57
Les lingots de cuivre de l’épave romaine Plage de la Corniche 6 à Sète et le commerce du
cuivre hispanique en Méditerranée occidentale
– Marie-Pierre Jézégou
– Sabine Klein
– Christian Rico
– Claude Domergue
IntroductIon
◤◤ Résumé :
L’article présente onze lingots de cuivre romains découverts en mer à la fin
de l’été 2009 au large de Sète (Hérault). L’étude typologique et épigraphique
ainsi que les analyses isotopiques du plomb effectuées sur ces lingots permettent de les attribuer aux mines du Sud-Ouest de la péninsule Ibérique. Le site
de Plage de la Corniche 6 vient s’ajouter à la dizaine d’épaves et de gisements
sous-marins ayant livré des lingots de cuivre romains au large des côtes de
Languedoc-Roussillon. L’ensemble de ces lingots, qui sont eux aussi d’origine
hispanique et proviennent de diverses régions minières du sud de la Péninsule,
est présenté à la fin de l’article.
◤◤ Mots-Clés :
Archéologie sous-marine, lingots, cuivre, époque romaine, épigraphie,
isotopes du plomb, Espagne méridionale.
◤◤ Abstract:
The paper presents eleven Roman copper ingots found during an underwater
archaeological survey in late summer 2009 off Sète (Hérault). The typological
and epigraphic study and the lead isotopes analyses made on the ingots point
out the Iberian south-west mines as their origin. Thus, the Plage de la Corniche
6 site has to be added to the about ten shipwrecks and other underwater sites
off Languedoc-Roussillon coasts which have given Roman copper ingots. The
whole group of these ingots, which are also Spanish and come from different
mining zones of southern Spain, is presented at the end of the paper.
◤◤ keywords:
Underwater archaeology, ingots, copper, Roman period, epigraphy, lead
isotopes, Southern Spain
premIères observatIons sur le gIsement de
Plage de la CorniChe 6 à sète
L
e site Plage de la Corniche 6, situé au large de la
plage de Sète (ig. 1), a été déclaré en 2009 par deux
pécheurs sétois1. Une rapide expertise du site avait
permis de retrouver et de prélever les onze lingots de cuivre qui venaient de nous être signalés2.
La disposition des lingots par piles de cinq (ig. 2) emprisonnées dans une importante couche de matte de posidonies3,
nous avait laissé espérer que l’épave pouvait être conservée
sous les lingots ou, tout au moins, à proximité immédiate. Hélas les trois sondages que nous avons implantés cette année-là
se sont tous révélés stériles (ig. 3). En effet, sous la matte de
posidonies, est apparue la roche du substrat. S’il est tout à fait
possible d’envisager la destruction des éléments ligneux de la
coque, au contact du rocher, sous l’action des tarets, rien ne
permet d’expliquer l’absence d’éléments métalliques (clous ou
pièces d’accastillage).
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue
58
Figure 1 :
Carte de localisation des sites
de lingots de cuivre du littoral
de l’Hérault
(S.I.G. : Hakim Rakrouki).
Des investigations complémentaires ont été entreprises en 2010 et en 2011. Une prospection circulaire,
visuelle d’abord, puis à l’aide de détecteurs de métaux, a été entreprise autour du rocher au pied duquel
reposaient les lingots, sur un diamètre de 60 mètres.
Elle a permis de découvrir quelques fragments d’amphores Dressel 20 et Dressel 7/11 concentrés dans les
anfractuosités du rocher.
En 2010, un plongeur sétois, Gilles Sintès, nous a signalé la présence d’un jas d’ancre en plomb (ig. 4 et 5)
à 79,16 mètres à l’ouest du secteur des lingots (ig. 6).
Le jas d’ancre a été aisément retrouvé. Un fragment de
la verge est encore en place : il semble être en chêne.
Le jas est orienté est/ouest. Une prospection circulaire
au moyen de détecteurs a été réalisée sur un diamètre
de 40 mètres ; le jas est bel et bien isolé.
Figure 2 :
Plage de la Corniche 6. Deux
piles de cinq lingots
(Photo : Chrystelle Chary).
Un des co-inventeurs du site, M. Raymond Vallon, nous
a indiqué la présence de vestiges ligneux à 100 mètres
au nord-ouest des lingots. Là encore une prospection
au détecteur de métaux a été entreprise (ig. 6). Elle a
permis la découverte d’une planche en bois de 2 m de
longueur pour 23 cm de largeur et 4 à 5 cm d’épaisseur. Malgré la présence de trous carrés de 2,5 cm de
côté, il semble bien dificile de l’attribuer aux restes
d’une éventuelle épave de l’Antiquité romaine.
Enin de nouvelles prospections ont permis de relier le
secteur des lingots à celui de la planche en bois et une
autre prospection a été entreprise à 120 mètres en direction de l’ouest où deux lingots isolés avaient été repérés par l’un des inventeurs. Ces deux lingots avaient
probablement été prélevés avant notre intervention.
Au inal, malgré des recherches étendues, il n’a pas été
possible de retrouver l’épave du navire qui transportait
ces onze lingots. La disposition en piles de cinq pour
dix d’entre eux laisse penser que ces objets sont arrivés au fond de la mer à la suite d’une voie d’eau dans
les œuvres vives. En effet pour une des piles au moins
(celle de droite sur la photo ig. 1), on voit nettement que
le ilet4 situé dans l’angle en bas à droite est responsable
du déversement de la pile. Le lingot à la base de la pile
est resté en place, le suivant a glissé sans se retourner et
les trois suivants se sont retournés, le plus haut placé sur
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale
59
Figure 3 :
Plage de la Corniche 6.
Disposition des sondages
(Infographie : Jonathan Letuppe).
Figure 4 :
Plage de la Corniche 6.
Jas d’ancre en plomb avec verge en bois partiellement
conservée (Photo : Chrystelle Chary).
Figure 5 :
Plage de la Corniche 6.
Jas d’ancre en plomb
(Dessin : Jonathan Letuppe).
Figure 6 :
Zones de prospection autour du
site Plage de la Corniche 6
(S.I.G. : Hakim Rakrouki).
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue
60
No lingot
Dimensions
Poids (en kg)
Cachets
Marques incisées
QME CCXXXV DVL
[C]XXXVIII
L1
45,5-45 x 32 x 9,5
76
DVL (x2)
L2
49,5-47,5 x 32 x 9,1
75
DVL (x2)
L3
48,5-46,5 x 32 x 9,5
75
DVL (2)
QME CCXXXIII CXXXVIII
CCXXXII QME CXXXVIII - XVIII ?
L4
44-47,5 x 31 x 8,5
68
DVL (x2)
L5
47,7-48,3 x 33,5/34 x 8,710,4
79
DVL
CCXXXIIX QME
L6
48-48,5 x32 x 8,2
75
DVL (2)
CCXXXIIX QME --]IX[--- DVL
L7
49,4-48 x 33 x 11,5/10
81
DVL
CXXXVIII C[-]XI[-]iX QME
L8
48,8-46,5 x 33,5 x 9,1
74
-
L9
45,5-44 x 32 x 8/8,8
68
DVL
L10
49,3-48,6 x 29,5 x 9/12
81
DVL (x2)
QME CXXXVIII DVL CCXLVII
DVL (x2)
DVL CCXXXV QME CXXXVIII
47,7-48 x 32/33 x 9/9,8
78
Il s’agit de lans tronconiques plats, lingots de forme
plano-convexe (type Domergue I6), circulaires mais
irréguliers, aux parois obliques peu alvéolées, et surtout dans leur partie supérieure (ig. 7-9). Le fond
est concave (ig. 10). La surface, le plus souvent légèrement bombée, est généralement boursoulée et
constellée de petites crevasses ou de bulles. Tous présentent une bordure lisse, plus ou moins large (entre
3 et 6 cm), caractéristique des lingots de cuivre, qui
est due à un phénomène de rétractation du métal
qui se produit au cours du refroidissement. Sur plusieurs lingots, elle est faite d’une série d’ondulations
concentriques.
[CXX]XVIII
TVV
Les lingots sont d’assez grandes dimensions, en moyenne
0,47 m de diamètre pour leur face supérieure, 0,32 m pour
le fond7 ; l’épaisseur moyenne se situe autour de 9 cm. Le
poids moyen est de 75,5 kg ; les valeurs extrêmes mesurées sont 68 kg (lingot 4) et 81 kg (lingots 7 et 10).
Tableau 1 : Dimensions, poids et épigraphie des lingots de Plage de la Corniche 6.
la pile étant tombé le plus loin. Il est plus dificile de lire
le mouvement de la deuxième pile. Le lingot isolé doit
être interprété comme le survivant d’une tentative de
pillage, tout comme les deux signalés à une centaine de
mètres à l’ouest. Il ne s’agit donc pas d’une partie d’une
cargaison déplacée, mais bien d’objets in situ5 laissant
augurer de la présence d’une épave non loin.
No
1
Site / lieu découverte
Chipiona
Type
I
Nombre
18
2
Pecio del Cobre
I
3
Port-Vendres II
I
4
Baie de l’Amitié
I
5
Môle Richelieu
I
6
Marseillan
7
8
Dimensions
27/29 x 23/24 x 4/6
Poids (kg)
13,70-20,60
28
36/48,5 x 3/12
23-68
3
48/50 x 32 x 9/10
87
2
41 x 31/32,5 x 5,5/7
34 / 45
3
42/45,5 x 33,5/28 x 7,5/9
44-62
II
2
41,5 x 30 x 16/17
99 / 106
Riches Dunes
I
6
44/53 x 25/29 x 9/11
52-87
Aresquiers 5
I
5
50/56 x 33/38 x 7,5/9,5
77-96
9
Colonie des Mouettes
I
6
43 x 26/29 x 8,5/9,5
55-60
10
Frontignan-II
I
1
38 x 27 x 5,5
26
11
Plage de la Corniche 6
I
11
47 x 32 x 9
68-81
12
Maguelone
I
13
25/27 x 19/22 x 4/5
12,6-15,3
13
Saintes-Maries-de-la-Mer
I
2
50/54 x 35 x 10/15
88
14
Planier II
II
36
41/44 x 10/14
95-100
15
Sud-Lavezzi 2
I
237
moy. 29,5 x 25,5 x 6
10-28,5
16
Lavezzi 1
I
21
31/41 x 25/32 x 5/6,5
moy. 24,5
17
San Baïnzo
I
1
38 x 31 x 4,8
30
18
Cap Sperone
I
2
50/52 x 33/34 x 9,5
67
19
Terrasini A
I
4
45 (grand diam.)
42-62
Tableau 2 : Lingots de cuivre romains en Méditerranée (poids et dimensions).
Les numéros des sites correspondent à ceux de la carte de la igure 19.
Les onze lingots récupérés à ce jour sont remarquables à la
fois par leur grande homogénéité de forme, dimensions et
poids, et par les inscriptions qu’ils portent. C’est là un premier élément pour dire qu’ils proviennent du même atelier.
1.1. Forme et dimensions (tableau 1)
QME (retro) CCXXX QME CXXXVIII
L11
1. descrIptIon des lIngots
Les lans de cuivre de l’épave Plage de la Corniche 6
se situent parmi les lingots du type I les plus grands
et les plus lourds connus à ce jour (voir tableau 2),
provenant de l’épave Port-Vendres II (42 ap. J.-C.),
des Aresquiers 5 à Frontignan et des Saintes-Mariesde-la-Mer. Ils sont surtout très proches des six lingots que l’on peut attribuer au gisement Riches Dunes
(Marseillan), avec lesquels ils partagent d’autre part,
comme on va le voir, une même marque.
1.2. Les inscriptions
À l’exception du lingot 8, les lingots sont peu concrétionnés, ce qui a facilité l’examen de leur face supérieure et la recherche de marques. Celles-ci, inégalement conservées et plus ou moins lisibles, sont de
deux sortes et, selon leur localisation sur les lans,
elles n’ont pas été réalisées de la même manière (cf.
tableau 1).
Les unes sont des timbres imprimés, généralement
au centre des lingots ; la surface rugueuse et inégale
de ceux-ci ne rend pas toujours aisé le repérage des
premiers. Aucun cachet n’est visible sur le lingot 8,
dont la surface est couverte de concrétions. On peut y
restituer sans risque l’inscription qui est présente sur
tous les autres lans, faite des trois lettres capitales en
négatif, sans cartouche, DVL, dont la hauteur varie
entre 22 et 26 mm selon que le poinçon a été plus ou
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale
61
moins profondément appliqué (ig. 11). Sur les lingots
1, 2, 3, 4, 6, 10 et 11, le timbre est répété deux fois.
Les autres inscriptions sont gravées et igurent en position « radiale » sur la bordure externe des lingots.
La hauteur des signes varie entre 18 et 25 mm. Parmi
elles, on relève deux types :
Figure 7 : Lingot 1.
Figure 8 : Lingot 2.
associations de trois lettres : DVL (ig. 12), sur les
lingots 1, 6, 10 et 11 ; QME (ig. 13), sur tous les lingots à l’exception des nos 8 et 9 où les inscriptions de
la bordure lisse ont moins bien résisté à leur séjour
prolongé dans l’eau ; TVV sur le lingot 9.
• indications numériques (ig. 13-14) ; au nombre de
deux, elles sont différentes sur chaque lingot. L’une,
CXXXVIII, se répète sur sept (nos 1, 2, 3, 4, 7, 10 et
11) et même huit lingots (no 8, inscription incomplète
sans doute [CXX] XVIII). On peut penser que tous les
lingots portaient cette inscription ; des restes de hastes
verticales et de barres obliques sont en effet visibles sur
les lingots 6 et 9. Les autres indications numériques lisibles sont toutes différentes d’un lingot à l’autre. Elles
se rapportent au poids des lingots, ce qui a été vériié
lors de leur pesée :
• L1 : 235 livres (= 76,845 kg) – 76 kg
• L2 : 232 l. (= 75,864 kg) – 75 kg
• L3 : 233 l. (= 76,191 kg) – 75 kg
• L5 : 238 l. (= 78,153 kg) – 79 kg
• L6 : 232 l. (= 75,864 kg) – 75 kg
• L10 : 247 l. (= 80,769 kg) – 81 kg
• L11 : 238 l. (= 76,847) – 77 kg
Figure 11 :
Lingot 9, cachet DV[L] en
position centrale.
Figure 12 :
Lingot 1, inscriptions incisées
sur la bordure
DVL / CXXXVIII.
Seule la deuxième inscription numérique du lingot 4
pose problème. On peut lire CCXXX alors que le
poids mesuré est de 68 kg, correspondant à 208 livres
romaines. Il ne peut guère s’agir que d’une lecture
erronée lors du pesage du lingot.
1.3. Interprétation
Figure 9 : Lingot 11.
Figure 10 : Lingot 6, face intérieure.
À l’inverse des marques sur lingots de plomb, celles
qui sont présentes, souvent en nombre, sur les lans
de cuivre ne se laissent pas toujours facilement interpréter. L’enjeu de l’étude épigraphique est d’éclairer
les différentes étapes parcourues par un lingot, depuis sa fabrication jusqu’à sa commercialisation, en
identiiant les marques et inscriptions qui ressortissent de la première étape et celles qui se rapportent à
la seconde (Domergue 1994). Pour le plomb, on admet que les grands timbres moulés sur le dos des lingots identiient les producteurs, alors que les cachets
frappés sur les lancs ou les côtés des mêmes lingots
sont ceux de leur(s) marchand(s), parfois accompagnés d’incisions numériques, comme sur les lingots
des Minucii de l’épave Sud-Lavezzi 2 (Domergue
et Liou 1990, 68-69). Pour le cuivre, deux types de
Figure 13 :
Lingot 10, inscriptions incisées
sur la bordure
QME / CXXXVIII.
Figure 14 :
Lingot 11, inscription incisée
sur la bordure CCXXXV.
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue
62
No
Dimensions
Poids
Timbres
1
52,5/47 x 31 x 9,5
nc
LIH (x3)
2
45 x 31/36 x 10
nc
LIH (x3?)
3
45 x 25,5 x 8
50
-
4
44,5 x 25 x 9
52
DVL
5
51 x 29 x 10
80
-
6
49,5x28x9
87,5
DVL (?)
Marques incisées
III CCXXXXIIII DVL XXIIII
No Inventaire
Bibliographie
Musée de l’Éphèbe,
2920
Feugère 2003, 36
III DVL XXIIII XII
Musée de l’Éphèbe,
2921
Feugère 2003, 36
DVL LVI LXVII
Musée de l’Éphèbe,
621
Bérard-Assouz,
Feugère 1997, 30-31
DVL CLX LVI CLXVII CLXVI
Musée de l’Éphèbe,
628
Bérard-Assouz,
Feugère 1997, 30-31
CCXLIIX DVL XXIIII LIII
Coll. Particulière
Lamy 1988, 16-004
DVL XXIIII SCCLXV DVL
mairie de Marseillan
Lamy 1988, 16-005
Tableau 3 : Dimensions, poids et épigraphie des lingots de cuivre du gisement des Riches Dunes.
marques sont attestées : d’un côté, des inscriptions en
position centrale sur la face supérieure des lingots ;
ce sont d’une part des estampilles en creux renfermant des inscriptions en relief, comme sur les lingots
de Chipiona (Huelva) (Rico et Domergue 2010, 175176) ou de Maguelone (Hérault) (Rico et al., 20052006, 463), d’autre part des lettres en creux sans
cartouche, ainsi DVL sur les lingots étudiés ici ou
L.I.H attestés sur plusieurs lans des Riches Dunes.
Ces timbres sont réalisés avec des cachets et il est
vraisemblable que le marquage se fait à chaud, alors
que le métal est encore mou. C’est donc sur le lieu
de fabrication des lingots, dans la fonderie, que les
timbres sont ainsi apposés. On suppose alors qu’ils
identiient les producteurs. C’est ainsi qu’il faudrait
considérer DVL ; soit il s’agit des initiales des tria
ou duo nomina du fabricant – D(ecimus) V(…) L(…)
ou D(ecimus) Vl(…) –, soit de son cognomen abrégé
à ses trois premières lettres, Dul(…). Nous penchons
plutôt pour la première solution.
Les autres marques ont, quant à elles, été réalisées
sur un métal déjà dur. Elles se retrouvent toutes en
effet sur la bordure lisse périphérique qui s’est formée lors du refroidissement du métal. D’autre part,
elles ont été incisées plus ou moins profondément à
l’aide, sans doute, d’un ciseau. Sur les lingots 1 et 11,
la forme parfaite des lettres C et Q suggère cependant l’utilisation d’une matrice spéciique. Au moins
les indications pondérales, lisibles sur sept des lingots, ont été portées après démoulage. L’opération a
pu avoir eu lieu aussi bien dans la fonderie et être
le fait soit du fabricant soit du marchand, ou lors de
l’embarquement des lingots. L’ensemble des marques
incisées sur la bordure des lingots renvoie donc à une
étape postérieure à la fabrication. Concernent-elles
uniquement celle de la commercialisation ?
Une inscription revient systématiquement, QME ;
elle est seulement absente des lingots 8 et 9 dont les
inscriptions sur la bordure se sont mal conservées.
On peut donc penser que l’inscription avait été gravée sur l’ensemble du lot. Sans doute faut-il y voir
les initiales de tria ou de duo nomina, Q(uintus)
M(…) E(…) ou Q(uintus) Me(…), celles du nom du
marchand. Comment interpréter alors la présence
de l’inscription incisée DVL, qui renvoie nécessairement au cachet imprimé, et donc, a priori, au fabricant, sur au moins quatre des lingots (nos 1, 6, 10
et 11) ? Faut-il y voir une association de type commercial entre un producteur, DVL, et un marchand,
QME ? A priori, rien ne s’oppose à ce qu’un producteur commercialise ses propres lingots, ou qu’il s’associe à un autre personnage, ou encore qu’il prenne
en charge les lingots d’un confrère. Le même DVL
est attesté en effet sur d’autres lans de cuivre retrouvés non loin de Sète. Dispersés entre le musée de
l’Éphèbe au Cap d’Agde, la mairie de Marseillan et
une collection particulière, ces lans semblent pouvoir être attribués à un même gisement, les Riches
Dunes à Marseillan8. Il s’agit d’au moins cinq, et
peut-être six lans de cuivre (voir tableau 3) de dimensions et de poids proches de ceux de Plage de la
Corniche 6 ; tous portent sur la bande périphérique
lisse l’inscription incisée DVL. Sur deux d’entre eux,
DVL igure aussi en position centrale (tableau 3, nos 4
et 6) ; sur deux autres, on trouve le timbre L.I.H, répété deux et trois fois respectivement (tableau 3, nos 1
et 2). Ainsi, on trouve DVL aussi bien en position de
fabricant qu’en position de marchand. Dans le premier
cas, ses lingots sont commercialisés par QME, avec lequel il est cependant associé sur quatre lingots (L1, 6,
10 et 11, tableau 1) ; dans le second, il prend en charge
les lingots d’un autre producteur, L.I.H. mais il est aussi
son propre marchand (Riches Dunes, lingots 4 et 6).
Reste à interpréter les autres inscriptions attestées
sur la bordure périphérique des lingots. TVV, attestée une seule fois (lingot 9 dont les autres éventuelles
inscriptions incisées sur la bordure ont disparu), demeure énigmatique faute de comparaisons possibles.
L’inscription CXXXVIII, quant à elle, est présente
sans doute sur tous les lingots. Sur le lingot 1, elle
est associée à DVL ; sur les nos 4, 2, 10 et 11, à QME.
Aux Riches Dunes, on connaît l’association DVL
XXIIII sur quatre lingots. L’association tria nominachiffre est également attestée sur quatre des six lingots provenant du site des Aresquiers 5 à Frontignan
et conservés au musée de l’Éphèbe au cap d’Agde (3)
et au musée Paul Valéry à Sète (1), qui portent sur la
bordure lisse externe l’inscription QIF VIII. Le sens
de ces indications numériques, qui se répètent invariablement sur plusieurs lingots dans un même lot,
reste incertain : numéro de lot ? nombre de lingots
constituant le lot ? Seule la fouille complète d’une
épave pourrait permettre de trancher… à la condition
que la cargaison métallique soit restée intacte depuis le naufrage et n’ait pas été dispersée après coup
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale
(pillage, chalutages…). Ce n’est malheureusement
peut-être pas le cas de Plage de la Corniche 6.
2. du cuIvre d’orIgIne hIspanIque. r ésultats des analyses IsotopIques des lIngots de
plage de la cornIche 6
Comme on l’a dit, l’opération archéologique menée en octobre 2009 n’a permis de découvrir que
quelques fragments d’amphores Dressel 20 et 7/11
sur le site et qui ont pu appartenir à la cargaison du
navire. Ils donneraient donc une première indication sur sa provenance, le sud de l’Hispanie. L’étude
typologique et épigraphique des lingots va dans le
même sens. D’un côté, les lingots sont morphologiquement identiques à la très grande majorité des
lans de cuivre retrouvés au large des côtes du Languedoc et du Roussillon (voir tableau 2). Dans un
article publié en 2003, nous avions défendu cette
origine sur la base de différents arguments archéologiques (Domergue et Rico 2003, 393-395).
À ces arguments sont venus s’ajouter plus récemment ceux que fournit l’archéométrie ; les analyses
effectuées par S. Klein et le laboratoire de minéralogie de Frankfort sur la composition isotopique
du plomb de la plupart des lingots conservés dans
les musées et dépôts de fouilles ont conirmé leur
origine hispanique (Klein et al. 2007) et leur appartenance à l’une ou l’autre des grandes zones
cuprifères de la péninsule Ibérique, la ceinture pyriteuse d’un côté, l’Ossa Morena et la zone CentreIbérique de l’autre (voir ci-après § 3). Or, parmi ces
lingots analysés, igurent ceux qui sont attribués à
l’épave Riches Dunes et qui portent, comme on l’a
vu, l’inscription DVL imprimée ou gravée sur la
bande externe lisse (Klein et al. 2007, 204, analyses CI 39, 43 et 74-76). Un autre lingot, conservé
au musée de l’Éphèbe au Cap d’Agde (no inv. 620),
a été aussi attribué à Riches Dunes dans le même
article (Klein et al. 2007, 207). Aujourd’hui, suite
à la découverte de Plage de la Corniche 6, nous
nous demandons si ce lingot n’appartient pas plutôt à cette dernière épave.
À peu près de dimensions égales et d’un poids sensiblement supérieur à la moyenne, 84 kg, ce lingot
présente quasiment les mêmes marques que ceux
de Plage de la Corniche 6, à savoir, en premier lieu,
l’inscription DVL, imprimée, d’une part, sur la face
supérieure (très effacée) et gravée, d’autre part, sur
la bordure externe lisse ; sur celle-ci, en position radiale, igurent une indication pondérale, CCLXXIII,
soit 274 livres romaines, le chiffre LXV et, enin,
l’inscription dont la lecture jusque là proposée, QMF
(Lamy 1987-1988, 16.003 ; Klein et al. 2007, 207), a
de grandes chances d’être fautive ; nous proposons
aujourd’hui de la corriger en QME.
63
Les mesures isotopiques réalisées sur ces six lingots,
tous portant l’inscription DVL, ne laissent pas vraiment
de doute sur l’origine hispanique du cuivre dont ils sont
faits (Klein et al. 2007, 216-217). Elles n’avaient pas
permis cependant d’identiier la zone précise de leur fabrication, ceinture pyriteuse ou Ossa Morena, puisque
les ratios mesurés se situent dans la zone de recouvrement mutuelle des champs isotopiques des deux zones.
Les analyses isotopiques effectuées sur les lingots de
Plage de la Corniche 6 permettent aujourd’hui de trancher : les lingots des Riches Dunes proviendraient donc
plutôt de la zone pyriteuse.
2.1. Les procédures analytiques
- Composition chimique :
Des échantillons des onze lingots ont été analysés à la
microsonde électronique (JEOL Superprobe 8900RL).
La méthode permet de mesurer les éléments majeurs
et mineurs ainsi que les éléments en trace en dessous
du niveau inférieur ppm. Ont été analysés les éléments Cu, Sb, As, Sn, Zn, Ag, Pb, Fe, S, Mn, Ni et Co.
Douze points (de 6 mm de diamètre) ont été mesurés
sur chaque échantillon ; nous présentons ici le pourcentage arithmétique, normalisé à 100 %.
- Mesures isotopiques :
Environ 10 mg de chaque échantillon ont été dissous
dans un mélange d’acide hydrochloridrique et nitrique ultra pur. Le plomb est alors séparé du cuivre à
l’aide d’une résine dans la colonne d’échange d’ions.
Les solutions en plomb sont ensuite diluées dans une
concentration de 500 ppb. Du Thallium (100 ppb utilisant du NIST997) est ajouté au produit inal pour
les corrections de biais de masse. Le matériau standard de référence NIST 981 a été utilisé pour contrôler la justesse et la précision des mesures sur toute la
période d’analyse. Les mesures isotopiques ont été
effectuées avec un MC-ICP-MS (NeptuneTM, Finnigan MAT) à faible resolution (δm/m = 400). La précision moyenne de la mesure obtenue est estimée à 0.15
‰ (2σ) pour les rapports 208Pb/206Pb et 207Pb/206Pb et à
1.3 ‰ (2σ) pour le rapport 206Pb/204Pb.
2.2. Résultats
Comme le montrent les analyses à la microsonde,
les lingots sont fait d’un cuivre pur, sans alliage. Le
pourcentage de cuivre étant supérieur à 99 % et la
présence totale d’éléments en trace inférieure à 1 %,
on a affaire à un métal de très bonne qualité (tableau 4 et ig. 15). Seul le lingot no 7 présente des teneurs légères en plomb, arsenic, antimoine et sulfure.
Les résultats des analyses isotopiques sont donnés
dans le tableau 5 sous la forme des rapports isotopiques du plomb suivants : 206Pb/204Pb et 207Pb/206Pb
(ig. 16), 208Pb/206Pb et 207Pb/206Pb (ig. 17). Les vaRAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue
64
Sample
Cu
Sb
As
Sn
Zn
Ag
Pb
Fe
S
Mn
Ni
Co
1
99,79
0,035
0,017
0,005
0,000
0,038
0,030
0,003
0,053
0,010
0,014
0,010
Total
100
2
99,84
0,029
0,006
0,003
0,000
0,033
0,000
0,004
0,046
0,008
0,014
0,012
100
3
99,82
0,026
0,013
0,010
0,000
0,037
0,006
0,002
0,049
0,008
0,015
0,010
100
4
99,82
0,034
0,004
0,010
0,000
0,035
0,013
0,003
0,052
0,007
0,013
0,009
100
5
99,82
0,039
0,004
0,006
0,000
0,048
0,006
0,001
0,048
0,010
0,010
0,009
100
6
99,80
0,025
0,008
0,009
0,000
0,034
0,010
0,003
0,077
0,007
0,010
0,013
100
7
99,18
0,240
0,149
0,011
0,000
0,058
0,148
0,015
0,172
0,007
0,015
0,009
100
8
99,78
0,058
0,019
0,009
0,000
0,037
0,006
0,003
0,053
0,008
0,013
0,011
100
9
99,33
0,030
0,036
0,006
0,000
0,047
0,007
0,004
0,512
0,009
0,011
0,009
100
10
99,66
0,067
0,050
0,010
0,000
0,051
0,020
0,004
0,107
0,007
0,012
0,010
100
11
99,83
0,029
0,005
0,008
0,000
0,031
0,004
0,002
0,064
0,005
0,014
0,009
100
Tableau 4 : Résultats des analyses de la composition chimique des lingots de Plage de la Corniche 6 par microsonde électronique.
Figure 15 :
Éléments en trace des lingots de
Plage de la Corniche 6.
Ils ne dépassent pas 0,82 % du
poids total.
1
18,187
StdErr
(abs)
0,000
15,625
StdErr
(abs)
0,000
38,210
StdErr
(abs)
0,001
0,859
StdErr
(abs)
0,000
2
18,197
0,000
15,628
0,000
38,227
0,000
0,859
0,000
2,101
0,000
3
18,187
0,002
15,596
0,003
38,143
0,007
0,858
0,000
2,097
0,000
Sample #
206Pb/204Pb
207Pb/204Pb
208Pb/204Pb
207Pb/206Pb
208Pb/206Pb
2,101
StdErr
(abs)
0,000
4
18,195
0,000
15,633
0,000
38,240
0,001
0,859
0,000
2,102
0,000
5
18,196
0,000
15,636
0,000
38,246
0,000
0,859
0,000
2,102
0,000
6
18,198
0,000
15,628
0,000
38,225
0,001
0,859
0,000
2,101
0,000
7
18,195
0,000
15,635
0,000
38,245
0,001
0,859
0,000
2,102
0,000
8
18,194
0,000
15,633
0,000
38,240
0,000
0,859
0,000
2,102
0,000
9
18,193
0,000
15,630
0,000
38,227
0,000
0,859
0,000
2,101
0,000
10
18,196
0,000
15,635
0,000
38,247
0,000
0,859
0,000
2,102
0,000
11
18,206
0,000
15,634
0,000
38,249
0,001
0,859
0,000
2,101
0,000
Tableau 5 : Résultats des mesures isotopiques réalisées sur les lingots de Plage de la Corniche 6 par spectrométrie de masse (MC-ICP-MS).
Figure 16 :
Lingots de Plage de la Corniche 6.
Diagramme du rapport
isotopique 207Pb/206Pb versus
206
Pb/204Pb.
Figure 17 :
Lingots de Plage de la Corniche 6.
Diagramme du rapport
isotopique 208Pb/206Pb versus
207
Pb/206Pb.
Figure 18 :
Lingots de Plage de la Corniche 6. Diagramme du rapport
isotopique 207Pb/206Pb versus 208Pb/206Pb. Les lingots (grand
diamant) s’intègrent parfaitement dans le champ isotopique de
la ceinture pyriteuse ibérique (petits diamants noirs).
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale
leurs des rapports isotopiques du plomb obtenus sur
les 11 lingots s’échelonnent étroitement entre 18.18
et 18.20 pour le rapport 206Pb/204Pb et entre 15.62 et
15.64 pour le rapport 207Pb/204Pb, ce qui confère au
groupe de lingots un caractère très homogène sur le
plan isotopique. Replacées dans la base de données
isotopiques existant dans la littérature (Stos-Gale,
Gale 2009), les valeurs (ig. 18) coïncident parfaitement avec le champ isotopique de la ceinture pyriteuse du sud-ouest de la péninsule Ibérique (Marcoux 1998 ; Lescuyer et al., 1998 ; Stos-Gale et al.
1995 ; Pomiès et al. 1998). Il n’y a donc aucun doute
que les lingots de cuivre de l’épave Plage de la Corniche 6 sont originaires d’Hispanie, et plus particulièrement des mines de la ceinture pyriteuse. Du
même coup, c’est là aussi qu’il faut chercher l’origine
des lingots des Riches Dunes.
65
1-Terrains paléozoïques et Précambrien
2- Roches granitiques
SPZ : zone Sud-Portugaise
OMZ : zone Ossa Morena
CIZ : zone Centre Ibérique
3. l’orIgIne hIspanIque des lIngots de cuIvre
en médIterranée occIdentale :
une confIrmatIon
Naguère, nous avions essayé de faire le point sur la
provenance des lingots de métal retirés des épaves romaines de Méditerranée, particulièrement de celles
qui jalonnent les côtes languedocienne et provençale
(ig. 19). En nous appuyant exclusivement sur des arguments d’ordre historique et archéologique, nous avions défendu la thèse selon laquelle les cargaisons de
lingots, tant de plomb que de cuivre, devaient provenir
principalement des mines du sud de la péninsule Ibérique, et non des gîtes des Cévennes (Domergue, Rico
2003). Mais il était dificile de préciser davantage, car
nous ne disposions pas des signatures isotopiques du
plomb de ces lingots. Depuis lors cette lacune a été
comblée. S’agissant des lingots de cuivre, une étude
systématique a été effectuée par une équipe mixte
comprenant des chercheurs du laboratoire de minéralogie de l’université W. Goethe de Frankfurt et du
laboratoire d’archéologie TRACES de l’université de
Toulouse-Le Mirail, en collaboration avec les musées
et dépôts de fouille où étaient conservés ces lingots.
Ces derniers ont été échantillonnés, les échantillons
ont été analysés et les résultats comparés à la banque
de données dont nous disposions (Klein et al. 2007) et
que nous avions constituée d’après la littérature (par
exemple, Santos Zalduegui et al. 2004), puis enrichie
à partir de nos propres sources (Klein et al. 2009a).
L’étude des lingots de l’épave Plage de la Corniche 6,
à Sète, qui vient d’être présentée nous fournit l’occasion de revenir sur la provenance des cargaisons de
cuivre découvertes dans les épaves méditerranéennes
et d’en donner une vision à la fois plus complète et
plus assurée, qui repose sur les travaux récents que
nous venons d’énumérer et que complètent quelques
études spéciiques (Rico et al. 2005-2006 ; Klein et al.
2009b ; Rico, Domergue 2010 ; Nesta et al. 2011).
Nous dirons d’abord que la plupart des analyses conirment la provenance sud-ibérique, tantôt avec certitude, tantôt avec une plus ou moins grande probabilité, parfois en hésitant entre deux zones, mais sans
jamais exclure cette provenance. Intéressons-nous
donc aux gîtes cuivreux du sud de la péninsule Ibérique. Ils se distribuent en trois grands ensembles
correspondant à la géologie structurale de cette région (ig. 19), pour le paléozoïque et le précambrien
(Gibbons & Moreno 2002, carte h.t. p. 1 et passim).
Ce sont, du sud au nord :
• la zone Sud-Portugaise (SPZ), constituée essentiellement par la ceinture pyriteuse du Sud-Ouest, avec les
énormes gisements de Riotinto, Tharsis, Sotiel Coronada, S. Domingos, Aljustrel, etc. ;
• la zone Ossa-Morena (OMZ), dont les nombreux gisements, d’importance variable, se situent principalement en Espagne, prenant en écharpe, du nord-ouest
au sud-est, la province de Cordoue, et qui forment les
districts d’Azuaga, de Fuenteobejuna et de Córdoba
(Cerro Muriano, par exemple) ;
• la zone Centre-Ibérique (CIZ), qui comprend notamment les districts de la Alcudia et los Pedroches, que
poursuit à l’est celui de Linares-La Carolina.
Figure 19 :
Carte géologique simpliiée du
sud de la péninsule Ibérique,
avec mention des grands
districts métallifères.
Dans tous ces secteurs, l’exploitation romaine a laissé
des traces importantes (Domergue 1987), et il vaut la
peine de mesurer l’impact qu’elle a eu sur la consommation de cuivre dans l’Empire, grâce à la détermination de l’origine des lingots de cette période qui
nous sont parvenus. Pour ce faire, il est indispensable
de disposer d’une banque de données de référence où
soient représentés le plus possible de ces gisements.
C’est le cas de la nôtre.
Dans notre première étude (Domergue, Rico 2003),
nous avions fait l’inventaire des cargaisons de lingots
de cuivre et de lingots de plomb découverts dans les
épaves romaines découvertes le long du rivage du
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue
66
Figure 20 :
Carte des épaves romaines
renfermant des lingots de cuivre
en Méditerranée mentionnées
ou étudiées dans le texte.
N
Site
o
Nbre lingots
Languedoc et du Roussillon. Comme nous nous intéressons ici à l’ensemble de la Méditerranée occidentale, il convient de compléter cette liste en y ajoutant les épaves des côtes de Provence et de la Corse
(ig. 20). De ce point de vue, l’inventaire publié dans
Klein et al. 2007 est plus complet, mais n’y igurent
Date
Lieu conservation
Provenance (isotopes
Pb)
SPZ
15
Sud-Lavezzi 2
16
Lavezzi 1
18
Cap Sperone (SE Corse)
17
San Baïnzo (SE Corse)
14
Planier 2
7
Riches Dunes
7bis
pas toutes les pièces énumérées en 2003, parfois
avec raison (lingots modernes ou, au contraire, de
l’âge du Bronze, lingots de chronologie incertaine),
parfois par erreur : ainsi les lingots de l’épave PortVendres II en sont absents, car ils ont malheureusement
été oubliés lors de la campagne d’échantillonnage…
OMZ
CIZ
Références
Dom.-Rico
2003
237
10-30 p.C.
DRASSM (L’Estaque)
au moins 21
av. 30 p.C.
M. Bastia
***
10
M. Bastia
***
10
M. Bastia
1
1
***
Klein et
al. 2007
1
***
10
2 ou 3 (50)
Milieu IIe s. p.C.
DRASSM
(Musée des docks romains)
*
2
5
50-100 p.C.
M. Éphèbe (Agde), mairie
Marseillan, coll. privée
***
***
2
3
Prov. inconnue
1
M. Éphèbe
8
Aresquiers 5
6
M. Éphèbe (Agde), Paul
Valéry (Sète), M. Frontignan
*
**
3
4b
9
Colonie des Mouettes
7 (29)
M. Frontignan
*
**
4
4a
5
Môle Richelieu (Agde)
3 (ou 7 ?)
M. Éphèbe, M. du Biterrois
*
**
5
6
4
Baie de l’Amitié (Agde)
2
M. Éphèbe, M. du Biterrois
*
**
11 et 12
5
6
Au large de Marseillan
1 (ou 3 ?)
M. du Biterrois, coll. privée
*
*
8
7
12
Au large de Maguelone
13
11
Plage de la Corniche 6
11
IIe s. p.C.
?
8
***
M. Éphèbe
***
Tableau 6 :
Les provenances hispaniques des lingots de cuivre trouvés dans les épaves romaines au large des côtes françaises
(les numéros des sites correspondent à ceux de la carte 20).
Colonne 2 (lieu de découverte), les précisions sur la dénomination de certaines épaves (Colonie des Mouettes, Les Aresquiers 5) sont dues à M.-P.
Jézégou. Colonne 3 : entre parenthèses, le nombre maximum de lingots attribués à une épave donnée.
Colonnes 6, 7 et 8 : provenance certaine (***), hésitation entre deux provenances marquée par un astérisque (*) dans deux des colonnes, préférence
marquée pour une des deux provenances proposées (**) (d’après klein et al. 2007, 214-217). Cependant, pour plus de clarté et de simplicité, la
distinction entre clearly Spanish et most probably Spanish n’a pas été maintenue dans ce tableau.
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ainsi donc, en nous appuyant sur
les recherches effectuées selon la
méthode des analyses isotopiques
du plomb, nous pouvons attribuer,
avec des degrés de certitude plus ou
moins forts, les origines suivantes
aux lingots de cuivre romains recueillis, pour la plupart, dans des
épaves de la Méditerranée occidentale :
Origine hispanique assurée (clearly
Spanish)9 :
• Zone Sud-Portugaise (ceinture pyriteuse du sud-ouest de la péninsule Ibérique) : Lavezzi 1 et Sud-Lavezzi 2 (Klein et al. 2007, 214-215),
Cap Sperone (Corse), San Baïnzo
(Corse)10, Plage de la Corniche 6 et
Riches Dunes11 ;
• Zone Cent re-I bér ique (Los
Pedroches) : Maguelone (Rico et al.
2005-2006) ;
les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale
• Zone Sud-Portugaise (ceinture pyriteuse) ou Zone Ossa-Morena : Planier II, Marseillan (Klein et al. 2007,
214-216) ;
de Golfech (Klein et al. 2009b) – et si, comme cela
a été montré plus haut (supra, 000), les lingots des
Riches Dunes en proviennent eux aussi assurément.
Origine hispanique très probable (most probably
Spanish) :
• Zone Sud-Portugaise (ceinture pyriteuse du SudOuest) ou Zone Ossa-Morena, avec une préférence pour
cette dernière zone : Frontignan (Colonie des Mouettes,
Les Aresquiers 5), Baie de l’Amitié, Môle Richelieu
(Klein et al. 2007, 216) ;
• Zone Sud-Portugaise (ceinture pyriteuse du SudOuest) ou Zone Ossa-Morena : lingot isolé (Musée de
l’Ephèbe) (Klein et al. 2007, 216).
Mais le rôle des mines de cuivre de Sierra Morena
n’est pas négligeable. C’est l’étude archéométrique des
lingots de Maguelone qui, pour la première fois, l’a
mis en évidence, en montrant qu’ils provenaient de los
Pedroches (Rico et al. 2005-2006) ; s’y ajoutent maintenant ceux de l’épave de Chipiona, sur la côte atlantique du sud de l’Espagne, qui ont été produits, selon
tout probabilité, par les mines de Linares ou celles de
los Pedroches (Nesta et al. 2011)12 : ces deux secteurs
sont situés dans la zone Centre-Ibérique.
conclusIon
Les considérations qui précèdent montrent donc l’importance du cuivre hispanique dans le commerce de
l’ouest méditerranéen à l’époque romaine, concrètement aux Ier et IIe siècle de notre ère. Et cela d’autant
plus que, jusqu’à maintenant, l’archéologie pas plus
que l’archéométrie n’a mis en évidence la présence
d’aucun autre cuivre sur ce marché. Le cuivre hispanique paraît donc régner en maître dans l’Occident
romain. Pour l’instant, on ignore à quel moment se situe son apparition dans ce commerce ouest méditerranéen, alors que certaines des mines qui l’ont produit ont été en activité, à l’époque de la domination
romaine, dès la in du IIe siècle avant J.-C., comme
le montrent, dans la Sierra Morena par exemple, la
mine de La Loba (Blázquez et al. 2002, 386-388), et,
plus timidement, à la même époque certaines mines
de la ceinture pyriteuse (Domergue 2011, 34). Inversement, quand l’exportation du cuivre hispanique at-elle cessé ? Le cuivre Marien, aes Marianum (Pline
l’Ancien, Historia Naturalis, 34, 4), leuron du cuivre
hispanique (Domergue 1990, 235), n’est pas nommé
dans l’Édit du Maximum, proclamé par l’empereur
Dioclétien (301 p.C.), alors que le cuivre de Chypre y
est, lui, mentionné (Edictum Diocletiani, 15, 68). Le
cuivre hispanique a donc dû disparaître du marché
méditerranéen dans le courant du IIIe siècle.
En tout cas, au temps de la suprématie du cuivre hispanique, le rôle de la ceinture pyriteuse du sud-ouest
de la péninsule Ibérique (SPZ) est prédominant, que
cette région apparaisse dans les analyses comme zone
d’origine assurée ou zone d’origine très probable. Il n’y
a rien là d’étonnant quand on connaît le nombre et l’importance des mines romaines qui en font partie, ainsi
que la masse des déchets métallurgiques que leur exploitation a laissés dans la nature (Domergue 2011,
28-32). La suprématie de ces mines est davantage encore patente si on prend en compte telle épave située à
l’écart de la Méditerranée elle-même – par exemple,
en Gaule intérieure, dans le lit de la Garonne, l’épave
67
Par ailleurs, la zone Ossa Morena n’apparaît jamais
comme une zone d’où soit issue sûrement telle ou telle
cargaison. C’est vrai aussi lorsqu’on considère telle
épave de la côte atlantique de l’Espagne méridionale,
le Pecio del Cobre par exemple, près de Cadix (Klein
et al. 2007, 209, no 9). En fait, la zone Ossa Morena
est en concurrence tantôt avec la zone Centre Ibérique (Pecio del Cobre), tantôt avec la ceinture pyriteuse de la SPZ (Frontignan [Colonie des Mouettes,
Les Aresquiers 5], Baie de l’Amitié, Môle Richelieu),
car, les champs isotopiques de ces trois zones étant
très proches l’un de l’autre et se recouvrant parfois
partiellement, notre spécialiste (S.K.) hésite à se prononcer, mais dans tous les cas qu’on vient d’indiquer,
elle montre une préférence pour cette zone Ossa
Morena. En revanche, s’agissant des lingots de Planier II et de Marseillan (Klein et al. 2007, 214-216),
elle ne se prononce pas.
Marie-Pierre Jézégou
Département des Recherches Archéologiques
Subaquatiques et Sous-Marines (drassm)
marie-pierre.jezegou@culture.gouv.fr
Sabine Klein
Institut für Geowissenschaften
FE Mineralogie, Abt. Petrologie und Geochemie
Goethe-Universität Frankfur
Sabine.Klein@kristall.uni-frankfurt.de
Christian Rico
traces, umr 5608 cnrs
université de Toulouse 2-Le Mirail
rico@univ-tlse2.fr
Claude Domergue
traces, umr 5608 cnrs
université de Toulouse 2-Le Mirail
claude.domergue@wanadoo.fr
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Marie-pierre Jézégou – sabine Klein – Christian riCo – Claude doMergue
68
◤ Notes de commentaire
1. Messieurs Raymond Vallon et Eric Bellone. La déclaration nous est parvenue
alors que nous achevions une campagne d’expertise de biens culturels maritimes sur le littoral de l’Hérault.
2. L’un d'eux était déplacé à l’écart et entouré d’une corde destinée à permettre un
prélèvement clandestin.
3. Elle est conservée sur au moins 80 cm d’épaisseur.
4. Ce ilet est un guangui utilisé pour la pêche des murex. Il s’est brisé au contact
des lingots ce qui a permis leur découverte. On l’emploie en raclant le fond sur
lequel se trouvent les escargots. En aucun cas ce ilet ne pourrait avoir déplacé
les lingots sur une quelconque distance. Par comparaison avec les lingots de
cuivre découverts il y a quelques années au large de Maguelone, on s’aperçoit
que ces derniers, probablement déplacés par un chalut ou tout au moins un
grand ilet, se retrouvaient sur le fond dans le plus grand désordre.
5. Ce qui est également le cas pour les fragments d’amphore.
6. Cf. Domergue 1990, 283-284. Le type II correspond à des culots hémisphériques, plutôt épais (de 9 à 18 cm) et d’un poids égal ou supérieur à 100 kg.
7. Dans le tableau 1, les lingots n’étant pas parfaitement circulaires, deux dimensions sont données pour la face supérieure ; elles correspondent à deux axes
(vertical et horizontal se croisant au centre) déterminés d’après la situation des
marques imprimées dans la partie centrale des lingots.
8. Les Riches Dunes constituent un ensemble de gisements sous-marins où aucune épave n’a été clairement individualisée. Traditionnellement, les lingots
de cuivre ont été attribués aux Riches Dunes 2 qui correspondrait à un navire
naufragé chargé d’amphores et de lingots de plomb anépigraphes (17) de Bétique. Plus récemment, Luc Long, à la suite d’une prospection réalisée en 2003,
a proposé de relier les lingots de cuivre à un autre gisement, mais qui reste à
identiier, dénommé par lui Riches Dunes 6 (Long 2003, 40-41). Pour l’heure
cependant, rien ne vient étayer cette proposition.
9. Les deux formules, clearly Spanish et most probably Spanish, sont celles de
l’article Klein et al. 2007, 214-217.
10. Par suite d’un oubli, la provenance des lingots de Cap Sperone et de San
Baïnzo n’est pas indiquée dans Klein et al. 2007. Elle est signalée ici grâce à
SK, qui vient d’effectuer les recherches nécessaires et qui doit être remerciée.
11. Dans Klein et al. 2007, 216-217, concernant les lingots des Riches Dunes,
Sabine Klein hésitait entre la Ceinture Pyriteuse et l’Ossa Morena, avec
cependant une petite préférence pour la première. Les correspondances épigraphiques entre ces lingots et ceux de Plage de la Corniche 6, ainsi que les
résultats des analyses isotopiques du plomb effectuées sur ces derniers, permettent désormais d’écarter l’Ossa Morena comme lieu d’origine de nos lingots.
12. C’est pour des raisons de bon sens – et aussi parce que nous avons constaté que
les marchands qui collectent les lingots limitent leur activité à une zone bien
déterminée (Nesta et al. 2011) – que nous avons préféré considérer le secteur de
Linares comme zone d’origine des lingots de cuivre de Chipiona (Ibid.).
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
les lingots de Cuivre de l’épave roMaine plage de la CorniChe 6 à sète et le CoMMerCe du Cuivre hispanique en Méditerranée oCCidentale
69
◤ Références bibliographiques
Azzouz-Bérard, Feugère 1997 : AZZOUZ-BÉRARD (O.), FEUGÈRE (M.) – Les bronzes
antiques du musée de l’Éphèbe. Collections
sous-marines, Agde, 1997.
Blázquez et◤ al. 2002 : BLÁZQUEZ (J.M)., DOMERGUE (C.), SILLIÈRES (P.) – La Loba
(Fuenteobejuna, Cordoue, Espagne). La mine
et le village minier antiques. Ausonius-Publications, Mémoires 7, Bordeaux, 2002.
Domergue 1987 : DOMERGUE (C.) – Catalogue
des mines et des fonderies antiques de la Péninsule Ibérique, Madrid, 1987.
Domergue 1990 : DOMERGUE (C.) – Les mines de
la Péninsule Ibérique dans l’Antiquité romaine,
Collection de l’Ecole Française de Rome, 127,
Rome, 1990.
Domergue 1994 : DOMERGUE (C.) – Production
et commerce des métaux dans le monde romain :
l’exemple des métaux hispaniques d’après l’épigraphie. In : Epigraia della produzione e della
distribuzione, Actes de la VIIe Rencontre franco-italienne sur l’épigraphie du monde romain
(Rome, 5-6 juin 1992). Collection de l’École
française de Rome, 193, Rome, 1994, 61-91.
Domergue 2011 : DOMERGUE (C.) – Les mines
romaines du sud-ouest de la péninsule Ibérique.
In : PÉREZ MACÍAS (J.A.), DELGADO
DOMÍNGUEZ (A.), PÉREZ LÓPEZ (J.M.),
GARCÍA DELGADO (J.F.), éd., Rio Tinto.
Historia, Patrimonio Minero, Turismo Cultural,
Universidad de Huelva & Fundación Rio Tinto,
Huelva, 27-46.
Domergue, Rico 2003 : DOMERGUE (C.), RICO
(Chr.) – Questions sur l’origine des lingots de
métal trouvés au large des côtes du Languedoc
et du Roussillon. In : BATS M.), DEDET (B.),
GARMY (P.), JANIN (Th.), RAYNAUD (C.),
SCHWALLER (M.) éds., Peuples et territoires
en Gaule méditerranéenne. Hommage à Guy
Barruol. Revue Archéologique de Narbonnaise,
Supplément 35, Montpellier, 389-399.
Edictum Diocletiani et Collegarum de pretiis rerum
uenalium, M. Giacchero éd., 1974, I-II, Gênes.
Feugère 2003 : FEUGÈRE (M.) – Trois lingots de
cuivre tronconique. In : Mystères des Bronzes
antiques. Catalogue d’exposition. Cap d’Agde,
juin, 2003, 36.
Gibbons, Moreno 2002 : GIBBONS (W.), MORENO (T.), éds. – The Geology of Spain. The
Geological Society, Londres.
Klein et◤al. 2007 : KLEIN (S.), RICO (Chr.), LAHAYE (Y.), VON KAENEL (H.-M.), DOMERGUE (C.), BREY (G.) – Roman Copper Ingots
from West Mediterranean Underwater Sites.
Chemical Characterisation and Provenance studies trough Lead – and Copper Isotope Analyses.
JRA, 20, 1, 2007, 202-221.
Klein et◤al.◤2009a : KLEIN (S.), DOMERGUE (C.),
LAHAYE (Y.), BREY (G.), VON KAENEL (H.M.) – The lead and copper isotopic composition
of copper ores from the Sierra Morena (Spain).
Analysis de los isótopos de plomo y de cobre
de los minerales de cobre de Sierra Morena
(España). Journal of Iberian Geology. 35 (1),
2009, 59-68.
Klein et◤al. 2009b : KLEIN (S.), DOMERGUE (C.),
RICO (Chr.), GARNIER (J.-F.) – Note sur la
signature isotopique du plomb des lingots de
cuivre romains découverts il y a trente ans dans
le lit de la Garonne, à Golfech, (Tarn-et-Garonne). Aquitania, 25, 2009b, pp. 345-352.
(R.) – Lead isotope data from the Isotrace Laboratory, Oxford. Archaeometry database 1, ores
from the western Mediterranean. Archaeometry,
37, 1995, 407-415.
Stos-Gale, Gale 2009 : STOS-GALE (Z.), GALE
(N.H.) – Metal provenancing using isotopes and the
Oxford archaeological lead isotope database (OXALID). Archaeol Anthropol Sci 1, 2009, 195-213.
Lamy 1988 : LAMY (A.) – Inventaire des lingots de
cuivre provenant des épaves romaines des côtes
méditerranéennes françaises. mémoire de DEA,
université de Toulouse-Le Mirail, 1987-88 (3 vol.
reprographiés).
Lescuyer et◤ al. 1998 : LESCUYER (J.-L.), LESITEL (J.-M.), MARCOUX (E.), MILÉSI (J.-P.),
THIÉBLEMONT (D.) – Late Devonian-Early
Carboniferous peak sulphide mineralization in
the Western Hercynides. Mineralium Deposita,
1998, 33, 1-2, 208-220.
Liou, Domergue 1990 : LIOU (B.), DOMERGUE
(C.) – Le commerce de la Bétique au Ier siècle
de notre ère. L’épave Sud-Lavezzi 2 (Bonifacio,
Corse du sud). Archaeonautica, 10, 1990, 11-123.
Long 2003 : LONG (L.) – Les Riches Dunes 4. Prospections entre Agde et Sète : mise au point sur le
gisement Riches Dunes 4. Bilan Sceintiique du
DRASSM, 2003, Paris, 2005, 40-42.
Marcoux 1998 : MARCOUX (E.) – Lead isotope
systematics of the giant massive sulphide deposits of the Iberian Pyrite Belt. Mineralium
Deposita, 1998, 33, 45-58.
Nesta et◤al. 2011◤:◤NESTA (A.), KLEIN (S.), QUARATI (P.), TRINCHERINI (P.R.), RICO (Chr.),
DOMERGUE (C.) – Sobre el origen de los lingotes de Chipiona. Aportación del método de los
isótopos del plomo. Habis, 42, 2011, 193-209.
Pomiès 1998 : POMIÈS (C.), COCHERIE (A.),
GUERROT (C.), MARCOUX (E.), LANCELOT (J.) – Assessment of the precision and
accuracy of lead-isotope ratios measured by
TIMS for geochemical applications : example
of massive sulphide deposits (Rio Tinto, Spain).
Chemical Geology, 144,1-2, 137-149.
Rico, Domergue 2010 : RICO (Chr.), DOMERGUE
(C.) – Nuevos documentos sobre el comercio de los
metales hispánicos en la época romana. Los lingotes
de Chipiona (Cádiz). Habis, 41, 2010, 163-184.
Rico et◤al. 2005-2006 : RICO (Chr.), DOMERGUE
(C.), RAUZIER (M.), KLEIN (S.), LAHAYE
(Y.), BREY (G.), VON KAENEL (H.-M.) – La
provenance des lingots de cuivre de Maguelone
(Hérault). Étude archéologique et archéométrique. RAN, 38-39, 2005-2006, 459-472.
Santos Zalduegui et◤al. 2004 : SANTOS ZALDEGUI (J.F.), GARCÍA DE MADINABEITA (S.),
GIL IBARGUCHI (J.I.), PALERO (F.J.) –A lead
isotope database : the los Pedroches-Alcudia area
(Spain) ; implications for archaeometallurgical
connections across southwestern and southeastern
Iberia. Archaeometry, 46/4, 2004, 625-634.
Stos-Gale et◤ al. 1995 : STOS-GALE (Z.), GALE
(N.H.), HOUGHTON (J.), SPEAKMAN
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 57-70
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
fichier EDITEUR destiné à un usage privé