Revue Archéologique de Picardie, n° 3/4 - 1 990

FOUILLES DANS LES SOUTERRAINS DE MONTDIDIER (SOMME)

Bernard PETIT *

En janvier 1 988, des travaux d'assainissement, dans la ville haute de Montdidier, à proximité de la place Parmentier, mettaient au jour une galerie souterraine.

Une collaboration étroite avec la Muncipalité et la D.D.E. locale nous a permis d'effectuer un relevé du réseau accessible et la fouille d'un puits-dépotoir.

Le réseau souterrain

En premier lieu, il faut exclure le réseau découvert, du groupe important et bien caractérisé des souterrains - refuges ou mûches. Nous ne sommes pas en présence du réseau habituel constitué d'un ensemble de chambre se développant de façon symétrique de part et d'autre d'une ou plusieurs allées. Ici l'impression dominante est celle d'un creusement anarchique de caves ou de carrières transformées et aménagées au cours d'occupations successives.

Les salles les plus proches furent à plusieurs reprises, soit reliées entre elles, soit à nouveau cloisonnées.

Cette configuration du réseau appelle à l'esprit l'explication fournie par Victor de Beauvillé dans son ouvrage : "Histoire de la Ville de Montdidier" (1875) : - tome I p. 4 : "Autefois, on ne bâtissait qu'avec la pierre du pays, chacun tirait du sol qui lui appartenait les matériaux nécessaires pour construire son habitation, de là viennent ces immenses souterrains qui sillonnent la ville en tous sens".

Le réseau creusé dans la roche calcaire s'étend sur deux niveaux dont l'écart n'excède jamais deux mètres.

Du fait de la dénivellation en bordure du plateau sur lequel est assise la ville haute, la profondeur des galeries passe de 3 à 4 m sous la rue de La Morlière, à 8 m sous la cheminée d'accès (CH sur la fig. 2) et à 10 m sous la Place Parmentier (fig. 1 et 2).

Le bouleversement de la stratigraphie des niveaux d'occupation est extrême. A chaque nouvelle occupation du souterrain, les nouveaux arrivants ont "nettoyé" les zones qui leur convenaient en remblayant d'autres secteurs. Nous trouvons dans les déblais de surface du mobilier XIVe siècle recouvrant des remblais XVIe ou même début XXe siècle.

Puits dépotoir p 3

Stratigraphie

Trois puits traversant le réseau souterrain ont été découverts. Ils étaient masqués par les remblais (fig. 2).

Le temps imparti à notre intervention a permis d'une part, de fouiller le puits dépotoir P3 (fig. 2 et 3), d'autre part de retrouver dans les remblais de surface de la salle SM (fig. 4) un petit "dépôt" monétaire associé à des sceaux et bijoux.

Le choix de sa fouille a été déterminé par le fait qu'apparaissait dans sa communication avec le souterrain, un niveau de dépotoir de la fin XVIe début XVIIe siècle.

Ce puits n'a été que très tardivement découvert, sa communication avec le fond de salle dans laquelle donne la cheminée d'accès (CH) était très bien masquée par un mur de moellons parfaitement joints.

Derrière ce mur, le puits était entièrement comblé, probablement jusqu'à la surface.

La fouille a révélé un puits sec et profond de 8 m, qui permettait la communication avec deux galeries (ou salles) situées en contrebas (fig. 3).

La voûte entre ces deux galeries a cédé sous un éboulement tardif (XIXe ou XXe siècle).

La stratigraphie concerne une hauteur de 1 0 m, dont la séquence de remplissage est la suivante :

NIVEAU I

II occupe une hauteur d'environ 3 m dans la partie la plus étroite du fond du puits. Ce niveau correspond à la première phase d'utilisation comme dépotoir. Le mobilier, essentiellement céramique avec quelques rares ossements d'animaux découpés, est concentré à l'aplomb de la communication avec la salle du souterrain. Ce niveau déborde dans la galerie la plus basse sur environ 30 cm d'épaisseur. La nature du sédiment en décomposition, souvent concrétionné sur les tessons traduit une utilisation en latrines.

NIVEAU II

Hauteur d'environ 2 m ; niveau de craie sans aucun mobilier.

139