Du cultuel au profane : essai d’analyse taphonomique et spatiale
des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et de ses abords
Matthieu Demierre
Matthieu Poux
Dresser une synthèse consacrée aux méthodes et aux
marqueurs susceptibles d’aider à la caractérisation de l’activité cultuelle sur un site aussi riche et complexe que celui
de Corent relève de la gageure à ce stade des recherches.
Les onze campagnes de fouille réalisées sur ce gisement
depuis 2001 ont livré un foisonnement d’informations qui
doivent encore faire l’objet d’une analyse approfondie.
Le centre de l’oppidum, occupé entre le troisième quart
du iie siècle av. J.-C. et le milieu du ier siècle av. J.-C., a fait
l’objet de fouilles étendues sur près de deux hectares, qui
couvrent différents espaces à vocation aussi bien communautaire (sanctuaire, esplanade publique, place de marché,
hémicycle de réunion) que privée (habitats et structures
artisanales). Cette approche extensive permet, pour la
première fois en Gaule centrale, de confronter les vestiges
architecturaux et les assemblages d’objets relatifs à ces
deux sphères, généralement considérées comme antithétiques. Leur analyse croisée éclaire d’un jour nouveau la
structure et le fonctionnement d’un centre urbain à la in
de l’âge du Fer. Elle permet aussi d’envisager une meilleure caractérisation des activités religieuses, politiques,
artisanales, commerciales ou domestiques qu’il abrite.
Cette contribution s’inscrit dans une optique purement
méthodologique. Elle s’attachera à mettre en évidence
certains marqueurs de l’activité cultuelle sur le site, en
confrontant les mobiliers issus du sanctuaire d’époque
laténienne fouillé entre 2001 et 2005, d’une part, avec
ceux provenant des quartiers contemporains fouillés
entre 2005 et 2008 au nord de ce dernier, d’autre part.
Fouillés postérieurement à l’organisation de la table
ronde visée par ce volume d’actes, les autres quartiers de
l’oppidum n’entrent pas dans le cadre de l’analyse. Le
corpus documentaire pris en considération, à savoir près
de 10 000 objets localisés sur le terrain, est largement
sufisant pour alimenter une problématique qui peut se
résumer à trois questions simples :
- Quels sont les mobiliers ou les associations de mobilier qui permettent de caractériser un sanctuaire à la in
de l’âge du Fer ?
- Comment aborder ce matériel du point de vue statistique, spatial et fonctionnel ?
- Comment interpréter la présence ou l’absence de
certaines catégories de mobilier ?
D’autres considérations d’ordre interprétatif, relatives
à l’usage pratique ou à la signiication symbolique des
mobiliers, aux pratiques et croyances qu’ils relètent ou
encore à leur implication dans la sphère politique et économique, ne seront pas développées ici. On se reportera,
pour tous ces aspects, aux publications déjà disponibles
(Poux 2006 ; 2007 ; Foucras et Poux 2008 ; Poux 2008 ;
2011) ainsi qu’à la monographie à paraître du sanctuaire
(Poux et Demierre, sous presse).
La démonstration peut s’appuyer, à Corent, sur une
coniguration pratiquement unique à l’échelle de la Gaule :
un sanctuaire inscrit dans son environnement urbain
(plateau de 60 ha, abandonné dès la in de l’Antiquité),
retrouvé dans un état de conservation peu commun. La
préservation des sols de circulation et des dépôts sur la
grande majorité de la surface du site, en particulier, a
permis de recueillir une masse considérable de mobiliers
en contexte, qui se chiffre à plus de trente tonnes de matériaux variés (céramiques, osseux, métalliques). L’étroite
juxtaposition d’espaces dédiés à l’activité religieuse,
d’une part, à la vie domestique et aux activités économiques, d’autre part, et leur délimitation très nette sur le
terrain permettent de confronter ces deux sphères sur la
base de critères statistiques objectifs.
Après une brève présentation du site, l’argumentation
se focalisera dans un premier temps sur les particularités
du matériel issu du sanctuaire, ain de générer un cadre
de rélexion utile à l’analyse spatiale du mobilier provenant de l’ensemble du site. Cette analyse, qui s’appuie
elle-même sur un cadre méthodologique en cours d’élaboration (Demierre, en cours) sera concentrée sur quelques
catégories de mobilier particulières. Elle se conclura sur
des considérations d’ordre plus général, visant à déinir les
critères matériels les plus discriminants pour caractériser
l’activité cultuelle du site.
Présentation du site
Situé à 15 km au sud-est de Clermont-Ferrand, l’oppidum
de Corent occupe la presque totalité d’un plateau d’origine
volcanique couvrant une soixantaine d’hectares. Les fouilles
initiées en 1992 par V. Guichard et reprises en 2001 par notre
équipe ont surtout porté sur la portion médiane du site et y
ont mis au jour une majeure partie du centre urbain, comportant un sanctuaire, un complexe artisanal et commercial,
une place publique ainsi que des habitats (ig. 1).
Sanctuaire
Fondé entre le milieu et le troisième quart du iie siècle
av. J.-C., le lieu de culte est enceint dans son premier
état par un imposant fossé d’implantation de palissade
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
plateau (partie basse)
fouilles 2001 - 2009
partie sommitale
Fig. 1 – Plan général de
la zone de fouille avec
situation sur le plateau
en encart.
12925
fouilles 2010-2011
OPPIDUM DU PUY DE CORENT
0
200 m
N
cône d'éruption
habitat (G)
Quartiers artisanaux
et domestiques
Fouilles 2005-2008
Surface : 5067m2
place artisanale et commerciale
(complexe C)
bâtiment sur cave C5
habitat (G)
1186
E 1172
N
1188
E 1170
N
1186
E 1170
N
1190
E 1168
N
habitat (K)
1190
E 1166
N
1188
E 1166
N
1190
E 1164
N
1188
E 1164
N
1186
E 1156
N
1184
E 1156
N
1188
E 1154
N
habitat (B)
1186
N 1154
E
1184
E 1154
N
1182
E 1154
N
1184
E 1152
N
1182
E 1152
N
habitat (Q)
habitat (E)
habitat (A)
habitat (L)
place
place
Fouilles 2010-2011
habitat (N)
habitat (M)
habitat (O)
hémicycle
Sanctuaire
Fouilles 2001-2005
Surface : 2115 m2
FOUILLES DE CORENT
Emprise 2001 - 2011
0
20 m
N
Zone exploitée dans cette étude
Zone non exploitée
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Essai d’analyse taphonomique et spatiale des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et des ses abords
dépôt de type "trophée"
galerie (tranchée de fondation externe)
fossé de péribole
galerie (colonnade interne)
enclos (A)
fosses cuvelées (E)
entrée
structure sur
poteaux (D)
enclos (B)
Etat 1
enclos (C)
Etat 2
Fig. 2 – Plan général des deux
états du sanctuaire.
Structures internes
fossé de péribole
délimitant l’espace dédié aux divinités, dont la hauteur est
évaluée entre 4,5 et 5,5 m hors sol (ig. 2). La palissade est
démantelée à la transition entre le ier et le iie siècle av. J.-C.,
et son fossé est comblé par les reliefs liés aux activités du
premier état. Cette enceinte primitive est remplacée, à la
même époque, par un dispositif de portique monumental à
quatre branches jointives, qui perdurera au moins jusqu’à
la conquête romaine. La structure de cette galerie repose
sur des poteaux internes d’un diamètre pouvant atteindre
0,50 m, tandis que sa cloison extérieure est composée
d’un haut mur en terre sur armature de bois. Au milieu
de sa branche est, l’accès au sanctuaire est matérialisé
par trois rangées de trois poteaux associés à des montants
latéraux, constitutifs d’une imposante tour-porche s’élevant à plus de 8 m de haut. Les portions fouillées de la
galerie, principalement au niveau de ses branches ouest,
nord et est, ont mis en évidence des sols aménagés en
tessons d’amphores, des cloisons internes et des foyers
interprétés comme des vestiges d’installations culinaires.
Le plan de ce péribole est repris dans ses grandes lignes
par la galerie gallo-romaine qui lui succède à l’époque de
la conquête et dont la fréquentation perdurera au moins
jusqu’au iiie siècle apr. J.-C.
L’espace interne du péribole livre plusieurs bâtiments
et aménagements de fonction distincte. En son centre,
deux enclos ou bâtiments géminés de forme rectangulaire (A et B) se font face de part et d’autre de l’axe qui
prolonge l’entrée du sanctuaire (ig. 3). Marqués au sol
par des fossés remplis principalement de crânes et de
mâchoires d’ovicaprinés, ces bâtiments sont interprétés
comme des lieux dédiés au sacriice animal, les reliefs
osseux représentant la part offerte aux dieux de la viande
consommée par les hommes (Foucras et Poux 2008).
En face de l’entrée, à proximité de la branche ouest de
l’enclos périphérique, un épandage de mobilier bordé par
quelques trous de poteau de grande taille (D) est conservé
grâce au soubassement du temple à galerie périphérique
gallo-romain installé à cet emplacement. Cette construction légère est associée à un faciès faunique atypique,
comportant des restes de microfaune, des crânes de
caprinés et un bucrane retrouvés à l’aplomb des poteaux
porteurs. L’étude des ossements ainsi que la présence
d’une potence probablement utilisée pour la suspension de
carcasses animales permettent d’attribuer à cette structure
une fonction d’exposition des animaux sacriiés, dans le
cadre des opérations de découpe bouchère et de cuisson.
La structure E, située dans la portion est de la cour, est
composée d’un ensemble de quatre fosses quadrangulaires
de profondeur relativement faible (env. 0,30 m), bordées
d’un aménagement de grands fragments d’amphores
disposés à plat de manière rayonnante ain de souligner
l’emplacement des cavités. Ces structures, dont le cuvelage est signalé par la plusieurs clous retrouvés en bordure
des creusements, sont interprétées comme les réceptacles
des libations de vin accomplies en l’honneur des divinités du sanctuaire, selon une symbolique chtonienne bien
établie pour d’autres ensembles de Gaule centrale et du
Sud-Ouest.
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
artisanale est soulignée par la présence systématique de
structures excavées, allongées et peu profondes, correspondant à des fosses-ateliers. Cet ensemble architectural,
désigné ici sous l’appellation de complexe C, semble
revêtir également une fonction commerciale. De nombreux jetons en céramique et monnaies découverts côté
cour constituent, en effet, le pendant fonctionnel des
activités artisanales qui se déroulaient sous les bâtiments
périphériques. Cet aspect est renforcé par la présence,
dans l’angle nord-est du complexe, d’une vaste construction (C5) occupée par une grande cave creusée à même
la roche, de 18 m de long pour 2 m de profondeur. Cette
structure a livré plus de cinq tonnes d’amphores vinaires,
dont une vingtaine de récipients entiers retrouvés en
position de dépôt primaire au fond du creusement, où ils
sont associés à de la vaisselle céramique et métallique, à
de nombreux jetons et pièces de monnaie qui déinissent
un espace principalement dédié au stockage et à l’échange
du vin importé (Poux et Pranyies 2009).
a
b
c
d
Les mobiliers du sanctuaire
e
Fig. 3 – Cuves entourées d’amphores (a), fossé de l’enclos A
rempli de mâchoires d’ovicaprinés (b), dépôt de type « trophée »
in situ et umbones mutilés de cet ensemble après restauration (c
et d), bucrane mis au jour dans la structure D (e).
L’angle sud-ouest de l’enclos, particulièrement arasé,
a livré les vestiges de deux lignes de trous de poteau de
petite taille (enclos C) délimitant un espace à ciel ouvert,
interprété comme un enclos à bétail par comparaison
avec un aménagement similaire mis en évidence sur le
sanctuaire de Gournay-sur-Aronde.
Quartiers domestiques et artisanaux
situés au nord du sanctuaire
La parcelle située au nord du sanctuaire est occupée
par plusieurs bâtiments (ig. 4, A, B et H), dont le plan et
la disposition sont caractéristiques des habitats urbains
de La Tène inale tels qu’on les retrouve sur les oppida
de Villeneuve-Saint-Germain, de Variscourt ou encore de
Hrazany (Fichtl 2000, p. 84). Séparés les uns des autres
par un parcellaire délimité par des palissades légères, ces
corps de bâtiments se singularisent des autres constructions du site par la présence d’un foyer en leur centre,
d’une cour attenante ainsi que par la présence systématique de petites caves ou celliers intégrés à l’architecture
du bâtiment ou abrités par ses annexes, qui comprennent
souvent un ou plusieurs greniers, séchoirs et réduits
artisanaux. La construction soignée des bâtiments, leur
surface au sol et la présence systématique de mobiliers
de qualité (parures en or, harnachement, pièces de char
et d’armement) indiquent qu’ils étaient occupés par des
populations de fort statut social.
Au milieu de ces constructions à vocation domestique,
une vaste cour d’une vingtaine de mètres de large est
bordée de grands bâtiments longilignes dont la fonction
Dans la première moitié du ier siècle av. J.-C., le quadriportique est le cadre d’activités culinaires (préparation de
banquets), artisanales (frappe monétaire), voire commerciales (vente et échange de denrées ou boissons), qui ne
se distinguent guère de celles attestées dans les quartiers
environnants. Le sanctuaire n’en présente pas moins un
faciès mobilier particulier, représentatif d’une pratique
religieuse qui se distingue par sa variété. Cette activité est
mise en évidence par l’analyse croisée des données qualitatives, quantitatives ou encore taphonomiques d’autres
catégories de mobilier généralement considérées comme
des marqueurs de l’activité cultuelle, telles la faune ou la
céramique.
a
b
Fig. 4 – Structures en creux de l’habitat B (a), fosse-atelier du
complexe C (b), citerne de l’habitat F et cave de l’habitat H (d).
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Essai d’analyse taphonomique et spatiale des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et des ses abords
Réputé pour les pratiques de banquet qui se déroulaient
dans son enceinte, le sanctuaire de Corent livre plus de
cinq tonnes de tessons d’amphore à vin, qui témoignent
d’une consommation de leur contenu dans un cadre religieux. L’implication des boissons importées et/ou locales
dans l’activité cultuelle est également signalée par les
cuves bordées de grands fragments d’amphore, dont la
disposition et la mise en scène évoquent des pratiques de
libations (Poux 2004).
De façon complémentaire, la faune est majoritairement
composée de petits animaux (caprinés, porcs, chien)
représentatifs d’une consommation carnée pouvant être rattachée aux festins organisés dans l’enceinte du sanctuaire.
L’accumulation de crânes et de mâchoires de caprinés
dans les enclos ou bâtiments A et B implique une sélection
drastique des ossements, considérée comme un phénomène caractéristique des lieux de culte contemporains
(Méniel 2001 ; Foucras et Poux 2008). De même, la présence inhabituelle de crânes de prédateurs (loups, renards,
hibou grand duc…) à l’entrée du sanctuaire témoigne
d’une utilisation dans le cadre religieux. La représentation de ces mêmes espèces sur le principal type monétaire
frappé dans l’enceinte même du sanctuaire les désigne en
tant que symboles et marqueurs d’un véritable programme
iconographique à visée dynastique (Poux 2008).
La forte représentation des monnaies, des jetons et
des autres objets circulaires (anneaux, perles) constitue
une autre caractéristique majeure de ce faciès mobilier.
S’ils peuvent contribuer à la caractérisation de l’activité
cultuelle (fig. 5), ces objets sont attestés de manière
tout aussi massive dans les quartiers périphériques de
l’oppidum. Leur présence, ou même leur récurrence, sur
le sanctuaire ne saurait donc constituer en soi un élément
de preuve sans l’apport de leur répartition spatiale, qui
sera développé plus loin.
Les autres petits mobiliers composent un faciès varié
qui renvoie à la presque totalité des activités humaines
attestées sur le site, de la parure à l’armement, en passant
par les activités culinaires et artisanales (ig. 6). L’analyse
taphonomique de certains éléments témoigne plus particulièrement de comportements d’ordre rituel. Ainsi, les
pièces d’armement sont volontairement détruites, selon
la pratique du bris inhumatoire déinie par J.-L. Brunaux
(Brunaux 2000, p. 99 ; ig. 7). En témoigne le mode de
conservation des lames et fourreaux d’épée, volontairement détruits et attestés uniquement par leurs extrémités
distales. De même, les orles de bouclier ont été systématiquement arrachés et les pointes de lance découpées.
Eléments circulaires
Monnaies
Or
Argent
Bronze
Perles
Bronze
Verre
Os
Jetons
Nombre de restes
855
2
85
768
289
129
86
30
739
Fig. 5 – Quantiication des éléments circulaires.
Un dépôt plus complet, découvert en 2009 dans la tranchée de fondation du mur arrière de la galerie, comporte
les éléments mutilés d’une cotte de mailles, de quatre
boucliers, d’une crête de sanglier-enseigne et d’un fourreau. Cet assemblage démontre l’existence de pratiques
d’exposition d’armes caractéristiques de trophées gaulois,
qui sont eux-mêmes inspirés des compositions de tropaia
connus en Grèce et en italie (Garcia, Demierre et Poux
2010). Les umbones de bouclier présentent de nettes
traces d’arrachage, de découpe à la cisaille ou d’enfoncement (ig. 3d) ; la cotte de mailles a été cassée en quatre
fragments, la crête du sanglier-enseigne désolidarisée du
corps de l’animal.
Si le nombre de pièces de parure (NR 769) paraît déjà
sufisamment important pour attester leur dépôt volontaire, leur taphonomie témoigne du même phénomène.
Plusieurs bracelets et ibules ont été retrouvés intacts ou,
à l’inverse, volontairement détruits (ig. 7). L’évolution
générale des modalités de dépôt conirme une tendance
déjà mise en évidence sur plusieurs sanctuaires comme
Fesques ou Mandeure, où l’armement et la parure sont
représentés de manière équivalente au iie siècle av. J.-C.,
pour évoluer vers des assemblages plus variés dominés par les objets de parure, principalement les ibules
(Bataille 2008, p. 179-181 ig. 117 ; ig. 8).
Confrontation du mobilier issu des
sphères cultuelle et profane
L’accumulation de ces différentes catégories de mobilier fournit déjà un critère quantitatif pertinent, corroboré
par les observations taphonomiques. La comparaison
statistique avec d’autres ensembles découverts dans les
quartiers périphériques au sanctuaire leur confère un
caractère encore plus discriminant. Elle permet aussi
d’exclure, a contrario, certains mobiliers considérés de
prime abord comme des marqueurs du domaine cultuel,
dont l’implication dans la pratique religieuse ne peut être
déduite qu’à partir d’associations signiicatives.
Options méthodologiques et limites
L’analyse spatiale d’un lot de mobilier aussi important
doit s’assortir de certaines précautions méthodologiques.
La répartition des différentes catégories de mobilier, en
particulier, dépend de plusieurs facteurs archéologiques
tels que la surface explorée, le degré de conservation des
vestiges ou encore les conditions de dépôt du mobilier.
Dans le cas de Corent, les fouilles ont mis en évidence
un degré d’érosion différencié des sols, qui dépend principalement du pendage engendré par les coulées et les
dépôts de scories basaltiques provenant de la dernière
éruption à l’origine de la formation du plateau (ig. 1).
irrégulier, ce socle volcanique est formé de « vagues »
successives, perpendiculaires au cône d’éruption situé au
sud-ouest du chantier, qui conditionnent l’état de conservation des vestiges. Plus exposés à l’érosion naturelle et
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Armement
NR = 88
Parure
NR = 769
Activités culinaires
NR = 75
Poids et mesures
Activités artisanales
NR = 140
NR = 18
Toilette
NR = 15
Transport
NR = 16
Fig. 6 – Planche de synthèse des mobiliers mis au jour dans le sanctuaire.
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Essai d’analyse taphonomique et spatiale des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et des ses abords
Manipulations destructrices sur l’armement
Déplié
Exemples de parures entières et de manipulations destructrices
Ech.
Ech.1/2
2/3
0
cm
5
Fig. 7 – Pièces d’armement et de parure volontairement détruites ou retrouvées intactes.
Diagramme quantitatif en NMI (hors monnaies et jetons)
3% 3%
8%
5%
5%
Parure
1%
16%
Armement
Activité culinaire
10%
46%
47%
Artisanat
Toilette
Transport
Poids et mesure
21%
27%
8%
Etat 1
Etat 2
Fig. 8 – Évolution du faciès général de l’instrumentum en NMi.
— 215 —
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Habitat (G)
0
5
N
10 m
Habitat (B)
Habitat (H)
Complexe C
Habitat (F)
Habitat (A)
Habitat (E)
sanctuaire
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
Fig. 9 – Degré d’arasement des vestiges.
aux activités agricoles, les niveaux de sols situés sur les
remontées du substrat en bordure est et ouest du sanctuaire ont été presque totalement arasés par les labours.
Seules les structures en creux sont encore observables
dans le substrat basaltique (ig. 9). À l’inverse, les plages
intermédiaires formées par le tassement de la couche de
pouzzolane se distinguent par un meilleur état de conservation des sols, jonchés d’objets retrouvés en position
primaire ou secondaire. Ces différences sont bien illustrées par la répartition générale du mobilier, qui accuse
de plus fortes concentrations dans les parties du site les
moins arasées (ig. 10). Ces conditions taphonomiques
doivent être prises en compte dans le détail mais n’inluent
pas fondamentalement sur la comparaison des deux
fenêtres. Comme l’illustre la carte, les secteurs soumis à
un fort degré d’érosion et les secteurs mieux conservés y
alternent dans les mêmes proportions.
Ces deux fenêtres se distinguent en revanche par leur
supericie respective, d’environ 2110 m2 pour les sols
fouillés à l’intérieur du sanctuaire, d’environ 5060 m2
pour les quartiers d’habitat environnants (fig. 1). Le
calcul d’un coeficient relatif à la surface fouillée, estimé
à 2,395, permet de pondérer la distribution quantitative
du mobilier et de souligner d’éventuelles différences
quantitatives dans la distribution de certaines catégories
de mobilier.
En principe, l’analyse taphonomique et spatiale doit
prendre en compte les conditions d’enfouissement de
chaque objet, ce qui n’a pas pu être réalisé faute de
temps. Cet aspect sera développé dans la publication du
sanctuaire et appliqué à l’avenir à l’ensemble du site. il
permet de déterminer le parcours des objets en précisant
leurs modalités de dépôt (primaire, secondaire, tertiaire)
et d’éviter ainsi les associations erronées pouvant découler, par exemple, d’un phasage différencié des couches
de dépôt ou de phénomènes de réutilisation secondaire.
La supericie échantillonnée, qui couvre plus d’un hectare, restreint toutefois les possibilités d’erreur. Si l’on
s’en tient à une vision globale de la distribution spatiale
des mobiliers, sans procéder à un examen détaillé de
chaque assemblage, il est possible de mettre en évidence
des répartitions différenciées, des concentrations ponctuelles ou des associations pertinentes du point de vue
fonctionnel.
Dans le même ordre d’idée, des assemblages fonctionnels cohérents sur le plan interprétatif pourront être
abordés de manière cumulative ou complémentaire selon
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Essai d’analyse taphonomique et spatiale des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et des ses abords
E 1100
N 1200
0
5
10 m
N
M
T
M
M
T
T
T
Habitat (A)
E 1190
N 1130
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
Fig. 10 – Répartition générale du mobilier.
les activités que l’on cherche à localiser. Ainsi, la répartition des mobiliers relatifs aux sacriices animaux, aux
banquets, à la consommation et à la préparation de nourriture (ustensiles de cuisine, faune) peut être juxtaposée
à celle du matériel caractéristique des rites de libation et
de consommation de la boisson (amphore, vaisselle céramique et métallique), ain de vériier la complémentarité
de ces deux pratiques, puis de les confronter à d’autres
types d’activités.
Un dernier facteur de limitation réside dans le degré de
précision des études de petits mobiliers des deux corpus.
Si le matériel du sanctuaire a fait l’objet d’une analyse
détaillée, fondée sur un nettoyage systématique du mobilier pour identiication, ce travail n’a pas encore pu être
réalisé pour l’ensemble du site. La bonne conservation
du mobilier métallique de Corent permet toutefois une
bonne lecture de la plupart des artefacts au moment de
leur découverte. Une mise en garde similaire doit être
formulée à propos des ossements animaux provenant des
contextes d’habitat, dont seule une faible portion a été
étudiée, alors que la faune du sanctuaire a été exploitée
de manière plus exhaustive dans le cadre de la thèse de
Sylvain Foucras (Foucras 2011).
Analyse comparée de quelques catégories de
mobilier
En dépit de ces restrictions méthodologiques, force
est de constater que les faciès fauniques diffèrent très
fortement entre le sanctuaire et l’habitat. ils constituent,
comme ailleurs, l’un des premiers critères discriminants
entre les sphères religieuse et profane (ig. 11). Les petits
animaux domestiques (caprinés et porcs) sont en effet fortement majoritaires au sein du téménos, où le bœuf atteint
à peine 15 % du nombre de restes, alors qu’il prédomine
nettement dans l’habitat avec plus de 70 % du nombre de
restes dans certains contextes étudiés. La prépondérance
de cette espèce, qui procure d’importantes quantités de
viande, est inhérente à l’approvisionnement carné d’un
grand centre urbain, attesté dans plusieurs agglomérations
contemporaines (Méniel 2001, p. 109).
La distribution différenciée des parties anatomiques,
en revanche, ne peut être considérée pour l’heure comme
un marqueur fort, eu égard à la faible représentativité des
ensembles étudiés. Au sein du sanctuaire, on soulignera
néanmoins la particularité du faciès de l’enclos ou du
bâtiment A : les caprinés y sont fortement majoritaires
et présentent une proportion de crânes nettement plus
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Vaisselle
(1.2 t)
Caprinés
21%
Crânes
35%
Suidés
66%
Métal
(3144 NR)
Tronc et
membres 18%
Céramique
(32,6 t)
Faune (1.7 t)
Extrémités
13%
Bovidés
13%
Amphores
(32.6 t)
Sanctuaire (général)
Habitat
Métal
(2598 NR)
Bovidés
3%
Vaisselle
(0.6 t)
Crânes
51%
Caprinés
81%
Suidés
16%
Céramique
(5.6 t)
Tronc et
membres 21%
Extrémités 9%
Amphores
(5 t)
Faune (0.9 t)
Sanctuaire Enclos A
Sanctuaire
Suidés
6%
Fig. 12 – Répartition en poids et en NR des principales
catégories de mobilier.
Crânes 9%
Tronc et
membres 15%
Bovidés
73%
Extrémités
49%
Caprinés
21%
Habitat
Fig. 11 – Comparaison entre les faciès fauniques du sanctuaire
en général, de l’enclos A et de l’habitat.
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
Habitat
Sanctuaire
3%
5%
10%
8%
5%
Parure
10%
Producion
47%
Guerre
15%
62%
Acivités culinaires
Divers
35%
Habitat
Sanctuaire
Fig. 13 – Quantiication générale du mobilier entre le sanctuaire
et l’habitat selon le coefficient de 2,395, et distribution du
mobilier en catégorie fonctionnelle en NR.
élevée que dans le fossé d’enceinte du sanctuaire, où le
porc est prépondérant. Cette singularité peut également
être considérée comme un critère iable pour la distinction
entre les domaines religieux et profane. Elle renvoie à
des pratiques bien distinctes et fortement normalisées de
boucherie sacriicielle, de gestion des déchets de découpe
et de consommation des viandes dans le cadre du banquet
consécutif au sacriice, bien mises en évidence par les
études antérieures (Foucras et Poux 2008 ; Foucras 2011).
Hors les murs du sanctuaire, certains ensembles situés
à l’intérieur ou à proximité du complexe artisanal et
commercial (complexe C) se distinguent par une forte prédominance des crânes, des rachis et surtout des extrémités
de membres de bœuf (jusqu’à 90 % du nombre de restes
dans certains contextes). Elle trahit l’existence de zones de
découpe bouchère et de prélèvement des peaux animales,
complémentaires des autres secteurs d’activité artisanale
hébergés dans le même complexe. La nette dissociation
des faciès fauniques permet d’afirmer que ces boucheries
n’étaient pas dédiées à l’approvisionnement des activités
sacriicielles accomplies sur le sanctuaire voisin, mais à
la consommation profane et aux échanges commerciaux
en milieu urbain.
Les amphores vinaires se retrouvent, proportionnellement, en plus grand nombre dans l’habitat que dans
le sanctuaire, avec un ratio de 32 pour à peine 5 tonnes
dans les deux fenêtres comptabilisées (ig. 12). Même
pondérée par le coeficient relatif à la surface fouillée, la
consommation de vin ne semble pas constituer en soi un
critère discriminant pour caractériser l’activité cultuelle.
Cette distribution spatiale peut s’expliquer par d’autres
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Essai d’analyse taphonomique et spatiale des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et des ses abords
Habitat (G)
0
5
N
10 m
Habitat (B)
Habitat (H)
Complexe C
Habitat (F)
Habitat (A)
Habitat (E)
trophée
sanctuaire
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
Fig. 14 – Répartition de l’armement.
facteurs, comme le réemploi systématique des amphores
en tant que matériau de construction dans l’habitat,
ou encore par un accroissement de la consommation
domestique dans la première moitié du ier siècle av. J.-C.
Elle pourrait également être perçue comme le symptôme
d’un certain « conservatisme » observé dans l’enceinte
du sanctuaire, où les banquets conservent un caractère
fortement indigène. En Gaule, l’intégration du vin aux
pratiques de boisson collective n’a que peu inlué sur une
tradition festive qui reste focalisée sur l’alimentation carnée et les breuvages locaux comme la bière et l’hydromel
(Poux 2004). Cette dernière hypothèse est corroborée par
une meilleure représentation de la vaisselle céramique et
métallique importée à l’extérieur du sanctuaire. Les ustensiles en bronze liés à la consommation du vin dans le cadre
du symposium gréco-romain, par exemple, y sont cinq
fois plus nombreuses que dans l’enceinte du sanctuaire,
où prédominent les ustensiles dédiés au festin indigène
comme les chaudrons, le croc à viande ou les seaux à
cerclage métallique (Poux et Demierre, sous presse).
La répartition des autres petits mobiliers révèle, en
revanche, une dichotomie lagrante entre le sanctuaire et
le reste du site, quel que soit le type d’analyse envisagé.
Sur le plan quantitatif, le lieu de culte se démarque par un
effectif global nettement supérieur (3144 NR), qui représente plus du double de celui comptabilisé dans l’habitat
(2598 NR), si l’on applique le coeficient relatif aux surfaces fouillées (ig. 13). Une disparité similaire s’observe
dans la distribution qualitative du mobilier en nombre de
restes, avec une prédominance marquée de la parure dans
le sanctuaire, tandis que les activités artisanales occupent
une place nettement plus importante dans l’habitat. De
même, l’armement est nettement mieux documenté dans
le sanctuaire que dans l’habitat. Déjà signiicatif à ce stade
de l’analyse, ce constat est encore plus marqué si l’on
prend en compte la situation taphonomique et la répartition spatiale des différentes catégories fonctionnelles.
Avec moins d’une centaine de restes pour un nombre
minimum d’individus de 25, l’armement est relativement
peu représenté dans le sanctuaire, en comparaison avec
d’autres lieux de culte comme Gournay-sur-Aronde,
Ribemont-sur-Ancre ou encore Villeneuve-au-Châtelot. Il
se rattache principalement au premier état et se concentre
surtout au niveau de l’entrée et de la portion nord de
l’enceinte, qui a notamment livré le trophée découvert
en 2009 (ig. 14). Si cette quantité semble négligeable
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Habitat (G)
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N
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Habitat (B)
Habitat (H)
Complexe C
Habitat (F)
Habitat (A)
Habitat (E)
sanctuaire
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
Fig. 15 – Répartition des ibules.
en regard de celles collectées sur d’autres sanctuaires
à caractère guerrier, elle demeure toutefois nettement
supérieure à celle des pièces d’armement de l’habitat, qui
se concentrent principalement entre la place de marché
(complexe C) et le corps de bâtiments (A) attenant à son
enceinte. Cette dernière zone se distingue par l’association de pièces d’armement, d’éléments de crâne humain
ou encore de lingots de bronze, qui la différencient
nettement des corps d’habitat environnants. On notera
tout spécialement la présence de plusieurs umbones de
bouclier dans cet ensemble, alors que le sanctuaire n’en
livre que dans le dépôt de type « trophée » localisé dans
le même secteur. Comme dans le sanctuaire, les pièces
d’armement de cette zone présentent des traces de destruction volontaire, tandis que les autres équipements
militaires retrouvés dans l’habitat ne présentent aucune
trace de telles manipulations. il semble donc, au vu de ces
données, que l’armement demeure un critère iable pour
identiier le déroulement de pratiques cultuelles.
La surreprésentation des parures dans le sanctuaire
constitue un autre critère iable pour la caractérisation du
lieu de culte, où leur présence est beaucoup plus marquée
qu’ailleurs. Ce postulat est corroboré par leur répartition
différenciée par catégorie. Ainsi, les ibules sont principalement localisées au niveau du bâtiment ou de l’enclos A
et dans l’angle nord-est du téménos, alors qu’aucune
concentration signiicative n’est observable dans l’habitat
(ig. 15). La différence se marque encore plus distinctement dans l’analyse des anneaux et des perles en alliage
cuivreux, en verre ou en os qui sont amassés au niveau
de l’entrée du sanctuaire, alors qu’aucune zone préférentielle de dépôt n’apparaît dans l’habitat (ig. 16). La
taphonomie des parures semble également pouvoir être
considérée comme un argument de poids pour qualiier les
activités cultuelles : les objets entiers ou volontairement
détruits sont peu attestés dans l’habitat, tandis que tous les
types de parures du sanctuaire comportent des individus
intacts ou marqués par de nets symptômes de destruction
intentionnelle. Enin, l’évolution des modalités de dépôt
des assemblages de parure du sanctuaire montre un faciès
varié pour le premier état daté du iie siècle av. J.-C., qui
évolue ensuite vers un agencement où les ibules sont fortement majoritaires. Ce phénomène, observé sur d’autres
lieux de culte par G. Bataille, renforce l’identiication de
pratiques de dépôts de parure dans le sanctuaire.
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Essai d’analyse taphonomique et spatiale des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et des ses abords
Habitat (G)
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Habitat (B)
Habitat (H)
Complexe C
Habitat (F)
Habitat (A)
Habitat (E)
sanctuaire
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
Fig. 16 – Répartition des perles et anneaux en bronze, verre et os.
Un diagnostic relativement similaire à celui formulé
pour les parures peut être émis en ce qui concerne les
jetons céramiques et les monnaies. Leur représentation
quantitative et leur distribution spatiale sont très proches
et permettent d’identiier des pratiques symboliques relevant de la sphère cultuelle ou communautaire au sens large
(ig. 17). Nettement plus fréquentes dans le sanctuaire
qu’à l’extérieur, ces deux catégories de mobilier accusent
deux fortes concentrations sur l’ensemble du site : sur la
place centrale du complexe C, d’une part, au niveau de
l’entrée et des enclos internes du sanctuaire, d’autre part.
Cette répartition similaire pourrait porter à confusion si
les zones préférentielles de dépôt dans le sanctuaire ne
coïncidaient pas avec celle des anneaux et des perles,
alors que cette association est absente dans l’habitat.
Ces différentes catégories d’objets font certes appel à
des matériaux et des technologies bien distincts, mais
elles sont apparentées par leur forme circulaire et leur
petit module. Elles se prêtent à un même usage comme
moyen d’échange, de comptage, d’expression ou de représentation civique, dans le cadre de banquets religieux,
d’élections ou d’assemblées civiques organisées dans le
sanctuaire ou sur l’esplanade qui lui fait face (Poux et al.
2002 ; Poux 2011, p. 182-183).
Déconnectée de ce contexte cultuel et des dépôts de
parures annulaires, la concentration des jetons et des
monnaies à l’intérieur du complexe C revêt une tout
autre signiication : elle s’explique tout simplement par
la vocation commerciale et artisanale d’un complexe
principalement dédié aux opérations de production, de
compte et d’échange de denrées, de biens importés ou
manufacturés. Cette interprétation distincte démontre
l’importance de la remise en contexte des mobiliers. Elle
valide aussi leur sélection en tant que marqueurs des activités cultuelles accomplies dans l’enceinte du sanctuaire.
Ce postulat est conforté, en ce qui concerne les monnaies,
par la prépondérance des pièces dites « au renard » ou de
type « cheval-cheval ». Frappées sur place ou à proximité
immédiate du lieu de culte, elles sont beaucoup plus rares
dans les contextes d’habitat et leur circulation ne dépasse
pratiquement pas les limites de l’oppidum. Elles se rattachent donc au cercle des émissions « de sanctuaires »,
spéciiquement dédiées à l’accomplissement d’offrandes
ou à l’organisation de rassemblements communautaires
(Gruel 2004 ; 2005).
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Habitat (G)
0
5
10 m
Habitat (B)
N
Habitat (H)
Complexe C
Habitat (F)
Habitat (A)
Habitat (E)
sanctuaire
Fig. 17 – Répartition des
monnaies et des jetons.
Habitat (G)
0
5
N
10 m
Habitat (B)
Habitat (H)
Complexe C
Habitat (F)
Habitat (A)
Habitat (E)
sanctuaire
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
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Habitat (G)
0
5
N
10 m
Habitat (B)
Habitat (H)
Complexe C
Habitat (F)
Habitat (A)
Habitat (E)
sanctuaire
Chaudrons
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Autres ustensiles (fe)
Vaisselle importée (bz)
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
Fig. 18 – Répartition des ustensiles culinaires et de la vaisselle métallique.
Presque absents dans les contextes associés au premier
état du sanctuaire, les ustensiles liés au service, à la préparation de la nourriture et des boissons sont également
mieux représentés dans le sanctuaire (ig. 18). Ils y sont
principalement localisés dans les branches du quadriportique, dotées de foyers culinaires et interprétées comme
des cuisines. La seule concentration notable observée
dans l’habitat se situe au niveau de l’épandage fouillé au
niveau du corps de bâtiments A qui jouxte l’enceinte du
téménos. Associée aux pièces d’armement, elle conforte
l’identiication d’un petit espace à vocation communautaire, distinct des habitats environnants. Cette catégorie
de mobilier ne fait pas l’objet des mêmes formes de
déposition que les pièces de parure ou d’armement,
puisqu’aucun individu n’a été retrouvé complet ou volontairement démantelé. La taphonomie des ustensiles de
banquet s’apparente à celle de rejets détritiques et incite
à les considérer comme du matériel liturgique qui a été
utilisé lors des cérémonies religieuses mais n’a pas fait
l’objet de dépôts particuliers.
À l’inverse, les objets relatifs à la sphère artisanale
sont très peu représentés dans le sanctuaire. L’effectif
étudié n’a livré qu’un nombre limité d’outils et de déchets
artisanaux peu spécialisés (chutes de tiges de clous,
gouttes de fonte) liés à l’entretien, à la construction, à la
gestion, voire au démantèlement des bâtiments (ig. 19).
ils sont, en revanche, beaucoup plus nombreux dans
l’habitat, avec une concentration très marquée au niveau
du complexe C, occupé par des ateliers dédiés à divers
artisanats spécialisés (métallurgie du bronze, du plomb,
inition de parures, tabletterie…). Par sa répartition et sa
représentation au sein du corpus général, cette catégorie
est particulièrement représentative des activités manufacturières profanes exercées sur le site de Corent. Seule la
production de biens à forte connotation politique, comme
la frappe monétaire, a droit de cité dans l’enceinte du
sanctuaire.
Conclusions
Au terme de cette rapide confrontation des données
relatives au sanctuaire et au quartier qui le jouxte au
nord, il apparaît qu’aucun mobilier n’est intrinsèquement
caractéristique de la sphère cultuelle ou profane. Seules
une analyse croisée des associations et une remise en
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Habitat (G)
5
0
N
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Habitat (B)
Habitat (H)
M
Complexe C
T
M
M
T
T
T
Habitat (F)
Habitat (A)
Habitat (E)
N
sanctuaire
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
Fig. 19 – Répartition des outils et des déchets artisanaux.
contexte des différentes catégories permettent de trancher.
La comparaison avec l’habitat aboutit à des résultats
pertinents, tant sur le plan de l’analyse quantitative que
qualitative, pour peu que l’on observe un minimum de
précautions méthodologiques, comme la pondération par
rapport aux surfaces fouillées ou la prise en compte du
contexte de dépôt.
2500
2000
1500
1000
500
Habitat
Sanctuaire
0
Fig. 20 – Quantités de mobilier pondérées en fonction des surfaces fouillées et du coeficient relatif (2,395).
Parmi ces résultats, on notera tout spécialement les
phénomènes d’exclusion observés au niveau des associations fonctionnelles. ils sont particulièrement patents entre
le mobilier relatif à l’artisanat représenté dans les sphères
domestique et économique, d’une part, et d’autres catégories comme l’armement et les instruments culinaires,
d’autre part, fréquemment associés dans le domaine
cultuel. Cette constatation s’applique au sanctuaire intra
muros mais aussi à un ensemble de constructions attenantes à son enceinte, qui se distingue à plusieurs égards
des corps de bâtiments domestiques fouillés dans le même
secteur et en d’autres points de l’oppidum. il comprend
un ensemble de mobiliers de qualité en situation de dépôt
(armement, ustensiles de banquet, lingots, crâne humain),
qui invitent à l’interpréter comme une annexe du sanctuaire, comme un petit lieu de culte adventice ou comme
une aire de rassemblement communautaire (fig. 20).
Dans le même ordre d’idée, l’entrée du téménos livre des
assemblages tout aussi signiicatifs de son statut de lieu
de passage et d’ostentation privilégié, avec une concentration très marquée de monnaies, de jetons, de perles et
d’anneaux en bronze, en verre et en os, qui ne trouve pas
de parallèle dans l’habitat.
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Essai d’analyse taphonomique et spatiale des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et des ses abords
Au-delà des simples comparaisons quantitatives et
des cartes de répartition générales, le critère qualitatif est
fondamental. Ainsi, les pièces d’armement ne sont pas
de même nature et n’ont pas fait l’objet des mêmes traitements dans le sanctuaire et dans l’habitat. La répartition
des monnaies et jetons n’est signiicative que si elle est
corrélée à celle des parures annulaires, et n’appelle pas
du tout la même interprétation dans l’enceinte sacrée ou
dans le complexe C attenant : dans le premier cas objet
d’offrande, symbole d’échange ou de représentation au
sein des rites communautaires, dans le second moyen
de compte et de paiement dans le cadre de transactions
profanes. La répartition des frappes locales du type « au
renard » ou « cheval-cheval » n’a elle-même aucun rapport avec la circulation des autres émissions courantes.
La présence de vaisselle et d’ustensiles culinaires
locaux ou importés ne recouvre absolument pas les mêmes
pratiques et ne s’observe pas non plus dans les mêmes
contextes : ces ustensiles caractérisent, sur le sanctuaire,
l’exercice d’une pratique du festin traditionnel chargée
d’une forte dimension religieuse et politique, alors qu’ils
trahissent dans l’habitat l’acculturation des élites locales
et leur ouverture progressive aux usages de boisson et
de table méditerranéens. De la même manière, les faciès
de faune mis en évidence de part et d’autre de l’enceinte
sacrée n’ont strictement aucun rapport entre eux : alors
que le bœuf est le principal objet des pratiques bouchères
et culinaires observées dans l’habitat et dans le complexe C, sa très faible représentation dans l’enceinte du
sanctuaire désigne cette dernière comme une membrane
totalement imperméable aux apports extérieurs. Cette
dissociation tranche avec la situation observée en italie
et en Gaule romaine, où les macella sont fréquemment
établis à proximité des sanctuaires dont ils constituent la
principale source d’approvisionnement et/ou de débouché
en bétail et en viande.
On notera également l’importance de la dimension
diachronique des dépôts et leur évolution dans le temps.
Elle est marquée à Corent par une première phase principalement composée de dépôts d’armes et de parures,
peu marquée sur le plan quantitatif. Cette association est
caractéristique des sanctuaires de Gaule septentrionale
encore fréquentés dans la seconde moitié du iie siècle
av. J.-C. (Bataille 2008). L’analogie s’est trouvée renforcée, après la tenue de cette table ronde, par la découverte
en 2009 d’un trophée d’armes identique à ceux mis en
évidence sur les sanctuaires dits « guerriers » de Gaule
Belgique (Garcia, Demierre et Poux 2010). Ce faciès
primitif évolue, au ier siècle av. J.-C., vers un assemblage
plus varié qui est toujours dominé par les offrandes de
parures mais qui fait désormais place à d’autres marqueurs comme la vaisselle et les ustensiles de banquet,
les monnaies et autres objets circulaires tels les jetons
et les perles. Cette diversiication des pratiques a des
implications aussi bien religieuses que sociologiques :
elle révèle une participation croissante de l’ensemble de
la population urbaine (chefs militaires mais aussi artisans,
commerçants, femmes et enfants compris) à des cérémonies communautaires surtout dominées par la pratique
du sacriice, du banquet, et par l’offrande individuelle de
biens personnels (Poux et Demierre, sous presse).
La juxtaposition de ces différentes grilles d’analyse
conirme, in ine, la signiication « cultuelle » traditionnellement assignée à certaines catégories de mobilier comme
l’armement, les parures ou les monnaies, auxquelles
s’en ajoutent d’autres, moins évidentes a priori, comme
l’instrumentum culinaire, les jetons ou les perles, dont
l’attribution à la sphère religieuse exige un développement analytique plus approfondi. Leur interprétation peut
s’appuyer, à ce stade seulement, sur des comparaisons
extérieures. La pratique de l’exposition et du démantèlement des panoplies militaires rappelle des pratiques
très bien attestées au nord de la Seine (Poux 2008).
La répartition des objets circulaires ou monétiformes
renvoie aux offrandes réalisées aux abords de l’entrée
de certains sanctuaires comme Gournay-sur-Aronde ou
La Villeneuve-au-Châtelot. Toutefois, une ambigüité
subsiste pour ces marqueurs dont l’interprétation oscille
entre offrandes et instruments pratiques intervenant dans
le cadre d’activités politiques (vote, assemblées) ou économiques exercées dans l’enceinte même des sanctuaires.
Pour résumer ces observations et les perspectives qui en
découlent, deux faciès distincts se dessinent. Le sanctuaire
est surtout caractérisé par les dépôts d’armement soumis
à un bris inhumatoire, d’ustensiles métalliques liés au
banquet traditionnel, de parures entières ou également
soumises à des destructions volontaires, la préférence
accordée au petit bétail sacriiciel (porcs et ovicaprinés), la
sous-représentation des vestiges artisanaux et domestiques
par rapport aux secteurs dédiés à l’habitat et aux activités
économiques de l’oppidum. Ces derniers se distinguent,
symétriquement, par un taux plus faible de pièces de parure
ou d’armement et par l’abondance des objets relatifs aux
activités culinaires et artisanales, de la vaisselle importée
(métallique ou céramique), des restes de boucherie liés à
l’alimentation urbaine (bœufs) et par d’autres petits objets
dont l’état fragmentaire évoque des pertes quotidiennes.
L’abondance des monnaies et des jetons caractérise les
deux faciès mais fait appel à des grilles d’interprétation
différentes en fonction de leur contexte.
Ces résultats sont conformes, summa summarum, aux
critères traditionnellement retenus pour la déinition des
lieux de culte et leur évolution au cours de La Tène inale
(Brunaux 2000 ; Bataille 2008). Bien que déjà mis en évidence par la comparaison de sanctuaires appartenant à des
régions et à des périodes différentes, ils se trouvent pour
la première fois validés par une confrontation statistique
réalisée à l’intérieur d’un même gisement.
Observée dans le détail, la situation est toutefois plus
complexe qu’il n’y paraît. En effet, des dépôts à caractère
cultuel, ou rituel au sens plus large, ont également été mis
en évidence au sein même des habitats de Corent (ig. 21).
La plupart des caves, celliers, citernes ou fosses-dépotoirs
liés à la vie domestique, bien que comblés de mobiliers
détritiques provenant du nettoyage des sols environnants,
livrent presque systématiquement des objets de valeur ou
en bon état d’usage : armes, outils, lots de monnaies ou
parures en métaux précieux, parfois associés à des crânes
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Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Habitat (G)
0
5
N
10 m
Habitat (B)
Habitat (H)
M
Complexe C
T
squelette humain
M
M
crâne humain
T
T
reste humain isolé
T
dépôt de crânes animaux
Habitat (F)
Habitat (A)
dépôt d’armement (NMI > 5)
dépôt d’armement (NMI < 5)
Habitat (E)
dépôt monétaire (NMI > 10)
dépôt d’amphores entières (NMI > 1)
dépôt d’amphore entière ou de fragments organisés
sanctuaire
Bonne conservation des sols laténiens,
arasement partiel des vestiges et sols romains
Arasement partiel des niveaux laténiens
(lambeaux de sols et apparition des structures en creux)
Rocher nu : arasement total des niveaux laténiens
(structures en creux exceptées)
Fig. 21 – Répartition des principales catégories de mobilier à caractère cultuel.
animaux ou humains. Le regroupement de plusieurs objets
similaires (lots d’outils, de monnaies ou de jetons), leur
disposition bien organisée ou leur composition particulière témoignent sans équivoque de dépôts intentionnels
à caractère religieux et/ou funéraire. La découverte d’un
petit « trésor » monétaire d’une douzaine de pièces en
argent au fond d’une citerne, la concentration d’une quinzaine de crânes de bovins et d’équidé autour d’un petit
édicule situé au carrefour de deux ruelles, le dépôt en fosse
d’un crâne humain disposé sur un bassin connecté à un
reste de fémur, celui d’amphores entières, soigneusement
couchées ou dressées au fond ou au sommet des caves et
des celliers, systématiquement associées à des crânes de
caprinés et à des instruments de mouture intacts ne peuvent
s’expliquer autrement (Poux 2011, p. 198-201). Ce dernier
type de dépôt, conforme aux assemblages (amphores et
restes caprins) mis en évidence sur le sanctuaire, renvoie
sans doute à la même symbolique chtonienne.
Quelle que soit leur signiication, ces gestes de déposition
témoignent de l’étroite frontière qui sépare les domaines
religieux et profane dans l’espace urbain. Ce processus
d’intégration de l’activité religieuse à la sphère domestique
a déjà été mis en évidence, particulièrement en milieu rural
(Fontenay-le-Comte, Montmartin, Braine), mais aussi dans
certaines agglomérations (Acy-Romance, Bâle, Levroux,
Roanne) qui livrent des dépôts enfouis de même nature
(Poux 2004 ; 2006). En Gaule méridionale, certaines habitations urbaines sont pourvues de véritables autels privatifs,
comme à Martigues ou sur l’oppidum du Marduel.
Lorsqu’il évoque l’omniprésence du fait religieux dans
les sociétés gauloises de la in de l’indépendance, César
(Bell. Gall. Vi, 17) ne fait pas uniquement référence à
leur participation aux cérémonies publiques ; il rappelle
aussi une piété qui se manifestait partout et à différentes
échelles : grands sanctuaires de cité, sanctuaires de
quartier et autels domestiques comparables aux laraires
romains, dont le site de Corent a livré un fragment en terre
cuite (Poux 2011, p. 201). ici comme ailleurs, les élites
faisaient manifestement appel aux mêmes marqueurs
ostentatoires de richesse et de statut politique ou religieux
(armement, crânes humains, ustensiles de banquet…)
pour orner les sanctuaires et leurs résidences. Cette réalité
de plus en plus tangible illustre bien les dificultés et les
limites d’une analyse trop manichéenne qui chercherait à
opposer deux logiques, religieuse et profane, sur la seule
base de tableaux statistiques et de cartes de répartition.
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Essai d’analyse taphonomique et spatiale des petits mobiliers du sanctuaire de Corent et des ses abords
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