Notes épigraphiques
à la mémoire de Hans Lieb
Cette « chronique » que je dédie aujourd’hui à l’un des maîtres de l’épigraphie
latine gallo-germanique récemment disparu, Hans Lieb, n’en sera pas vraiment une.
Le projet n’ambitionne nullement de dresser le bilan des nouveautés épigraphiques
latines, ce qui est proposé par l’Année épigraphique. Le but de ces « Notes » est de
livrer des réflexions sur un certain nombre de travaux, directement ou indirectement
relatifs à la discipline, accompagnées de remarques techniques ou bibliographiques et
de propositions de correction d’inscriptions, le tout principalement axé sur les régions
occidentales de l’Empire. Au fil du temps, il m’est apparu que d’intéressantes publications paraissent de manière (presque) confidentielle, notamment dans le cadre de
catalogues d’exposition ou de collection muséale, livres ou brochures mal diffusés,
qui contiennent des informations précieuses, des rééditions ou des inédits ou simplement des photographies et qui, souvent, ne franchissent jamais la porte des bibliothèques de la spécialité. C’est notamment sur ces recueils que je voudrais attirer
l’attention, à côté des grandes collections dont il peut être également utile de signaler
les dernières livraisons, à côté aussi d’ouvrages collectifs ou de monographies dont le
fil conducteur principal est l’épigraphie. D’autre part dans les domaines annexes sont
publiés aussi des ouvrages qui alimentent directement la recherche épigraphique, je
pense en particulier à l’onomastique et à la toponymie, mais aussi à la prosopographie, ou à l’archéologie. Plutôt que de les examiner un par un, il m’a semblé plus
efficace de regrouper leur analyse critique ou leur présentation selon leurs affinités
scientifiques. Enfin, à l’occasion de diverses recherches, apparaissent des problèmes
de lecture, se révèlent des erreurs ou des doutes, que l’on souhaiterait traiter ou corriger sans pour autant entreprendre un article propre. Des suggestions aussi viennent à
l’esprit qui, de même, ne justifient pas davantage que quelques lignes.
La matière sera classée de la manière suivante : d’abord les recueils strictement épigraphiques, grandes collections puis catalogues ponctuels ; ensuite les
ouvrages proposant des études épigraphiques ou de la documentation ; puis les
domaines auxiliaires ; enfin les propositions de lectures, de corrections et les
suggestions.
A.a. Grandes collections : ILN, ILA, ILGL.
A.b. Recueils locaux ou thématiques : Grand, Saverne, Labitolosa, inscriptions
magiques, collections d’Uppsala, graffitis religieux.
B.a. Études épigraphiques : Actes du Congrès de Berlin, études sur la religion,
l’armée, les institutions municipales, l’esclavage.
B.b. Catalogues d’exposition.
B.c. Offrandes inscrites.
L’Antiquité Classique 86 (2017),
p. 195-242.
196
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
C.a. Sciences auxiliaires : onomastique, toponymie.
C.b. Prosopographie.
D. Notes de lecture.
A.a. Grandes collections
Parmi les grandes collections d’épigraphie gallo-romaine, deux séries font
preuve d’une belle vitalité. Les Inscriptions latines de Narbonnaise ont, coup sur
coup, publié plusieurs volumes importants : Alba en 2011, le premier tome des
Voconces en 2012, et en dernier lieu Valence (2013) sous la plume de Patrice Faure et
Nicolas Tran. Ceux-ci ont particulièrement soigné leur édition et travaillé en profondeur les aspects de synthèse, notamment l’épineuse question des origines de la colonie éclairées d’un jour nouveau grâce aux fouilles archéologiques qui permettent de
remonter aux années ’40 de l’époque tardo-républicaine ; une révision1 de la documentation proposant une interprétation intéressante de la dédicace à Asprenas (CIL
XII 1748 = ILN Valence 6) pourrait en faire une ville au statut directement romain.
Actuellement, une équipe dirigée par Sandrine Agusta-Boularot se consacre à
Narbonne, un morceau de choix. Deux études qui se superposent, sont venues
compléter le travail d’édition entrepris pour les Voconces. Un volume intitulé Les
Voconces et l’empire (2016), de B. Rémy, H. Desaye et F. Delrieux, auquel ont
collaboré P. Faure et B. Rossignol, recense 65 certi et 7 incerti qui appartiennent à
toutes les catégories sociales, du sénateur à l’affranchi, en passant par les chevaliers,
les notables locaux et les soldats, curieusement sans aucun marchand explicite. La
différence avec les Viennois apparaît ici, mais aussi dans le nombre de personnes
concernées, 100 (+8 ?) pour les Allobroges2. L’enquête a été précise et évite de se
fonder, comme par exemple Wierschowski, sur des comparaisons onomastiques
fragiles. Deux grandes parties divisent la matière, une synthèse de chaque catégorie
mettant bien en valeur la dispersion des origines et des lieux de déplacement, ce qui
illustre, une fois encore, le caractère unitaire de l’empire en un seul État, malgré de
nombreuses différences régionales. Le second « livre » répertorie dans le détail
chaque personnage, sur la base d’une notice épigraphique sommaire. Parfois trop
sommaire, comme au n° LXIII, où les dimensions sont dites « indéterminées » alors
que le monument se trouve au musée de Lyon et où la gravure d’une ascia n’est pas
mentionnée. En ce qui concerne les honorati locaux, l’étude fait double emploi avec
un gros article3 des mêmes auteurs qui leur est consacré. Étonnamment on y trouve
des contradictions flagrantes avec le volume, par exemple en ce qui concerne les
Iulienses présentés comme différents des Vasienses dans le volume (n° X, p. 92-95) et
comme identiques dans l’article (p. 264). À mon sens, rejoignant en cela Chr.
Goudineau et J. Gascou, c’est la seconde interprétation qui doit prévaloir. Dans tous
les cas, les institutions locales des Voconces posent des problèmes difficiles que
1
T. SILVINO et al., « Les origines de la colonie romaine de Valence (Drôme) », Gallia
68, 2 (2011), p. 109-154.
2
B. RÉMY et Fr. KAYSER, Les Viennois hors de Vienne, Bordeaux, 2005.
3
B. RÉMY, N. MATHIEU et H. DESAYE, « Les notables voconces au Haut-Empire »,
Gallia 70, 2 (2013), p. 257-293.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
197
généralement seules des hypothèses peuvent tenter de résoudre, à commencer par leur
double capitale et les évolutions de statut entre Vaison, Luc et Die. L’introduction des
ILN Voconces propose une version de ces questions, qui ne fait pas l’unanimité, mais
qui a le mérite d’exister et de tenir compte de la plupart des éléments documentaires
disponibles.
Les Inscriptions latines d’Aquitaine ne sont pas en reste. Le volume des
Bituriges Vivisques a vu le jour en 2010, édité par Louis Maurin et M. Navarro
Caballero, consacré de fait à Bordeaux4 puisque le territoire ne nous a presque rien
conservé. Les Lémovices ne devraient pas tarder, les Bituriges Cubes sont en chantier. Dans l’intervalle J.-P. Bost, G. Fabre et Laetitia Rodriguez proposent un recueil
hors normes puisqu’il ne traite pas d’une cité. La cause en est à la grande méconnaissance que nous avons des cités de l’Aquitaine méridionale et pyrénéenne sous le
Haut-Empire. La dénomination du volume est donc départementale moderne : les
Landes et les Pyrénées atlantiques (ILA 2015). En pratique cela signifie essentiellement les inscriptions de Dax (chef-lieu des Aquenses) et du sanctuaire de Mars
d’Aire-sur-l’Adour, d’Oloron, d’Hasparren (CIL XIII 412) et de quelques autres sites,
34 numéros au total. Une grande différence entre les collections est la présence de
l’instrumentum en Aquitaine, élément intéressant auquel la Narbonnaise renonce en
raison de l’abondance des textes. La notice introductive est très étoffée, faisant le
point de nos faibles connaissances sur le nombre et le territoire des civitates, l’archéologie des villes, sur l’onomastique et la société, la religion, mais aussi sur les monuments eux-mêmes dont les auteurs proposent une typologie. Le corpus épigraphique
est remarquablement édité. Aucune critique n’est à faire sur la qualité des lectures,
l’acribie des apparats critiques (un certain manque de précision toutefois pour le n° 9
qui est aujourd’hui mutilé mais qu’Hirschfeld a vu plus complet) et les excellentes
photos. La traduction de VSLM est un peu curieuse et ne me paraît pas vraiment
exacte : merito (à juste titre) signifie que la demande a été rencontrée et que la solutio
du vœu s’inscrit dans la logique du contrat. Traduire « comme il se doit » semble
indiquer plutôt une obligation morale ou même de savoir-vivre, ce qui ne correspond
pas à la pratique rituelle votive stricto sensu. Les datations sont souvent un brin optimistes, acceptant des critères contre lesquels nous avons mis en garde 5 , comme
l’absence de « deo » dans une dédicace religieuse (n° 14). Le commentaire suscite
quelques regrets, que l’on pouvait craindre à la lecture de la synthèse introductive.
Deux domaines en particulier proposent des interprétations discutables. L’onomastique d’abord, où l’idée autrefois émise par J.-P. Bost que certains noms romains classiques étaient choisis par la population au moment de son accession à la citoyenneté
romaine en vertu de leur caractère « chic », ce qui est possible assurément et de bonne
romanisation, est devenue ici une norme interprétative et sociétale. Les porteurs de
noms jugés « chics » sont d’office considérés comme appartenant à une élite, en
oubliant que ces noms étaient immédiatement transmis aux affranchis et que la diffusion des gentilices ne se cantonnait pas à une classe sociale bien définie. Les catégories modestes avaient parfaitement le droit de choisir, ou plus probablement de
4
5
Voir le compte rendu dans AC 81 (2012), p. 422-423.
RAEPSAET-CHARLIER 1993, p. 15-16.
198
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
recevoir, un de ces noms dont la valeur supposée est toute moderne. Or on retrouve
ces considérations répétées à plusieurs reprises avec des conclusions de nature sociale
trop marquées, en tout cas non avérées (n° 8, 10, 11, 14). Est-il en effet judicieux de
qualifier de « glorieux » le nom d’un affranchi Tib. Claudius, en ne pensant qu’à la
domesticité d’une grande famille, sans évoquer la possibilité d’un affranchi impérial ?
Quant au choix de noms grecs pour des esclaves, cela correspondait à la mode du
temps, depuis bien en avant dans l’époque républicaine. Faut-il dès lors qualifier le
maître de « pédant et snob » (n° 12) ? Supposer étrangers, venus de Narbonnaise ou
d’Italie, les probables affranchis du n° 30 sur la seule base de leurs surnoms peu
courants en Aquitaine – mais bien banals (Hilara et Niger) – me paraît aussi imprudent, d’autant que cela sert d’appui à une théorie sur la production des salaisons dans
la région. Autre pierre d’achoppement, la religion : d’une part l’interprétation de
« polyvalence » de Jupiter (n° 1), un concept incompatible avec le polythéisme, sans
référence aux travaux de J.-L. Schenck-David6 par exemple sur les dieux des Pyrénées ; d’autre part une vision dépassée des dieux locaux et de l’interpretatio (n° 2),
sans la moindre allusion à la religion civique ni au panthéon recomposé, sans aucune
bibliographie d’ouverture7. Absence de bibliographie aussi pour la traduction de pro
salute, limitée à la santé dans le cadre d’un culte défini comme guérisseur (n° 16). En
fin de compte un recueil parfait sur le plan épigraphique, qui procure des textes
soigneusement revus et sûrs, un outil de travail remarquable, mais dont on prendra
avec une certaine précaution la teneur des commentaires.
Toujours dans le domaine des inscriptions gallo-romaines, vient de paraître
dans la collection barcelonaise Instrumenta, le corpus des inscriptions des Éduens
rédigé par Y. Le Bohec (ILGL.2.Aedui). Se référant à la théorique collection des
« Inscriptions latines de Gaule Lyonnaise » autrefois entreprise par M. Le Glay mais
restée dans les limbes, à ma connaissance du moins, depuis son décès, le volume ne
s’inscrit pas dans les normes des grandes séries sœurs que sont (à l’origine) les ILN
ou les ILA ; il comporte des notices courtes, peu approfondies, des photographies
minuscules, souvent inutilisables, et une introduction sommaire. Aucun progrès d’édition n’est à signaler depuis les Inscriptions des Lingons du même auteur malgré de
nombreuses critiques. La première remarque concernera le long délai qui s’est écoulé
entre la fin de la rédaction et la parution. La bibliographie en est témoin qui ignore de
fait les travaux de M. Kasprzyk et P. Nouvel sur les limites de la cité8 et l’épigraphie
religieuse, ou ceux d’A. Hostein sur la famille d’Eporedirix9. Certes, ces références
6
Voir notamment J.-L. SCHENCK-DAVID, L’archéologie de trois sanctuaires des Pyrénées centrales. Contribution à l’étude des religions antiques de la Cité des Convènes, Cahors,
2005.
7
Voir RAEPSAET-CHARLIER 2015b, p. 176-181.
8
M. KASPRZYK, P. NOUVEL et A. HOSTEIN, « Épigraphie religieuse et communautés
civiques au Haut-Empire : la délimitation du territoire de la ciuitas Aeduorum aux IIe et IIIe
siècles », RAE 61 (2012), p. 97-115.
9
A. HOSTEIN, « D’Eporedirix à Iulius Calenus, du chef éduen au chevalier romain (Ier s.
av. J.-C. – Ier s. ap. J.-C.) », dans Fr. CHAUSSON (Dir.), Occidents romains. Sénateurs, chevaliers, notables dans les provinces d’Occident, Paris, 2009, p. 49-80.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
199
sont brièvement plaquées en fin de rubrique mais elles ne sont nullement exploitées
comme le montrent la question des inscriptions d’Auxerre non intégrées au corpus,
ainsi que l’absence des intéressantes remarques des auteurs sur le formulaire religieux. Les cartes qui localisent les inscriptions dans le territoire n’en méritent pas le
nom, sans échelle, sans aucune indication de repère (parfois une route, jamais une
rivière, aucune frontière). D’autre part, les incidences des recherches de Hostein10 sur
le statut de la cité et le droit latin, ne sont pas évoquées dans le bref chapitre introductif historique. On pourrait y ajouter de multiples manques bibliographiques dans le
commentaire, en particulier sur le problème des Mandubiens11. Peut-être trop récente
mais néanmoins dommage, l’absence de mention du projet de reconstitution de
l’inscription « en 1 250 fragments » d’Autun : seule figure la maigre récolte du CIL
(XIII 2657 = n° 170) dont une nouvelle édition12 a paru en 2012. Il s’agit là visiblement d’une inscription d’une extrême importance, également pour la localisation du
forum de la ville. Elle est ici très sommairement présentée sans commentaire particulier. De même Y. Le Bohec ignore le progrès des connaissances sur les dédicaces
au dieu Cobannus13 pour lequel il ne cite que l’inscription de Fontaine sous Vézelay
(n° 457), et non les alienae du Musée Getty, toutes de même origine, qui auraient dû
au moins apparaître dans le commentaire. Si l’on s’intéresse à la qualité des notices,
on devra regretter qu’elles soient très inégales : certaines ne procurent aucune information sur le monument lui-même (ni pierre, ni type, ni dimensions : ex. n° 475,
500), pour d’autres il n’est pas précisé clairement la date de découverte (ex. n° 41) ni
si le monument est conservé ou perdu. La lecture diplomatique n’est pas canonique et
il est bien difficile de l’utiliser comme référence de la lecture scientifique qui suit. Là
aussi il n’est pas toujours présenté de manière très précise quelles sont les lettres
conservées, conservées partiellement, vues autrefois, confirmées, l’usage des crochets
droits de restitution étant trop généreusement répandu (ex. n° 345). De plus règne une
certaine tendance à la correction afin de trouver des noms courants : il faut garder
Sestina (et non Sestiana au n° 342), Valera (et non Valeria au n° 352) par exemple
(également au n° 353). Le commentaire est succinct, réduit le plus souvent à une
information brève sur la caractéristique linguistique des noms, sans examen de leur
caractère original, sans explicitation claire du statut du porteur avec une omniprésente
confusion entre cognomen de citoyen et idionyme de pérégrin. Le contexte de découverte n’est souvent pas précisé et la nature du site à peine évoquée. Les datations
posent souvent un réel problème, en particulier pour les dédicaces religieuses. Une
10
Cf. A. HOSTEIN, La cité et l’empereur. Les Éduens dans l’Empire romain d’après les
Panégyriques latins, Paris, 2012, p. 379-419.
11
Cf. O. DE CAZANOVE et al., « Alésia, forme urbaine et topographie religieuse », Gallia
69, 2 (2012), p. 127-149 ; M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, « Alesia et ses dieux », L’Antiquité
classique 82 (2013), p. 165-194.
12
A. HOSTEIN, « L’inscription CIL XIII 2657 et la question de l’emplacement du forum
d’Augustodunum/Autun », dans A. BOUET (Ed.), Le forum en Gaule et dans les régions
voisines, Bordeaux, 2012, p. 273-275 (AE 2012, 956, sans texte).
13
M. DONDIN-PAYRE & A.M. KAUFMANN-HEINIMANN, « Trésors et biens des temples.
Réflexions à partir de cas des Gaules : Neuvy, Champoulet, Cobannus », Archiv für Religionsgeschichte 11 (2009), p. 89-120, spéc. p. 103-104 et 108-110.
200
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
mauvaise compréhension des conclusions de mon livre 14 sur le formulaire votif a
conduit l’auteur à des interprétations fautives qui me sont attribuées. Les considérations de nature religieuse offrent un amalgame inopportun entre les théories anciennes
à caractéristique mythologique et plurifonctionnelle et les conceptions de la religion
civique dans le cadre de la civitas, sans percevoir leur caractère incompatible. Que
peut bien être un « syncrétisme d’accumulation » ? (n° 19). À cet égard, les critiques
concernant le vœu dans lequel l’auteur voit chez W. Van Andringa (2002, p. 128-133)
l’affirmation d’une intervention de la cité dans les pratiques privées (p. 48) relève
assurément d’une lecture trop rapide d’un passage qui tend simplement à montrer que
nuncupatio et solutio d’un vœu appartenaient à une pratique rituelle codifiée. Les
allusions aux institutions sont peu nombreuses et souvent inadéquates : l’agglomération de Chalon ne peut « être un pagus » (p. 46) puisqu’un pagus est un territoire ; le
vicus de Brèves ne peut être placé sous les ordres d’un centurion, ce sont les artisans
de l’atelier de cuirasses qui le sont (n° 454). Quelques notes de lecture : n° 10, le nom
VELTVS qui n’est pas localisé pourrait être germanique15 ; n° 60 : la civitas dont la
défunte était originaire a fait l’objet d’une correction orthographique qui n’est pas
mentionnée : voir AE 1990, 755 ; n° 141 : on pourrait suggérer le nom celtique
[SVA]RIGILLVS (cf. CIL XIII 4433 de Metz) ; n° 211 : la lecture introduit une
mention de c(ivis) R(omanus) qui ne figure pas sur la pierre (la photo en témoigne) ;
n° 249 : le commentaire est très court pour ce tibicen dont la représentation n’est pas
fréquente : voir en complément l’étude du monument et de son relief par C. Vendries
(Latomus 72 [2013], p. 1022-1033). La critique de la notice d’AE 2009, 872 est surprenante puisque Le Bohec lui-même propose une lecture des lettres conservées sur le
bandeau supérieur ; n° 257 : on pourrait lire CATIANVS ; n° 290 : pour tenter
d’organiser les lettres conservées on pourrait songer à une affranchie : LVSILLA (ou
LVSELA) M(arci) l(iberta) ; c’est la lecture proposée dans la base de données ClaussSlaby ; n° 331 : MINVO est simplement le nom du père ; les interprétations imaginatives de P.-Y. Lambert sur un sobriquet en gaulois ne paraissent pas crédibles dans
une rédaction aussi canonique de l’épitaphe ; n° 416 : la lecture proposée est assurément fausse au vu de la photo qui est bien lisible, en tout cas à la deuxième ligne ; on
lit [-]ELLINI APPA ; il doit s’agir de la fin du patronyme (comme par exemple
[Marc]ellini) suivi de la fonction. Celle-ci pourrait être la même que dans l’inscription
du gutuater n° 165, où on lit également APPA que l’auteur a interprété comme apparator ou apparitor, ce qui est possible, mais qui pourrait être une fonction religieuse
locale ancienne portant un nom celtique16 ; n° 419 : pourquoi ne pas lire simplement
IVCCIVS ? ; n° 460 : ex stipibus ne signifie probablement pas « d’après une quête »
mais d’après le trésor du temple17 composé au départ de la iactatio stipis des fidèles,
ce qui implique l’intervention ou l’initiative d’une autorité ; n° 436 et 461 : dans un
ensemble de lettres non identifiées, il faut reconnaître la mention de la déesse Ritona
(cf. JUFER 2001, p. 59), ce qui n’est pas sans incidence sur le panthéon de la cité ;
n° 464 : il ne peut être question de restituer [RO]SMERTA étant donné que
14
15
16
17
RAEPSAET-CHARLIER 1993.
Cf. Velda et Veldes : REICHERT 1987, I, p. 771.
Cf. DELAMARRE 2007, p. 24.
Sur cette question voir notamment VAN ANDRINGA 2002, p. 120-121.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
201
l’inscription est complète à gauche (autopsie) et qu’il est clairement écrit SMERTV.
Les inscriptions sur métal ne sont pas comprises dans le corpus mais elles font l’objet
de brèves notices en annexe. Pour le n° D24, on notera que la commune de découverte est Cenves alors que l’objet est classé sous le nom du lieu-dit, la référence AE
2008, 900 manque et le commentaire sera heureusement complété par l’article de
Gallia 67 (2010). — En tout cas, et même si le recueil est imparfait et réclame beaucoup de prudence dans sa consultation, les inscriptions des Éduens sont une mine
onomastique incomparable, avec une richesse celtique exceptionnelle. Le fait est intéressant : qu’une cité aussi romanisée, montrée en exemple jusqu’au Bas-Empire pour
ses écoles, ait conservé une connaissance aussi active de l’onomastique gauloise
montre à quel point la romanisation ne se posait pas en termes d’oppression culturelle.
A.b. Recueils locaux ou thématiques
Des recueils locaux, consacrés à un seul site, ont également été récemment
publiés.
P. Vipard a réuni toutes les inscriptions lapidaires et sur bronze de Grand, en
cité des Leuques, dans un volume consacré à l’agglomération (DECHEZLEPRÊTRE
2013). Il faut s’arrêter un instant sur la nature du site qui a fait l’objet de trois
ouvrages récents. « Sur les traces d’Apollon », en 2010, qui présente brièvement la
problématique du site qui a été interprété, peut-être trop rapidement, comme le sanctuaire d’Apollon Grannus que visita Caracalla (voir la préface de J. Scheid), pose la
question de la localisation chez les Leuques (J.-M. Demarolle) et offre de courtes synthèses consacrées aux objets spectaculaires du site. Ensuite les deux premiers volumes
d’une nouvelle collection, l’un essentiellement dédié à l’épigraphie, le second à la
problématique des sanctuaires, comprenant les actes d’un colloque tenu à Grand en
octobre 2011 (DECHEZLEPRÊTRE 2015), qui s’intéressait à un nombre important de
ces lieux de culte monumentalisés en relation avec les agglomérations, qu’elles soient
chefs-lieux ou secondaires, liées notamment à des pagi ou des vici. Leur implantation
et leur développement dans le cadre de la mise en place des civitates à l’époque
augustéenne, un point qui n’a pas été repris en synthèse, a fait l’objet d’une note de
lecture de W. Van Andringa 18 qu’on lira avec profit en complément du volume
d’actes. La réflexion est menée avec méthode et replace avec pertinence la perspective mémorielle de l’éventuelle continuité gauloise dans l’évolution des institutions
impériales. On notera toutefois une tendance à confondre existence et monumentalisation qui conduit à décrire un processus progressif plutôt que des décisions prises
dès la mise en place administrative des cités précédant l’inauguration de l’autel de
Lyon19. L’archéologie donne en effet une impression de longueur, liée au temps de la
construction, qui ne reflète pas, ou pas nécessairement, l’organisation institutionnelle.
La question des « grands sanctuaires » du territoire n’est pas simple. La contribution
de C. Hartz sur l’historiographie de la question (p. 129-146) est lacunaire et réduc18
W. VAN ANDRINGA, « Note de lecture à propos de Dechezleprêtre 2015 », RAC 55
(2016), p. 4-7.
19
Sur cette problématique, on verra RAEPSAET-CHARLIER 2015a, p. 114-118.
202
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
trice, il serait regrettable qu’elle devienne la référence sur la question. Si certains sites
s’appuient sur des agglomérations relativement développées, comme Mandeure,
d’autres s’élèvent avec des monuments excessivement imposants par rapport à la
bourgade qui les jouxtent. C’est le cas de Grand, quoi qu’on dise parfois, car son
amphithéâtre, notamment, ne peut avoir eu comme public les seuls habitants du lieu.
L’interrogation sur ces sites qu’il faut absolument éviter de qualifier de « ruraux » car
ils concernent la civitas tout entière et jouent un rôle essentiel dans la pratique du
culte public des cités a été profondément renouvelée ces dernières années. Après des
articles précurseurs de J. Scheid20 qui remettaient sur le métier le rôle des institutions
dans la pratique religieuse, un ouvrage (DONDIN-PAYRE 2006) puis un colloque suisse
(CASTELLA 2008) ont marqué la recherche, réflexions collectives qui ont placé ces
sites, qu’ils soient suburbains, périurbains ou éloignés dans le territoire, également
aux frontières, au cœur du « polis-model » qui définit la religion comme civique dont
l’organisation émane des autorités de la civitas et où participent les élites dirigeantes
selon un calendrier officiel21. Ces travaux venant peu après la synthèse de William
Van Andringa de 2002, ont renouvelé l’approche et, peu ou prou, de manière explicite
ou non, la recherche ultérieure en dérive. Ces questionnements sont cultuels et leurs
sources, archéologiques, mais l’épigraphie y joue un rôle essentiel dans l’identification des divinités, dans celle des mécènes et des dévots, dans celle des institutions
impliquées, et aussi dans la difficile définition du vicus et du pagus.
Revenons au corpus épigraphique de P. Vipard. Tous les textes de Grand ont
été revus, et sont commentés avec un bon esprit critique. Il propose quelques nouvelles lectures (pour CIL XIII 5936, il exclut définitivement toute mention de Jupiter
héliopolitain) et une inédite qui serait une stèle tardive (n° 17). Dans le cas du n° 20
(= CIL XIII 5942 = ILTG 415), la lecture avancée ne me semble pas la meilleure. Y
voir avec Lazzaro 22 un affranchi de la colonie des Lingons serait une excellente
manière de donner un sens au texte et de comprendre les lettres conservées : lire le
nom Aquilinus / [c(oloniae) Li]ngonum l(ibertus) en tenant compte de la lecture
ancienne de ce bloc qui a souffert depuis sa découverte, apparaît comme une possibilité23 qu’on ne peut en tout cas rejeter d’office. Une véritable nouveauté originale
est la réédition corrigée du petit monument hexagonal de marbre blanc (CIL XIII
5943), dont on espère qu’il a bien été découvert à Grand. Accompagnant le texte ex
officina Iaficis, P. Vipard a identifié deux glyphes qui relient l’objet aux Telegenii,
une des plus puissantes sodalités africaines organisant des chasses dans l’amphithéâtre. Il serait très intéressant d’imaginer que cette sodalité avait une antenne dans
l’amphithéâtre de Grand.
20
Notamment « Sanctuaires et territoire dans la colonia Augusta Treverorum », dans
J.-L. BRUNAUX (Dir.), Les sanctuaires celtiques et leurs rapports avec le monde méditerranéen,
Paris, 1991, p. 42-57.
21
Voir SCHEID 2013 ; RAEPSAET-CHARLIER 2015b, p. 173-181.
22
L. LAZZARO, Esclaves et affranchis en Belgique et Germanies romaines, Paris, 1993,
p. 162 n° 149.
23
Si l’espace devait manquer pour une telle restitution, il faut rappeler, avec la notice
d’AE 2013, 1108 (ubi vide), que la présence du c de coloniae n’est pas indispensable à la signification “affranchi (de la colonie) des Lingons”.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
203
Un dossier a retenu plus particulièrement l’attention de l’auteur, celui
d’Apollon Grannus. Avec une sévérité peut-être hypercritique, P. Vipard a voulu
montrer que l’identification traditionnelle du titulaire du sanctuaire n’était pas fondée
avec suffisamment de certitude. Il cherche donc pour tous les fragments en question
d’autres restitutions possibles au point de faire appel à des épiclèses ou des interprétations fragiles. Ainsi envisage-t-il pour GRA dans un nom divin, Mars Gradivus, bien
rare dans les provinces, ou pour -ann, Cobannus exclusivement connu dans un site
des Éduens24. On trouvera le détail des hypothèses à la fois dans le corpus et dans un
article spécifique qu’il a consacré aux divinités de Grand dans le cadre du colloque
évoqué ci-dessus (p. 74-79). La question reste ouverte mais Apollon Grannus reste un
candidat intéressant. – Au total donc, le corpus de Grand n’est pas très épais et comprend des fragments d’interprétation très difficile. L’avoir complètement vérifié est
un acquis important pour l’histoire du site qui reçoit depuis peu une attention renouvelée de la part des chercheurs.
L’autre recueil d’inscriptions d’une seule agglomération paru récemment est
celui du Musée de Saverne (Tres Tabernae, cité des Triboques) (GOUBET 2015). Il
émane d’une équipe d’archéologues comprenant un jeune chercheur, N. Weiss, travaillant sur les questions d’onomastique. Aucun épigraphiste professionnel n’a participé à l’édition, ni supervisé le manuscrit et le résultat est décevant. Le recueil ne
répond à aucune des exigences de base de la discipline : les déchiffrements sont aléatoires, la bibliographie est incomplète et mal notée (Willemer pour Wuilleumier), les
fautes de latin sont légion, ni la copie diplomatique ni la lecture scientifique ne sont
canoniques et elles se contredisent à maintes reprises, les traductions sont approximatives, le commentaire quasi inexistant et le corpus ne comporte ni concordance ni
index. C’est d’autant plus regrettable que la richesse documentaire est significative,
les inscriptions difficiles ont toujours été mal lues y compris dans le CIL, les investissements d’édition consentis ont été importants. Qu’en retenir donc au niveau scientifique ? D’une part l’existence même du recueil et son contenu photographique qui
permet au lecteur expérimenté de tirer parti des éléments qui lui sont maladroitement
présentés, quitte à établir des comparaisons avec les autres éditions et notamment
l’étude iconographique de Faust (1998) qui a copié les inscriptions des monuments
funéraires qu’elle décrivait. La variété des nomenclatures dont les lectures peuvent
être globalement améliorées constitue un des apports principaux de ce volume. En
découle un chapitre onomastique approfondi qui permet, malgré là aussi des
faiblesses, de se faire une idée assez exacte de la population locale. Il faut cependant
attirer l’attention sur le fait que le comptage des citoyens et des pérégrins n’est pas
tout à fait exact et l’estimation culturelle un peu rapide. L’auteur du chapitre a
comptabilisé des soi-disant gentilices « grecs » qui sont en réalité des surnoms
(n° 120), n’ayant pas saisi que la catégorie n’existe pratiquement pas : le monde
oriental n’ayant généralement pas joui du droit latin, n’a donc pas eu la possibilité de
se forger des gentilices locaux, le fait débordant aussi sur les noms grecs en Occident ; il a aussi manqué des gentilices en raison de mauvaises lectures (n° 10, 100). Il
a sous-estimé l’élément germanique dans ses nomenclatures (voir aux n° 16, 28, 38,
24
Cf. note 13.
204
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
53, 45, 67, 106...), ce qui entraîne des conclusions partiellement inexactes. Une des
raisons de ces défauts réside assurément dans une bibliographie insuffisante,
lorsqu’on voit que les répertoires de Kakoschke pour les provinces germaniques ne
sont pas exploités, ni l’ouvrage édité par M. Dondin-Payre sur « Les noms de personnes ». Quelques remarques : n° 10 : lire les noms [-]VCIO VINDO et [-V]CIO
DIVIXTO ce qui procure deux noms de citoyens ; un dessin de restitution tenant
compte de la disposition de DM aurait permis une estimation assez exacte du nombre
de lettres manquant à gauche et peut-être une hypothèse de lecture du gentilice
(Minucius ou Viducius par exemple, mais beaucoup d’autres possibilités existent) ; le
nom féminin (sans doute) [-]etosse fait songer au nom rare Iatossa connu à
Neumagen (CIL XIII 4152) ; n° 14 : lire VIRIATHI pour le nom du père ; n° 49 : il
manque la référence AE 2000, 1069 ; n° 72 : lire sans doute, malgré l’état déplorable
de conservation de la pierre, Secundanio Felici (cf. infra) ; n° 77 : lire Mamertin(a)e ;
n° 100 : lire IASIAE, un gentilice ; n° 120 : un seul gentilice presque totalement
perdu [-]CI suivi du cognomen Eutycho, ensuite les noms des cinq fils donnés uniquement par le cognomen (ou le nom d’esclave ??) ; les noms ont été mal compris et
comptabilisés par groupe de deux de manière incorrecte.
Un cas plus limité en nombre retiendra ensuite notre attention : les inscriptions
de Labitolosa (MAGALLÓN BOTOYA 2013). Il s’agit d’un cas remarquable à plus d’un
titre. En effet cette cité du nord de l’Hispanie est inconnue des textes anciens. Seules
la fouille et la prospection en ont révélé l’existence et la qualité des investigations
permet aujourd’hui d’en retracer l’histoire. Une histoire étonnante avec un développement augustéen à proximité de l’oppidum de Tolous, une promotion au statut de
municipe latin et un abandon à la fin du IIe siècle sans explication actuellement satisfaisante. Du point de vue épigraphique, un ensemble exceptionnel retiendra l’attention : les dédicaces honorifiques retrouvées quasiment en place dans la curie. Très
soigneusement éditées et commentées par M. Navarro Caballero dans un chapitre
spécifique, elles autorisent, malgré un nombre limité, un tableau détaillé et précis des
élites locales. C’est dire si la portée de cet exemple unique proche de l’« ensemble
fermé » cher aux archéologues s’étend plus largement à la méthodologie de l’interprétation des honneurs locaux.
Recueil localisé et thématique, la publication (BLÄNSDORF 2012) des tablettes
de défixion de Mayence, découvertes en 1999 dans le temple d’Isis et de Mater
Magna, nous offre une remarquable édition commentée de ces textes exceptionnellement nombreux et bien conservés que des études ponctuelles nous avaient fait partiellement connaître. Plusieurs catégories peuvent être déterminées, celles dédiées à
Mater Magna elle-même, ou en association avec Attis, ou Attis seul ; celles adressées
à la divinité à la deuxième personne (« tu » ou « vous ») ; celles sans envoi à la divinité ; celles avec simple appel à des noms (féminins ou masculins) et les fragments.
L’édition est excellente accompagnée de relevés précis, de photographies aussi lisibles que possible, lecture diplomatique de chaque face, lecture scientifique de chaque
face, traduction allemande et commentaire ligne à ligne comprenant une description
linguistique, une structure du texte et une interprétation. Un modèle du genre auquel
on ne peut qu’adresser des félicitations. Mais l’ouvrage ne se contente pas du corpus.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
205
La première partie propose une brève synthèse des connaissances sur les cultes
« orientaux » et égyptiens dans l’Empire, puis dans les provinces germaniques avec
une bibliographie incomplète. La perspective du culte public et de la position des
déesses dans le panthéon officiel de Rome ne semble pas retenir l’attention de
l’auteur qui s’interroge sur la manière dont ces cultes se sont diffusés en Germanie,
proposant une influence des soldats d’Italie et de Narbonnaise plutôt que celle qui
aurait été due directement à des soldats originaires des provinces orientales, effectivement improbable. L’implication directe des empereurs flaviens, du sénat et de l’armée
dans la dédicace des temples par des esclave et affranchis impériaux (AE 2004, 1015
et 1016) au moment même où la dynastie régnante intègre Isis dans le culte public
aurait dû pourtant interpeller. D’autant que le temple des deux mêmes déesses élevé à
Aix-la-Chapelle (AE 2006, 864) leur associe les numina impériaux et la maison
divine. Autre chapitre introductif, l’étude synthétique des tablettes et de leur contenu
qui se distingue des modèles orientaux notamment par une absence de « règles » habituellement reconnues dans ces exemplaires, les rapprochements s’opérant plutôt avec
des défixions attiques, romaines et nord-africaines. Parmi les différents thèmes traités,
on retiendra celui de l’écriture qui fait l’objet d’une attention particulière avec des
tableaux récapitulatifs des formes de lettres qui peuvent avoir un intérêt technique
dans le cadre de l’instrumentum, au-delà de la question des pratiques magiques.
Globalement d’ailleurs l’édition de ces défixions peut être considérée comme une
leçon de déchiffrement de l’écriture cursive d’époque impériale. L’important recueil
des défixions de Mayence illustre également le développement des recherches en
matière de pratiques magiques. La plus grande partie des documents qui les attestent
vient d’Orient, mais des témoins comme la tablette de Baudecet, chez les Tongres
(ILB 167), ou plus récemment les turibula inscrits de Chartres (AE 2010, 950-952)
ont montré une importance certaine d’une magie positive dans les régions occidentales. Un volume publié à Liège dans le cadre des études papyrologiques dirigées par
M.-H. Marganne s’est intéressé aux différents aspects de l’écriture dans ces pratiques,
essentiellement dans le cadre des papyrus d’Égypte et de la religion grecque (DE
HARO SANCHEZ 2015). Dans une approche interdisciplinaire, l’ouvrage tente de
cerner les conditions de l’écriture, de l’utilisation et de la transmission des sources de
la magie antique. L’ensemble s’articule autour de trois thématiques : la mise par écrit
des textes magiques, la transmission des savoirs et la mise en contexte des pratiques.
Au titre des recherches qui aident à l’élucidation des usages latins, nous retiendrons
l’article de F. Graf qui examine au niveau méthodologique l’importance de la parole
et donc de l’écrit dans la puissance magique, mettant l’accent sur la divination et sur
les amulettes. Dans ces deux cas où les textes magiques ne sont pas prononcés,
l’écriture est garante de la formule rituelle. Deux contributions évoquent les formules
hermétiques utilisées dans les textes magiques pour crypter les énoncés. Le premier,
de S. Crippa, se penche sur les rituels et leur importance aujourd’hui bien reconnue
dans tous les pans des religions antiques, en particulier les voix, séquences sonores et
répétitions, dont le pouvoir réside dans l’étrangeté et l’énonciation, qu’elle place en
relation avec les savoirs hétérogènes du magicien. Le second, de M. Martin, s’intéresse aux mots « barbares » qui sont utilisés pour s’approcher du divin et se défaire du
langage humain. Ces séquences illisibles qui envahissent les tablettes de défixion au
er
I siècle de notre ère, l’auteur en recherche les formes anciennes dans les textes
206
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
classiques, avec un bel exemple chez Caton. Il évoque aussi le recours aux langues
« anciennes », comme le gaulois en Gaule, dont l’exemple de Baudecet, qu’il ne cite
pas, pourrait être une attestation.
Autre recueil ciblé, avec un contexte très différent, la réédition (après celle de
B. Thomasson en 1997) commentée des inscriptions grecques et latines de provenance parfois incertaine mais souvent romaine, des collections de l’université
d’Uppsala. L’intérêt est évidemment local, connaître et valoriser le patrimoine
suédois et rendre à Uppsala ses monuments longtemps mal localisés (notamment dans
le CIL VI). Mais il est aussi plus général dans la mesure où certaines inscriptions
relèvent de catégories particulières et leur commentaire détaillé retient l’attention.
Ainsi par exemple pour le n° 1, une épitaphe quasiment inédite25, qui témoigne de
l’existence d’un collège avec magister et décurions dans le monde des affranchis.
Pour le n° 10 (CIL VI 32776), malheureusement, le commentaire est obsolète. Fondé
sur un article de 1970, il dénie aux tria nomina la valeur de témoin de la citoyenneté,
en raison du cas marginal des marins de la flotte qui anticipaient leur citoyenneté de
retraite par un port des tria nomina dès l’enrôlement. Une importante bibliographie a
été consacrée à cette épineuse question au cours des 40 dernières années et on renverra plus précisément à DONDIN-PAYRE 2001, p. II-III pour un exposé détaillé de
cette problématique. On citera encore le n° 22 (CIL VI 8639 = I.I. XIII, 32), fragment
des fastes des ministri domus Augustae, un collège dont seule apparaît la fonction
funéraire, et qui rassemblait des métiers variés de la domesticité, topiarius, aedituus,
structor, a pisci[na ?], a valetudinario, par exemple. Un commentaire systématique
lui est attaché qui ne manque pas d’intérêt. Pour en revenir à l’édition on remarquera
qu’elle n’est pas absolument canonique, selon les standards actuels, sans lecture
diplomatique, sans apparat critique. Les photographies sont d’excellente qualité. Il
manque le renvoi à AE 1997, 1748 pour le n° 21.
Il faut également relever dans cet aperçu le recueil des graffitis à caractère religieux des Gaules et des Germanies établi par R. Sylvestre dans le cadre du Congrès
de Nyon 2015 consacré par la SFECAG au thème « Céramique et religion ». Ce
répertoire épigraphique bienvenu risque d’échapper aux spécialistes de la discipline,
enfoui qu’il est dans un volume très pointu de céramologie. L’auteur a répertorié pas
moins de 106 inscriptions qu’il classe par dieu dédicataire. Il fait ainsi apparaître la
forte concentration des dédicaces à Mithra, parmi lesquelles les récents témoignages
d’Angers apparaissent comme particulièrement rares et intéressants26 (déjà AE 2013,
1074-1075). Le corpus est illustré de manière assez complète et permet une comparaison des formulaires et des écritures. Une mise en évidence plus nette des gravures
avant cuisson, qui appartiennent à des commandes en atelier ou à des dons de potiers,
aurait pu donner lieu à des commentaires spécifiques. Un index qui aurait permis de
regrouper les textes par site eût été fort utile. Le catalogue est très complet, bien au
25
H. ARMINI, Conlectanea epigraphica, Göteborg, 1923, 5-6 ; THOMASSON 1997, 132 ;
n’a pas bénéficié d’une insertion dans l’AE.
26
M. MOLIN, J. BRODEUR et M. MORTREAU, « Les inscriptions du mithraeum d’Angers/
Iuliomagus (Maine-et-Loire) », Gallia 72, 2 (2015), p. 417-433.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
207
courant de découvertes récentes. On regrettera toutefois l’absence de Belisama de
Liberchies, désormais AE 2013, 1121. Le graffito de Theux-Juslenville CIL XIII
10017, 2 qui a échappé aux ILB est bien cité mais sous une localisation peu claire qui
ne permettra aucun lien avec le temple et sa dédicace (ILB 46bis). Un problème se
pose pour le graffito du vase de Séraucourt RIG II, 2, L-79 (n° 79) qui n’est pas
nécessairement une dédicace religieuse mais pourrait être plutôt un don entre personnes27. Une notice est à supprimer, le n° 83 : le graffito gallo-grec de Beaucaire ne
peut en aucune manière être rapporté au théonyme Smerturix attesté à Jupille (AE
2006, 842). Non seulement rien n’indique qu’il s’agisse d’un graffito de nature religieuse mais sa lecture SMERPMO (en lettres grecques) n’autorise aucun lien pertinent avec les théonymes de la racine celtique smert- (cf. M. LEJEUNE RIG G-176 qui
ne propose aucune interprétation) ; de surcroît ce rapprochement formel pourrait renvoyer à un des multiples anthroponymes construits sur ce lexème, d’autant que l’objet
a été trouvé dans une tombe. Dans le cadre d’un rapprochement linguistique douteux,
l’auteur a choisi la version religieuse et sélectionné le théonyme de Jupille plutôt que
Smertrius ou Smertulitanus davantage attestés : au total ce sont des interprétations
non fondées qui risquent fort d’être prises pour argent comptant dans les études et
répertoires ultérieurs.
B.a. Études épigraphiques
Parmi les ouvrages proposant des études épigraphiques, il faut évidemment
épingler les Actes du Congrès international AIEGL de Berlin (ECK 2014). Publiés au
sein des volumes annexes du CIL, ces actes constituent un volume touffu traitant
davantage du monde grec et oriental que de l’Occident. Nous retiendrons quelques
communications significatives dans chacune des rubriques qui ont structuré le Congrès. Dans la section plénière consacrée à l’espace urbain, l’article de Chr. Witschel
concerne nos régions par ses remarques méthodologiques sur la manière dont les fora
étaient peuplés de statues et monuments honorifiques dans l’Empire. Si l’Espagne
méridionale surtout et l’Afrique ont des places publiques largement dotées de ces
inscriptions, l’exemple des dossiers de Cologne et de Bordeaux montre que, dans les
Trois Gaules (et les Germanies), il en allait différemment. Il convient de tenir compte
de ces nuances régionales dans l’appréciation de l’épigraphie qui, dans ces régions,
était avant tout funéraire et religieuse. Dans la session dédiée à l’épigraphie rurale,
l’article de R. Haeussler retiendra l’attention par sa comparaison en Narbonnaise entre
les types et la répartition des inscriptions religieuses, dans la colonie de Vienne d’une
part, dans d’autres cités plus méridionales d’autre part. Dans le premier cas, il est clair
que partout sur le territoire on trouve une forte romanisation des textes rédigés selon
les mêmes standards qu’au chef-lieu. L’auteur en déduit que les cultes du territoire
répondent aux caractéristiques du culte public avec une forte implication des autorités
et des élites. Par contre dans les cités d’Aix ou de Nîmes, on trouve une grande
variété de divinités très locales, des monuments plus simples, parfois très courts. Cela
signifierait une plus grande distinction d’avec le culte public et un choix de divinités
27
E. DUPRAZ, « Le vase de Séraucourt : du support archéologique à l’interprétation
linguistique », Zeitschrift für celtische Philologie 62 (2015), p. 1-19.
208
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
inspirés davantage par des critères locaux. L’article s’inscrit directement dans la perspective d’une religion publique minime concentrée dans les mains de l’élite et décalée
par rapport aux pratiques des « autres ». On peut se demander si les conclusions sont
correctes dans le rapport entre caput civitatis et territoire, entre élites et peuple. La
répartition que l’auteur remarque entre différentes zones de l’immense cité nîmoise, et
qu’il met en relation avec les oppida Latina que la cité a absorbés donne peut-être une
clef de lecture qui serait celle des pagi. Si l’on suit le raisonnement proposé, les habitants de la colonie de Vienne auraient été davantage influencés dans leur choix religieux par les élites coloniales que ceux de la colonie de Nîmes, d’Apt ou d’Aix.
N’est-ce pas prendre le problème à l’envers et ne faut-il pas plutôt envisager que les
cultes méridionaux étaient différents et que leurs rituels réclamaient d’autres formes
de dévotion ? Le droit latin ne serait-il pas aussi une explication d’une plus grande
liberté d’action en tous domaines ? De cela en tout cas il n’est pas question ici, ce qui
limite la portée des interprétations. Dans les sections thématiques, les communications sont ramenées à de simples résumés de deux, éventuellement trois pages. La
rubrique militaire comprend trois articles occidentaux. P. Cosme s’interroge sur
l’impact qu’a pu avoir sur la présence à Rome de dignitaires provinciaux, et de là sur
le recrutement des témoins des diplômes militaires, de l’incendie du Capitole et des
tables de bronze fondues que Vespasien a fait recopier. Chr. Schmidt Heidenreich
insiste sur l’importance de l’affichage dans les camps militaires, textes normatifs,
textes commémoratifs (surtout de l’activité impériale) et textes informatifs (des événements de l’empire), l’empereur tenant à obtenir l’adhésion de ses soldats par une
correcte information du cadre de fonctionnement. Fr. Bérard s’intéresse à la garnison
de Lyon et constate que leurs monuments funéraires ne se distinguent pas des parallèles civils. La rubrique traitant de l’épigraphie privée se consacre essentiellement aux
graffitis de Pompéi. Le Congrès s’est aussi penché sur les programmes de digitalisation et propose une brève description de projets en cours. Une section était ensuite
dévolue au groupe FERCAn, ce qui ne manque pas de surprendre quand on sait
combien souvent leurs travaux épigraphiques sont défectueux. Il est regrettable
qu’une institution comme l’AIEGL accorde une tribune à ce groupe aux perspectives
scientifiques discutables28. W. Spickermann y examine sept inscriptions religieuses
des Germanies nouvellement éditées ou relues, portant un théonyme indigène. Les
critères de choix ne sont pas explicités, pourtant la liste de la période 2001-2010
annoncée devrait comporter plusieurs autres nouveautés intéressantes (voir par
exemple AE 2001, 1436-37 ; 2001, 1431 = 2011, 797 ; 2006, 842 ; 2010, 1005-1006).
En ce qui concerne le Mars Cicolluis de Mutigney (AE 2004, 998), il convient de le
rapprocher de la découverte épigraphique au village voisin de Dammartin-Marpain
(AE 2010, 1066) ainsi qu’avec les données archéologiques locales qui permettent de
restituer un sanctuaire de frontière entre les Séquanes et les Lingons consacré à
Mars29. P. de Bernardo Stempel et M. De Albentiis Hienz tentent ensuite une classification des épithètes d’Apollon en milieu celtique, s’attachant à des rapprochements
28
Voir RAEPSAET-CHARLIER 2015b, p. 184-191.
Voir M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, « Les cultes des Lingons, l’apport des inscriptions »,
dans O. DE CAZANOVE et al. (Ed.), Étudier les lieux de culte en Gaule romaine, Montagnac,
2012, p. 41-43.
29
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
209
sémantiques qui montreraient que les épithètes latines ou celtiques sont souvent le
calque des épithètes grecques. Les cas où l’« épithète » correspond en fait à une interpretatio ne sont pas compris autrement que comme un procédé syncrétique qui ignore
délibérément tout des avancées récentes et anciennes en ce domaine. G. Bauchhenss
cherche lui des parallèles méditerranéens pour les « Doppelgöttinnen » du monde
indigène gallo-romain et propose de les rapprocher des Fortunae, Cereres et
Nemeseis qui ont des fonctions identiques. Dans la section « funéraire », on retiendra
l’examen des tombes et mausolées des sénateurs (B.E. Borg), celui des stèles et
cippes avec dialogue entre défunt et passant à Aquilée (Cl. Zaccaria) et celui de la
typologie des monuments en Aquitaine (M. Navarro Caballero). Typologie très classique qui emprunte ses modèles en Italie mais qui en modifie la décoration dans le
courant du IIe siècle. Une rubrique propose ensuite de considérer l’inscription comme
un « media » de communication. On y trouve la question de la damnatio memoriae
(St. Benoist, Chr. Hoët-Van Cauwenberghe et S. Lefebvre), celle des dédicaces d’arcs
monumentaux (C. Blonce) et celle des statues féminines non impériales dans l’espace
public (E. Hemelrijk). Moins nombreuses, moins répandues que celles des hommes,
ces statues témoignent cependant d’une place officielle concédée aux femmes qui ont
pu et su jouer un rôle réel dans la vie de la cité. Dans les nouveautés, W. Eck propose
une brève description de la loi municipale de Troesmis, A. Hostein développe son
programme de reconstitution de l’inscription d’Autun en 1 250 fragments (quatre
fragments dans CIL XIII 2657 ; ILGL.2.Aedui n° 170), L. Kaumanns mentionne les
découvertes d’Ostie, L. Chioffi celles de Capoue, et J. Prag la rostra inscrite de
Trapani30 en rapport avec la bataille des Îles Égades. Enfin le volume se referme sur
une étude de la philosophie qui a présidé à la confection de l’inscription de Diogène
d’Oinoanda (J. Hammerstaedt). Une somme de recherches, surtout de projets à développer et à publier in extenso, mais un regret : l’absence d’index pour naviguer dans
ce paquebot.
Parmi les nombreux ouvrages qui exploitent la documentation épigraphique de
manière approfondie, retenons quelques volumes intéressants, dans le domaine de la
religion, de l’armée, des institutions et des élites municipales ainsi que du monde
servile.
Un colloque s’est tenu à Cologne en 2009 sur le thème « Weihealtäre in
Tempeln und Heiligtümern », dont les actes sont parus en 2014 sous la direction
d’Alexandra Busch et Alfred Schäfer. La particularité des communications était de
tenter de replacer dans leur contexte les nombreux autels généralement votifs mis au
jour essentiellement dans la partie occidentale de l’Empire. En quelque sorte en introduction, J. Rüpke tente de déterminer quelles sont les caractéristiques qui peuvent
éventuellement déterminer une individualisation des autels au sein de la massification
standardisée des monuments et quels sont les messages que les inscriptions transmettent au-delà de la simple dédicace. Une entreprise difficile qui demande une certaine conviction pour être concluante. J. Scheid, ensuite, rappelle utilement à propos
des exemples de Rome et de l’Italie, mais avec des correspondances partout dans
30
Cf. AE 2012, 633-636 ; depuis JRA 27 (2014), p. 33-59.
210
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
l’Empire, que tous les autels ne sont pas identiques dans leurs fonctions, autel de
sacrifice et autels de dédicace, les uns officiels et consacrés, les autres relevant de la
pratique privée et correspondant en fait à une offrande, avec toutes les implications du
terme « sacer » (cf. Cicéron, Dom., 136). W. Van Andringa s’intéresse à Pompéi et
cherche à définir les espaces du sacrifice dans les lieux de culte, avec une attention
particulière dévolue à l’application des principes vitruviens dans l’orientation des
autels, selon que les dieux sont ancestraux, romains ou étrangers, mais aussi à la
valeur que pouvait contenir l’érection d’un nouvel autel en tant que concession à la
divinité d’une enclave délimitée, apte à recevoir les offrandes. On parcourt ensuite les
provinces et les sites pour tenter de déterminer les caractéristiques locales des dédicaces : un aperçu général de la typologie dans les régions frontalières de l’Europe
(M. Scholz), le Conventus Tarraconensis (C. Berns), Carnuntum, son temple de
Silvanus et les Quadriviae (G. Kremer), Cologne (F. Naumann-Steckner), Bonn
(G. Bauchhenss, avec un corpus de textes et de photographies), la Civitas Helvetiorum (Th. Luginbühl), les autels de Nehalennia – dont l’auteur indique en postscriptum qu’ils ne relèvent pas de la Germanie inférieure mais de la Belgica chez les
Ménapiens – ici mis en parallèle, notamment typologiquement, avec les exemplaires
issus des temples « ruraux » de Germanie inférieure (T. Derks), le sanctuaire du
Monte do Facho en Galice (Th. Schattner, J. Suarez Otero, M. Koch), Alburnus Maior
(C. Ciongradi), les divinités des carrefours dans les deux Germanies (D. Schmitz), le
sanctuaire de Maryport en Bretagne et sa remarquable collection d’autels
(J. Coulston). Un autre point de vue est développé dans une autre série d’articles,
celui des dévots : dédicaces des Augustales (R. Neudecker), dédicaces militaires à
Rome (A. Busch), ou sur le limes de Germanie et de Rhétie, en particulier aux divers
génies, à Minerve et à Fortuna (O. Stoll), de même en Asie Mineure (R. Haensch), et
à la charnière des deux thèmes, l’étude des autels offerts dans les sièges de gouvernement et dans les stations de bénéficiaires (A. Schäfer), complété par l’examen d’un
des sites les mieux conservés à cet égard, la station d’Obernburg am Main (B. Steidl).
L’ouvrage se clôture sur un site original de l’Antiquité tardive, l’ensemble de St
Gereon à Cologne qui a rassemblé en remploi dans son portique un grand nombre de
monuments votifs antérieurs et de décorations de temples « païens », à propos
desquels U. Verstegen s’interroge sur les motivations qui ont présidé à ce choix.
En ce qui concerne l’armée, vient de sortir de presse une synthèse attendue,
celle de François Bérard sur L’armée romaine à Lyon. Nous ne retiendrons ici que
l’appendice épigraphique, corpus soigneusement révisé des épitaphes militaires de la
colonie et ses commentaires onomastiques. Sur le plan éditorial proprement dit, le travail est impeccable et ce recueil doit désormais servir de référence en attendant les
Inscriptions latines de Lyonnaise, prévues mais sans date. La révision des monuments
a été fructueuse et plusieurs anomalies, notamment dans les dénominations, ont été
rectifiées (n° 33, 52, 56 par exemple). Un bémol toutefois, très mineur : pourquoi
toujours écrire en toutes lettres le prénom Caius à la place du prénom correct 31
Gaius ? Un regret technique aussi : les photos sont trop petites et imprimées sur un
papier qui ne restitue pas clairement la lisibilité. Dans certains cas problématiques,
31
Cf. O. SALOMIES, Die römischen Vornamen, Helsinki, 1987, p. 28-29.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
211
comme le n° 2 (AE 1993, 1194), il faut se contenter d’une description des lectures et
la photo est inutile. Une étude onomastique très poussée fait l’objet d’un chapitre et
accompagne les textes ; on y ressent le long délai qui a séparé la rédaction de la publication et la bibliographie présente des lacunes qui n’ont pas été comblées. Les répertoires de Kakoschke dont nous présenterons plus loin le dernier opus, directement
destinés à alimenter le relevé des noms attestés à Lyon, auraient procuré à l’auteur des
listes comparatives plus étoffées ; ainsi, exempli gratia, pour le n° 24, le Tongre
Modestinius (AE 2007, 985) ; pour le n° 50, Placidinus (AE 2004, 940) ou Clamosa
pour le n° 76 (AE 1996, 1095). Les noms thraces auraient dû bénéficier des travaux de
D. Dana, les noms germaniques de l’étude qui leur est consacrée dans DONDIN-PAYRE
2011, un volume qui n’est pas mentionné. Au titre de la synthèse, la démonstration de
l’origine locale du recrutement des légions rhénanes, à savoir les deux Germanies et
la Belgique, prises dans leur ensemble, est convaincante mais elle aurait gagné à ne
pas reposer parfois sur des identifications d’origine un peu fragiles. Ainsi Annius
Flavianus (n° 58) est une dénomination trop banale pour lui attribuer, même à titre
d’hypothèse, une origine géographique. On ne suivra pas nécessairement l’auteur sur
le principe que les porteurs du gentilice Flavius parmi les légionnaires d’époque sévérienne « avaient dû recevoir la citoyenneté à l’engagement32 » (p. 212), plutôt que de
la devoir à un empereur flavien plus anciennement dans la famille. Un des arguments
en serait l’emploi par deux d’entre eux de cognomina indigènes « dont le caractère
local paraît peu compatible avec plus d’un siècle de citoyenneté romaine ». Pourtant
on constate, en Gaule, dans les cas où l’on peut suivre les nomenclatures sur plusieurs
générations33, que la permanence de l’usage des langues indigènes dans l’onomastique n’est pas rare, en mixité ou non avec des surnoms latins. Il est aussi difficile
d’adhérer, en tout cas pour le monde gallo-germanique, à l’affirmation que dans le
monde civil « la majorité des nouveaux citoyens prenaient le gentilice impérial »
(p. 241) au vu des dénombrements onomastiques de ces provinces34. Mais il ne s’agit
que de broutilles qui montrent l’intérêt pris à la lecture attentive de ces pages. Au
demeurant, l’ouvrage est bien davantage qu’un recueil d’épitaphes, et nous rendrons
compte séparément35 des chapitres militaires et administratifs qui forment l’essentiel
du volume.
Nous citerons ensuite brièvement la thèse de Chr. Schmidt Heidenreich qui,
sur la base d’un catalogue de 550 inscriptions (non rééditées), étudie la répartition des
dédicaces religieuses dans les camps militaires. Le point de vue est celui du camp et
de la vie des soldats, de la topographie cultuelle, il vaut mieux rendre compte indivi32
Cette problématique difficile fait l’objet d’un traitement développé intéressant (p. 203244) qui ne nous paraît cependant pas clôturer les débats. Une recherche systématique et
dénuée d’a priori historiographique s’imposerait pour tenter d’y voir plus clair dans la question
des nomenclatures mais aussi du recrutement pérégrin. Pour les cas de second gentilice
Aurelius, on complétera l’information par P. SIMELON, « Aurelius dans les gentilices multiples à l’époque de Caracalla », AC 82 (2013), p. 195-215.
33
Cf. par exemple DONDIN-PAYRE 2001a, p. 219-235.
34
Voir par exemple P. SIMELON, « L’Édit de Caracalla et les provinces germaniques »,
dans C. DEROUX (Ed.), Corolla epigraphica, II, Bruxelles, Latomus, 2011, p. 659-670.
35
Voir le compte rendu dans ce volume, p. 536-538.
212
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
duellement de cet ouvrage qui apporte un modèle d’interprétation des environnements
archéologiques des dédicaces militaires36. Le même chercheur suisse en collaboration
avec Florence Bertholet nous a proposé un petit ouvrage collectif sur la mise en
œuvre conjointe de l’épigraphie et de l’archéologie en matière d’histoire de l’armée
romaine (BERTHOLET 2013). La préface de M. Reddé est un peu curieuse qui juge
avec un brin de condescendance la « vision moderne » de la politique d’intégration
menée par Rome après la conquête et ses prédations (la chronologie a son importance) ainsi que son corollaire l’acculturation ou romanisation. Un article en particulier doit être retenu, celui de P. Faure sur la légion IIa Parthica à la lumière des
fouilles d’Apamée et d’Albano. Excellente combinaison des approches qui autorise,
grâce à la richesse documentaire, de revoir l’épineuse question des 59 centuries,
autrement dit de définir la structure exacte de la répartition en centuries et cohortes
d’une légion. Aucun camp n’a été fouillé intégralement. La répartition des baraquements est toujours en partie hypothétique. Mais le nombre d’inscriptions d’Apamée
qui présentent l’appartenance du soldat à une centurie numérotée (et non plus identifiée par le surnom du centurion) permet de constater que la legio IIa Parthica
comptait au IIIe siècle 60 centuries. Seule interprétation logique d’après l’ensemble de
la documentation, c’est un cas exceptionnel, qui ne modifie pas la règle des 59 pour
les autres légions ; corollaire, prendre le texte de Végèce (Mil. 2, 8, 6-9) avec grande
prudence. En donner une traduction précise aurait été bienvenu. En annexe un dossier
complet de 80 textes épigraphiques et papyrologiques, y compris une épitaphe inédite
(AE 2013, 1696). Ce n’est pas le seul, ni le moindre, intérêt du volume. Le regretté
D. Saddington livre son dernier bilan des travaux récents sur les auxilia. N. Gex
examine les laterculi des prétoriens, leur description, leur histoire, leur fonction, leur
disparition et montre la différence avec les laterculi légionnaires et autres listes.
Chr. Schmidt Heidenreich met à l’épreuve le modèle tiré de sa thèse pour localiser
avec le plus de précision possible les différentes parties du site militaire de Böckingen
(bains, statio, etc.) d’après l’emplacement précis des inscriptions religieuses que le
terrain a livrées. O. Stoll montre que, si l’unité des cultes pratiqués par l’armée constitue une base uniformément répandue, la multiplicité des variantes est une autre
composante qui reflète l’influence de la population civile et réciproquement. Au point
que dans les zones de long stationnement on peut parler de « Garnisonskulturen ».
P. Le Roux propose un bref résumé des recherches récentes en Hispanie, M. Popescu
examine la part qu’ont prise les militaires dans les constructions en Dacie. Les troupes
auxiliaires ont surtout édifié des camps, des murs de ville, des fortifications, des
ensembles thermaux, tandis que les légions sont surtout impliquées dans des bâtiments urbains, comme des fontaines, des portiques, des temples. Enfin J.-P. Laporte
étudie deux stèles latino-libyques de Kabylie intéressantes pour la manière dont les
noms sont portés par ces soldats maures (AE 2013, 2151-2152).
Domaine de recherche fondé de manière déterminante sur l’épigraphie, le
fonctionnement des institutions municipales. À cet égard, un ouvrage collectif d’un
grand intérêt est paru à Séville (MELCHOR GIL 2013) qui propose une série d’articles
sur les décurions et l’ordo dans la partie occidentale de l’Empire, Italie comprise.
36
Voir le compte rendu dans ce volume, p. 456-458.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
213
L’ouvrage s’ouvre sur une mise au point sur le modèle du sénat romain pour les
assemblées locales (F. J. Navarro Santana) puis envisage les aspects juridiques du
fonctionnement des sénats locaux : recensement des prescriptions des lois municipales et coloniales ainsi que des diverses circonstances dans lesquelles les décurions
interviennent (A. Caballos Rufino), formules épigraphiques de la référence à un
décret en Italie (D. Fasolini), ordo decurionum et légations (R. de Castro-Camero) et
apports du Codex Theodosianus, rare source non épigraphique (J.M. Colubi Falco).
Vient ensuite une série d’articles concernant le fonctionnement de l’ordo, avec tout
d’abord un rappel général des épisodes du quotidien municipal, pâle reflet du Sénat
romain certes, mais pouvoir organisateur d’une grande partie des actes publics de la
cité (P. Le Roux) ; ensuite un détour par les sources littéraires pour connaître l’activité de l’ordo en Italie à la fin de l’époque républicaine (S. Segenni) ; J. F. Rodriguez
Neila s’attache à décrire les différentes phases des réunions de travail des sénats
locaux, puis E. Melchor Gil décrit les procédures d’intégration des nouveaux décurions tandis que Cl. Briand-Ponsard étudie les relations entre populus et sénat en
Afrique. La dernière section est dévolue aux décurions eux-mêmes : aléatoire
comparaison entre les « sénateurs » gaulois mentionnés par César et les décurions du
Haut-Empire d’après Tacite (L. Lamoine) ; évergétisme à Emerita (AE 1967, 144 =
1992, 951) (C. Castillo) ; rang social, ascension et pouvoir des décurions (A. D. Perez
Zurita) ; mention isolée du terme de décurion en tant que possible titre honorifique
non exercé (A. Sartori), une interprétation peu convaincante ; ascendance décurionale
des chevaliers de Tripolitaine (I. Salcedo de Prado) ; évolution du groupe dirigeant de
Canossa à la lumière de l’album décurional de 223 (M. Chelotti), parenté des décurions (contenu des termes apparaissant dans les lois, accès à la citoyenneté et pratiques familiales de l’élite locale, S. Armani), rôle des femmes et du mariage dans la
définition sociale des décurions et leur promotion (A. Alvarez Melero). Le livre se
clôture par une approche de la perception de la richesse chez les curiales tardoantiques du IVe s. d’après le Code théodosien (M. V. Escribano Paño). Au total un
ouvrage de référence, apportant nombre d’informations utiles sur un sujet peu traité.
On ne peut guère citer, en effet, outre les études ponctuelles parues dans les volumes37
édités par le programme « Le Quotidien municipal » piloté par Mireille Cébeillac, que
Langhammer 1973 et Rupprecht 1975 comme travaux sur le décurionat avec peu
d’informations de type sociétal. Par ailleurs, les importantes avancées de la recherche
en matière de législation spécifique grâce aux nombreuses découvertes de bronzes
espagnols ont renouvelé complètement les connaissances et les perspectives. Aussi,
l’article d’A. Caballos Rufino représente une mise au point des plus appréciables de
même que celle de P. Le Roux sur les activités des sénats locaux. Le sujet appelle
désormais une synthèse, provinciale ou générale, du type de celle que nous a procurée
il y a peu dans la même collection A. D. Perez Zurita (2011), à propos de l’édilité38.
Dans le monde municipal aussi, les publications sur les élites locales et leur
promotion vers les noblesses d’empire ont été nombreuses ces dernières années. Elles
ont également élargi leur palette en s’interrogeant sur l’autoreprésentation de ces
37
38
Voir les comptes rendus dans AC 81 (2012), p. 513-515 ; 83 (2014), p. 480-482.
Voir le compte rendu de B. GOFFAUX, AC 82 (2013), p. 598-599.
214
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
familles et leur imitation du monde italien, attitude contribuant en retour à la constitution d’identités provinciales. On rappellera ici une approche tentée par les mêmes
chercheurs à propos de l’Hispanie (CABALLOS RUFINO 2011)39 dont les problèmes
méthodologiques mis au jour pourront éclairer d’autres applications parallèles en
Occident, malgré de nombreuses variantes régionales. Plus récemment, un recueil de
contributions également très dépendantes de l’épigraphie (CABALLOS RUFINO 2014)
est consacré au thème de la projection de Rome sur les comportements des élites. Le
premier article développe le point de vue romain avec une tentative, très prudente, de
définition de l’identité italienne en tant que modèle pour les sociétés provinciales
(F. Wulff Alonso) ; dans la même perspective, on lira des exposés sur la pratique
diplomatique romaine de l’époque républicaine (R. Buono-Core V.) et la pratique du
jeu chez les Romains en tant qu’élément des mentalités (C. Jimenez Canto). Ensuite
la mobilité des élites à savoir les voyages (A. Bancalari Molina) et plus particulièrement ceux des femmes (A. Alvarez Melero), complétée par des éléments de prosopographie (Is. Salcedo de Prado ; C. Castillo Garcia) en particulier religieuse (pontifes :
E. Tobalina Oraa ; culte impérial : M. Diaz de Cerio Erasun). Enfin une série de
petites études ponctuelles touchant toutes aux élites locales dans des problématiques
diverses (notamment prêtrises, rôle économique, formulaire épigraphique, patronage
civique, magistratures, réseaux sociaux, exemples de familles hispaniques), une
richesse indéniable, un peu disparate toutefois comme souvent dans le cas de
Mélanges, clôt le volume offert à J.F. Rodriguez Neila.
Pour le monde des esclaves et des affranchis attestés dans les Germanies, vient
de paraître une synthèse utile fondée sur la documentation épigraphique (AMIRI
2016). Elle a vocation de remplacer l’ouvrage très discuté de L. Lazzaro sur le même
sujet (Belgica comprise toutefois). À la différence de ce dernier, il n’a pas été possible
à l’auteur de publier le catalogue épigraphique qui constituait le fondement de sa
recherche. B. Amiri a divisé son étude en cinq chapitres. Le premier, « la désignation
des esclaves et des affranchis », est essentiel car il détermine explicitement les
critères d’identification des personnes. Le second chapitre traite de la chronologie des
attestations, et le troisième de leur répartition spatiale. Le quatrième envisage l’identité dans la société, la famille, les rapports avec les maîtres et les patrons, la place des
femmes. Le dernier chapitre est consacré aux aspects religieux. Les conclusions sont
intéressantes qui renoncent à bon escient à toute comptabilisation et soulignent le fait
que notre documentation, globalement peu abondante, ne reflète nullement l’importance du phénomène dans ces régions ; elle émane d’une élite, qui soit avait ellemême accès à l’alphabétisme et à la pratique épigraphique (essentiellement des affranchis mais aussi des esclaves impériaux et/ou impliqués dans l’administration), soit
bénéficiait de rapports positifs avec les maîtres (puisqu’il s’agit surtout d’esclaves).
La relation avec la romanité y compris italienne est également un point important : les
noyaux de sources se rencontrent dans les capitales provinciales et les camps, tandis
que la connaissance de la servitude rurale est minime. La participation aux cultes est
bien documentée mais elle ne se distingue guère des pratiques ingénues. C’est un des
accents du travail de chercher à « éclairer leur intégration sociale, économique et
39
Voir le compte rendu d’A. ALVAREZ MELERO, AC 82 (2013), p. 600-603.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
215
culturelle ». Un ouvrage bienvenu qui devrait appeler un parallèle dans les Trois
Gaules.
B.b. Catalogues d’exposition
Nous souhaitons ensuite attirer l’attention sur une catégorie d’ouvrages de circonstance, généralement des catalogues d’exposition, qui sont mal diffusés et qui,
pourtant, apportent souvent une documentation épigraphique intéressante, qu’il
s’agisse de l’une ou l’autre nouveauté, d’un bilan onomastique ou religieux, ou d’un
choix de photos inédites. C’est un choix aléatoire qui pourrait assurément être
augmenté mais que souvent on néglige comme trop vulgarisant. Dans la foulée de la
recherche sur les sanctuaires, un nombre de brochures, significatif de l’intérêt
redoublé pour la problématique, représentera la moisson la plus riche : chronologiquement « Grands dieux ! » consacré aux divinités de Vallon, en pays helvète (AGUSTONI
2009), à la faveur d’un laraire de villa remarquablement conservé ; « Vivre avec les
dieux » au pays d’Apt (POEZEVARA 2012) avec un discours vieilli sur la religion ;
« Dieux merci ! » au départ du site d’Argentomagus (FAUDUET 2014) qui offre de
nombreux articles sur des sites nouvellement travaillés ; « Vivre avec les dieux »
autour du sanctuaire du Gué-de-Sciaux (Antigny) dans la Vienne (BERTRAND 2015)
où la maquette moderne et attractive pour un public large ne doit pas occulter des
textes au meilleur niveau de compétence. Il en va de même pour le catalogue « Des
dieux et des hommes » (RAUX 2015) consacré aux cultes et sanctuaires des Aulerques
Cénomans et Diablinthes, ouvert sur d’excellentes synthèses d’histoire religieuse,
dont le catalogue des objets comprend des notices épigraphiques très complètes de
grande qualité dues à Fr. Bérard. Le catalogue d’Autun « Nécroscopie » (LABAUNE
2016) se consacre davantage aux rituels funéraires de la nécropole de Pont-L’Évêque
où la fouille a permis de trouver réuni l’ensemble d’un champ funéraire. L’aspect
épigraphique est peu développé (les épitaphes ont été publiées dans le recueil des
Éduens cité plus haut) et les commentaires onomastiques, approximatifs. Mais il est
intéressant de connaître les aspects matériels des tombes et de s’interroger sur un
remploi curieux et encore inexpliqué des stèles à l’intérieur de fosses plus récentes.
Dans le contenu de ces ouvrages, quelques textes originaux ou revus peuvent être
cités : la dédicace retrouvée d’Argentomagus qui associe Minerve et les Numina
impériaux, dont la lecture est enfin assurée (AE 1973, 340 à revoir) ; une coupe en
bronze du laraire de Vallon qui porte la dédicace ]A PATERNA SVLEI[S (p. 27-28)
(AE 2002, 1058 à revoir) ; deux inédites d’Antigny, une dédicace à Apollon et un dieu
Auguste par les marbriers (marmorarii) (p. 9) et un graffito un peu obscur et incomplet mentionnant les exta (entrailles de l’animal sacrifié) sur la panse d’un vase ayant
peut-être servi à préparer l’offrande par un éventuel vergobret (interprétation très intéressante et originale de W. Van Andringa, p. 23 et 40, qui demanderait un développement substantiel). Sans être un catalogue d’exposition, la publication du petit lieu de
culte de plan non canonique de Born-Buchten (DERKS 2015) a été l’occasion de la
restauration d’un superbe coq votif en bronze émaillé portant la dédicace d’un vétéran
à la déesse germanique Arcanua en Germanie inférieure (AE 1983, 723, cf. 724).
Catalogues d’exposition à portée générale, il faut encore citer les publications
d’Épinal (Vivre à la Romaine : DECHEZLEPRETRE 2014), de Valenciennes (La ville
216
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
antique de Famars : CLOTUCHE 2013) et de Brumath (Brocomagus : SCHNITZLER
2015) qui proposent respectivement un aperçu assez complet des sites du département
des Vosges (cadre impropre qui correspond plus ou moins au sud de la cité des
Leuques) ; de Fanum Martis chez les Nerviens, une agglomération plus connue pour
sa période tardive et médiévale mais dont l’origine devait être un site religieux avec
temple, théâtre, aqueduc et thermes, autour duquel s’installe un habitat ; et un panorama historique et archéologique de la capitale de la cité des Triboques. Dans le
premier cas, on mentionnera un chapitre d’onomastique intéressant dû à P. Vipard et
dans le troisième une brève synthèse illustrée sur les offrandes sous forme de plaques
d’argent découvertes en 1973 et restaurées : outre les Quintiviae déjà repérées sur la
plaque la mieux conservée (AE 1974, 441 à revoir), on identifie un Mars sans inscription et une dédicace inédite à Minerve (B. Schnitzler, p. 193-197). À Famars, outre
une dédicace votive anciennement connue (CIL XIII 3580), l’épigraphie se limite à
une bague inscrite (AE 2013, 1087), un cachet d’oculiste (CIL XIII 10021, 48) et un
fragment de terre cuite votive offerte par un certain Victor sans nom de divinité conservé (AE 2013, 1088) (p. 128-129). Le fragment est interprété comme un « podium »
mais on peut se demander s’il ne s’agit pas plutôt d’un éclat détaché d’une pièce plus
importante dont l’inscription constituait la dédicace sur l’imitation d’une plaque dédicatoire. – D’une manière globale, ces catalogues contiennent une documentation
photographique appréciable pour des monuments rarement reproduits et dont les
images dans Espérandieu sont difficilement utilisables. Sauf exceptions dûment signalées, leur contenu est toutefois inégal, on donne rarement les lectures, ni même la
référence canonique du texte ; quant aux commentaires, ils appellent à la vigilance
dans l’interprétation.
B.c. Offrandes inscrites
Une catégorie particulière d’offrandes religieuses vient également de faire
l’objet d’un répertoire. Il s’agit des feuilles métalliques décorées en forme de plumes,
qualifiées de « votives » par l’auteur, ce que les inscriptions conservées ne confirment
pas. N. Birkle (2013) a publié une étude systématique avec catalogue de ces offrandes
métalliques en bronze, en argent et en or classées par site (ordre alphabétique
moderne) découvertes dans les provinces occidentales et présentant une forme générale de grande plume, un décor qui correspondrait à une représentation d’arbre. Les
feuilles de ce type apparaissent au Ier s. de notre ère, elles sont surtout présentes à la
fin du IIe et au IIIe s. puis perdurent au IVe s. en faible quantité dans le christianisme.
Sont ainsi honorées les divinités classiques du panthéon romain y compris les divinités « orientales », rejointes au IIe s. par les panthéons indigènes. L’auteur établit une
typologie des formes, une répartition géographique provinciale et une chronologie
puis propose une interprétation. Sur le plan de l’épigraphie, cet ouvrage aurait pu
constituer un apport intéressant par la révision des lectures et par l’examen des dénominations des dévots mais celle-ci n’est pas exempte d’inexactitudes et s’appuie sur
une bibliographie linguistique dépassée. En outre le catalogue ne propose qu’une
lecture sommaire des inscriptions sans développement des abréviations, sans référence systématique aux éditions canoniques et sans index. Le vol. 2 compte 159
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
217
planches dont la lisibilité n’est pas excellente. Au total un grand investissement éditorial pour un résultat plutôt décevant.
C. Sciences auxiliaires
a. Parmi les disciplines en corrélation directe avec l’épigraphie, l’onomastique
et la toponymie offrent des clefs d’interprétation importantes. Deux ouvrages récents
apportent une documentation de premier plan. A. Kakoschke (2012) a continué son
entreprise de catalogage des éléments de noms cette fois pour le Norique. Après les
deux Germanies, la Bretagne, la Belgique, nous disposons d’un outil performant pour
analyser les inscriptions et de là la société de cette petite province danubienne et
alpine, à l’épigraphie très riche. Le recueil est conforme aux volumes précédents,
avec ses qualités et ses défauts, dont l’obstination à qualifier les gentilices de formation provinciale de « pseudo-gentilices » dépréciant leur valeur juridique sans aucun
motif valable sur la seule base de la routine allemande, le peu d’intérêt accordé aux
noms d’assonance qui colorent pourtant certains noms latins d’une qualification indigène intéressante, la réticence à admettre des noms germaniques et le fait méthodologique d’une compilation insuffisamment critique. La récolte des résidents occasionnels est large, trop peut-être, qui englobe les soldats supposés en garnison dans la
province mais attestés ailleurs. Parmi les qualités indéniables, la maniabilité, la
richesse d’information qui provient d’un dépouillement particulièrement complet des
publications même de diffusion limitée, et une grande expérience qui le conduit à
quelques corrections bienvenues. Fort de cette compétence acquise au fil de la composition des différents ouvrages, l’auteur se livre par ailleurs depuis peu à de nombreux articles de révision de lectures des inscriptions essentiellement germaniques
notamment dans le périodique en ligne FERA (Frankfurter elektronischer Rundschau
zur Altertumskunde). Nous y reviendrons pour quelques notices. Le second ouvrage
de base est dû à Dan Dana (2014) ; il s’agit d’un Onomasticon Thracicum, répertoire
des noms indigènes de Thrace, Macédoine orientale, Mésies, Dacie et Bithynie qui
renouvelle complètement l’approche de cette langue méconnue grâce à l’exploitation
du stock onomastique. La recherche se fonde sur une analyse précise et critique de
toute la documentation épigraphique tant latine que grecque et le résultat est un
remarquable instrument de travail clair et complet qui regroupe systématiquement
sous une seule entrée toutes les formes que peuvent prendre ces noms indigènes. Par
exemple Bithus, Bitus, Bithys, Beitus, Bitos, Bethus, Vithus, Vitus et les formes
grecques. Œuvre d’un éminent épigraphiste qui livre régulièrement de nouvelles lectures dans les périodiques de la discipline, l’ouvrage met au point de nombreuses
controverses qui ont agité l’historiographie de cette langue aux connotations politiques modernes inévitables. L’introduction critique sera donc à prendre en considération au-delà de l’apport onomastique stricto sensu.
Plus latérale, la toponymie intéresse aussi les épigraphistes. Les avancées des
connaissances dans les noms de lieux et de rivières, outre leur apport à l’histoire des
régions et des parlers, aident à faire progresser celle des noms en général et développent des clefs pour l’identification linguistique des anthroponymes. À cet égard, la
Wallonie vient de se doter d’un dictionnaire d’hydronymie de première importance dû
218
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
au philologue liégeois Jean Loicq (2015). L’intérêt déborde largement sur les régions
voisines et concerne la Belgique tout entière et ses marges françaises, les cours d’eau
ne s’arrêtant pas aux frontières modernes. Une introduction étoffée tente de faire le
point sur les connaissances acquises et sur le déroulement des étapes linguistiques que
la région a connues. À ce propos, il est particulièrement bienvenu de lire ici que la
part significative de langue germanique attestée par les hydronymes ne repose pas
uniquement sur la conquête franque et que les apports germaniques des Tungri
installés par les Romains sont indéniables aussi sur le plan des anthroponymes. Le
caractère complet de l’inventaire est remarquable, chaque menu ruisseau disposant
d’une entrée, avec des renvois utiles pour chaque variante. Les formes successives du
nom sont répertoriées avec leur date d’attestation, formes officielles, formes dialectales, suivies d’une étymologie détaillée avec exposé critique des hypothèses contradictoires. On y rencontre à plusieurs reprises dans l’argumentation des noms de personnes ou des théonymes (notamment des épiclèses de Matrones) qui éclairent les
liens entre ces éléments de langue ancienne. Ces références et parallèles sont d’un
grand intérêt mais il n’est pas aisé de les retrouver à moins d’avoir une idée précise
préalable sur l’hydronyme qui pourrait y renvoyer. Aurait-on imaginé un index dans
un dictionnaire ? Certains noms ont un intérêt immédiat en histoire ancienne, comme
les variantes de Gérondelle, Girondelle, Guéronde etc. qui nous renvoient à
equoranda et à l’élucidation des frontières de cités et de provinces. Il en va de même
pour les dérivés du germanique marka. Ici aussi un instrument de travail à placer dans
toutes les bibliothèques.
Nous évoquons à plusieurs reprises l’importance relativement grande de
l’ancien germanique dans l’onomastique de plusieurs civitates du nord de la Gaule.
Aussi est-il intéressant de disposer d’un dictionnaire étymologique qui répertorie
toutes les formes anciennes des différentes langues germaniques. G. Kroonen (2013)
vient d’établir cette somme dans la même série de Leyde qui a vu paraître il y a peu le
dictionnaire de proto-celtique de R. Matasovic. L’ouvrage retient des éléments provenant de nombreuses langues anciennes, du frison au tchèque, et apporte des outils
étymologiques utiles au chercheur confronté à des noms qu’il tente d’élucider.
Toutefois l’apport pour l’épigraphiste sera moindre que pour le celtique dans la
mesure où l’auteur n’a pas retenu les noms de personnes avérés comme entrées ni
même comme éléments de comparaison ou de référence. Le passage par des ouvrages
comme celui de Förstemann ou de Morlet restera donc nécessaire pour disposer d’éléments permettant d’interroger le dictionnaire pour retrouver les étymons qui éclairent
la signification d’un nom.
b. Autre domaine qui se nourrit de l’épigraphie pour croître, la prosopographie. Une spécialité immense qui revendiquerait une chronique propre. Deux
ouvrages seront ici évoqués, l’un pour son caractère d’instrument de travail de base,
indispensable à toute recherche qui mentionne un personnage historique romain,
l’autre par son lien affiché avec l’épigraphie. La Prosopographia Imperii Romani, ce
monument de nos bibliothèques, vient de voir paraître son dernier volume (PIR2 VIII,
2). L’abandon du projet par l’Académie de Berlin sous la pression de raisons financières est un désastre scientifique, pour l’Altertumswissenschaft tout entière. Quand
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
219
bien même il aurait fallu renoncer à une 3e édition papier, au moins aurait-on pu
continuer à tenir à jour cette immense et unique documentation et à nourrir une base
de données en ligne. En fait, nous devons déjà être bien heureux de disposer de ce
volume (et du précédent avec la lettre T) qui ne doit son existence qu’à la générosité
de la Fritz Thyssen Stiftung alors que le programme était arrêté en 2006. Il ne suffit
pas d’écrire dans la préface que la 3e édition sera l’œuvre d’autres institutions,
l’acquis documentaire et l’expérience, la compétence des chercheurs sont irremplaçables et c’est une perte irréparable que les autorités allemandes si soucieuses de leur
prestige ont signée. Nous sommes donc en face du dernier volume (2015) qui clôture
82 ans de recherche, achevant l’alphabet de V à Z. Il a bénéficié des soins de quatre
savants, W. Eck, directeur de la série, M. Heil, J. Heinrichs et K. Wachtel, lesquels
ont mis tout en œuvre pour être le plus complet possible puisque la boucle était
fermée. Ainsi les notices des personnages dont un des éléments de noms commençait
par un V ou un Z ont été révisés, au point parfois de leur donner une entrée propre et
un nouveau numéro, une caractéristique qu’il convient de bien faire connaître car le
lecteur habitué aux usages des volumes antérieurs n’y penserait pas. Un regard particulier dédié aux femmes sénatoriales nous a appris que les connaissances avaient
progressé depuis notre recueil et que l’on peut notamment repérer quelques clarissimes supplémentaires pour les deux premiers siècles : très probablement Valeria
(V 232) et sa fille Tussania (T 428), (Valeria) Brocchila (V 234), Varena Maior
(V 264) que l’on ajoutera à la parentèle de Lartidia (FOS 488), Vilia Flacilla (V 638)
et Violentilla (V 673). Certaines des notices de FOS demandent à être revues en fonction de nouvelles découvertes : Curtia Iulia Valentilla (FOS 305) a gagné un mari
T. Flavius Archelaus et une fille Curtia Flavia Archelais Valentilla (PIR2 VIII, 2,
p. 8) ; le stemma XXXV doit être réécrit autour de Valeria Polla (FOS 776 / V 244),
Clodia Decmina (FOS 258) et Domitia Vettila (FOS 334) à la lumière notamment
d’une inscription inédite de Xanthos ; le mari de Domitia Flaccilla (FOS 324) est
davantage connu et leur fils est identifié (V 794a et b) ; Volumnia Caleda (FOS 833)
est à revoir. En ce qui concerne Volusia Torquata (FOS 838 et 492), l’arbre généalogique choisi est très différent, résolument opposé à la version de la famille proposée
dans le stemma VI. On notera une coquille dans la notice V 873 qui renvoie à FOS
823 et non 645. Bien des apports ponctuels enrichissent de nombreuses autres notices
et bien des précisions sont apportées à la connaissance des familles, des mariages, des
généalogies, qu’il est impossible et superflu d’énumérer ici. Il va de soi que la collection se doit d’être complète dans toutes les bibliothèques d’histoire et que chacun doit
y recourir pour toute identification.
L’autre volume (CALDELLI 2014) est une révision « 30 années plus tard » des
acquis du grand colloque Epigrafia e ordine senatorio qui se tint à Rome en 1981 et
dont les actes ont représenté et représentent toujours une référence incontournable de
la recherche. Si le thème est en principe le même, « en mode mineur » comme l’a
souligné l’un des participants, l’organisation en a été assez différente. Le premier était
un vaste colloque international rassemblant tous les noms importants de la discipline ;
celui de 2013 fut une « Rencontre franco-italienne » à laquelle ne furent autorisés à
siéger que des ressortissants de ces deux nationalités à une exception près. Cela a
limité le panel de participants et, dès lors, l’ampleur de la perspective. Le contenu et
220
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
les actes sont également différents puisqu’ils comprennent à la fois des reprises systématiques des thèmes du colloque précédent – élargis à la République et à l’Antiquité
tardive –, afin de leur apporter un aggiornamento, et des recherches ponctuelles sur
l’une ou l’autre famille sénatoriale ou sur une inscription donnée. La matière se répartit en deux volumes, les communications de la Rencontre d’abord, les contributions
« ajoutées » ensuite, avec un très léger élargissement des signatures. Nous les parcourons plutôt par thématique, sans ambition d’exhaustivité, une table des matières se
trouvant sur le site des éditions Quasar, de même qu’un fichier pdf du livre. Globalement, le principe de base est respecté, l’ordre sénatorial au travers des sources épigraphiques, avec quelques cas « limite » comme dans la recherche de M. Canas sur la
date de mariages sénatoriaux républicains épigraphiquement attestés, qui doit cependant l’essentiel de son argumentation aux sources littéraires. Relevons d’abord d’intéressantes mises au point de sources : les fastes consulaires d’Urbisaglia (G. Paci) ; un
complément au volume CIL VI, 8, 3 de G. Alföldy sur la documentation sénatoriale
de Rome (M. Giovagnoli et D. Nonnis) ; et deux inscriptions romaines révisées (G.L.
Gregori). Sur les relations sociales, citons la brève synthèse de S. Demougin sur les
mariages « mixtes » qui n’apporte que peu de nouveautés et le complément
d’O. Salomies sur les nomenclatures polyonymes signes d’adoption. Les patrimoines
sont également envisagés, pour l’époque des guerres civiles par B. Augier, pour les
Valerii Messallae par C. Landrea et pour la Numidie par A.F. Baroni. Plus strictement
ciblés sur les caractéristiques institutionnelles, l’étude du statut patricien et de son
importance avec des fluctuations entre République et Empire (R. Baudry) ; la mise en
évidence de la prédominance du tribunat sur l’édilité dans la carrière sénatoriale,
même si les fonctions se situent à un échelon égal (A. Daguet) ; l’étude systématique
des mentions de l’adlectio in senatum dans l’épigraphie (G. Assorati) ; celle des différences de présentation du cursus selon les usages de l’épigraphie grecque ou latine
(L. Maurizi) ; on joindra à cette rubrique l’examen de l’attitude de Septime Sévère
vis-à-vis du sénat (C. Letta) et la mise à jour des connaissances sur les prêtrises sénatoriales (J. Scheid). La recherche sur la très épineuse question des origines géographiques des sénateurs avait été au cœur du colloque « modèle ». Plusieurs contributions reviennent sur cette problématique et révisent les listes : G. Camodeca, pour les
sénateurs d’Italie méridionale, et L. Chioffi pour Capoue ; M.L. Caldelli, pour les
sénateurs d’Ostie ; pour ceux de la Regio V, S. Antolini et S.M. Marengo ; hors
d’Italie seuls les sénateurs africains ont bénéficié d’une révision (A. Mastino et
A. Ibba). Dans la même perspective, des remises sur le métier des connaissances pour
plusieurs familles ; les Baebii de Canusium (M. Silvestrini) ; les Betitii et Eggii
d’Aeclanum (S. Evangelisti) ; les Volumnii (M.C. Spadoni) ; les Caerellii
(N. Lapini) ; les Calvisii (M.S. Montecalvo) ; ainsi que l’essai de cerner un réseau
familial autour de Salonine (M. Christol). Une clarissime nouvellement définie,
Sextia Magia épouse du proconsul de Sicile C. Roscius (AE 1989, 342c ; M. Mayer).
Le Bas-Empire a été envisagé mais de manière aussi limitée que la République. Un
thème en particulier retient l’attention, celui des clarissimae, celles attestées à
Modène (F. Cenerini) et celles de l’Empire d’Orient et Constantinople (S. Destephen).
Citons encore l’examen des privilèges des sénateurs de cette époque (G.A. Cecconi),
des remarques concernant le cursus honorum (P. Porena), et la révision d’une inscription attestant un sénateur de Luceria (M. Chelotti). Il convient désormais de placer
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
221
côte à côte dans nos rayons les quatre volumes EOS qui se complètent de manière
générale et plus directement sur plusieurs points.
D. Notes de lecture
a) Otacilia Detera40 (CIL VI 24094 = FINKE 93 = WALSER 144).
En 2011, lors d’une recherche sur les Otacilii d’Avenches, j’ai cherché à
établir la liste des membres de la famille au sens large. Je n’ai toutefois pas retenu
l’inscription fragmentaire du Musée de Morat (Murten) qui mentionne des esclaves
ou des affranchis liés au gentilice Otacilia. Or cette inscription était toujours citée41 en
relation avec la familia des Otacilii et son absence m’a été reprochée. En fait, le
matériau, du marbre blanc, et l’écriture m’avaient semblés étrangers à l’épigraphie de
Suisse. Hans Lieb que j’ai alors contacté m’a appris (courriel du 19 juillet 2011) que
la première mention de ce texte42 avait été mal comprise par H. Finke, copié ensuite
par G. Walser, lesquels avaient fait de cette probable aliena une découverte du canton
de Fribourg. Un dépouillement du volume VI du CIL a conforté mon impression
première : l’inscription complète au moment de sa découverte est bien une épitaphe
romaine vue par de Rossi comme trouvée « in hortis Campanae prope Lateranum ».
Ce qui demeure inconnu, c’est la manière dont ce fragment est entré au musée de
Morat (un héritage de collection privée ?).
b) filiae : génitif, nominatif pluriel ou faute pour filia ?
Mon attention a été attirée, à l’occasion de l’exposition de Tongres sur les gladiateurs, sur une inscription de Milan, épitaphe d’un secutor primus palus : CIL V
5933 = ILS 5115. Fait problème la définition des dédicants de la tombe.
Nous partirons de la lecture de Mommsen au CIL reprise par Dessau aux ILS.
D(is) M(anibus) / Urbico secutori / primo palo nation(e) Flo/rentin(o) qui
pugnavit XIII / vixsit ann(os) XXII Olympias filia quem reliquit me(n)si(bus) V / et
Fortune(n)sis filiae / et Lauricia uxsor / marito bene merenti / cum quo vixsit ann(os)
VII.
Deux éditions récentes ont corrigé le texte et identifient les trois dédicants en :
Olympias la (première) fille, Fortunensis la (deuxième) fille, et Lauricia l’épouse.
Pour ce faire, il faut soit corriger filiae (ligne 7) en filia (solution Sartori43), soit comprendre filiae (ligne 7) comme une répétition au pluriel (solution EAOR44).
40
La recherche dans les publications anciennes vient d’être éditée par A. KAKOSCHKE,
« Annotationes epigraphicae I », FERA 26 (2015), p. 11-13.
41
H. HERZIG, « Die Familie der Otacilier in Aventicum », J. Bern. Museum 53-54 (197374), p. 35 n. 3 ; L. LAZZARO, op. cit., p. 118 n° 76.
42
O. SCHULTHEß, Jb der Schweizerischen Gesellschaft für Urgeschichte 13 (1921), p. 8384 : « Inschrift deren Herkunft sich leider nicht feststellen ließ ».
43
A. SARTORI, L’anfiteatro di Milano et il suo quartiere, Milan, 2004, p. 34.
44
G.L. GREGORI, Epigrafia anfiteatrale dell’Occidente romano, II, Rome, 1989, p. 67,
n° 50.
222
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
Il me semble que cette interprétation n’est pas conforme à la cohérence de
l’inscription. Pour Olympias, on a précisé que le défunt l’a quittée alors qu’elle avait
5 mois ; pour Lauricia, on a précisé qu’ils ont vécu ensemble 7 ans. Si Fortunensis
(nom rare45 non spécifiquement féminin) était une deuxième fille, on ne disposerait
pour elle d’aucune précision. Ce n’est pas logique. Par contre si on ne corrige rien et
si l’on retourne à l’interprétation de Mommsen reprise par Dessau, on sous-entend le
terme (servus) derrière filiae, qui serait un génitif et non un nominatif (éventuellement
pluriel). Fortunensis serait l’esclave d’Olympias. Ce n’est pas courant mais ce n’est
pas impossible. Ne vaudrait-il pas mieux dans ces conditions conserver le texte tel
qu’il nous est parvenu ?
c) La forme des noms gentilices.
La forme canonique des gentilices se présente en -ius. Cela remonte à la
manière dont ont été constitués les gentilices sous la République46 quand les noms italiques ont pris la forme romaine des duo nomina (prénom + gentilice). Toutefois, dans
certaines régions italiennes, les gentilices de formation ancienne ont parfois des
suffixations différentes : noms étrusques en -na (Maecenas, Mastarna...), familles
bien connues des Vettuleni, des Vipstani... De ces particularités italiennes, certains
épigraphistes n’hésitent pas à reconnaître des gentilices en -anus, en -enus, en -inus
dans l’onomastique provinciale de création récente, pour des noms qui n’ont rien à
voir avec ces noms italiens et qui sont visiblement portés par des indigènes. Je pense
qu’il faut être prudent, s’assurer que les personnages ainsi dénommés ne sont pas
plutôt des pérégrins et/ou bien vérifier que des ligatures n’ont pas été omises. Ainsi
dans l’inscription CIL XIII 11654 = Saverne 72 où les éditeurs ont lu deux fois
Secundanus comme gentilice, on peut se demander si une lettre I n’est pas à lire ou à
restituer sur une inscription brisée et mal conservée. Secundanus comme gentilice ne
serait connu selon l’Onomasticon (OPEL, IV, p. 57) que dans cette inscription et dans
une autre de Rhétie (AE 1978, 578, écrit Saecundano). Or dans cette dernière, la
ligature ‘NI’ bien visible sur la photo a été négligée.
Fig. 1. Détail de l’inscription AE 1978, 578 Augsbourg (dessin G. Raepsaet).
45
KAJANTO 1965, p. 196.
Pour le processus, voir M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, « Citoyenneté et nomenclature.
L’exemple de la Gaule du nord », dans Fr. HURLET (Ed.), Rome et l’Occident (IIe siècle av. J.-C. –
e
II siècle ap. J.-C.). Gouverner l’Empire, Rennes, 2009, p. 367-368 ; cf. H. RIX, « Die Ursprung
des römisch-mittelitalischen Gentilnamensystems », ANRW, I, 2, 1972, p. 700-758.
46
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
223
Le même type d’interrogation peut se poser à propos d’autres noms qui sont
assurément des gentilices et dont la forme serait inhabituelle. Je prendrai deux
exemples. À Nîmes, dans l’inscription CIL XII 3452 l’ensemble des personnes citées
dispose de la citoyenneté romaine. Or le nom de l’épouse de L. Catius Gratinus est lu :
AVIVLLAE AVIVLLI f(iliae) PA‘TE’RNAE ce qui impose un curieux
gentilice Aviullus. Quelle est la forme du nom de son père Aviullius ou Aviullus ? La
fille se dénomme Catia Cati f(ilia) Gratina, le nom du père est donc le gentilice
Catius sans redoublement du I. On peut donc lire Aviullius. En fait, si on tient compte
de la cassure dans le haut de la pierre à l’endroit du gentilice de l’épouse, une ligature
‘LI’ a parfaitement pu être indiquée (AVIVL‘LI’AE) et perdue puisqu’on ne compte
pas moins de quatre ligatures avérées dans cette inscription. L’idionyme de pérégrin
AVIVLLVS existe (CIL XII 4150), on a donc pu faire dériver un gentilice patronymique qu’il importait de distinguer de manière à pouvoir reconnaître le statut. On
reste dans le domaine de l’hypothèse mais il n’y aurait aucune correction vu l’état de
l’inscription qui est indiquée comme partiellement brisée dans l’addendum de la
p. 838 ; en outre Allmer dans HGL XV n° 668, se fondant sur le fait que les lettres de
ce nom sont « réduites à leur partie inférieure », suggère aussi la perte d’une petite
lettre pour pouvoir lire Auiulliae.
Fig. 2. Détail de l’inscription CIL XII 3452
(Musée archéologique de Nîmes ; Photo G. Raepsaet).
On ajoutera que dans le cas de CIL XIII 4096 = AE 2003, 1132 on peut
douter :
D(is) M(anibus) / Aviulli Macri/ni fili / Cornelia Candi/da [---]. On a interprété (notamment J. Gascou dans ICalvet 109) le nom du défunt au génitif comme
Auiullus fils de Macrinus, mais on pourrait lire Auiullius Macrinus, son fils ; dans ce
cas il faudrait faire des lettres finales très mal conservées une formule du type posuit.
Partir du fait que le gentilice serait inconnu pour affirmer qu’on doit comprendre un
nom de pérégrin est circulaire puisque cela suppose que l’on refuse la lecture correcte
224
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
de l’inscription de Nîmes où la présence des duo nomina est explicite. De surcroît,
même si le gentilice n’était pas attesté, ce ne serait pas un argument suffisant pour en
dénier l’existence étant donné le processus de création des gentilices patronymiques
ou de formation patronymique au départ d’un nom ou d’une racine indigène47.
On pourrait appliquer cette remarque à l’inscription de Nuits CIL XIII 2851 =
ILGL.2.Aedui 117. Plutôt qu’un double idionyme, Sapluto Mercono, certes possible
mais rare, on pourrait lire SAPLV‘TI’O MERCONO ce qui donnerait des duo nomina
classiques avec un gentilice patronymique Saplutius qui est d’ailleurs connu : CIL
XIII 7072, avec précisément cette ligature ‘TI’ qui peut être ici perdue à cause de
l’ébréchure de la pierre à cet endroit.
Fig. .3. CIL XIII 2851 Nuits St Georges (© CIL_XIII-Project Trier)
Cette réflexion sur les gentilices patronymiques m’amène également à examiner une proposition d’A. Kakoschke (FERA 26 [2015], p. 14-17) qui voudrait que,
lorsque le gentilice apparent est abrégé en -i, il ne soit pas un gentilice mais le patronyme au génitif. Je reprends l’exemple cité (FINKE 345 = CBI 206) : un bénéficiaire
consulaire dénommé Sereni Atticus. Tout le monde a résolu l’abréviation en
Sereni(us) Atticus puisqu’il est clair que le dédicant de cette inscription votive est un
citoyen romain. A. Kakoschke pense que le lecteur local des Germanies, familiarisé
avec les gentilices patronymiques, comprenait plutôt Atticus fils de Serenus, ce qui
correspond en fait à Serenius Atticus si Serenius est bien compris comme gentilice
patronymique et que Serenus était bien le cognomen ou l’idionyme du père. Cela le
conduit à rechercher d’autres exemples et il propose un tableau48 d’une vingtaine de
cas avec gentilice abrégé en -i (Gentilnomina der Form ”Wortstamm + i”) qu’il ne
résout pas. Or si l’on cherche à expliciter ces noms, on se heurte à des problèmes.
Dans certains cas, on peut éventuellement suivre l’auteur et imaginer que le gentilice
en -i était perçu comme patronyme : Attici Maternus (CIL XIII 8003a), par exemple,
pourrait avoir été un Maternus fils d’Atticus qui aurait été doté du gentilice patronymique Atticius (il s’agit d’un légionnaire donc d’un citoyen romain). Mais comment
comprendre les cas avec des gentilices « italiens » comme Aurelius (CIL XIII 6803,
47
48
Voir DONDIN-PAYRE 2001, p. VI-VII.
FERA 26, p. 17 Tabelle 1. Tous les exemples analysés ici sont issus de cette liste.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
225
liste de soldats gradés dont les noms sont soit complets soit abrégés) ou Fabius (CIL
XIII 7415) ? La comparaison proposée avec Albania Albani f(ilia) Aspra (CIL XIII
8151) ne tient pas car, si Albani peut être le gentilice italien Albanius au génitif, il
peut être aussi le cognomen ou l’idionyme Albanus. Faut-il comprendre Albania fille
d’Albanus ou fille d’Albanius ? Est-elle fille d’un pérégrin portant l’idionyme
Albanus ou fille d’un citoyen porteur du gentilice Albanius ou du cognomen
Albanus ? Est-elle la première citoyenne de la famille pour laquelle on a créé le nouveau gentilice patronymique Albanius ou est-elle porteuse d’un gentilice variable49
qui change à chaque génération ? Aucune de ces questions ne peut être résolue et
donc l’exemple ne peut donner des clefs de lecture pour d’autres cas. Pourquoi interpréter différemment Iul(ius), Cassi(us) et Dassiu(s) dans une liste de centurions
légionnaires (CIL XIII 8050 = AE 1985, 683) ? Pourquoi interpréter différemment
Dacci et Daccius ou Sallusti et Sallustius pour le même nom sur un seul monument
(CIL XIII 8182 et 6709) ? Comment comprendre logiquement les cas avec prénom ?
L. Magilli Victor serait Lucius Victor fils de Magillus ? Cela devient franchement
curieux lorsqu’on applique le même principe à un ressortissant assuré d’une autre
région : L. Pompei C. f. Ouf. originaire explicitement de Milan (CIL XIII 11858).
Comment ce nom italien doté d’une filiation classique pourrait-il être compris avec un
patronyme comme gentilice par les habitants de Mayence à une époque où la formation des gentilices patronymiques – dont on rappellera qu’ils sont particulièrement en
usage sous l’effet du droit latin – n’est pas encore entrée dans les mœurs ? Nous
sommes là, en effet, avec ce soldat de la XVIe légion, avant 43. Même remarque pour
C. Vetieni C. f. Pupinia Urbiqus, d’époque tibérienne, à Cologne (CIL XIII 8275). Je
ne pense pas que cette hypothèse soit d’un apport quelconque à l’interprétation des
inscriptions des Germanies (pourquoi d’ailleurs limiter aux Germanies quand on sait
combien les gentilices patronymiques variables sont fréquents chez les Trévires ?).
Un gentilice de toute manière, par sa nature même de nom de famille, est un indice
patronymique, et un Pompeius est normalement dans le système classique italien le
fils d’un Pompeius. Est-il donc pertinent de supposer des lectures indigènes superflues et superposées ? Un gentilice abrégé et sa résolution en -ius demeurent les lectures les plus satisfaisantes sans originalité locale.
Plus récemment, le même auteur est revenu sur la question des gentilices de
forme inusitée (FERA 29 [2016], p. 53-56), qui ne sont pas aussi rares dans nos provinces qu’on pourrait le penser. Il les a recherchés et catalogués et les considère
comme des cognomina en fonction de gentilices. Il faut cependant être prudent avec
cette liste qui comprend des cas incertains (par ex. ILB 23) ou mal lus (CIL XIII
11647 ; cf. supra) ou encore de probables gentilices normaux abrégés (ex. CIL XIII
8406 = IKöln2 515). Il peut aussi y avoir des cas de doubles idionymes pérégrins (par
exemple peut-être AE 1989, 528)50.
49
RAEPSAET-CHARLIER 2001, p. 379-380.
Dans ce cas, la copie du nom dans l’article est fautive ; la dernière lettre de l’inscription
est indubitablement un O.
50
226
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
Une dernière remarque concernera une nomenclature de Tholey chez les
Trévires. Publiée par K. Matijevic avec une double hypothèse51, cette inscription est
désormais cantonnée à la version « pérégrine » par les répertoires courants.
DM / Moxi Tit[-] / defu(n)cti / [--Deux interprétations sont possibles : le défunt s’appelle soit Moxius Tit[i
f(ilius)], un pérégrin, soit Moxius Titus, un citoyen aux duo nomina. Les deux possibilités existent dans la documentation : Moxsius Drappus, citoyen d’Arlon dans la
même cité (ILB 92), Moxius pérégrin chez les Médiomatriques (CIL XIII 4406), chez
les Lémovices (CIL XIII 1400), peut-être chez les Trévires (AE 1978, 517f). De
même Titus, fréquent en dehors du prénom classique (OPEL, IV, p. 125-126) peut
être un surnom de citoyen (ILB 34 ; CBI 169 ; CBI 175, etc.) ou plus rarement un
idionyme de pérégrin (CIL XIII 7086). Il est donc important de laisser l’interprétation
statutaire ouverte afin de ne pas altérer, par exemple, les essais de « profilage » social.
C’est l’attitude qu’a adoptée l’éditeur premier. Par la suite, dans la notice AE 2010,
984 et dans celle de la base informatique EDCS-47901293, seule est mentionnée, sans
le moindre doute exprimé, la version d’un idionyme suivi d’un patronyme : désormais
Moxius n’a plus guère de chance d’être comptabilisé chez les citoyens à moins que le
chercheur ne vérifie systématiquement les lectures dans l’editio princeps, ce qui est
très improbable. Cette note vise seulement à faire remarquer aux éditeurs des répertoires de base qu’il est impératif de faire apparaître au moins par un point d’interrogation le caractère hypothétique de la lecture qu’ils privilégient afin de ne pas pérenniser comme « évident » un choix qui comporte une alternative tout aussi valable52.
d) Un nouveau nom trévire ?
Une inscription fragmentaire disjointe en deux parties provenant du Titelberg a
fait l’objet de plusieurs éditions divergentes.
CIL XIII 11344 e : D.M. / [///]CVSAM / [///]E CONIV (n’a été lue que la
partie droite de la stèle) ;
IAL 137 : D.M. / MEDICVS AM/E IVLIE CONIVG ;
WILHELM 467 : D.M. / MEDCVSAM / F. IVLE CONIVG ;
EDCS-48800650 : D(is) M(anibus) / [3] Medicus Am[3] / [3]e Iuli(a)e
coniug[i 3].
La pierre vient de faire l’objet d’une excellente photo dans le cadre de l’étude
que J. Krier53 a consacrée à une autre inscription fragmentaire du Titelberg dont il a
renouvelé la lecture.
51
MATIJEVIC 2010, p. 260-261 n° 2 ; 2011, p. 9-58, spéc. p. 30-32 n° 14. Par ailleurs,
K. Matijevic lit defugti avec un G ce que la photographie ne paraît pas confirmer. Voir AE
2010, 984.
52
Voir aussi infra la reconstitution familiale modifiée de FINKE 45.
53
J. KRIER, « Eine römische Grabinschrift der mittleren Kaiserzeit vom Titelberg »,
ArchLux 1 (2014), p. 69-85, spéc. p. 77, fig. 5.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
227
Une chose est assurée : il ne faut rien restituer en début et fin de 2e et 3e
lignes : la forme de la stèle est triangulaire, elle est complète sauf le bas qui est brisé.
À la deuxième ligne, on peut désormais lire MERCVS ou MERCVSA. Ces
noms, tels quels, seraient nouveaux dans l’épigraphie lapidaire.
Mercusa est bien connu de l’épigraphie figuline car c’est un nom de potiers :
HARTLEY-DICKINSON, 6, p. 93-94, potiers du Sud de la Gaule et de Rheinzabern.
La variante Mercussa est également attestée, sur une tablette magique en
argent de Badenweiler (CIL XIII 5338), et également comme nom de potier :
HARTLEY-DICKINSON, 6, p. 94-95 potiers de Lezoux et Westerndorf, de même que
Merco : HARLTLEY-DICKINSON, 6, p. 93, et Mercullo : HARTLEY-DICKINSON, 6,
p. 93. Merco ou Mergo est attesté à Reims (inscr. inédite).
Pour Mercus, on citera le gentilice Mercius (CIL V 449) qui peut être un
dérivé.
Ce sont des noms celtiques54 apparentés aux noms Mercusenus (OPEL, III,
p. 77), Mercasius (CIL III 3625), Merconus (CIL XIII 2851) et peut-être liés à la
racine mergi : pourriture, corrosion, marais 55 , le troisième sens étant un élément
fréquent dans l’onomastique de toutes les époques.
Mercus et, en tant que noms de potiers, Mercus(s)a sont des noms masculins.
Se pose ensuite la question du patronyme. Soit on lit Mercusa et la filiation est exprimée à la romaine : M(arci) f(ilius) ; Marcus doit être dans ce cas un idionyme de pérégrin abrégé (cf. ILB 47) ; soit on lit Mercus et le nom du père est très fortement
abrégé en AM(). Il faut alors proposer un nom indigène comme Ammus, Ammius,
Ammo (OPEL, I2, p. 49 ; chez les Trévires, Ammius : AE 1994, 1237 ; féminin
Amma : CIL XIII 4059 et 4176). L’épouse porte le nom celtique56 Iula, plus fréquent
sous la forme Iulla (OPEL, II, p. 207), qu’il ne faut pas corriger en Iulia.
En fin de compte deux lectures sont possibles :
D.M / Mercus Am(mi ?) / f(ilius). Iul(a)e coniug[i]
ou
D.M / Mercusa. M(arci) / f(ilius). Iul(a)e coniug[i] ;
dans ce cas la possible présence d’un point de séparation entre le A et le M à la
ligne 2 serait un argument intéressant.
(e) L’inscription de Morelmaison (cité des Leuques)57 (CIL XIII 4705).
Mercurio / et Rosmertae / sacrum / Regalis et / Augustus RA / haeredes
Febr//uarini // v(otum) s(olverunt) l(ibentes) m(erito).
54
55
56
57
DELAMARRE 2007, p. 132.
MATASOVIC 2009, p. 267 ; DEGAVRE 1998, p. 303.
DELAMARRE 2007, p. 113.
M. MICHLER, CAG 88, Les Vosges, Paris, 2004, p. 234.
228
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
La dédicace à Mercure et Rosmerta découverte à Morelmaison et conservée au
Musée d’Épinal présente une mise en page originale et le nom Februarini est curieusement mêlé à la formule votive. De surcroît, elle a été publiée en laissant deux lettres
incomprises. C’est l’écriture cursive 58 qu’il faut convoquer pour résoudre ce petit
problème.
Fig. 4 a : CIL XIII 4705 Morelmaison
(© Musée départemental d’art ancien et contemporain – Épinal, cliché Joëlle Laurençon)
Fig. 4 b : détail
58
On trouvera un tableau des lettres cursives par exemple dans la publication des
défixions de Mayence (BLÄNSDORF 2012, p. 44-45).
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
229
En effet, on constate que les lettres L ne sont pas des capitales normales mais
adoptent une forme proche de celle de la cursive. Le A d’Augustus, celui de sacrum
et celui de Regalis, sont également proches d’un A cursif avec un petit trait à la place
de la barre horizontale. Il en va de même pour le F de Februarini qui a été correctement déchiffré. Si l’on regarde en détail la 5e ligne, on aperçoit une sorte d’« apostrophe » ou de « virgule » entre le S et le R, que l’on peut comparer à la même
« virgule » placée dans l’autre sens à côté de la haste verticale du F de Februarini.
C’est là une des formes classiques du F cursif. Cette « virgule » a été tournée vers la
gauche, comme le E du ET de la ligne précédente et de la ligne 2 en raison de la
ligature. Il faut donc lire ‘FR’. Dès lors, je propose de résoudre ‘FR’A(tres). Regalis
et Augustus, héritiers de Februarinus, étaient des frères.
f) Ammaca ou Ammacius ?
Sur un fragment d’inscription de Pesch (AE 1968, 383), G. Alföldy 59 a lu
AMMA en tant que nom féminin complet. Étant donné le caractère très limité du
texte conservé, il pouvait s’agir d’un idionyme ou d’un cognomen. A. Kakoschke
(ZPE 190 [2014], p. 287-290) a étudié le nom indigène Ammaca qu’il a restitué à
juste titre notamment sur l’inscription de Morken-Harff KOLBE 26 où on lira désormais [F]lavia [Am]maca60. Le dessin qu’il propose de l’inscription complétée justifie
sans aucun doute le gentilice qu’il ne convient pas de lire Flaviania comme on l’avait
éventuellement suggéré. Dans la foulée, il envisage de lire également Amma[ca] (ou
Amma[va] ; cf. CIL XIII 8705) dans le cas de l’inscription de Pesch, mais le dessin
qu’il présente n’est pas très satisfaisant. Le nom est trop court par rapport à la ligne
suivante qui comporte au minimum VSL[M] centré. On songera alors au nom
masculin Amma[cius] car rien n’impose que le dévot des Matrones de Pesch soit une
femme, que du contraire. Ammacius est attesté à Domburg dans le culte de
Nehalennia (CIL XIII 8779). Amma[usus] (ILB 60) et Amma[lenus] (N-L 233) sont
sans doute trop longs. Dans tous les cas, comme le souligne A. Kakoschke, le
contexte onomastique de ces noms est germanique. — Une remarque technique : si
les dessins de restitution qu’offre généralement A. Kakoschke dans ses articles de
corrections épigraphiques sont éclairants sur la présentation relative des lettres
conservées et restituées, il faut attirer l’attention sur le fait qu’ils sont souvent hypothétiques et exemplatifs et que le risque n’est pas mince de les voir passer désormais
pour des lectures sûres. C’est en effet ce qui se produit dans la banque de données
Clauss-Slaby (EDCS-09701647) pour Ammaca / Ammacius mais aussi, par exemple,
pour le cas de CIL XIII 7826 corrigée 61 (EDCS-11100050), à l’exception de la
fonction du dédicant laissée incertaine.
59
Ep. Stud. 5 (1968), p. 59 et 73.
Voir déjà RAEPSAET-CHARLIER 2011, p. 223 (cf. p. 211).
61
A. KAKOSCHKE, FERA 28 (2015), p. 5 (« idealisierte Reconstruktionszeichnung »).
Même remarque pour la reconstitution très ingénieuse de CIL XIII 4136 avec un surnom du
père Ammo[sus] employé pour fabriquer le gentilice [Am]mosius du fils (FERA 26 [2015],
p. 4) : le surnom A[vitus] du fils, totalement hypothétique, qui est proposé sur le dessin, est
présenté sans le moindre point d’interrogation en EDCS-10601105. On notera également le
60
230
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
Fig. 5. AE 1968, 383 Pesch (Dessin © Kakoschke, ZPE, 190, 2014, p. 289, fig. 2).
g) anthroponyme ou théonyme ?
Lors de l’édition de l’inscription de Majerou (Saint-Mard, cité des Trévires,
CIL XIII 3970) dans les ILB (n° 128), nous avons beaucoup hésité sur la lecture à
adopter. Nous avons opté pour :
Leno Marti / Exsobin(ii) Novic(ius) / et Expectatus / VSLM. Dans ce cas,
Exsobin() est considéré comme un gentilice au pluriel, suivi de deux cognomina pour
identifier les deux dédicants, citoyens romains.
Cette lecture ne fait pas l’unanimité et plusieurs chercheurs62 ont proposé de
lire plutôt :
Leno Marti / Exsobin(no) Vic(-) et Expectatus VSLM.
Il est vrai que Lenus Mars apparaît à deux reprises avec une seconde épiclèse :
Veraudunus au Widdenberg (IAL 136)63 et Arterancus à Fliessem (CIL XIII 4137).
Un troisième exemple ne serait pas impossible. Ce qui nous avait paru difficile à
admettre c’est la manière dont seraient cités les dédicants : deux idionymes dont l’un
serait abrégé au point de n’être pas identifiable et le second en toutes lettres. Alors
que d’une part les idionymes sont rarement abrégés et très rarement de manière aussi
réduite, à la différence de gentilices courants comme Iul(ius) ou Aur(elius), et d’autre
part que le nom Novicius64 existe qui ne connaîtrait qu’une réduction minime. Par
ailleurs les anthroponymes de même racine celtique 65 (signifiant « sans peur »)
déclinés sous plusieurs formes sont bien attestés : par exemple outre Exomnius (ILB
100), Exobnus chez les Médiomatriques (CIL XIII 6460) et la marque de potier
Exsobno (qui a été lue Exsobano : HARTLEY-DICKINSON, 3, p. 372-373), en tant que
remplacement du surnom An[d]oss(a)e par Ammoss(a)e dans l’inscription FINKE 171 même si
le second M nous semble devoir être restitué (ZPE 192 [2014], p. 291-292).
62
Par exemple H. MERTEN, « Der Kult des Mars im Trevererraum », TZ 48 (1985), p. 8182 (écrit Exobinno) ; W. BINSFELD, « Der Gott auf dem Widdenberg », Hémecht 26 (1974),
p. 216-217 ; cette épiclèse est retenue par JUFER (2001), p. 41, 48 et 78 (avec une orthographe
inexacte) et par J. SCHEID, « Réflexions sur le Mars trévire » dans V. BROUQUIER-REDDÉ et al.
(Dir.), Mars en Occident, Rennes, 2006, p. 41. L. Weisgerber mêle fautivement les deux
lectures et deux orthographes et raisonne sur Exobinno/Exsobinno en tant que nom de personne
dont le nominatif serait en -nno (1969, p. 132, 290, 293, 322, 392, 432, 433).
63
Réédité par Ch. M. TERNES dans Latomus 28 (1969), n° XX, puis corrigé par
W. Binsfeld.
64
KAJANTO 1965, p. 289.
65
DELAMARRE 2003, p. 169. Il existe une dea Exomna (AE 1965, 328) chez les Bataves.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
231
noms de pérégrins dont on aurait pu aisément fabriquer le gentilice patronymique
Exsobinius.
Peut-être une nouvelle inscription de Wareswald près de Tholey66 vient-elle
apporter un élément de réflexion dans le débat :
[In h(onorem) d(omus)] d(ivinae) I(ovi) O(ptimo) [M(aximo)] / [---E]xsobinne[ius ?]
/ [---d]e sua pe[cunia] / ---EN--L’organisation de ce texte même fragmentaire plaide en faveur d’une interprétation comme nom de personne : en particulier la présence de la formule « de sua
pecunia » qui suit habituellement le nom. Si Exsobinne[-] désignait une deuxième
divinité, le nom du dédicant ne disposerait que de deux ou trois lettres pour être
inscrit.
La localisation de la découverte peut également intervenir dans la réflexion.
J. Scheid 67 a fait remarquer que les différentes formes de Mars (sauf Lenus Mars
célébré dans le chef-lieu) honorées chez les Trévires avaient une diffusion locale sur
le territoire de la cité. Dans le secteur de Tholey, il s’agit de Mars Cnabetius. Si
Exsobinus était une forme de Mars, elle serait caractéristique de la partie la plus occidentale de la civitas près de Virton. Il serait étonnant qu’il ait été également honoré
près de Tholey dans la partie orientale de la cité, ou inversement.
Sans que l’on puisse être formel, il me semble qu’il y a désormais une grande
chance que Exsobinius/ Exsobinneius soit un nom de personne. À Saint-Mard, il
s’agit d’un gentilice ; à Tholey, on peut hésiter car il ne manque que peu de texte
devant le nom et peu de lettres devant de sua pecunia.
h) Mercure ou Jupiter ?
Dans la même série d’inscriptions de la région de Tholey, K. Matijevic68 a
republié un fragment de petite tabula ansata de bronze (CIL XIII 4255) qu’il a
attribuée au dieu Mercure. Il me semble que cette réattribution n’est pas fondée.
La lecture ancienne était :
[I]OM / [Fi]delis / [V]SLM.
La nouvelle lecture se présente ainsi :
[De]o M(ercurio) / [Fi]delis / [V]SLM.
L’auteur prétend que sa lecture convient mieux à l’espace disponible puisqu’il
ne manque approximativement qu’un tiers de la tablette. Certes des dédicaces à
Mercure réduit à son initiale existent mais il s’agit souvent de pièces provenant de
sanctuaires clairement attribués. En revanche l’argument de la place ne tient pas car
[DE]O en capitales prendrait au moins autant de centimètres que la seule lettre I,
même en tenant compte de l’espacement des lettres de la première ligne, d’autant que
les lettres de la formule de dernière ligne sont également très espacées et séparées par
66
67
68
MATIJEVIC 2010, p. 262-263, n° 5 ; 2011, p. 47-49 n° 26 (AE 2010, 986 mal copiée).
J. SCHEID, op. cit., p. 41-43 avec une carte.
MATIJEVIC 2011, p. 36-37 n° 18.
232
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
des points. Je ne suis absolument pas convaincue par la nouvelle lecture et je persiste
à considérer que le dieu honoré est Jupiter Optimus Maximus.
Fig. 6. CIL XIII 4255 Tholey (Dessin G. Raepsaet).
i) L’épitaphe de Messionia Lucilla (FINKE 45)
Une inscription trévire (Trèves Pallien) fragmentaire peut être complétée
mieux que ne l’avait proposé son éditeur :
D(is) [M(anibus)] / Messionio [ ?Ius]to et Cam[....]/sio Messi[onio] / patri et
fi[lio] / defunc[tis] / Mession[ia] / Lucill[a] sibi viva [fec(it)].
L’examen systématique des dénominations trévires caractéristiques invite tout
d’abord à restituer le gentilice d’un des deux défunts en Cam[ulis]sio. Cette proposition qui s’ajuste parfaitement dans la lacune que Finke avait estimée à 4 lettres et
qui se fonde sur l’occurrence Camulissius Aprilis de Trèves (CIL XIII 3722) (et sur
les nombreux noms construits sur la même racine que le théonyme Camulus69) a été
avancée dans l’étude de l’onomastique trévire70 en 2001. Elle a été également retenue
par A. Kakoschke dans son Répertoire de Belgica71 sans référence, puis par le même
auteur dans l’article récent72 qu’il a consacré à cette inscription. Deux autres points
suscitent par contre la discussion.
Tout d’abord le cognomen de Camulissius : Finke avait restitué Messionius
comme surnom. Cette forme étant celle du gentilice de la dédicante et de l’autre
défunt est cependant improbable73 comme cognomen. On peut supposer que ce genti-
69
OPEL, II, p. 29.
RAEPSAET-CHARLIER 2001, p. 387.
71
KAKOSCHKE 2010, p. 64.
72
A. KAKOSCHKE, « Zur fragmentarischen Grabinschrift der Messionia Lucilla aus
Trier », TZ 77/78 (2014-2015), p. 189-192.
73
Je n’irais pas jusqu’à écrire que cette restitution « ergibt keinen Sinn ».
70
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
233
lice sans doute celtique74 est à l’origine un gentilice patronymique. La question qui se
pose alors est celle de la forme du cognomen ou nom unique de pérégrin à la base de
la formation en -ius. Est-ce Messio ou Messionus ? Dans le premier cas, on peut citer
le surnom Messio attesté à Concordia75 dans une inscription tardive, mais c’est un
unicum76. Messionus77 par contre n’est pas attesté mais c’est la forme la plus simple
par rapport au gentilice Messionius. En tout cas on peut difficilement écrire que « Der
Beiname ist aufgrund des zweimal in der Inschrift Gentilnomens Messionius sicher
zu Messio... zu vervollständigen (p. 189) ». Il me semble que la question reste ouverte
et que les deux propositions doivent être maintenues d’autant que, techniquement, il
est aussi facile d’intégrer Messiono dans la restitution que Messioni.
Le cognomen de Messionius : Finke a proposé [Ius]tus, Kakoschke [Sex]tus.
Techniquement les deux restitutions sont équivalentes. Les deux surnoms (ou noms
uniques de pérégrin) sont attestés dans la cité des Trévires. Iustus CIL XIII 3637,
4001 (= ILB 91), FINKE 12 (= AE 1985, 680) ; Sextus CIL XIII 4176 ; 11322. Là aussi
la question doit rester ouverte.
Ce ne sont pas des détails : étant donné les choix qu’a opérés Kakoschke dans
le texte et le dessin, Messio (inscrit tel quel dans KAKOSCHKE 2010, p. 414) et Sextus
vont devenir des certitudes.
Les questions d’onomastique ne sont pas les seules que soulève l’article de
Kakoschke. L’auteur, en effet, propose aussi de reconsidérer les liens familiaux
indiqués dans l’inscription. La manière grammaticale de comprendre la famille
consiste à prendre la dédicante comme la fille du premier défunt, Messionius [-]tus, et
la mère du second, Camulissius Messio(nus ?). Pour Kakoschke (p. 190), se fondant
uniquement sur la manière fréquente en Trévirie de construire le gentilice des enfants
sur le surnom du père 78 , Camulissius Messio(nus ?) serait le père de Messionia
Lucilla et Messionius [-]tus son frère. « In diesem Sinne muß auch die etwas missverständliche Angabe patri et filio aufgefässt werden », le lien entre père et fils ne se
comprendrait pas par rapport à la dédicante mais par rapport aux défunts entre eux.
Cette interprétation est séduisante du point de vue de l’onomastique locale mais elle
suppose une curieuse conception du latin. J’avoue ne pas connaître un seul cas avéré
où il serait de bonne méthode de transformer les liens familiaux explicites d’une
épitaphe claire et bien conservée. En effet, il n’est nul besoin de reconstruire la
famille : Messionia peut être la fille d’un Messionius et la mère d’un Camulissius
Messio(nus ?) auquel on aurait donné un cognomen apparenté à la nomenclature de sa
mère, selon un processus classique de transmission familiale des noms dans l’ono-
74
75
DELAMARRE 2007, p. 133 pour Messo ou Messonius.
G. LETTICH, Le iscrizioni sepolcrali tardoantiche di Concordia, Trieste, 1983, p. 55-56,
n° 12.
76
L’occurrence Messio dans OPEL, III, p. 78, avec la référence CIL XII 5937 en
Narbonnaise est une erreur. Il n’y a aucune attestation du nom Messio (forme au nominatif)
dans la province.
77
RAEPSAET-CHARLIER 2001, p. 376, 387.
78
RAEPSAET-CHARLIER 2001, p. 379-380.
234
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
mastique romaine79. Rien ne justifie donc une « correction » du texte de l’inscription
qui ne présente aucune incohérence, la base de la recherche étant de respecter les
sources.
Fig. 7. Trèves Pallien (Dessin © Kakoschke, TZ, 2014/2015, p. 191, fig. 2).
j) des corrections pertinentes ?
Dans le périodique électronique FERA (23, 2014), A. Kakoschke propose de
corriger les lectures de deux inscriptions de Cologne (CIL XIII 8356 = IKöln2 438 et
CIL XIII 8267b = IKöln2 275b).
Dans le premier cas, l’épigraphiste allemand propose de renoncer à la lecture
Iuliae Q(uinti filiae) Lupulae pour remplacer le Q de Quintus par le Q de quondam, ce
qui avait déjà été suggéré par Domaszewski dans le CIL. Il est vrai que le Q est surmonté d’une tilde, et on pourrait imaginer un autre usage de ce Q surligné : ne seraitce pas un théta mal compris par le lapicide comme dans le cas suivant ?
L’autre exemple est proche mais assez différent. Dans cette inscription deux Q
barrés sont intercalés dans la dénomination des défunts. L’interprétation qui prévaut
est que le lapicide ignorant le grec a détourné le « théta nigrum » en Q barré et que
cette indication précise que chacun des deux, le mari et la fille, sont décédés, ce qui
est repris ensuite en toutes lettres « obitis ». A. Kakoschke veut, ici aussi, comprendre
quondam d’après des exemples danubiens. En effet quondam dans les provinces de
Pannonie où il est fréquent, souvent écrit en toutes lettres, signifie globalement « qui
79
J.-M. LASSÈRE, Manuel d’épigraphie romaine, Paris, 2005, I, p. 96-97.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
235
était autrefois (sc. de son vivant) soldat, signifer, etc. », « feu Untel ou Unetelle ». Et
curieusement ce terme ou cette lettre se trouve assez fréquemment placé entre gentilice et cognomen sans que l’on doive y voir une signification onomastique particulière. Autrement dit c’est une simple manière d’indiquer qui est décédé et qui est
vivant dans une épitaphe. La correction pourrait donc être intéressante dans le second
cas même si cela ne change rien à la compréhension globale du texte. Dans le premier
cas, la question devrait rester ouverte car les cas de prénom paternel seul dans une
filiation ne sont pas rares. En tout cas, il faudrait se garder d’un risque de surinterprétation en imaginant un « kulturellen Austauch » entre Cologne et les provinces
danubiennes d’après cette pratique épigraphique très limitée.
k) une suggestion de rapprochement
Dans l’inscription AE 1937, 16 de Gondorf en Germanie supérieure, le défunt
au datif est dénommé Olitio Gaipo[-]i, le cognomen étant inconnu par ailleurs. Il est
habituellement restitué Gaipor d’après CIL VI 30914 où il est porté par un affranchi
défini comme Philadelphus. Gaipor en tant que Gaius-puer (esclave) est un surnom
latin80 archaïque ou archaïsant, rare81, qui paraît bien étrange en pleine Germanie :
faut-il imaginer un citoyen émigré du Sud, Olitius étant un gentilice attesté à Rome et
à Narbonne (CIL XII 4406, 4515) ?
Peut-être faudrait-il plutôt rapprocher Gaipo[] d’un nom indigène problématique attesté à Bollendorf chez les Trévires : CIL XIII 4105. Le défunt porte le nom
improbable de ARRGAIPPO, lu parfois AREGAIPPO82, au datif. Ne pourrait-on imaginer qu’il s’agit de duo nomina, ARR étant l’abréviation de Arrius, par exemple, et
GAIPPO un surnom germanique83 ? Cela donnerait une piste indigène pour ce nom
car le couple qu’il forme avec son épouse Primia Secunda est jugé, à juste titre assurément, comme « einheimisch » par Matijevic84. Un Gaipo, une marque lue Gaipo(nis),
est connu également à Aquilée (CIL V 8110,061b). L’indice peut demeurer intéressant même s’il s’avérait que la lecture ARRGAIPPO doit être retenue car il s’agirait
de toute manière d’un nom composé de deux éléments.
l) le statut de Carcassonne
Une inscription sur dalle de marbre mise au jour dans la région de Carcassonne,
à Rieux-Minervois, a reçu une nouvelle interprétation qui, à mon sens, pose problème.
CIL XII 5371 :
C(aio) Cominio C(ai) f(ilio) / Volt(inia) Bituitioni / prait(ori) c(oloniae)
I(uliae) C(?).
80
KAJANTO 1965, p. 22.
Semble unique d’après mes dépouillements ; peut-être un dérivé sous la forme
Gaiporus à Gerash.
82
WEISGERBER 1969, p. 130 et 138 (indigène indéterminé) ; nom celtique pour
KAKOSCHKE 2010, p. 126.
83
D’après les noms Gaipulus et Geippo : cf. FÖRSTEMANN 1900, p. 566 et 627.
84
MATIJEVIC 2011, p. 355 (n° 91).
81
236
M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER
Étant donné son lieu de découverte, cette inscription, assurément d’époque
augustéenne, est généralement considérée comme le témoignage du rang colonial de
Carcassonne85. En 2008, T. BEKKER-NIELSEN (« Colonia Iulia Carcaso ? », ZPE 164
[2008], p. 248-250) a mis cette lecture en doute et considéré qu’en l’absence de tout
autre indice, notamment littéraire, que Carcassonne ait reçu le titre de colonie, il
fallait attribuer l’inscription à une autre colonie avérée de Narbonnaise : il propose
donc soit Narbonne, soit Carpentras. Le second argument de l’auteur se fonde sur la
lecture problématique du milliaire de Barbaira (CIL XII 969 = XVII, 2, 299). Ce
milliaire pourrait apporter un second témoignage si l’on accepte une lecture
ancienne : soit XI [a] c(olonia / c(ivitate) I(ulia) K(arcasone) (AE 1888, 144 ; ILGN
656 ; KÖNIG, Itinera Romana, 3, 261), ce qui s’adapterait très bien à la distance entre
le lieu de découverte et Carcassonne. Mais selon l’auteur on pourrait lire le nombre
XXIX, soit la distance depuis Narbonne. Vu la date de la borne (274), il n’est pas
exclu que nous nous trouvions à un moment où Carcassonne a été absorbée déjà par
Narbonne. L’argument éventuel ne concerne pas l’époque augustéenne. Les photographies dont on dispose dénotent une graphie très maladroite et mal conservée, ce
qui ne permet aucune certitude. Il vaut donc mieux se contenter de l’inscription de
Rieux.
On soulignera tout d’abord que Carcassonne était bien inscrite dans la tribu
Voltinia : CIL XIII 7234, et que la liste des oppida Latina de Pline (III, 36-37)
comporte un nombre important de colonies latines avérées que Pline n’identifie pas
comme telles, réservant le terme colonia aux colonies romaines.
Attribuer l’abréviation CIC à c(olonia) I(ulia) C(laudia), ce qui ferait
l’impasse sur les éléments véritablement propres à Narbonne à savoir Narbo Martius,
constitue une hypothèse peu crédible. D’autant moins crédible que les magistrats de
Narbonne à haute époque (imposée par le titre de praitor seul et par son orthographe
archaïque) sont connus pour être des praetores duumviri (CIL XII 4338 et 4424) et
que la colonie est inscrite dans la tribu Papiria, deux points dont l’auteur de l’article
ne tient aucun compte. L’exemple que cite l’auteur à l’appui de son hypothèse (CIL
XIII 969) est une dédicace évergétique d’un magistrat narbonnais à Périgueux : certes,
mais il est inscrit dans la tribu Papiria, et la désignation de Narbonne est explicite :
colon(ia) Iulia Paterna Claud(ia) Narbo(ne) Mart(io). Si effectivement Rieux devait
appartenir à la pertica de Narbonne, cela expliquerait la nécessité que le personnage a
85
Outre la notice d’Hirschfeld dans le CIL, on verra par exemple A. ALLMER, HGL, XV,
n° 1319 ; M. GAYRAUD, Narbonne antique des origines à la fin du IIIe siècle, Paris, 1981,
p. 210-211 ; 322-323 ; J. GASCOU, « Duumvirat et quattuorvirat dans les cités de
Narbonnaise », dans Epigrafia. Actes du colloque en mémoire de Attilio Degrassi, Rome, 1988,
Rome 1991, p. 550 et 561 ; M. CHRISTOL et M. HEIJMANS, « Les colonies latines de
Narbonnaise », Gallia 49 (1992), p. 37-44, spéc. p. 42 ; J. GASCOU, « Magistratures et sacerdoces municipaux dans les cités de Gaule Narbonnaise », dans M. CHRISTOL et O. MASSON
(Ed.), Actes du Xe Congrès international d’épigraphie grecque et latine, Nîmes 1992, Paris,
1997, p. 107-108 ; M. CHRISTOL, « La municipalisation de la Gaule Narbonnaise », dans
M. DONDIN-PAYRE & M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER (Ed.), Cités, colonies, municipes, Paris,
1999, p. 19 et 24.
NOTES ÉPIGRAPHIQUES
237
connue de préciser dans quelle cité il était magistrat. Il n’était donc pas magistrat de
Narbonne ce que sa tribu excluait déjà.
Si l’on songe à Carpentras, colonia Iulia Meminorum Carpentorate, dont la
seule attestation épigraphique retient Mem(inorum) et non Carpentorate (CIL XII
1239, d’Orange), la première réaction serait de s’interroger sur la présence de ce
praitor à Rieux, très loin de son territoire de compétence, mais on devrait pouvoir
suggérer des explications (cf. supra). Par contre, il faut aussi se demander si une dédicace à un magistrat municipal au tout début de notre ère pourrait être compréhensible
pour un lecteur en pleine vallée de l’Aude si elle désignait de manière aussi abrégée la
très lointaine colonie de Carpentras (241 km). On peut envisager que la pierre ait été
déplacée, mais je ne comprendrais pas aisément qu’une telle distance dans des régions
historiquement différentes tant sur le plan de la politique que de l’Église ait pu être
parcourue dans le seul but d’utiliser une pierre antique. Des déplacements d’inscriptions existent certes, on songera à la dédicace CIL XII 4411, actuellement conservée à
Quarante dans le territoire de la colonie de Béziers, dont on sait avec certitude par des
témoignages d’époque qu’elle fut transportée depuis Narbonne pour devenir un autel
dans une église abbatiale. La distance est là de 23 km. Et il s’agit d’un déplacement
relativement lointain et rare dans la mesure où il ne s’agit pas d’un transport lié à une
collection.
En conclusion, il m’apparaît qu’aucun argument dirimant ne peut être opposé à
la lecture classique Colonia Iulia Carcaso ni au statut colonial de Carcassonne,
laquelle fut absorbée par Narbonne sous Dioclétien. À cet endroit proche de
Carcassonne, l’abréviation CIC avait un sens.
ULB (Groupe de recherche SociaMM)
Marie-Thérèse RAEPSAET-CHARLIER
Avenue de la Pairelle 42/2
B-5000 Namur
m-t.charlier@ulb.ac.be
Bibliographie
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Vallon, 2009.
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