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Ferrariae ripae dextrae.
Le district sidérurgique antique des Corbières
– Julien Mantenant
◤◤ Résumé :
Figure 1 :
Reconnue dès les années 1970, l’exploitation antique des gisements de fer des Corbières, au sud de l’Aude, demeurait une activité encore assez mal cernée au début
des années 2000, tant dans sa chronologie et son ampleur que dans son organisation
et ses débouchés. Ces constatations imposaient une réouverture du dossier. Depuis
2009, un programme de recherche en archéologie des métaux, s’appuyant sur une
prospection thématique et une série de sondages, a permis d’identifier dans le massif
de nombreuses mines de fer et au moins soixante-quinze sites de traitement du minerai, dont une majorité peut être attribuée à l’Antiquité. Ces données dont l’étude fournit d’intéressantes informations sur l’ampleur et l’organisation de l’activité, mettent
désormais clairement en évidence l’existence d’un véritable district sidérurgique
dans les Corbières, dont l’activité paraît s’étendre du Ier s. av. n. è. au IIe voire au
IIIe s. de n. è. Il s’insère dans un vaste espace sidérurgique antique s’étendant du sud
du Massif Central aux Pyrénées et inclus dans la sphère économique narbonnaise.
◤◤ Mots-Clefs :
Corbières, période tardo-républicaine, haut Empire, fer, mines, sites de
réduction
◤◤ Abstract:
Identified in the 1970s, the ancient exploitation of the iron ores in the Corbières
Massif (South of the Aude county, France) remained still not enough known
and investigated. At the beginning of 2000s, this iron production was mostly
ignored in its chronology and its scale, as well as in its organization and its
outlets. This statement required a reopening of the file. Since 2009, a research
program in archaeometallurgy founded on survey and excavations, allowed
identify numerous iron mines and at least seventy-five sites of ore processing,
most of them being attributed to the Antiquity. The study of these data supplies
interesting information on the scale and the organization of the activity. They
clearly highlight a real iron metallugic district in the Corbières Massif. The
activity appears to last from the 1st century BC to the 3rd century AD. This
district fits into a large Roman iron metallugic area, from the South of Massif
Central to the Pyrenees and enclosed in Narbonne economic sphere.
◤◤ keywords:
Corbières Massif, Roman Republic period, Early Roman Empire, iron, mines,
ore processing settlements
Epitaphe du naviculaire Tib. Iunius
Eudoxus (CIL XII, 4398 ; d’après Gayraud
1981 : 535).
P
IntroductIon :
armi les nombreuses inscriptions latines découvertes
lors du démantèlement du mur d’enceinte de Narbonne au XIXe s. igure l’épitaphe singulière du naviculaire Tib. Iunius Eudoxus (ig. 1). Datant probablement du IIe s. de n. è., elle a été commanditée par le
frère d’Eudoxus, Ti. Iunius Fadianus, cond(uctor) ferrar(iarum)
ripae dextrae, c’est à dire fermier des mines de fer de la rive
droite (CIL. 1888, XII, 4398 ; Gayraud 1981, 481 et 534-535 ;
Sablayrolles 1989, 159, note 22 ; Christol 2010 : 523-524). La
localisation de ces ferrariae a été longuement débattue. L’inscription, complète, ne fournit pas d’autres précisions géographiques. E. Desjardins, suivi par O. Hirschfeld et J.-P. Waltzing,
les place sur la rive droite du Rhône, plus précisément chez les
Helviens, arguant de la présence de nombreux gisements de fer
sur le territoire de ce peuple (Desjardins 1876, 414-415 ; CIL
1888, XII, 541 ; Waltzing 1895-1900, III, 551, no 2051).
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Julien Mantenant
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Figure 2 :
Massif des Corbières.
Localisation des principaux
lieux mentionnés dans l’article
(DAO J. Mantenant).
Cette hypothèse est réfutée par M. Gayraud, qui, dans
sa thèse consacrée à la cité de Narbonne, reprend une
proposition formulée en son temps par C. Jullian (Jullian 1920-1926, 208-209 ; Gayraud 1981, 93 et 481). A
ses yeux, le conductor Fadianus, sévir augustal à Narbonne, n’avait pas l’envergure nécessaire à l’exploitation des redevances de toutes les mines de fer de la rive
droite du Rhône, secteur qui plus est trop vaste et aux
limites très imprécises. Vraisemblablement destinée à
être exposée à Narbonne durant l’Antiquité, cette inscription ferait référence selon lui à des mines de fer situées en rive droite de l’Aude, dans les Corbières (ig. 2),
proposition que R. Sablayrolles et C. Domergue ne rejettent pas (Gayraud 1981, 481 ; Sablayrolles 1989, 159,
note 2 ; Domergue 2008, 192)1. Située dans la cité de
Narbonne, cette région est en effet riche de nombreux
gisements de fer, largement exploités aux époques
modernes et contemporaines2. Ils se concentrent pour la
plupart dans le massif primaire de Mouthoumet (ig. 3),
structure géologique de 45 km de long et 12 km de large
constituant l’ossature des Hautes-Corbières (B.R.G.M.
1980 ; Bousquet 2006, 42).
Pour étayer son hypothèse, M. Gayraud s’appuie en particulier sur les résultats des recherches archéologiques
menées durant les années 1970 par G. Rancoule et Y.
Solier, alors déterminés à apporter un éclairage nouveau sur l’exploitation antique des gisements miniers
du massif, dont l’identiication reposait jusque-là sur
la découverte de travaux anciens et d’amas de scories
attribués à l’époque romaine sans réelle preuve archéologique (François 1849-1851, 2 ; Esparseil 1893 ;
Euzet 1959 ; Esparseil 1960). Dès 1971, G. Rancoule
prospecte et sonde un atelier de traitement du minerai
de fer d’époque augustéenne à Montjoi, dans la haute
vallée de l’Orbieu (ig. 2, site de Ferrières ; Rancoule
1975). Il initie ensuite un premier inventaire archéologique des mines et sites métallurgiques antiques des
Corbières, en collaboration avec Y. Solier. Les principales zones minières des Corbières centrales sont
prospectées dans le cadre de cette enquête, au cours
de laquelle une mine de fer et quatre sites de réduction
actifs entre le milieu du Ier s. av. n. è. et le début du
Ier s. de n. è. sont identiiés en périphérie du plateau de
Lacamp (ig. 2) (Rancoule, Solier 1977, 27-29).
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
Les investigations d’Y. Solier et G. Rancoule sont prolongées dans les années 1980 par plusieurs enquêtes menées
sur la production antique des métaux (Cambon 1989),
l’exploitation minière médiévale et moderne (Langlois
1989) et la mise en valeur des gisements de cuivre du
massif durant la protohistoire (Marsac 1990). Une étude
des techniques sidérurgiques antiques réalisée à partir
d’analyses archéométriques des déchets métallurgiques
échantillonnés sur des ferriers antiques de la Montagne
Noire et des Corbières complète ces investigations
(Krawczyk 1991). Un important travail de dépouillement
de la documentation écrite est effectué dans le cadre de
ces recherches, qui permet de restituer dans ses grandes
lignes l’histoire de l’exploitation minière dans le massif
depuis le Moyen Âge jusqu’au XXe s. Dans le domaine
de la production de fer, les investigations archéologiques
se limitent en revanche à la prospection de zones minières situées sur le plateau de Lacamp, dans les Corbières centrales, et au sondage d’un petit ouvrage minier
de ce secteur, dont la datation – période romaine ou Âge
19
du fer – demeure assez imprécise (Cambon 1989, 32-34 ;
Langlois 1989, 40).
À la fin des années 1980, le corpus de sites d’extraction et de traitement du minerai de fer compte
moins d’une quinzaine d’unités (Cambon 1989, 32 ;
Krawczyk 1991, 83-87). Les compléments apportés
par les enquêtes de B. et P. Pauc et Y. Solier, qui
identiient quelques nouveaux sites de réduction, ne
changent guère la donne (Solier 1992 ; Pauc, Pauc
1998). Malgré la précocité des interventions sur ce
thème, les Corbières n’apparaissent guère dans les
bilans nationaux sur les recherches en paléosidérurgie publiés au tournant des années 1990 et 2000 (Serneels, Mangin 1996 ; Domergue, Leroy 2000 ; Leroy
2001 ; Mangin 2004 ; Fabre, Coustures 2005). Cette
absence est signiicative du retard pris par l’archéologie du fer dans le massif, en particulier par rapport à sa proche voisine, la Montagne Noire, où les
programmes de recherches interdisciplinaires et de
Figure 3 :
Massif des Corbières.
Unités géologiques et
principaux gisements de fer
(DAO J. Mantenant).
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Julien Mantenant
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Figure 4 :
Massif des Corbières.
Localisation des mines de fer
et des sites de réduction
(inventaire 2009 - 2011)
(DAO J. Mantenant).
grande ampleur développés entre les années 1970 et
2000 ont révélé l’existence d’un important district sidérurgique romain (Domergue 1993 ; Jarrier 1993 ;
Decombeix et al. 2000 ; Coustures et al. 2006).
Dans les Corbières, l’archéologie du fer pâtit de l’absence de prospections d’envergure ou de fouilles extensives d’ateliers ou de sites miniers. Certes, les
vestiges reconnus jusqu’au milieu des années 2000
démontrent que les gisements du massif ont été exploités entre le milieu du Ier s. av. n. è. et le milieu du
Ier s. de n. è. Mais ces données composent un corpus
très restreint, trop restreint pour saisir l’importance
de cette activité et identiier un véritable district sidérurgique3 (Feugère, Serneels 1998, 251). Les recherches limitées menées jusqu’alors ne fournissent
guère d’éléments de réponse aux nombreuses questions que soulève cette production, notamment à propos de l’identité de ses protagonistes (Mauné 2000)
et de ses débouchés (Coustures et al. 2006 ; Pagès et
al. 2008, 277). Elles ne permettent pas non plus de
conclure à l’inexistence d’une sidérurgie protohisto-
rique. Certes, les sites antérieurs au Ier s. av. n. è. sont
particulièrement rares4 (Rancoule, Solier 1977, 29 ;
Pauc, Pauc 1998 ; Mantenant 2009, 86-90). Mais le
travail du fer (épuration et élaboration d’objets) paraît assez développé dans les agglomérations protohistoriques identiiées en périphérie des Corbières,
notamment à Montlaurès et Pech-Maho (ig. 2), ainsi que dans de petits centres de peuplement situés
au coeur même du massif et des établissements ruraux (Solier 1992 ; Chazelles 2002 ; Gailledrat, Solier 2004, 439 et 448-455 ; Ropiot et al. 2011, 72-73).
L’hypothèse d’une alimentation de ces sites en fer
produit à partir de minerais des Corbières a été avancée, en raison de leur proximité géographique avec
les gisements miniers du massif (Rancoule, Solier
1977, 32 ; Gailledrat, Solier 2004 : 439 et 448-455).
Si aucune preuve archéologique ne justiie un tel rapprochement, celui-ci constitue une hypothèse de travail à ne pas négliger. Enin, bien qu’aucun site postérieur au Ier s. de n. è. n’ait été clairement identiié5,
la datation de l’épitaphe de Tib. Iunius Eudoxus et la
proposition de M. Gayraud quant à la localisation des
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
ferrariae ripae dextrae invitent à s’interroger sur une
éventuelle poursuite de l’exploitation des gisements
de fer des Corbières jusqu’au IIe s. (Rancoule, Solier
1977, 29 ; Mantenant 2007, 138).
1. une nécessaIre réouverture du dossIer :
objectIfs et méthodologIe
Ces constatations imposaient une réouverture du
dossier. Une étude archéologique a donc été initiée
en 2009, dans le cadre d’une rélexion plus large sur
l’exploitation minière et la production des métaux en
Languedoc occidental à l’âge du Fer et à l’époque romaine6. Cette recherche s’organise en deux volets.
Le premier, abordé entre 2009 et 2011, se place dans
une perspective historique et économique. Le but est
de préciser la chronologie de l’activité et déterminer
l’ampleur de la production de fer. Le second axe de
recherche a un objectif prioritaire : identiier les techniques minières et sidérurgiques des hommes du fer
des Corbières durant l’Antiquité. Sa mise en oeuvre
implique une approche comparative faisant appel
aux résultats de recherches similaires menées dans
les districts sidérurgiques antiques voisins, en particulier dans la Montagne Noire (Domergue 1993).
L’objectif visé dans le cadre du premier volet de l’enquête nécessitait la mise en place d’une prospection
thématique. En théorie, une telle opération a pour
objectif le recensement exhaustif de l’ensemble des
vestiges liés à cette activité, à savoir les sites d’extraction du minerai (minières, tranchées, galeries,
puits, chantiers souterrains et haldes associées), les
sites de traitement (aires de traitement minéralurgique
et sites de réduction du minerai) et les sites de charbonnage où est produit le charbon de bois, combustible utilisé lors de la réduction (Izard 1999 ; Leroy,
Merluzzo 2004). Cela implique que l’enquête soit menée
de manière systématique (Decombeix et al. 2001, 162).
En pratique, il est illusoire d’espérer mener un tel
travail dans les Corbières. Ce type d’approche se
heurte aux dimensions très importantes du massif
(2000 km²), et à de nombreuses contraintes propres
aux régions de montagne, qui ne constituent pas un
terrain particulièrement favorable à la recherche archéologique. Certes, les Corbières présentent des altitudes moyennes modestes comprises entre 200 et
800 m, les deux plus hauts sommets culminant à
1230 m (Pech de Bugarach) et 917 m (Tauch). Mais
le relief est compartimenté en une succession de longues crêtes, de hauts plateaux, de vallons aux versants escarpés et d’étroits bassins, qui rendent la
circulation particulièrement dificile. De plus, ce
territoire a connu au cours du XXe une forte crise
économique et démographique entraînant l’abandon
des terres les plus pauvres. Ce phénomène est surtout perceptible au sud, dans les Hautes Corbières,
21
au relief plus découpé (ig. 2). Ici, les champs, les
pâturages et les vignes ont peu à peu laissé place
aux landes à genêts et aux forêts de chênes verts, devenues aujourd’hui prédominantes. Les terres labourées sont particulièrement rares. De fait, la visibilité des vestiges au sol s’en trouve considérablement
réduite et la progression n’est guère commode. Si la
topographie et la végétation n’interdisent pas le repérage des sites archéologiques lors des prospections,
elles le rendent nettement plus long et dificile.
Il était donc nécessaire de recentrer l’enquête de terrain sur quelques zones jugées favorables. Celles-ci
ont été déinies en 2009 en fonction de la localisation
des sites mentionnés dans la bibliographie et de la
répartition des gisements de fer. Le recensement de
ces derniers a été établi à partir des inventaires miniers menés au XXe s. par le Bureau de Recherches
Géologiques et Minières (BRGM 1980). Cette documentation, toutefois, prend rarement en compte les
gisements supericiels, trop réduits. Pourtant, ceuxci ont pu être exploités aux époques anciennes (Nicolini 1990, 3 ; Ploquin 2001, 316-318 ; Serneels 2004,
27-28). D’autres documents ont donc été mis à contribution pour compléter les inventaires récents. Ils ont
été produits lors d’enquêtes minéralogiques et économiques menées aux XVIIIe et XIXe s. (Genssane
1776-1779 ; Barante 1802 ; Trouvé 1818), ou par des
géologues, des exploitants miniers et des ingénieurs
du Service des Mines aux XIXe et XXe s. (Caillaux
1875 ; Esparseil 1893 ; Esparseil 1926).
Le principal secteur retenu se trouve dans les Corbières centrales (ig. 3 et 4). Il englobe le plateau
de Lacamp [a] et le district minier de Maisons [f].
Couvrant plus d’une centaine de kilomètres carrés,
ce secteur se situe à l’interface des bassins hydrographiques de l’Aude, de la Berre et de l’Agly, occupant ainsi une position-clef dans l’hydrographie et
la topographie du massif. De nombreux gisements
de fer y sont en effet recensés, ainsi que la majorité des sites de réduction reconnus depuis les années
1970. Il a tenu au cours des trois derniers siècles une
place importante dans la production de fer des Corbières (Trouvé 1818 ; Langlois 1992). D’autres zones
plus réduites ont été distinguées dans les Corbières
occidentales (vallée de l’Orbieu [e], haute vallée du
Torgan [h], régions de Villardebelle [b], d’Arques
[c] et de Rennes-les-Bains [d]), les Corbières orientales (secteurs de Fitou, Treilles et Leucate, [g]) et les
Basses Corbières (massif de Boutenac [i], montagne
d’Alaric [j], val de Dagne [k]).
Compte tenu des dificultés énoncées plus haut, il
convenait de mettre en pratique dans chacune de
ces zones une méthode d’étude eficace qui permette
une acquisition relativement homogène des données.
Celle-ci s’inspire largement des enquêtes menées
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Julien Mantenant
22
tefois de nombreuses contraintes, liées en particulier
à la visibilité généralement mauvaise des vestiges au
sol. Ce facteur ne facilite pas le repérage d’éléments de
datation et interfère largement dans l’évaluation des
volumes de déchets métallurgiques ou de déblais miniers. Des sondages sont donc nécessaires pour compléter cette approche (Decombeix et al. 2001 ; BaillyMaître 2002, 42-43). Des opérations de ce type ont
été menées en 2010 et 2011 sur cinq amas de scories
et un site minier7. Dans quatre cas, ces sondages se
sont avérés concluant d’un point de vue chronologique, grâce à la découverte de mobilier céramique
ou la datation 14C de charbons de bois (cf. partie 2.3).
De plus, ils ont fourni des précisions quant à la morphologie des ferriers et la typologie des déchets métallurgiques.
Figure 5 :
Massif des Corbières.
Liste des mines de fer
recensées.
depuis les années 1980 dans des districts sidérurgiques
antiques de l’Hexagone, en particulier dans l’Est (Mangin et al. 1992 ; Leroy 1997, 35-41 ; Leroy et al. 2000),
et le Sud de la France (Beyrie et al. 2000 ; Decombeix
et al. 2001). Dans un premier temps, le croisement
des informations fournies par la toponymie (Wienin
1997), la documentation d’archives (Langlois 1989),
la géologie et l’enquête orale a permis de réaliser un
premier inventaire de sites d’extraction et de traitement. Cette approche a ensuite été complétée par
une prospection plus approfondie réalisée dans l’environnement proche des sites identiiés ou dans des
secteurs jugés potentiellement intéressants, en raison de leur proximité avec les gisements miniers ou
de leur topographie similaire à celles des sites déjà
découverts. Appliqué essentiellement à l’étude des
aires de traitement des minerais, ce dernier critère
peut engendrer des biais nuisant à l’étude de la répartition des vestiges. Pour limiter ce risque, des fenêtres de prospection ont été régulièrement ouvertes
de manière aléatoire dans des unités topographiques
n’ayant guère livré d’indices d’activité auparavant.
Cette méthode a permis de parcourir près de 750 ha
de terrain, essentiellement en 2010 et 2011, dans six
des dix secteurs jugés les plus intéressants (cf. supra).
Toutes périodes confondues, quatre cent trente et un
sites ont été recensés. Ils sont partagés en trois cent
trente-quatre travaux miniers, regroupés en trentesix mines, et quatre-vingt-dix-sept sites de réduction ou indices de sites (Mantenant 2010 ; Mantenant
2011) (ig. 4 et 5). Ce mode opératoire présente tou-
Certes, beaucoup reste à faire. Des sondages supplémentaires sont nécessaires ain de préciser la chronologie de la production de fer des Corbières et poursuivre l’étude morphologique des amas de scories.
Par ailleurs, l’étude d’ateliers de réduction antique
dans le but de renseigner l’organisation de l’activité
et les techniques sidérurgiques mises en oeuvre n’a
pu être encore initiée. Néanmoins, les résultats obtenus après trois années d’enquêtes permettent de dresser un premier bilan sur l’exploitation des gisements
de fer des Corbières durant l’Antiquité. Il fournit de
nouveaux éclairages sur l’organisation et la chronologie
de cette activité, et incite à déinir d’intéressantes perspectives de recherches sur le rôle joué par les gisements
miniers des Corbières dans l’économie narbonnaise.
2. le paysage mInIer et sIdérurgIque antIque
des corbIères :
2.1 Les ressources minières :
La recherche documentaire préliminaire a permis de
distinguer plus d’une centaine de gisements de fer
répartis sur l’ensemble du massif (ig. 3). Loin d’être
exhaustif, ce travail fournit tout de même une vision
relativement idèle du potentiel minier régional et illustre la diversité des ressources ferrifères du massif.
Celles-ci sont dominées par des gisements en amas,
minéralisés en fer et manganèse. Des gisements distincts généralement plus réduits – ilons de sidérite,
chapeaux de fer et dépôts sédimentaires – complètent
le tableau.
Amas de fer manganésifère
Ces gîtes sont encaissés dans les calcaires du Dévonien supérieur du massif de Mouthoumet, dans
les Hautes Corbières et dans une petite écaille dévonienne afleurant dans la montagne d’Alaric, au
nord du massif. Leur mode de formation est discuté (Pouit, Fortuné 1980, 116-118). Certains les
considèrent comme des gisements hydrothermaux
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
de substitution, dits métasomatiques, à proximité
desquels se sont développés par la suite des phénomènes de karstiication (Guitard, Pelissonnier 1956 ;
Horon 1977, 155). Ils seraient alors assez similaires
aux fameux dépôts ferrifères connus dans le massif
du Canigou et à la mine du Rancié, en Ariège (Horon 1977, 154-155 ; Pouit, Fortuné 1980, 116-118 ; Ploquin 2001, 317). D’autres, en revanche, proposent
d’y voir des remplissages karstiques mis en place
à l’époque tournaisienne lors des premières manifestations de la mer dinantienne envahissant la région (Jaeger, Ovtracht 1955, 417-418 ; Jaeger, Ovtracht, Routhier 1956 ; Giannoni 1990, 244-253).
Quoi qu’il en soit, ces gisements sont tous minéralisés en oxydes et hydroxydes de fer. Goethite et hématite paraissent être les minéraux principaux (Giannoni
1990, I, 244-253 et II, 60-61). Des carbonates (sidérite, ankérite) complètent généralement ce cortège,
en particulier dans les zones profondes des gîtes. Aucune analyse des teneurs en fer n’a été menée dans
le cadre de notre enquête. Toutefois, d’après la documentation consultée, ces minerais afichent des
valeurs moyennes situées entre 45 et 55 % Fe8. Ils
contiennent une proportion élevée de manganèse (2 à
5 % Mn), sous la forme de manganite, de pyrolusite et
de wad, et une part inime de phosphore et de soufre
(Esparseil 1926 ; Esparseil 1963 ; Krawczyk 1991, 56,
69, 70-71, X-XIV).
Dans les Hautes Corbières, ces dépôts se concentrent
sur le plateau de Lacamp et les collines voisines. Près
d’une soixantaine de gisements sont recensés dans ce
secteur (ig. 3 [a]). Ils sont généralement encaissés près
du contact entre les formations dévoniennes et les
schistes carbonifères (Esparseil 1926 ; Jaeger, Ovtracht 1955, 417-418 ; Jaeger et al. 1956, 494-495).
De morphologie très irrégulière, ils semblent d’extension limitée, dépassant rarement 200 m de longueur
et quelques dizaines de mètres d’épaisseur (Esparseil 1893 ; Esparseil 1926 ; Langlois 1987). Ceux qui
atteignent une centaine de mètres d’extension verticale sont exceptionnels. Ils se concentrent dans la
partie centrale du plateau, autour de la mine de Las
Coupes. Ces minéralisations prennent généralement
la forme de chapelets d’amas ferrifères, souvent reliés entre eux par des issures minéralisées traversant
des zones calcaires stériles d’épaisseur métrique à
décamétrique (Esparseil 1893 ; Esparseil 1926). Des
épandages constitués de nodules de goethite et d’hématite sont fréquents à la surface du plateau de Lacamp, en
particulier autour des afleurements des amas de fer. Ils
se sont mis en place suite au démantèlement progressif
de ces derniers.
D’autres amas de cette catégorie afleurent à l’ouest
des Corbières (ig. 3), en particulier dans les secteurs
de Villardebelle [b] ,Arques [c] et Rennes-les-Bains [d]
23
(Esparseil 1894). Encaissés dans les calcaires griottes
du Dévonien supérieur, ils adoptent une morphologie
semblables aux précédents. Ils s’en distinguent toutefois par le caractère nettement plus manganésifère de
leur minerai, à base d’oxydes, d’hydroxydes et de carbonates de manganèse dont les teneurs moyennes varient de 20 à 52 % Mn et 1 à 34 % Fe (Esparseil 1963 ;
Lougnon 1981, 60-66). Ils côtoient des amas essentiellement ferrifères, de minéralogie similaire à ceux du
plateau de Lacamp mais nettement moins fréquents
que ces derniers (Jaeger, Ovtracht 1955, 418).
Filons de sidérite
Des ilons de sidérite à goethite, limonite, pyrite et
chalcopyrite sont encaissés dans les schistes siluriens
et ordoviciens. Généralement peu développés, ils afleurent en particulier dans la vallée de l’Orbieu, où
se trouve le plus important ilon de ce type reconnu
à ce jour (ig. 3 [e]). Situé sur la commune de Montjoi, il est long de plusieurs centaines de mètres et épais
de 0,50 à 0,60 m. Le minerai de fer aficherait 51 % Fe
(Esparseil 1963, 117 ; Jaeger, Ovtracht 1955, 413414 ; Giannoni 1990, II, 52-53).
Chapeaux de fer sur ilons sulfurés
Des zones d’altération supericielles peuvent se développer dans la partie supérieure des gisements sulfurés, suite à l’altération supergène des sulfures. Les
minerais constituant ces chapeaux de fer, à base essentiellement d’oxydes et hydroxydes de fer, peuvent aficher des teneurs très élevées, allant jusqu’à
70 % Fe (Tollon, Béziat 2004, 35-36). Des formations
de ce type ont été reconnues au-dessus des ilons de
quartz encaissés dans les terrains primaires du massif de Mouthoumet, en particulier les gisements de
blende, pyrite, galène et chalcopyrite (type B.P.G.C.)
situés dans la région de Rennes-les-Bains [d] et dans
le district minier de Maisons, au sud-ouest du plateau
de Lacamp [f] (Jaeger, Ovtracht 1955, 415-416).
Dépôts sédimentaires
Ce tableau peut être complété par des gisements
d’origine sédimentaire situés dans les terrains secondaires du sud, de l’est et du nord des Corbières.
Il s’agit notamment de petits amas karstiques à hématite et limonite, encaissés dans les calcaires jurassiques des Corbières orientales, entre Feuilla et
Leucate (ig. 3 [g]). Ils afichent une teneur élevée
en fer (entre 50 et 60 % Fe) et une proportion de
manganèse quasi nulle (Esparseil 1963, 116-117). Il
existe par ailleurs des dépôts réduits de goethite et
limonite, prenant la forme de petites lentilles stratiformes ou d’épandages de nodules ferrugineux. Ces
indices sont généralement associés aux grès crétacés du sud du massif de Mouthoumet (région de
Soulatgé, ig. 3 [h]), et du nord des Corbières (massifs de Fontfroide et de Boutenac, [i]) (Euzet 1959,
152-156 ; Combes 1962, 375).
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Julien Mantenant
24
Figure 6 :
Corbières centrales. Localisation des mines de fer et des sites de traitement
(DAO J. Mantenant).
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
25
Figure 7 :
Secteur du plateau de Lacamp.
Localisation des mines de fer,
des sites de traitement et des
principaux habitats antiques
(DAO J. Mantenant).
2.2 L’extraction du minerai :
Les mines du plateau de Lacamp
L’analyse de la répartition des ressources ferrifères
des Corbières met clairement en évidence l’importance du plateau de Lacamp, où se rencontrent
les gisements les plus nombreux et les plus imposants du massif. De fait, ce secteur a retenu toute
notre attention lors de l’enquête archéologique, qui
a véritablement démarré sur le terrain en 2010. Depuis cette date, trente et une mines y ont été étudiées
(ig. 4, 5, 6 et 7). Ce travail préliminaire, fondé sur
la prospection des zones minières et l’exploration
des ouvrages souterrains accessibles, a permis de
cartographier trois cent trente-quatre points d’extraction, dont une partie a été comblée lors d’une
récente opération de mise en sécurité des travaux
jugés dangereux. Ce chiffre sera sans aucun doute
revu à la hausse lors de nouvelles campagnes de
prospection, le plateau n’ayant pas été étudié dans
sa globalité.
Le relevé topographique, l’étude technique et géologique et la datation par sondages des ouvrages
jugés les plus intéressants restent à faire. Néanmoins, cet inventaire permet de proposer une première vision d’ensemble des activités minières
développées sur le plateau. Nécessairement diachronique, cette approche s’appuie sur les données chronologiques fournies tant par le travail
de terrain que la recherche documentaire ou la
toponymie.
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
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26
Figure 8 :
Secteur du plateau de Lacamp.
Petite fosse d’extraction du
minerai de fer (diamètre : 6 m)
(photo J. Mantenant).
Figure 9 :
Mine de la Cauna das Causses.
Vue partielle du chantier
d’exploitation principal
(photo J. Mantenant).
Figure 10 :
Mine de la Cauna das Causses.
Détail de la paroi sud et des
niveaux d’exploitation
(photo J. Mantenant).
Les sources écrites fournissent de nombreuses informations sur les travaux
ouverts durant la seconde moitié du
XIXe s. et la première du XXe s. Ceuxci s’inscrivent dans un vaste mouvement exploratoire, porté en particulier
par des compagnies puissantes, telles
que la Compagnie des Usines du Gard,
qui intervient à partir des années 1870.
Toutefois, les recherches minières engagées à cette époque restent pour la plupart sans lendemain, en raison notamment de moyens de transport inadaptés.
Seules quelques mines, en particulier
celle du Monthaut (ig. 6 et 7, no 11), resteront actives jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale
(Esparseil 1893 ; Esparseil 1926 ; Langlois 1987). Les
travaux les plus caractéristiques de cette époque sont
de larges galeries de recherches percées en traversbancs à la base des gisements, dans le
but de reconnaître en profondeur des
zones minéralisées que les exploitants
antérieurs n’avaient pas touchées, et
évaluer ainsi le potentiel économique
des amas. Des ouvrages de ce type ont
été identiiés dans la plupart des mines,
en particulier au col du Telh (no 10), à
La Mayré (no 3), à Las Coupes (no 15)
ou au Barrenc de l’Homme (no 17). Ils
présentent des indices évidents d’une
phase d’activité contemporaine, en particulier des stigmates d’abattage à l’explosif (trous de leuret…), qui, confrontés aux informations livrées par les
sources écrites, ne laissent pas de place au doute
quant à leur identiication.
Les autres travaux repérés sur le plateau de Lacamp
et les collines voisines sont nettement plus problématiques en l’absence d’études plus poussées. D’une
manière générale, on observe un mitage de l’activité minière en de multiples excavations de dimensions globalement limitées en surface, ouvertes sur
les afleurements des gisements. Cette distribution
est largement liée à la morphologie des dépôts. En
effet, l’exploitation des amas de fer
manganésifère, nombreux, irréguliers
et discontinus, paraît avoir nécessité la
multiplication des points d’extraction
s’enfonçant dans la masse minéralisée.
Ces sites correspondent généralement à
des minières et des tranchées de dimensions limitées, n’excédant pas 20 m de
diamètre/longueur et 4 à 5 m de profondeur. Les fosses de petites tailles, inférieures à 8 m de diamètre, sont particulièrement fréquentes (ig. 8). Il s’agit
d’ouvrages de recherche ou de petits
chantiers d’exploitation à ciel ouvert, établis sur les
afleurements des amas de fer manganésifère. Dans
ce dernier cas, les travaux sont fréquemment prolongés par des puits et d’étroites galeries donnant accès à des chantiers d’exploitation souterrains ouverts
au coeur des amas. Leur extension est fonction de
l’ampleur et de la morphologie des gisements. Alors
que beaucoup ne dépassent pas quelques dizaines de
mètres de développement, certains, nettement plus
rares, s’enfoncent à plus de 100 m sous la surface et
sont le résultat de plusieurs siècles d’activité (Esparseil 1893, 217, 226-227). L’un des plus bel exemple
est sans aucun doute l’imposant chantier creusé sur
le gisement de la Cauna das Causses (no 7) (dimensions : L 46 m, l 20 m, h 25 m ; estimation minimale
du volume : 6000 m3 tout venant). Un amas y a été
très largement vidé, vraisemblablement au cours de
plusieurs phases d’exploitation (ig. 9). Les différents
niveaux d’extraction sont nettement visibles sur les
parois (ig. 10). Ils montrent que les mineurs ont progressé de haut en bas au coeur du dépôt, en ouvrant
régulièrement des recherches à chacun de ces niveaux dans le but d’identiier les limites du gisement.
D’autres travaux de grandes dimensions ont été observés aux mines de Las Coupes (no 15 ; ig. 11) et du
Monthaut. Dans cette dernière, une tranchée noyée
dans la végétation dépasse 100 m de long et 20 m de
profondeur, et présente d’importants prolongements
souterrains qui n’ont été que très partiellement explorés.
La datation de ces ouvrages est particulièrement dificile. Il est certain que les plus imposants sont le
fruit de plusieurs phases d’activité. Une partie correspond aux petites exploitations « artisanales » que
les sources écrites mentionnent régulièrement au
XVIIIe s. et dans la première moitié du XIXe s. (Langlois 1992). Celles-ci étaient généralement l’oeuvre
des paysans des villages voisins, qui alimentaient
ainsi les forges à la catalane établies dans le massif
des Corbières ou à sa périphérie. Les moyens techniques étaient très limités. L’abattage à l’outil était
de règle, tout comme l’abandon des travaux à la
moindre dificulté. La poudre, elle, était utilisée avec
parcimonie (Langlois 1992, 208). Par conséquent, en
l’absence d’étude spéciique associée à des sondages
ciblés destinés à recueillir des éléments de datation,
ces exploitations modernes que les documents d’archives ne permettent pas de localiser avec précision
peuvent se confondre aisément avec des ouvrages
plus anciens.
L’identiication de phases d’activité antérieures à
l’époque moderne est encore plus problématique.
La toponymie fournit parfois des indications intéressantes si elle est maniée avec prudence. Les travaux
de La Cauna de Mathieu Rieu, à Las Coupes (no 15),
et les mines de la Cauna das Causses (no 7), du Pla del
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
Barranc (no 18) et du Barrenc de l’Homme (no 17) en
sont les exemples les plus caractéristiques. Les mots
cauna et barrenc, signiiant respectivement cavité
et gouffre en languedocien, désignent ici, par extension, d’anciens ouvrages miniers. Mentionnés dès les
XVIe s. et XVIIe s. dans plusieurs compoix, ils assurent un terminus ante quem à l’activité développée
dans chacune de ces mines (Langlois 1989, 39).
En revanche, les prospections de surface et les sondages se heurtent à la rareté du mobilier céramique
en contexte minier9. Aucun indice archéologique ne
fournit la preuve d’une phase d’extraction protohistorique ou médiévale dans les trente et une mines étudiées. En revanche, une activité antique peut être envisagée dans sept d’entre elles, essentiellement grâce
à la découverte de mobilier céramique à la surface
des haldes ou dans des travaux creusés à l’outil (ig. 6
et 7 : mines nos 9, 10, 11, 13, 15, 21 et 22). Ce mobilier
est constitué généralement de fragments d’amphores
italiques, notamment de Dressel 1A. Dans un cas, de
la vaisselle campanienne et de la céramique commune complètent le maigre lot de mobilier découvert.
Les ouvrages datés de l’époque tardo-républicaine
correspondent à de petits grattages de quelques mètres
d’extension (no 9) ou des fosses relativement réduites
de moins de 8 m de diamètre et 2 m de profondeur
(nos 10, 13 et 22). Il n’est pas possible à l’heure actuelle d’attribuer à la période antique les grands travaux identiiés à Las Coupes (no 15) ou à la Cauna
das Causses (no 7). En revanche, au Monthaut (no 11),
des fragments d’amphores ont été recueillis dans les
années 1970 et en 2010 dans une grande tranchée de
100 m de long et dans l’importante halde qui s’étale
en contrebas (Rancoule, Solier 1977). Cette découverte ne permet pas d’attribuer l’ensemble de l’ouvrage à l’époque tardo-républicaine : ces grands travaux sont très certainement le résultat de plusieurs
phases d’exploitation, comme le prouvent, pour les
plus récentes, les sources écrites (cf. supra).
D’autres mines sont en revanche plus problématiques
(ig. 6 et 7 : mines nos 6, 8, 14, 16, 17, 19, 20, 24, 31).
La découverte de fragments d’amphores italiques à
proximité de travaux mais sans lien apparent avec
des déblais miniers ne permet pas d’identiier avec
certitude une mise en valeur de ces gisements durant
la période tardo-républicaine.
Des zones minières méconnues
Rares sont les sites miniers antiques clairement documentés dans le reste des Corbières. Au pied même
du Monthaut, le site de l’Abeilla (ig. 7, no 33) regroupe un ensemble de chantiers souterrains ouverts
sur un gisement ilonien sulfuré à galène, bournonite
et cuivres gris (Giannoni 1990, II, 240-242). Le mobilier découvert dans le réseau souterrain et dans la
halde qui s’étale en contrebas indique que cette mi-
27
néralisation a été exploitée à l’époque
tardo-républicaine. Or, l’exploration du
réseau a permis de repérer l’existence
de chantiers d’exploitation au coeur du
chapeau de fer de la minéralisation.
Cette mise en valeur est-elle contemporaine de l’exploitation antique du gisement sulfuré ou bien correspond-elle à
une intervention postérieure ? Ce point
doit être précisé, notamment par l’implantation de sondages dans le réseau,
combinés à l’étude de ce dernier.
Dans les Corbières occidentales, des
fragments d’amphores italiques ont été
découverts à proximité des travaux de la
mine de Saint-Andrieux (Villardebelle),
active aux XIXe et XXe s. et établie sur
des amas de manganèse (ig. 4, no 32).
Ces dépôts sont généralement associés
à des amas ferrifères (Jaeger, Ovtracht
1955, 418). Toutefois, rien ne permet
d’établir un lien direct entre ces derniers
et le mobilier antique.
Enin, l’exploitation antique de gisements de la haute
vallée de l’Orbieu (ig. 4, no 34) ou du Lézignanais
(ig. 4, no 36) supposée en raison de la présence de
sites de réduction romains à proximité des dépôts
(Euzet 1959 ; Rancoule, Solier 1977 ; Pauc, Pauc
1998, 122-126) n’est pas clairement démontrée. De
même, il n’est pas possible de dater la vingtaine de
fosses de 2 à 20 m de diamètre distribuées sur 200 m
de longueur au Planal dals Horts, à Soulatgé, dans le
sud des Corbières (ig. 4, no 35 ; Caillaux 1875, 451).
Elles correspondent sans doute à des travaux d’exploitation d’un gisement assez mal caractérisé encaissé dans les grès crétacés, constitué non pas de
stibine (Caillaux 1875, 451), mais plutôt de fer, observé sous la forme de nodules ferrugineux autour
des fosses.
Figure 11 :
Mine de Las Coupes.
Tranchée du Grand Barrenc,
avec ilet de protection installé
lors de la mise en sécurité du
site au début des années 2000
(photo J. Mantenant).
2.3 Le traitement du minerai :
À ce jour, soixante-quinze concentrations de scories de réduction ont été clairement identiiées dans
les Corbières (ig. 4). Ce nombre englobe vingt-six
ferriers et quarante-neuf épandages10. A ce chiffre
s’ajoutent vingt-deux sites à scories éparses, indiquant l’existence probable de sites de réduction qui
n’ont pas été précisément localisés. Enin, cinquantetrois sites à scories sont nettement plus problématiques : ces déchets peuvent provenir de sites déjà
recensés, ou bien d’apports anthropiques secondaires
(fumure, remblais) dont l’origine est très dificile à déterminer. Au total, le nombre de sites effectivement
présents dans les Corbières peut donc être estimé à
une centaine au minimum. Nous n’avons pas pris en
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Julien Mantenant
28
compte les forges à la catalane actives aux XVIIIe s.
et XIXe s., bien connues grâce aux sources écrites
(Barante 1802, 200-205 ; Trouvé 1818, 660-662 ;
Langlois 1992)11.
Il faut tenir compte bien évidemment
des biais engendrés par les choix méthodologiques et le milieu, en particulier en ce qui concerne la répartition des
sites de traitement des minerais et l’évaluation du volume de déchets, que nous
avons tenté de limiter autant que faire ce
peut (cf. partie 1). Ces résultats permettent tout de même de proposer une première ébauche du paysage sidérurgique
ancien des Corbières. Les prospections
ayant essentiellement concerné le plateau
de Lacamp et sa périphérie, c’est dans ce
secteur qu’ont été recensées la plupart des
concentrations de scories (60 sur 75).
Figure 12 :
Bassin de Fourques,
site de réduction de Fourques 1.
Coupe stratigraphique du
ferrier et délimitation de la
couche de scories
(photo J. Mantenant).
La sidérurgie du plateau de Lacamp
Les sites identiiés se situent sur le plateau de Lacamp et dans les quatre grands bassins hydrographiques qui l’encadrent : bassin de Fourques au nord,
bassin de la Berre à l’est, bassin de la rivière de Ségure au sud, bassin de la Valette au sud-ouest et bassin du Libre à l’ouest (ig. 6 et 7).
Sur le plateau de Lacamp, sept concentrations de scories ont été recensées (ig. 6 et 7). Deux ferriers, Caraillet 1 (no 1) et Faliera 7 (no 7), se distinguent par
leurs dimensions (1250 m² et 2800 m²). Leur épaisseur, dépassant 0,50 m, n’est pas précisément déterminée. Les autres concentrations correspondent à de
petits épandages de scories de réduction mesurant
entre 10 et 170 m², implantées généralement à proximité immédiate des gisements de fer (mines nos 12,
24 et 19). Des scories isolées prouvent
l’existence d’au moins deux autres sites
non repérés à ce jour.
Figure 13 :
Bassin du Sou,
site de réduction de Cauna 1.
Vue d’ensemble du ferrier
(photo J. Mantenant).
Au nord du plateau, six sites métallurgiques ont été recensés dans le bassin
de Fourques. Cinq d’entre eux ont été
découverts dans les coumes encaissées
de la bordure nord du plateau de Lacamp ou à leur débouché. Seul l’épandage de scories des Olivières 1 est implanté dans un secteur plus ouvert, en
périphérie de la plaine de Talairan.
Tous ces sites se trouvent à moins de
50 m d’un ruisseau ou d’une source.
Les ferriers les plus imposants (Olivières 1 ; Saint-Rome, Fourques 1 ; ig. 6, 7 et 12,
nos 8, 12 et 13) atteignent respectivement 750, 4000
et 170 m², pour une hauteur pouvant dépasser 0,50 m
(ig. 13). Des ferriers signalés anciennement autour
du site des Olivières 1 n’ont pas encore été retrouvés
(Ournac et al. 2009).
À l’est du plateau de Lacamp, entre Albas et Quintillan, de nombreux petits afluents de la Berre serpentent dans un dense réseau de vallons encaissés
et très boisés. Au total, vingt-neuf sites de petites
dimensions ont été repérés dans ce secteur. Quatre
ferriers mesurent entre 80 et 300 m² pour environ
0,50 m de hauteur (ig. 6, nos 39-41 ; ig. 7, nos 40-42).
Les autres sites sont des épandages de déchets métallurgiques dont les supericies, dificiles à déterminer, semblent varier entre 20 et 1600 m². Si quelques
concentrations sont implantées sur des versants,
à proximité immédiate de travaux miniers (ig. 6,
mines nos 2, 3, 4, 5, et 6), tous les autres sites se trouvent en fond de vallon, à moins de 50 m d’un point
d’eau. À ces vestiges s’ajoutent six zones à scories
éparses, localisées dans des coumes étroites.
Très similaire au secteur précédent par sa morphologie, le bassin de la rivière de Ségure se trouve au sud
du plateau de Lacamp (ig. 7). Cinq épandages de scories mesurant entre 200 et 300 m² y ont été identiiés,
auxquels s’ajoute une petite concentration de fragments centimétriques de minerai grillé de 15 m² de supericie (no 47) Ces sites ont été découverts en fond de
vallon, à moins de 50 m d’un cours d’eau, à l’exception
de Coume lairou 1 (no 45), situé sur un versant à près
de 200 m des amas de fer du Monthaut. A ces vestiges
s’ajoutent au moins six sites qui n’ont pu être précisément localisés, dont un situé sur le versant sud-est du
Monthaut, près de la mine de l’Abeilla.
Relativement large, la vallée du Libre se trouve à
l’ouest du plateau de Lacamp. Afluent de l’Orbieu,
le Libre est alimenté par de nombreux ruisseaux dévalant le versant ouest du plateau. Huit sites ont été
découverts sur les berges de ces ruisseaux ou à leur
conluence avec le Libre (ig. 7). Trois d’entre eux mesurent entre 300 et 700 m². En revanche, les autres ferriers atteignent des dimensions imposantes. Le site du
Carraillet-Adoux dépasse ainsi 1500 m² pour une hauteur estimée à près de 1,50 m (no 52), tandis que les
ferriers Saint-Jean 2, 3 et 4, dont le plus épais (SaintJean 3) semble dépasser 2 m, forment un véritable ensemble métallurgique couvrant près d’1 ha (no 50).
Enin, le groupe de La Valette est quelque peu excentré par rapport aux précédents (ig. 6). Quatre
concentrations de scories y ont été repérées, établies
sur les rives de la rivière de La Valette. Deux de ces
ferriers, reconnus anciennement (Rancoule, Solier
1977), forment un ensemble de plus de 3000 m², dépassant 1,50 m d’épaisseur (Caraillet 1 et 2 : nos 5657). La découverte de scories isolées dans les vallons
voisins permet de supposer l’existence d’autres sites
de réduction.
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
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Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
Une sidérurgie diffuse : les Corbières occidentales
et septentrionales
Deux autres groupes ont été repérés dans les Hautes
Corbières. L’un d’eux, occupant la vallée du Sou, afluent de l’Orbieu, comprend deux ferriers implantés
en bordure de la rivière (ig. 6, nos 60-61). Dépassant
500 m² (ig. 13), pour une épaisseur de 0,50 m au minimum, ils sont situés à plus de 5 km des gisements
de fer les plus proches connus à ce jour (plateau de
Lacamp). Plus au sud, cinq ateliers se répartissent sur
près de 8 km entre Massac et Montgaillard, en bordure du Torgan, afluent du Verdouble (ig. 6, nos 62
à 67), auxquels s’ajoute l’amas de scories signalé
par A. Caillaux à proximité des minières du Planal
dals Horts (Caillaux 1875, 451 ; ig. 4, no 65). Dans
les Corbières occidentales (fig. 4), les recherches
ont été nettement moins développées. Néanmoins,
une concentration de déchets métallurgiques, aujourd’hui détruite, a été repérée il y a quelques années à Bouisse (Al Bosc) (no 70). Elle vient s’ajouter aux
deux sites identiiés à Sougraignes (Le Bac, no 69) et à
Montjoi (Ferrières, no 68). Ce dernier est estimé à plus
de 400 m² (Rancoule 1975). Dans le val de Dagne, au
nord des Corbières (ig. 6), deux sites métallurgiques
romains importants – le site du Férié (no 72) atteint 1
ha de supericie – sont établis sur les rives de deux
afluents de l’Orbieu (Pauc, Pauc 1998, 117-120). Enin, dans le Lézignanais (ig. 4), trois épandages de
scories sont connus entre Ferrals-les-Corbières et
Boutenac, au pied du massif secondaire de Boutenac
(nos 73 à 75 ; Euzet 1959 ; Pauc, Pauc 1998, 122-126).
La chronologie de l’activité
À l’heure actuelle, quarante-deux sites de réduction,
soit plus de la moitié du corpus, ont livré des éléments de datation. Toutefois, seuls cinq sites ont été
datés par le biais de sondages ouverts dans les années
1970 (Rancoule 1975) puis en 2011. Dans trois cas
(Fourques 1, Vicence 5, Ferrières : ig. 4 et 7, nos 12,
40, 68), ces opérations ont livré du mobilier céramique. Les deux autres interventions (Lizadou 1 et
Vicence 4 : ig. 6, nos 39 et 41) ont permis de dater les
ferriers par le biais de deux datations 14C 12. Dans 37
cas en revanche, la datation repose uniquement sur
du mobilier découvert lors des prospections de surface et constitué généralement de quelques tessons
au maximum. Il faut donc interpréter avec une relative prudence les données chronologiques actuellement disponibles.
Néanmoins, certains points paraissent assez signiicatifs. Notons tout d’abord l’absence de preuve archéologique d’une activité sidérurgique médiévale,
alors même que des textes mentionnent l’existence
de forges au XIIe s. dans le bassin du Libre, qui
pourraient correspondre à des établissements de
réduction du minerai de fer (Verna 2007, 114). Par
ailleurs, les indices d’une exploitation du fer avant la
29
conquête romaine demeurent particulièrement rares.
Hormis les deux sites identiiés avant 2009 (cf. note
4 et ig. 4, nos 69 et 73), trois concentrations de scories situées dans le bassin d’Albas ont livré en 2010 et
2011 quelques tessons de céramique indigène (ig. 6,
nos 27, 28, 32). Produite durant l’âge du Fer et la période
tardo-républicaine, cette céramique est peu caractéristique. En l’absence d’autres types céramiques, seule une
datation antérieure à la in du Ier s. av. n. è. peut donc
être envisagée13.
En revanche, trente-sept sites, soit plus de la moitié des soixante-quinze concentrations recensées,
ont été datés de l’Antiquité. Parmi ceux-ci, trentecinq ont livré du mobilier céramique lors des prospections ou des sondages. Celui-ci comporte des
fragments d’amphores italiques dans trente et un
cas, ce type constituant le seul élément représenté
sur vingt de ces sites, généralement les concentrations les plus réduites. Il est dificile de proposer
une chronologie précise de l’activité à partir de ces
éléments. En effet, les formes sont particulièrement
rares, et correspondent à quelques lèvres d’amphores rattachées aux types Dr 1A ou 1B. Ces petits
sites à la durée d’activité sans doute assez brève,
semblent donc apparaître peut-être dès le IIe s., asFigure 14 :
Ferriers de Vicence 4 et Lizadou 1.
Datations 14C
surément durant le Ier s. av. n. è (Rancoule 1985,
264 ; Sanchez 2003, 452, 653-676). Le mobilier des
grands amas de scories est plus diversiié : les amphores Dressel 1 peuvent y côtoyer des contenants
de type Dressel 2/4 ou Pascual 1, de la céramique
commune, de la céramique campanienne ainsi que
de la sigillée italique et sud-gauloise. La plupart des
sites importants à l’échelle du massif (ig. 6 et 7,
nos 1, 15, 50, 52, 72) semblent donc actifs à partir du
milieu du Ier s. av. n. è., voire même dès le début de
ce siècle. Contrairement à la majorité des petits établissements, leur activité paraît perdurer au moins
jusqu’au milieu du Ier s. de n. è., peut-être au-delà.
Les deux sondages ouverts sur les sites relativement
réduits de Lizadou 1 et Vicence 4 (ig. 6, nos 39-41)
ont fourni toutefois de nouvelles informations intéressantes. En effet, les datations 14C effectuées
à partir de charbons de bois prélevés au coeur des
ferriers incitent pour la première fois à étendre la
production de fer des Corbières à la période comprise entre la in du Ier s. et le début du IIIe s. de n. è.
(ig. 14)14.
RAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
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30
3. la productIon de fer des corbIères : perspectIves hIstorIques et économIques
3.1 Une inconnue, la sidérurgie protohistorique
Tout en tenant compte des réserves exprimées plus haut
(cf. partie 1), il est désormais possible d’envisager un
développement conséquent de la production de fer des
Corbières au Ier s. av. n. è. et durant la première moitié du Ier s. de n. è. Les données recueillies depuis 2009
conirment ainsi la chronologie proposée durant les années 1970 par G. Rancoule et Y. Solier (Rancoule, Solier 1977, 29). L’élément nouveau réside dans la mise
en évidence d’une production de fer entre le Ier et le
IIIe s. de n. è. Il est tentant d’associer celle-ci aux ferrariae ripae dextrae mentionnées sur l’inscription de
Narbonne, qui, rappelons-le, est généralement datée du
IIe s. (Gayraud 1981, 481 et 534-535). Toutefois, un tel
rapprochement, reposant sur deux datations 14C qu’il
convient de compléter, reste très dificile à démontrer
archéologiquement.
Nous l’avons vu, les preuves d’une exploitation des gisements de fer du massif avant la période tardo-républicaine sont particulièrement rares. Comment interpréter ce vide documentaire ? Faut-il admettre une quasi
absence de production de fer brut dans les Corbières à
l’âge du Fer, comme cela a pu être envisagé pour l’ensemble du sud de la Gaule (Pagès 2008, I, 43-44 et 247).
Il faut sans doute plutôt regarder du côté méthodologique
pour expliquer cette situation. Dans les Corbières, près
de la moitié des sites de réduction n’ont pu être datés.
Vingt autres n’ont pas été précisément localisés. Beaucoup reste à faire pour établir une chronologie un tant
soit peu précise de la production de fer du massif. Une
telle approche ne peut reposer uniquement sur de simples
prospections pédestres, car les sites miniers et métallurgiques livrent généralement peu d’éléments de datation
en surface, elle nécessite l’ouverture de sondages destinés à recueillir mobilier céramique ou charbons de bois
pour datation 14C. Les récents résultats obtenus dans les
Corbières, mais aussi à la mine de cuivre des Barrencs,
en Montagne Noire (Beyrie et al., dans ce dossier) montrent tout l’intérêt de ce type d’intervention. Or, cette approche est encore insufisamment développée dans les
zones sidérurgiques de la Gaule méditerranéenne (Pagès 2008, II, 15). Dans les Corbières, elle doit être élargie à d’autres sites miniers et métallurgiques. Il faut donc
se garder de toute conclusion hâtive et reconnaître notre
méconnaissance de la production protohistorique de fer.
3.2 L’organisation de l’activité antique :
L’approvisionnement en combustible, un facteur
d’implantation essentiel ?
La cartographie des vestiges ne prétend pas à l’exhaustivité. La méthodologie mise en oeuvre implique
obligatoirement des biais quant à la distribution des
vestiges, que nous nous sommes appliqué à limiter
(cf. partie 1). Toutefois, dans les Corbières centrales,
où se trouve à l’heure actuelle la zone de production
antique la mieux connue, la position récurrente des
sites métallurgiques dans les fonds de vallon ou en
pied de versant, à moins de 100 m d’un cours d’eau
(70 % des sites), en particulier à la conluence de plusieurs ruisseaux (1/3 du corpus), paraît reléter une
adaptation au milieu en fonction de considérations
d’ordre technique ou économique.
Elle peut s’expliquer par la volonté de disposer
d’une aire de travail sufisamment vaste et plane,
conditions qui sont souvent réunies par les zones de
conluence des vallons et coumes des Hautes Corbières, dont les versants sont généralement particulièrement escarpés. La présence d’un point d’eau à
proximité de l’atelier constitue quant à elle un atout
indéniable pour la construction des structures de réduction en argile réfractaire ou le confort des métallurgistes (Mangin et al. 1992, 73 ; Decombeix et al.
2001, 168 ; Fabre et al. 2001, 130-131).
Cette prédilection pour les fonds de vallon pourrait
aussi révéler certaines réalités économiques. Dans ce
domaine, le cas du secteur de Lacamp est tout à fait
révélateur. Les 60 sites de réduction repérés s’y partagent en deux grands ensembles. Treize d’entre eux
se trouvent à moins de 200 m d’un gisement de fer,
sur le plateau et les versants des collines voisines.
Certains sont d’ailleurs implantés sur des carreaux
de mines (ig. 6, mines nos 3, 4, 5, 6). L’implantation
de ces sites, dont près de la moitié ont pu être attribués aux Ier s. av. n. è. et Ier s. de n. è., illustre sans
aucun doute la volonté de se placer au plus près de la
source du minerai. Les autres dépôts de scories antiques sont pour la plupart localisés dans les vallons
périphériques, près des cours d’eau. Ce choix a-t-il
été dicté par l’approvisionnement en charbon de bois,
combustible typique de la sidérurgie antique (Leroy,
Merluzzo 2004, 51) ? Nous pouvons le supposer, malgré l’absence d’études paléoenvironnementales dans
le massif. En effet, l’approvisionnement en combustible peut s’avérer contraignant, a fortiori dans des
zones de relief, car à poids égal, un chargement de
charbon est nettement plus volumineux qu’un chargement de minerai. Or, ces vallons aux pentes escarpées, guère favorables à l’agriculture, ont pu être
des espaces propices au développement de zones forestières et à la pratique du charbonnage. De nombreuses charbonnières y ont d’ailleurs été recensées.
Si beaucoup sont contemporaines, d’autres, en revanche, paraissent plus anciennes, ancienneté que
des datations 14C permettraient de vériier.
Cette hypothèse apporterait un éclairage particulier
sur la position d’un tiers des sites métallurgiques du
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
secteur de Lacamp à la conluence de plusieurs cours
d’eau. Placé en aval des mines ouvertes sur le plateau, l’atelier se trouverait ainsi à la jonction de plusieurs vallons et donc de plusieurs axes de circulation pénétrant le secteur minier. On peut envisager
qu’il bénéicie par cette implantation d’un nombre
plus élevé de sources d’approvisionnement en charbon de bois dans la mesure où ce dernier est produit
plus en amont, dans les différents vallons, mais aussi
éventuellement en minerai, car, rappelons-le, les gisements de fer sont dispersés sur l’ensemble du plateau et des collines voisines (ig. 7).
La plupart des grands sites de réduction antiques
des Corbières centrales, regroupant parfois plusieurs
amas de scories, se distinguent dans ce schéma d’implantation. Ils sont en effet localisés dans les grandes
vallées encadrant le plateau de Lacamp, généralement à l’entrée des vallons menant aux zones d’extraction (ensembles de Saint-Rome, de Saint-Jean
et du Caraillet-Adoux : ig. 6 et 7, nos 13, 50 et 52).
Cette situation n’illustre-t-elle pas le choix de placer les ateliers au plus près des principaux axes de
circulation des Corbières centrales, non loin de sites
d’habitat, dont quelques uns, qui paraissent contemporains de l’activité sidérurgique, ont été reconnus
dans la vallée du Libre (ig. 7) ? Cette position-clef
serait susceptible de favoriser l’écoulement de la production et permettrait éventuellement de bénéicier
d’autres sources d’approvisionnement en minerai et
en combustible. Peut-elle expliquer la durée d’activité généralement plus longue de ces sites, révélée
par le volume important de déchets de réduction et le
mobilier recueilli ? Il est pour l’heure dificile d’expliquer une telle pérennité, qui semble conirmée par
la découverte sur certains de ces sites de vestiges de
bâtiments (pierres de construction, fragments d’opus
spicatum, tegulae : Pauc, Pauc 1998) dont l’usage –
habitat ou annexes – demeure problématique en l’absence de fouilles.
Un production dominée par de petites exploitations
Dans le domaine proprement technique, les investigations ne sont pas terminées. Une telle approche ne
peut se contenter des éléments – scories, parois de
four et minerais – recueillis en prospection, et implique nécessairement la fouille extensive d’ateliers
de réduction. Nous l’avons dit, ce type d’intervention
n’a pas été encore initiée dans les Corbières. Néanmoins, il faut noter l’omniprésence des scories écoulées parmi les déchets de réduction (ig. 15). La découverte fréquente de fragments de parois de four en
argile réfractaire associée à des plaquettes de schiste
rubéiées livre quelques informations sur les structures de travail présentes sur les ateliers, sans pour
autant permettre bien évidemment de restituer l’architecture des bas-fourneaux ou des éventuels foyers
de forge associés.
31
Les grands ferriers sont particulièrement rares dans
les Corbières. Seuls deux ensembles constitués de
plusieurs concentrations de scories atteignent au
total 1 ha de supericie (ensembles du Férié et de
Saint-Jean, ig. 6 et 7, nos 72 et 50), pour des hauteurs
très variables, allant de quelques décimètres à plus de
2 m. Outre ces sites imposants, six ferriers dépassent 1000 m² et 1 m de hauteur. Les dimensions des
autres amas sont plus réduites, et varient entre 80 et
750 m² (moyenne de 250 m²), pour quelques décimètres d’épaisseur au maximum (ig. 12 et 13). L’évaluation des épandages de scories est nettement plus
délicate, en raison de leur étalement. Remarquons
toutefois que neuf épandages de plus de 1000 m², atteignant parfois 5000 m², présentent des densités de
scories élevées, tandis que treize sites ne dépassent
pas 100 m², quatre d’entre eux mesurant moins de
20 m². Rares sont donc les sites où la production de
fer fut véritablement conséquente et inscrite dans la
durée. Excepté le groupe de Saint-Jean (no 50), ces
sites n’ont rien de comparable avec les grands ferriers de la Montagne Noire, et se rapprochent plutôt
des concentrations plus réduites identiiées dans ce
même massif (Decombeix et al. 2000), mais aussi au
Pays Basque (Beyrie 2003) et dans les Baronnies (65,
Beyrie et al. 2000).
Figure 15 :
Secteur du plateau de Lacamp.
Scorie de réduction à cordons
d’écoulement caractéristiques
provenant du ferrier antique du
Caraillet (ig. 7, no1)
(photo J. Mantenant).
Bien présente sur le territoire, la sidérurgie antique
semble donc avoir été majoritairement le fait de petits ateliers actifs au Ier s. av. n. è. Faut-il envisager
une activité itinérante, se déplaçant en fonction des
approvisionnements en minerai ou en combustible,
réutilisant à l’occasion l’emplacement d’anciens
ateliers, ou bien au contraire ces petits sites ont-ils
été actifs au même moment ? Il est impossible pour
l’heure de trancher. En revanche, un phénomène de
concentration de la production dans quelques grands
sites tels que celui de Saint-Jean, actif au Ier s. de n. è.
et peut-être au-delà, pourrait intervenir à partir du
tournant de l’ère. Ce phénomène serait alors comparable, toutes proportions gardées, à l’apparition
des grands complexes sidérurgiques de la Montagne
Noire à peu près à la même époque (Decombeix et al.
2000). L’identiication de deux petits sites de réduction actifs entre la in du Ier s. et le début du IIIe s. incite toutefois à la prudence. Ces découvertes rendent
compte d’une évolution sans doute plus complexe,
que l’état actuel des recherches ne permet guère de
saisir.
3.3 Le district des Corbières et l’espace
sidérurgique narbonnais :
Avec près d’une centaine de sites métallurgiques
dont plus d’un tiers datés de l’Antiquité, le massif des
Corbières peut être considéré comme un véritable
district sidérurgique. Le nombre d’ateliers reconnus,
leur dimension et la supericie de la région de proRAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Julien Mantenant
32
Figure 16 :
Principales zones de
production de fer de la Gaule
méditerranéenne durant
l’Antiquité
(DAO J. Mantenant ; d’après
Pagès 2008, II, 16).
duction le classent parmi les districts sidérurgiques
mineurs de la Gaule, selon les critères déinis par
H. Cleere, puis M. Mangin (Cleere 1983 ; Mangin et
al. 1992, 228-230).
Bien des interrogations demeurent quant la gestion
de cette production et à son insertion dans les circuits économiques régionaux. Si l’hypothèse défendue par C. Jullian puis M. Gayraud s’avère juste,
Ti. Iunius Fadianus, sévir augustal de Narbonne au
IIe s., aurait pris à ferme les mines des Corbières,
dont la cité de Narbonne était peut-être propriétaire
(Gayraud 1981, 482 ; Sablayrolles 1989, 159 ; Andreau 1989, 103 ; Domergue et al. 2006, 152). Or,
le frère du conductor, Tib. Iunius Eudoxus, était un
naviculaire. Les activités de ces deux personnages
et le lien fraternel qui les unit, n’éclairent-ils pas
l’imbrication des affaires économiques d’une famille
importante de Narbonne, qui, engagée dans le commerce maritime, s’assurerait en quelques sortes des
débouchés pour le produit des mines de fer contrôlées par l’un de ses membres ?
Aucune preuve archéologique n’étaye cette hypothèse, défendue en particulier par M. Gayraud (Gay-
raud 1981, 532-536). Néanmoins, un parallèle peut
être tenté avec les cargaisons de barres de fer découvertes dans sept des onzes épaves antiques explorées
depuis 1991 au large de la Camargue. Antérieures à la
datation généralement attribuée à l’inscription, elles
sont datées des Ier s. av. n. è. et Ier s. de n. è. (Long et
al. 2002), période au cours de laquelle les mines de
fer des Corbières semblent particulièrement actives.
Etant donné leur position et leur concentration dans
une même zone, face au petit Rhône, ces navires
s’apprêtaient vraisemblablement à entrer dans le
leuve, ou pour les plus importants, attendaient d’être
déchargés de leur cargaison. Le port luvial d’Arles,
qui prend toute son importance à la in de la République, était vraisemblablement la destination de ces
importantes cargaisons de fer, étape intermédiaire
avant une redistribution vers la Gaule intérieure, et
au-delà, peut-être, vers les camps militaires du Rhin
(Long et al. 2002, 183 ; Pagès et al. 2008, 264).
L’origine de ces cargaisons de fer est problématique.
Les chercheurs qui se sont penchés sur cette épineuse
question ont tenté de mettre à contribution les estampilles apposées sur les barres, où igurent essentiellement des noms qui seraient ceux de leurs fabricants
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
(Long et al. 2002, 179-182). Leur étude a été couplée
à l’analyse archéométrique des inclusions de scories
présentes dans le fer de certaines de ces barres,
destinée à déterminer la provenance du métal. Cette
enquête tendrait à faire de Narbonne le port de chargement d’une partie de ce fer, produit notamment
dans les ateliers de la Montagne Noire. Cependant,
les analyses ont aussi montré que d’autres origines
étaient possibles. Reste à savoir lesquelles ? L’onomastique et la morphologie des marques inciteraient
à circonscrire au sud de la Gaule, peut-être à la sphère
économique de Narbonne où les gentilices igurant
sur les estampilles sont très fréquents, une aire de
production bien délimitée incluant donc la Montagne
Noire (Long et al. 2002, 185-188 ; Coustures et al.
2006, 256-259). Dès lors, une question se pose : les
ateliers sidérurgiques des Corbières ont-ils alimenté
ces cargaisons ? L’absence d’analyse archéométrique
de minerais et de déchets métallurgiques provenant
du district des Corbières limite pour l’instant la discussion, mais la concordance entre la période d’essor
de la production de fer du massif et la chronologie
des épaves doit nous interpeller.
Le district des Corbières intègre un vaste espace sidérurgique compris entre Massif Central et Pyrénées
et comptant plusieurs centaines de sites de réduction, dont une grande partie est datée de l’Antiquité. Outre les Corbières, cette aire de production englobe les districts de la Montagne Noire (Decombeix
et al. 2000) du massif du Canigou (Barrouillet et al.
1989 ; Mut 2001), mais aussi deux petites zones productrices couvrant le Fenouillèdes et le massif des
Albères, dans les Pyrénées orientales (ig. 16, nos 1 à
5) (Izard 1999, 128 et 210-211). Ces secteurs partagent plusieurs traits communs, en particulier dans le
domaine chronologique. En effet, l’activité de la majorité des sites antiques qui y ont été identiiés semble
s’inscrire entre le Ier s. av. n. è. et le Ier s. de n. è., certains poursuivant leur activité jusqu’au IIIe s., en particulier les imposants ateliers localisés dans la Montagne Noire et le massif du Canigou. Le plein essor
de cette production à l’époque tardo-républicaine et
sous le Haut Empire se place dans un contexte de fort
développement de l’économie du fer en Gaule (Domergue 2004, 175-178 ; Domergue et al. 2006, 139
et 155-156).
33
niques ou économiques entre les différentes zones de
production le constituant. Cette rélexion passe par
le développement de recherches pluridisciplinaires
de longue haleine dans les zones de production les
moins bien documentées. Dans ce domaine, les perspectives de recherches ne manquent pas dans les
Corbières, tant sur la question de la chronologie de
la production et son volume global que sur celle de
l’extraction des minerais et des débouchés de la production (Coustures et al. 2006 ; Pagès et al. 2008).
Les techniques de traitement nécessitent un éclairage particulier. Certes, les données recueillies lors
des prospections de surface et des sondages, en cours
de traitement, fourniront sans doute des informations
intéressantes dans ce domaine. Néanmoins, seule la
fouille extensive d’ateliers, couplée à l’analyse archéométrique des déchets métallurgiques et des minerais, peut permettre d’identiier dans le détail les
pratiques antiques, dans l’optique de comparaisons
que l’on peut espérer fructueuses avec ce que l’on
sait actuellement de la sidérurgie romaine de la Montagne Noire. Une telle approche constitue désormais
l’objectif prioritaire des recherches en cours sur le
district sidérurgique antique des Corbières.
Julien Mantenant
utm – traces-umr 5608
CNRS – Université de Toulouse II-Le Mirail
chercheur associé
umr 5140 de Lattes
« Archéologie des Sociétés Méditerranéennes »
Equipe TP2C
mantenantjulien@yahoo.fr
Situé dans la sphère économique narbonnaise, cet espace est la principale aire de production de fer du sud
de la Gaule et igure sans conteste parmi les plus importantes régions sidérurgiques de Méditerranée occidentale durant l’Antiquité (Domergue 2004 ; Pagès
2008, II, 16-17). Un tel espace doit désormais être
considéré et étudié dans sa globalité, à l’image des
recherches menées dans l’Est de la France (Leroy et
al. 2000), ain d’en préciser les modalités de développement et percevoir d’éventuelles interactions techRAN 44 – Dossier Métallurgie – pp. 17-38
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
– Julien Mantenant
34
◤ Notes de commentaire
1. À moins que l’expression ripa dextra ne renvoie à une aire plus vaste, englobant les Pyrénées orientales, et donc le district sidérurgique du Canigou
(Domergue 2004, 186). En effet, il semble que ce soit entre la in du Ier s. et
le milieu du IIe s. que le territoire de Ruscino, sur lequel se situe le massif du
Canigou, est rattaché à la cité de Narbonne (Gayraud 1981, 321-324).
2. À partir du XVIIIe s., divers textes fournissent des informations sur la production de fer des Corbières, qui paraît alors relativement importante. Au début du
XIXe s., les mines de fer du massif fournissent ainsi plus du quart du minerai
traité dans les seize forges à la catalane en activité dans le département de
l’Aude (Barante 1802, 201-203 ; Trouvé 1818, 119-120). L’activité se poursuit
bon an mal an jusqu’au milieu du XXe s. (Esparseil 1893 ; Esparseil 1926 ;
Langlois 1989).
3. Un district sidérurgique, ou district de production primaire, se déinit « d’un
point de vue spatial, comme la limite extrême d’une large concentration de
vestiges d’extraction minière et d’ateliers de réduction […] et, d’un point de
vue gîtologique, comme un espace possédant des ressources de minerai de fer
effectivement exploitées » (Leroy et al. 2000, 13). La classiication des zones
de production sidérurgique antiques, proposée en 1983 par H. Cleere en tenant
compte de leur supericie et du nombre d’ateliers connus, a été afinée par M.
Mangin en 1992, qui distingue districts majeurs, districts moyens et districts
mineurs (Cleere 1983 ; Mangin et al. 1992, 228-230 ; Fabre, Coustures 2005,
299-303).
11. Trois forges à la catalane sont signalées en 1818 dans les Corbières : forges
d’Auriac, de Padern et de Saint-Pierre-des Champs (Trouvé 1818, 660-662).
12. Datations effectuées au Poznań Radiocarbon Laboratory, en Pologne, au premier trimestre 2012.
13. Ce mobilier céramique a été identiié par M. Guy Rancoule, que nous remercions.
14. Datations par AMS, à 95,4 % de probabilité, calibrées avec le logiciel OxCal
v 4.1.5.
15. Vicence 4 : 122-255 cal. AD (92.1 % prob.), 88-104 cal. AD (2,2 % prob.), 304314 cal. AD (1,1 % prob.)
16. Lizadou 1 : 70-225 cal. AD (95,4 % prob.)
4. Au lieu-dit Le Bac, à Sougraignes, une petite concentration de déchets métallurgiques a fourni des fragments de céramique modelée datés, sans réelle
certitude, du premier âge du Fer (ig. 4, no 69 ; Ournac et al. 2009, 472). Au
Pé de la Gleiza, sur la commune de Ferrals-les-Corbières (ig. 4, no 73), du
mobilier céramique de la in du VIe s. et du début du Ve s. a été découvert à la
surface d’un épandage de scories, non loin d’un habitat gallo-romain (Pauc,
Pauc 1998, 122-126). Ce site est toutefois problématique pour deux raisons : la
chronologie de l’activité n’est pas assurée et les déchets repérés ne permettent
pas d’identiier clairement une activité de réduction.
5. La découverte d’un fragment de sigillée du IVe s. de n. è. dans les remblais – de
nature indéterminée – comblant la base du chantier d’exploitation de la Cauna
de Mathieu Rieu, à Palairac, fournit uniquement un terminus ante quem à ces
travaux miniers (Cambon 1989, 33).
6. Incluant un second axe de recherche (l’exploitation des gisements argentifères
des Corbières et de la Montagne Noire), ces recherches sont menées dans le
cadre d’une thèse de doctorat préparée au sein de l’UMR 5608 TRACES, à
l’université Toulouse II - Le Mirail, sous la co-direction de L. Bricault (Professeur UTM, TRACES UMR 5608) et M. Muñoz (Chargée de recherche CNRS,
GET UMR 5563, Université Toulouse III - Paul Sabatier).
7. Il s’agit des sites de réduction de Vicence 4, Vicence 5 et Fourques 1 (Talairan),
de Lizadou 1 (Albas) et du site minier et métallurgique de Montredon (Albas)
8. Les teneurs sont présentées ici à titre purement informatif. En effet, le choix
des échantillons prélevés pour analyse est variable d’un auteur à l’autre, et peut
être parfois très contestable du point de vue de la représentativité statistique de
l’ensemble de la minéralisation.
9. Lors du sondage ouvert à la mine de Montredon (Albas) en 2010, deux fenêtres
ont été implantées sur le carreau de la mine et dans une halde. Précédemment,
C Cambon et G. Langlois avaient mené une première intervention dans les
travaux de la Cauna de Mathieu Rieu (mine de Las Coupes, Palairac) (Cambon
1989).
10. Les ferriers sont des amas de scories de réduction formant des micro-reliefs
bien visibles lors des prospections. Les épandages de scories ne forment aucun
véritable micro-relief et correspondent en règle générale à des concentrations
de déchets liés à une activité très limitée ou à des ferriers étalés à la suite de
travaux agricoles. Enin, les sites à scories éparses – ou indices d’activité
métallurgique – comprennent quelques déchets métallurgiques isolés, qui dans
certains cas paraissent prouver l’existence d’un atelier non repéré. Cette typologie a été établie sur le base de critères discriminants déinis lors de plusieurs
études de référence (Mangin et al. 1992 ; Decombeix et al. 2000).
revue arChéologique de narbonnaise, tome 44, 2011
fichier EDITEUR destiné à un usage privé
Ferrariae ripae dextrae. le distriCt sidérurgique antique des Corbières
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