NOTES
LE DÉPÔT DE JUVINCOURT-DAMARY (Aisne)
par Albrecht JOCKENHÔVEL et Gunter SMOLLA
Historique et localisation
(fig. I).
Non seulement aux livres mais aussi aux trouvailles un sort est réservé. Celui du dépôt ici présenté eut à subir lui aussi, depuis sa découverte, des événements historiques de grande portée : les combats de la Première Guerre Mondiale et la pénurie qui suivit la Seconde. S'y allie — comme dénouement heureux — le fait que> grâce à l'aimable intervention de W. Kimmig, la publication du dépôt de Juvincourt dans ce périodique s'avéra possible.
Dans le courant de l'été 1948, le pasteur de l'église évangélique de Calw, en Wûrttemberg, fît parvenir quelques anneaux de bronze à l'Institut de Pré- et Protohistoire de l'Université de Tubingen. Ceux-ci auraient été déposés après l'office divin dans le plateau à collecte (on était à court d'argent après la réforme monétaire). Au sujet des anneaux (nos 26-29, 32) il n'y eut, dès le début, que très peu de chose à signaler ; ils portaient à peine de patine et leur origine était inconnue. Le directeur de l'Institut, à cette époque, Kurt Bittel, s'exprima tout ■ d'abord sous toute réserve : sans connaissance des circonstances de la trouvaille la valeur des objets restait discutable. L'on demanda donc publiquement, lors d'un des services suivants, que le donateur se fasse
connaître. Un vieil homme se présenta, D. H. Niethammer, général en retraite, qui, non seulement offrit d'autres objets (nos 1, 3, 4, 6, 13, 19), mais fit savoir qu'il en savait plus long sur les trouvailles et qu'il avait publié dans « L'Histoire du régiment d'infanterie n° 479 II, avril 1917 à juin 1919 » (Stuttgart 1923) p. 13 et suiv., le rapport suivant : « en travers du lit marécageux de la Miette la liaison avec le vis-à-vis de droite n'était possible que par l'intermédiaire des patrouilles. Entre les premières positions des deux secteurs s'étalait un espace de 300 m de largeur. Le régiment 479 tenta 'de pousser les premiers retranchements tout au moins aux abords de la Miette. Ce travail ne pouvait s'effectuer que de nuit. Les pièces de métal, auxquelles on se heurta en creusant et qui, par leur résonance, décelèrent leur présence, furent prises, au début, pour des parties de projectiles et rejetées avec la terre ; après quelque temps, seulement, on remarqua que ces objets de métal retentissants n'étaient pas des parties de projectiles modernes. Il s'agissait de belles lames de bronze, pointes de flèches et de lances, marteaux, épingles et boucles, desquelles plusieurs purent être sauvées... » Le rapport se poursuit narrant qu'en ce lieu, au printemps de l'année 57 av. J.-C, César combattit les tribus belges sous Galba, roi
Gallia Préhistoire, Tome 18, 1975, 1.