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57 Les lingots de cuivre de l’épave romaine Plage de la Corniche 6 à Sète et le commerce du cuivre hispanique en Méditerranée occidentale – Marie-Pierre Jézégou – Sabine Klein – Christian Rico – Claude Domergue IntroductIon ◤◤ Résumé : L’article présente onze lingots de cuivre romains découverts en mer à la fin de l’été 2009 au large de Sète (Hérault). L’étude typologique et épigraphique ainsi que les analyses isotopiques du plomb effectuées sur ces lingots permettent de les attribuer aux mines du Sud-Ouest de la péninsule Ibérique. Le site de Plage de la Corniche 6 vient s’ajouter à la dizaine d’épaves et de gisements sous-marins ayant livré des lingots de cuivre romains au large des côtes de Languedoc-Roussillon. L’ensemble de ces lingots, qui sont eux aussi d’origine hispanique et proviennent de diverses régions minières du sud de la Péninsule, est présenté à la fin de l’article. ◤◤ Mots-Clés : Archéologie sous-marine, lingots, cuivre, époque romaine, épigraphie, isotopes du plomb, Espagne méridionale. ◤◤ Abstract: The paper presents eleven Roman copper ingots found during an underwater archaeological survey in late summer 2009 off Sète (Hérault). The typological and epigraphic study and the lead isotopes analyses made on the ingots point out the Iberian south-west mines as their origin. Thus, the Plage de la Corniche 6 site has to be added to the about ten shipwrecks and other underwater sites off Languedoc-Roussillon coasts which have given Roman copper ingots. The whole group of these ingots, which are also Spanish and come from different mining zones of southern Spain, is presented at the end of the paper. ◤◤ keywords: Underwater archaeology, ingots, copper, Roman period, epigraphy, lead isotopes, Southern Spain premIères observatIons sur le gIsement de Plage de la CorniChe 6 à sète L e site Plage de la Corniche 6, situé au large de la plage de Sète (ig. 1), a été déclaré en 2009 par deux pécheurs sétois1. Une rapide expertise du site avait permis de retrouver et de prélever les onze lingots de cuivre qui venaient de nous être signalés2. La disposition des lingots par piles de cinq (ig. 2) emprisonnées dans une importante couche de matte de posidonies3, nous avait laissé espérer que l’épave pouvait être conservée sous les lingots ou, tout au moins, à proximité immédiate. Hélas les trois sondages que nous avons implantés cette année-là se sont tous révélés stériles (ig. 3). En effet, sous la matte de posidonies, est apparue la roche du substrat. S’il est tout à fait possible d’envisager la destruction des éléments ligneux de la coque, au contact du rocher, sous l’action des tarets, rien ne permet d’expliquer l’absence d’éléments métalliques (clous ou pièces d’accastillage). RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70 fichier EDITEUR destiné à un usage privé – Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue 58 Figure 1 : Carte de localisation des sites de lingots de cuivre du littoral de l’Hérault (S.I.G. : Hakim Rakrouki). Des investigations complémentaires ont été entreprises en 2010 et en 2011. Une prospection circulaire, visuelle d’abord, puis à l’aide de détecteurs de métaux, a été entreprise autour du rocher au pied duquel reposaient les lingots, sur un diamètre de 60 mètres. Elle a permis de découvrir quelques fragments d’amphores Dressel 20 et Dressel 7/11 concentrés dans les anfractuosités du rocher. En 2010, un plongeur sétois, Gilles Sintès, nous a signalé la présence d’un jas d’ancre en plomb (ig. 4 et 5) à 79,16 mètres à l’ouest du secteur des lingots (ig. 6). Le jas d’ancre a été aisément retrouvé. Un fragment de la verge est encore en place : il semble être en chêne. Le jas est orienté est/ouest. Une prospection circulaire au moyen de détecteurs a été réalisée sur un diamètre de 40 mètres ; le jas est bel et bien isolé. Figure 2 : Plage de la Corniche 6. Deux piles de cinq lingots (Photo : Chrystelle Chary). Un des co-inventeurs du site, M. Raymond Vallon, nous a indiqué la présence de vestiges ligneux à 100 mètres au nord-ouest des lingots. Là encore une prospection au détecteur de métaux a été entreprise (ig. 6). Elle a permis la découverte d’une planche en bois de 2 m de longueur pour 23 cm de largeur et 4 à 5 cm d’épaisseur. Malgré la présence de trous carrés de 2,5 cm de côté, il semble bien dificile de l’attribuer aux restes d’une éventuelle épave de l’Antiquité romaine. Enin de nouvelles prospections ont permis de relier le secteur des lingots à celui de la planche en bois et une autre prospection a été entreprise à 120 mètres en direction de l’ouest où deux lingots isolés avaient été repérés par l’un des inventeurs. Ces deux lingots avaient probablement été prélevés avant notre intervention. Au inal, malgré des recherches étendues, il n’a pas été possible de retrouver l’épave du navire qui transportait ces onze lingots. La disposition en piles de cinq pour dix d’entre eux laisse penser que ces objets sont arrivés au fond de la mer à la suite d’une voie d’eau dans les œuvres vives. En effet pour une des piles au moins (celle de droite sur la photo ig. 1), on voit nettement que le ilet4 situé dans l’angle en bas à droite est responsable du déversement de la pile. Le lingot à la base de la pile est resté en place, le suivant a glissé sans se retourner et les trois suivants se sont retournés, le plus haut placé sur revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011 fichier EDITEUR destiné à un usage privé les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale 59 Figure 3 : Plage de la Corniche 6. Disposition des sondages (Infographie : Jonathan Letuppe). Figure 4 : Plage de la Corniche 6. Jas d’ancre en plomb avec verge en bois partiellement conservée (Photo : Chrystelle Chary). Figure 5 : Plage de la Corniche 6. Jas d’ancre en plomb (Dessin : Jonathan Letuppe). Figure 6 : Zones de prospection autour du site Plage de la Corniche 6 (S.I.G. : Hakim Rakrouki). RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70 fichier EDITEUR destiné à un usage privé – Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue 60 No lingot Dimensions Poids (en kg) Cachets Marques incisées QME CCXXXV DVL [C]XXXVIII L1 45,5-45 x 32 x 9,5 76 DVL (x2) L2 49,5-47,5 x 32 x 9,1 75 DVL (x2) L3 48,5-46,5 x 32 x 9,5 75 DVL (2) QME CCXXXIII CXXXVIII CCXXXII QME CXXXVIII - XVIII ? L4 44-47,5 x 31 x 8,5 68 DVL (x2) L5 47,7-48,3 x 33,5/34 x 8,710,4 79 DVL CCXXXIIX QME L6 48-48,5 x32 x 8,2 75 DVL (2) CCXXXIIX QME --]IX[--- DVL L7 49,4-48 x 33 x 11,5/10 81 DVL CXXXVIII C[-]XI[-]iX QME L8 48,8-46,5 x 33,5 x 9,1 74 - L9 45,5-44 x 32 x 8/8,8 68 DVL L10 49,3-48,6 x 29,5 x 9/12 81 DVL (x2) QME CXXXVIII DVL CCXLVII DVL (x2) DVL CCXXXV QME CXXXVIII 47,7-48 x 32/33 x 9/9,8 78 Il s’agit de lans tronconiques plats, lingots de forme plano-convexe (type Domergue I6), circulaires mais irréguliers, aux parois obliques peu alvéolées, et surtout dans leur partie supérieure (ig. 7-9). Le fond est concave (ig. 10). La surface, le plus souvent légèrement bombée, est généralement boursoulée et constellée de petites crevasses ou de bulles. Tous présentent une bordure lisse, plus ou moins large (entre 3 et 6 cm), caractéristique des lingots de cuivre, qui est due à un phénomène de rétractation du métal qui se produit au cours du refroidissement. Sur plusieurs lingots, elle est faite d’une série d’ondulations concentriques. [CXX]XVIII TVV Les lingots sont d’assez grandes dimensions, en moyenne 0,47 m de diamètre pour leur face supérieure, 0,32 m pour le fond7 ; l’épaisseur moyenne se situe autour de 9 cm. Le poids moyen est de 75,5 kg ; les valeurs extrêmes mesurées sont 68 kg (lingot 4) et 81 kg (lingots 7 et 10). Tableau 1 : Dimensions, poids et épigraphie des lingots de Plage de la Corniche 6. la pile étant tombé le plus loin. Il est plus dificile de lire le mouvement de la deuxième pile. Le lingot isolé doit être interprété comme le survivant d’une tentative de pillage, tout comme les deux signalés à une centaine de mètres à l’ouest. Il ne s’agit donc pas d’une partie d’une cargaison déplacée, mais bien d’objets in situ5 laissant augurer de la présence d’une épave non loin. No 1 Site / lieu découverte Chipiona Type I Nombre 18 2 Pecio del Cobre I 3 Port-Vendres II I 4 Baie de l’Amitié I 5 Môle Richelieu I 6 Marseillan 7 8 Dimensions 27/29 x 23/24 x 4/6 Poids (kg) 13,70-20,60 28 36/48,5 x 3/12 23-68 3 48/50 x 32 x 9/10 87 2 41 x 31/32,5 x 5,5/7 34 / 45 3 42/45,5 x 33,5/28 x 7,5/9 44-62 II 2 41,5 x 30 x 16/17 99 / 106 Riches Dunes I 6 44/53 x 25/29 x 9/11 52-87 Aresquiers 5 I 5 50/56 x 33/38 x 7,5/9,5 77-96 9 Colonie des Mouettes I 6 43 x 26/29 x 8,5/9,5 55-60 10 Frontignan-II I 1 38 x 27 x 5,5 26 11 Plage de la Corniche 6 I 11 47 x 32 x 9 68-81 12 Maguelone I 13 25/27 x 19/22 x 4/5 12,6-15,3 13 Saintes-Maries-de-la-Mer I 2 50/54 x 35 x 10/15 88 14 Planier II II 36 41/44 x 10/14 95-100 15 Sud-Lavezzi 2 I 237 moy. 29,5 x 25,5 x 6 10-28,5 16 Lavezzi 1 I 21 31/41 x 25/32 x 5/6,5 moy. 24,5 17 San Baïnzo I 1 38 x 31 x 4,8 30 18 Cap Sperone I 2 50/52 x 33/34 x 9,5 67 19 Terrasini A I 4 45 (grand diam.) 42-62 Tableau 2 : Lingots de cuivre romains en Méditerranée (poids et dimensions). Les numéros des sites correspondent à ceux de la carte de la igure 19. Les onze lingots récupérés à ce jour sont remarquables à la fois par leur grande homogénéité de forme, dimensions et poids, et par les inscriptions qu’ils portent. C’est là un premier élément pour dire qu’ils proviennent du même atelier. 1.1. Forme et dimensions (tableau 1) QME (retro) CCXXX QME CXXXVIII L11 1. descrIptIon des lIngots Les lans de cuivre de l’épave Plage de la Corniche 6 se situent parmi les lingots du type I les plus grands et les plus lourds connus à ce jour (voir tableau 2), provenant de l’épave Port-Vendres II (42 ap. J.-C.), des Aresquiers 5 à Frontignan et des Saintes-Mariesde-la-Mer. Ils sont surtout très proches des six lingots que l’on peut attribuer au gisement Riches Dunes (Marseillan), avec lesquels ils partagent d’autre part, comme on va le voir, une même marque. 1.2. Les inscriptions À l’exception du lingot 8, les lingots sont peu concrétionnés, ce qui a facilité l’examen de leur face supérieure et la recherche de marques. Celles-ci, inégalement conservées et plus ou moins lisibles, sont de deux sortes et, selon leur localisation sur les lans, elles n’ont pas été réalisées de la même manière (cf. tableau 1). Les unes sont des timbres imprimés, généralement au centre des lingots ; la surface rugueuse et inégale de ceux-ci ne rend pas toujours aisé le repérage des premiers. Aucun cachet n’est visible sur le lingot 8, dont la surface est couverte de concrétions. On peut y restituer sans risque l’inscription qui est présente sur tous les autres lans, faite des trois lettres capitales en négatif, sans cartouche, DVL, dont la hauteur varie entre 22 et 26 mm selon que le poinçon a été plus ou revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011 fichier EDITEUR destiné à un usage privé les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale 61 moins profondément appliqué (ig. 11). Sur les lingots 1, 2, 3, 4, 6, 10 et 11, le timbre est répété deux fois. Les autres inscriptions sont gravées et igurent en position « radiale » sur la bordure externe des lingots. La hauteur des signes varie entre 18 et 25 mm. Parmi elles, on relève deux types : Figure 7 : Lingot 1. Figure 8 : Lingot 2. associations de trois lettres : DVL (ig. 12), sur les lingots 1, 6, 10 et 11 ; QME (ig. 13), sur tous les lingots à l’exception des nos 8 et 9 où les inscriptions de la bordure lisse ont moins bien résisté à leur séjour prolongé dans l’eau ; TVV sur le lingot 9. • indications numériques (ig. 13-14) ; au nombre de deux, elles sont différentes sur chaque lingot. L’une, CXXXVIII, se répète sur sept (nos 1, 2, 3, 4, 7, 10 et 11) et même huit lingots (no 8, inscription incomplète sans doute [CXX] XVIII). On peut penser que tous les lingots portaient cette inscription ; des restes de hastes verticales et de barres obliques sont en effet visibles sur les lingots 6 et 9. Les autres indications numériques lisibles sont toutes différentes d’un lingot à l’autre. Elles se rapportent au poids des lingots, ce qui a été vériié lors de leur pesée : • L1 : 235 livres (= 76,845 kg) – 76 kg • L2 : 232 l. (= 75,864 kg) – 75 kg • L3 : 233 l. (= 76,191 kg) – 75 kg • L5 : 238 l. (= 78,153 kg) – 79 kg • L6 : 232 l. (= 75,864 kg) – 75 kg • L10 : 247 l. (= 80,769 kg) – 81 kg • L11 : 238 l. (= 76,847) – 77 kg Figure 11 : Lingot 9, cachet DV[L] en position centrale. Figure 12 : Lingot 1, inscriptions incisées sur la bordure DVL / CXXXVIII. Seule la deuxième inscription numérique du lingot 4 pose problème. On peut lire CCXXX alors que le poids mesuré est de 68 kg, correspondant à 208 livres romaines. Il ne peut guère s’agir que d’une lecture erronée lors du pesage du lingot. 1.3. Interprétation Figure 9 : Lingot 11. Figure 10 : Lingot 6, face intérieure. À l’inverse des marques sur lingots de plomb, celles qui sont présentes, souvent en nombre, sur les lans de cuivre ne se laissent pas toujours facilement interpréter. L’enjeu de l’étude épigraphique est d’éclairer les différentes étapes parcourues par un lingot, depuis sa fabrication jusqu’à sa commercialisation, en identiiant les marques et inscriptions qui ressortissent de la première étape et celles qui se rapportent à la seconde (Domergue 1994). Pour le plomb, on admet que les grands timbres moulés sur le dos des lingots identiient les producteurs, alors que les cachets frappés sur les lancs ou les côtés des mêmes lingots sont ceux de leur(s) marchand(s), parfois accompagnés d’incisions numériques, comme sur les lingots des Minucii de l’épave Sud-Lavezzi 2 (Domergue et Liou 1990, 68-69). Pour le cuivre, deux types de Figure 13 : Lingot 10, inscriptions incisées sur la bordure QME / CXXXVIII. Figure 14 : Lingot 11, inscription incisée sur la bordure CCXXXV. RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70 fichier EDITEUR destiné à un usage privé – Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue 62 No Dimensions Poids Timbres 1 52,5/47 x 31 x 9,5 nc LIH (x3) 2 45 x 31/36 x 10 nc LIH (x3?) 3 45 x 25,5 x 8 50 - 4 44,5 x 25 x 9 52 DVL 5 51 x 29 x 10 80 - 6 49,5x28x9 87,5 DVL (?) Marques incisées III CCXXXXIIII DVL XXIIII No Inventaire Bibliographie Musée de l’Éphèbe, 2920 Feugère 2003, 36 III DVL XXIIII XII Musée de l’Éphèbe, 2921 Feugère 2003, 36 DVL LVI LXVII Musée de l’Éphèbe, 621 Bérard-Assouz, Feugère 1997, 30-31 DVL CLX LVI CLXVII CLXVI Musée de l’Éphèbe, 628 Bérard-Assouz, Feugère 1997, 30-31 CCXLIIX DVL XXIIII LIII Coll. Particulière Lamy 1988, 16-004 DVL XXIIII SCCLXV DVL mairie de Marseillan Lamy 1988, 16-005 Tableau 3 : Dimensions, poids et épigraphie des lingots de cuivre du gisement des Riches Dunes. marques sont attestées : d’un côté, des inscriptions en position centrale sur la face supérieure des lingots ; ce sont d’une part des estampilles en creux renfermant des inscriptions en relief, comme sur les lingots de Chipiona (Huelva) (Rico et Domergue 2010, 175176) ou de Maguelone (Hérault) (Rico et al., 20052006, 463), d’autre part des lettres en creux sans cartouche, ainsi DVL sur les lingots étudiés ici ou L.I.H attestés sur plusieurs lans des Riches Dunes. Ces timbres sont réalisés avec des cachets et il est vraisemblable que le marquage se fait à chaud, alors que le métal est encore mou. C’est donc sur le lieu de fabrication des lingots, dans la fonderie, que les timbres sont ainsi apposés. On suppose alors qu’ils identiient les producteurs. C’est ainsi qu’il faudrait considérer DVL ; soit il s’agit des initiales des tria ou duo nomina du fabricant – D(ecimus) V(…) L(…) ou D(ecimus) Vl(…) –, soit de son cognomen abrégé à ses trois premières lettres, Dul(…). Nous penchons plutôt pour la première solution. Les autres marques ont, quant à elles, été réalisées sur un métal déjà dur. Elles se retrouvent toutes en effet sur la bordure lisse périphérique qui s’est formée lors du refroidissement du métal. D’autre part, elles ont été incisées plus ou moins profondément à l’aide, sans doute, d’un ciseau. Sur les lingots 1 et 11, la forme parfaite des lettres C et Q suggère cependant l’utilisation d’une matrice spéciique. Au moins les indications pondérales, lisibles sur sept des lingots, ont été portées après démoulage. L’opération a pu avoir eu lieu aussi bien dans la fonderie et être le fait soit du fabricant soit du marchand, ou lors de l’embarquement des lingots. L’ensemble des marques incisées sur la bordure des lingots renvoie donc à une étape postérieure à la fabrication. Concernent-elles uniquement celle de la commercialisation ? Une inscription revient systématiquement, QME ; elle est seulement absente des lingots 8 et 9 dont les inscriptions sur la bordure se sont mal conservées. On peut donc penser que l’inscription avait été gravée sur l’ensemble du lot. Sans doute faut-il y voir les initiales de tria ou de duo nomina, Q(uintus) M(…) E(…) ou Q(uintus) Me(…), celles du nom du marchand. Comment interpréter alors la présence de l’inscription incisée DVL, qui renvoie nécessairement au cachet imprimé, et donc, a priori, au fabricant, sur au moins quatre des lingots (nos 1, 6, 10 et 11) ? Faut-il y voir une association de type commercial entre un producteur, DVL, et un marchand, QME ? A priori, rien ne s’oppose à ce qu’un producteur commercialise ses propres lingots, ou qu’il s’associe à un autre personnage, ou encore qu’il prenne en charge les lingots d’un confrère. Le même DVL est attesté en effet sur d’autres lans de cuivre retrouvés non loin de Sète. Dispersés entre le musée de l’Éphèbe au Cap d’Agde, la mairie de Marseillan et une collection particulière, ces lans semblent pouvoir être attribués à un même gisement, les Riches Dunes à Marseillan8. Il s’agit d’au moins cinq, et peut-être six lans de cuivre (voir tableau 3) de dimensions et de poids proches de ceux de Plage de la Corniche 6 ; tous portent sur la bande périphérique lisse l’inscription incisée DVL. Sur deux d’entre eux, DVL igure aussi en position centrale (tableau 3, nos 4 et 6) ; sur deux autres, on trouve le timbre L.I.H, répété deux et trois fois respectivement (tableau 3, nos 1 et 2). Ainsi, on trouve DVL aussi bien en position de fabricant qu’en position de marchand. Dans le premier cas, ses lingots sont commercialisés par QME, avec lequel il est cependant associé sur quatre lingots (L1, 6, 10 et 11, tableau 1) ; dans le second, il prend en charge les lingots d’un autre producteur, L.I.H. mais il est aussi son propre marchand (Riches Dunes, lingots 4 et 6). Reste à interpréter les autres inscriptions attestées sur la bordure périphérique des lingots. TVV, attestée une seule fois (lingot 9 dont les autres éventuelles inscriptions incisées sur la bordure ont disparu), demeure énigmatique faute de comparaisons possibles. L’inscription CXXXVIII, quant à elle, est présente sans doute sur tous les lingots. Sur le lingot 1, elle est associée à DVL ; sur les nos 4, 2, 10 et 11, à QME. Aux Riches Dunes, on connaît l’association DVL XXIIII sur quatre lingots. L’association tria nominachiffre est également attestée sur quatre des six lingots provenant du site des Aresquiers 5 à Frontignan et conservés au musée de l’Éphèbe au cap d’Agde (3) et au musée Paul Valéry à Sète (1), qui portent sur la bordure lisse externe l’inscription QIF VIII. Le sens de ces indications numériques, qui se répètent invariablement sur plusieurs lingots dans un même lot, reste incertain : numéro de lot ? nombre de lingots constituant le lot ? Seule la fouille complète d’une épave pourrait permettre de trancher… à la condition que la cargaison métallique soit restée intacte depuis le naufrage et n’ait pas été dispersée après coup revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011 fichier EDITEUR destiné à un usage privé les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale (pillage, chalutages…). Ce n’est malheureusement peut-être pas le cas de Plage de la Corniche 6. 2. du cuIvre d’orIgIne hIspanIque. r ésultats des analyses IsotopIques des lIngots de plage de la cornIche 6 Comme on l’a dit, l’opération archéologique menée en octobre 2009 n’a permis de découvrir que quelques fragments d’amphores Dressel 20 et 7/11 sur le site et qui ont pu appartenir à la cargaison du navire. Ils donneraient donc une première indication sur sa provenance, le sud de l’Hispanie. L’étude typologique et épigraphique des lingots va dans le même sens. D’un côté, les lingots sont morphologiquement identiques à la très grande majorité des lans de cuivre retrouvés au large des côtes du Languedoc et du Roussillon (voir tableau 2). Dans un article publié en 2003, nous avions défendu cette origine sur la base de différents arguments archéologiques (Domergue et Rico 2003, 393-395). À ces arguments sont venus s’ajouter plus récemment ceux que fournit l’archéométrie ; les analyses effectuées par S. Klein et le laboratoire de minéralogie de Frankfort sur la composition isotopique du plomb de la plupart des lingots conservés dans les musées et dépôts de fouilles ont conirmé leur origine hispanique (Klein et al. 2007) et leur appartenance à l’une ou l’autre des grandes zones cuprifères de la péninsule Ibérique, la ceinture pyriteuse d’un côté, l’Ossa Morena et la zone CentreIbérique de l’autre (voir ci-après § 3). Or, parmi ces lingots analysés, igurent ceux qui sont attribués à l’épave Riches Dunes et qui portent, comme on l’a vu, l’inscription DVL imprimée ou gravée sur la bande externe lisse (Klein et al. 2007, 204, analyses CI 39, 43 et 74-76). Un autre lingot, conservé au musée de l’Éphèbe au Cap d’Agde (no inv. 620), a été aussi attribué à Riches Dunes dans le même article (Klein et al. 2007, 207). Aujourd’hui, suite à la découverte de Plage de la Corniche 6, nous nous demandons si ce lingot n’appartient pas plutôt à cette dernière épave. À peu près de dimensions égales et d’un poids sensiblement supérieur à la moyenne, 84 kg, ce lingot présente quasiment les mêmes marques que ceux de Plage de la Corniche 6, à savoir, en premier lieu, l’inscription DVL, imprimée, d’une part, sur la face supérieure (très effacée) et gravée, d’autre part, sur la bordure externe lisse ; sur celle-ci, en position radiale, igurent une indication pondérale, CCLXXIII, soit 274 livres romaines, le chiffre LXV et, enin, l’inscription dont la lecture jusque là proposée, QMF (Lamy 1987-1988, 16.003 ; Klein et al. 2007, 207), a de grandes chances d’être fautive ; nous proposons aujourd’hui de la corriger en QME. 63 Les mesures isotopiques réalisées sur ces six lingots, tous portant l’inscription DVL, ne laissent pas vraiment de doute sur l’origine hispanique du cuivre dont ils sont faits (Klein et al. 2007, 216-217). Elles n’avaient pas permis cependant d’identiier la zone précise de leur fabrication, ceinture pyriteuse ou Ossa Morena, puisque les ratios mesurés se situent dans la zone de recouvrement mutuelle des champs isotopiques des deux zones. Les analyses isotopiques effectuées sur les lingots de Plage de la Corniche 6 permettent aujourd’hui de trancher : les lingots des Riches Dunes proviendraient donc plutôt de la zone pyriteuse. 2.1. Les procédures analytiques - Composition chimique : Des échantillons des onze lingots ont été analysés à la microsonde électronique (JEOL Superprobe 8900RL). La méthode permet de mesurer les éléments majeurs et mineurs ainsi que les éléments en trace en dessous du niveau inférieur ppm. Ont été analysés les éléments Cu, Sb, As, Sn, Zn, Ag, Pb, Fe, S, Mn, Ni et Co. Douze points (de 6 mm de diamètre) ont été mesurés sur chaque échantillon ; nous présentons ici le pourcentage arithmétique, normalisé à 100 %. - Mesures isotopiques : Environ 10 mg de chaque échantillon ont été dissous dans un mélange d’acide hydrochloridrique et nitrique ultra pur. Le plomb est alors séparé du cuivre à l’aide d’une résine dans la colonne d’échange d’ions. Les solutions en plomb sont ensuite diluées dans une concentration de 500 ppb. Du Thallium (100 ppb utilisant du NIST997) est ajouté au produit inal pour les corrections de biais de masse. Le matériau standard de référence NIST 981 a été utilisé pour contrôler la justesse et la précision des mesures sur toute la période d’analyse. Les mesures isotopiques ont été effectuées avec un MC-ICP-MS (NeptuneTM, Finnigan MAT) à faible resolution (δm/m = 400). La précision moyenne de la mesure obtenue est estimée à 0.15 ‰ (2σ) pour les rapports 208Pb/206Pb et 207Pb/206Pb et à 1.3 ‰ (2σ) pour le rapport 206Pb/204Pb. 2.2. Résultats Comme le montrent les analyses à la microsonde, les lingots sont fait d’un cuivre pur, sans alliage. Le pourcentage de cuivre étant supérieur à 99 % et la présence totale d’éléments en trace inférieure à 1 %, on a affaire à un métal de très bonne qualité (tableau 4 et ig. 15). Seul le lingot no 7 présente des teneurs légères en plomb, arsenic, antimoine et sulfure. Les résultats des analyses isotopiques sont donnés dans le tableau 5 sous la forme des rapports isotopiques du plomb suivants : 206Pb/204Pb et 207Pb/206Pb (ig. 16), 208Pb/206Pb et 207Pb/206Pb (ig. 17). Les vaRAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70 fichier EDITEUR destiné à un usage privé – Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue 64 Sample Cu Sb As Sn Zn Ag Pb Fe S Mn Ni Co 1 99,79 0,035 0,017 0,005 0,000 0,038 0,030 0,003 0,053 0,010 0,014 0,010 Total 100 2 99,84 0,029 0,006 0,003 0,000 0,033 0,000 0,004 0,046 0,008 0,014 0,012 100 3 99,82 0,026 0,013 0,010 0,000 0,037 0,006 0,002 0,049 0,008 0,015 0,010 100 4 99,82 0,034 0,004 0,010 0,000 0,035 0,013 0,003 0,052 0,007 0,013 0,009 100 5 99,82 0,039 0,004 0,006 0,000 0,048 0,006 0,001 0,048 0,010 0,010 0,009 100 6 99,80 0,025 0,008 0,009 0,000 0,034 0,010 0,003 0,077 0,007 0,010 0,013 100 7 99,18 0,240 0,149 0,011 0,000 0,058 0,148 0,015 0,172 0,007 0,015 0,009 100 8 99,78 0,058 0,019 0,009 0,000 0,037 0,006 0,003 0,053 0,008 0,013 0,011 100 9 99,33 0,030 0,036 0,006 0,000 0,047 0,007 0,004 0,512 0,009 0,011 0,009 100 10 99,66 0,067 0,050 0,010 0,000 0,051 0,020 0,004 0,107 0,007 0,012 0,010 100 11 99,83 0,029 0,005 0,008 0,000 0,031 0,004 0,002 0,064 0,005 0,014 0,009 100 Tableau 4 : Résultats des analyses de la composition chimique des lingots de Plage de la Corniche 6 par microsonde électronique. Figure 15 : Éléments en trace des lingots de Plage de la Corniche 6. Ils ne dépassent pas 0,82 % du poids total. 1 18,187 StdErr (abs) 0,000 15,625 StdErr (abs) 0,000 38,210 StdErr (abs) 0,001 0,859 StdErr (abs) 0,000 2 18,197 0,000 15,628 0,000 38,227 0,000 0,859 0,000 2,101 0,000 3 18,187 0,002 15,596 0,003 38,143 0,007 0,858 0,000 2,097 0,000 Sample # 206Pb/204Pb 207Pb/204Pb 208Pb/204Pb 207Pb/206Pb 208Pb/206Pb 2,101 StdErr (abs) 0,000 4 18,195 0,000 15,633 0,000 38,240 0,001 0,859 0,000 2,102 0,000 5 18,196 0,000 15,636 0,000 38,246 0,000 0,859 0,000 2,102 0,000 6 18,198 0,000 15,628 0,000 38,225 0,001 0,859 0,000 2,101 0,000 7 18,195 0,000 15,635 0,000 38,245 0,001 0,859 0,000 2,102 0,000 8 18,194 0,000 15,633 0,000 38,240 0,000 0,859 0,000 2,102 0,000 9 18,193 0,000 15,630 0,000 38,227 0,000 0,859 0,000 2,101 0,000 10 18,196 0,000 15,635 0,000 38,247 0,000 0,859 0,000 2,102 0,000 11 18,206 0,000 15,634 0,000 38,249 0,001 0,859 0,000 2,101 0,000 Tableau 5 : Résultats des mesures isotopiques réalisées sur les lingots de Plage de la Corniche 6 par spectrométrie de masse (MC-ICP-MS). Figure 16 : Lingots de Plage de la Corniche 6. Diagramme du rapport isotopique 207Pb/206Pb versus 206 Pb/204Pb. Figure 17 : Lingots de Plage de la Corniche 6. Diagramme du rapport isotopique 208Pb/206Pb versus 207 Pb/206Pb. Figure 18 : Lingots de Plage de la Corniche 6. Diagramme du rapport isotopique 207Pb/206Pb versus 208Pb/206Pb. Les lingots (grand diamant) s’intègrent parfaitement dans le champ isotopique de la ceinture pyriteuse ibérique (petits diamants noirs). revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011 fichier EDITEUR destiné à un usage privé les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale leurs des rapports isotopiques du plomb obtenus sur les 11 lingots s’échelonnent étroitement entre 18.18 et 18.20 pour le rapport 206Pb/204Pb et entre 15.62 et 15.64 pour le rapport 207Pb/204Pb, ce qui confère au groupe de lingots un caractère très homogène sur le plan isotopique. Replacées dans la base de données isotopiques existant dans la littérature (Stos-Gale, Gale 2009), les valeurs (ig. 18) coïncident parfaitement avec le champ isotopique de la ceinture pyriteuse du sud-ouest de la péninsule Ibérique (Marcoux 1998 ; Lescuyer et al., 1998 ; Stos-Gale et al. 1995 ; Pomiès et al. 1998). Il n’y a donc aucun doute que les lingots de cuivre de l’épave Plage de la Corniche 6 sont originaires d’Hispanie, et plus particulièrement des mines de la ceinture pyriteuse. Du même coup, c’est là aussi qu’il faut chercher l’origine des lingots des Riches Dunes. 65 1-Terrains paléozoïques et Précambrien 2- Roches granitiques SPZ : zone Sud-Portugaise OMZ : zone Ossa Morena CIZ : zone Centre Ibérique 3. l’orIgIne hIspanIque des lIngots de cuIvre en médIterranée occIdentale : une confIrmatIon Naguère, nous avions essayé de faire le point sur la provenance des lingots de métal retirés des épaves romaines de Méditerranée, particulièrement de celles qui jalonnent les côtes languedocienne et provençale (ig. 19). En nous appuyant exclusivement sur des arguments d’ordre historique et archéologique, nous avions défendu la thèse selon laquelle les cargaisons de lingots, tant de plomb que de cuivre, devaient provenir principalement des mines du sud de la péninsule Ibérique, et non des gîtes des Cévennes (Domergue, Rico 2003). Mais il était dificile de préciser davantage, car nous ne disposions pas des signatures isotopiques du plomb de ces lingots. Depuis lors cette lacune a été comblée. S’agissant des lingots de cuivre, une étude systématique a été effectuée par une équipe mixte comprenant des chercheurs du laboratoire de minéralogie de l’université W. Goethe de Frankfurt et du laboratoire d’archéologie TRACES de l’université de Toulouse-Le Mirail, en collaboration avec les musées et dépôts de fouille où étaient conservés ces lingots. Ces derniers ont été échantillonnés, les échantillons ont été analysés et les résultats comparés à la banque de données dont nous disposions (Klein et al. 2007) et que nous avions constituée d’après la littérature (par exemple, Santos Zalduegui et al. 2004), puis enrichie à partir de nos propres sources (Klein et al. 2009a). L’étude des lingots de l’épave Plage de la Corniche 6, à Sète, qui vient d’être présentée nous fournit l’occasion de revenir sur la provenance des cargaisons de cuivre découvertes dans les épaves méditerranéennes et d’en donner une vision à la fois plus complète et plus assurée, qui repose sur les travaux récents que nous venons d’énumérer et que complètent quelques études spéciiques (Rico et al. 2005-2006 ; Klein et al. 2009b ; Rico, Domergue 2010 ; Nesta et al. 2011). Nous dirons d’abord que la plupart des analyses conirment la provenance sud-ibérique, tantôt avec certitude, tantôt avec une plus ou moins grande probabilité, parfois en hésitant entre deux zones, mais sans jamais exclure cette provenance. Intéressons-nous donc aux gîtes cuivreux du sud de la péninsule Ibérique. Ils se distribuent en trois grands ensembles correspondant à la géologie structurale de cette région (ig. 19), pour le paléozoïque et le précambrien (Gibbons & Moreno 2002, carte h.t. p. 1 et passim). Ce sont, du sud au nord : • la zone Sud-Portugaise (SPZ), constituée essentiellement par la ceinture pyriteuse du Sud-Ouest, avec les énormes gisements de Riotinto, Tharsis, Sotiel Coronada, S. Domingos, Aljustrel, etc. ; • la zone Ossa-Morena (OMZ), dont les nombreux gisements, d’importance variable, se situent principalement en Espagne, prenant en écharpe, du nord-ouest au sud-est, la province de Cordoue, et qui forment les districts d’Azuaga, de Fuenteobejuna et de Córdoba (Cerro Muriano, par exemple) ; • la zone Centre-Ibérique (CIZ), qui comprend notamment les districts de la Alcudia et los Pedroches, que poursuit à l’est celui de Linares-La Carolina. Figure 19 : Carte géologique simpliiée du sud de la péninsule Ibérique, avec mention des grands districts métallifères. Dans tous ces secteurs, l’exploitation romaine a laissé des traces importantes (Domergue 1987), et il vaut la peine de mesurer l’impact qu’elle a eu sur la consommation de cuivre dans l’Empire, grâce à la détermination de l’origine des lingots de cette période qui nous sont parvenus. Pour ce faire, il est indispensable de disposer d’une banque de données de référence où soient représentés le plus possible de ces gisements. C’est le cas de la nôtre. Dans notre première étude (Domergue, Rico 2003), nous avions fait l’inventaire des cargaisons de lingots de cuivre et de lingots de plomb découverts dans les épaves romaines découvertes le long du rivage du RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70 fichier EDITEUR destiné à un usage privé – Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue 66 Figure 20 : Carte des épaves romaines renfermant des lingots de cuivre en Méditerranée mentionnées ou étudiées dans le texte. N Site o Nbre lingots Languedoc et du Roussillon. Comme nous nous intéressons ici à l’ensemble de la Méditerranée occidentale, il convient de compléter cette liste en y ajoutant les épaves des côtes de Provence et de la Corse (ig. 20). De ce point de vue, l’inventaire publié dans Klein et al. 2007 est plus complet, mais n’y igurent Date Lieu conservation Provenance (isotopes Pb) SPZ 15 Sud-Lavezzi 2 16 Lavezzi 1 18 Cap Sperone (SE Corse) 17 San Baïnzo (SE Corse) 14 Planier 2 7 Riches Dunes 7bis pas toutes les pièces énumérées en 2003, parfois avec raison (lingots modernes ou, au contraire, de l’âge du Bronze, lingots de chronologie incertaine), parfois par erreur : ainsi les lingots de l’épave PortVendres II en sont absents, car ils ont malheureusement été oubliés lors de la campagne d’échantillonnage… OMZ CIZ Références Dom.-Rico 2003 237 10-30 p.C. DRASSM (L’Estaque) au moins 21 av. 30 p.C. M. Bastia *** 10 M. Bastia *** 10 M. Bastia 1 1 *** Klein et al. 2007 1 *** 10 2 ou 3 (50) Milieu IIe s. p.C. DRASSM (Musée des docks romains) * 2 5 50-100 p.C. M. Éphèbe (Agde), mairie Marseillan, coll. privée *** *** 2 3 Prov. inconnue 1 M. Éphèbe 8 Aresquiers 5 6 M. Éphèbe (Agde), Paul Valéry (Sète), M. Frontignan * ** 3 4b 9 Colonie des Mouettes 7 (29) M. Frontignan * ** 4 4a 5 Môle Richelieu (Agde) 3 (ou 7 ?) M. Éphèbe, M. du Biterrois * ** 5 6 4 Baie de l’Amitié (Agde) 2 M. Éphèbe, M. du Biterrois * ** 11 et 12 5 6 Au large de Marseillan 1 (ou 3 ?) M. du Biterrois, coll. privée * * 8 7 12 Au large de Maguelone 13 11 Plage de la Corniche 6 11 IIe s. p.C. ? 8 *** M. Éphèbe *** Tableau 6 : Les provenances hispaniques des lingots de cuivre trouvés dans les épaves romaines au large des côtes françaises (les numéros des sites correspondent à ceux de la carte 20). Colonne 2 (lieu de découverte), les précisions sur la dénomination de certaines épaves (Colonie des Mouettes, Les Aresquiers 5) sont dues à M.-P. Jézégou. Colonne 3 : entre parenthèses, le nombre maximum de lingots attribués à une épave donnée. Colonnes 6, 7 et 8 : provenance certaine (***), hésitation entre deux provenances marquée par un astérisque (*) dans deux des colonnes, préférence marquée pour une des deux provenances proposées (**) (d’après klein et al. 2007, 214-217). Cependant, pour plus de clarté et de simplicité, la distinction entre clearly Spanish et most probably Spanish n’a pas été maintenue dans ce tableau. revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011 fichier EDITEUR destiné à un usage privé Ainsi donc, en nous appuyant sur les recherches effectuées selon la méthode des analyses isotopiques du plomb, nous pouvons attribuer, avec des degrés de certitude plus ou moins forts, les origines suivantes aux lingots de cuivre romains recueillis, pour la plupart, dans des épaves de la Méditerranée occidentale : Origine hispanique assurée (clearly Spanish)9 : • Zone Sud-Portugaise (ceinture pyriteuse du sud-ouest de la péninsule Ibérique) : Lavezzi 1 et Sud-Lavezzi 2 (Klein et al. 2007, 214-215), Cap Sperone (Corse), San Baïnzo (Corse)10, Plage de la Corniche 6 et Riches Dunes11 ; • Zone Cent re-I bér ique (Los Pedroches) : Maguelone (Rico et al. 2005-2006) ; les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale • Zone Sud-Portugaise (ceinture pyriteuse) ou Zone Ossa-Morena : Planier II, Marseillan (Klein et al. 2007, 214-216) ; de Golfech (Klein et al. 2009b) – et si, comme cela a été montré plus haut (supra, 000), les lingots des Riches Dunes en proviennent eux aussi assurément. Origine hispanique très probable (most probably Spanish) : • Zone Sud-Portugaise (ceinture pyriteuse du SudOuest) ou Zone Ossa-Morena, avec une préférence pour cette dernière zone : Frontignan (Colonie des Mouettes, Les Aresquiers 5), Baie de l’Amitié, Môle Richelieu (Klein et al. 2007, 216) ; • Zone Sud-Portugaise (ceinture pyriteuse du SudOuest) ou Zone Ossa-Morena : lingot isolé (Musée de l’Ephèbe) (Klein et al. 2007, 216). Mais le rôle des mines de cuivre de Sierra Morena n’est pas négligeable. C’est l’étude archéométrique des lingots de Maguelone qui, pour la première fois, l’a mis en évidence, en montrant qu’ils provenaient de los Pedroches (Rico et al. 2005-2006) ; s’y ajoutent maintenant ceux de l’épave de Chipiona, sur la côte atlantique du sud de l’Espagne, qui ont été produits, selon tout probabilité, par les mines de Linares ou celles de los Pedroches (Nesta et al. 2011)12 : ces deux secteurs sont situés dans la zone Centre-Ibérique. conclusIon Les considérations qui précèdent montrent donc l’importance du cuivre hispanique dans le commerce de l’ouest méditerranéen à l’époque romaine, concrètement aux Ier et IIe siècle de notre ère. Et cela d’autant plus que, jusqu’à maintenant, l’archéologie pas plus que l’archéométrie n’a mis en évidence la présence d’aucun autre cuivre sur ce marché. Le cuivre hispanique paraît donc régner en maître dans l’Occident romain. Pour l’instant, on ignore à quel moment se situe son apparition dans ce commerce ouest méditerranéen, alors que certaines des mines qui l’ont produit ont été en activité, à l’époque de la domination romaine, dès la in du IIe siècle avant J.-C., comme le montrent, dans la Sierra Morena par exemple, la mine de La Loba (Blázquez et al. 2002, 386-388), et, plus timidement, à la même époque certaines mines de la ceinture pyriteuse (Domergue 2011, 34). Inversement, quand l’exportation du cuivre hispanique at-elle cessé ? Le cuivre Marien, aes Marianum (Pline l’Ancien, Historia Naturalis, 34, 4), leuron du cuivre hispanique (Domergue 1990, 235), n’est pas nommé dans l’Édit du Maximum, proclamé par l’empereur Dioclétien (301 p.C.), alors que le cuivre de Chypre y est, lui, mentionné (Edictum Diocletiani, 15, 68). Le cuivre hispanique a donc dû disparaître du marché méditerranéen dans le courant du IIIe siècle. En tout cas, au temps de la suprématie du cuivre hispanique, le rôle de la ceinture pyriteuse du sud-ouest de la péninsule Ibérique (SPZ) est prédominant, que cette région apparaisse dans les analyses comme zone d’origine assurée ou zone d’origine très probable. Il n’y a rien là d’étonnant quand on connaît le nombre et l’importance des mines romaines qui en font partie, ainsi que la masse des déchets métallurgiques que leur exploitation a laissés dans la nature (Domergue 2011, 28-32). La suprématie de ces mines est davantage encore patente si on prend en compte telle épave située à l’écart de la Méditerranée elle-même – par exemple, en Gaule intérieure, dans le lit de la Garonne, l’épave 67 Par ailleurs, la zone Ossa Morena n’apparaît jamais comme une zone d’où soit issue sûrement telle ou telle cargaison. C’est vrai aussi lorsqu’on considère telle épave de la côte atlantique de l’Espagne méridionale, le Pecio del Cobre par exemple, près de Cadix (Klein et al. 2007, 209, no 9). En fait, la zone Ossa Morena est en concurrence tantôt avec la zone Centre Ibérique (Pecio del Cobre), tantôt avec la ceinture pyriteuse de la SPZ (Frontignan [Colonie des Mouettes, Les Aresquiers 5], Baie de l’Amitié, Môle Richelieu), car, les champs isotopiques de ces trois zones étant très proches l’un de l’autre et se recouvrant parfois partiellement, notre spécialiste (S.K.) hésite à se prononcer, mais dans tous les cas qu’on vient d’indiquer, elle montre une préférence pour cette zone Ossa Morena. En revanche, s’agissant des lingots de Planier II et de Marseillan (Klein et al. 2007, 214-216), elle ne se prononce pas. Marie-Pierre Jézégou Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (drassm) marie-pierre.jezegou@culture.gouv.fr Sabine Klein Institut für Geowissenschaften FE Mineralogie, Abt. Petrologie und Geochemie Goethe-Universität Frankfur Sabine.Klein@kristall.uni-frankfurt.de Christian Rico traces, umr 5608 cnrs université de Toulouse 2-Le Mirail rico@univ-tlse2.fr Claude Domergue traces, umr 5608 cnrs université de Toulouse 2-Le Mirail claude.domergue@wanadoo.fr RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70 fichier EDITEUR destiné à un usage privé – Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue 68 ◤ Notes de commentaire 1. Messieurs Raymond Vallon et Eric Bellone. La déclaration nous est parvenue alors que nous achevions une campagne d’expertise de biens culturels maritimes sur le littoral de l’Hérault. 2. L’un d'eux était déplacé à l’écart et entouré d’une corde destinée à permettre un prélèvement clandestin. 3. Elle est conservée sur au moins 80 cm d’épaisseur. 4. Ce ilet est un guangui utilisé pour la pêche des murex. Il s’est brisé au contact des lingots ce qui a permis leur découverte. On l’emploie en raclant le fond sur lequel se trouvent les escargots. En aucun cas ce ilet ne pourrait avoir déplacé les lingots sur une quelconque distance. Par comparaison avec les lingots de cuivre découverts il y a quelques années au large de Maguelone, on s’aperçoit que ces derniers, probablement déplacés par un chalut ou tout au moins un grand ilet, se retrouvaient sur le fond dans le plus grand désordre. 5. Ce qui est également le cas pour les fragments d’amphore. 6. Cf. Domergue 1990, 283-284. Le type II correspond à des culots hémisphériques, plutôt épais (de 9 à 18 cm) et d’un poids égal ou supérieur à 100 kg. 7. Dans le tableau 1, les lingots n’étant pas parfaitement circulaires, deux dimensions sont données pour la face supérieure ; elles correspondent à deux axes (vertical et horizontal se croisant au centre) déterminés d’après la situation des marques imprimées dans la partie centrale des lingots. 8. Les Riches Dunes constituent un ensemble de gisements sous-marins où aucune épave n’a été clairement individualisée. Traditionnellement, les lingots de cuivre ont été attribués aux Riches Dunes 2 qui correspondrait à un navire naufragé chargé d’amphores et de lingots de plomb anépigraphes (17) de Bétique. Plus récemment, Luc Long, à la suite d’une prospection réalisée en 2003, a proposé de relier les lingots de cuivre à un autre gisement, mais qui reste à identiier, dénommé par lui Riches Dunes 6 (Long 2003, 40-41). Pour l’heure cependant, rien ne vient étayer cette proposition. 9. Les deux formules, clearly Spanish et most probably Spanish, sont celles de l’article Klein et al. 2007, 214-217. 10. Par suite d’un oubli, la provenance des lingots de Cap Sperone et de San Baïnzo n’est pas indiquée dans Klein et al. 2007. Elle est signalée ici grâce à SK, qui vient d’effectuer les recherches nécessaires et qui doit être remerciée. 11. Dans Klein et al. 2007, 216-217, concernant les lingots des Riches Dunes, Sabine Klein hésitait entre la Ceinture Pyriteuse et l’Ossa Morena, avec cependant une petite préférence pour la première. Les correspondances épigraphiques entre ces lingots et ceux de Plage de la Corniche 6, ainsi que les résultats des analyses isotopiques du plomb effectuées sur ces derniers, permettent désormais d’écarter l’Ossa Morena comme lieu d’origine de nos lingots. 12. C’est pour des raisons de bon sens – et aussi parce que nous avons constaté que les marchands qui collectent les lingots limitent leur activité à une zone bien déterminée (Nesta et al. 2011) – que nous avons préféré considérer le secteur de Linares comme zone d’origine des lingots de cuivre de Chipiona (Ibid.). revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011 fichier EDITEUR destiné à un usage privé les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale 69 ◤ Références bibliographiques Azzouz-Bérard, Feugère 1997 : AZZOUZ-BÉRARD (O.), FEUGÈRE (M.) – Les bronzes antiques du musée de l’Éphèbe. Collections sous-marines, Agde, 1997. Blázquez et◤ al. 2002 : BLÁZQUEZ (J.M)., DOMERGUE (C.), SILLIÈRES (P.) – La Loba (Fuenteobejuna, Cordoue, Espagne). La mine et le village minier antiques. Ausonius-Publications, Mémoires 7, Bordeaux, 2002. 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