roccola  ou  Roccolane. 

Cette  disposition  existe  dans  une  assez  grande  quantité  de  bagues 
antiques  ;  et  il  n'y  a,  dès  lors,  rien  d'étonnant  à  la  rencontrer  dans 
celles  du  moyen  âge.  On  connaît  d'ailleurs  la  lettre  où  saint  Avit, 
archevêque  de  Vienne  (494  525),  acceptant  l'olfre  que  saint  Apol- 
linaire, évèque  de  Valence  (vers  520),  lui  avait  faite  d'une  bague, 
indique  à  ce  prélat  comment  il  désire  qu'elle  soit  fabriquée.  «  Klle 
sera,  lui  dit-il1,  en  fer  très  mince,  représentant  deux  petits  dau- 
phins affrontés;  un  double  sceau  y  sera  enchâssé,  à  l'aide  de  deux- 
mais  il  y  voit  le  verbe  sum  exprimant  la  déclaration  par  l'anneau  lui-même  qu'il 
appartient  à  Roecola.  Cette  interprétation  me  parait  peu  admissible  par  plusieurs 
raisons  dont  le  lecteur  trouvera  l'exposé  dans  une  autre  partie  du  présent  ou- 
vrage (Voir  V Introduction,  §5,  n.  III). 

1.  «  Signatorium  igiturquod  pietas  vestra  non  tam  promittere  quam  otTerre 
dignala  est,  in  hune  modum  fieri  volo.  Annulo  ferreo  et  admodum  tenui,  velut 
c^ncurrenlibus  in  se  delphinulis  concludendo  sigilli  duplicis  forma  geminis  car- 
dinulis  inseratur  (E.  Le  Blant,  qui  a  reproduit  une  partie  de  cette  épître, 
lnscr.  chrét.  de  la  Gaule,  t.  I,  p.  50)  a  traduit  ces  mots  par  un  pivot,  ce  qui  ne 
répond  pas  exactement  au  texte);  qua\  ut  libuerit,  vicissim  seu  lalibunda  seu 
publica  obtutibus  intuentum  alterna  vernantis  lapilli  vel  electri  pallentis  fronte 

mutetur          Si  quœras  quid  insculpendum  sigillo,  signum  monogrammatis 

mei  per  gyrum  scripti  nominis  lcgalur  indicio.  »  Sancti  Avili  Epistol.  lxxvhi, 
dans  J.  Sirmond,  Opéra  varia,  t.  II,  col.  116-117.  Saint  Apollinaire  de  Valence, 
à  qui  cette  lettre  est  adressée,  est  mort  vers  520.  D'un  autre  côté,  saint  Avit, 
dans  un  passage  de  la  même  lettre,  fait  allusion  à  la  défaite  d'Alaric  II,  roi  des 
Visigoths  (au  507),  qui  entraîna  la  ruine  de  ce  royaume  en  Gaule  ;  c'est  donc 
entre  507  et  520  que  cette  lettre  a  été  écrite. 


312 


ÉTUDE  SUR  DES  ANNEAUX 


pivots  (geminîs  cardinulis),  de  sorte  que  chaque  côté  en  soit,  tour 
à  tour  et  à  volonté,  caché  on  montré,  et  présenle  alternativement 
aux  regards  une  face  munie  d'une  pierre  verte  ou  d'un  pâle  élcc- 
trum...  Si  vous  me  demandez  ce  qu'on  devra  graver  sur  ce  sceau, 
le  signe  de  mon  monogramme  devra  se  lire  à  l'aide  de  mon  nom 
inscrit  en  cercle 1 .  » 

Ce  précieux  document  fait  bien  voir  ^que  l'emploi  des 'chatons 
tournants  dans  les  anneaux  sigillaires  étaif  assez  fréquent  à  cette 
époque,  et  pourtant  le  nombre  de  ceux  que  l'on  connaît  est  encore 
fort  restreint  \ 

GCLXIX 

ANNEAU  AU  SYMBOLE  DE  LA  COLOMBE,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

Le  catalogue  de  la  vente  des  bijoux  et  monnaies  provenant  de 
la  succession  du  savant  archéologue  Benjamin  Fillon,  catalogue 
dressé  par  M.  Rollin,  contient,  à  la  page  34,  sous  le  n°  36,  la  note 
descriptive  suivante  : 

«  Bague  mérovingienne  en  or.  —  Sur  le  chaton  carré,  est  gravé 
en  creux  un  oiseau  (sans  doute  une  colombe);  au-dessous,  une 
croisetto,  et  au-dessus,  une  palme.  La  bague  est  également  gravée 
avec  finesse  des  deux  côtés  du  chaton.  —  Joli  bijou  d'une  admi- 
rable conservation.  » 

Désireux  de  connaître  de  visu  celte  bague,  et  d'en  obtenir  une 
empreinte  qui  me  permît  de  la  reproduire,  j'en  ai  recherché  acti- 
vement le  nouveau  propriétaire.  M.  Rollin,  qui,  à  la  vente  pu- 
blique, s'en  était  rendu  acquéreur  pour  le  compte  d'un  tiers,  n'a 
pu  me  renseigner  sur  le  nom  et  l'adresse  de  ce  dernier,  et  je  me 
suis  trouvé  ainsi  dans  l'impossibilité  de  faire  figurer  ici  la  bague 
qui  nous  occupe. 

Je  me  bornerai  à  faire,  au  sujet  de  la  description  ci-dessus,  la 
remarque  suivante  : 

1.  Il  faut,  ce  me  semble,  en  rapprochant  celte  dernière  phrase  des  mots  sigilli 
duplicis  qu'on  lit  plus  haut,  l'entendre  dans  ce  sens,  qu'une  des  deux  faces  du 
chaton  porterait  le  monogramme  tournant,  l'autre,  le  nom  entier  de  saint  Avit. 
S'il  en  était  autrement,  les  molslsigilli  duplicis  forma,  écrits  au  commencement 
du  passage  reproduit,  seraient  inexplicables,  ou  du  moins  ne  pourraient  s'ex- 
pliquer que  d'une  façon  peu  vraisemblable. 

2.  Voir  ci-dessus,  l'es  n05  GXXV  et  GLXXXVH. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


313 


La  petite  palme  que  le  rédacteur  a  cru  voir  au-dessus  de  l'oiseau 
n'est  peut  être,  en  réalité,  qu'une  représentation  maladroite  de 
l'aile  éployée  de  la  colombe  symbolique,  telle  qu'elle  est  gravée 
sur  un  autre  anneau,  où  figure  cet  emblème  du  Cbrist'. 

PAU1S 

A°  M.  An.  de  Barthélémy  (Collection  de). 

CCLXX 

ANNEAU  AVEC  LE  S  BARRÉ,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

Plusieurs  fois  déjà,  j'ai  eu  l'occasion  de  signaler  l'emploi  :  1°  du 
S  barré  (S),  abréviation  bien  connue  de  Sigmim  ou  de  Sif/navi, 
soit  dans  la  composition  des  monogrammes,  soit  auprès  de  noms 
en  forme  monogrammatique  dont  ce  sigleélait  tout  à  fait  distinct; 
2°  du  S  accompagné  de  trois  points  ou  d'un  seul  point,  et  que  je 
crois  avoir  eu  la  même  signification  que  le  S  barré. 

Voici  une  bague  en  bronze,  qui  ne  porte,  au  chaton,  que  le  S  barré, 
sans  aucun  nom  en  légende  ou  en  monogramme. 

Cette  bague,  qui  appartient  à  mon  savant  confrère  et  ami,  Anat. 
de  Barthélémy  et  m'a  été  communiquée  par  lui,  n'a  qu'une  faible 
ouverture  (17  millim.  1/2),  qui  fait  présumer  qu'elle  était  portée 
par  une  femme  ou  une  toute  jeune  fille.  Le  chaton,  ménagé  à 
même  le  métal,  a  la  forme  d'un  carré  long,  de  9  millimètres  sur  7  1  /2 
de  hauteur.  Dans  un  cadre  irrégulier,  malhabilement  tracé  au 
burin,  on  voit  un  S  couché,  coupé  en  deux  par  un  trait  oblique, 
qui,  partant  de  l'angle  supérieur  de  gauche,  va  rejoindre  l'angle 
inférieur  de  droite. 

A  droite  et  à  gauche  du  chaton,  on  remarque  quelques  traits, 
gravés  dans  une  intention  d'ornementation  très  rudimentaire. 

1.  Voir  ci-dessus  le  n°  XXXII. 


314 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


PARIS 

o°M.  de  Laulrec  (Collection  de) 

CCLXXI 

BAGUE  AVEC  INSCRIPTION,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Cette  bague,  qui  appartenait  à  la  collection  de  Benjamin  Fillon, 
a  passé,  en  1882,  après  la  mort  du  célèbre  antiquaire,  dans  les 
mains  de  M.  de  Lautrec,  archéologue  distingué,  résidant  à  Paris; 
c'est  d'après  le  dessin  qu'en  a  fourni  le  catalogue  de  vente  de  ladite 
collection1,,  que  je  la  reproduis  ici. 

Elle  est  en  or  fin;  la  tige  en  est  striée;  son  ouverture  est  de  19  à 
20  millimètres;  elle  est  munie  d'un  chaton  carré,  soudé  sur  la  ba- 
guette et  accosté,  à  chacun  des  deux  points  de  réunion,  des  trois 
globules  ou  cabochons  si  fréquemment  signalés  sur  nos  anneaux. 

Au  centre  du  chaton,  qui  a  il  millimètres  de  côté,  est  gravée 
une  petite  tète  d'un  travail  grossier,  et  qui  paraît  ornée  d'un 
bandeau,  ou  coiffée  d'un  casque  dépourvu  d'ornement.  Sur  les 
quatre  côtés,  et  séparées  de  la  figure  du  centre  par  un  trait  au 
burin,  sont  inscrites,  au  nombre  de  dix,  des  lettres  dont  plusieurs 
sont  assez  lisibles  isolément,  mais  qu'il  m'a  été  impossible  de 
grouper  de  manière  à  obtenir  une  leçon  acceptable2. 

1.  N°  33,  planche  II,  fig.  3. 

2.  Le  rédacteur  du  catalogue  de  la  vente  publique  de  la  collection  Fillon,  tout 
en  déclarant  la  légende  indéchiffrable,  a  indiqué  le  groupement  suivant  : 

FACTSERAS. 

Mais,  la  légende  ne  contient  point  de  F;  et  elle  se  compose  de  dix  lettres, 
tandis  que  le  catalogue  n'en  reproduit  que  neuf. 


DES   PREMIERS   SIÈCLES   DU  MOYEN  AGE 


315 


PARIS 

Feu  E.  Le  Blant.  (Collection  de) 


CCLXXI  bis 

ANNEAU  AVEC  VivdS  VI  DeO  EN  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Ce  bijou  en  bronze,  qui  appartient  à  la  collection  :1e  mon  re- 
gretté confrère  E.  Le  Blant,  présente  un  intérêt  particulier  en  ce 
que,  sur  le  chaton,  de  forme  ovale,  est  gravé  un  monogramme,  où 
ce  savant  a  lu  l'acclamation 

VIVAS  IN  DEO1. 

Il  y  a,  en  effet,  au  centre  un  V;  à  l'extrémité  de  droite  (pour  le 
lecteur)  un  |;  un  A;  un  S  dans  l'angle  du  V,  ce  qui  avec  le  redou- 
blement du  V  donne  le  verbe  vivas.  Le  |  précité  contribue  à  former 
un  N  et  la  préposition  in;  le  dernier  caractère  du  côté  gauche  est 
un  D,à  la  haste  duquel  est  attachée  une  barre  horizontale,  qui  en  fait 
un  E  ;  et  enfin,  le  O  qui  est  sous  la  barre  du  A  complète  le  mot  Deo. 


CHANTILLY  (Oise) 
(Musée  Coudé,  au  château  de) 

CCLXXll 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

La  bague  que  je  reproduis  ici  appartient  aux  précieuses  collections 

i.  750  inscript,  de  pierres  grav.  inéd.  ou  peu  connue*,  n°  325,  p.  125  et  pl. 
n°  325.  E.  Le  Blant  cite  deux  autres  bagues  portant  le  même  monogramme,  pu- 
bliées, l'une  par  M.  Drury  Fortnum  (On  finger -rings  of  the  early  Christian  period, 
p.  42),  l'autre  par  M.  Arneth  (Monumente  des  KK  Miintz  und  Antiken-Kabinettes 
in  Vien,  planche  S,I,  n°  46,  et  page  76). 


316 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


du  château  de  Chantilly.  M.  Germain  Bapst,  mon  savant  confrère 
à  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  qui  avait  été  chargé  par  feu 
le  duc  d'Aumale  de  rédiger  le  catalogue  de  ces  collections,  m'a  obli- 
geamment  remis  des  dessins  et  une  empreinte,  à  l'aide  desquels  je 
publie  cet  intéressant  bijou. 

L'anneau  dont  il  s'agit  et  dont  on  ignore  la  provenance,  est  en 
or  pur  ;  il  a,  entre  le  chaton  et  la  partie  opposée  de  son  diamètre 
intérieur,  19  millimètres  d'ouverture.  Le  chaton,  soudé  sur  la  tige, 


est  accosté,  à  droite  et  à  gauche,  de  deux  globules  ou  cabochons  en 
or,  également  soudés. 

Sur  le  chaton,  qui  est  de  forme  ronde  et  a  10  millimètres  de  dia- 
mètre, est  gravé  en  creux  un  monogramme,  composé  des  lettres 
suivantes  :  au  centre  un  M;  au  sommet  de  lahaslede  gauche  (pour 
le  lecteur)  un  O;  au  centre  un  N  ;  au  sommet  de  la  haste  de  droite 
un  V;  à  la  base  du  monogramme  un  A,  à  droite  duquel  il  y  a  un  L; 
au-dessus,  un  D  et  un  |  posé  horizontalement. 

Ces  caractères  forment  ensemble  le  mol 

MONVALDb  génitif  de  MONVALDVS- 

Deux  tiers  de  sou  d'or  mérovingiens,  frappés  à  Trêves,  porlent 
la  signature  d'un  monnayer  ainsi  appelé1.  Un  autre  monnayer  afait 
graver,  sur  deux  triens  sortis  de  l'atelier  à'Anicium  (Le  Puy  en 
Velay),  le  nom  de  Monoâidus2,  identique  à  ceux  de  Monualdus  et 
Munualdvs3' 

1.  Adr.  de  Longpérier,  Notice  des  monn.  de  la  collection  Rousseau,  p.  59, 
n°  149;  Blanchet,  Nouveau  Manuel  de  numismatique  du  moyen  âge  et  moderne 
t.  I,  p.  93;  Maurice  Prou,  Catalogue  des  monn.  mérov.  de  la  Biblioth.  nat., 
p.  193,  nos  905  el  906. 

2.  Maurice  Prou.  op.  cit.,  p.  442,  n°  2121  ;  et  p.  582,  n°  2121  bis. 

3.  Voir  Forslemann,  Personennnmen,  col.  93G  et  938. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


317 


(CHARTRES  Eure-et-Loir) 
(Musée  de) 


CCLXXIII 

ANNEAU  AVEC  DEUX  FIGURES,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


M.  le  baron  F.  de  Mély,  à  qui  jétais  déjà  redevable  d'intéres- 
santes communications,  m'a  fort  obligeamment  remis  des  dessins, 
accompagnés  d'empreintes,  de  l'anneau  que  je  reproduis  ici,  ainsi 
que  de  la  bague  décrite  dans  la  notice  suivante. 

Notre  anneau,  dont  on  ignore  la  provenance,  appartient  au  Mu- 
sée de  Chartres,  où  il  est  catalogué  sous  len°  3402;  il  est  en  bronze  ; 
il  a  23  1/2  millimètres  d'ouverture.  Le  chaton  pris  dans  la  masse, 
est  de  forme  ovale,  presque  ronde,  eta  12  millimètres  dans  sa  plus 
grande  hauteur,  sur  14  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur. 
A  droite  et  à  gauche,  sont  burinées,  dans  le  métal,  deux  saillies, 
qui  rappellent  les  deux  globules  ou  cabochons  que  l'on  remarque 
sur  un  grand  nembre  de  nos  anneaux. 

Sur  le  chaton,  divisé  en  deux  compartiments,  on  voit,  gravées 
en  creux,  au  simple  trait,  deux  figures,  où  il  semble  que  l'inhabile 
artisan  a  eu  l'intention  de  représenter  deux  personnages  qui  ap- 
puient leurs  mains  sur  leurs  genoux. 

CCLXX1V 

BAGUE  AVEC  CARACTÈRES  INEXPLIQUÉS,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

C'est  encore  au  Musée  de  la  ville  de  Chartres  qu'appartient  cet 
anneau  de  bronzé'. 

1.  Il  y  est  inscrit,  comme  le  précédent,  sous  le  n°  3402  du  catalogue. 


218 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


La  provenance  en  est  inconnue.  La  tige  a  été,  par  accident, 
séparée  d'un  côté  du  chaton.  D'après  son  état  actuel,  on  peul  fixer 
à  19  millimètres  son  diamètre  intérieur. 

Le  chaton  ménagé,  à  même  le  métal,  est  accosté  de  trois  saillies 
burinées  avec  l'intention  de  rappeler  les  trois  globules  ou  cabo- 


chons dont  nous  avons  constaté  la  présence  sur  un  grand  nombre 
de  nos  anneaux. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  a  12  millimètres  de  diamètre.  On  y 
voit  des  caractères  gravés  en  creux,  difficiles  à  définir  et  dont  la 
signification  (s'ils  en  ont  une)  serait  encore  plus  difficile  à  détermi- 
ner. Une  particularité  à  signaler,  c'est  que  les  traits  du  burin  ont 
été  remplis  d'un  émail  blanc  dénaturé. 

CHATILLON-SUR-SEIAE  (Cote  d'Or) 
(Musée  archéologique  de) 

CCLXXV 

BAGUE,  AVEC  FIGURES  AU  CHATON,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

Voici  un  curieux  monument,  qui  est  dans  les  vitrines  du  Musée 
archéologique  de  Chatillon-sur-Seine  (Côtc-d'Or),  et  dont  M.  Lo- 
rimy  a  bien  voulu  m'adresser  d'excellents  dessins. 

C'est  un  anneau  en  bronze,  de  provenance  inconnue',  qui  a 
20  millimètres  d'ouverture,  et  dont  la  tige,  arrondie,  a  2  milli- 
mètres et  demi  près  du  chaton,  et  2  à  la  partie  opposée. 

1.  Lettre  de  M.  Lorimy,  du  14  décembre  1895. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


319 


Le  chaton,  ménagé  dans  le  métal,  est  de  forme  arrondie  et  a, 
dans  sa  hauteur,  15  millimètres;  sur  les  côtés,  il  y  a  deux  traits 
profonds  qui  le  séparent  de  deux  bourrelets  rappelant  les  deux 
globules  ou  cabochons  dont  le  chaton  est  souvent  accosté. 


Sur  celui-ci,  on  voit,  dans  un  cadre  tracé  au  burin,  un  person- 
nage en  pied,  de  face,  grossièrement  gravé  en  graffîto,  tète  nue, 
paraissant  vêtu  d'une  dalmatique,  tenant  de  la  main  gauche  une 
croix,  et  l'autre  main  levée  en  l'air,  bénissante  ou  prédicante. 

Du  côté  droit,  on  remarque  des  traits  dont  la  valeur  et  la  signi- 
fication m'échappent. 


LAVAL  (Mayenne) 
(Musée  de) 


CCLXXVI 

ANNEAU  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Voici  un  anneau  inédit,  en  bronze,  conservé  au  Musée  de  Laval 
et  dont  on  ignore  la  provenance. 

11  est  déformé  et,  par  suite,  le  diamètre  intérieur  ne  peut  en  être 
exactement  mesuré;  je  l'évalue  à  20  ou  24  millimètres. 

Il  a,  dans  sa  plus  grande  hauteur,  10  millimètres  et  6  seulement 
dans  la  plus  petite.  On  y  voit  gravées,  comme  ornement,  deux 
arêtes  de  poissons. 


320 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


LYOX 

(Musée  de) 

CCLXXVII 

ANNEAU  S1G1LLA1RE  d'utIGA,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Nous  faisons  figurer  ici  le  chaton  d'une  bague  en  bronze,  qui  a 
été  l'objet  d'une  savante  notice  deM.-J.-B.  Giraud,  conservateur  au 
Musée  de  Lyon',  insérée  dans  le  Bulletin  archéologique  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientifiques* . 

Ce  bijou  a  été  acquis  par  ce  Musée,  en  1886,  à  Vienne  en  Dau- 
phiné,  à  la  vente  de  la  collection  d'un  particulier,  qui  le  possédait 
depuis  longtemps,  et  qui  n'a  pu  donner  sur  sa  provenance  aucun 
renseignement  sérieux  et  utilisable5. 

L'ouverture  de  la  bague  est  ronde,  et  le  diamètre  intérieur  en  est 
de  18  millimètres  seulement.  Le  bronze  est  plaqué  d'or  à  l'intérieur. 
Le  chaton,  de  forme  ovale,  est  pris  dans  la  masse  du  métal,  lequel 
a  été,  en  cet  endroit,  simplement  renflé  et  aplati;  il  a  12  milli- 
mètres de  large,  non  compris  les  trois  lignes  concentriques  d'in- 
crustations en  or,  fortement  burinées,  encadrant  l'inscription,  et 
5  millimètres  de  hauteur  au  centre  du  chaton  '. 

L'inscription,  qui  est  formée,  comme  l'encadrement,  d'incrus- 
tations en  or,  se  compose  de  cinq  caractères  très  nettement  tracés, 
mais  dont  les  deux  extrêmes  affectent  des  formes  inusitées. 

En  lisant  ces  caractères  dans  le  sens  vertical  et  en  commençant 
par  celui  de  droite  (pour  le  lecteur),  on  a  cru  y  Irotiver  le  nom 
d'Agitus  ou  celui  d'Avilus.  Voici  comment  M.  Giraud  s'exprime  à 

1.  Où  elle  est  cataloguée  sous  le  n°  93. 

2.  Aimée  1889,  p.  319. 

3.  Lettre  de  M.  Giraud,  du  13  septembre  1891. 

i.  Le  dessin  reproduit  en  tète  de  la  note  précitée  de  M.  Giraud,  est  plus 
grand  que  nature  (ibid.)  ;  le  nôtre  est  de  grandeur  naturelle. 


DES    PREMIERS    SIÈCLES  DU    MOYEN  AGE 


321 


ce  sujet  :  «  N'ayant  rencontré  dans  aucun  texle  de  cette  époque  le 
nom  d' Agitas,  tandis  que  celui  (ÏAritas  est  assez  fréquent,  nous 
nous  sommes  arrêté  à  cette  dernière  lecture,  qui  nous  paraît  vrai- 
semblable1. »  Mais  dans  une  note  mise  au  bas  de  ce  passage,  le 
savant  antiquaire  ajoute  de  prudentes  réserves  :  «  Nos  deux  col- 
lègues du  Musée  de  Lyon,  aux  lumières  desquels  nous  avons  eu 
recours  pour  celte  lecture  délicate,  ont  l'un  et  l'autre  lu  Avitas  de 
préférence  à  Agitas.  Nous  n'insisterons  pas  sur  l'attribution  pos- 
sible de  notre  bague  au  grand  évèque  de  Vienne,  ami  de  Clovis, 
saint  Avit,  n'ayant  pour  appuyer  cette  hypothèse  qu'une  simple 
coïncidence  d'époque  et  de  localité,  tandis  qu'au  contraire  la  gra- 
vure douteuse  de  la  deuxième  lettre,  qui  ressemble  bien  plus  à  un 
G  qu'à  un  V,  nous  rejette  dans  l'incertitude  devant  laquelle  nous 
nous  interdisons  une  lecture  définitive*.  » 

Nous  ne  croyons  pouvoir  admettre  ni  l'une  ni  l'autre  des  deux 
leçons  proposées. 

Le  S  de  Agitas  est  absent  de  l'inscription,  et  la  forme  Agita  est 
très  invraisemblable.  Il  convient  de  rappeler,  en  outre,  que  le 
faible  diamètre  (18  millimètres)  de  l'anneau  qui  nous  occupe  in- 
dique bien  qu'il  était  porté  par  une  femme;  et  c'est  dès  lors  un 
vocable  féminin  qui  doit  y  être  inscrit. 

La  leçon  Avitusesi  encore  plus  inacceptable,  car,  aux  objections 
ci-dessus  il  faut  en  ajouter  une  qui  est  péremptoire,  à  savoir  que, 
non  seulement  il  n'y  a  point  de  S,  mais  que  la  lettre  où  l'on  a  vu 
un  V  n'est  pas  el  ne  peut  pas  être  un  V;  c'est,  sans  aucun  doute 
possible,  un  G  mérovingien  (Ç),  qui  est  d'un  emploi  fréquent,  à 
cette  époque,  particulièrement,  sur  les  anneaux  sigillaires. 

La  difficulté,  ou  pour  mieux  dire  l'impossibilité  d'obtenir  une 
leçon  satisfaisante,  en  procédant  comme  l'ont  fait  les  archéologues 
lyonnais,  prouve  qu'il  faut  renoncer  à  leur  procédé;  elle  disparait 
en  effet,  quand,  au  lieu  de  lire  l'inscription  de  haut  en  bas,  on  la 
lit  de  bas  en  haut,  ce  qui  est  un  mode  au  moins  aussi  régulier  que 
l'autre.  On  trouve  ainsi  un  U  3,  avec  une  haste  pareille  à  celle  de 

1.  Bulletin  archéol.,  année  1889,  p.  3i9. 

2.  Ibid.,  note  1. 

3.  E.  Le  Hlant  signale  ia  présence  de  celte  l'orme  dans  les  inscriptions  lapi- 
daires, dès  l'année  439.  Rec.  des  inscr.  chrèt.  de  la  Gaule,  préface,  p.  xxv. 

21 


322 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Y  grec  1  au-dessus  ;  un  T,  un  |,  un  G  mérovingien  (<7)  el  un  A,  non 
barré,  avec  une  pointe  au  sommet  :  et,  pour  l'ensemble,  un  nom 
qui  convient  fort  bien  à  la  bague  sigillairë  d'une  femme,  celui  de 

UTIGA- 

Il  y  a  précisément,  dans  l'onomastique  germanique  du  vme  siè- 
cle, le  vocable  Utich'  =  Utigh  ou  Vtig,  identique  à  notre  Utiga,  dé- 
gagé de  sa  désinence  latine. 

Ce  point  important  élucidé,  nous  croyons  utile  de  revenir  sur 
certains  détails  de  fabrication  de  notre  anneau,  et  de  faire  con- 
naître à  nos  lecteurs  les  intéressantes  remarques  qu'ils  ont  sug- 
gérées à  M.  Giraud. 

Nous  voulons  parler  du  mode  d'exécution  de  l'inscription  et 
de  son  triple  encadrement,  qui  s'enlèvent,  en  fines  incrustations 
d'or,  sur  le  fond  sombre  du  bronze.  Circonstance  à  signaler,  la 
ligne  concentrique  intérieure  qui  entoure  les  caractères  de  la 
légende  se  compose  d'une  série  de  petits  annelets  d'une  extrême 
ténuité. 

«  L'ensemble  du  travail,  fait  observer  M.  Giraud,  a  cela  de  par- 
ticulier qu'il  montre  simultanément  les  deux  procédés  d'incrus- 
tation  et  du  damasquiné,  et  on  peut  se  rendre  compte,  après  un 
minutieux  examen,  aidé  d'une  bonne  loupe,  que  l'or  des  deux 
filets  extérieurs  et  des  lettres  est  incrusté  dans  un  trait  creusé  à 
l'avance,  et  que  pour  ces  dernières,  ainsi  que  pour  les  petits  an- 
neaux de  l'encadrement  intérieur,  il  est  retenu  aussi  par  des  stries 
irrégulières  faites  à  la  lime,  ainsi  que  procèdent  les  damasqui- 
ncurs  orientaux  et  les  artistes  alï1  agemina.  Toutefois  le  travail 
diffère  du  procédé  de  ces  derniers  en  ce  que  l'artiste  ne  paraît  pas 
s'être  servi  d'un  fil  tréfilé,  mais  d'un  métal  délicatement  découpé 
sur  une  feuille  d'or,  ce  que  semblent  indiquer  les  inégalités  très 
apparentes  de  l'épaisseur  du  trait. 

«  Il  est  certain  que  nous  nous  trouvons  ici  en  présence  d'une 
œuvre  de  la  corporation  des  barbaricaires.  Le  mol  barbaricarius 
a  servi  à  désigner  deux  industries  différentes  :  un  travail  de  bro- 

1.  Voir  Y=  V  dans  M.  Prou,  Catal.  des  monn.  mérov.  delà  Bibliothèque  natio- 
nale, introduct.,  p.  cxvin. 

2.  Meiclielbeck,  llist.  Frisingensis,n°  69,  saec.  vm.  —  On  trouve  aussi  la  men- 
tion d'un  personnage  appelé  Utih,  dans  le  Gartulaire  de  Saint-Pierre  do  Salz- 
uourg,  cité  par  Fôrstemann,  Personennanem,  col.  1290. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


323 


derre  d'or  sur  étoffe,  et  un  travail  d'incrustation  d'or  et  d'argent 
sur  métal,  notamment  sur  des  armes. 

«  La  seconde  de  ces  deux  acceptions  est  moins  ancienne  que 
la  première;  tandis  que  les  barbaricaires brodeurs  sont  mentionnés 
par  Lucrèce,  Ovide  et  dans  l'édit  de  Dioctétien,  il  nous  faut  des- 
cendre jusqu'aux  \e  et  vi°  siècles  pour  trouver  les  barbaricaires 
métallurgistes'.  » 

NANTES  (Loire-Inférieure) 
(Musée  archéologique  de) 

CCLXXVIII 

BAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Cette  bague  en  argent  est  conservée  au  Musée  archéologique  de 
Nantes,  au  catalogue  duquel  elle  est  inscrite,  sous  le  n°  59.  Le  ré- 
dacteur de  ce  catalogue  et  l'auteur  d'une  publication  où  elle  a  été 
reproduite  y  ont  vu  un  anneau  épiscopal2. 

Nous  n'avons  aucun  renseignement  touchant  la  localité,  l'épo- 
que et  les  circonstances  où  ce  bijou  a  été  découvert. 

11  a  18  millimètres  d'ouverture;  la  tige  a  7  millimètres  de  hau- 
teur, et  est  décorée  d'ornements  gravés  en  creux  à  droite  et  à 

1.  Bull,  archéol,,  loc.  cit.,  p.  320 

2.  M.  le  comte  de.  Lisle  du  Dréneuc,  qui  m'a  très  obligeamment  procuré  les 
dessins  de  ce  curieux  monument,  m'a  fait  connaître  l'interprétation  qui  en  avait 
été  déjà  donnée  dans  un  ouvrage  ou  recueil  dans  lequel  il  a  été  publié,  mais 
dont  le  savant  directeur  du  Musée  de  Nantes  ignore  le  titre  et  la  date,  et  dont  il 
ne  possède  que  la  planche  gravée  où  notre  bague  est  représentée. 


324 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


gauche  du  plus  grand  des  deux  chatons  dont  il  sera  parlé  plus  bas; 
elle  est  simplement  striée  et  a  4  millimètres  seulement  de  hauteur 
près  du  deuxième  chaton.  Entre  ces  deux  parties  de  noire  anneau, 
on  a  figuré,  de  chaque  côté,  une  tète  d'animal  difficile  à  définir. 

Le  plus  petit  chaton,  de  forme  légèrement  ovale,  et  ménagé  à 
même  le  métal,  a  G  millimètres  de  large  sur  5  de  hauteur  :  il  est 
orné  d'une  croix  à  branches  égales  potencées. 

Le  plus  grand  des  deux  chatons,  également  pris  dans  la  masse, 
ait  millimètres  de  large  et  9  de  haut,  il  présente  un  monogramme, 
où  l'on  a  cru  trouver  le  nom  de  Theodoricusci  sa  dignité  d'évèque, 
exprimée  par  le  E  que  comprend  le  monogramme. 

Cette  explication  est  absolument  inadmissible,  en  premier  lieu 
parce  que  deux  des  lettres  du  mot  THEODORICVS,  R  et  D,  sont 
absentes  du  monogramme,  en  second  lieu  parce  que  ce  mot  laisse 
sans  emploi  la  lettre  A,  qui  y  est  incontestablement  présente.  Ce 
que  Ton  a  pris  pour  un  R,  le  trait  oblique  placé  au  bas  de  la  pre- 
mière perpendiculaire,  ne  saurait  être  accepté  pour  cette  lettre, 
dont  les  éléments  font  ici  défaut;  ce  ne  peut  être  qu'un  N  cursif  (n). 
Quant  à  la  lettre  E,  qu'on  a  regardée  comme  l'initiale  d'Episcopus, 
elle  ne  peut  avoir,  en  pareille  position,  cette  valeur. 

Voici  quels  sont,  à  nos  yeux,  les  caractères  contenus  dans  l'ins- 
cription monogrammatique  : 

En  allant  de  gauche  à  droite,  les  lettres  T,  H,  E;  puis,  à  l'inté- 
rieur et  au  sommet,  un  caractère  qui  pourrait,  à  la  rigueur,  être 
un  c  rétrograde,  mais  qui  nous  paraît  être  plutôt  un  G  mérovin- 
gien rétrograde  (^);  au-dessous,  le  A;  au  bas  de  la  première  per- 
pendiculaire, le  N  cursif  que  nous  avons  signalé  plus  haut;  enfin, 
posés  sur  la  barre  médiane  du  H,  un  V  et  un  S-  Nous  avons  ainsi, 
pour  l'ensemble  du  monogramme,  le  nom  de 

THETANVS- 

Thegan  est  un  vocable  germanique,  fort  usité  dans  le  haut 

1.  On  a  cru  voir  uni  dans  le  trait  posé  obliquement  sur  la  barre  intérieure  du 
H  ;  mais  à  tort,  suivant  nous.  Le  I  est  une  lettre  dont  on  avait  d'autant  moins 
à  se  préoccuper  dans  la  composition  du  monogramme,  qu'elle  aurait  pu  être 
représentée  par  une  des  perpendiculaires.  Et  d'ailleurs,  elle  n'aurait  pas  été 
gravée  ainsi  obliquement,  ce  qui  était,  au  contraire,  nécessaire  pour  la  formation 
du  V. 


DES  PREMIERS  STÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


325 


moyen  âge1,  et  qui,  latinisé,  a  fait  le  nom  de  Thegamts,  rendu  cé- 
lèbre par  l'auteur  de  la  Vie  de  l'empereur  Louis  le  Pieux,  dont  il 
était  le  contemporain2. 


CCLXXIX 

BAGUE  AVEC  LE  CHR1SME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Voici  encore  une  bague  qui  appartient  au  Musée  de  Nantes,  et 
qui  est  inscrite  au  catalogue  de  ce  dépôt,  sous  les  n°s  60-143. 
J'ignore,  comme  pour  la  bague  ci-dessus  décrite,  le  lieu  et  l'époque 
où  elle  a  été  trouvée. 

Elle  est  eu  cuivre,  de  17  millimètres  seulement  d'ouverture, 
ce  qui  indique  qu'elle  était  faite  pour  une  main  de  femme  ou  de 
jeune  fille;  la  tige  a  S  millimètres  de  hauteur  près  du  chaton. 
Celui-ci,  pris  dans  la  masse,  et  de  forme  ovale,  a  8  millimètres  de 
large  sur  o  1/2  de  haut  ;  il  est  décoré  d'une  croix  ehrismée. 

Ce  bijou  a  été  déjà  publié,  mais  le  savant  et  obligeant  directeur 
du  Musée  de  Nantes  ignore  à  quelle  date  et  dans  quel  ouvrage  ou 
recueil;  il  ne  possède  que  la  planche  où  ce  petit  monument  est  re- 
présenté*. 

GCLXXX 

BAGUE  AVEC  INSCRIPTION,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

La  bague  que  nous  reproduisons  ici,  est,  comme  les  deux  pré- 

1.  Voir  de  nombreux  exemples  dans  Fôrstemann,  Pcrsonennamen,  col.  1153. 

2.  Dans  Perlz,  Monum.  German.  histor.,  Scriplor.,  t.  II,  p.  585;  et  dans  Rou- 
quet,  Histor.  de  France,  t.  VI,  p.  72. 

3.  Lettre  de  M.  le  comte  de  Liste  du  Dréneuc,  directeur  du  Musée,  en  date  du 
24  avril  1889. 

4.  Lettre  préciléV. 


ÉTUDE   SUR   LES  ANNEAUX 


cédentcs,  au  Musée  archéologique  de  Nantes,  sur  le  catalogue 
duquel  elle  est  inscrite  sous  les  nos  62-16'. 

Elle  est  en  or,  a  16  millimètres  1/2  seulement  d'ouverture,  ce 
qui  indique  qu'elle  était  destinée  à  une  main  de  femme  ou  de 
jeune  fille;  la  tige  a  2  millimètres  d'épaisseur  du  côté  opposé  au 
chaton  :  celui-ci,  ménagé  à  même  le  métal,  et  de  forme  ovale,  a 


19  millimètres  de  haut  sur  12  de  large;  il  nous  offre,  encadrée  dans 
un  pointillé,  une  croix  représentant  le  X  des  Grecs,  avec,  en  tra- 
vers de  la  haste,  les  lettres  p  et  €  (?),  et  où  il  est  peut-être  permis 
de  lire  une  abréviation  de  ^pi'axe.  Nous  aurions  là,  dans  ce  cas,  une 
invocation  religieuse,  en  même  temps  qu'une  forme  du  mono- 
gramme du  Rédempteur. 

Le  seul  renseignement  que  fournisse  le  catalogue  sur  la  prove- 
nance de  ce  bijou,  c'est  qu'il  a  été  acheté  chez  un  orfèvre  de  Tou- 
louse; il  y  est  dit  aussi  que  •<  le  chaton  est  soutenu  par  quatre  dra- 
gons presque  effacés  »2;  mais  je  n'y  vois  aucune  trace  de  ces 
ornements. 

CCLXXXI 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


En  nous  adressant  les  dessins  des  trois  anneaux:  que  nous 

1.  Lettre  de  M.  le  comle  de  Liste  du  Dréneuc,  conservateur  du  Musée 
de  Nantes,  qui  m'a  fort  obligeamment  procuré  les  dessins  de  l'anneau 
(24  avril  1889). 

2.  Lettre  précitée. 


DES   PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


327 


venons  de  décrire,  et  qui  sont  au  Musée  archéologique  de  Nantes, 
M.  le  comte  de  Lisle  du  Dréneuc  a  eu  l'obligeance  d'y  joindre  les 
dessins  de  deux  bagues  qui  n'appartiennent  point  au  dépôt  dont 
la  direction  lui  est  confiée. 

Deux  d'entre  elles,  qui  ont  été  déjà  publiées,  peuvent  être  con- 
sidérées comme  remontant  à  l'époque  mérovingienne. 

Celle  qui  est  figurée  en  tète  de  cette  notice,  est  en  argent.  Elle 
a  17  millimètres  d'ouverture  ;  le  chaton,  pris  dans  la  masse,  a  une 
largeur  de  11  millimètres  sur  7  1/2  dans  sa  plus  grande  hauteur. 
La  tige,  très  mince  à  l'opposé  du  chaton,  va  s'élargissant  à  mesure 
qu'elle  se  rapproche  du  chaton;  elle  a,  près  de  celui-ci,  6  milli- 
mètres 1/2  de  hauteur,  et  est  décorée  très  simplement  de  traits  au 
burin. 

On  ne  possède  aucun  renseignement  sur  le  lieu,  l'époque  et  les 
circonstances  dans  lesquels  ce  bijou  a  été  trouvé1. 

La  faible  ouverture  de  la  bague  indique  qu'elle  était  portée  par 
une  femme  ou  même  une  jeune  fille. 

Quant  au  monogramme  qui  orne  le  chaton,  nous  y  voyons  un 
R,  un  N,  un  V  formé  par  la  barre  oblique  du  R  ou  du  N  et  de  la 
deuxième  perpendiculaire2,  au  sommet  de  laquelle  est  un  E  rétro- 
grade :  ce  qui  donne  le  nom  de  RVNE,  génitif  de  RVNA-  Le  S 
barré  par  un  trait  oblique  central,  représente  ici,  comme  nous 
l'avons  observé  sur  plusieurs  de  nos  anneaux,  le  sigle  bien  connu, 
abréviatif  de  Signum. 

Nous  avons  ainsi  pour  l'ensemble 

Signum)  RVNE- 

Run  est  un  radical  germanique  qui  est  entré  dans  la  composition 
de  nombreux  vocables  du  haut  moyen  âge.  Forstemannen  a  repro- 
duit quinze,  où  figure  le  féminin  Runa7'. 

1.  Leltre  de  M.  du  Dréneuc,  du  24  avril  1889. 

2.  Le  soin  que  le  graveur  a  pris  déplacer  au  sommet  de  celte  perpendiculaire 
les  trois  traits  horizontaux  du  E,  qu'il  pouvait  échelonner  sur  toute  la  hauteur, 
montre  bien  qu'il  a  voulu  ménager,  au-dessous,  la  lettre  V. 

3.  Al-runa,  Ald-runa,  Alb-runa,  A-runa,  Balde-runa,  etc.  (Personennamen, 
col.  1062). 


323  ÉTUDE  SUR   LES "ANNEAUX 

CCLXXXII 

ANNEAU  AVEC  LES  LETTRES  T  ET  D>  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Voici  la  deuxième  des  bagues  donl  nous  avons  parlé  dans  la  pré- 
cédente notice,  et  dont  les  dessins  nous  ont  été  procurés  par  M.  le 
le  comte  de  Lisle  du  Dréneuc. 

Elle  est  en  bronze  émaillé  de  rouge  et  d'un  bleu  très  foncé.  Elle 
a  19  millimètres  d'ouverture;  la  hauteur  delà  tige  varie  beaucoup 
suivant  qu'elle  se  rapproche  de  l'un  ou  de  l'autre  des  deux  chatons 
dont  elle  est.  pourvue  et  qui  sont  pris  dans  la  masse. 

Le  plus  grand  de  ces  chatons,  de  forme  ronde,  à  14  millimètres 
de  diamètre;  il  porte  deux  lettres  (un  T  et  un  D  rétrograde),  accos- 
tées chacune  de  deux  groupes  formant  des  triangles,  et  dont  il  est 
impossible  de  déterminer  le  sens. 

Le  plus  petit  chaton,  placé,  comme  toujours,  en  face  du  premier, 
est  un  ovale  de  S  millimètres  de  haut  sur  7  de  large  :  il  présente, 
pour  tout  ornement,  cinq  traits  perpendiculaires. 

PÉR0IV1XE  (Somme) 
(  Musée    communal    de  ) 

CCLXXXI11 

RAGUE  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Cette  bague  en  bronze,  quia  fait  partie  de  la  collection  de  feu 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


329 


Alfred  Danicourt,  appartient  actuellement  au  Musée  de  la  ville  de 
Péronne.  Elle  avait  été  acquise  par  M.  Danicourt,  en  1 885,  d  une 
personne  qui  en  était  devenue  elle-même  propriétaire  dans  une 
ville  du  bassin  oriental  de  la  Méditerranée1. 

Cet  anneau  est  orné  d'un  chaton,  ménagé  à  môme  le  métal  et  de 
forme  ovale,  qui  a  14  à  15  millimètres  dans  le  plus  grand  axe, 
11  à  i2  dans  le  plus  petit.  Sur  ce  chaton  est  tracé  un  monogramme, 
au-dessus  et  au-dessous  duquel  on  voit  inscrit,  dans  le  sens  rétro- 
grade, le  sigle  abréviatif  de  Signum  ou  Sigillum.  Le  tout,  encadré 
dans  un  grènetis  ou  pointillé,  doublé  d'un  trait  au  burin,  est  gravé 
en  creux. 

La  tige  de  l'anneau  est  déformée  et  a  été  môme  brisée  et  mala- 
droitement réparée  en  deux  endroits,  de  façon  à  rendre  difficile  le 
mesurage  exact  de  son  ouverture.  Néanmoins,  comme  elle  n'a,  dans 
son  plus  grand  diamètre,  que  18  millimètres  et  1  i  environ  dans 
le  plus  petit,  l'ouverture  primitive  devait  être  tout  au  plus  de  16  à 
17  millimètres,  et  ne  pouvait  donner  entrée  qu'à  un  doigt  de  femme 
ou  déjeune  fille.  D'après  cela  nous  devons  chercher  dans  le  mo- 
nogramme un  nom  féminin,  lin  second  lieu,  la  présence  de  deux  S 
barrés,  sigles  de  Signum  ou  Sigillum  implique  que  ce  nom  doit  être 
décliné  au  génitif. 

Il  se  déchiffre  d'ailleurs  sans  trop  de  difficulté.  C'est  celui  de 
DIANE.  Le  D  initial,  le  N  et  le  E  sont  très  apparents;  le  |  est  repré- 
senté par  la  dernière  barre  perpendiculaire,  et  le  A  non  barré,  par 
le  premier  jambage  perpendiculaire  et  la  barre  oblique  intérieure 
du  N.  Nous  avons  donc,  pour  l'ensemble 

S\gnum  ou  S\gi^um  DIANE- 

Ce  vocable  est  déjà  inscrit,  en  toutes  lettres,  avec  celui  deAvius, 
sur  un  anneau  de  mariage  ou  de  fiançailles,  que  nous  avons  décrit 
plus  haut2. 

Un  détail  qu'il  convient  de  noter,  c'est  la  présence  du  sigle  S, 
inscrit  deux  fois  sur  notre  bague. 


1.  Probablement  Smyrne  ou  Alexandrie,  d'après  les  indications  de  M.  Dani- 
court. 

2.  Voir  le  n°  CXVIII. 


330 


ÉTUDE   SUR    LES  ANNEAUX 


CCLXXXIY 

UNE  BAGUE  d'ÉVÊQUE,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


La  belle  bague  en  or,  que  nous  reproduisons  ici,  a  longtemps 
appartenu  à  Benjamin  Fillon.  Acquise,  en  1882,  par  feu  Alfred 
Danicourt,  lors  de  la  vente  de  la  collection  du  savant  antiquaire, 
elle  a  très  probablement  été  léguée,  avec  les  autres  bijoux  de  sa 
collection,  au  Musée  de  la  ville  de  Péronne.  Elle  a  24  à  25  milli- 
mètres d'ouverture,  et  18  à  19  millimètres  de  hauteur  au  chaton, 
9  à  10  du  côté  opposé. 

Elle  se  compose  d'une  large  tige  plate,  recouverte  d'ornements 
en  filigrane,  affectant  la  forme  de  S  ou  de  volutes  affrontées,  et  de 
petits  ronds,  avec  une  élégante  bordure  au  pourtour.  A  droite  el  à 
gauche  du  chaton,  il  y  a  six  ronds  disposés  en  feuille  de  trèfle,  3, 
2  et  t. 

Le  chaton  était  formé  d'une  améthiste  ovale  et  de  deux  pierres 
plus  petites  ;  celles-ci,  qui  étaient  serties  au-dessus  et  au-dessous  de 
l'améthiste,  ont  disparu. 

La  fabrique  de  cette  bague,  le  dessin  des  ornements,  et,  en  par- 
ticulier, le  dispositif  des  groupes  de  filigrane  soudés  à  droite  et  à 
gauche  du  chaton,  qui  rappellent,  en  les  doublant,  les  trois  globules 
ou  cabochons  en  feuille  de  trèfle,  c'est-à-dire  un  des  traits  distinc- 
tifs  de  la  bijouterie  mérovingienne,  lui  assignent  cette  origine. 

Enfin,  sa  forme,  très  caractéristique,  indique  bien  qu'elle  devait 
être  portée  par  une  main  d'évèque. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


331 


SAINT  JUAIXENT  (Deux-Sèvres) 
Le  capitaine  Espéraniieu,  professeur  à  l'Ecole  militaire. 


CCLXXXV 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


M.  le  capitaine  Espérandieu,  archéologue  bien  connu  par  deux 
savants  ouvrages  relatifs,  l'un  à  l'épigraphie  de  la  Saintonge, 
l'autre  à  l'épigraphie  du  Limousin,  m'a  fort  obligeamment  com- 
muniqué la  bague  en  bronze  figurée  en  tête  de  la  présente  notice. 

Cette  bague,  qu'il  a  acquise  à  Marseille,  et  dont  il  ignore  la  pro- 
venance, a  21  millimètres  d'ouverture;  la  tige,  de  forme  ronde,  a 
une  épaisseur,  égale  partout,  de  3  millimètres.  Le  chaton,  octogone 
et  ménagé  à  même  le  métal,  a  10  millimètres  dans  sa  hauteur  et 
dans  sa  largeur;  il  est  accosté  de  trois  cabochons,  également  pris 
dans  la  masse  et  disposés  en  feuille  de  trèfle,  comme  nous  les 
avons  observés  sur  un  si  grand  nombre  d'anneaux  mérovingiens. 
Ce  chaton  présente,  gravé  en  creux,  un  monogramme  qu'il  faut 
envisager,  non  en  se  plaçant  en  face  de  l'anneau,  mais  dans  le 
sens  d'un  des  groupes  de  cabochons  dont  il  vient  d'être  parlé.  On 
voit,  à  droite,  un  F;  du  côté  opposé,  un  R  rétrograde;  au  bas,  un 
A  non  barré;  au  centre,  un  N,  pnis  un  C  carré  (C)  rétrograde;  au- 
dessus  de  l'A,  un  V;  enfin,  un  S  posé  sur  la  barre  intérieure  oblique 
du  N  ;  le  tout  formant  le  nom  de 

FRANCVS 

qui  fut  usité  sous  la  première  race,  et  entra  dans  la  composition 
de  beaucoup  de  vocables  de  cette  époque1. 


1.  Franco-meris.  (Testament  de  saint  Yriez,  dans  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  Ier, 


332  ÉTUDE  SUR  LliS  ANNEAUX 

Le  s,  par  la  place  qu'il  occupe,  a,  en  outre,  la  valeur  de  l'initiale 
de  Signavi.  Il  faut  donc  lire 

FRANC VS  S[ignavi). 

SAIIVT-Q[IENTJl\  (Aisne) 
M.  Th.  Eck  (Colleclion  de) 


GGLXXXVI 

ANNEAU  AVEC  INTAILLE  ANTIQUE,  DE  PROVENANCE  INCONNUE. 


Cet  anneau,  en  bel  or  jaune,  appartient  à  la  collection  particu- 
lière de  M.  Théophile  Eck,  à  qui  il  a  été  vendu  comme  provenant 
d'un  cimetière  mérovingien,  mais  sans  indication  précise  du  lieu 
où  il  a  été  Irouvé.  «  Ce  qui  m'a  été  certifié,  nous  dit  son  proprié- 
taire actuel,  c'est  qu'il  a  été  recueilli  dans  le  nord  de  la  Gaule1.  » 

Il  a  20  millimètres  1/2  d'ouverture;  l'épaisseur  de  sa  tige  est  de 
3  millimètres.  Sur  cette  tige,  est  soudé  un  chaton  ovale,  de  17  mil- 
limètres sur  11,  dans  lequel  est  sertie  une  sardoine,  portant  une 
inlaille  de  travail  romain,  représentant  Jupiter  assis  sur  son  trône, 
tenant  de  la  main  gauche  un  longsceptre,  el  de  la  droite  une  patère; 
à  ses  pieds,  l'aigle,  qui  le  regarde. 

Le  chaton  est  accosté  de  deux  globules  ou  cabochons  aux  points 
de  réunion  avec  la  tige. 

p.  139);  Franco-bodus,  Franco-lenus,  Franc-ulfus,  etc.,  monnayers  de  la  même 
époque  (Voir  dans  Prou,  Calalog.  des  monn.  méroving.  de  la  Bibliotk.  nat.,  p.  83, 
94,  95,  97,  397;  cl  la  liste  publiée  par  M.  A.  de  Barthélémy,  dans  Bibliotk.  de 
l'École  des  chartes,  6°  série,  t.  I). 
\ .  Lettre  de  M.  Eck,  du  6  avril  1892. 


DES    PREMIERS    SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


333 


TOUttNUS  (Saônc-et-Loire) 
(Musée  de) 


CCLXXXVII 

RAGUE EN  BRONZE,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Voici  une  bague  qui  appartient  au  Musée  de  Tournus. 

Elle  est  en  bronze  argenté  et  a  17  millimètres  d'ouverture;  sa 
tige,  ronde,  a,  près  du  cliaton,  4  millimètres  d'épaisseur,  2  1/2  du 
côté  opposé;  le  chaton,  qui  est  ménagé  à  môme  le  métal,  en  reliet 
sur  la  tige  et  de  forme  assez  irregulière,  a  16  millimètres  dans  sa 
plus  grande  hauteur,  sur  14  1/2  de  large. 


CCLXXXV1II 

AUTRE  BAGUE  DE  PROVENANCE  INCONNUE 


Cette  bague,  qui  appartient  au  Musée  de  Tournus,  est  en  1er.  Elle  a 
13  millimètres  d'ouverture  entre  le  chaton  et  le  côté  opposé, 
13  seulement  dans  l'autre  sens,  ce  qui  indique  qu'elle  était  laite 
pour  une  main  de  toute  jeune  fille  ou  môme  d'enfant.  La  tige  a, 
près  du  chaton,  5  millimètres  d'épaisseur,  et  va  se  rétrécissant  jus- 
qu'à n'avoir  plus  que  2  millimètres. 

Dans  le  chaton,  pris  dans  la  masse,  est  ménagée  une  cuvette  ovale, 


334 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


qui  était  destinée  au  sertissement  d'une  pierre  ou  d'un  verre  de 
couleur. 

TROYES  (Aube). 
Musée  de  la  ville. 

CCLXXXIX 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE'" 


Autre  bague  en  bronze,  dont  l'origine  est  inconnue,  et  qui  appar- 
tient au  Musée  de  Troyes. 

Elle  a  17  millimètres  1/2  d'ouverture,  ce  qui  marque  bien  qu'elle 
était  à  l'usage  d'une  femme  ou  d'une  jeune  fille. 

Près  du  chaton,  la  tige  a  6  millimètres  de  hauteur;  du  côté  op- 
posé, 2  millimètres  1/2. 

Le  chaton,  encadré  dans  un  grènetis,  est  pris  dans  la  masse  : 
c'est  un  carré  long,  de  7  millimètres  sur  6  de  hauteur.  Dans  un 
cadre  de  grènetis,  on  a  gravé  un  monogramme,  dont  il  nous  est 
impossible  de  définir  les  éléments.  Peut-être  môme  ne  faut-il  y  voir 
que  des  traits  dépourvus  de  toute  signification,  et  destinés  seule- 
ment à  assurer  le  secret  de  la  correspondance. 

GCXC 

ANNEAU  AVEC  TÈTES  DE  SERPENTS  AFFRONTÉES,  DE  PROVENANCE  INCONNUE2 

Voici  une  deuxième  bague  en  bronze,  appartenant,  comme  la 
précédente,  au  Musée  de  Troyes. 

1.  D'après  des  dessins  de  M.  Louis  Leclerc,  conservateur  du  Musée  do 
Troyes. 

2,  Idem. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


335 


Elle  présente  deux  têtes  de  serpents  affrontées. 

La  tige  a  20  millimètres  d'ouverture,  et  i  millimètres  de  hau- 


teur, près  des  deux  tètes  de  serpents  et  2  millimètres  1/2  du  côté 
opposé. 


iii 


ANNEAUX  DONT  LA  PROVENANCE 
ET  LE  POSSESSEUR  SONT  INCONNUS 


GCXCI 

ANNEAU  AVEC  LA  COLOMBE  ET  L'INSCRIPTION  Salbd  ?/lC,  ET  DONT  LA  PROVE- 
NANCE ET  LE  POSSESSEUR  SONT  INCONNUS 

Lu  Société  des  Antiquaires  de  France,  dans  sa  séance  du  9  dé- 
cembre 18o3.  reçut  de  feu  Adrien  de  Longpérier  communication 
«  d'un  anneau  d'or  mérovingien  »,  présentant,  sur  le  chaton,  une 
colombe  qui  portait  dans  son  bec  un  rameau,  et  autour  de  laquelle 
étaient  gravés  en  creux  ces  deux  mots  : 

SALBA  ME  [Salva  me). 

Par  malheur,  la  note  insérée  à  ce  sujet  par  notre  éminent  et  re- 
gretté confrère,  dans  Y  Annuaire  de  ladite  Société1,  n  est  accompa- 
gnée d'aucune  figuration  du  bijou,  et  n'indique  même  pas  la  col- 
lection ou  la  personne  à  laquelle  il  appartenait.  Nos  efforts  pour 
en  découvrir  le  possesseur  actuel  étant  restés  infructueux,  nous 
nous  trouvons  dans  l'impossibilité  d'en  donner  ici  une  description 
plus  détaillée. 

A.  de  Longpérier,  dans  la  note  précitée,  faisait  observer  que  la 
colombe  représentée  sur  notre  petit  monument  était  indubitable- 
ment une  allusion  ù  celle  que  Noé  fit  sortir  de  l'Arche,  et  qui  y 
rentra  avec  une  branche  d'olivier,  annonçant  le  salut  prochain,  ce 
qui  répond  bien  à  l'invocation  contenue  dans  la  légende  :  Salba  me 
[Salva  me). 

Le  savant  archéologue  rappelait  en  même  temps  que  cette  figure, 
identique  à  celle  qui  décore  un  denier  épiscopal  frappé  à  Chartres 

t.  Année  1853,  p.  155.  Cette  noie  est  reproduite  dans  les  Œuvres  complètes 
d'Adr.  de  Longpérier,  publiées  par  notre  savant  confrère,  M.  G.  Schlumberger, 
I.  IV,  p.  325. 

22 


338 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


;m  vu'  siècle,  est  un  type  emprunté  à  L'Ancien  Testament.  «  On  a 
nu,  ajoutait-il,  reconnaître  dans  ce  denier  la  colombe  de  Reims, 
portant  la  Sainte  Ampoule.  Mais  la  légende  de  la  Sainte  Ampoule 
inséréepour  la  première  l'ois,  par  Hincmar,  dans  la  Vie  de  saint Remi, 
est  postérieure  d'environ  deux  siècles  au  denier  de  Chartres1.  » 

CCXCII 

ANNEAU  DE  |  G?]lINDIHILDUS,  DONT  LA  PROVENANCE  ET  LE  POSSESSEUR  ACTUEL 

SONT  INCONNUS 


Nous  reproduisons  ici  le  chaton  d'une  bague,  dont  les  autres  par- 
lies  nous  sont  inconnues,  et  dont  nous  ne  pouvons  désigner  ni  la 
provenance,  ni  le  possesseur  actuel;  nous  ne  savons  même  plus  le 
nom  du  correspondant  à  l'obligeance  duquel  nous  devons  l'em- 
preinte d'après  laquelle  il  est  ici  reproduit.  Les  renseignements  que 
ce  correspondant  nous  avait  fournis  ont  été,  à  notre  vif  regret,  par 
nous  égarés. 

Le  chaton  de  l'anneau,  de  forme  ovale,  a  9  millimètres  dans  sa 
plus  grande  hauteur  sur  18  millimètres  de  large  :  il  nous  offre  le 
nom  du  personnage  qui  le  portait,  en  deux  lignes2,  entre  les  extré- 
mités desquelles  s'avance,  de  chaque  côté,  une  rangée  de  quatre 
cabochons  ou  globules. 

Au  premier  aspect,  la  ligne  supérieure  de  l'inscription  paraît 
commencer  par  deux  |,  suivis  de  NDI  ;  la  deuxième  ligne  se  lit  sans 
aucun  doute  :  H I LDI ,  ce  qui  donnerait,  pour  le  tout,  IINDIHILDI, 
vocable  fort  admissible  puisque  IND  et  HILDI  sont  l'un  et  l'autre 
des  radicaux  germaniques  bien  connus3.  Mais  un  examen  plus  at- 

1.  Le  célèbre  prélat  fut  élevé,  en  845,  au  siège  archiépiscopal  de  Reims,  et 
mourut  en  882. 

2.  Nous  avons  d'autres  exemples  de  la  légende  inscrite  en  deux  lignes.  Voir 
notamment  les  n°s  IX,  XXXIX'  >',  XL,  XLIII,  XLVI,  etc. 

3.  Voir  Fiirstemann,  Personennamcn,  col.  780  pour  înd,  et  col.  662  etsuiv. 
pour  Midi,  <;ui  entre  dans  la  composition  d'un  grand  nombre  de  noms. 


UES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


339 


tentif  l'ail  constater,  en  avant  des  |  de  la  première  ligne,  des  traits, 
qui  sont  apparemment  ceux  d'une  lettre  initiale,  dont  une  partie 
serait  cachée  par  les  cabochons1.  Cette  lettre  ne  pourrait  être  qu'un 
D  cursif,  ou  un  g  cursif  rétrograde  (0).  Or,  dans  l'onomastique 
germanique  (et  c'est  d'elle  incontestablement  qu'il  s'agit  ici),  le 
radical  dind  est  inconnu,  tandis  qu'on  y  trouve  les  radicaux  gind2 
et  gin  ou  ging3,  et  le  nom  entier  serait  alors  très  probablement 

GIINDIHILDI 

génitif  de  Giindihildus,  le  mot  signum  étant  sous-entendu  ;  ce  vo- 
cable est  formé  de  la  même  manière  que  ceux  de  At-hildus,  Gum- 
hildus,  Rot  childus  et  autres,  cités  par  Fôrstemann*. 

1.  Dans  celte  hypothèse,  les  lignes  de  cabochons  et  les  points  qui  s'avancent, 
de  chaque  enté,  sur  le  chaton  servent  de  prolongement  de  la  tige  sur  celui-ci. 
Mais  ce  n'est  là  qu'une  supposition,  el  nous  ne  serons  fixés,  sur  ce  point  connue 
sur  plusieurs  autres,  que  lorsque  nous  aurons  sous  les  yeux  le  bijou  en  ques- 
tion ou  des  renseignements  qui  nous  manquent  présentement. 

2.  Forstemann,  op.  cit.,  col.  515;  il  y  a  un  exemple  de  ce  radical  dans  Gindel. 
{Ibid.,  col.  468.) 

3.  Ainsi  dans  Gingulf  (Forstemann,  col.  470). 

4.  Op.  cit  ,  col.  662-664. 


IV 


ANNEAUX  TROUVÉS  HORS  DU  TERRITOIRE 
DE  LA  GAULE 


CCXCIII 

anneau  d'avitus  thouvé  près  d'hugsca,  province  d'aragon  (espagne) 


Il  y  a,  dans  ce  bijou,  doux  parties  distinctes  :  1°  une  bague,  dont 
l'ouverture  est  de  2  centimètres,  et  composée  de  trois  gros  fils  d'or 
pâle,  tressés  ensemble  et  striés  à  intervalles  égaux,  de  manière 
que  chacun  de  ces  fils  simule  une  chaîne  formée  de  plusieurs  fils  ; 
2»  une  rondelle  en  or  plein,  également  pâle,  de  13  millimétrés  de 
diamètre  et  de  3  millimètres  d'épaisseur  à  la  tranche,  formant  cba- 
ton  et  soudée  sur  les  deux  brandies  de  la  bague. 

Aux  deux  points  de  soudure  du  cbaton  et  de  la  bague,  il  y  avait 
trois  globules  en  or  disposés  en  trèfle;  un  de  ces  globules  a  disparu 
et  laisse  voir  la  place  où  il  était  soudé,  comme  ceux  qui  tiennent 
encore  à  l'anneau. 

Sur  le  chaton,  est  assez  inbabilement  gravé  en  creux  un  oiseau, 
sans  doute  une  colombe,  emblème  du  Christ;  et  autour  de  ce  sym- 
bole, une  légende  précédée  d'une  croisette. 

En  partant  de  la  gauche  de  ce  dernier  signe,  on  trouve  la  leçon 
suivante  : 

+  -  STIVA  {ïsliva). 

En  partant  de  la  droite  de  la  croisette,  on  lit  : 

+  AVITS—  (AVITkiS  I)  ou  AVIT(')  SI 

M.  Schlumberger,  en  présentant  à  la  Société  des  Antiquaires  ce 
petit  monument,  dont  il  est  actuellement  possesseur,  a  adopté  la 


342 


ÉTUDE    SUR    LES  ANNEAUX 


première  des  deux  leçons  que  nous  venons  d'indiquer,  par  le  mo- 
tif que  l'anneau  qui  nous  occupe  et  dont  la  fabrication  remonte 
assurément  au  ve  ou  au  vie  siècle,  a  été  trouvé  dans  le  nord  de  l'Es- 
pagne, en  Aragon,  et  que,  d'après  mon  savant  confrère,  il  doit  être 
regardé  a  priori  comme  ayant  une  origine  espagnole.  «  Or,  dit-il, 
la  terminaison  en  A  est  très  fréquente  dans  les  noms  visigoths,  et 
c'est  conséquemment  à  la  leçon  ISTIVA  qu'il  convient  de  s'arrê- 
ter1 .» 

Je  ne  crois  pas  pouvoir  me  ranger  à  cet  avis. 

Une  première  et  importante  remarque  à  faire  sur  le  mode  de 
lecture  proposé  par  M.  Schlumberger,  c'est  qu'il  suppose  que  le 
nom  inscrit  sur  l'anneau  commencerait  par  un  I  couché,  disposi- 
tion dont,  à  ma  connaissance,  il  n'exvsle  point  d'exemple,  et  qu'il 
est  difficile  d'admettre  sur  un  cachet  destiné  à  être  apposé  au  bas 
des  actes  où  son  propriétaire  était  partie  ou  lémoin. 

En  second  lieu,  les  trois  globules  disposés  en  trèfle  aux  deux 
points  de  soudure  du  chaton  et  des  branches  de  l'anneau,  étaient 
fort  usités  dans  l'orfèvrerie  du  Bas-Empire  et  de  l'époque  barbare, 
et  nous  avons  de  nombreux  exemples,  fournis  par  des  bagues  dont 
l'origine  gallo-franquc  est  certaine.  Nous  avons  donc,  à  ce  point 
de  vue,  le  droit  de  considérer  notre  anneau  comme  l'œuvre  d'une 
officine  gallo-franque.  Dès  lors,  la  leçon  Istiva  perd  sa  principale, 
je. lirai  même  son  unique  raison  d'être. 

Rien  n'empêche  d'ailleurs  d'admettre  que  ce  bijou  ait  pu  être, 
comme  d'autres,  transporté  du  nord  au  sud  de  la  chaîne  des  Py- 
rénées. 

Enfin  le  vocable  Istiva  est  inconnu,  tandis  que  celui  d'Avitus  a 
eu  la  plus  grande  notoriété  aux  Vecl  vic  siècles.  Après  Flavius  Avi- 
tus,  noble  personnage  gaulois,  qui  fut  empereur  d'Occident  en  455, 
et  qui  était  né  de  parents  arvernes.  son  neveu,  l'illustre  saint  Avit, 
qui  occupa  le  siège  métropolitain  de  Vienne  de  490  à  523,  eut  un 
rôle  très  important  dans  les  affaires  politiques  et  religieuses  de 
celle  période.  Il  y  eut  encore  en  Gaule  d'autres  saints  du  même 
nom  :  l'abbé  du  monastère  de  Saint-Mesmin  de  Micy  (j-  vers  527) 
el  deux  évèques  de  Clermont,  dont  l'un  siégea  de  572  à  594. 

Il  faul  conséquemment  tenir  pour  préférable  à  tous  égards  la 

t.  Bulletin  de  lu  Société  des  antiquaires  de  France,  année  1882,  2°  trimestre, 
p.  137. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES   DU    MOYEN  AGE 


343 


leçon  suivant  laquelle  notre  cachet  aurait  été  la  propriété  d'un 
persounage  appelé  Avittts.  La  légende  ne  nous  offre  que  ces  cinq 
lettres  :  AVITS,  mais  les  abréviations  de  cette  sorte  ne  sont  pas 
rares1  et  il  n'y  aucune  difficulté  à  suppléer  ici  le  V  de  la  dernière 
syllabe,  comme  on  le  supplée,  par  exemple,  dans  le  SCS  KRILEFS 
(Sanctus  Karilefùs)  d'un  denier  frappé  au  nom  de  saint  Calais5. 

Quant  à  l'I  couché,  gravé  à  la  fin  de  La  légende,  il  convient  de  le 
rattacher  à  l'S  terminal  du  nom  à'Avitus,  qui  a  ici,  comme  sur 
d'autres  de  nos  anneaux,  un  double  emploi  et  nous  donne  le  groupe 
SI,  initiales  de  Sl(gnavi)  ou  de  S\(gillnm)  :  il  faut  donc,  suivant 
nous,  lire  l'inscription  entière  : 

+  AVIT(w)S  S\(g»avi) 
CGXGI1I  bis. 

BAGUE  AVEC  INSCRIPTION,  TROUVÉE  EN  ANDALOUSIE  ( ESPAGNE) 


M.  Arthur  Engel,  archéologue  bien  connu  par  de  savants  tra- 
vaux numismatiques  composés  en  collaboration  avec  M.  Serrure3, 
m'a  très  obligeamment  adressé,  de  Séville,  où  il  était  de  passage, 
l'empreinte  du  chaton  d'une  bague  en  or,  qu'il  avait  vue  dans  les 
mains  de  M.  (iarzon,  antiquaire  établi  dans  cette  ville. 

Le  chaton,  que  nous  reproduisons  en  tête  de  la  présente  notice, 
est  de  forme  ovale,  présentant  !)  millim.  de  haut  sur  12  de  large.  On 
y  voit  un  nom  gravé  en  deux  lignes  :  sur  la  première,  les  lettres 
VAL,  accompagnées  de  quatre  points  figurant  une  croisette,  et  sur  la 

1.  Il  y  a  surtout  d'assez  nombreux  exemples  de  la  suppression  de  V  dans  la 
finale  us.  Voir  E.  Le  Blant,  Nouv.  Rec.  crins.  chrét.,n°*  22  et  23,  et  les  exemples 
cités  p.  31. 

2.  Recherche  des  monnaies  méroving.  du  Cenomannicum,  par  M.  Ponton  d'Amé- 
court,  p.  202.  Voir  aussi  sur  un  triens  d'Angers,  un  nom  de  monnayer,  ALLI- 
GISELS  pour  Alligiselus.  Rev.  num.,  lre  série,  t.  XII,  p.  104. 

3.  Répertoire  des  sources  imprimées  de  la  numismatique  française,  2  vol.  in-8°, 
Paris,  1889;  et  Traité  de  numismatique  du  moyen  âge,  2  vol.  in-8°,  Paris, 
1891-1894. 


344 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


deuxième,  faisant  suite  auxprécédentes,  les  lettres  TNA  :  c'est-à-dire 
les  maires  lectionum  de 

VAL(en)T(i)NA 

Ce  nom,  qui  est  celui  d'une  sainte  que  l'Eglise  honore  et  qui  fut 
martyrisée  en  308,  à  Césarée,  avec  d'autres  confesseurs  de  la  foi 
chrétienne1,  a  été  d'un  usage  très  fréquent  au  moyen  âge. 

CCXCIV 

ANNEAU  AVEC  EFFIGIE,  d'i'FFILA,  TROUVÉ  A  W1TT1SUNGEN  (BAVIÈRE) 


Parmi  les  ohjets  qui  furent  recueillis  dans  une  tomhe  masculine 
découverte  en  1881  à  Wittislingen,  et  qui  furent  acquis  par  le  Mu- 
sée national  de  Munich2,  figure  la  bague  en  or  qui  fait  l'objet  de  la 
présente  notice.  Elle  a  été  sommairement  décrite  par  mon  confrère 
à  la  Société  des  Antiquaires,  le  baron  J.  de  Baye,  dans  la  Gazette 
archéologique2,  où  le  chaton  seul  a  été  représenté.  C'est  à  l'aide 
d'un  fac-similé  soigneusement  exécuté  et  que  le  savant  archéologue 
m'a  obligeamment  communiqué,  que  j'ai  fait  reproduire  cet  inté- 
ressant bijou  sous  trois  aspects,  pour  en  faciliter  autant  que  possi- 
ble l'appréciation. 

L'anneau  a  19  millimètres  d'ouverture;  la  largeur  de  la  tige  est 

1.  Bolland.,  Acta  SS.,  mens.  jul.,p.  163. 

2.  Voici  la  liste  de  ces  objets  :  une  fibule  circulaire  en  or,  avec  incrustations 
île  jacinthes  ou  grenats;  une  fibule  allongée  en  argent,  ornée  de  nielles, filigra- 
nes et  pierreries,  et  portant  au  dos  une  inscription  latine;  trois  bandes  de  feuil- 
les d'or  estampées,  formant  les  éléments  d'une  croix,  destinée  à  être  fixée  sur  le 
vêlement;  une  épingle  à  cheveux  en  bronze,  ornée  d'une  hou  le  d'or  ;  une  petite 
cassolette  en  argent;  une  partie  de  boucle  de  ceinture  en  argent;  un  bassin  en 
cuivre,  à  anses  droites;  un  coquillage,  Cyprea  ligris;  une  rondelle  ajourée  en 
bronze.  Ce  mobilier  funéraire  est  classé,  au  Musée  de  Munich,  sous  les  nos  2  35 
et  236. 

3.  Année  1889. 


DES    PREMIERS   SIÈCLES    DU   MOYEN  AGE 


345 


do  2  millimètres  1/2;  le  chaton,  de  forme  arrondie,  a  19  millimè- 
tres de  diamètre;  il  est  soudé  sur  la  tige,  de  même  que  les  trois 
cabochons  ou  globules  d'or  disposés  en  feuille  de  trèfle,  dont  il  est 

accosté. 

Sur  ce  chaton,  est  représentée  une  lète  de  face,  barbue,  coiffée 
d'une  sorte  de  casque  ou  diadème  à  rayons,  dont  les  deux  bouts, 
s'abaissant  de  chaque  côté  du  visage,  se  terminent  par  un  annelet 
ou  boule  percée.  Au-dessus,  l'on  voit  des  ornements  difficiles  à  dé- 
finir; et  au-dessous  de  l'effigie,  une  sorte  de  support  à  trois  pieds, 
remplaçant  le  buste. 

Le  personnage,  assurément  de  haut  rang,  qu'on  a  eu  l'intention 
de  figurer,  était  le  propriétaire  de  l'anneau,  au  moyen  duquel  il 
devait  sceller  sa  correspondance  et  les  actes  dans  lesquels  il  élait 
partie  ou  témoin. 

A  quelle  nationalité  appartenaient  ce  personnage  et  l'artiste  qui 
a  confectionné  notre  bijou?  A  quelle  époque  peut-on  placer  approxi- 
mativement sa  fabrication? 

C'est  ce  que  nous  allons  rechercher  à  l'aide  des  éléments  que 
nous  offrent  la  bague  même  dont  il  s'agit  et  un  autre  objet  recueilli, 
avec  elle,  dans  la  sépulture  de  Wittislingen. 

Cet  objet  est  une  fibule  allongée  en  argent,  qui  porte,  au  dos,  une 
inscription  latine,  dont  une  par!ie  seulement  a  pu  être  déchiffrée: 
mais  cette  partie  suffit  pour  permettre  d'y  reconnaître,  sans  hésita- 
tion, l'inscription  funéraire  d'un  personnage  appelé  Uffila*.  Or,  la 
forme  de  ce  nom  et  surtout  la  syllabe  terminale  sont  incontestable- 
ment gothiques  et  rappellent  tout  aussitôt,  comme  l'a  observé 
M.  J.  de  Haye,  le  nom  du  célèbre  Ulfilas,  qui  fut  au  iv°  siècle, 
comme  on  sait,  évêque  des  Coths  établis  dans  la  Dacie.  la  Thrace  et 
la  Mœsie3,  et  fit,  pour  leur  instruction  religieuse,  une  traduction 
des  livres  saints  en  langue  gothique3.  Ce  nom  d'Uffila  rappelle 
encore  celui  à'Ounila,  femme  gothe  d'origine  et  de  sang  royal, 
dont  nous  avons  décrit,  dans  une  de  nos  précédentes  notices,  une 
magnifique  bague  en  or  trouvée  à  Laultenheim,  près  de  Bingen, 

1.  J.  de  Baye,  Le  tombeau  de  Wi'.tislingen  en  Bavière;  dans  Gazette  archëol., 
année  1889;  lire  à  part,  p.  9. 

2.  Et  surnommés  Goths  occidentaux,  West-Goth*,  Wisigoths,  par  opposition  anx 
Ostro-Goths  ou  Goths  orientaux. 

3.  Ulfilas  ou  Ulphilas  est  mort,  suivant  les  uns  vers  376,  et  suivant  d'autres 
au  plus  tard  en  378. 


340 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


duché  tic  Hesse-Darmestadt'.  Il  est  à  remarquer  que  ce  dernier 
bijou  porle  au  chaton,  comme  celui  de  Wittislingen,  l'effigie  de  la 
personne  pour  laquelle  il  avait  était  fait,  mais  de  plus  son  nom  en 
toutes  lettres2. 

De  ce  qui  vient  d'être  dit,  il  résulte  que  le  personnage  figuré  sur 
le  chaton  de  l'anneau  de  Wittislingen  était  indubitablement  d'ori- 
gine gothique. 

Une  autre  circonstance  caractéristique  de  cette  origine  ressort 
du  dessin  et  du  travail  de  l'effigie.  11  est  curieux,  en  effet,  de  cons- 
tater l'analogie  qui  existe  entre  cette  figure  de  face  et  sa  coiffure 
(chapeau,  casque  ou  diadème  à  rayons)  et  celles  qui  sont  gravées 
au  droit  des  monnaies  frappées,  aux  vi°  et  vue  siècles,  par  les  rois 
visigotlis  d'Espagne3.  Je  signalerai  particulièrement  celle  que 
M.  Aloïs  Heiss  a  qualifiée  de  «  deuxième  type  général  »  des  mon- 


naies de  ces  souverains,  et  qui  est  très  probablement,  d'après  le 
savant  et  regretté  numismaliste,  le  second  des  monnayages  du  roi 
Léovigilde  (573-586).  Nous  la  reproduisons  ici*. 

D'un  autre  côté,  d'après  la  forme  des  caractères  de  l'inscription 
funéraire  d'Uftila,  il  y  a  lieu  d'en  faire  remonter  la  date  à  la  pre- 
mière moitié  et  préférablement  au  premier  quart  du  vn°  siècle3, 
c'est-à-dire  à  une  époque  très  rapprochée  du  règne  de  Léovigilde. 

Ces  coïncidences  porteraient  à  penser  que  le  petit  monument 

1.  Voir  ci-dessus  le  n°  LXXVI. 

2.  Seulement  la  tête  est  de  profil,  tandis  que  celle  de  Wittislingen  est  repré- 
sentée de  face. 

3.  Aloïs  Heiss,  Monnaies  des  rois  visigolhs  d'Espagne,  grand  io-4°,  Paris,  1872, 
ouvrage  couronné  par  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  ;  pl.  I  à  V;  à 
signaler  le  n°  28  de  la  pl.  III. 

4.  Ce  type  est  reproduit,  en  vignette,  à  la  page  29  de  l'ouvrage  précité,  n°  ir>. 

5.  Voir  le  mémoire  déjà  cité  sur  le  Tombeau  de  Wittislingen,  tiré  à  part,  p.  10. 
M.  de  Baye  la  ferait  descendre  à  la  fin  du  vuc  siècle;  mais  les  inscriptions  lon- 
gobardes,  dont  il  la  rapproche  et  qui  sont  datées  de  035  et  626-052,  contrarient 
celle  indication. 


DES    PREMIERS  SIÈCLES   DU  MOYEN  AGE 


347 


qui  nous  occupe  a  pu  êlrc  fabriqué  au  commencement  du  vne  siècle, 
dans  le  royaume  des  Visigôths  au  sud  des  Pyrénées,  pour  un  haut 
personnage,  peut-être  mémo  un  souverain  de  ce  pays,  qui  serait 
accidentellement  décédé  et  aurait  été  enseveli  dans  la  région  ba- 
varoise. 

Mais,  outre  ce  que  cette  hypothèse  aurait  d'arbitraire  et  d'invrai- 
semblable, il  faudrait,  pour  l'admettre,  ne  pas  tenir  compte  :  1°  d'un 
fait  semblable  et  certain,  la  découverte  dans  une  contrée  rhénane 
de  l'anneau  sigillaire  de  Hunila,  femme  golhc  d'origine  et  même 
de  sang  royal  ;  2°  de  cet  autre  fait  que  le  pays  habité  au  vne  siècle 
par  les  Bavarois  avait  été,  au  moins  en  partie,  occupé  par  les  (Joths1, 
et  qu'il  est  assez  naturel  do  supposer  que  ceux-ci  y  avaient  laissé 
une  certaine  quantité  de  familles,  qui  y  avaient  perpétué,  avec  leurs 
noms,  leurs  mœurs,  leu:s  instincts  et  l'usage  de  leurs  procédés 
industriels  ou  artistiques,  ce  qui  expliquerait  à  la  fois  la  sépulture 
d'un  personnage  de  cette  race  et  les  ressemblances,  sans  cela  peu 
compréhensibles,  que  nous  avons  signalées. 

Mais  il  y  a  d'autres  raisons  encore  en  faveur  de  cette  explication. 

L'anneau  de  Wiltislingeu  n'est  pas  le  seul  monument  où  l'on 
trouve  la  trace  de  l'art  gothique;  il  est  également  visible  sur  une 
monnaie  anglo-saxonne'2,  un  sceatta  conservé  au  Musée  Britannique 
et  que  nous  reproduisons  ici  d'après  la  figuration  qu'en  a  donnée 
M.  G.  F.  Keary3. 


1.  A  l'époque  do  la  mort  de  Théodoric  (526),  les  Ostrogoths  possédaient,  avec 
une  portion  de  la  Rhétie,  le  Noricum,  dont  la  Ravièie  occupe  une  parlie.  Plus 
lard,  les  Francs  austrasiens  envahirent  le  duché  de  Bavière,  sous  les  règnes  de 
leurs  premiers  souverains  :  Théodoric,  vulgairement  appelé  Thierry  (51 1-534),  et 
Théodebert  I"  (534-548). 

2.  La  tribu  germaine  des  Angles  était  établie  dans  la  parlie  orientale  du  Hol- 
slein,  et  h  s  Saxons  primitifs  (do  l'époque  mérovingienne)  habitaient  une  contrée 
arrosée  par  l'Elbe,  la  Lippe,  le  Vesor,  et  qui  s'étendait  jusqu'à  la  Baltique  et  au 
Danemark 

3.  Catalogue  of  Enylish  coins  in  the  British  Muséum,  Anglo-Saxon  séries, 
London,  1887,  p.  16,  n°  146,  et  pl.  III,  n°  17.  Celte  intéressante  pièce  m'a  été 
obligeamment  signalée  par  M.  Adrien  Blanchet,  mon  confrère  à  la  Société  dos 
Antiquaires, 


348 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


On  y  reconnaît  les  effets  de  cette  influence  artistique,  dont  l'ex- 
tension dans  la  région  bavaroise  est  ainsi  encore  mieux  démon- 
trée. 

Ces  observations  viennent,  comme  on  voit,  à  l'appui  de  la  thèse 
soutenue  par  M.  J.  do  Baye,  au  Congrès  historique  et  archéologique 
de  Namur,  touchant  l'action  prépondérante  exercée  par  les  Goths, 
sous  le  rapport  que  nous  envisageons,  dans  l'occident  comme  à 
l'orient  de  l'Europe'.  Cette  nation,  la  plus  puissante  assurément 
des  tribus  germaines,  qui  établit  la  première,  et  entrelint  le  plus 
longtemps  d'étroites  relations  avec  l'Empire,  fut  aussi  la  première 
à  combiner  ses  conceptions  et  et  ses  procédés  artistiques  et  indus- 
triels avec  ceux  des  Byzantins.  De  là  naquit  un  art  nouveau,  capri- 
cieux, élégant  dans  son  originale  variété,  qui  se  répandit  en  tout 
sens,  de  la  mer  Noire  et  de  la  merd'Azow  à  l'océan  Atlantique,  de 
la  Baltique  et  des  bords  de  la  Vistule  aux  rivages  méditerranéens; 
un  art,  dont  les  produits  charmants  se  retrouvent  chez  les  peuples 
les  plus  divers,  dans  des  contrées  séparées  les  unes  des  autres  par 
d'immenses  espaces,  dont  enfin  «  1  homogénité  atteste  la  commu- 
nauté d'origine  »?. 

Toutefois,  en  ce  qui  concerne  l'anneau  d'Uffila,  il  y  a  une  très 
importante  réserve  à  faire.  C'est  bien  dans  son  ensemble  un  ou- 
vrage gothique.  Mais  il  nous  offre  un  détail  qui  a  un  tout  autre 
caractère.  Le  chaton  e st,  avons-nous  dit,  en  décrivant  le  bijou, 
acco  té  de  trois  cabochons  ou  globules,  disposés  en  feuilles  de  trèfle 
et  soudés  sur  la  tige.  Or,  comme  nous  avons  eu  tant  de  fois  l'occa- 
sion de  le  noter  au  cours  du  présent  ouvrage,  les  ornements  de  cette 
sorte  sont  une  des  marques  distinctivcs,  la  plus  caractéristique 
peut-être,  de  l'orfèvrerie  franque. 

Il  faut  donc  croire  que,  dans  la  contrée  où  fut  confectionnée  la 
bague  provenant  de  la  sépulture  de  Wittislingen,  l'orfèvre,  tout  en 
continuant  d'observer,  pour  l'exécution  du  chaton,  les  traditions 
de  l'art  gothique,  encore  en  honneur  dans  le  pays  ou  au  moins  dans 
son  atelier,  suivait,  sous  certains  rapports,  les  règles  ou  plus  exac- 
tement les  pratiques  des  Francs,  et  que  la  technique  de  ces  nou- 

1.  De  l'influence  de  l'art  des  Golhs  en  Occident,  grand  in-4°.  Paris,  1891.  Ce 
mémoire  substantiel  a  été  lu  au  Congrès  historique  et  archéologique  de  Namur, 
dans  sa  séance  du  6  août  1890. 

2.  Vbi  supra,  p.  6. 


ÎJiiS  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


veaux  dominateurs  de  l'Europe  occidentale,  greffée  pour  ainsi  dire 
sur  celle  de  leurs  prédécesseurs,  se  substitua  à  celle  des  artisans 
de  Byzance  et  de  Rome. 

CGXGV 
*  ... 

ANNEAU  AVEC  L  INVOCATION  VI  Del  nomme,  ameil,  TROUVÉ  A  OESTRICH, 
PROVINCE  DE  NASSAU  (ALLEMAGNE) 1 


Voici  un  anneau  en  bronze,  recueilli,  en  1856,  dans  un  cimetière 
franc  rempli  de  vases,  d'armes  et  de  fibules.  11  appartient  au  Mu- 
sée d'antiquités  romaines  et  germaniques  de  Mayence,  et  a  été 
publié  par  M.  Lindenschmit  dans  l'ouvrage  déjà  cité3.  Précédem- 
ment, en  1839,  l'abbé  Cochet,  d'après  une  communication  de  l'ar- 
chéologue allemand,  en  avait  fait  connaître  l'inscription  dont  il 
sera  parlé  plus  bas,  mais  sans  aucune  représentation  de  l'objet 
même'. 

Cette  bague  est  d'un  seul  morceau  de  métal,  et  n'offre  nulle  part 
de  traces  de  soudure.  Elle  a  19  à  20  millimètres  d'ouverture  entre 
les  deux  chatons  dont  elle  est  ornée,  22  millimètres  dans  l'autre 
sens.  Des  deux  chatons,  l'un,  qui  est  à  beaucoup  près  le  plus  im- 
portant, est  de  forme  carrée  et  a  de  11  à  12  millimètres  de  côté; 
le  deuxième,  ménagé  dans  la  partie  opposée  au  premier,  est  un 
ovale  de  6  à  7  millimètres  de  long  sur  5  à  6  de  hauteur.  Ils  sont  re- 
liés l'un  à  l'autre  par  deux  branches  ou  tiges  sur  chacune  des- 
quelles sont  gravés  deux  reptiles,  apparemment  deux  serpents.  Il 
y  a,  près  du  point  de  jonction  de  la  tige  avec  le  grand  chaton, 
un  cercle  avec  un  point  à  l'intérieur,  semblable  à  ceux  qui  repré- 
sentent les  yeux  des  serpents. 

Le  grand  chaton  porte,  en  trois  lignes,  cette  inscription  : 

1.  Oestrich  est  une  ville  de  la  province  de  Nassau. 

2.  Irc  partie  (Antiquités  de  l'époque  mérovingienne) ,  p.  104;  planche  XIV, 

3.  Le  Tombeau  de  Childéric  Ict,  p.  353,  note  1. 


350 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


IN  Dl 
NVMI 
NE  Â 

In  Dei  numine  (pour  nomine).  Amen. 

Sur  le  chaton  ovale,  esL  gravé  le  monogramme  formé  des  lettres 
grecques  I  et  X,  initiales  de  'Irpcï:  Xpîctcç. 

X 

Nous  avons  ici  un  exemple  remarquable  de  l'emploi,  dans  les 
cachets  de  l'époque  gallo-franque,  de  l'invocation  religieuse  dont 
nous  avons  déjà  signalé  la  présence  sur  une  autre  bague'  ;  mais  il 
nous  offre  ces  importantes  particularités,  que  l  invocation  paraît 
ici  en  toutes  lettres  et  dans  la  partie  principale  et  la  plus  apparente 
de  l'anneau,  tandis  qu'elle  est  en  caractères  monogrammatiques 
sur  la  partie  accessoire  du  bijou  précédemment  décrit  ;  qu'elle  est 
enfin  suivie  de  l'abréviation  de  Amen,  dont  je  ne  connais  pas  d'autre 
exemple3. 

CCXCVI 

ANNEAU  AVEC  MONOGRAMME  DE  PROVENANCE  INCONNUE,  MAIS  PROBABLEMENT 

TROUVÉ  EN  AUTRICHE 


(M) 


Voici  une  bague  en  or,  qui  appartient  à  la  collection  Zankoyich 
du  Cabinet  impér  ial  de  Vienne3,  où  M.  le  baron  J.  de  Baye,  mon  sa- 

1 .  Voir  ci-dessus  le  n°  XLIII. 

2.  Il  convient  de  noter  ici  qu'à  côté  de  notre  anneau,  dans  la  même  tombe, 
se  trouvaient  un  bracelet,  deux  petites  fibules  à  fermoir,  un  fermoir  et  un 
pendant  de  ceinturon,  le  tout  en  argent,  sauf  le  fragment  de  ceinturon,  qui  ctt 
en  bronze. 

3.  Cette  anneau  est  inscrit,  sous  le  n°  215,  dans  le  Catalogne  du  Cabinet  im- 
périal. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


351 


vant  confrère  à  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  en  a  recueilli 
des  empreintes  et  exécuté  des  dessins. 

Cette  bague  a  20  millimètres  d'ouverture  :  la  tige,  de  forme  ronde, 
a  3  millimètres  d'épaisseur. 

Le  chaton,  soudé  sur  la  tige,  est  également  de  forme  ronde,  et 
se  compose  de  trois  plaques  superposées,  en  rctraitles  unes  à  l'égard 
des  autres;  la  plaque  inférieure  a  14  millimètres;  celle  qui  la  sur- 
monte 10  1/2,  et  la  troisième  8  1/2. 

Sur  celle-ci,  est  gravé  un  monogramme  comprenant  les  lettres 
suivantes  : 

1°  Un  M,  qui  apparaît  à  la  fois  comme  lettre  principale  et  comme 
soutien  des  trois  autres; 

2°  Un  |,  formé  par  le  prolongement  remarquable  du  premier  des 
deux  traits  obliques  intérieurs  du  M  ; 

3°  Un  S  attaché  à  la  première  barre  verticale  du  M  et  coupé  par 
elle; 

4°  Enfin  un  E  terminal,  dont  les  traits  horizontaux  sont  attachés 
à  la  deuxième  verticale  du  M- 

Le  tout  nous  donne  le  nom  de  MISA,  au  génitif 

MISE 

le  mot  Sigmtm  étant  sous-entendu,  ou  bien  plutôt  représenté  par 
le  S  barré  du  monogramme,  comme  nous  l'avons  plusieurs  fois 
observé  '. 

Dans  cette  dernière  hypothèse,  le  S  de  notre  monogramme  au- 
rait un  double  emploi  et  il  laudrait  lire  : 

S{ignum)  MISE- 

Le  vocable  Misa,  de  provenance  germanique,  se  rencontre  dans 
un  document  du  vme  siècle,  cité  par  Fôrslemann*. 

Nous  ignorons  quelle  est  la  localité  et  même  le  pays  où  ce  bijou 
a  été  découvert,  mais  la  forme  des  caractères,  qui  composent  le 
monogramme  germanique  dont  il  est  orné,  nous  autorise  à  le  con- 
sidérer comme  très  probablement  originaire  des  bords  du  Rhin. 

1.  Voir  ci-dessus  les  n°*  XCIV  el  GCLXK. 

2.  Meichelbeck,  Histor.  Frisingensis,  saec.  vin,  n°  19  ;  dans  Fôrslemann,  Per- 
sonennamen,  col.  932.  On  trouve  aussi  :  Amisa,  dans  les  Traditionei  Wissenbur- 
genses,  ann.  774,  n°  71  :  et  Emisa  dans  Goldast,  Rer.  Alamanicar.  Scriptores, 
t.  II,  a.  122,  13)  (Forstem  ,  col.  79), 


352 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


CCXCV1I 

ANNEAU  DE  GENELIT1S,    DE    PROVENANCE   INCONNUE,    MAIS  PROBABLEMENT 

TROUVÉE  EN  ESPAGNE 


La  bague  en  or,  dont  le  chaton  est  ici  reproduit,  appartient  au 
comte  de  Valencia  de  Don  Juan,  directeur  du  Musée  royal  de  Ma- 
drid. M.  A.  Engel,  le  savant  numismatiste1,  a  bien  voulu  me  re- 
mettre une  excellente  empreinte  de  ce  chaton,  qu'il  avait  prise  au 
cours  d'un  de  ses  voyages  en  Espagne.  M.  le  comte  de  Valencia,  à 
qui  j'ai  demandé  des  renseignements  sur  la  provenance  du  bijou, 
ses  dimensions  et  sa  composition,  m'a  fait  connaître  qu'il  l'avait 
acquis,  à  Madrid,  chez  un  marchand,  qui  n'a  pu  lui  dire  en  quel 
endroit  ni  dans  quelles  circonstances  il  a  été  trouvé2;  que  le  cha- 
ton lui  paraissait  être  soudé  sur  la  tige,  et  que  l'ouverture  de  l'an- 
neau est  de  18  millimètres  seulement3,  ce  qui  porte  à  penser  qu'il 
éiait  à  l'usage  d'une  femme. 

Le  chaton,  de  forme  ronde,  a  14  millimètres  de  diamètre;  il  porte, 
gravée  en  creux  et  précédée  d'une  croiselte,  une  légende  qui  doit 
être  lue  en  partant  de  la  croisette,  à  droite  (pour  le  lecteur),  et  en 
considérant  les  lettres  comme  ayant  leur  base  tournée  vers  la  bor- 
dure; la  première  est  un  G  mérovingien,  suivi  du  groupe  ENELi, 
après  lequel  viennent  un  T  couché,  un  I  et  le  S  du  centre.  Le  tout 
forme  le  nom  de 

+  GENELIMS 

(Genelitis). 

1.  M.  Engel  est  l'auteur  de  deux  ouvrages  importants,  composés  en  collabo- 
ration avec  M.  R.  Serrure,  et  dont  l'un,  Répertoire  des  sources  imprimées  de  la 
numismatique  française,  a  été  couronné  par  l'Institut  (Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres). 

2.  Lettre  de  M.  le  comte  de  Valencia,  du  29  avril  1894. 
3ê  Ibid. 


DES   PREMIERS   SIÈCLES   DU  MOYEN  AGE 


353 


La  place  que  le  S  terminal  occupe  au  centre  du  chaton,  donnerait 
à  penser  que  cette  lettre  a,  en  outre,  la  valeur  de  l'initiale  de  Si- 
gnwn  ou  Sigillum. 


CGXCVIII 

BAGUE  DE  XD VECUS  (pour  JlwenCUs),  DE  PROVENANCE  INCONNUE,  MAIS 
PROBABLEMENT  TROUVÉE  EN  ESPAGNE 


Nous  reproduisons  ici  le  chaton  d'une  bague  en  argent,  appar- 
tenant à  M.  le  marquis  de  Florès  Davila,  à  Madrid. 

M.  Engel,  le  savant  archéologue,  bien  connu  par  ses  travaux  de 
numismatique1,  m'a  fort  obligeamment  remis  l'empreinte  qu'il  en 
avait  prise,  dans  un  de  ses  voyages  en  Espagne  :  il  ignore  le  lieu 
où  ce  bijou  a  été  trouvé,  et  je  suis  dans  l'impossibilité  de  donner 
aucun  autre  renseignement  en  ce  qui  le  concerne. 

Le  chaton,  en  forme  de  losange  irrégulier,  a  15  millimètres  de 
large,  avec  14  dans  sa  plus  grande  hauteur  :  il  est  accosté,  à  cha- 
que point  de  réunion  avec  la  tige,  de  deux  globules  ou  cabochons, 
qui  y  sont  très  probablement  soudés  ainsi  que  le  chaton  lui-même. 

Il  porte,  en  deux  lignes  le  nom  de  Juvecno;  le  S  qui  est  entre  les 
deux  lignes,  a  sans  doute  la  valeur  de  Signum.  Dans  le  caractère 
qui  est  à  droite  du  deuxième  v,  il  faut  voir  une  simple  croiselte, 
semblable  à  celles  qui  accompagnent  le  nom  sur  plusieurs  de  nos 
anneaux,  comme  sur  les  documents  écrits. 

L'inscription  doit  donc  être  lue  ainsi  : 

S  IVVECVO  + 

Siignum  Juvecuo) 2. 


1.  M.  Engel  a  publié,  en  collaboration  avec  M.  Serrure,  un  Traité  de  numis- 
matique du  moyen  âge  et  un  Répertoire  des  sources  imprimées  de  la  numismatique 
française,  couronné  par  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

2.  Nous  avons  là  un  exemple  de  la  déclinaison  à  l'ablatif  dans  un  instrument 
de  souscription,  et  un  exemple  de  la  croisette  placée  au  milieu  du  nom,  comme 
dans  le  cachet  reproduit  à  l'Appendice  n°  I. 

23 


354 


ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX 


Je  n'ai  pas  encore  rencontré  le  nom  de  Juvecus.  Ce  vocable  de 
for  me  latine  ne  figure  point  dans  le  Corpus  inscriptionum  latinaritm. 
Je  suis  disposé  à  croire  qu'il  a  été  peut-être  mal  gravé  sur  notre 
anneau,  et  qu'il  serait,  en  tout  cas,  une  corruption  de  Juvencus,  qui 
a  été  d'usage  assez  fréquent,  car  il  y  a  trois  saints  de  ce  nom  que 
l'Eglise  honore*.  Le  Corpus  le  mentionne,  une  fois,  comme  inscrit 
sur  un  monument  d'Espagne,  et  c'est  celui  d'un  poète  espagnol,  qui 
florissait  à  la  fin  du  premier  tiers  du  iv°  siècle2. 

Il  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que  notre  anneau  est 
aussi  probablement  originaire  de  la  péninsule. 

CGXCIX 

B\GUE  AVEC  LE  CHRISME  El  l'aCCL\.\IATION  CU171  ïïie  VIVaS,  DE  PROVENANCE 

INCONNUE 

E.  Le  Blant  a  vu,  à  Rome,  dans  la  collection  d'Alexandre 
Gastellani,  une  bague  en  bronze  portant  une  inscription,  gravée, 
en  trois  lignes,  dans  le  sens  rétrograde,  et  dans  la  deuxième  ligne 
de  laquelle  est  figuré  un  chrisme.  Voici  cette  inscription,  telle 
qu'elle  a  été  publiée  par  mon  savant  confrère3. 

CON 
M^EV 
I  VAS 

«  Elle  donne,  comme  il  l'a  dit,  l'acclamation  con  (pour  cum)i  me 
vivas  »,  «  Vis  (heureux  ou  heureuse)  avec  moi.  » 

Nous  avons  vu,  plus  haut,  un  exemple  de  cette  acclamation  dans 
la  légende  «  Micaèl  mecum  vivas  in  Deo  »5,  que  l'on  peut  encore 
rapprocher  des  inscriptions  dedeux  autres  bagues  :  Vivas m^hijdiu6, 
et  Vivas  diu  m(ihi)  ou  m(ecum)1. 

1.  Bolland.,  Acta  SS. ,  mens,  febr.,  t.  II,  p.  152,  et  meus,  jun.,  t.  I,  p.  43  et  44. 

2.  D.  Martène,  Veterum  scriplorum  collectio,  t.  IX,  p.  13. 

3.  750  inscriptions  de  pierres  gravées  inédites,  etc.,  n°  328,  p.  126. 

4.  «  Le  mot  cum  est  souvent  écrit  CVN  et  CON  dans  les  épilaphes;  et  les 
exemples  de  la  substitution  de  l'N  à  l'M  sont  d'ailleurs  des  plus  fréquents  sur 
les  marbres.  »  Voir  Le  Blant,  iïouv.  Rec.  des  inscr.  chrét.  de  la  Gaule,  n03  106, 
162,  380,  etc. 

5.  CLXVI. 

6.  XXXIX  ter. 

7.  LXXIII  bis. 


DES  PREMIERS  SIÈCLES  DU  MOYEN  AGE 


355 


CGC 

anneau  de  victorinus  avec  les  lettres  a  et  gû>  provenant  de  carthage 

(tunisie) 

Je  reproduis  ici,  d'après  le  P.  Delattre1,  l'inscription  gravée  sur 
le  chaton  d'une  bague  en  cuivre  trouvée  à  Carthage,  au  cours  des 
fouilles  opérées  par  le  savant  et  zélé  religieux.  On  y  voit,  au 
milieu  de  ce  chaton,  une  croix  latine,  accostée  des  lettres  sym- 
boliques A  et  G),  et  le  nom  de 

VlC(*ori)NV(s) 

qui  est  celui  de  plusieurs  saints  d'Afrique  et  notamment  de  saint 
Victorin  de  Carthage,  qui  fut  martyrisé,  dans  cette  cité,  au  com- 
mencement du  ive  siècle,  avec  saint  Saturnin,  saint  Félix  et  un 
grand  nombres  d'autres  chrétiens3. 

ceci 

AUTRE  ANNEAU  TROUVÉ  A  CARTHAGE  (TUNISIE) 


S 

Voici  un  autre  anneau  d'or,  également  découvert  à  Carthage,  et 
qui  appartient  à  la  collection  de  M.  Marchand  :  il  présente,  au 
chaton,  un  monogramme,  formé  d'une  croix,  aux  quatre  branches 
de  laquelle  sont  attachées  des  lettres  : 

Le  P.  Delattre,  d'après  qui  je  le  reproduis,  y  a  lu  avec  raison  le 
nom  de 

RVSTICVS4 

Nous  avons  décrit  plus  haut  une  bague  où  ce  nom  est  inscrit  en 
légende s. 

1.  Bulletin  trimestriel  des  antiquités  africaines,  t.  III,  p.  12,  n°  681. 

2.  Cette  leçon  a  été  adoptée  par  Le  Blant,  loc.  cit.,  n°  337,  p.  129. 

3.  Bolland.,  Acta  SS..,  mens,  febr.,  t.  II,  p.  513  et  suiv. 

4.  Bull.  trim.  des  antiq.  afric,  p.  12,  n°  683. 

5.  CXVII. 


356     ÉTUDE  SUR  LES  ANNEAUX  DES   PREMIERS   SIÈCLES  DU    MOYEN  AGE 


CCCII 

AUTHE  ANNEAU  PROVENANT  DE  CARTHAGE  (TUNISIE) 

y 

€-<!>-N 
S 

Lo  P.  Delattre  a  fait  mention1  du  chaton  d'une  troisième  bague 
en  cuivre,  provenant,  comme  les  deux  précédentes,  des  fouilles  de 
Carthage. Sur  ce  chaton,  déforme  ronde,  est  gravé  le  monogramme 
ci-après. 

Ce  monogramme,  composé  d'après  le  même  procédé  que  celui 
du  numéro  précédent  et  probablement  dans  le  même  atelier5,  est, 
comme  celui-là,  très  facile  à  déchiffrer.  Les  trois  lettres  du  centre 
et  la  lettre  S  forment  la  première  syllabe  du  nom;  le  T  et  l'|  de  la 
haste  forment  la  seconde;  le  N  redoublé,  le  V  du  sommet  et  le  S 
redoublé  forment  la  troisième  :  nous  avons,  pour  l'ensemble 

CONST1NVS. 

C'est  le  nom  porté  par  un  prêtre  qui  souscrivit  une  charte  datée 
de  l'an  699 3 .  C'est  ici  assurément  le  nom  d'un  enfant,  car  la  bague 
où  il  est  inscrit  n'a  que  H  millimètres  d'ouverture4. 

1.  Bull.  trim.  des  antiq.  afric,  p.  13,  n°685. 

2.  Voir  aussi  le  n°  CCLX1V  où  on  le  lit;  les  lettres  du  nom  de  Rosa  sont  atta- 
chées aux  branches  d'une  croix,  dont  le  centre  est  également  un  O. 

3.  Pardessus,  Dipl.  et  ch.,  t.  II,  p.  429. 

4.  Bull.  trim.  des  antiq.  afric,  ubi  supra. 


APPENDICE 


CACHETS,  BOUCLES  DE  CEINTURON  ET  FIBULES 
AVEC  INSCRIPTIONS 


Trouvé  par  un  cultivateur,  sur  e  territoire  de  Vitry,  et  acquis 
d'abord,  par  M.  Minart,  conseiller  à  la  cour  d'appel  d'Arras,  cet  objet 
passa,  à  la  mort  de  ce  magistrat,  dans  les  mains  de  M.  L.  Dancoisne, 
décédé  notaire  honoraire  à  Hénin-Liétard,  et  plus  tard  dans  la  col- 
lection de  feu  le  baron  Pichon. 

C'est  un  cachet  en  or  lin,  pesant  5  grammes,  et  composé  de 
deux  rondelles  plates,  de  7  millimètres  d'épaisseur  et  de  14  milli- 
mètres de  diamètre  (y  compris  les  bordures),  et  reliées  l'une  à  l'autre 
par  une  bâte  de  forme  cylindrique.  Cette  bâte,  qui  a  5  millimètres 
de  hauteur  et  7  millimètres  d'épaisseur,  est  légèrement  rétrécie 
au  centre,  où  son  diamètre  extérieur  est  de  11  millimètres,  tandis 
qu'il  est  de  13  à  13  1/2  millimètres  aux  deux  extrémités,  c'est-à- 
dire  au  point  de  jonction  avec  les  deux  rondelles.  Elle  est  percée, 
de  part  en  part,  d'une  ouverture  de  12  à  13  millimètres  de  haut  sur 
3  à  4  de  large. 

Les  deux  rondelles  sont  estampéesen  creux,  et  encadrées  chacune 


1 


CACHET  A  DEUX  FACES,  TROUVÉ  A  VITRY  (PAS-DE-CALAls) 1 


1.  Vitry  est  un  chef-lieu  de  canton,  situé  dans  l'arrondissement  d'Arras. 


358 


APPENDICE 


d'un  cercle,  posé  sur  le  bord  extérieur[et  doublé  d'un  léger  grènetis. 
Sur  l'une  d  élies,  il  y  a  un  monogramme,  et  sur  l'autre  une  tête  de 
face,  barbue,  entourée  d'une  légende,  dont  nous  nous  occuperons 
bientôt. 

La  forme  du  bijou,  les  caractères  qui  y  sont  inscrits,  la  barbarie 
du  dessin  et  l'inhabileté  du  travail  de  l'effigie  et  de  la  légende  cir- 
culaire en  font  descendre  l'exécution  à  la  fin  du  vne  siècle,  et  plus 
vraisemblablement  à  la  première  moitié  du  vme. 

Était-ce,  comme  le  pensait  M.  Dancoisne1,  un  cachet  formant 
primitivement  le  chaton  d'un  anneau,  dont  les  branches,  pénétrant 
dans  la  double  ouverture  signalée  plus  haut,  constituaient  deux 
pivots  sur  lesquels  ce  cachet  pouvait  tourner  à  la  volonté  de  son 
possesseur  ? 

Nous  ne  le  croyons  pas. 

L'ouverture  pratiquée  dans  la  bâte  a  de  bien  trop  grandes  dimen- 
sions pour  que  jamais  on  y  ait  fixé  les  deux  pivots  sur  lesquels  au- 
rait été  placé  le  chaton  tournant.  M.  Dancoisne,  prévoyant  cette 
objection,  y  répondait,  à  l'avance,  en  disant  que  les  trous  dont  la 
bâte  est  percée  de  part  en  part,  devaient  être  moins  larges  dans  le 
principe  et  avaient  pu  être  agrandis  dans  la  suite  des  temps.  Mais 
c'est  là  une  supposition  purement  gratuite  et  que  rien  ne  justifie  : 
l'usure  n'aurait  pas  donné  à  l'ouverture  les  proportions  que  nous 
lui  voyons,  tandis  qu'elles  se  concilient  parfaitement  avec  le  mode 
d'emploi  d'un  cachet  à  double  face,  qui  était  probablement  retenu 
au  bras  ou  à  la  ceinture  par  une  chaînette  de  suspension,  semblable 
aux  chaînes  de  montre,  de  cachet  ou  de  porte-crayon,  que  l'on 
porte  de  nos  jours2. 

J'arrive  à  l'étude  des  inscriptions  qui  ornent  les  deux  faces  de 
notre  cachet. 

M.  Dancoisne  en  a  indiqué  et  discuté  deux  leçons  et  deux  expli- 
cations différentes. 

Suivant  une  première  hypothèse,  dont  il  propose  finalement  le 
rejet,  on  lirait  autour  de  la  tête  de  face  (AUTO  pour  S[a"jCTO,  et 
puis  M  AON  pour  MAGNO;  ce  serait  «  une  invocation  à  l'un  des 
saints  du  nom  de  Magne  »,  et,  dans  ce  cas,  le  monogramme  de 
l'autre  côté  du  cachet  contiendrait  le  nom  d'un  évêque  ou  d'un  abbé, 

1.  Bullet.  delà  Commission  départent,  des  antiq.  du  Pas-de-Calais,  année  1881. 

2.  Voir  ci-dessus,  n°  GXXIII,  un  exemple  de  ce  fait. 


APPENDICE 


359 


que  l'honorable  antiquaire  n'a  du  reste  point  tenté  de  déchiffrer. 

Suivant  la  seconde  hypothèse,  à  laquelle  M.  Dancoisne  donne  la 
préférence,  on  grouperait  les  lettres  de  la  légende  circulaire  de  la 
manière  suivante  :  De/) MAO  NOT.  Ce  serait  le  cachet  d'un  no- 
taire appelé  Cosmanus  ou  Cosmus. 

Sur  la  face  opposée  du  cachet,  le  monogramme  contiendrait  les 
trois  lettres  NOT,  exprimant  une  deuxième  fois  la  qualité  officielle 
de  notaire,  déjà  énoncée  dans  la  légende  circulaire1. 

Cette  dernière  interprétation  soulève  de  graves  objections. 

D'une  part,  la  leçon  CSMAO,  avec  l'intercalation  d'un  O  pour 
faire  Cosmao,  et  d'un  N  pour  obtenir  Cosmano,  ou  le  retranchement 
de  l'A  pour  faire  Cosmo,  est  absolument  injustifiable;  c'est  une 
conception  tout  à  fait  arbitraire  et  sans  base  scientifique. 

D'autre  part,  dans  l'hypothèse  proposée,  la  présence  de  la  tête 
barbue  représentée  sur  un  des  côtés  du  cachet,  resterait  inexpliquée. 

Enfin,  si  l'on  voyait,  à  la  suite  du  nom  de  C(o)smao,  le  groupe 
Not  indiquant  la  qualité  d'un  prétendu  notaire,  comment  expli- 
querait-on la  présence,  sur  l'autre  face  du  cachet,  d'une  deuxième 
mention  de  la  même  qualité?  Est-il  admissible  qu'on  eût  pris  la 
peine  de  fabriquer  et  d'estamper  cette  seconde  face  du  cachet  pour 
faire  une  répétion  entièrement  inutile? 

Ces  considérations  nous  paraissent  devoir  faire  écarter  la  pro- 
position de  M.  Dancoisne. 

Pour  procéder  méthodiquement,  je  commencerai  l'étude  du  pro- 
blème par  le  côté  où  je  dois  trouver  un  point  de  départ  à  peu  près 
certain,  le  côté  de  l'effigie  et  de  la  légende  circulaire. 

I.  —  Côté  de  l'effigie  et  de  la  légende  circulaire. 

Je  signalerai  d'abord,  dans  la  légende,  un  détail  auquel  on  ne 
paraît  pas  avoir  pris  garde  jusqu'ici.  Entre  le  S  couché  et  le  M,  il 
y  a  un  petit  trait  perpendiculaire,  qui  n'est  point  une  lettre  et  sem- 
ble avoir  pour  objet  de  marquer  la  séparation  de  deux  fractions  de 
la  légende.  J'observe,  de  plus,  que  les  lettres  sont  inscrites  et  se 

1.  M.  Dancoisne  a,  en  outre,  mentionné  (loc.  cit.,  p.  6)  une  autre  explication, 
imaginée  par  «  un  numismatiste  »  qu'il  ne  nomme  pas,  et  tellement  extrava- 
gante, que  je  crois  inutile  de  la  reproduire  ici. 


360 


APPENDICE 


lisent  de  façons  différentes,  en  deçà  et  au  delà  de  ce  trait  séparatif. 
Au  delà,  c'est-à-dire  à  partir  du  S  couché,  et  en  allant  de  gauche  à 
droite,  elles  ont  la  tête  tournée  vers  le  bord  extérieur  du  cachet, 
jusqu'à  la  lettre  O,  qui  peut  se  lire  indifféremment  dans  un  sens 
ou  dans  l'autre.  En  deçà  du  même  trait,  à  partir  du  M,  et  lues  éga- 
lement de  gauche  à  droite,  les  letlres  ont,  au  contraire,  la  tête  diri- 
gée vers  le  champ. 

Il  y  a  donc  là  deux  groupes  distincts. 

Ajoutons  que,  par  suite  de  cette  disposition,  les  deux  parties  de 
la  légende  et  les  empreintes  qu'on  en  obtenait  par  l'apposition  du 
sceau,  se  présentaient  à  l'œil  du  lecteur  dans  le  sens  normal  \ 

Nous  allons  maintenant  rechercher  la  signification  des  deux 
groupes  que  nous  venons  de  distinguer. 

Premier  groupe.  —  i/iCT  ou  peut-être  (/>3TO  (SETO). 

Pour  toute  personne  familiarisée  avec  les  textes  et  les  monu- 
ments du  moyen  âge,  et  spécialement  de  l'époque  où  se  place  notre 
bijou,  le  groupe  SCT  ou  SCTO  est  indubitablement  l'abréviation 
de  SANCTO,  ce  qui,  du  reste,  s'accorde  bien  avec  la  représentation, 
sur  ce  côté  du  cachet,  d'un  personnage  barbu.  Il  me  paraît,  dès 
lors,  qu'il  n'y  a  lieu  à  aucune  hésitation  sur  ce  point,  et  je  passe 
au  deuxième  groupe. 

Deuxième  groupe.  —  MAG  +  NO  ou  MAO  +  NO2. 

Le  mot  Sancto  du  premier  groupe  implique  nécessairement,  dans 
le  deuxième,  la  présence  du  nom  du  personnage  auquel  s'applique 
ce  qualificatif. 

Nous  ne  pensons  pas  qu'on  puisse  y  trouver  un  vocable  autre 
que  celui  de  MAG  +  NO  ou  de  MAO  +  NO  (pour  MAG  +  NO).  Plu- 

1.  C'est  faute  d'avoir  tenu  compte  de  cette  disposition  que  M.  Dancoisne  a 
lu  l'inscription  qui  nous  occupe  de  cette  façon  étrange  :  (OVIAI  w^TON),  où  les 
lettres  se  présentent,  tantôt  dans  le  sens  normal,  tantôt  renversées,  et  produi- 
sent un  assemblage  bizarre  et  inexplicable. 

2.  La  lettre  qui  suit  A  peut  donner  Jieu  à  des  doutes;  mais  la  courbe  de 
droite  (pour  le  lecteur)  de  cette  lettre,  est  assez  visiblement  échancrée;  c'est 
peut-être  le  fait  involontaire  de  l'ouvrier,  mais  cela  peut  aussi  bien  être  un  fait 
intentionnel,  et  alors  le  O  non  bouclé,  serait  en  réalité  un  C  ou  plutôt  un  G,  et 
le  groupe  nous  donnerait  le  nom  do  MAGNO.  En  tous  cas.  M«ONO  serait 
ici  pour  MAGNO,  car  on  ne  connaît  pas  de  saint  de  ce  nom. 


APPENDICE 


461 


sieurs  des  saints  qui  l'ont  porté,  ont  vécu  dans  des  temps  anté- 
rieurs au  vrue  siècle,  date  approximative  delà  fabrication  du  double 
cachet  :  certains  d'entre  eux  ont  en  de  la  célébrité,  et  ont  même 
joui,  au  vne  et  au  vinc  siècles,  d'une  grande  popularité1. 

On  a  vu,  mais  bien  à  tort,  dans  notre  légende  une  invocation  à 
saint  Magnus.  Ce  n'est  pas  ainsi,  et  en  inscrivant  simplement  un 
nom  au  datif,  qu'on  l'aurait  formulée.  Les  invocations  se  faisaient 
par  l'emploi  du  vocatif  comme  dans  Chrisie,  protège!  ou  d'une 
interjection,  comme  dans  0  Crux!  ou  enfin  d'une  salutation  comme 
dans  Salve,  Domine!  Ave,  Maria! 

II.  —  Côté  du  monogramme . 

Les  mots  Sancto  Magno  ou  Sancto  Maono  étant  déclinés  au  datif 
ou  à  l'ablatif,  nous  devons  trouver,  sur  la  deuxième  face  du  cachet, 
c'est-à-dire  dans  le  monogramme,  un  mot  qui  régisse  l'un  de  ces 
deux  cas. 

Ce  mot  est  VOTA,  singulier  féminin  du  participe  du  verbe  pas- 
sif Voveri.  11  y  a,  en  effet,  à  la  partie  inférieure  du  monogramme, 
un  V  formé  par  la  haste  du  T  et  par  le  premier  jambage  oblique 
qui  s'en  détache;  au-dessus  et  vers  le  milieu  de  la  haste,  un  O  y 
est  appliqué;  au  sommet,  un  T,  et,  en  revenant  au  bas  du  mono- 
gramme, un  A  non  barré,  qui  est  au  bout  du  jambage  oblique  men- 
tionné plus  haut. 

Réuni  à  la  légende  circulaire,  ce  mot  nous  donne,  pour  l'en- 
semble des  inscriptions  du  cachet  : 

VOTA  SCTO  MAG  +  NO  ou  MAO+  NO 

(  Vota  sancto  Mag  -)-  no  ou  Mao  +  no  pour  Magno)  ; 

1.  Saint  Magnus,  évêque  de  Trani,  martyr  en  250  ou  254.  —  S.  M.,  martyr, 
en  248,  avec  SS.  Janvier,  Vincent  et  autres.  —  S.  M.,  de  Fossombrone,  martyr 
avec  Gélase,  Donat  et  autres.  —  S.  M.,  de  Terni,  martyr,  avec  S.  Saturnin  et 
autres.  —  S.  M.  évêque  de  Milan,  mort  en  529.  —  S.  M.,  d'Oderzo,  en  Vénétie, 
mort  vers  660.  —  Magnoaldus,  appelé  par  le  vulgaire  Magnus  et,  chez  les  mo- 
dernes, S.  Menaud;  enfin,  S.  Maing,  premier  abbé  de  Fiiessen  enBavière,  mort  en 
670.  Ce  dernier  est  le  plus  célèbre.  Voir  Bolland.,  Acta  SS.,  mens,  januar.,  t.  I, 
p.  21;  aug.,  III,  717  et  755;  sept..  II,  505  et  759;  oct,  III,  416.  Pertz,  Monum. 
Germ.  hist.,  SS.,  t.  IV,  p.  425 


362 


APPENDICE 


ce  qui  signifie  que  la  personne  propriétaire  du  cachet  était  une 
religieuse,  peut-être  l'abbesse  d'un  monastère  consacré  à  l'un  des 
saints  du  nom  de  Magnus,  ou  bien  une  fille  ou  veuve  qui  s'était 
vouée  à  ce  saint. 

Nous  avons,  dans  un  acte  qui  se  place  entre  670  et  672,  l'exem- 
ple d'une  souscription  faite  en  des  termes  analogues.  Au  bas  de  la 
charte  portant  fondation,  par  une  matrone  nommée  Chrotilde, 
d'un  couvent  de  femmes  à  Bruyères-le-Châlel  (Seine-et-Oise),  on  lit  : 

Signum  +  inlustris  Deo  devotae  Chrotilde 
II 

CACHET  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE,  MAIS  PROBABLEMENT 

TROUVÉ  EN  ALLEMAGNE 


Nous  reproduisons  ici  un  cachet,  qui  appartient  au  Musée  de 
Bonn,  tel  qu'il  est  figuré  dans  l'ouvrage  déjà  cité  de  M.  Linden- 
schmit,  sur  la  planche  où  le  savant  conservateur  du  Musée  de 
Mayence  a  fait  graver  un  certain  nombre  d'anneaux  provenant  de 
sépultures  franques5.  Ce  cachet,  d'origine  franque,  a  la  forme  d'un 
carré  long  irrégulier,  de  11  millimètres  dans  sa  plus  grande  lar- 
geur, sur  8  millimètres  et  demi  de  hauteur. 

Il  porte  un  monogramme,  au  sommet  et  au  bas  duquel  est  gra- 
vée une  croisette,  et  dont  l'explication  ne  présente  aucune  diffi- 
culté. L'E  rétrograde  est  suivi  d'un  V  et  d'un  S;  en  redoublant  le 
E,  on  forme  le  groupe  EVSE,  et  si  l'on  y  ajoute  le  B  terminal,  le  | 
du  centre  et  un  troisième  emploi  du  E  initial,  on  trouve  le  vocable 
EVSEBIE,  qui  fut  d'un  usage  si  fréquent  dans  le  haut  moyen  âge. 
Le  S  obliquemment  barré  par  un  I,  qui  est  si  remarquable  au 
centre  du  monogramme,  est,  comme  on  sait,  l'abréviation  de 

1.  J.  Tardif,  Monum.  histor.,  cartons  des  rois,  t.  I,  p.  16  n°  19.  Pardessus, 
Diplom.  et  chart.,  t.  Il,  p.  148. 

2.  Handbuch  der  deutschen  Altersthumskunde ,  p.  404,  pl.  XIV,  fig.  9. 


APPENDICE  363 

S\(gnum)  ou  de  Sl(ffnavi)  :  c'est  ici  l'abréviation  de  S\(gnum),  puis- 
qu'il régit  le  génitif  Eusebie. 

Nous  avons  donc,  pour  l'ensemble  de  l'inscription  : 

+  S\{gnum)  EVSEBIE  + 
III 

CACHET  AVEC  MONOGRAMME,  DE  PROVENANCE  INCONNUE,  MAIS  PROBABLEMENT 
TROUVÉ  EN  ALLEMAGNE 


Le  Musée  de  Bonn  (Prusse  rhénane)  possède  l'empreinte  d'un 
cachet,  que  le  savant  conservateur  du  Musée  archéologique  de 
Mayence,  M.  Lindenschmit,  a  fait  figurer  dans  son  livre  sur  les 
Antiquités  germaniques'.  Ce  savant,  que  j'ai  interrogé  relative- 
ment au  lieu  de  provenance  de  ce  petit  monument,  m'a  déclaré 
qu'il  n'avait  aucun  renseignement  à  cet  égard*.  Je  trouve  seule- 
ment, au  verso  de  la  planche  où  on  l'a  reproduit,  la  mention  de  ce 
fait  qu'il  a  été  recueilli  dans  un  cercueil. 

Notre  cachet  est  décoré  d'un  monogramme  où  l'on  distingue  : 
un  P  rétrograde;  un  A  non  barré;  un  S;  dans  l'angle  de  droite 
(pour  le  lecteur),  un  O  (très  insuffisamment  marqué  dans  notre 
gravure);  le  N  du  centre  et  le  E  final;  soit,  pour  l'ensemble, 
PASONE.  Nous  ne  connaissons  pas  d'exemple  de  la  mention,  au 
moyen  âge,  du  nom  de  PASO,  dont  notre  inscription  fournirait 
l'ablatif. 

Peut-être,  le  P  ayant  été  souvent  employé  pour  B,  comme  dans 
Pat/o  pour  liago,  Paro  pour  Baro,  Pald  pour  Bald,  etc.3,  ce  vocable 
serait-il  là  pour  BASONE,  ablatif  de  Baso,  lequel  était  usité  el  se 
lit  notamment  dans  le  testament  d'Erminétrude,  de  l'an  700  \ 

1.  Handbuch  der  deutschen  Alterthumskunde  (l™  partie,  époque  mérov.. 
pl.  XIV,  n°  8). 

2.  Lettre  du  18  avril  1888.  M.  Lindenschmit  ne  dit  pas  quel  en  est  le  métal. 

3.  Forstemann,  Personennamen,  col.  983-984. 

4.  Pardessus,  Diplom.  et  chart.,  t.  II,  p.  257. 


364 


APPENDICE 


Le  S  posé  en  travers  de  la  barre  intérieure  du  N,  a,  en  outre,  la 
valeur  de  Signum;  il  faut  donc  lire  : 

S{ignicm)  PASONE- 
IV 

CACHET  EN  SCHISTE  ARDOISIER,  TROUVÉ  DANS  LE  CIMETIÈRE  DE  HERPES 

(CHARENTE*) 


•f 


Ce  cachet,  grossièrement  fabriqué,  a  été  trouvé,  au  mois  d'avril 
1803,  dans  une  tombe  masculine,  à  la  hauteur  de  la  ceinture  du 
défunt5. 

Il  a  dans  sa  longueur  46  millimètres,  et  dans  les  petits  côtés, 
10  millimètres  seulement.  Il  présente,  sur  l'une  de  ses  deux  grandes 
surfaces,  des  traits  confus  et  qui  n'ont  peut-être  jamais  eu  aucune 
signification. 

Quant  aux  deux  petits  côtés,  qui  constituent  proprement  le 
cachet,  l'un,  celui  de  gauche  (pour  le  lecteur),  porte  un  grand  G 
mérovingien,  dont  la  boucle  renferme  une  croisette;  l'autre,  un 
caractère  assez  difficile  à  définir,  et  qui  a  peut-être  la  double  valeur 
d'un  G  rétrograde  et  d'un  F,  suivis  de  deux  |. 

Nous  n'avons  aucune  opinion  ni  môme  aucune  conjecture  à  pro- 
poser relativement  à  ces  inscriptions. 

1.  Herpès  est  un  village  situé  commune  de  Courbillac,  cant.  de  Rouillac, 
arrond.  d'Angoulème.  Nous  avons  décrit  plus  haut  26  anneaux,  qui  en  provien- 
nent. (Voir  les  n°s  CCXVII  à  CCXL1I.) 

2.  Le  mobilier,  fort  riche,  de  cette  sépulture  se  composait  de  trois  tenons  en 
argent,  curieusement  découpés  et  ciselés;  d'un  poignard  assez  long  avec  garni- 
tures de  cuivre  repoussé  et  des  débris  de  sa  gaine;  de  deux  boucles  en  argent 
et  d'une  boucle  en  bronze;  enfin  d'une  magnifique  plaque  d'argent  avec  dessus 
en  or,  orné  de  filigranes  d'or  d'une  grande  délicatesse  et  dont  le  travail  se  rap- 
proche de  celui  des  belles  bagues  en  or,  recueillies  dans  la  nécropole  de  Herpès. 


APPENDICE 


365 


V 

boucle  de  cienturon  avec  le  nom  de  regnoveus,  trouvée  a  aigu1sy 

(aisne1) 


Celte  boucle  de  ceinturo.i  a  été  trouvée  dans  une  des  tombes 
mérovingiennes  d'Aiguisy,  dont  les  fouilles  ont  été  effectuées,  en 
1885,  par  les  soins  de  feu  Frédéric  Moreau,  qui  Ta  fait,  figurer  dans 
la  neuvième  livraison  de  Y  Album  Caranda;  et  c'est  à  l'aide  d'un 
bois  qu'il  nous  avait  obligeamment  communiqué,  que  nous  le 
reproduisons  ici. 

Cet  objet  est  en  bronze,  remarquablement  conservé,  orné  d'en- 
trelacs, au  centre  desquels  une  tête  barbue  a  été  gravée;  il  est 

1.  Aiguisy  est  situé  commune  de  Villers-Agron,  canton  de  Fère-en-Tardenois, 
arrond.  de  Château-Thierry.  Nous  avons  décrit  plus  haut  deux  anneaux  qui  en 
proviennent.  (N09  CXXII  et  CXXIII.) 


366 


APPENDICE 


muni  de  trois  gros  rivets.  L'ardillon,  qui  a,  dans  sa  plus  grande 
largeur,  28  millimètres,  présente,  en  deux  lignes,  le  nom  du  pos- 
sesseur de  la  boucle  : 

RESNO 

V  E  V  I"4  (Reg?ioveus)i. 

Cette  inscription  remet  naturellement  en  mémoire  deux  objets 
par  nous  décrits  ci-dessous,  savoir  :  une  boucle  de  ceinturon  et 
une  fibule  ayant  servi  de  cachet  à  des  personnages  nommés  l'un 
Agnus,  l'autre  Sistus  (pour  Sixtus)1. 

La  boucle  de  Regnoveits  avait-elle  également  cette  destination? 
Rien  ne  le  prouve.  Il  y  manque,  en  effet,  la  petite  croix  qui  précède 
généralemeut,  dans  les  actes  écrits  de  la  première  race,  les  noms 
des  parties  ou  des  témoins,  et  que  nous  offrent  la  boucle  à'Agnus 
et  la  fibule  de  Sixtus. 

Il  se  peut,  néanmoins,  qu'elle  ait  été  employée  à  cet  usage,  tout 
au  moins  accidentellement  ou  d'une  manière  intermittente,  et 
c'est  pourquoi  il  nous  a  paru  intéressant  de  la  faire  connaître  à 
nos  lecteurs. 

VI 

BOUCLE  DE  CEINTURON,  AVEC  MONOGRAMME  SUR  LARDILLON,  DE  PROVENANCE 

INCONNUE 


La  boucle  ovale  de  ceinturon  que  nous  reproduisons  ici,  est  en 
argent  :  elle  faisait  partie  d'une  trouvaille,  opérée  à  une  date  et 

1.  Les  deux  premières  syllabes  de  ce  nom  (Regno)  entrent  dans  la  compo- 
sition d'un  certain  nombre  de  vocables  d'origine  franque,  tels  que  :  Regno- 
valdus  (Greg.  fur.,  Hist.  Fr.,  VI,  12);  Regno-meris  {ibid.,  II,  42,  not.),  et 
Regno-bertus  (Bolland.,  Acta  SS.,  mens,  maii,  t.  III,  p.  618). 

2.  Voir  ci-dessous,  les  n09  VI  et  VII  de  l'Appendice. 


APPENDICE 


367 


dans  une  localité  qui  nous  sont  inconnues'.  Klle*a  appartenu  à 
feu  Alfred  Danicmrt,  qui  en  a  gratifié  le  .Musée  de  la  ville  de  Pé- 
ronne. 

L'ardillon2  de  notre  boucle,  qui  a  reçu,  à  sa  base,  une  couche 
épaisse  de  dorure  dont  une  grande  partie  subsiste  encore,  présente, 
gravé  par  une  main  habile,  et  en  beaux  caratères  de  l'époque 
gallo-franque,  un  monogramme,  surmonté  d'une  croisette  et  que 
l'on  déchiffre  aisément  de  la  manière  suivante  : 

+  AGNVS. 

Ce  nom  était,  de  même  que  le  féminin  correspondant  AGNA,  d'un 
usage  fréquent  au  moyen  âge  et  particulièrement  dans  la  période 
mérovingienne;  il  y  a  notamment  un  monnayer  de  l'abbaye  de 
Saint-Martin  de  Tours,  ainsi  appelé3. 

A  première  vue,  on  serait  porté  à  penser  que  cette  inscription 
était  simplement,  de  la  part  du  propriétaire  du  ceinturon  et  de  la 
boucle,  un  acte  de  prudence  ayant  pour  but  de  prévenir  une  subs- 
titution ou  peut-être  un  larcin. 

Mais,  il  faut  considérer  :  1°  que  la  petite  croix  qui  précède  le  nom 
et  dont  la  présence  ne  s'expliquerait  pas  dans  cette  hypothèse,  est, 
à  l'époque  dont  il  s'agit,  d'un  emploi  habituel  dans  les  souscriptions 
des  actes  écrits,  et  qu'elle  en  est,  pour  ainsi  dire,  une  partie  inté- 
grante; 2°  que  le  S,  qui  se  détache  du  monogramme,  sert  à  la  fois 
de  terminale  du  mot  d'Agnus  et  d'initiale  du  terme  Signavi,  comme 
dans  plusieurs  cas  semblables,  déjà  notés  par  nous;  et  ces  consi- 
dérations donnent  lieu  de  penser  que  nous  avons  là  une  sorte  de 
cachet. 

Cette  espèce  de  cachet  était  fort  commode  à  porter  et  facile  à 
appliquer;  nous  ne  croyons  pourtant  pas  qu'il  y  en  ait  d'autre 

1.  Cette  trouvaille  comprenait  :  1°  une  deuxième  boucle,  également  en 
argent,  mais  de  plus  petite  dimension;  2°  une  plaque  de  ceinture  quadran- 
gulaire  en  argent;  3°  un  triangle  d'argent  damasquiné,  qui  avait  probablement 
servi  d'agrafe;  4°  une  double  agrafe  en  or,  d'un  beau  travail. 

2.  C'est-à-dire  la  pointe  mobile,  établie  sur  pivot,  qui,  pénétrant  dans  un  ou 
deux  crans  pratiqués  au  ceinturon,  le  tenait  solidement  serré. 

3.  Voir  Anat.  de  Barthélémy,  Liste  des  noms  d'hommes  inscrits  sur  les  monn. 
méroviny.  (Biblioth.  de  VÈc.  des  chartes,  6e  série,  t.  Ier).  On  trouve  le  nom 
à'Agnus,  en  958,  dans  le  cartulaire  de  Sauxillanges,  ch.  638;  vers  1050,  dans 
celui  de  Saint- Victor  de  Marseille,  ch.  266;  et  Agna  dans  un  grand  nombre 
d'actes  du  cartul.  de  Savigny,  nos  302,  480,  762  et  passim. 


368 


APPENDICE 


exemple  connu,  et,  à  ce  titre,  la  boucle  qui  fait  l'objet  de  la  présente 
notice  mérite  d'être  particulièrement  signalée  à  l'attention  des 
archéologues. 

VII 


FIBULE  AVEC  LE  MONOGRAMME  DE  SÏSlO  (POUR  sixto)  TROUVÉE  DANS  LA 

PROVINCE  DU  MAINE 
1  2 


Grandeur  d'exécution. 


Nous  avons  décrit  plus  haut'  une  boucle  de  ceinturon,  ayant,  en 
outre,  servi  de  cachet  à  un  personnage  nommé  Agnus.  Nous  pré- 
sentons aujourd'hui  au  lecteur  une  fibule  en  argent,  qui  a  été  em- 
ployée au  même  usage. 

Cette  fibule,  trouvée  dans  un  cimetière  du  Maine,  a  été  publiée, 
d'abord  par  M.  Hucher2,  plus  tard  par  l'abbé  Cochet3,  et  en 
dernier  lieu  par  Edmond  Le  Dlant*.  Elle  a  10  centimètres  de 
longueur,  et  présente,  au  centre,  une  saillie  de  14  millimètres, 
ayant  la  figure  d'un  cône  tronqué,  et  évidéc,  à  l'intérieur,  en 
forme  de  cintre;  sur  la  plate-forme  du  cône,  il  y  aune  inscription, 
précédée  d'une  croix,  et  gravée  en  creux  ainsi  que  les  ornements 
qui  couvrent  la  fibule. 

M.  Hucher  a  proposé  d'y  lire  XPSTO  {Christo)-,  maisE.  Le  Blant, 
«  sans  discuter,  dit-il,  l'admissibilité  de  cette  interprétation,  »  a 
fait  observer  «  qu'il  est  plus  naturel  de  chercher  dans  le  chiffre  en 
question  le  nom  du  possesseur  du  bijou.  »  Je  serai  plus  catégori- 

1.  Voir  ci-dessus  le  n°  VI  de  l'Appendice. 

2.  Bulletin  monumental,  t.  XX,  p.  370. 

3.  Normandie  souterraine,  2e  édit.,  p.  270. 

4.  Inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule,  t.  I,  p.  264,  no  198  A,  pl.  XXII,  iig.  138. 


APPENDICE 


369 


que  que  mon  savant  confrère,  en  déclarant  que  la  leçon  Xristo  est 
inacceptable,  par  le  double  motif  qu'une  telle  inscription  n'a  au- 
cune raison  d'être  sur  une  fibule,  et  que  le  caractère  que  M.  Hucher 
a  pris  pour  un  x>  c'st  un  S  coupe  obliquement  par  un  I,  tel  que 
nous  l'avons  observé  sur  un  grand  nombre  d'anneaux  sigillaires 
plus  haut  décrits'.  L'inscription,  ainsi  que  l'ajustement  remarqué 
E.  Le  Blant,  doit  contenir  le  nom  du  personnage  auquel  la  fibule 
appartenait.  J'ajoute  que  cet  objet  devait  lui  servir  de  cachet,  puis- 
qu'on y  trouve,  comme  sur  la  boucle  de  ceinturon  d'Agnus,  les 
trois  éléments  delà  souscription  aux  actes,  savoir  :  la  croix,  l'abré- 
viation de  sigillum  ou  signum  et  le  nom  du  souscripteur. 

Quel  est  ce  nom?  C'est  ce  qu'il  nous  reste  à  rechercher. 

A  la  suite  de  la  croix,  se  présentent,,  au  centre,  les  deux  lettres 
S  et  I  croisées  et  de  dimensions  tellement  supérieures  à  celles  des 
autres  caractères,  qu'il  n'est  pas  possible  de  méconnaître  l'inten- 
tion qu'on  a  eue  de  leur  attribuer  une  valeur  exceptionnelle  et  pré- 
dominante; elles  ont,  à  mes  yeux,  un  double  emploi  :  d'abord 
comme  abréviation  habituelle  de  S\{gillum)  ou  S\{gnum),  et  puis 
comme  groupe  initial  du  vocable  à  former  avec  les  trois  lettres 
plus  petites  de  l'inscription,  STO-  Nous  avons  donc,  pour  l'ensem- 
ble : 

+  S\{gilhtm)  ou  S\(gnum)  SISTO  (pour  SIXTO). 

Il  y  a  un  exemple  de  SVSTVS  mis  pour  SIXTVS,  dans  une  ins- 
cription conservée  sur  un  fragment  de  sarcophage  retrouvé  dans 
la  cathédrale  d'Apts.  Or,  cette  forme  corrompue  du  nom  de  SIXTVS, 
si  répandu  au  moyen  âge  et  si  illustre  dans  les  annales  de  l'Eglise3, 
suppose  la  transition  préalable  par  la  forme  SISTVS,  qui  est  plus 
rapprochée  du  vocable  primitif,  et  dont  la  présence  sur  un  bijou 
de  la  période  mérovingienne  n'a,  dès  lors,  rien  qui  doive  nous  éton- 
ner. 

La  déclinaison  à  l'ablatif  du  nom  du  personnage  propriétaire  de 
notre  libule  n'est  point  non  plus  extraordinaire.  Les  souscriptions 

1.  Voir  les  n"  XIII.  XIX,  XX,  XXII,  XCIV  et  passim. 

2.  Revue  de  l'art  chrétien,  l.  II,  p.  360.  Voir  aussi  E.  Le  Riant,  Inscript.  chrèt. 
de  la  Gaule,  t.  II,  p.  484,  n"  622  et  pl.  LXXXVIH,  n°  520. 

3.  Il  y  a  eu  cinq  papes  de  ce  nom,  dont  trois  ont  été  canonisés,  de  même 
qu'un  évêque  de  Reims,  qui  vécut  au  m0  siècle. 

24 


370 


APPENDICE 


aux  diplômes  et  aux  chartes  de  la  première  race  nous  en  offrent  de 
très  nombreux  exemples',  et  il  est  tout  naturel  que  nous  la  retrou- 
vions sur  les  cachets  de  la  même  période,  qui  devaient  nécessaire- 
ment, comme  nous  l'avons  déjà  dit,  reproduire  les  formes  usitées 
pour  les  souscriptions  des  parties  et  des  témoins  qui  figuraient 
dans  les  divers  actes  de  la  vie  civile. 

En  tout  cas,  il  est  certain  que  nous  avons  ici  un  deuxième  spé- 
cimen d'objets  d'usage  courant,  qui  servaient,  en  même  temps,  de 
cachet.  Les  deux  exemplaires  qui  nous  ont  révélé  ce  fait  curieux, 
sont  de  nature  à  fixer  l'attention  des  archéologues  et  même  de  tout 
possesseur  de  bijoux  gallo-francs,  portant  les  caractères  et  les  signes 
habituels  d'une  souscription  aux  actes  écrits  et  aux  épîtres. 

Je  ne  terminerai  pas  cette  notice  sans  signaler,  sur  l'une  des 
deux  plaques  de  notre  fibule,  la  présence  d'une  croix  gammée. 

VIII 

BOUCLE  DE  CEINTURE  AVEC  LE  NOM  DE  G1SE,  DE  PROVENANCE  INCONNUE 

Cette  boucle,  qui  appartient  à  la  collection  de  M.  l'abbé  Gou- 
nelles,  a  été  achetée  à  un  marchand  qui  en  ignorait  la  provenance. 
M.  Maxe-\Verly,monsavant  confrère  à  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  m'a  obligeamment  remis  le  dessin  à  l'aide  duquel  je  la 
reproduis  ici. 

1.  Nous  citerons  :  1°  un  diplôme  de  Glovis  II  (vers  640),  au  bas  duquel  on 
lit  :  «  Sig.  (loc.  monogr.)  domni  Chlodovio  régi  »  (J.  Tardif,  Monuments  histo- 
riques, carions  des  rois,  p.  8);  2°  un  autre  diplôme  du  même  prince,  de  653, 
au  bas  duquel  on  voit  :  «  Signum  +  vir  inluster  Ermenrico  domesticus.  — 
Signum  +  vir  inluster  Austroberto...  —  Signum  -f  Gundoberto...  —  Signum 
-f-  vir  inluster  Madalfrido  »  (ibid.,  p.  11  et  12);  3°  une  charte  de  670-671, 
parmi  les  souscriptions  de  laquelle  on  remarque  :  «  Signum  E  vir  inluster 
Ermenrigo.  —  Signum  -f-  uettoleno.  —  Signum  +  Childebrando...  —  Si- 
gnum +  Chramnino  ..  —  Signum  Gaeletramno...  —  Signum  +  Guntrigo. 
Signum  Aursino.  Signum  -f  Chrodobando.  Signum  -f-  Echarigo.  Signum  -f 
Erchenrigo.  Signum  +  Mauroleno  »  (ibid.,  p.  20);  4°  une  charte  de  682-683,  à 
la  tin  de  laquelle  est  écrit  :  «  Signum  +  Ausberto,  servo  Dei  »  (ibid,,  p.  20); 
5°  une  charte  de  691  souscrite  par  deux  témoins  :  «  Sign.  +  Unaclobeo,  testis. 
Sign.  -f-  Saulfo,  testis  »  (ibid).,  p.  23);  6»  une  charte  de  697,  au  bas  de  laquelle 
on  lit  :  «  Si^n.  +  Frumoaldo.  —  Sign.  Audromaro...  Sign.  +  Martino  »  (ibid., 
p.  32). 


APPENDICE  371 

Cet  objet  est  en  cuivre  jaune;  la  goupille  seule  est  en  1er,  et 
d'après  M.  Maxe-Werly,  d'une  époque  plus  récente  que  les  autres 
parties. 

La  plaque,  entre  les  trois  pointes  qu'elle  présente  de  chaque  côté, 
a  une  largeur  de  20  millimètres.  Entre  son  extrémité  et  la  troi- 
sième pointe,  elle  a  22  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur. 
La  boucle  a  32  millimètres  entre  les  deux  bords  mesurés  à  l'exté- 
rieur, 27  à  l'intérieur.  Elle  est  munie,  en  dessous,  à  la  surface 
opposée  à  celle  qui  est  figurée  dans  la  présente  notice,  de  deux 
petits  anneaux,  produits  après  la  fonte,  et  qui  servaient  à  fixer  la 
boucle  à  la  ceinture1. 


Cette  plaque  est  ornée  de  signes  et  de  caractères  composant  deux 
groupes,  séparés  par  une  barre  oblique.  En  tournant  la  pointe  de 
la  plaque  à  gauche  et  la  boucle  à  droite  (du  lecteur),  on  voit,  dans 
le  triangle  situé  au-dessus  de"  la  barre,  une  croisette  accostée  :  à 
gauche,  d'un  G  mérovingien  rétrograde  (?)  et  d'un  I  ;  à  droite,  des 
lettres  SE. 

Pour  étudier  le  triangle  situé  de  l'autre  côté  de  la  barre  oblique, 
il  faut  retourner  la  plaque.  On  y  voit  alors  une  croix  bouletée, 
accostée  :  à  gauche,  d'un  S  et,  à  droite/  d'un  G  mérovingien 
rétrograde  (^>). 

Le  premier  groupe  nous  donne,  dans  son  ensemble,  le  mot 

GISE 

génitif  d'un  vocable  féminin  que  nous  avons  rencontré  sur  un 
anneau  de  la  période  gallo-franque2  :  il  était  usité  chez  les  Ger- 
mains, soit  isolément  comme  l'attestent  de  nombreux  exemples 
des  ve,  vin9  et  ix°  siècle,  cités  par  Fôrstemann3,  soit  en  composition 

1 .  Lettre  de  M.  Maxe-Werly,  du  22  février  1894. 

2.  Voir  ci-dessus  le  n°  GCXX. 

3.  Personennamen,  col.  516. 


£72 


APPENDICE 


comme  dans  les  noms  a" Adal-gisa,  Ermen-gisa,  Odol-gisa,  etc.1. 

Dans  le  deuxième  groupe,  S  serait  l'initiale  de  S(ignum),  et  G 
l'initiale  du  vocable  du  premier  groupe  GISE. 

Nous  aurions  ici  un  troisième  exemple  d'une  boucle  de  ceinture 
portant  le  nom  de  son  propriétaire,  et  pouvant,  au  besoin,  servir 
de  cachet,  comme  nous  l'avons  déjà  observé  sur  la  boucle  de  cein- 
turon d'Âgnus,  et  la  fibule  de.  Sistus  (pour  Six  tus),  précédemment 
décrites3. 

Les  dimensions,  assez  faibles,  de  la  boucle  de  ceinture  qui  nous 
occupe,  indiquent  aussi  que  c'était  un  objet  de  toilette  féminine, 
semblable  à  ceux  que  feu  Frédéric  Moreau  a  recueillis  dans  des 
sépultures  de  femmes3. 

Quant  à  l'époque  probable  de  sa  confection,  d'après  l'ensemble 
du  travail  et  surtout  la  gravure  défectueuse  des  signes  et  des  carac- 
tères dont  la  plaque  est  décorée,  elle  paraît  devoir  être  placée  à  la 
fin  de  la  période  mérovingienne,  dans  la  première  moitié  du 
vme  siècle. 


IX 

Lettre  de  m.  ph.  berger,  sur  un  sigle  de  signification  douteuse 
inscrit  sur  le  n°  xcvii  de  nos  anneaux 

J'ai  examiné  le  dessin  de  l'anneau  dont  le  chaton  porte  un  sigle 
qui  vous  paraissait  formé  par  les  trois  clous  du  crucifiement. 

Ma  première  impression,  en  dehors  de  toute  préoccupation  d'ori- 
gine et  de  signification,  a  été  de  voir,  dans  ce  sigle,  un shin hébreu. 
L'aspect  général  est  celui  du  shin,  et  il  présente,  au  sommet  des 
trois  barres  qui  le  composent,  cet  élargissement  en  forme  de  clou, 
qui  est  un  des  traits  caractéristiques  de  celte  lettre,  et  la  fait  res- 
sembler, en  effet,  à  trois  clous  légèrement  recourbés  qui  seraient 
réunis  par  la  pointe. 

1.  Personennamen  ,  col.,  515  et  516. 

2.  Voir  ci-dessus  les  n<>s  VI  et  VII  de  l'Appendice. 

3.  Album  Caranda,  planches  XLVI,  fig.  2  et  LX,  fig.  1  de  la  nouvelle  série. 
J.  Quicherat  a  signalé,  dans  son  Histoire  du  Costume,  une  boucle  de  ceinture 
trouvée  à  la  ceinture  d'un  squelette  féminin. 


APPENDICE 


373 


Cette  lecture  toutefois  souffre  quelque  difficulté.  Sur  l'anneau 
dont  il  s'agit  ici,  la  barre  du  milieu  dépasse  sensiblement  les  deux 
autres,  tandis  que  le  sommet  des  trois  barres  du  shin  est  presque 
toujours  sur  une  même  ligne  horizontale.  Cette  règle,  il  est  vrai, 
n'est  pas  absolument  constante,  et  plusieurs  shin,  du  vue  et  du 
viue  siècles  de  notre  ère,  reproduits  dans  la  Tobola  scripturae 
Hebraïcae  de  M.  Euting,  offrent,  à  un  degré  plus  ou  moins  accen- 
tué, la  môme  particularité.  Mais  ce  ne  sont  là  que  des  excep- 
tions. 

Je  n'hésiterais  pas  néanmoins,  malgré  cette  difficulté  paléogra- 
phique, à  reconnaître  un  shm  dans  ce  sigle,  s'il  y  avait  des  raisons 
suffisamment  probantes  pour  expliquer  la  présenced'un  shin  hébreu 
sur  cet  anneau. 

L'usage  des  abréviations1  était  familier  aux  Juifs  des  premiers 
siècles  de  l'ère  chrétienne  et  du  moyen  âge.  On  en  retrouve  même 
sur  leurs  cachets.  M.  Euting,  que  j'ai  consulté  à  ce  sujet,  me  cite 
des  alliances  juives  de  la  Collection  princière  des  Hohenzollern  à 
Sigmaringen,  qui  portent,  en  légende,  «  Bonne  chance  ». 

Or,  d'après  les  souvenirs  de  M.  le  prefesseur  Landauer,  plusieurs 
de  ces  alliances  porteraient  l'abréviation  de  cette  légende.  La  lettre 
shin  en  particulier  apparaît  fréquemment  comme  abréviation  de 
la  formule  Pax,  sur  les  inscriptions  juives  des  catacombes;  seu- 
lement cette  abréviation  ne  se  rencontre  que  sur  les  monuments 
funéraires. 

Les  graffites  que  les  pèlerins  nabatéens  ont  tracés  sur  les  rochers 
du  Sinaï,  commencent  par  la  formule  «  Paix  à  un  tel  »,  laquelle, 
en  hébreu,  se  termine  par  la  même  lettre  et  donne  un  sens  qui  se 
rapproche  davantage  de  celui  qui  conviendrait  ici;  mais  c'est  peut- 
être  chercher  bien  loin  un  point  de  comparaison,  sans  compter  ce 
qu'il  y  aurait  d'étrange  à  trouver  une  légende  juive  dans  une  sé- 
pulture franque. 

Pour  bien  faire,  il  faudrait  trouver  ce  sigle  sur  des  pierres  gra- 
vées juives.  Or,  je  n'en  connais  pas  d'exemple;  il  faut  avouer  que 
je  les  connais  mal,  et  qu'elles  ont  été,  en  général,  peu  étudiées. 
Peut  être  un  examen  plus  approfondi  permettra-t-il  d'en  découvrir 
qui  portent  cette  légende  ou  son  abréviation. 

En  attendant,  en  l'absence  d'un  sens  qui  s'impose  et  qui  soit  con 

1.  Je  crois  avoir  démonlré  qu'il  était  déjà  connu  des  Phéniciens. 


374 


APPENDICE 


firmé  par  des  rapprochements  certains,  j'estime  l'idée  qui  m'était 
venue  à  l'esprit  trop  douteuse  pour  la  substituer  à  l'interprétation, 
très  séduisante,  que  vous  avez  donnée  de  ce  sigle,  et  qui  est  cou- 
verte par  votre  grande  autorité  en  ces  matières. 

Agréez,  etc. 

Philippe  Bergeh. 


Paris,  3  juin  1897. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 


INTRODUCTION 

P.  vu,  note  4  :  au  lieu  de  CLXVII,  lire  :  CLXXVII. 
P.  \xxi\,  lre  ligne,  au  lieu  de  4°,  lire  5°. 

DESCRIPTION  ET  COMMENTAIRE  DES  ANNEAUX 

P.  11,   2e  ligne,  lire  :  Autre  anneau  d'or  trouvé,  etc. 

P.  15,  26«  ligne,  lire  :  Raoue  en  bronze  avec  le  S  barré,  etc. 

P.  18,  10e  ligne,  lire  :  Raoue  en  bronze  avec  un  sujet,  etc. 

P.  19.  30e  ligne,  lire  :  Autre  bague  en  bronze  avec  appendice,  etc. 

P.  29,   3e  ligne,  lire  :  Autre  bague  en  bronze,  provenant  de  Charxav,  etc. 

P.  85,   3e  ligne,  lire  :  LXXII  1er. 

P.  106,  8e  ligne,  au  lieu  de  :  Raguk  de  Rolous,  lire  :  Rague  de  Bolusou  Bobolus, 
etc. 

P.  315,  10e  ligne  :  au  lieu  de  VIVAS  IN  DEO,  lire  :  VIVAS  DEO  pour  in  DEO. 


{ 


TABLES 


TABLES  GÉOGRAPHIQUES 


Noms  de  lieux,  de  diocèses,  ou  de  pays  de  provenance,  connus, 
des  anneaux  et  objets  décrits  par  nous. 

Nota.  —  Les  chiffres  imprimés  à  la  suite  des  noms  désignent  les  numéros  de  notices  dans  lu 
Description  des  anneaux. 


Abbeville  (Aisne),  CXL  à  CXLIV. 

Achery-Mayot(Aisne),CLXXXIXet<:.\f,. 

Aiguisy  (Aisne),  CXXII  et  CXXIII  ;  Ap- 
pendice, n°  V. 

Airvault  (Deux-Sèvres),  CGXLYII. 

Albens  (Savoie),  CCIII. 

Allemagne  (?)  ;  Appendice,  nos  II  et  III. 

Allonnes  (Sarthe),  XLIV. 

Amiens  (Diocèse  d') ,  Cl.XXXI  à 
GLXXXIII. 

Amiens  (Somme,  envii  ons  d'),  CLXXXII. 

Andernach  (Prusse  Rhénane),  LXXXIV. 

Angers  (Diocèse  d'),  XLVI  a  LI. 

Angers  (Maine-et-Loire), XLVIàXL VIII. 

Anguilcourt  le-Sart(Aisne),  CLXXX  VIII. 

Apt  (Diocèse  d'),  CCX. 

Arcy-Sainte-Restitute   (Aisne),  GXVII. 

Argœuves  (Somme),  GLXXXIII. 

Arles  (Diocèse  d'),  CCVIII  et  CCIX. 

Arles  (Bouches-du-Rhône),  CGVHI  ; 
arrondissement  d'Arles,  CCIX. 

Armentières  (Aisne),  CXIX. 

Arras  (Diocèse  d'),  GLXXII  à  CLXXV. 

Arromanches  (Calvados),  XLI. 

Artres  (Nord),  CLXXVI. 

Athée  (Côte-d'Or),  XXI. 


Autriche  (?)  CCXCVI. 

Autun  (Diocèse  d'),  IV  à  IX. 

Autun  (Saône-et-Loire),  IV  el  V. 

Auxerre  (Diocèse  d'),  LXI. 

Avenches  et  puis  Lausanne  (Diocèse  d'), 

XXXI  à  XXXIX  bis. 
Avenay  (Marne),  GXX1. 
Balme  (La).  Voir  La  Balme  en  Faucigny. 
Barleux  (Somme),  GLV  et  CLVI. 
Bayeux  (Diocèse  de),  XLI. 
Bazas  (Diocèse  de).  CCLIII. 
Beaulon  (Allier; ,  IX. 
Beaurain  i  Aisne),  CXCII  à  CXCIV. 
Beauvais  (Diocèse  de),  CLXXXI. 
Bel-Air  (Suisse),  XXXI  à  XXXIV. 
Besançon  (Diocèse  de),  X  et  XI. 
Biron  (Charente-Inférieure),  CCX  1.1 1 1 

el  CCXLIV. 
Blo  s  (Loire-el-Chèr),  LIX. 
Boën  (La  Garde  près).  Voir  La  Garde. 
Bonn  (Prusse  Rhénane),  LXXXIU. 
Bons  on  Péiïgnier.  Voir  Pôrignier. 
Bordeaux  (Diocèse  de),CCXVet  CCXVI. 
Bordeaux  (Gironde),  CCXV  et  CCXVI. 
Boulogne-sur-Mer    (Diocèse  de), 

CLXXXIV  et  CLXXXV. 


380 


TABLES  GÉOGRAPHIQUES 


Bourges  (Diocèse  de),  CGXI. 
Bréhan  (Côtes-du-Nord),  LUI. 
Brény  (Aisne),  CXVIH. 
Bréry  (Jura).  X. 

Gambrai    (Diocèse    de),   CL  XX  VI, 

CLXXVII,  CLXXVIII. 
Caranda,  près  Cierges  (Aisne),  CXX  et 

CXXI. 

Carhaix  (Finistère),  LVII. 
Carthage  (Tunisie).  CCC,  CCCI,  CCCII. 
Cestres,  près  Verdonnet  (Côle-d'Or), 
XIII. 

Chalon-sur-Saône  (Diocèse  de),  XX  et 
XXI. 

Châlons-sur-Marne  (Diocèse  de),  CXXV 

à  CXXVIII. 
Ghâlons-sur-Marne,  CXXV.  —  Envi- 

vironsdeChàlons-sur-Marne,  CXX  VI. 
Charnay    (Saône-et-Loire),    XXV  à 

XXVIII. 

Chartres  (Diocèse  de),  LVIII,  LIX,  LX. 
Chef-Boutonne  (Deux-Sèvres),  CCLI  bis. 
Chouy.  (Aisne),  CXXIII  bis. 
Cierzac  (Charente-Inférieure),  CCXLVI. 
Ciply,  près    de  Mons  (Belgique), 

CLXXVII  et  CLXXVIII. 
Col-de-la-Magdelaine    (Savoie).  Voir 

La  Magdelaine. 
Cologne   (Diocèse    de),    LXXXIII  et 

LXXXIV. 

Compiègne  (Oise,  environs  de),  CXXIV. 
Corcoué  (Saint-Jean-de).   Voir  Saint- 

Jean-de-Corcoué. 
Cornouailles  (Diocèse  de),  LV,  LVI  et 

LVII. 

Corseul  (Diocèse  de)  LUI  et  LIV. 
Courtilles  (Suisse),  XXXIX  bis. 
Couvignon  (Aube),  XIX. 
Craon  (Mayenne),  LI. 
Dienville  (Aube),  LXVIII. 
Dietersheim  (  H  esse  -  Dar  mst  ad  t  ), 

LXXVII. 
Ennemain(Somme),  CLVU. 
Ependes,  près  Yverdon(Suisse),  XXXIX. 
Eprave  (Province  deNamur,  Belgique), 

CXIV. 


Ercheux  (Somme),  CLXX. 

Ermont  (Seine-et-Oise),  LXX. 

Esclaye,  près  Pondrôme  (Belgique). 
Voir.  Le  Tombois. 

Espagne,  CCXCIII  bis,  CCXCVTI  et 
CCXCVIII.  Voir  Huessa 

Fissy  (Saône-el-Loire),  XXIX. 

Forges  les-Mâcon,  près  Màcon  (Saône- 
et-Loire),  XXII. 

Franchimont  (Province  de  Namur,  Bel- 
gique), LXXXVII. 

Gamay  (Côte-d'Or),  VI. 

Garde  (La).  Voir  La  Garde. 

Genève  (Diocèse  de),  CXCV  à  CCI1I  : 
Diocèse  de  Genève  ou  de  Maurienne, 
ou  de  Tarentaise,  CCIV. 

Genève  (Suisse),  CXCV.  —  Environs  de 
Genève, CXCVI. 

Géronde,  près  Siders  (Suisse),  XXXIX 
ter. 

Hardenthan  ou  Yeulles.  Voir  Yeulles. 
Haulchin  (Belgique),  LXXXV. 
Hernies  (Mont-de-).   Voir  (Mont-de- 
Hermes. 

Herpès,  près  Courbilluc  (Charente  )  , 
CCXVII  à  CCXLII  ;  Appendice,  no  IV. 

Hesse-Darmstadt  (Allemagne,  Grand- 
Duché  de),  LXXXl. 

Hohberg,  près  Soleure  (Suisse),  XII. 

Huesca  (Province  d'Aragon,  Espagne), 
CCXCIII. 

Issigeac  (Dordognc),  CCL1I. 

Italie  (?),  CCXCIX. 

Jordils  (Les),  près  Yverdon  (Suisse), 
XXXV. 

Jouarre  (Seine-et-Marne),  LXX1I  bis. 

Jumelle  (Province  de  Namur,  Belgi- 
que), LXXXVI. 

Kérity.près  Penmarc'h  (Finistère),  LV. 

Kerland,  près  Penmarc'h  (Finistère), 
LVI. 

La  Balme-en-Faucigny  (Haute-Savoie), 
CXCVII  à  CGI. 
La  Garde,  près  Boën  (Loire),  II. 
La  Magdelaine  (Col  de-),  Savoie,  CCVà 
CCVII. 


TABLES  GÉOGRAPHIQUES 


381 


Langres  (Diocèse  de),  X  à  XIX. 

Laon  (Diocèse  de),  CLXXXVI  à  CXCIV. 

Laon  (Environs  de),  Aisne,  CLXXXVI 

bis. 

La  Tour,  près  Melle.  Voir  Tour  (La). 

Laubenheiro,  près  Bingen  (Hessc- 
Darmstadt,  Allemagne),  LXXVI. 

Le  Tombois  (Province  de  Namur,  Bel- 
gique). Voir  Tombois  (Le). 

Les  Jordils.  Voir  Jordils  (Les). 

Limoges  (Diocèse  de),  GGX1II  cl  GCXIV. 

Lisieux  (Diocèse  de),  XLII. 

Lisieux  (Eure),  XLII. 

Loire  (Département  de  la),  III. 

Lucy-Ribemont  (Aisne),  GXCI. 

Lyon  (Diocèse  de),  I,  II  et  III. 

Lyon  ou  ses  environs  (Bhône),  I. 

Mâcon  (Diocèse  de),  XXII  à  XXX. 

Mâcon  (Environs  de),  Saône-el- Loire, 
XXIII  à  XXVI. 

Macornay  (Jura),  XI. 

Magdelaine  (Col-de-la).  Voir  La  Magde- 
laine. 

Maguelonne  (Diocèse  de),  CCLIV. 

Maine  (Ancienne  province  du),  Appen- 
dice, n°  VII. 

Mans  (Diocèse  du),  XLIV  et  XLV. 

Marchélepot  (Somme),  CLVIlIàCLXIII. 

Maroué  (Côtes-du-Nord),  LIV. 

Martigné-Briant  (Maine-ct-Lo  ire), 
XLIX. 

Martigny,  puis   de   Sion   en  Valais 

(Diocèse  de),  XXXIX  ter. 
Mas-Marcou  (Aveyron),  CGXII. 
Maurienne  (Diocèse  de),  CCV  et  CGVH  : 

Diocèse  de  Maurienne,  de  Taren- 

laise  ou  de  Genève,  CCIV. 
Mayence  (Diocèse  de),  LXX1V  à  LXXX. 
ftîeaux  (Diocèse  de),  LXXII  bis. 
Mesnil-Bruntel  (Somme),  GLIV. 
Metz  (Diocèse  de),  LXXUI. 
Metz  (Lorraine  annexée),  LXXIII. 
Meuse  (Département  de  la),  LXXIII  ter. 
Milan  (Italie),  GXCVI  bis. 
Moislains  (Somme),  CI.XIV  àGLXVIII. 
Montbazin  (Héraull),  GGLIV. 


Mont-de-Hermes,  près  Hermès  (Oise), 

CLXXXI. 
Muizon,  près  Reims  (Marne),  CXV. 
Mulsanne  (Sarlhe),  XLV. 
Naix  (Meuse),  LXXIII  bis. 
Namur,     Belgique     (Province  de), 

LXXXVI  à  CXIV. 
Nantes  (Diocèse  de),  LU. 
Néris  (Allier),  CCXI. 
Nesle,   près  Verdonne.t  et  Oestres, 

(Côte-d'Or),  XIV  et  XV. 
Nesles-les  Verlingthum   (Pas-d  e-Ca- 

lais),  CLXXXV. 
Neufchâtel    (Aisne,    canton  de), 

CLXXXVII. 
Noyellette  (Pas  de-Calais),  CLXXII  à 

CLXXIV. 

Noyon  (Diocèse  de),  CXXIX  à  CLXXI. 

OberolmfHesse-Darmstadt,  Allemagne), 
LXXIV  et  LXXV. 

Oestrich  (Province  de  Nassau,  Alle- 
magne), CCXCV. 

Oulphey,  près  Mancey  (Saône-et- 
Loire),  XX. 

Paris  (Diocèse  de),  LXX,  LXXI  et  LXXII. 

Pérignier  ou  Bons  (Haute-Savoie),  CCII. 

Périgueux  (Diocèse  de),  CCLII. 

Poitiers  (Diocèse  de),  CCXLVI1  à  CGLI 
bis. 

Pouan  (Aube),  LXV. 

Pré-de-la-Cure,  près  Yvcrdun  (Suisse), 
XXXVI  à  XXXVIII. 

Prémont  (Aisne),  GXLV  et  GXLVI. 

Quincerot  (Yonne),  XVIII. 

Ramerupt  (Aube),  LXVI  et  LXVII. 

Reims  (Diocèse  de),  CXV  et  CXVI. 

Resteigné  (Province  de  Namur,  Belgi- 
que), XC. 

Rieppes,  près  Coulmier-le-Sec  (Côte- 

d'Or),  CCXII. 
Rodez  (Diocèse  de),  XVI  et  XVII. 
Rouen  (Diocèse  de),  XL. 
Rouen  (Environs  de),  Seine-Inférieure, 

XL. 

Rouillé,  près  Villemain  (Deux-Sèvres), 
CCL  et  CCLI. 


382 


TAULES  GÉOGRAPHIQUES 


Rndesbeim  (Province  de  Nassau,  Alle- 
magne), LX.XX. 

Saint- Brice,  près  Chartres  (Eure-et- 
Loir),  LVIII. 

Saint-Chamant  (Corrèze),  GCXTII. 

Saint-Jean-de-Corcoué  (Loi  r  e  -  linl'é- 
rieure),  L1L 

Saint-Lupien  ou  Somme-Fontaine  Voir 
Somme-Fontaine. 

Saint-Moré  (Yonne),  LXI. 

Sainte-Pétronille  (Gironde),  CGLIII. 

Saint-Pierre,  près  Saint-Monlan  (Ai- 
dèehc),  CCX. 

Saint-Fierre-du  Lac,  près  Beaufort 
(Maine-et-Loire),  L. 

Sainte-Sabine  (Côte-d'Or),  VII  et  VIII. 

Saintes  (Diocèse  de),  CCXVII  àCCXLVI. 

Samson  (Province  de  Namur,  Belgi- 
que), CVII  à  CXI. 

Saône-et-Loire(Départemenlde),  XXX. 

Savoie  (Ancienne  province  de),  CCIV. 

Seine-et-Oise  (Département  de),  LXXI 
et  LXXII. 

Séraucourt-le-Grand  (Aisne),  CXXX1X. 

Soissons  (Diocèse  de),  CXVII  à  CXXIV. 

Somme  Fontaine  ou  Saint-Lupien 
(Aube),  LXIX. 

Somme  (Département  de  la),  CLXX1. 

SpoiHin  (Province  de  Namur,  Belgi- 
que), CIV  à  CVI. 

Suarlée  (Province  de  Namur,  Belgi- 
que), CXIl  et  CXIII. 

Surgércs  (Canton  de),  Charente-Infé- 
rieure, CCXLV. 

Tarentaise  (Diocèse  de),  ou  diocèse  de 
Maurienne,  ou  diocèse  de  Genève, 
CCIV. 

Templeux-la-FoBse  (Somme),  CXLVIII 
à  CLIH. 

Tomtois  (Le),  au  hameau  d'Esclaye, 
prèsPondrôme  (Province  de  Namur, 
Belgique),  LXXXVIII  et  LXXXIX. 


Tongres  (Diocèse  de),  LXXXV  à  CXIV. 
Toul  (Diocèse  de),  LXX11I  bis  et  LXX11I 

ter. 

Tour  (La),  près  Melle  (Deux-Sèvres), 

CCXLVIII  et  CCXL1X. 
Touraine    (Ancienne    province  de), 

XLI1I. 

Tournai  (Diocèse  de),  CLXXLX  et 
CLXXX. 

Tournai  (Province  de)  Hainaut,  Belgi- 
que. CLXXIX  et  CLXXX. 

Tours  (Diocèse  de),  XLI1I. 

Travecy  et  Vendeuil  (Entre),  Aisne, 
CXLV1I. 

Trêves  (Diocèse  de),  LXXII  1er. 

Troyes  (Diocèse  de),  LXII  à  LXIX. 

Tunisie  Voir  Carthage. 

Turenne  (Corrèze),  CCXIV. 

Udenheim  (Hesse-Darmstadt,  Allema- 
gne), LXXIX. 

Vendeuil  et  Travecy  (Entre),  Aisne, 
CXLV1I. 

Verdes  (Loir-et-Cher),  LX. 

Vermard  (Aisne),  CXXIX  à  CXXXVII 
bis. 

Verrières  (Aube),  LXII  à  LX1V. 

Villeret  (Aisne),  CXXXVIII. 

Villevenard  (Marne),  CXXV1H. 

Vitry  (Pas-de-Calais),  Appendice,  n°  I. 

Vitry-le-François  (Marne),  CXXV1I. 

Voyennes  (Somme),  CLXIX. 

Wallers  (Nord),  CLXXV. 

Windisch  (Diocèse  de),  XII. 

Wittislingen  (Bavière),  CCXC1V. 

Wôerstadt  (Hessc-Darmsladt,  Allema- 
gne), LXXVI1I. 

Worms  (Diocèse  de),  LXXX1I. 

Worms  (Ilesse-Darmstadt,  Allemagne), 
LXXXII. 

Yeulles  ou  Handerthan  (Pas-de-Calais), 
CLXXXIV. 


TABLES  GÉ0GRAPU1QUES  ^83 


II 

Noms  des  localités  et  de3  collections  publiques  ou  privées  où 
sont  conservés  les  anneaux  et  les  objets  de  provenance  inconnue. 


Chantilly  (Château  de),  Oise,  CCLXXII. 

Chartres  (Musée  de),  Eure-et-Loir, 
CCLXX1II  et  GGLXXIV. 

Châtillon-sur-Seine  (Musée  archéolo- 
gique de),  Côte-d'Or,  CCLXXV. 

Laval  (Musée  de),  Mayenne,  CCLXXVI. 

Lyon  (Musée  de),  Rhône,  CCLXXVII. 

Madrid  (Musée  de),Espagne,  GCXCVII. 
Collection  de  M.  le  marquis  de  Flo- 
rès-Davila,  CCXGVIII. 

Nantes  (Musée  archéologique  de), 
Loire-Inférieure,  GCLXXVIII  à 
CCLXXXH. 

Paris.  Rarlhélemy  (Anat.  de),  GLXX. 
—  Bibliothèque  Nationale  (Cabinet 
des  Médailles),  CCLV  à  GCLXI.  — 
Gounelles  (Collection  de  M.  l'abbé), 
Appendice,  n°  VIII.  —  Laulrec  (de), 
CCLXXI.  —  E.  Le  Blant  (Collection 


de  feu),  CCLXXI  bis.  —  Louvre 
(Musée  du),  CCLXII  à  CCLXIV.  — 
Pichon  (Collection  de  feu  le  baron), 
CCLXV  à  CCLXVII.  —  Rollin  et 
Feuardent,  CCLXVIII  et  CCLXIX. 

Péronne(  Musée  communal  de),  Somme, 
CCLXXXIII  et  CGLXXXIV  ;  Appen- 
dice, n<>  VI. 

Saint-Maixent  (Charente),  M.  le  capi- 
taine Espérandieu,  professeur  à 
l'École,  CGLXXXV. 

Saint-Quentin  (Aisne),  Collection  de 
M.  Th.  Eck,  GCLXXXVI. 

Tournus  (Musée  de),  Saône-et-Loire, 
CCLXXXVII  et  GCLXXXVIH. 

Troyes  (Musée  de),  Aube,  CCLXXXIX 
et  CCXC. 

Vienne,  Autriche  (Cabinet  impérial 
de),  CCXCVI. 


TABLE 


DES  NOMS  ET  DES  INITIALES  DE  NOMS  DE  PERSONNES 


Nota.  —  Sout  imprimés  en  lettres  capitales,  les  initiales  et  les  noms  qui  sont  inscrits,  en  toutes  Iclln 
sur  les  anneaux.  Sont  imprimés  en  italiques,  les  noms  inscrits  sous  forme  de  monogrammes  ou  conn 
autrement  que  par  une  inscription  sur  l'anneau  même.  —  Les  chiffres  imprimés  à  la  suite  des  non 
désignent  les  numéros  des  notices  de  la  Description  des  anneaux. 


a  non  barré  et  v,  ou  bien  v  et  a  non 

barré,  LXXII. 
a  répété,  XCV. 

ABBO,  CCLXV. 

ABTO,  CCLX. 

AE,  CU  OU  CAF,  XCI1). 

Agilhrtus,  LXXII  bis. 
Agnus,  Appendice,  n°  VI. 

AILLA,  XCI. 

Aina,  CCXIV 

AIRINSVS  OU  AIRINSVSVS,  LXXXIX. 
ALDVNVS,  CCXIV. 

AU i ii us,  X. 

Ainalretus  OU  Alinarelus,  XLIX. 

ANTON1NOS,  Lï. 
ASBOLIVS  OU  ASBOLVS,  1. 
ASTER,  CCXV. 
AV  OU  VA,  LXXII. 

Audo,  CCXII. 
Augisa,  XXX IV. 
Aurea.  XLI. 

AVITVS,  CCXCIII. 

AVIVS(DIANA-f)OU  +  AVIVS-DIANA,CXVIII. 

Basina,  LXXXVI. 
Basina,  LXXXVIl. 


Basina,  CLXIV. 

Basina  (La  reine  Basine,  épouse  de 
Childéric  Ier  ?),  CLXXX  (ni  légende 
ni  monogramme). 

Baso  (Paso  pour),  Appen  J.,  n°  III. 

BAVBVLFVS  -  HARICVFA      OU      HAR1CVBA  , 

CXXVII. 
Benignus,  CCXLVIII  et  CCXLIX. 
bert eildis  Kegiiia,  CLXXXVI, 

BETTA  (DROMACIVS-),  XLV. 

Betlo,  XXI. 

Bolus  ou  Bobolus,  LXXXVIII. 
c  (deux)  entrelacés,  LXII. 
c(deux),  CCXIX. 

CAE  OU  AECE.  Voir  AECE. 

charimvndvs,  nom  de  monnayer  sur  un 
triens  servant  de  ebaton,  CLXXXIV. 

childiricvs  rex,  Childéric  Ier,  roi  des 
Francs,  CLXXIX. 

cHLOTARivsRE\-,leroiClotaireII,  sur  un 
sou  d'or  servant  de  chaton,  CCLVI. 

comodvs  (pour  commodvs),  LXXIII  ter. 

Comme,  LXXXIII. 

Constinus,  CCCII. 

cro[d]olenvs,  CCXLV. 


TABLE  DES  NOMS  ET  DES  INITIALES  DE  NOMS  DE  PERSONNES 


385 


CVNDOBERTVS,  CXVI. 

d  (deux  d  entracelés),  XV. 
d  et  r,  LVI. 

DAIL  OU  DVIL,  CLXXVIII. 

Dana  ou  Danna,  LXVI. 
deti,  CXC1I. 

DIANA  (AV1VS  +),  CXVI1I. 

Diana,  GCLXXXIII. 
disa,  CGV. 

DOMMIA,  XL. 
DOMOLINA,  GCXVI. 

[d]onobertvs,  CCXIII. 

DROMACIVS-BETTA,  XLV. 
DVIL  OU  DAIL.  Voir  DAIL. 
DVLCIS,  CCXI. 

e  (4  fois),  CXGV. 

Elanus  ou  Elanias,  CXV. 

Eli  sa,  LXVII. 

Ellis,  CXCIII. 

Endeus,  IV. 

Espanus,  CLXXXH. 

Eulalia  CXXVI. 

Eusebia,  CXIX. 

Etisebia,  Append.,  n°  II. 

Eusiccia,  CLXXXIII. 

Eulikus  ou  Euiïkius,  Eulichns  ou  Euti- 

chius,  GXX. 
Eva,  LXIX. 
Evara,  XII. 
f,  CXLV. 
Fagah,  LXXXI. 
Falco,  CLXXV. 
Faustina,  CCII. 
FE.  CLVIII. 
Felicia,  CLIV. 
Fovaua,  CCLVIII. 
Franc  us,  CCLXXXV. 
g  (entre  deux  s),  CCXLIII. 

GAVDIOSVS,  IX. 
GELOSIMVS,  GXLVII. 
GENELITIS,  CCXCVII. 

[g]iindihildvs    (iindihildvs  pour). 

CCXCII. 
Gisa,  CCXX. 
gisa,  Append.,  n°  VIII. 
Glauica,  CCLXI. 


GRAIF ARIVS,  XXXIX  tel'. 

Gregoria,  GCXLVII. 
Giulinns,  XXXI. 

GVLFETRVD,  CCLIII. 

GVNDIS,  CGLXVII. 

HARICVFA    OU   HARICVBA    (BAVBVLF  VS-), 

CXXVII. 
Hedela,  CXXI. 

HEVA,  LXV. 
HVN'ILA,  LXXVI. 

Hylyn,  CLXXXVI  bis. 

IIMDIHILDVS       (pOUl'       GIINDIHILDVS) , 

CCXCII. 

INTNI,  CCXXI. 

i.  s.  Voir  s.  i. 
Lia,  III. 
Isia,  VI. 

IWEQORDA,  CCXLVI. 

ian(ï«),  CCLII. 
Juniûnus ,  L. 

ivvecvs  (pour  ivvencus),  CCXCVI1I. 
l  (s  et).  Voir  s.  l. 

LAVNOBERGA,  XLIV. 
LEODENVS,  CXXIV. 

levbacivs,  XLIII. 

lvcivs  vervs,  sur  un  sou  d'or  au  nom 
de  cet  empereur,  qui  a  servi  de  cha- 
ton, CLXXXVII. 

m,  CCXXII. 

magno  ou  maono  (sco),  Append.,  n»  I  ; 
nom  mentionné  sur  un  cachet  tour- 
nant. 

Manda,  LXI. 

MARCONIVIA,  XLVI. 

Mariosa,  XLVIL 
Mario,  CLXXXV. 
Maura,  CLXXXI. 
Milita  ou  Mellita,  CXLVIII. 
micael,  CCLXVI. 
Misa,  CCXCVI. 
Monuddûs,  CCLXXII. 
n  (?). 

n.  s.  Voir  s.  n. 

NENNIVS-VADINEHNA,  CCXV1I. 
KONA,  CCX. 
OENEOS,  LU. 

23 


38  J 


TAULE  DES  NOMS  ET  DES  INITIALES  DE  NOMS  DE  PERSONNES 


OPPTATA  (PIA-).  VOIT  PIA  OPPTATA. 

Pasonc  (pour  Basone).  Voir  Basone. 

PAVLINA,  XLVIIl. 

pia,  XLIX  Iris. 

pia  opptata,  LXXII  ter. 

qvv  ou  ppq.,  GXXV. 

r  et  d  cursif.  Voir  d  et  r. 

r  (s).  Voir  s.r. 

ragnethramnvs,  LIX. 

Rana,  CXCVI  lis. 

rate  {Ratine  ?),  CGIX  ;  mentionné  sur 

l'anneau  de  Téela. 
regnovevs,  Append.,  n°  V.  Nom  gravé 

sur  une  boucle  de  ceinturon. 

ROCCOLA  OU  ROCCOLANA ,  CCLXVIH. 

Rosa,  CLXXI. 
Rosa,  CCLXIV. 
Runa,  CCLXXXI. 
rvsticvs,  GXVII. 
Rusticus,  CCC1. 
s.  e,  CXCV. 

s.  g  (!,e  g  est  entre  deux  s),  CCXLI1I. 
s.  i,  LV. 
s.  l,  CLV. 
s.  >:,  CCIV. 
s.  r,  CCLV. 

SABINVS,  LVII. 


satigeni  (sipvra-).  Voir  sipvra  satigeni. 
Savina,  CXCVI. 

SIPVRA  SATIGENI,  V. 

Sistus  (pour  Sixtus),  Append.,  n°  VII. 
Solalius,  CCLIX. 

TECLA,  CCIX. 

Iheganus,  CCLXXVIII. 
ticia  (?),  CXCV1I. 

TRASILDVS,  CCLXII. 

\titla,  CCXCIV.  Ce  nom  masculin, 
inscrit  sur  une  fibule  recueillie  avec 
un  anneau,  est  celui  du  possesseur 
de  ce  bijou. 

Vna,  XXVI. 

vtiga,  CCLXXVII. 

v  et  a  non  barré,  LXXU. 

VADINEHNA  (NENNIVS-).  Voir  NENNIVS-VA- 
DINEHNA. 

VALTNA  pour  VALENTINA,  CCXCIII  Us. 
VANDEREMARVS,  CCIII. 
VICTORINVS,  CCC. 
VIRIA,  CCL. 
WABLEGYSVS,  LXXXV. 

WARENBERTVS,  CCLXVIH.  C'est  le  110111 

du  donateur  de  l'anneau  de  Hoccola. 
x  '?  (initiale  ou  croix),  LXXIX. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES  MATIÈRES  PRINCIPALES 


Nota.  —  Les  chiffres  en  capitales  romaines  désignait  les  pages  de  Y  Introduction  ;  les  chiffras  arabes 
désignent  les  pages  de  la  Description  des  tfnneaux. 


A  cl  Gû,  symbole  religieux,  355. 

Abbés  (Anneaux  d'),  lviii,  44« 

Abbesses  et  de  religieuses  (Anneaux  ■('), 
lix;  Appendice,  n°  I,  p.  3f>7. 

Abréviations,  xxxix. 

Acclamations,  xxxvni  ;  vivas,  G7, 
cum  me  vivas,  354:  vivas  in  De, 
3,  195;  mecum  vivas  in  Deo,  3o6;  vi- 
vas mihi  diu,  38,  87  ;  vivat  in  Deo,  12G, 
i43;  vivat  in  Deo  cum  marito  suo; 
228  :  utere  felix,  40. 

Age  de  quelques  cimetières.  Voir  Cime- 
tières (Age  de  quelques}. 

Age  des  anneaux  décrits  (an  3 12  à  752), 
vu;  moyens  de  le  déterminer,  vni. 

Agneau  (L')(  avec  une  étoile  sur  le  dos( 
symbole  du  Christ.  Voir  Symboles 
du  Christ. 

Allégories,  xix  ;  reniement  du  Christ 
par  S.  Pierre,  18;  Promélhée  créant 
l'homme  à  l'image  des  Dieux  ?  2(3. 

Amen  (ln  Dei  nomine).  Voir  Invocations 
et  formules  religieuses. 

Animaux  mythologiques  ou  fantastiques, 
xxix,  41,  69,  114,  n5  et  passim. 

Anneaux  d'hommes,  de  femmes  et  d'en- 
fants {Nombre  respectif  des),  liv;  les 
anneaux  de  femmes  plus  nombreux 
que  ceux  des  hommes,  lv-lvi;  an- 


neaux de  mariage  ou  fiançailles,  de 
rois  et  reines,  d'évèques,  d'abbés, 
d'abbesscs  et  simples  religieuses, 
de  gens  de  profession,  sigillaires, 
de  simple  ornement.  Voir  Mariage  ou 
fiançailles,  Rois,  Reines,  Évêques,  Ab- 
bés, Abbesses  et  religieuses,  Gens  de 
profession,Sigillaires(Anneaux),Ornc- 
ment  (Anneaux  de  simple). 
Argent  (Anneaux  d'),  xi,  1,  5,  6,  14,  27, 
29,  44  et  passim;  filigrane  d'argent, 
xi,  270,  271;  argent,  doré,  xi,  266, 

275. 

Barbaricaircs  ou  damasquineurs  et  bro- 
deurs d'or  (Corporation  des),  xxi, 

322. 

Bénissant  ou  predicant  (Personnage), 

xxiv,  319. 
Li  odeurs  d'or  sur  étoffes.  Voir  Barba- 

1  icaires. 

Bronze  (Anneaux  en),  xi,  7,  12,  i3, 
17,  18,  2r  et  passim;  filigrane  de 
bronze,  xi,  179-180,  269;  bronze 
plaqué  et  incrusté  d'or,  xi,  320  ; 
doré,  xi,  266,  2(î7;  argenté,  xi,  218, 
333;  entaillé,  xi,  328. 

Bustes  d'homme  et  de  femme  affrontés, 
67. 

Cabochon  (Pierres  taillées  en),  c'esl-à- 


3b  8 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  D 


ES  MATIÈRES  PRINCIPALES 


(lire  dans  la  forme  hémisphérique, 
en  relief  sur  le  chaton,  xvm. 

Cabochons  ou  globules  de  métal,  accos- 
tant le  chaton,  au  nombre  de  4.  de 
3,  de  2  ou  d'un  seul,  xxn. 

Cachets,  Appendice,  nos  I,  II,  III  el  IV, 
p.  357  et  suiv.;  cachets  sur  plaques 
de  ceinturon,  ibid.  nos  V,  VI,  p.  365, 
366,  370;  sur  plaque  de  ceinture  de 
femme,  ibid.,  n°  VIII,  p.  370;  sur 
fibule,  ibid.,  n°  VII,  p.  368;  cachet 
tournant,  ibid.,  n°  I,  p.  357. 

Cerf  (Le),  symbole  du  Christ.  Voir 
Symboles  du  Christ. 

Chaîne  de  sûreté  (Anneau  avec),  xiv,  55  ; 
avec  chaîne  de  suspension,  xiv, 

l',0. 

Chandelier  à  sept  branches,  sur  anneau 
d'Aster,  israélite,  ccxv,  346. 

Chaton  des  anneaux,  en  ses  diverses 
formes,  xiv;  pris  dans  la  masse, 
ibid.,  6,  7,  8,  io,  12,  i3,  i5,  16  et 
passim  ;  soudé  sur  la  tige,  xiv,  4,  10, 
xi,  17,  23,  25,  26,  3o  et  passim  ;  tour- 
nant, xv,  i45,  207,  3o8. 

Chatons  (Anneaux  munis  de  deux),  xv, 
21,  52,  94,  109,  112,  243,  3o8,  328, 
349. 

Chevaux  à  l'abreuvoir,  intaille  antique 

sur  une  sardoine,  274. 
Christ  (Symboles  du).  Voir  Symboles  du 

Christ. 

Christe.  Voir  Invocations  et  formules  re- 
ligieuses. 

Cimetières  (Vûge  de  quelques)  :  de  Her- 
pès (Charente),  25i  ;  de  la  province 
de  Namur  (Belgique),  101  ;  de  Ver- 
mand  (Aisne),  149. 

Clous  (Les)  du  crucifiement,  xxvn,  1 13, 
174,  175;  Appendice,  n°  IX,  372- 
374. 

Colombe  (La),  symbole  du  Christ.  Voir 

Symboles  du  Christ. 
Comodus  pour  Commodus,  xxxix,  88. 
Con  pour  Cwn,  xxxix,  354. 
Consécration  religieuse  (Anneaux  de), 

i.x  n. 


Croiseltes,  xxvn,  55,  70,  72,  97,  et 
passim  ;  de  la  place  occupée  par  les 
croiseltes  sur  les  anneaux,  u. 

Croix,  en  ses  diverses  formes  :  à  bran- 
ches égales,  chrismée,  fichée,  four- 
chue, gammée,  grecque,  pattée,  po- 
tencée,  de  Saint-André,  can'onnée 
de  points  ou  de  lettres,  xxvi-xxvii, 
16,  17,  36,  43,  44,  66  et  passim  ; 
croix  avec  les  lettres  d'un  mono- 
gramme à  l'extrémité  des  quatre 
bras,  335  ;  et  en  outre  un  0  au  centre, 
3o3,  356. 

Cuivre  (Anneaux  en),  xi,  6,  11,  33, 
i38,  i58,  166,  167,  168,  237,  297, 
325;  en  laiton,  xi,  167-168;  doré 
xi,  297. 

Damasquineurs.  Voir  Barbaricaires. 

Dansant?  (Personnage),  xxm,  81. 

Devineresse?  (Scène  entre  un  guerrier  et 
une),  xxm,  5o. 

Double  (Anneau),  ou  deux  anneaux  su- 
perposés, xrv,  41  • 

Effigies  de  personnages  déterminés, 
xxiv,  16,  60,  67,  69,  90,  171,  189, 
234,  293,  3i4,  3i8,  344. 

Èmaillerie,  xvn  ;  cet  art  avait-il  été 
abandonné  au  ive  siècle?  i56. 
Émaux  :  blanc,  168,  3i8;  rouge, 
328  ;  bleu,  3o  et  328  ;  grisâtre,  1 1  ; 
noir,  i56et259;  plaques  d'émail,  i56; 
goutte  d'émail,  5. 

Émaux.  Voir  Èmaillerie. 

Emblèmes  religieux,  xxv  :  le  chande- 
lier à  sept  branches,  216;  le  chrisme, 
20,  21,  52,  128,  i3g,  i5o,  325,  326, 
349;  croix  et  croiseltes  dans  leurs 
diverses  formes,  xxvi;  instruments 
de  la  Passion,  xxvn,  47,  174»  17$- 

Étain  ou  plomb  (Anneau  en),  xn,  ?.43. 

Èvéques  (Anneaux  d'),  lviii,  44>  83, 
i43. 

Fabrication  (Procédés  de).  Voir  Procé- 
dés de  fabrication. 
Fect  pour  fecit,  xxxix,  23g. 
Fer  (Anneau  en),  xn,  19-20,  233-234. 
Fermoir  (Bague  munie  d'un),  XIV,  235 


TARLE  ALPHABÉTIQUE  DE  MATIÈRES  PRINCIPALES 


389 


Fiançailles  ou  de  mariage  (Anneaux  de). 
Voir  Mariage  ou  de  fiançailles  (An- 
neaux de) 

Fibule  (Cachet  sur).  Voir  Cachets. 

Ficit  pour  fecit,  xxxix,  128;  fici  pour 
feci,  dans  une  épitaphe  reproduite 
p.  i3o,  note  2. 

Figures  géométriques  et  autres,  gravées 
sur  les  anneaux,  xxix,  6,  16  et 
passim. 

Filigrane.  Voir  Argent  [Filigrane  d1)', 
Bronze  (id.  de)  ;  Or  (id.  d'). 

Formes  diverses  des  Anneaux  :  unie, 
hexagonale,  octogonale,  nonago- 
nale,  xiv. 

Formules  religieuses  et  invocations.  Voir 
Invocations. 

Fortune  (La  Déesse),  représentée  sur  une 
cornaline,  xix,  239;  la  Fortune  et 
la  Victoire,  représentées  sur  une 
cornaline,  xix,  38. 

Génie  (Figure  de  petit),  gravée  sur  une 
calcédoine,  161. 

Gens  de  profession  (Anneaux  de),  lix  ; 
anneau  de  l'orfèvre  Rusticus,  fabri- 
qué par  lui,  128;  anneau-cachet  du 
pharmacien  ou  médecin  pharmaco- 
polc  Donobertus,  239. 

Germanique  (Pure  forme  d'un  nom) 
sans  désinence  latine,  286. 

Globules  ou  cabochons  métalliques, 
accostant  le  chaton;  au  nombre  de 
4,  3,  2  ou  1,  xxii. 

Gothique  (Anneau  de  travail),  avec  le 
nom  gothique  d'Uffila,  347  ;  influence 
de  l'art  gothique  sur  l'art  occiden- 
tal, 348. 

Gravées  (Pierres).  Voir  Pierres  gra- 
vées. 

Hippocampe,  représenté  sur  le  2° 
chaton  d'un  anneau,  4l 

Incrustation  et  placage  d'or,  xx,  320; 
les  incrustations  cloisonnées  sonl- 
elles  un  ornement  caractéristique 
des  anneaux  mérovingiens?  54. 

Identifications  de  noms  inscrits  sur 
les  anneaux,  avec  des  personnages 


du  même  nom,  a  priori  peu  admissi- 
bles, lix,  i43. 

In  Dei  nomine.  Voir  Invocations  et  for- 
mules religieuses. 

Intailles  antiques,  employées  comme 
chatons,  xix,  26,  38,  ia4>  160, 
161,  23o,  261,  273,  332. 

Invocations  et  formules  religieuses, 
xxxvii  :  Christe,  336  ;  in  Dei  nomine, 
44;  in  Dei  nomine,  amen,  349;  Salva 
me,  337;  A  et  CO,  355. 

Jupiter,  représenté  sur  trois  intailles 
antiques,  xix  :  assis  sur  une  cathédra, 
tenant,  d'une  main  un  sceptre,  de 
l'autre  une  palère,  avec  l'aigle  à  ses 
côtés,  102;  le  même,  avec  l'aigle, 
qui  est  à  ses  pieds  et  le  regarde, 
262;  assis,  couronnant  son  aigle,  332. 

Main  et  doigts  auxquels  on  mettait  les 
anneaux:  de  mariage  ou  de  fiançailles. 
lxi;  de  consécration  religieuse, lxii  ; 
sigillaires  et  de  simple  ornement  ,lxiv. 

Magcster  pour  magister,  dans  une  épi- 
taphe reproduite  p.  i3o,  note  2. 

Mariage  ou  de  fiançailles  (Anneaux  de), 
lx,  38,  67,  i3ï,  14.7,  227,  243, -aSo, 
3o6,  3o8. 

Matières  premières  des  anneaux  Voir 
Argent  (Anneaux  d'),  Bronze,  Cuivre, 
Ètainou  Plomb,  Fer, Or,  Potin,  Verre. 

Médecin  pharmacopole  ou  pharmacien 
(Anneau  d'un).  Voir  Gens  de  profes- 
sion. 

Monnayer  (Nom  de),  inscrit  sur  un  tiers 
de  sou  mérovingien,  qui  a  servi  de 
chaton  pour  un  anneau,  200. 

Monogrammes  (Les);  composition  des 
monogrammes,  xlv  ;  leur  origine, 
xlvi;  explication  des  monogram- 
mes, xlvii;  précautions  et  règles 
à  observer  pour  le  déchiffrement 
des  monogrammes,  xlix-liv. 

Monogrammes  dont  les  lettres  sont  pla- 
cées aux  4  branches  d'une  croix,  355  ; 
avec,  en  outre,  un  0  au  centre  de  la 
croix,  3o3,  356. 

Obole  à  Car  on  dans  des  sépultures  de 


31)0 


TABLE  ALPITABÉTIQUE  DES 


MATIÈRES  PRINCIPALES 


la  seconde  moitié  du  ive  siècle,  142, 
i5i,  i55. 

Or  (Anneaux  d'),xx,  r,  2,  7,  8,  21,  2.3, 
2.4,  et  passim;  filigrane  d'or,  xi,  2, 
26,  40,330;  feuilles  d'or  employées 
en  paillon  uni  ou  quadrillé,  xi,  122, 
i23,  168  ;  incrustations  d'or,  xi,  320. 

Orfèvre  (Anneau  d'un).  Voir  Gens  de 
profession. 

Orientation  des  corps  dans  le  cimetière 
de  Herpès  (Charente),  252. 

Ornementation  des  anneaux,  xvi.  Voir 
Pierres  précieuses  etimitations,  Verro- 
teries, Émaillerie. 

Os,  terminaison,  au  nominatif,  de  noms 
de  la  deuxième,  déclinaison,  xxxix, 
60,  63. 

P  (La  lettre)  du  chrisme,  avec  la  signifi- 
cation du P  latin,  dans Spes  Dei,  p.  129. 

Paillon,  consistant  à  poser  les  gemmes 
sur  des  feuilles  d'or,  ou  sur  une  plaque 
de  métal  doré  ou  argenté,  uni  ou  qua- 
drillé, XVIII,  122,  123,  168,  218. 

Paléographie  des  anneaux  ;  formes  et  po- 
sitions diverses  des  lettres,  xxx  à  xxxvi. 

Palme,  symbole  du  Christ,  xxviii,  142. 

Pasone  pour  Basone,  Appendice,  n°  III, 
p.  363. 

Passion  (Instruments  de  Za),xxvn,  49, 
i75. 

Pharmacien  ou  médecin  pharmacopole 
(Anneau  d'un).  Voir  Gens  de  profes- 
sion. 

Pierres  gravées,  xviii;  pierre  gravée, 
trouvée  dans  le  tombeau  de  l'évèque 
saint  Agilbert,  xix,  83;  la  gravure 
sur  pierre  a-t-elle  été  pratiquée  par 
les  Mérovingiens?  xx.  Voir  Intailles 
antiques. 

Pierres  précieuses  ornant  les  anneaux, 
xvi,  4,  n,83,  88,  120,  121,  124,  162. 
elpassim;  imitations,  xvi,  n8,  120, 
121  et  passim;  mise  en  œuvre  des 
gemmes,  xvn. 

Placage  et  incrustation  d'or  et  d'argent. 
Voir  Incrustation  et  placage  d'or  et 
d'argent. 


Plaque  de  ceinture  de  femme  et  sur  pla- 
ques de  ceinturon  (Cachets  sur).  Voir 
Cachets. 

Plomb  ou  étain  (Anneau  en),  xii,  243. 
Pointe  (Anneau  muni  d'une  forte),  xiv, 
226. 

Poisson  (Le),  symbole  du  Christ.  Voir 
Symboles  du  Christ. 

Potin  (Anneau  en), nu,  162-163, 206-207. 

Prédicant  ou  bénissant  (Personnage), 
xxiv,  3 19. 

Procédés  de  fabrication,  xn,  102. 

Prométhée  créant  l'homme  à  l'image 
des  Dieux?  xix,  26. 

Reines  (Anneaux  de),  lvii;  anneau  de 
la  reine  Berteildis,  épouse  de  Dago- 
bert  Ier,  2o3;  anneau  de  mariage  de 
la  reine  Basine,  épouse  de  Childé- 
ric  Ier,  mère  de  Clovis  Ier  (?)  192; 
anneau  de  Hunila,  souveraine  ou 
princesse  de  race  gothique,  lviii, 
90;  anneau  de  Nona,  reine  ou  fille 
ou  sœur  de  roi  ?  236. 

Rois  (Anneaux  de),  lvi  :  anneau  du 
roi  Childéric  Ier,  ibid.  et  189;  an- 
neau attribué  à  Childéric,  Lvn; 
anneau  d'un  souverain  ou  prince 
goth,  nommé  Uf fila,  344- 

Roulette  (Dessin  à  la),  268. 

S  seul,  exprimant  signum,  2g3  ;signavi, 
100;  signavi  et  des  lettres  compo- 
santes d'un  monogramme,  5j,  60,  77 
et  passim  ;  S  barré,  exprimant  si- 
gnavi, 8,  i3,  79  et  passim;  signum, 
6,  10,  34  et  passim;  S  accompagné 
de  points,  ayant  la  même  valeur, 
281.  Voir  Sigles. 

Saint  Pierre,  avec  le  coq  chantant,  al- 
lusion à  la  prédiction  du  reniement 
du  Christ,  xxiv,  19. 

Salba  me  pour  salva  me,  xxxix,  337. 

Salva  me.  Voir  Invocations  et  formules 
religieuses. 

Sceatta,  monnaie  anglo-saxonne,  re- 
produite p.  347. 

Scènes  à  un  ou  deux  personnages,  gra- 
vées sur  les  anneaux,  xxin. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES  PRINCIPALES 


391 


Scgella(vil)  pour  sigilla(vit),  xxxix,  328. 

Seo  pour  suo  marito,  xxxix,  228. 

Sépulture  (Modes  de),  252;  orientation 
des  corps,  ibid. 

Sexe  des  défunts  dans  les  sépultures; 
moyens  de  le  déterminer,  2.52. 

Shin  hébreu  ou  les  clous  du  crucifie- 
ment? n3  et  Appendice, n°  IX, p.  572. 

SI  exprimant  signum,  64,  66,  io4; 
signavi,  108.  Voir  Sigles. 

Sigillaires  (Anne aux), lxiii  ;  quels  sont 
les  anneaux  qui  n'ont  pu  servir  à  cet, 
usage?  lxiii- lxiv. 

Sigles  :  le  S  seul,  le  S  barré,  le  S 
pointé  expriment  signum  ou  signa- 
culum,  quand  le  nom  est  au  génitif; 
signavi.  subscripsi  ou  sigillavi,  si  le 
nom  est  au  nominatif;  les  groupes 
si,  su  et  so  (pour  su),  ont  la  même 
valeur,  xli-xliv.  Voir  S  et  Si. 

Sisto  pour  Sexto,  Appendice,  n°  VII, 
p.  368. 

So(bscripsit)  pour  su(bscripsit),  xxxix, 
228. 

Sous  d'or  servant  de  chaton,  xxv  :  au 
nom  de  l'empereur  Lucius  Verus, 
207;  au  nom  du  roi  Glotaire  II,  295  ; 
avec  la  légende  Victoria  Auguslorum 
du  revers,  seul  visible,  287  ;  sou  d'or 
au  nom  du  roi  visigotli  Léovigilde, 
reproduit,  p.  346. 

Soudure  (Emploi  de  la),  soit  pour  fer- 
mer le  cercle  de  l'anneau,  xin,  soit 
pour  fixer  sur  la  lige  le  chaton  ou 
les  cabochons  qui  l'accostent,  xv. 


Spes  Dei  sur  un  sceau,  reproduit 
p.  129. 

Sustus  pour  Sixtus,  Appendice,  n<>  VII, 
p.  369. 

Symboles  du  Christ ,  xxvn  -  xxvm  ; 
animaux  :  l'agneau,  141;  le  cerf, 
ibid.,  la  colombe,  27,  81,  i/jr,  143, 
299,  Soi  note  1,  3i2,  341;  le  lièvre, 
141;  le  poisson,  85,  289;  symbole 
inanimé,  xxvm  :  une  palme  debout 
sur  sa  tige,  141. 

Table  (Gemmes  taillées  en),  c'est-à-dire 
à  plat,  xvn. 

Tiers  de  sou  d'or  mérovingien,  ayant 
servi  de  chaton  pour  un  anneau,  200. 

Tige,  ou  jonc,  ou  baguette  des  anneaux  ; 
formes  diverses,  an, 

Toilette  ou  d'ornement  (Anneauv  de), 

LXIV. 

Tournant  (Chaton),  145,  3o8. 
Vtere  felix.  Voir  Acclamations. 
Végétaux  représentés  sur  les  anneaux, 

XXIX,  I,  9,   116,  if)I. 

Verre  (Anneau  en),  xn,  20. 

Verroteries  de  diverses  couleurs,  au 
chaton,  xvn. 

Victoire  ailée  (La),  représentée  sur  le 
chaton,  38. 

Victoire  (La)  et  la  Fortune,  représentées 
sur  une  cornaline,  xix,  38. 

Vivas  ;  vivas  cum  me',  vivas  in  Deo; 
vivas  mecum  in  Deo;  vivas  mihi  diu. 
Voir  Acclamations. 

Vivat  in  Deo;  vivat  in  Deo  cum  ma- 
rito suo.  Voir  Acclamations. 


TÀBLli  ANALYTIOUR 


Toges. 

PRÉFACE   I 

INTRODUCTION 

§  1er.  —  Provenance  des  anneaux.  —  Leur  classement  géographique  .    .  vi 

§  2.  —  L'dge  des  anneaux   vu 

§  3.  —  Matières  premières.  —  Procédés  de  fabrication  et  formes  diverses 

des  anneaux   xi 

I.  Matières  premières   xi 

II.  Procédés  de  fabrication  et  formes  diverses  des  anneaux  .    .  xn 

1°  La  tige                                                              .  x:n 

2°  Le  chaton   xiv 

§4. —  L'ornementation  des  anneaux   xvi 

I.  Les  pierres  précieuses  et  leurs  imitations,  les  verroteries, 

l'émaillerie   xvi 

1°  Pierres  précieuses.   xvi 

2°  Imitations  des  pierres  précieuses.   xvi 

3°  Verroteries   xvn 

4°  Émaillerie   xvii 

IL  Mise  en  œuvre  des  gemmes,  des  verroteries  et  de  l'émail    .  xvn 

III.  Pierres  gravées.  Représentations  diverses   xvm 

IV.  Ornements  métalliques                                                 .  xxi 

V.  Figures  et  ornements  gravés  sur  le  métal   xxin 

1°  Scènes  à  un  ou  deux  personnages   xxm 

2°  Effigies  de  personnages  déterminés  et  figures  diverses.  xxiv 

3°  Emblèmes  religieux   xxv 

a.  Le  chrisme   xxv 

b.  Croix  et  croisctles   xxvi 

c.  Instruments  de  la  Passion   xxvn 

4°  Animaux  et  objets  divers,  symboles  du  Christ  ....  xxvn 


TABLE  ANALYTIQUE  393 

Pages. 

5°  Animaux  mythologiques  ou  fantastiques.  —  Animaux  d'es- 
pèces diverses  eL  indéterminées  -    .    .  xxix 

6°  Végétaux,  figures  géométriques  et  autres   xxix 

§  5.  —  Inscriptions  .   xxx 

I.  La  paléographie  des  anneaux   xxx 

1°  Formes  des  lettres  et  lettres  liées   xxxi 

2°  Positions  des  lettres:  rétrogrades,  couchées,  non  renver- 

sables  et  renversables    xxxiv 

a.  Lettres  rétrogrades                                         .  xxxiv 

15.  Lettres  couchées   xxxiv 

c.  Lettres  non  renversables   xxxv 

d.  Lettres  renversables   xxxvi 

IL  Les  légendes   xxxvn 

1°  Noms  propres   xxxvn 

2°  Invocations. —  Formules  religieuses  et  lettres  symboliques  xxxvn 

3°  Acclamations   xxxvnt 

4°  Énonciations  diverses   xxxvm 

5°  Particularités  orthographiques  et  grammaticales  .    .    .  xxxix 

III.  Abréviations,  initiales  et  sigles   xxxix 

1°  Abréviations   xxxix 

2°  Initiales  •   xl 

3°  Les  Sigles  ..    .    .    .  xl 

A.  Le  S  barré   xli 

B.  Le  groupe  Si,  la  lettre  S  et  le  S  pointé   xli 

C.  Le  groupe  Su  et  le  groupe  So  pour  Sw   xui 

IV.  Les  monogrammes   xlv 

1°  Composition  des  monogrammes.  —  Leur  origine  .    .    .  xlv 

2°  Explication  des  monogrammes   xlvh 

3°  Précautions  à  prendre  et  règles  à  observer  pour  le  dé- 
chiffrement des  monogrammes   xlix 

§  6.  —  Les  anneaux  selon  le  sexe,  la  dignité  ou  la  profession  de  leurs  pos- 
sesseurs   LIV 

I.  Anneaux  d'hommes,  de  femmes  et  d'enfants.   liv 

IL  Anneaux  de  rois  et  de  reines   lvi 

III.  Anneaux  d'évèques,  d'abbés,  d'abbesses  et  de  religieuses   .  lviu 

IV.  Anneaux  de  gens  de  profession   lix 

§  7.  —  Les  anneaux  suivant  leur  destination   lx 

I.  Anneaux  de  mariage  ou  de  fiançailles   lx 

IL  Anneaux  de  consécration  religieuse   i.xn 

111.  Anneaux  sigillaires  et  anneaux  de  simple  ornement   .    .    .  lxiii 


394  TABLE  ANALYTIQUE 

DESCRIPTION  ET  COMMENTAIRE  DES  ANNEAUX 
Dislinction  de  quatre  catégories  d'anneaux   i 


I 

Anneaux  dont  la  provenance  est  connue 


Première  Lyonnaise. 

Diocèse  de  Lyon   3 

•  —  d'Autun   7 

—  de  Besançon   ia 

—  de  Windisch   »4 

—  de  Langres   I,r> 

—  de  Chalon-sur-Saône   22 

—  de  Mâcon   24 

—  d'Avranches,  puis  de  Lausanne   3i 

—  de  Martigny,  puis  de  Sion  en  Valais   4° 

Deuxième  Lyonnaise. 

Diocèse  de  Rouen    ...   •  4' 

—  de  Bayeux.   42 

—  de  Lisieux.    .    .    .  •  •  43 

Troisième  Lyonnaise. 

Diocèse  de  Tours .    .    .    .    •   44 

—  du  Mans   47 

—  d'Angers   5i 

—  de  Nantes  ,   62 

—  de  Corseul   64 

—  de  Cornouailles   65 

Quatrième  Lyonnaise. 

Diocèse  de  Chartres.   60 

—  d'Auxerre   71 

—  de  Troyes   73 

—  de  Paris   80 

—  de  Meaux   83 


Première  Belgique. 

Diocèse  de  Trêves   

—  de  Metz  


TABLE  ANALYTIQUE  395 

Pages. 

Diocèse  de  Toul   87 

—  de  Mayence  "   89 

—  de  Mayence  ou  diocèse  de  Worms   ()5 

—  de  Worms   96 

—  de  Cologne   97 

—  de  Tongres   99 

Deuxième  Belgique. 

Diocèse  de  Reims   rj5 

—  de  Soissons   128 

—  de  Chalons-sur-Marnc   i45 

—  de  Noyon,  plus  tard  de  Saint-Qucnlin   149 

— ■  d'Arras   i83 

—  de  Cambrai   i85 

—  de  Tournai   188 

—  de  Beau  vais   rg5 

—  d'Amiens   197 

—  de  Boulogne  sur-M  r   199 

—  de  Laon   203 

Province  Viennoise. 

Diocèse  de  Genève   2i3 

—  de  Genève,  ou  diocjse  d'j  Muuiienne,  ou  diocèse  deTarentaise.    .  223 

—  de  Maurienne   •>.r>J\ 

Province  d'Arles. 

Diocèse  d'Arles   227 

—  d'Apt,  puis  de  Viviers   234 

Première  Aquitaine. 

Diocèse  de  Bourges   237 

—  de  Rodez   238 

—  de  Limoges   a3g 

Deuxième  Aquitaine. 

Diocèse  de  Bordeaux   a46 

—  de  Saintes  •    .  25o 

--  de  Poitiers   '  277 

—  de  Périgueux   285 

—  de  Bazas  •  286 

Province  Narbonnaise^ 

Diocèse  de  Maguelonne,  plus  tard  de  Montpellier   289. 


390 


TABLE  ANALYTIQUE 


II 

Anneaux  de  provenance  inconnue,  classés  par  localités  et  collections  françaises  où 

ils  sont  conservés. 

Paris. 

Pages. 

i°  Bibliothèque  nationale  (Cabinet  des  médailles)   i>.<)3 

2°  Musée  du  Louvre   3or 

3°  Feu  le  baron  Pichon  (Collection  de)   3o4 

4°  M.  Anatole  de  Barthélémy  (Collection  de)   3i3 

5°  M.  de  Lautrec  (Collection  de)  .  3i4 

G"  Feu  Edmond  Le  Blant  (Collection  de)   3if> 

Chantilly. 

Château  de  Chantilly  (Musée  Condé)   3i.r> 

Chartres  (Eure-et-Loir). 
Musée  de  la  ville   3 1 7 

Chatillon- sur- Seine  (Côte-d  Or). 
Musée  archéologique   3i8 

Laval  (Mayenne). 

Musée  de  la  ville   219 

Lyon. 

Musée  de  la  ville   3ao 

Nantes. 

Musée  archéologique   3a3 

Péronne  (Somme). 

Musée  communal   3*>.8 

Saint-Maixent  (Charente). 
Capitaine  Espérandieu  (collection  du).   33 1 

Saint  Quentin  (Aisne). 
M.  Th.  Eck  (Collection  de).    33  > 


TABLE   ANALYTIQUE  307 
Touruus  (Saône- et-Loire). 

Pages. 

Musée  de  la  ville   333 

III 

Anneaux  dont  la  provenance  et  le  possesseur  sont  inconnus   337 

IV 

Anneaux  trouvés  hors  du  territoire  de  la  Gaule   34 1 

APPENDICE 

Cachets,  boucles  de  ceinturon  et  fibules  avec  inscription   357 

ADDITIONS  ET  CORRECTIONS   375 

TABLES 

Tables  géographiques   377 

Table  des  noms  et  des  initiales  de  noms  de  personnes   38a 

Table  alphabétique  des  matières  principales   385 

Table  analytique.    .   3y2 


IMP. 


CAMIS  ET  C",  PARIS.  — 


section  orientale:  a.  burdin,  ANoiins. 


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