Militaria de la moyenne vallée du Rhône
(Lyon, Vienne, Valence)
Armand DESBAT, Guillaume MAZA
avec la collaboration de François Cognot
Cette étude se propose de dresser un bilan provisoire des découvertes de militaria républicains ou
augustéens à Lyon, à partir des sites du clos du Verbe-Incarné et du pseudo “sanctuaire de Cybèle”, tous
deux localisés sur la colline de Fourvière. Les découvertes anciennes réalisées dans le Rhône et la Saône
seront intégrées au catalogue. Enfin, l’inventaire sera étendu à deux sites d’importance de la moyenne vallée du Rhône, Vienne et Valence, qui ont chacun livré des armes républicaines dans des contextes
assurément antérieurs à la guerre des Gaules.
LYON/LUGDUNUM (RHÔNE)
Le clos du Verbe-Incarné
Dans le contexte de cette table ronde,Lyon constitue un exemple marginal dans la mesure où les
découvertes de militaria présentées ici proviennent
majoritairement de contextes romains et non de
contextes gaulois.Toutefois, ces trouvailles se situent
dans des niveaux précoces qui se placent peu de
temps après la guerre des Gaules et suivent de près la
fondation de la colonie par Plancus en 43 avant J.-C.
Les militaria découverts à Lyon proviennent
majoritairement de deux sites : celui du clos du
Verbe Incarné fouillé entre 1977 et 1987 (Mandy
1983 ; Delaval 1994) et celui du pseudo temple de
Cybèle qui fait l’objet de nouvelles fouilles depuis
1991 (Desbat 1998).
Le corpus est aussi abondant que diversifié,
avec près d’une centaine d’objets, associant
pièces d’armement offensives ou défensives, et
pièces d’équipement.
Le site du Clos du Verbe-Incarné est implanté
sur le point culminant de la colline de Fourvière
à une cinquantaine de mètres du théâtre
antique. Les fouilles réalisées entre 1977 et 1987
ont mis au jour les vestiges de neuf îlots d’habitation, encadrés par la voie d’Aquitaine au sud
et la voie de l’Océan à l’ouest, occupés en
continu depuis la création de la colonie en 43
avant J.-C. jusqu’à la fin du IIIe siècle (Mandy
1983 ; Delaval 1994). Cette fouille a également
révélé deux fossés antérieurs à l’urbanisation,
interprétés à l’époque comme des ouvrages
défensifs appartenant à un camp d’auxiliaires
d’époque césarienne (Mandy 1988 ; Genin et al.
1989 ; Goudineau 1989). Cette hypothèse a été
depuis lors abandonnée et une datation plus
ancienne, dans le courant de la première moitié
du Ier siècle est actuellement admise.
POUX (M.) dir. — Sur les traces de César. Actes de la table ronde du 17 octobre 2002 (Glux-en-Glenne – F. 58).
Glux-en-Glenne : BIBRACTE, Centre archéologique européen, 2008, p. 237-250 (Bibracte ; 14).
ARMAND DESBAT, GUILLAUME MAZA
Un témoin discret de la conquête romaine
Divers Verbe-Incarné
La table ronde sur les militaria républicains en
contexte gaulois dont sont issus ces actes est à
l’origine de l’identification d’un umbo de bouclier
républicain, redécouvert tout récemment par l’un
des auteurs dans les niveaux d’occupation
contemporains de la création de la colonie (ill. 1,
n° 1).L’objet a fait l’objet d’une courte notice dans
le catalogue d’exposition Lyon avant Lugdunum
(Maza, Poux 2003).
L’armement
La pièce est composée de trois fragments de
tôle en fer non jointifs, appartenant à une coque à
profil bombé, et forme allongée en amande dite
fusiforme (Spindelförmige Schildbuckel).Les extrémités présentent dans l’axe une nervure médiane
caractéristique flanquée de deux pattes de renfort
latérales percées de trous de fixation. Deux trous
de fixations permettant de fixer la coque au bouclier sont également visibles sur les petits côtés.
La forme est en tout point identique aux
umbos constituant le renfort central des boucliers
ovales à spina en usage à la fin de la République
(scutum), dont on connaît une représentation sur
l’autel de Domitius Ahenobarbus (ill. 2, n° 1)
conservé au Musée du Louvre, daté entre la fin du
IIe et le début du Ier s. av. J.-C. (Goudineau 1990). Le
type en question semble très proche d’un bouclier
en bois rectangulaire aux angles arrondis (128 x
63,5 cm) et renfort central en amande, découvert
à Kasr el-Harit dans le Fayoum (Bishop, Coulston
1993, p. 58-59) (ill. 2, n° 2).
Ce type de découverte reste extrêmement rare
en Gaule, puisqu’un deuxième exemplaire seulement est connu sur le plateau de Gergovie (Poux,
Feugère, Demierre ce volume). Les prototypes les
plus anciens de la forme sont connus sur le camp
de Renieblas en Espagne. Au nord des Alpes, plusieurs découvertes d’umbos similaires ont été
signalées exclusivement en contexte militaire, à
Oberaden,Mayence,au Magdalensberg,ou dans la
tombe du soldat d’Urmitz (Bockius 1989).
Introduit en Gaule au moment de la conquête
césarienne, ce type prévaut pendant toute la
République,et sera remplacé au premier siècle de
notre ère par le modèle rectangulaire représenté
sur la colonne trajane à Rome (Feugère 1993a).
238
La découverte la plus intéressante se rapporte à un trait de catapulte (ill. 1, n° 2). La pièce
mesure 11 cm de longueur et présente une
douille très développée (8 cm) avec une courte
pointe de section quadrangulaire de 1 cm de
côté. L’exemplaire en question apparaît très différent des traits républicains “classiques”, courts
et massifs à tête trapézoïdale. Des armes comparables ont été signalées au Titelberg (Metzler
1995), Basel-Münstehügel (Berger, Helmig 1991),
ou encore Dangstetten (Fingerlin 1986).
Aux armes de jet appartiennent deux javelines à douille circulaire et tête foliacée de
section losangique, incomplète sur les deux
exemplaires (n° 3-4). Les pièces sont très
proches typologiquement, avec des dimensions
identiques et une douille d’environ 7 cm de longueur pour un diamètre à la base de 1,8 cm. Des
exemplaires similaires ont été découverts à
Alésia et Osuna (Sievers 1995 ; 1997). Une troisième arme, lance ou épieu, présente une
douille circulaire et une pointe de section quadrangulaire (n° 5).
Quatre talons de lance ou pilum, obtenus par
simple enroulement d’une tôle de fer sur ellemême, peuvent être rattachés au même lot (ill. 3,
n° 6-8). Les pièces, plus ou moins allongées,
mesurent entre 8,5 et 12 cm, pour un diamètre
compris entre 2,1 et 2,5 cm. L’un d’entre eux
conserve encore le clou permettant de fixer le
talon à la hampe. Un dernier exemplaire très
proche se distingue par la présence d’une virole
à la base de la douille, à moins qu’il ne s’agisse
plus vraisemblablement d’une lance ou d’un
épieu (n° 9).
Enfin, deux fers de forme pyramidale d’environ 6,5 cm de hauteur et section quadrangulaire
terminée par une soie très fine posent un problème d’identification (n° 10-11). Il pourrait s’agir
de têtes de pila à soie telles que l’on en connaît à
Alésia, dans des dimensions il est vrai nettement
plus conséquentes (Brouquier-Reddé, Deyber
1995), ou Oberaden (Külhborn 1992).
SUR LES TRACES DE CÉSAR
MILITARIA DE LA MOYENNE VALLÉE DU RHÔNE (LYON,VIENNE,VALENCE)
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1. Lyon (Fourvière). Site du Clos du Verbe-incarné. 1 : umbo de bouclier. 2 : trait de catapulte. 3-4 : javelines à douille circulaire.
5 : lance ou épieu (dessins G. Maza, sauf le n° 4, D. Tuzi [Tuzi 1998]).
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ARMAND DESBAT, GUILLAUME MAZA
1
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2. Représentation de boucliers républicains. 1 : autel de Domitius Ahenobarbus (cf. 2e partie, ill. 8). 2 : bouclier de Kasr El-Harit
(d’après Bishop, Coulston 1993, p. 49, fig. 19 et p. 58, fig. 28).
L’équipement
Les pièces de l’équipement militaire comprennent un premier cingulum en fer dont
l’anneau est décoré de “cornes” (n° 12), identique
aux exemplaires découverts à Alésia (BrouquierReddé, Deyber 1995) et Roanne (Lavendhomme,
Guichard 1997). Un deuxième exemplaire se présente sous la forme d’une boucle en fer en D de
section triangulaire (n° 13) similaire à celle découverte au Titelberg (Metzler 1995). Un bouton à
anneau en bronze (Knebelverschlüsse) se rattache
au système de suspension d’un fourreau de glaive
républicain (n° 14), pour lequel on connaît des
parallèles en tous points identiques sur l’oppidum
240
du Titelberg (Metzler 1995),à Dangstetten (Fingerlin
1986), ou Rödgen (Schönberger, Simon 1976).
Une dizaine de clous en fer à tête conique
plus ou moins développée ont été inventoriés.
Une partie au moins pourrait se rattacher à des
clous de chaussure de type Alésia (BrouquierReddé 1997). En l’absence de restauration, il n’a
pas été possible de vérifier la présence des décorations caractéristiques au revers des clous.
Les parures sont représentées par une fibule
de type Alésia intacte, décorée d’un plaquage
d’argent, dont l’attribution au domaine militaire
est désormais bien assurée, diffusée en Gaule par
le biais des troupes romaines (n° 15).
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MILITARIA DE LA MOYENNE VALLÉE DU RHÔNE (LYON,VIENNE,VALENCE)
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3. Lyon (Fourvière). Clos du Verbe-Incarné. 6-8 : talons de lance. 9 : lance ou épieu ; 10-11 : têtes de pila ? 12, 13 : cingula (fer). 14 : bouton à
anneau (bronze). 15 : fibule “type Alésia”. 16 : piquet de tente ? (fer). 17-28 : pointes de flèche. 29 : pointe de flèche en cours de forgeage ?
30 : lame de poignard en cours de forgeage ? (dessins 13, 15-30, D. Tuzi ; 6-11, 12, 14, G. Maza).
241
ARMAND DESBAT, GUILLAUME MAZA
Enfin, une dernière pièce malheureusement
découverte hors contexte mérite d’être signalée. Il
s’agit d’une fiche en fer incomplète, percée d’un
orifice à l’une de ses extrémités et munie d’un
anneau (n° 16). L’hypothèse d’un piquet de tente
comparable à ceux découverts au Titelberg n’est
pas à écarter (Metzler 1995).
Un atelier de forgeron
Une partie des objets présentés provient d’un
atelier artisanal ayant livré les vestiges d’une forge,
située dans l’insula 1 du Verbe-Incarné (Phase II) 1.
Le travail du fer et du bronze est attesté par une
dizaine d’arases de foyers ovales ou rectangulaires en partie enterrés, de nombreuses scories,
des sols constellés de battitures et de coulures de
bronze, trois tuyères, ainsi que des creusets en
terre cuite et des objets en cours de fabrication
(Mandy 1982).
On note en particulier une série de 56 pointes
de flèches, interprétées à tort dans un premier
temps comme pointes de pila, appartenant au
type triangulaire à soie et ailettes trilobées
(Dreiflügeliger Pfeilspitzen). Les différents exemplaires présentent des caractéristiques identiques
avec des hauteurs variant entre 3,3 et 5,8 cm et
des ailettes plus ou moins ébauchées (ill. 3, n° 1728). L’une d’entre elles, qui comporte une tige de
18,8 cm de long, est à l’origine de l’interprétation
comme pointe de pilum. L’aspect irrégulier de la
tige ainsi que la similitude de la pointe avec le
reste du lot plaide en faveur d’une armature de
flèche en cours de forgeage (n° 29). Une quinzaine est en cours de fabrication. Deux
exemplaires à section circulaire paraissent simplement ébauchés, en attente du façonnage des
ailettes (n° 17).Ce type d’armature est bien connu
sur les camps militaires augustéens du limes, à
Haltern, Oberaden, Xanten, Neuss, Dangstetten, ou
Vindonissa (Erdmann 1976; Zanier 1988; Kühlborn
1992). Il prend la suite des armatures à pointe
asymétrique pourvue d’une unique barbelure
latérale, fréquentes à l’époque républicaine.
Au même ensemble appartient une lame de
poignard triangulaire en cours de forgeage (?). La
lame est encore épaisse et ne possède aucun tranchant. Le bord le plus épais, qui devait être riveté
au manche, est déjà amorcé (n° 30).
242
Le pseudo-sanctuaire de Cybèle
Les fouilles qui se poursuivent depuis 1991 sur
le site du prétendu sanctuaire de Cybèle ont permis
de mettre au jour des vestiges de la colonie primitive fondée par M.Plancus en 43 avant J.-C. Trois
phases d’occupation sont désormais attestées avant
la construction de l’édifice monumental interprété
comme un sanctuaire de Cybèle, mais dont les
fouilles récentes ont montré qu’il avait été édifié
vers 10 après J.-C. et non en 160 (Desbat 1998).
L’étude de la stratigraphie et du mobilier a permis de définir trois horizons chronologiques entre
l’époque de la fondation et le changement d’ère :
Horizon 1 : 44-30 av. J.-C.
Horizon 2 : 30-20 av. J.-C.
Horizon 3 : 20 av.- 10 ap. J.-C.
Les militaria mis au jour sur ce site comptent
une vingtaine d’objets qui se classent en deux
groupes : les armes et les pièces d’équipement.
Tous ne proviennent pas de l’horizon le plus
ancien et une bonne partie est issue de contextes
augustéens. Il nous a semblé préférable toutefois
de présenter ici la totalité des objets recueillis.
4. Lyon. Militaria du pseudo “sanctuaire de Cybèle”
(dessins avant restauration).
Armement
31 : trait de catapulte (CYB 98.F2.17/26).
32 : pointe de flèche (CYB 03.D13.30/2).
33 : pointe de trait ou de javeline (CYB 03.H2.7/493).
34 : emmanchement de pilum (CYB 99.D2.49/).
35 : talon de lance ou pilum (CYB 03.H2.48/).
36 : bouterolle de fourreau en fer (CYB 03.D14.62/37).
37 : garde de pugio (CYB 02.D5.28/13).
38 : garde de glaive en os (CYB 97.E3.37/26).
39 : garde de glaive en os (CYB 99.D1.299/11).
40 : fragment de poignée de glaive en os (CYB 96.B13.6/13).
41 : fragment de poignée de glaive en os (CYB 96.B13.6/13).
42 : orle de bouclier, tôle de bronze (CYB 96.C3.115/1).
43 : écaille de lorica squamata en bronze (CYB 95.B11.215/21).
44 : tribulum (CYB 98.F2.17/27).
Équipement
45 : boucle de cingulum (CYB 92.B8.8/2).
46 : boucle de cingulum. 47 : ardillon (CYB 96.B14.6/57).
48 : ardillon (CYB 97.D1.193/8).
49 : clou de chaussure type Alésia (CYB 03. H2.138).
50 : clou de chaussure type Alésia (CYB 97. D1.267).
51 : clou de chaussure (CYB 99.D2.49/).
52 : clou de chaussure (CYB 97.D1.267).
53 : pendeloque phallique (CYB 9.A7.18/3).
Divers
54 : dolabra (CYB 00.D2.219).
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5. Lyon. Militaria du pseudo “sanctuaire de Cybèle” (photo des objets après restauration, dont les numéros renvoient aux objets dessinés
dans l’illustration 4, à l’exception des clous de chaussure non dessinés (CYB 03.H2.138/10-11-12) et des boîtes à sceau (n° 55 et 56).
55 : boîte à sceau type Alésia (CYB 03.D11.54). 56 : boîte à sceau avec tête de Mercure et inscription (CYB 03.H2.7/470).
244
SUR LES TRACES DE CÉSAR
MILITARIA DE LA MOYENNE VALLÉE DU RHÔNE (LYON,VIENNE,VALENCE)
rue sud, comme le trait de catapulte. Ses quatre
pointes sont brisées, mais on peut identifier un
tribulum du type A d’Alésia (Brouquier-Reddé
1997).
L’armement
Cette catégorie comprend trois pointes d’armes
de jet:
- une pointe de trait de catapulte, longue de
12 cm provient d’un des premiers niveaux de
rue (n° 31). La pointe, de section carrée, est
presque aussi longue que la douille (5,8 cm) et
se distingue des exemplaires républicains
anciens;
- une pointe de flèche lancéolée, à douille, de
section ovale,longue de 5,5 cm a été recueillie
dans un niveau de l’horizon 1 (n° 32). Ce type
de flèche est présent à Alésia (BrouquierReddé 1997) ainsi que sur l’oppidum de La
Cloche (Chabot, Feugère 1993) et sur le
Münsterhügel de Bâle (Berger, Hemig 1991,
Abb. 10,15) ;
- une pointe de trait ou de javeline,à soie,longue
de 15,8 cm (n° 33). Sa pointe est émoussée à
moins qu’il ne s’agisse d’un objet en cours de
forgeage. Elle provient d’une fosse de
l’horizon 3, qui contenait également la boîte à
sceau (n° 56). Ce type de pointe est connu à
Osuna (Sievers 1997,Abb.1).
D’autres éléments d’armes ont été identifiés:
- un manchon de fer pour l’emmanchement d’un
pilum (n° 34) provient d’un remblai plus récent
de l’horizon 3 (tout début de notre ère);
- un talon de lance ou de pilum en fer, long de
12,1 cm, avec un diamètre à la base de 2,5 cm
(n° 35). Un clou de fixation est conservé à l’intérieur ;
- un objet en fer brisé et tordu semble correspondre à une bouterolle de fourreau (n° 36) ;
- un autre élément appartient très certainement
à une garde de pugio (n° 37). Une pièce semblable est connue à Alésia (Connoly 1997,
fig. 13, M ; Reddé, Schnurbein 2001, pl. 54,182) ;
- d’autres éléments appartiennent à des glaives
ou des poignards.Il s’agit de deux gardes en os
(n° 38, 39) ainsi que des fragments de poignées de glaive, également en os (n° 40, 41),
pour lesquelles on connaît notamment des
parallèles à Mayence (Mikler 1987) et à
Dangstetten (Fingerlin 1986, 164, 30 ; 1998,
874,10) ;
- une orle de bouclier en tôle de bronze
(n° 42) ;
- une écaille de lorica squamata (n° 43) ;
- la découverte la plus surprenante reste cependant
celle d’un tribulum (n° 44),malheureusement en
triste état, recueilli dans le premier niveau de la
L’équipement
–
–
–
–
–
Clous de chaussure :
parmi les pièces d’équipement figurent plus
d’une dizaine d’exemplaires de clous de
chaussures en fer de type Alésia.Plusieurs proviennent de l’horizon 1. Trois exemplaires au
moins appartiennent au type C, avec décor de
globules (n° 51, 52 et non illustré) ; trois autres
exemplaires sont du type D (ill. 5, photo).
Plusieurs autres sont en attente de restauration et ne peuvent être classés pour l’instant ;
une boucle de cingulum en bronze (n° 45) ;
un fragment de boucle de cingulum (n° 46) ;
deux ardillons (n° 47, 48).
Parmi les objets de type militaire on signalera
encore une pendeloque phallique (n° 53)
trouvée dans la tranchée d’installation du
seuil d’une des “boutiques” du prétoire (horizon 2B) pour lequel on connaît des parallèles
à Kalkriese (Franzius 1992, Abb. 12, 2) ainsi
qu’à Dangstetten (Fingerlin 1998, 1155, 2).
Divers
Il convient de signaler également la découverte de plusieurs objets qui,sans être des militaria
au sens strict, ont été fréquemment recueillis dans
des contextes militaires. C’est le cas en particulier
pour les boîtes à sceau dont nous avons trouvé
deux exemplaires :
– Le premier (ill. 5, n° 55), en forme de bourse,
correspond à un type républicain attesté à
Alésia (Brouquier-Reddé 1997 ; Reddé,
Schnurbein 2001, pl. 94, n° 54). Il provient d’un
sol de l’état 1.
– Le second (n° 56 et ill. 6), d’époque plus
récente, provient d’une fosse de l’horizon 3B,
datée vers 10 après J.-C.
Cette boîte de forme rectangulaire, de 19 x
16 mm,correspond à un type bien connu au début
de l’Empire. On en connaît plusieurs exemples
dans les camps augustéens du limes,en particulier
à Dangstetten (Fingerlin 1986 ; 1998 2) où six
exemplaires ont été découverts. Notre spécimen
présente toutefois une particularité remarquable.
Il comporte une plaque de plomb (?) soudée,
245
ARMAND DESBAT, GUILLAUME MAZA
Lyon et sa région : découvertes anciennes
Plusieurs découvertes anciennes sont à signaler pour la région lyonnaise. Elles comptent en
particulier trois casques en bronze appartenant
aux deux types qui se succèdent à la fin de la
République : le modèle étrusco-italique à bouton
(Montefortino), et le modèle hémisphérique césarien (Coolus-Mannheim).
U. Schaaff et M. Feugère ont mentionné la
découverte à Lyon (?) d’un casque conique en
bronze de type étrusco-italique (Montefortino),
décoré de rinceaux incisés sur le couvre-nuque,
probablement fabriqué dans la région de Rome.
La chronologie de ce type est désormais bien cernée entre la fin du IIe siècle et le début du
Ier s. av. J.-C., comme en témoigne sa répartition
préférentielle en Espagne et Gaule du Sud
(Schaaff 1988b ; Feugère 1994a ; 1994b).
6. Lyon. Pseudo “sanctuaire de Cybèle”. Boite à sceau avec tête
de Mercure et inscription (CYB 03.H2.7/470)
(agrandi quatre fois, cf. ill. 5, n° 56).
ornée d’un décor moulé figurant une tête de
Mercure accompagnée du caducée. Sur le côté
gauche de la plaque se lit une inscription en
relief, de bas en haut : SCAEVALI (us) ?
Deux boîtes à sceau de même type, trouvées à
Kalkriese, présentent également un décor figurant
des têtes mais sans inscription (Franzius 1992,
Abb.15, 2-4).
Le nom qui figure sur notre spécimen doit être
interprété comme le nom du fabricant et il s’agirait du premier exemple de boîte de ce type signé
par le fabricant.
–
246
Toujours dans les objets fréquemment trouvés
en contexte militaire,on signalera une dolabra
de petite taille (16,2 cm ; ill. 4, n° 54), pour
laquelle on peut signaler des parallèles à Pena
Redonda (Bishop, Coulston 1993, fig. 32,1), à
Alésia (Reddé, Schnurbein 2001, pl. 98) ou sur
le Munsterhügel, à Bâle (Berger, Helmig 1991,
Abb. 10, 22). Ce dernier exemplaire est un peu
plus grand, mais reste de petite taille
(24,6 cm).Une dolabra de petite taille (18 cm)
figure également dans le mobilier de La
Chaussée-Tirancourt (Brunaux et al. 1990,
Abb. 15, 25).
Un deuxième casque en bronze à simple
calotte lisse, dit de type Coolus-Mannheim
(variante lourde), ayant conservé l’un des grands
anneaux étranglés de la jugulaire,a été signalé par
M. Feugère à hauteur de Sainte-Foy-lès-Lyon. Le
profil et le décor sont similaires à ceux d’un dernier casque de même type découvert « dans la
Saône en amont de Lyon », et actuellement
conservé au British Museum (Schaaff 1988b ;
Feugère 1994a ; 1994b). Il s’agit de casques appartenant à l’équipement des légionnaires romains,
dont les découvertes jalonnent la progression des
troupes césariennes en Gaule interne.
Des casques en bronze identiques sont
connus à proximité de Lyon, sur le site des
Avenières (Isère),et surtout le long de la Saône au
nord de Lyon, avec pas moins de quatre exemplaires à Belleville (Rhône), Montbellet, Verjux et
Ciel en Saône-et-Loire (Feugère 1993a ; 1994a ;
1994b).
VIENNE/VIENNA (ISÈRE)
Le dépôt de la colline Sainte-Blandine à
Vienne, étudié et publié par G. Chapotat en 1970
(Chapotat 1970), est désormais rattaché à la fermeture d’un important sanctuaire protohistorique
de la cité du peuple allobroge, comparable au
dépôt de même nature découvert à Larina (Le BotHelly 1999 ; Perrin, Durand 2002). Le mobilier
SUR LES TRACES DE CÉSAR
MILITARIA DE LA MOYENNE VALLÉE DU RHÔNE (LYON,VIENNE,VALENCE)
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0
0
1
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10 cm
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0
2 cm
7. Vienne, Sainte-Blandine (n° 57-58). Valence, plateau de Lautagne (n° 59-60). Azé-le-Saulé (n° 61-63).
247
ARMAND DESBAT, GUILLAUME MAZA
métallique est composé de près de 900 objets :
environ un tiers est lié aux activités culinaires
(fourchettes à chaudron, grils, couteaux, seaux,
situles, simpulum…) et à la consommation de vin
(vaisselle en bronze), associés à une soixantaine
d’outils destinés à différents types d’artisanat
(cuir, bois, textile, métaux), et de rares panoplies
guerrières (lance, épée, umbo, fourreaux).
Mêlées aux armes gauloises, deux des pièces
de la colline Sainte-Blandine (une lame et une
bouterolle) nous ont été signalées par M. Poux
comme appartenant à un gladius hispaniensis
républicain. Ces armes n’avaient pas jusqu’alors
été identifiées en tant que telles, à l’exception de
la lame n° 1 dont G.Chapotat lui-même doutait de
l’origine gauloise du fait de ses dimensions,et proposait déjà à l’époque de l’identifier à une arme
“plutôt romaine” (Chapotat 1970).
Dans son état actuel, le glaive mesure 70 cm
de longueur (ill. 7, n° 57). La pointe, très abîmée,
est incomplète. La soie possède une section quadrangulaire de 10,5 cm de longueur et la garde
est manquante. La lame présente une section
losangique de 60 cm de longueur pour environ
4 mm d’épaisseur, avec une largeur constante
d’environ 50 mm et des tranchants parallèles se
rétrécissant brusquement aux trois quarts de la
longueur en une pointe particulièrement effilée.
Ses caractéristiques typologiques la rapprochent
des exemplaires découverts à Mouriès, Giubiasco
(tombe 119), ou Délos (Connolly 1997).
La bouterolle en forme de bouton et décor
mouluré caractéristique doit également appartenir à un fourreau de gladius (n° 58).
VALENCE, PLATEAU DE LAUTAGNE (DRÔME)
Les découvertes valentinoises proviennent
d’une campagne de sondages et décapages réalisée en 1992 sur le plateau de Lautagne
(A. Allimant,Afan).Le site est localisé au sud de la
colonie antique de Valentia et occupe une position privilégiée entre Lyonnais et Provence, à un
important carrefour routier est-ouest desservant
l’Italie par la route des Alpes, et sur l’axe majeur
de communication nord-sud que représente le
couloir rhodanien. Les vestiges consistent en plusieurs dispositifs d’ordre défensif orientés sur les
cadastres A et B de la cité de Valence, interprétés
248
comme une implantation militaire romaine
datable de la fin du Ier s. av. J.-C. Deux états successifs ont été reconnus de manière très partielle,
chacun en relation avec l’aménagement de fossés
défensifs (Allimant 1992 ; 1993).
La première occupation est matérialisée par
deux fossés parallèles à profil en “V”, dont le caractère défensif est accentué par l’implantation d’une
palissade (état 1). La découverte d’un retour
d’angle de forme arrondie permet de restituer une
vaste enceinte quadrangulaire d’au moins un hectare,orientée de manière troublante sur les axes du
cadastre B de Valence (N-23°E) considéré comme
augustéen (Réthoré 1993). Un deuxième fossé de
configuration identique a été reconnu, associé à
une probable levée de terre, sans que l’on puisse
toutefois affirmer la contemporanéité des deux
ouvrages (état 1bis). Ceci d’autant plus que l’orientation est différente, désormais alignée sur le
cadastre A de Valence (N12°30’E) considéré sans
plus de précisions comme républicain ou colonial
(Chouquer, Odiot 1984).
Ces deux ouvrages connaissent dans un
deuxième temps un colmatage généralisé, doublé
d’un aplanissement du plateau par troncature des
parties hautes, avant l’implantation d’un nouveau
dispositif de fossés en “V”qui reprend précisément
l’axe de l’ouvrage précédent, ce qui suppose une
relative continuité dans l’occupation du site. La
présence d’un retour d’angle au nord-ouest et la
reconnaissance de son tracé sur plus de 160 mètres
ont permis d’estimer la surface enclose à environ
trois hectares (état 2).
Le réexamen de l’ensemble du mobilier archéologique recueilli en dernier état, et notamment des
amphores,a permis de remonter la datation entre la
fin du IIe et le début du Ier s. av. J.-C., et d’identifier
deux pièces d’armement républicaines qui confortent l’hypothèse de camps militaires romains.
On note en particulier la présence d’une
pointe de fer à section quadrangulaire (ill. 7,
n° 59), dont l’interprétation pose problème : pilum
à douille, lance/épieu, ou armature de trait de
catapulte ? La pièce mesure 20,3 cm de longueur.
Le fer proprement dit se présente sous la forme
d’une longue tête à section carrée de 1 cm de
côté,effilée en pointe,correspondant à environ les
deux tiers de la hauteur totale (13 cm). Enfin, la
douille est circulaire (diamètre 2,2 cm), avec à sa
base une perforation destinée à fixer le trait à l’ex-
SUR LES TRACES DE CÉSAR
MILITARIA DE LA MOYENNE VALLÉE DU RHÔNE (LYON,VIENNE,VALENCE)
trémité du bois. Si des exemplaires précoces sont
connus à Şmihel (Horvat 1997) et Numance
(Bishop,Coulston 1993),les comparaisons les plus
nombreuses font référence à la fin de l’époque républicaine, comme en témoignent les découvertes
effectuées à Osuna,Alésia (Sievers 1995; 1997),Paris
(Poux, Robin 2001), La Cloche (Chabot, Feugère
1993a),ainsi que sur les camps du limes: Oberaden,
Rödgen,Dangstetten,Kaiseraugst… (Deschler-Erb et
al. 1991).
L’identification de la deuxième pièce est en
revanche certaine. Il s’agit d’un boulet de baliste
en basalte (n° 60), de forme plus ou moins sphérique (environ 17, 18 cm de diamètre), pesant
7,5 kg (environ 23 livres romaines). Un boulet de
dimension et de poids identique a été signalé à
Alésia par V. Brouquier-Reddé (1997). Ce type de
découverte est toutefois nettement plus abondant
sur les sites de la basse vallée du Rhône liés aux
campagnes militaires romaines des IIe et Ier s.av.J.-C.:
Le Baou-Roux, Entremont, Saint-Blaise, Glanum,
Marseille… (Feugère 1993a ; 1994a).
Ces découvertes viennent éclairer d’un jour
nouveau la question épineuse des origines de la
ville de Valence et de sa cadastration, pour
laquelle les données restent toujours extrêmement ténues (Blanc 1964 ; Will 1996). Celle-ci
pourrait être directement liée à l’implantation sur
le plateau de Lautagne, immédiatement au sud de
la ville, d’un camp militaire romain daté en dernier état de la fin du IIe ou du début du Ier s.av.J.-C.
Vouloir rattacher ces campements à un événement historique dont les auteurs antiques ont
consigné les récits s’avère une entreprise
périlleuse à laquelle nous ne nous risquerons pas.
Les opérations militaires romaines en moyenne
vallée du Rhône ne manquent pas pour cette
région et cette période : théâtre de la grande
bataille qui vit la victoire de Q.Fabius Maximus sur
les Allobroges et les Arvernes en 121 avant J.-C.,
invasion des Cimbres,Teutons et Ambrons à la fin
du IIe siècle, ou encore réduction des révoltes du
Ier s. av. J.-C. en basse vallée du Rhône (Goudineau
1978 ; 1990).
AZÉ-LE-SAULÉ (SAÔNE-ET-LOIRE)
En marge du cadre géographique défini en
préambule, l’identification récente de pièces d’armement républicain sur le site d’Azé-le-Saulé,
localisé en territoire éduen à une quinzaine de
kilomètres au nord de Mâcon, mérite d’être signalée. Le site a fait l’objet d’une fouille de sauvetage
dirigée par F. Cognot (GAM), motivée par la
construction d’un chai sur le domaine d’Azenay.
Les vestiges gaulois ont donné lieu à une première présentation dans le catalogue de
l’exposition 30 ans d’archéologie en Saône-etLoire. Ils consistent en un vaste enclos
quadrangulaire interprété comme un établissement de type “ferme indigène” (Cognot 1996 ;
Barral, Guillaumet 2000). Daté en première analyse
des « dernières décennies de l’indépendance » gauloise, l’étude du mobilier indigène et importé a
notamment permis de mettre en évidence deux
phases d’occupations principales couvrant une
large période chronologique, comprise entre le
milieu du IIe et le milieu du Ier s. av. J.-C. (Barral
1994 ; 1998 ; Maza en cours).
Les structures restent connues de manière très
partielle, seules les branches sud et est de l’enceinte ayant été fouillées sur quelques dizaines de
mètres seulement. Le fossé présente un profil en
“V” plus ou moins régulier, large d’environ 3 m
pour une profondeur de 1,80 m. À une première
phase de comblement résultant de l’érosion naturelle des parois, succède une couche de cendres
et charbons de bois qui tapisse le fond de l’ouvrage. La dernière séquence se distingue par un
apport massif de remblai riche en rejets domestiques où dominent les amphores vinaires de
l’Italie républicaine. Enfin, l’ouvrage est scellé de
manière définitive par la disposition de gros blocs
de pierre enchevêtrés et de dalles plates sur la
majeure partie du tracé. Par ailleurs, aucun dispositif d’entrée n’a été identifié, non plus que de
structures contemporaines associées.
Fouillé sur quelques mètres seulement, le remplissage du fossé n’en a pas moins livré un très
abondant mobilier céramique : amphores italiques (gréco-italiques, Dressel 1, Lamboglia 2),
céramique indigène (faciès caractéristique du
Mâconnais-Tournugeois), rares importations de
vaisselle méditerranéenne (campanienne A et B,
vernis rouge pompéien,olpès de Gaule du sud) et,
de manière plus inhabituelle, tegulae. Le mobilier
métallique est peu abondant, composé de deux
potins “à la grosse tête”(LT 5368),un potin “au sanglier”(LT 9078),une rouelle en bronze à six rayons
et une pièce de harnachement en bronze à tête
émaillée. Les parures sont représentées par une
perle annulaire en pâte de verre bleu cobalt et
deux perles annulaires en schiste.
249
ARMAND DESBAT, GUILLAUME MAZA
CONCLUSION
Les trois armes faisant l’objet de la présente
note sont issues du même comblement. Très différentes de la panoplie guerrière gauloise, leur
identification à des pila à douille républicains ne
fait guère de doute pour une des pièces au moins.
La première (ill. 7, n° 61) est complète et mesure
24 cm de longueur, avec une tige de section circulaire, une tête effilée en pointe et une douille peu
profonde de 2,2 cm de diamètre. Les derniers
exemplaires (n° 62, 63) pourraient correspondre à
deux armes fragmentaires de même type, sectionnées au départ de la douille,par comparaison avec
la pièce précédente.Les dimensions paraissent correspondre, avec une longueur conservée d’environ
18 cm et, pour l’une d’entre elles, une pointe épaissie de section grossièrement quadrangulaire d’un
centimètre de côté.
Les comparaisons sont peu nombreuses. Une
arme similaire est connue sur le site de Numance
en Espagne (Bishop, Coulston 1993), tandis que
des exemplaires de même type sont signalés en
diverses dimensions à Alésia (Sievers 1995).
Pour conclure, l’interprétation générale du site
appelle quelques remarques. L’absence avérée de
structures internes, les quantités importantes
d’amphores italiques (près de deux cents individus correspondant à environ 4 000 litres du
précieux breuvage !), leur état de conservation
(nombreux cols et panses complets),l’abondance
de la faune (porc, mouton et bœuf, mais également cerf et sanglier), ou encore la présence
d’armement, dénotent de pratiques collectives
extérieures à la sphère domestique et correspondraient plus à ce que l’on connaît des “fossés à
amphores” découverts à Lyon, Rodez ou Aix-enProvence, pour lesquels l’interprétation de
vestiges de banquets gaulois à caractère cultuel et
rituel est désormais privilégiée (Poux 2000a ;
2002). Dans cette hypothèse, la chronologie
longue retenue à Azé pourrait correspondre à plusieurs fréquentations espacées dans le temps sur
plusieurs générations, à l’image de ce que l’on
connaît sur le sanctuaire du Clos du Verbe-Incarné
à Lyon (Maza 2003a ; 2003b).
Les données les plus importantes sont évidemment celles relatives au site de Lyon, pour
lequel on ne compte pas moins d’une centaine
d’armes ou de pièces d’équipement militaire.
Certaines pièces majeures sont à signaler : bouclier républicain et tribulum sont rarement
documentés en contexte civil et apparaissent de
manière extrêmement rare sur les sites militaires
directement liés aux affrontements de la guerre
des Gaules (Gergovie,Alésia).
La découverte de militaria dans les niveaux
contemporains de la fondation de la colonie ne fait
que confirmer l’origine militaire de la colonie de
Lugdunum (Rambaud 1965) que suggérait le témoignage de Tacite (An.65) rapportant que les Lyonnais
se proclamaient eux-mêmes « partem exercitus ».
L’hypothèse d’un camp militaire qui aurait
précédé la fondation reste à démontrer, même si
certains indices rendent cette hypothèse probable, comme le fait que les colons chassés de
Vienne soient venus se réfugier à Lyon (Desbat
2003). De même, l’existence d’un camp de César
sur la colline de Fourvière 3 chère à A. Audin, et
longtemps soutenue par ce dernier, malgré le
silence de César dans ses Commentaires de la
Guerre des Gaules, ne bénéficie à ce jour d’aucune preuve archéologique. L’hypothèse d’un
camp militaire d’auxiliaires gaulois pour les fossés
sous-jacents aux premières trames urbaines du
Verbe-Incarné n’est plus retenue aujourd’hui, et
l’on penche plutôt pour un vaste sanctuaire protohistorique gaulois antérieur de plusieurs
générations (Metzler et al. 1991 ; Poux 2000a ; 2002 ;
Maza 2003 a ; 2003b).
Les découvertes de militaria dans les
contextes augustéens nous rappellent également
que Lyon a servi de base arrière pour les campagnes militaires de Drusus et qu’elle est la seule
ville gallo-romaine a avoir abrité une cohorte
urbaine jusqu’en 197 de notre ère, liée à l’établissement de l’atelier monétaire de Lugdunum
(cohors Lugdunensis ad Monetam).
NOTES
1 Parcelle 3, Insula 1, pièce 36, fosse 14: renseignements sur le contexte et le mobilier aimablement communiquées par A. Kroichvili que nous
remercions.
2 Dangstetten I, 161, 2 ; Dangstetten II, 658, 9 ; 696, 3 ; 1122, 6 ; 1233, 2.
3 « Par la suite,César dû faire étape au camp de Fourvière au début et à la fin de chaque hiver » (Audin 1951,p. 17). « Aux derniers jours d’avril
58, César, à la tête de quelque 30 000 hommes… vint s’établir sur la colline de Lugdunum » (Audin 1979).
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